Piles Thermiquement Activées Lithium/disulfure de Fer: Patrick MASSET
Piles Thermiquement Activées Lithium/disulfure de Fer: Patrick MASSET
Piles Thermiquement Activées Lithium/disulfure de Fer: Patrick MASSET
DOCUMENTATION
24/12/2008
1. Caractéristiques......................................................................... J 4 806 - 2
1.1 Description et principe de fonctionnement .............................................. — 2
1.2 Applications et performances .................................................................... — 2
2. Anodes....................................................................................... — 3
2.1 Anode à base de lithium............................................................................. — 3
2.1.1 Solubilité du lithium dans les sels fondus ....................................... — 3
2.1.2 Alliages LiX (X = Al, Si, B) ................................................................. — 3
2.1.3 LAN...................................................................................................... — 4
2.2 Mise en forme ............................................................................................. — 4
2.2.1 Poudres ............................................................................................... — 4
2.2.2 Projection plasma .............................................................................. — 4
3. Électrolytes................................................................................ — 4
3.1 Caractéristiques........................................................................................... — 4
3.2 Compositions .............................................................................................. — 5
3.3 Procédures de séchage............................................................................... — 6
3.4 Propriétés physico-chimiques.................................................................... — 6
3.4.1 Conductivité ionique .......................................................................... — 6
3.4.2 Tension de surface............................................................................. — 7
3.4.3 Propriétés thermiques ....................................................................... — 7
3.5 Rétention de l’électrolyte............................................................................ — 8
3.5.1 Agent gélifiant .................................................................................... — 8
3.5.2 Taux de gélifiant................................................................................. — 8
4. Cathodes.................................................................................... — 8
4.1 Propriétés conductrices de la pyrite .......................................................... — 8
4.2 Stabilité thermique de la pyrite ................................................................. — 9
4.3 Réactions de décharge ............................................................................... — 9
5. Phénomènes d’autodécharge .................................................... — 10
Pour en savoir plus ......................................................................................... Doc. J 4 806
alimenter sans perte de capacité par autodécharge grâce à leur totale inertie à
l’état non activé. Une fois activées, elles doivent être utilisées immédiatement
mais ne peuvent pas être réutilisées. Les piles activables ont été décrites dans
les articles « Piles électriques – Piles activables » [D 3 323] et « Accumulateurs –
Accumulateurs à haute température » [D 3 355] de manière globale. Cet article
est entièrement consacré à la description du système électrochimique
J 4 806
Inflammateur
Capsule d’alumine
Gainage Fiber-Frax
Zr/BaCrO4 (inflammateur)
Isolant Min-K
Figure 1 – Écorché d’une pile thermique Li(Si)/LiCl—KCl/FeS2 (d’après doc. Sandia National Laboratories)
Lithium (% en masse)
0 5 10 20 30 40 50 60 70 80 100
800
Température (˚C )
700
660,452 ˚C
596 ˚C L
600
(Al)
520 ˚C
500
400
330 ˚C
300
270 ˚C
Silicium (% en masse)
0 10 10 30 40 50 60 70 80
800
Température (˚C )
780 ˚C
700 L
⬃ 650 ˚C
635 ˚C
⬃ 38,0 % mol
600
4
540 ˚C
517 ˚ C
500
400
4
Li2Si Li2Si + Si
300
0,63 % mol
180,6 ˚ C
200 182,5 ˚ C
100 (Li)
0
0 10 20 30 40 50 60
Li Si (% mol)
Le potentiel de décharge est de 157 mV par rapport à Li+/Li à ment d’améliorer l’accès aux sites réactionnels au niveau de l’inter-
415 oC et la capacité de décharge correspond à une capacité face anode/séparateur. L’ensemble des opérations de mélange et
théorique de 2 259 A · s · g–1. de pressage s’effectue en salle sèche où l’hygrométrie est contrôlée.
Plusieurs composés intermétalliques existent entre Li et Si [5].
La transition Li13Si4 → 4/3 Li7Si3 est en pratique la seule utilisée 2.2.2 Projection plasma
car les alliages plus riches en lithium sont trop sensibles vis-à-vis
de l’humidité pour être utilisés industriellement : Depuis quelques années, de nouveaux procédés sont développés
Li13Si4 → 4/ 3 Li7Si3 + 11/ 3 Li + + 11/ 3 e− pour produire les anodes par projection plasma. L’ensemble
sel + alliage de lithium est projeté à l’aide d’une torche plasma
Le potentiel de décharge de la première transition est de 147 mV directement sur le collecteur. L’objectif est d’obtenir une couche de
par rapport à Li+/Li et délivre théoriquement 1 747 A · s · g–1. faible épaisseur afin de minimiser les chutes de potentiels dues aux
gradients de concentration qui peuvent apparaître avec les éle-
ctrodes massives et une meilleure utilisation de la capacité de
2.1.3 LAN
l’anode par rapport aux électrodes massiques actuelles. À terme,
Afin d’augmenter le potentiel de décharge de la pile, le lithium l’objectif est de produire l’intégralité d’un empilement par cette
métallique est cependant utilisé dans les anodes LAN (lithium technologie.
anodes ). Ces électrodes sont constituées d’un mélange de poudre
inerte de fer et de lithium métal. L’ensemble est déposé sur une
grille de nickel qui, elle-même est située dans une capsule [8] [9].
La matrice métallique de fer assure la stabilité géométrique en
température et la rétention du lithium par capillarité entre les parti-
3. Électrolytes
cules métalliques. Les deux principaux avantages de cette anode
sont le faible potentiel de décharge et les fortes densités de cou- 3.1 Caractéristiques
rant de décharge. La contrepartie de cette anode est la perte de
capacité coulombique par vaporisation du lithium à haute tempé- Les électrolytes utilisés dans les piles thermiques sont des sels
rature lors de la décharge. fondus qui sont à l’état solide à température ambiante et donc
isolants électriques. Cela permet en particulier un stockage de
longue durée (jusqu’à 20 ans) à demeure sur les appareillages à ali-
2.2 Mise en forme menter en énergie électrique sans diminution des performances
par autodécharge. Le choix de l’électrolyte est principalement dicté
par ses propriétés spécifiques qui doivent au mieux servir l’appli-
2.2.1 Poudres cation souhaitée (exemple : forte conductivité ionique pour les
Les anodes sont mises en forme par la technologie des poudres. applications pulse ).
L’anode est constituée d’un mélange d’alliage de lithium et d’élec- Nota : les applications dites pulse sont des applications de très courte durée, par
trolyte (généralement, le même que celui utilisé dans le séparateur exemple l’alimentation d’un missile, de son départ à son impact sur la cible, de l’ordre de
mais pas nécessairement). L’adjonction d’électrolyte permet notam- 1 min de fonctionnement.
Lil—Kl 58,2 – 41,8 63,3 – 36,7 285 [11], 260 [12] [13] [14], 280 [15], 285, 286 [12]
LiF—LiCl—LiBr 9,6 – 22 – 68,4 22 – 31 – 47 443 [17], 436 [18], 444 [11], 430 [19]
0,67 – 53,5 – 45,83 0,67 – 53,5 – 45,83 324 [11], 323 [20]
Les principaux critères requis pour le choix d’une composition – stabilité vis-à-vis de l’humidité et/ou de l’oxygène : production
électrolytique sont [10] : d’hydroxydes et/ou d’oxydes par hydrolyse du sel à haute
– faible pression de vapeur : l’électrolyte ne doit pas s’évaporer à température ;
l’intérieur de la batterie ; – point de fusion compatible : inférieur au point de décomposi-
tion de la cathode et offrant une plage de fonctionnement suffisam-
– conductivité ionique élevée (en particulier pour les applications
ment étendue ;
pulse) ;
– propriétés de mouillage du gélifiant et des matériaux
– large fenêtre électrochimique : pas de réaction entre les maté- d’électrode : minimisation des résistances de contact aux
riaux d’électrode et les constituants de l’électrolyte (oxydation par interfaces électrolyte/électrode.
le matériau de cathode ou réduction par le matériau d’anode) ;
– solubilité faible ou nulle de Li2O : entraîne une modification
importante des propriétés de rétention de l’électrolyte par l’agent 3.2 Compositions
gélifiant (généralement MgO) ;
Les mélanges d’halogénures de lithium sont principalement uti-
Nota : fuite d’électrolyte entre les empilements créant des courts-circuits softs. lisés car leurs points de fusion sont nettement inférieurs à ceux à
base d’halogénures de sodium ou encore de potassium (tableau 2).
– faible solubilité du lithium : diminution de l’efficacité globale D’autre part, leur pression de vapeur est plus faible. Enfin, leur
de la pile par conduction électronique au sein de l’électrolyte ; conductivité ionique est nettement supérieure, due à la mobilité des
– stabilité vis-à-vis des produits de décharge : réactions parasites cations lithium. D’une manière générale, l’adjonction de sels
d’autodécharge possible ; contenant des anions ou des cations de taille importante a tendance
400
300 Liquide
LiI · 2H2O
77 ˚C
LiI · 3H2O
LiI + LiI · H2O 66 ˚C 70 ˚C
LiI · H2O + LiI · 2H2O LiI · H2O
+ LiI · 3H2O
0
30 40 50 60 70
LiI H2O (% mol)
1
LiCl. H2O 152 à 160 0
2 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4
LiBr.H2O 159 à 160 103 · CLi +(mol · cm– 3)
1
LiBr. H2O 165 à 175
2 Figure 5 – Évolution de la conductivité d’électrolytes mesurée
à 500 oC en fonction de la concentration volumique en lithium
Lil.3H2O 210 (d’après [40])
Lil.H2O 190
1 Si le séchage des sels ou des électrolytes (poudres) est insuf-
Lil. H2O 215 fisant, cela conduit à la formation d’oxydes dissous qui modifient
2
les propriétés de rétention de l’électrolyte par l’agent gélifiant. La
température de séchage doit être suffisante afin d’éliminer l’eau
à diminuer le point de fusion du mélange. Les diagrammes de pha- présente sous forme d’hydrate et pas trop élevée afin d’éviter le
ses de certains électrolytes, utilisés ou potentiels, sont réunis sur phénomène d’hydrolyse. Indépendamment de la nature du sel ou
les figures 12, 13 et 14. de l’électrolyte, il a été montré qu’une étape de séchage à 250 oC
pendant 8 heures était suffisante pour réduire la teneur en eau des
poudres (sels ou électrolytes) à un niveau acceptable.
3.3 Procédures de séchage
Les sels d’halogénures alcalins sont connus pour être hygrosco- 3.4 Propriétés physico-chimiques
piques. Cet aspect est d’autant plus marqué pour les halogénures
de lithium. La vitesse de reprise hydrique des sels et des 3.4.1 Conductivité ionique
électrolytes est liée à la nature des sels [34]. Cet aspect est impor-
tant à considérer lors des phases de préparation des électrolytes en La conductivité ionique de l’électrolyte est un paramètre essentiel
conditions industrielles. Les sels en présence d’humidité forment pour le dimensionnement d’une pile. Pour les applications dites
des hydrates dont la stabilité thermique est fonction de la tempéra- pulse, de fortes densités de courant sont requises sur de courtes
ture et de la pression partielle en vapeur d’eau (figure 4). Les tem- durées. Cela nécessite en particulier que l’électrolyte possède une
pératures de décomposition des halogénures de lithium sont conductivité ionique suffisamment élevée afin d’éviter le phéno-
résumées dans le tableau 3. mène de déplétion aux interfaces électrode/électrolyte (figure 5).
Les sels de lithium possèdent les conductivités ioniques les plus éle-
vées grâce à la mobilité ionique importante du cation lithium Tableau 5 – Capacités thermiques spécifiques
comparée à celles des ions sodium ou potassium. Dans la plupart et enthalpies de fusion de sels et électrolytes
des cas, la conductivité ionique de l’électrolyte suit une loi d’Arrhe-
nius en fonction de la température (tableau 4). Ce paramètre devient Sels C p(T f) C p = C p(liq) −C p(cr) H fusion
critique dès lors que des électrolytes à bas point de fusion sont envi- et électrolytes (J · K–1 · g–1) (J · K–1 · g–1) (J · g–1)
sagés. Ce point est d’autant plus crucial en fin de vie de la batterie
où la température est la plus faible par libre refroidissement. LiF 2,389 3,613 59,6 [42]
La tension de surface détermine le degré de mouillage de LiBr 2,794 3,911 11,6 [42]
l’agent gélifiant par l’électrolyte. Cela module les forces capillaires
qui permettent la rétention de la phase saline par les particules de Lil 2,844 3,776 6,25 [42]
MgO. Les principaux paramètres qui affectent les propriétés de
mouillage sont : KF 4,471 3,814 26,7 [42]
– nature de l’agent gélifiant ; KCl 2,930 4,111 20,1 [42]
– compositions de l’électrolyte ;
– impuretés dans l’électrolyte (par exemple, oxydes dissous) ; KBr 2,988 4,173 12,2 [42]
– atmosphère environnante ;
– tensions de surface de l’électrolyte ; Kl 3,015 3,944 9,15 [42]
– température et pression régnant dans la pile thermique ;
– géométrie des particules de MgO. 244 [11],
LiCl—KCl 0,74 0,26
La présence d’oxydes dissous peut notablement changer les 234,78 [43]
propriétés de mouillage de la magnésie par l’électrolyte (figure 6).
Lil—Kl 0,55 0,85 71 [11]
cr liq
Éléctrolytes
(g · cm–3) (g · cm–3)
1 188 ˚ C
NS/NFe 0,87 atm NS/NFe
0,9 1 1,1 1,2 0,9 0,95 1 1,05 1,1 1,15
1 500 0
2
Température (˚C )
– lg PS
PS = 1 atm 0
2 10
1
10– 1
0
10– 2 10 102
90 1 00
1 400 10– 3 1
0
Liquide 00
1 300
10– 4
2 13
Liquide 800
52
1 200 1 188 ˚ C 3 12 1 152
00
PS (H2S) 12 700
1 100 2 4
FeSx + Liq 102 1 100
300 12
46 48 50 52 54 48 49 50 51 52 53
S (% mol) S (% mol)
5
0
–5
– 10
– 15
– 20
– 25
– 30
250 350 450 550 650 750 850 950
Température (˚C )
Figure 8 – Évolution de la structure de la pyrite en fonction de la température et du taux de décomposition (d’après [11])
2,5
2
5. Phénomènes
1,5 d’autodécharge
1 Les phénomènes d’autodécharge dans les piles thermiques ont
diverses origines :
0,5 – solubilité partielle du lithium ou composés à base de lithium
dans l’électrolyte (tableau 8) ;
0 – décomposition thermique de la pyrite au contact de l’électro-
0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 lyte fondu ;
Temps (s) – solubilité partielle d’espèces soufrées (Li2S, FeS, FeS2)
(figure 11) ;
Li—Si/LiF—LiBr—LiCl (25 % MgO)/FeS2 – formation de phase parasite entre la pyrite et l’électrolyte
Li—Si/LiF—LiCl—Lil (30 % MgO)/FeS2 (phase J).
Ils sont principalement liés aux interactions possibles et
complexes entre l’électrolyte et les matériaux d’électrode. Cela
Programme de décharge de simulation : 25 mA · continu cm–2
signifie qu’une attention particulière doit être accordée à la
+ 1 A · cm–2 (0,1 s) chaque minute (mesure de la résistance glo-
–2
bale de cellule élémentaire) + 0,5 mA · cm (30 s) après 30 et
connaissance des phénomènes physico-chimiques pouvant inter-
60 min de décharge (simulation d’appels de courant en cours venir dans ce genre de générateurs fonctionnant à haute tempéra-
de mission) ture. Cela devient critique et indispensable lorsque de nouvelles
solutions technologiques veulent être implantées.
Li 5
ln (104X)
Li 22S
Li2SO4 Li2S
–5 FeS2
FeS 1,14
1, 1 4
LiFe5O8
Li3Fe2S4
1 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6
O 1,05 1, 15 1,25 1,35 1,45 1,55
1 000/T (K–1)
Li2S 11,077 – 6,104 6 × 103/T (K) [77] [78] [79] [80] [81] [82]
800
771 ˚C
700 681 ˚C
700
600
Liquide 610 ˚ C Liquide
600
500 469 ˚C
500
400
LiBr LiF
(550 °C) (848 °C)
800
448 °C
0
M
50
700
0
45
50 0
550
600
60 0
500
70 0
°C
340,9 ˚C 410,9 °C
550 500
750
600
(610 °C) (848 °C) (610 °C) (469 °C)
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
LiCl LiF LiCl LiI
a LiF-LiCl-LiBr b LiF-LiCl-LiI
LiF LiCl
(848 °C) (610 °C)
80 0
550
750
70 0
650
600 500
368 °C
550 450
500
448 °C
450
414 °C 400
45
0 M
50
0 Li (Br, I)
(550 °C) (469 °C) (469 °C) (550 °C)
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
LiBr LiI LiI LiBr
c LiF-LiBr-LiI d LiCl-LiBr-LiI
LiCl KCl
LiF KF (606 °C) 354 °C (770 °C)
800
700
600
°C
340 ˚C
500
600
K(Cl, Br) ss
K 700
360 °C
˚C
60
50 0
40 0
500
600
Mini 522 °C
Mini 716 °C
700
40
700 Démixion E2 °C
30 ˚C
310
L (Cl,
Li (Cl,Br)
Br)ss
ss
600
20
500
300
700 400
700 E1
0
0 20 40 60 80 100 LiBr 334 °C KBr
LiBr KBr (551 °C) (730 °C)
a LiF-LiBr-KF-KBr % mol b LiCl-LiBr-KCl-KBr % mol