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Réacteurs à neutrons rapides

refroidis au sodium

par Jean-Paul CRETTÉ


Ancien Élève de l’École Polytechnique
Ancien Directeur Technique à Novatome

Article revu et mis à jour


par Henri NOËL
Ancien Élève de l’École Polytechnique
Directeur de Novatome. Direction de Framatome
et Pierre BACHER
Ancien Directeur délégué de l’Équipement EDF
Directeur du traité Génie Nucléaire des Techniques de l’Ingénieur

1. Développement de la filière .................................................................. BN 3 170 - 2


1.1 Intérêt des réacteurs à neutrons rapides ................................................... — 2
1.2 Développement de la filière dans le monde.............................................. — 2
1.3 Programme français .................................................................................... — 3
2. Principales caractéristiques.................................................................. — 4
2.1 Caractéristiques physiques du cœur.......................................................... — 4
2.2 Technologie du sodium ............................................................................... — 6
3. Description technologique .................................................................... — 8
3.1 Circuit primaire intégré ou à boucles......................................................... — 8
3.2 Bloc réacteur ................................................................................................ — 9
3.3 Manutention du combustible et des composants .................................... — 11
3.4 Circuits primaires et secondaires ............................................................... — 12
3.5 Pompes......................................................................................................... — 13
3.6 Échangeurs de chaleur ................................................................................ — 13
3.7 Groupe turboalternateur ............................................................................. — 14
4. Fonctionnement ....................................................................................... — 14
4.1 Caractéristiques particulières ..................................................................... — 14
4.2 Principaux états de fonctionnement .......................................................... — 15
5. Sûreté .......................................................................................................... — 15
5.1 Analyse de sûreté ........................................................................................ — 15
5.2 Prévention des accidents ............................................................................ — 15
6. Exemple de réalisation : Superphénix................................................ — 16
6.1 Bloc réacteur ................................................................................................ — 16
6.2 Circuits.......................................................................................................... — 21
6.3 Installation de production d’énergie .......................................................... — 22
6.4 Manutention des composants du réacteur................................................ — 22
6.5 Bâtiments ..................................................................................................... — 22
7. Bilan et perspectives d’avenir .............................................................. — 22
Références bibliographiques ......................................................................... — 23

e monde a pris conscience de la limitation des ressources en énergie


L actuellement connues : après le charbon, le pétrole (réserves prouvées de
100 milliards de tonnes) et l’uranium (réserves prouvées de 3,5 millions de

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tonnes, ce qui correspond, par utilisation dans les réacteurs à eau ordinaire à
l’équivalent en énergie de la moitié des réserves prouvées de pétrole).
Les besoins en énergie du monde ne cessent de s’accroître et, en attendant
l’avènement d’un autre mode de production d’énergie (telle que la fusion thermo-
nucléaire), il est vital d’économiser les sources actuellement connues et
notamment l’uranium.
Après avoir présenté les développements intervenus dans la filière des
réacteurs à neutrons rapides (RNR) depuis 1988 dans le monde, nous décrirons
les modifications intervenues à la centrale de Creys-Malville.
Les résultats de la collaboration européenne qui ont permis de concevoir le
réacteur EFR (European Fast Reactor) font l’objet dans ce traité d’un nouvel article
[B 3 171] Projet EFR European Fast Reactor.

1. Développement de la filière — très faible irradiation du personnel d’entretien de la centrale


(irradiation constatée sur Phénix : au moins 10 fois plus faible que
dans les centrales à eau) ;
1.1 Intérêt des réacteurs à neutrons rapides — possibilité de construire des unités de grande puissance, grâce
à la compacité du cœur et à l’absence de pression du réfrigérant ;
Les réacteurs à eau n’utilisent qu’environ 2 % du potentiel — incinération des déchets nucléaires à vie très longue si le
énergétique de l’uranium naturel ; dans les réacteurs rapides, sur- besoin s’en faisait sentir (plutonium, actinides, etc.) ;
générateurs, la totalité de l’uranium naturel peut être utilisée et le — grande facilité de conduite de la centrale.
gain en énergie récupérée est de l’ordre de 50, soit 2 % × 50 = 100 %
(totalité de l’uranium).
C’est là le premier avantage de ce type de réacteur qui fait actuel- 1.2 Développement de la filière
lement de son développement une nécessité.
dans le monde
En ce qui concerne la consommation d’uranium naturel en France,
une étude récente de différents scénarios d’utilisation des centrales
nucléaires montre que la consommation cumulée d’uranium naturel ■ L’intérêt des réacteurs rapides refroidis au sodium a été reconnu
en 2070 passerait d’environ 860 000 t si l’on utilise des réacteurs à très tôt, puisque la première électricité d’origine nucléaire a été
eau sous pression (REP) avancés sans recyclage du plutonium à produite aux États-Unis vers 1951 par le réacteur rapide EBR 1.
260 000 t avec une introduction progressive des réacteurs rapides Mais le développement de cette filière a été assez lent :
(RNR) à partir de l’an 2000. L’utilisation du recyclage du plutonium
dans les REP ne permettrait qu’une réduction plus faible (environ — d’abord, parce qu’il faut avoir du plutonium pour lancer un
la moitié) de la consommation d’uranium naturel et seul le scénario programme important : les premières productions de plutonium ont
utilisant les RNR permettrait de ne plus consommer d’uranium été réservées aux usages militaires et il a fallu attendre que les
naturel à partir des années 2050 à 2070. centrales électrogènes à neutrons thermiques aient produit suffisam-
ment d’énergie pour que la quantité de plutonium récupérée soit
En outre, au fur et à mesure de l’accroissement de la significative ; c’est ainsi qu’en France le premier cœur de la centrale
consommation d’uranium, son prix va augmenter, par le jeu naturel de démonstration Phénix a dû être chargé partiellement en uranium
de l’offre et de la demande, mais aussi parce qu’on exploitera des enrichi, une quantité suffisante de plutonium n’étant pas disponible
gisements de plus en plus pauvres et coûteux. Or, le coût de en 1972 ;
l’uranium naturel intervient pour environ 10 % dans le coût du
— ensuite, parce qu’il faut démontrer la compétitivité économique
kilowattheure produit par des réacteurs à eau, alors qu’il intervient
avec les centrales à eau bouillante ou pressurisée construites en
pour moins de 1 % dans le cas des réacteurs à neutrons rapides.
série.
C’est là un deuxième avantage de ce type de réacteur : le coût du
cycle du combustible est très peu sensible au prix de l’uranium natu- ■ Si l’intérêt des réacteurs surgénérateurs à neutrons rapides
rel (cela permet d’envisager l’utilisation économique de minerais utilisant le plutonium comme combustible fissile a été généralement
pauvres). reconnu dans le monde, le choix du fluide de refroidissement a fait
On peut citer encore de nombreux autres avantages : hésiter certains pendant assez longtemps ; pour des raisons d’ordre
neutronique (§ 2.1.1), on ne peut utiliser les fluides habituels tels que
— utilisation d’uranium appauvri, résidu produit en très grande l’eau sous forme liquide mais seulement des gaz (ou de la vapeur
quantité par les usines d’enrichissement d’uranium, du fait de d’eau) ou des métaux fondus. Actuellement, le sodium est le seul
l’exploitation massive des réacteurs à eau et de la fabrication des fluide utilisé ou envisagé dans les projets importants.
armes nucléaires (c’est une remarque importante : l’uranium
appauvri déjà stocké aux États-Unis pourrait alimenter environ ■ Cela étant, à quel stade de développement est-on parvenu ? On
500 centrales de puissance électrique de 1 000 MW pendant plus de s’est d’abord efforcé de développer les techniques nouvelles mises
50 ans et le stock français permettrait l’alimentation de 50 de ces en jeu : technologie du sodium, du combustible, physique du cœur.
centrales pendant le même temps) ;
— pollution thermique plus faible, grâce à l’excellent rendement Cela s’est traduit par la construction et l’exploitation de circuits
du cycle thermodynamique permis par les températures élevées d’essais, de réacteurs expérimentaux, puis de centrales de
atteintes facilement avec ce type de chaudière (le rendement net de démonstration.
Superphénix est de 40 %, alors que celui des centrales à eau ordinaire On peut dire qu’on a maintenant atteint un stade de développe-
bouillante ou pressurisée est de 32 à 34 %) ; ment industriel : celui de la construction de centrales prototypes.
— pollution radiobiologique très faible, grâce à la possibilité de
fonctionner avec des rejets gazeux ou liquides quasi inexistants ; Le tableau 1 donne l’état actuel des RNR dans le monde.

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Tableau 1 – Réacteurs à neutrons rapides dans le monde


Réacteurs expérimentaux Centrales de démonstration Centrales prototypes

Puissance Mise Mise


Pays Puissance Puissance
Désignation thermique Divergence Désignation en service Désignation en service
électrique électrique
(1) (2) (1) industriel (1) industriel
(MW) (Année) (MW) (MW)
États-Unis EBR 1 1 (0,2) 1951 (arrêté)
EBR 2 60 (20) 1965
Enrico Fermi 300 (60) 1965 (arrêté) CRBRP 350 abandonné
SEFOR 20 1969 (arrêté)
FFTF 400 1978 (arrêté)
France Rapsodie 24 puis 38 1967 (arrêté) Phénix 250 1974 SPX 1 (3) 1 200 1987
Royaume-Uni DRF 60 (15) 1959 (arrêté) PFR 250 1976
(arrêté en 94)
Inde FBTR 40 1985 PFBR 500
Italie PEC 140 abandonné
Japon Joyo 50 1977 Monju 300 1994 DFBR 600
République KNK 60 (20) 1971 (arrêté) SNR 300 300 abandonné
fédérale
d’Allemagne
CEI BR2 0,1 1956 BN 350 ≈ 350 1973
BR5 5 1959
BN 600 600 1980 BN 800 800
BOR 60 60 (10) 1969
(1) Signification des sigles connus : CRBRP Clinch River Breeder Reactor Plant
EBR Experimental Breeder Reactor SPX Superphénix
SEFOR Southwest Experimental Fast Oxide Reactor CDFR Commercial Demonstration Fast Reactor
FFTF Fast Flux Test Facility PFR Prototype Fast Reactor
DFR Dounreay Fast Reactor PFBR Plutonium Fast Breeder Reactor
FBTR Fast Breeder Test Reactor DFBR Demonstration Fast Breeder Reactor
PEC Prova Elementi Combustili SNR Schneller Natriumbrüter Reaktor
KNK Kompakte Natriumgekühlte Kernreaktoranlage BN, BOR et BR sigles russes
(2) La valeur indiquée entre parenthèses correspond à la puissance électrique, exprimée également en mégawatts.
(3) Superphénix, construit en France par la NERSA (EDF 51 %, ENEL 33 % et SBK 16 %), a été arrêté en 1997.

Aux États-Unis, DOE (Department of Energy ) et General Electric La centrale a pu redémarrer fin 1995 ; elle a très bien fonctionné
se sont orientés vers des réacteurs modulaires avec un combusti- en 1996, mais a été arrêtée par décision du Gouvernement français
ble métallique associés à un retraitement par pyrométallurgie. En en 1997.
1992, le réacteur EBR 2 a été chargé avec du combustible métalli- Au Japon, à la centrale de démonstration Monju, le réacteur a
que. L’ensemble du combustible est retraité et recyclé sur le même divergé en 1994. Les études du DFBR se poursuivent. Les Japonais
site, sans séparer la totalité des produits de fission. Le combustible mènent avec continuité un programme pluriannuel de développe-
métallique UPuZr présente quelques caractéristiques techniques ment des RNR et envisagent la construction de trois réacteurs de
favorables par rapport à l’oxyde, mais a l’inconvénient de former puissance électrique 1 000 MW au début du siècle prochain, après
un eutectique avec la gaine à partir d’une certaine température. la réalisation du DFBR de puissance électrique 600 MW qui
Le devenir de ce programme est très incertain. constituera une étape intermédiaire.
En Europe, les connaissances acquises : Dans la CEI, la construction du réacteur BN 800 devrait être
relancée après une période d’attente de plusieurs années. Les
— par le retour d’expérience de l’exploitation de Phénix et de PFR ; réacteurs BN 350, BN 600 sont en exploitation et ont des facteurs
— par les études de conception des projets CDFR, SNR 2, SPX 2 de charge particulièrement élevés.
effectuées à la fin des années 70 et au début des années 80
respectivement au Royaume-Uni, en Allemagne et en France et par
les organismes de recherches et développements travaillant en 1.3 Programme français
Europe dans le domaine des RNR,
ont été mises en commun pour concevoir le projet EFR, European ■ En France, l’étude des métaux liquides a débuté en 1953 et n’a
Fast Reactor (article [B 3 171] Projet EFR European Fast Reactor ). cessé de se développer depuis lors, permettant d’acquérir progres-
sivement toute la technologie nécessaire à la construction des
En France, à la centrale de Creys-Malville, les travaux relatifs aux centrales à neutrons rapides.
feux de sodium et ceux de réalisation du poste de transfert du
combustible qui remplace le barillet de stockage des éléments ■ La construction de Rapsodie, réacteur expérimental, a débuté en
combustibles ont été terminés. Dans les paragraphes 6.1.5 et 5.2.4, 1962 ; il a été mis en service en 1967, à sa puissance nominale de
le descriptif de Superphénix est mis à jour. 20 MW. Après avoir fonctionné avec une excellente disponibilité

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pendant 3 ans, sa puissance a été doublée en 1970, par une 2.1.1.2 Surgénération
transformation effectuée en quelques mois : Rapsodie Fortissimo.
Par capture d’un neutron, un noyau d’uranium 238 peut donner
Après avoir accumulé des heures de fonctionnement qui ont permis
un noyau de plutonium 239 par la réaction suivante :
notamment l’essai des éléments combustibles de la filière, il a été
définitivement arrêté en 1983, le relais étant assuré par Phénix. 238 1 239 T = 24 min 239 T = 2,3 j 239
92 U + 0n 92 U Np Pu
■ La construction de Phénix, centrale de démonstration d’une β–
93
β– 94

puissance électrique de 250 MW, a débuté en 1968 à Marcoule ; sa


divergence a eu lieu en août 1973 et, après avoir atteint sa pleine puis- Dans un cœur de réacteur à neutrons rapides, on forme donc du
sance en mars 1974, elle a été mise en service industriel en plutonium 239 à partir d’uranium 238.
juillet 1974. Depuis, elle fournit de l’électricité au réseau avec un très Le cœur est très concentré et les fuites vers l’extérieur sont relative-
bon facteur de disponibilité (en novembre 1987, elle avait fourni plus ment importantes : on les récupère partiellement en entourant le
de 18 × 106 MWh au réseau EDF). cœur d’une couverture en uranium naturel ou appauvri, qui se trouve
■ Le bon déroulement de la construction et de l’exploitation de être la principale source de plutonium 239.
Phénix a permis de passer à l’étape suivante : Superphénix, centrale Dans la pratique, le cœur (zone fissile) est constitué d’un
prototype d’une puissance électrique de 1 20 0 MW, dont la combustible mixte (plutonium + uranium naturel) enrichi à environ
construction a commencé en 1977 pour le compte d’un groupement 20 % en plutonium. La couverture est réalisée en uranium appauvri.
de producteurs européens : EDF (51 %), ENEL (33 %) et RWE (16 %) ; Le plutonium créé dans le cœur y est en grande partie brûlé sur
la divergence a eu lieu en septembre 1985 et la pleine puissance a été place et le gain de régénération interne est négatif. Au contraire, celui
atteinte en décembre 1986 (§ 6). créé dans la couverture est en grande partie récupéré lors du retrai-
Nota : EDF Électricité de France tement du combustible : le gain de régénération externe est positif.
ENEL Ente Nationale per l’Energia Elettrica
RWE Rheinisch Westfälisches Elektrizitätswerk AG Au total, le gain de régénération ((excédent de plutonium formé
■ Pour permettre ce programme de construction de réacteurs, le rapporté à une fission dans le réacteur) est positif, si l’on a judicieuse-
développement des principaux composants a été mené activement ment disposé le combustible et la couverture.
et a nécessité la réalisation de nombreux prototypes et de bancs Dans les réacteurs rapides de la présente génération, le combus-
d’essais pour leur mise au point, tant dans les centres du CEA et tible est utilisé sous forme d’oxyde mixte (plutonium + uranium)
d’EDF que dans l’industrie. gainé d’acier austénitique et refroidi par du sodium liquide ; la
couverture est également composée d’aiguilles d’oxyde d’uranium,
■ Les réacteurs à neutrons rapides, y compris ceux refroidis par
gainées d’acier austénitique.
sodium, ont fait l’objet d’un regain d’intérêt au sein du Forum Inter-
Nota : dans ces conditions, le gain de régénération est compris entre 0,10 et 0,20 pour
national Génération IV. les réacteurs de la taille de Phénix ou de Superphénix.
Un nouveau concept (appelé cœur hétérogène ), consistant à
placer dans le cœur des zones de matière fertile (oxyde d’uranium
2. Principales caractéristiques appauvri) disposées soit radialement, soit axialement, devrait
permettre d’atteindre un gain de régénération voisin de 0,4 (obtenu
grâce à une augmentation de l’enrichissement en plutonium du
2.1 Caractéristiques physiques du cœur combustible fissile).

2.1.1.3 Temps de vie des neutrons


2.1.1 Neutronique
Le temps de vie  des neutrons (article Théorie des réacteurs
La physique de base des réacteurs nucléaires est exposée dans nucléaires [B 3 025] du traité Génie nucléaire) est de l’ordre de 10– 7 s,
l’article Caractéristiques neutroniques des réacteurs industriels alors qu’il est de l’ordre de 10– 5 à 10– 3 s dans un réacteur à neutrons
[B 3 040] du traité Génie nucléaire. thermiques.
Nous ne rappelons ici que les aspects particuliers des cœurs de Cependant, compte tenu de la fraction de neutrons retardés, le
réacteurs à neutrons rapides refroidis au sodium. temps de vie apparent :

2.1.1.1 Énergie des neutrons  =  + ∑ βi τi


i
L’intervalle d’énergie des neutrons s’étend dans une bande de
0,001 a 10 MeV environ, l’énergie la plus probable étant de 0,1 avec β i fraction de neutrons retardés dans la période d’émission τ i ,
à 1 MeV. reste de l’ordre de 0,1 s, ce qui permet de contrôler aussi facilement
Dans un cœur de réacteur à neutrons rapides, on cherche à ne la réaction en chaîne que dans un réacteur à neutrons thermiques,
pas ralentir les neutrons émis lors de la fission : pas de matériaux puisque la période du réacteur est fonction du temps de vie apparent
légers , densité maximale en combustible. Les matériaux de structure  des neutrons.
utilisés pour gainer les aiguilles et constituer les assemblages de
Ce n’est que si l’excédent de réactivité dépassait la valeur :
combustible sont relativement moins pénalisants que dans les
réacteurs à neutrons thermiques, puisque leur section efficace varie
généralement en 1/v, v étant la vitesse des neutrons.
β = ∑ βi
i
Le nombre η de neutrons produits par neutron absorbé dans un
noyau fissile varie avec l’énergie du neutron ; pour un neutron soit environ 250 pcm (pour cent mille : unité de réactivité) dans le
thermique, η est égal à 2,11 pour l’uranium 235 et à 2,00 pour le plu- cas du plutonium, que la réaction s’emballerait plus vite que dans
tonium 239. Lorsque l’énergie du neutron augmente, η commence le cas d’un réacteur à neutrons thermiques.
par diminuer, puis augmente pour atteindre, au-delà de 1 keV, des Mais, par ailleurs, l’effet Doppler, dû essentiellement à la présence
valeurs de 2,28 pour l’uranium 235 et de 2,57 pour le plutonium 239. d’uranium 238 dans le combustible, permet d’obtenir un fonction-
On voit que le bilan neutronique est meilleur avec du nement stable du réacteur : l’absorption des neutrons augmente si
plutonium 239 qu’avec de l’uranium 235 dans un réacteur à neutrons la température du combustible augmente (le coefficient de
rapides et que, de plus, on peut obtenir un meilleur facteur de puissance, variation de réactivité par unité de puissance, est négatif
surgénération, puisque η est assez sensiblement supérieur à 2. dans un cœur de réacteur bien conçu).

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Cependant, le coefficient de vide (variation de réactivité résultant Cela permet de fixer le débit de sodium et l’écartement des
de la variation du vide créé par le retrait du sodium), qui est négatif aiguilles, qui est également conditionné par les performances
dans les réacteurs de petite taille, devient positif pour les cœurs de neutroniques à obtenir (investissement en plutonium, gain de régé-
grand volume ; néanmoins, le coefficient de puissance (qui dépend nération, coefficient Doppler, coefficients de vide et de puissance,
en partie du coefficient de vide, par l’intermédiaire de la dilatation etc.).
du sodium) reste négatif, et le réacteur est bien stable. Le sodium circule entre les aiguilles à une vitesse de l’ordre de
10 m/ s et s’échauffe de 150 à 220 oC suivant les projets.
La perte de charge correspondante varie de 5 à 10 bar.
2.1.2 Thermohydraulique
La hauteur de la partie fissile ne dépasse guère 1 m, pour limiter
la puissance à extraire de chaque aiguille, c’est-à-dire le débit et la
Le sodium est un excellent fluide de refroidissement (ses carac-
perte de charge.
téristiques sont données au paragraphe 2.2.1) et permet des densités
de puissance très élevées, de l’ordre de 500 kW/L (soit environ 10 fois L’ensemble de ces paramètres thermiques et neutroniques doit en
plus que dans les réacteurs à eau). Pour permettre de telles valeurs, effet être optimisé en fonction de différents critères économiques :
le combustible doit être utilisé sous forme d’aiguilles de petit prix du kilowattheure, prix du kilowatt installé (puissance électrique),
diamètre (de 5 à 8 mm environ). rendement, gain de régénération, etc.
Naturellement, l’aplatissement radial (rapport entre la puissance
Dans le but d’éviter une fusion de l’oxyde au cœur de l’aiguille, maximale à extraire des assemblages fissiles et leur puissance
la puissance linéaire doit être limitée à 450 ou 500 W/cm ; c’est là moyenne) n’est pas parfait, malgré la présence de la couverture
une butée technologique importante, qui limite pratiquement la radiale, ce qui nécessite un ajustement des débits, couronne par
puissance spécifique du combustible. couronne, réalisé au niveau des pieds d’assemblages.
Le refroidissement est conditionné par une autre butée techno-
logique relative au combustible : la température maximale de gaine, 2.1.3 Mécanique
qui conditionne le taux de combustion maximal que le combustible
pourra supporter (§ 2.1.3.5) ; dans la technologie actuelle (gaines en
2.1.3.1 Assemblages combustibles
acier austénitique du type 316), la température de gaine nominale
est limitée à des valeurs comprises entre 620 et 650 oC. La figure 1 montre le schéma d’un assemblage combustible.

Figure 1 – Phénix : assemblage combustible (d’après doc. CEA)

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L’oxyde mixte de plutonium et d’uranium, fritté sous forme de


pastilles de petit diamètre (4,3 mm pour Rapsodie Fortissimo , Tableau 2 – Caractéristiques du sodium
5,5 mm pour Phénix, 7 mm pour Superphénix) est enfermé dans
des gaines d’acier austénitique ayant quelques dixièmes de Température de fusion T f = 97,9 oC
millimètre d’épaisseur. Chaque gaine renferme la colonne de
pastilles de combustible fissile et ménage un espace libre pour Enthalpie de fusion (1) ∆H f = 113 J/ g
permettre l’accumulation des gaz de fission (sans que leur pression
prenne une valeur trop élevée) et, dans certains cas, renferme éga- Accroissement relatif
lement une ou deux colonnes de pastilles d’oxyde d’uranium de volume à la fusion 2,7 %
appauvri, matière fertile des couvertures axiales inférieure et / ou
supérieure intégrées. Température d’ébullition
(à pression atmosphérique) Teb = 882 oC
Les aiguilles sont maintenues espacées par des fils d’acier
enroulés en hélice autour d’elles (c’est le cas de tous les réacteurs Enthalpie de vaporisation
français) ou par des grilles et, constituées en faisceaux (de (à pression atmosphérique)
61 aiguilles pour Rapsodie Fortissimo , de 217 aiguilles pour Phénix (1) ∆Hv = 3 880 J/g
et 271 pour Superphénix), elles sont placées à l’intérieur d’un tube
hexagonal en acier austénitique, de quelques millimètres Masse volumique
d’épaisseur, muni d’un pied permettant l’alimentation en sodium et de sodium liquide ρ = 856 kg / m3 à t = 400 oC
d’une tête permettant la manutention ; cet ensemble est appelé
assemblage combustible. Viscosité dynamique η = 0,28 × 10–3 Pa · s à t = 400 oC

2.1.3.2 Assemblages fertiles Capacité thermique


massique cp = 1 280 J / (kg · K) à t = 400 oC
De manière similaire, les assemblages fertiles sont constitués
d’aiguilles renfermant de l’oxyde d’uranium appauvri ; elles sont
plus grosses que les aiguilles fissiles (13,4 mm pour Phénix et
Conductivité thermique λ = 71 W / (m · K) à t = 400 oC
15,8 mm pour Superphénix) et moins nombreuses (respectivement, (1) Enthalpie ou chaleur latente ; en fait, c’est une variation d’enthalpie
61 et 91). (de fusion ou de vaporisation) à pression constante.

2.1.3.3 Assemblages de contrôle


Le réglage et l’arrêt du réacteur sont assurés par la manœuvre 2.2.2 Mise en œuvre du sodium
d’éléments absorbants ; ces éléments sont constitués par des
grappes d’aiguilles en carbure de bore enrichi, gainées d’acier Le sodium nécessite pour sa mise en œuvre une technologie un
austénitique, se déplaçant dans un tube analogue aux tubes peu spéciale liée à ses propriétés physiques et chimiques.
hexagonaux des assemblages combustibles et permettant leur
■ Propriétés physiques
refroidissement par le sodium.
Il faut préchauffer les circuits pour les remplir de sodium et,
2.1.3.4 Assemblages de protection éventuellement, continuer à les réchauffer pour maintenir le sodium
liquide ; les tuyauteries d’argon pouvant être chargées de vapeurs
Autour du cœur sont placés des assemblages réflecteurs en acier et,
de sodium doivent également être maintenues chaudes pour éviter
dans les réacteurs intégrés, des assemblages de protection neutro-
leur bouchage. L’absence de pression permet toutefois l’utilisation
nique latérale généralement constitués par des rondins d’acier.
de tuyauteries minces.
2.1.3.5 Tenue du combustible ■ Propriétés chimiques
En service, les pastilles d’oxyde se fissurent et gonflent légère- Le sodium est très avide d’oxygène, d’hydrogène, etc., avec
ment, mais la tenue des aiguilles reste très satisfaisante jusqu’à lesquels il forme des oxydes, hydrures, etc. ; il brûle spontanément
des taux de combustion très élevés (ordre de grandeur : 50 000 à à l’air dès que sa température dépasse 200 oC et réagit violemment
150 000 MW · j / t) avec un taux de rupture de gaines extrêmement avec l’eau, suivant une réaction exothermique produisant de la
faible. soude et de l’hydrogène (§ 2.2.6).
Les facteurs limitatifs de la tenue du combustible sont actuel-
lement le gonflement de l’acier austénitique sous rayonnement et On est donc obligé de l’enfermer dans des circuits étanches, où
l’interaction oxyde-gaine (article Thermomécanique du combustible il doit être associé à un gaz inerte : l’argon (qui a l’avantage d’être
des réacteurs à neutrons rapides [B 3 061] du traité Génie nucléaire). plus dense que l’air, ce qui limite les entrées d’oxygène dans le circuit
lors de l’ouverture d’un orifice), l’hélium ou l’azote.
Au-delà d’une certaine irradiation, le gonflement des gaines et
des tubes hexagonaux devient prohibitif (circulation ralentie du Le sodium pur n’est que très peu corrosif pour les aciers
sodium entre les aiguilles et risque d’apparition de points chauds austénitiques et ferritiques. La vitesse de corrosion dépend de la
sur les gaines ; risque de coincement des assemblages lors de leur température et de la vitesse du sodium ; elle est en général
extraction du cœur pour déchargement). négligeable, sauf pour les gaines de combustible. Pour ces dernières,
(0)
deux conditions défavorables sont réunies : température (620
à 700 oC) et vitesse du sodium (de l’ordre de 10 m / s) ; les produits
2.2 Technologie du sodium de corrosion (correspondant à l’enlèvement d’une couche de
quelques micromètres par an), qui sont très actifs, vont alors se dépo-
ser dans différentes parties du circuit primaire (notamment sur les
2.2.1 Caractéristiques du sodium tubes des échangeurs intermédiaires), sélectivement en fonction de
la température du sodium et de celle des parois.
Le sodium est un métal alcalin, de masse atomique 22,991. Il est
solide à température ambiante ; à l’état liquide, c’est un remarquable Au contraire, un sodium contenant des impuretés, notamment de
fluide de refroidissement, grâce notamment à sa température l’oxygène, peut devenir très corrosif : il est indispensable d’utiliser
d’ébullition élevée. Ses principales caractéristiques sont rappelées du sodium propre et de le purifier en permanence, le sodium ayant
dans le tableau 2. tendance à nettoyer les surfaces et à se charger en impuretés.

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2.2.3 Purification À température élevée (au-dessus de 300 oC environ), la soude


réagit à son tour avec le sodium pour donner de l’oxyde de sodium
Pour purifier le sodium, on utilise la variation de solubilité des et de l’hydrogène, et l’on a finalement la réaction :
oxydes, hydrures, etc. dans le sodium en fonction de la température :
on fait passer le sodium sur un piège froid constitué par un filtre 2 Na + H 2 O → Na 2 O + H 2 + 130 kJ
(tampon de tissu d’acier inoxydable) refroidi jusqu’à une tempéra- On cherche donc à éliminer toute possibilité de mise en contact
ture juste supérieure à la température de fusion du sodium (110 de l’eau et du sodium :
à 140 oC environ). On contrôle la teneur en impuretés du sodium au
moyen d’un indicateur de bouchage constitué d’un orifice calibré que — pas de distribution d’eau dans les locaux ;
l’on refroidit jusqu’à ce qu’un dépôt d’oxyde ou d’hydrure le bouche : — utilisation (dans la mesure du possible) de gaz ou de liquide
la température à laquelle se produit un brusque accroissement de ne réagissant pas, ou peu, avec le sodium, comme certains liquides
la perte de charge à travers l’orifice est appelée température de bou- organiques ;
chage et est très caractéristique de la teneur en impuretés du sodium. — présence d’au moins deux parois entre l’eau et le sodium, etc.
Cependant, le risque de mise en présence d’eau et de sodium ne
Les réacteurs et circuits d’essais fonctionnent couramment avec
peut être complètement éliminé dans le générateur de vapeur : l’eau
une température de bouchage de 110 à 140 oC, ce qui correspond
y est à une pression de 150 à 200 bar et la paroi qui la sépare du
à une teneur en oxygène de quelques ppm (parties par million en
sodium est relativement mince, puisqu’on recherche un bon transfert
masse).
thermique entre les deux fluides (§ 3.6.2).
On est donc amené :
2.2.4 Préchauffage
— à concevoir et réaliser un générateur de vapeur aussi fiable que
Comme on vient de le voir au paragraphe 2.2.2, il est nécessaire possible ;
de préchauffer tuyauteries et réservoirs avant de les remplir de — à détecter toute entrée d’eau dans le sodium, avec le maximum
sodium. On utilise plusieurs méthodes : de sensibilité et rapidité (on détecte en pratique l’hydrogène dans
— traçage par résistances électriques chauffant par effet Joule : le sodium du circuit secondaire sortant du générateur de vapeur et
c’est la technique la plus répandue ; en France, les cordons dans l’argon de couverture, par exemple en utilisant le principe de
chauffants sont du type Pyroténax (câble dont la gaine est en acier la spectrométrie de masse) ;
austénitique, l’âme en métal résistant, chauffant par effet Joule, et — à munir le générateur de vapeur de membranes de rupture qui
l’isolant en magnésie comprimée), ou bien constitués par des permettent de protéger le corps du générateur de vapeur et le reste
conducteurs isolés par des chapelets de perles (technique russe) ; du circuit secondaire en limitant la montée en pression, consécutive
— traçage par tuyauteries de vapeur à basse pression : c’est une à la formation d’hydrogène, très rapide et exothermique en cas de
technique qui est quelquefois utilisée pour le préchauffage des fuite importante (rupture d’un des tubes du générateur de vapeur,
grosses capacités (réservoirs de quelques centaines de mètres par exemple). Ces membranes permettent aux produits de réaction
cubes), mais qui nécessite de grandes précautions d’emploi (circuits de se décharger dans un réservoir de stockage muni d’un séparateur
parfaitement étanches, malgré tous les dispositifs de purge néces- qui permet à l’hydrogène d’être collecté et, canalisé par une tubulure,
saires) et qui n’est généralement pas utilisée pour mise en fonction de s’échapper au-dessus du toit des bâtiments.
permanente, mais occasionnellement ;
— chauffage par circulation de gaz (azote en général) dans une 2.2.7 Matériaux utilisés
double enveloppe ;
— cannes électriques chauffantes plongeant directement dans 2.2.7.1 Cuves, réservoirs et tuyauteries
les réservoirs.
Ces équipements sont réalisés la plupart du temps en acier
Le dimensionnement de la puissance de réchauffage est en général austénitique, quelquefois en acier ferritique, stabilisé ou non.
calculé pour permettre de faire fondre le sodium solidifié dans la
tuyauterie et le réservoir. La fusion du sodium s’accompagnant d’un ■ Aciers austénitiques : les plus couramment utilisés en France sont
accroissement de volume, des précautions sont à prendre pour per- du type Z3 CND 18-10 et Z3 CN 18-10 ; on préfère, en effet, ne pas
mettre sa libre expansion, et éviter la rupture de l’enveloppe. employer d’aciers stabilisés qui peuvent présenter des risques de
fissuration, notamment dans les zones soudées. Cela conduit à
choisir des aciers à bas carbone qui présentent moins de risques de
2.2.5 Détection des fuites fragilisation en service, pour des temps de maintien de plusieurs
Il est essentiel de détecter toute fuite de sodium d’un circuit, aussi dizaines de milliers d’heures à température élevée (pratiquement
vite que possible, de manière à pouvoir intervenir rapidement et jusqu’à 550 oC) ; lorsque le niveau de contraintes l’exige, on utilise
limiter les conséquences de cette fuite. un acier au molybdène qui présente de meilleures caractéristiques
mécaniques à chaud.
On utilise pour cela des moyens de détection :
— locaux , qui font appel à la bonne conductivité électrique du ■ Aciers ferritiques :
sodium : mise en court-circuit de deux conducteurs électriques, ou — lorsque la température du sodium est basse, de l’ordre de
mise à la masse d’un conducteur (ligne électrique ou bougie) ; 250 oC, un acier ferritique ordinaire, du type A 42 P2, peut être utilisé
— globaux , qui recherchent la présence de fumées d’oxyde de (c’est le cas notamment de réservoirs de stockage du sodium ou des
sodium : un des meilleurs principes utilise l’analyse de l’atmosphère cuves de stockage des éléments combustibles irradiés) ;
par spectrophotométrie de flamme (raie jaune du sodium). — lorsque la température est plus élevée, jusqu’à 480 oC environ,
Ces deux moyens sont d’ailleurs souvent employés simultané- on peut utiliser des aciers faiblement alliés, du type 2 1/4 Cr, qui
ment, le premier présentant l’avantage de permettre la localisation conservent d’assez bonnes caractéristiques mécaniques et ne se
à distance de la fuite. décarburent pratiquement pas dans le sodium ;
— au-delà de 480 oC, un acier stabilisé (au niobium, par exemple)
peut être employé, mais ses caractéristiques mécaniques chutent
2.2.6 Réaction sodium-eau assez vite après 500 oC.
Le sodium réagit violemment avec l’eau, par une réaction Les aciers austénitiques présentent sur les aciers ferritiques
exothermique produisant de la soude et de l’hydrogène (à 25 oC) : l’avantage d’une mise en œuvre facile ne nécessitant pas trop de
précautions avant mise en sodium, de bonnes caractéristiques
1 mécaniques à chaud, une excellente ductilité ; l’inconvénient est
Na + H 2 O → NaOH + ----- H 2 + 141 kJ
2 leur prix plus élevé.

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2.2.7.2 Mécanismes D’autres sont envisagés, en particulier un acier ferritique à 9 %


de chrome qui semble bien résister à la corrosion, côté eau et côté
Les mécanismes utilisés dans le sodium sont généralement sodium et qui conserve de bonnes caractéristiques mécaniques
réalisés en acier austénitique. jusqu’à 550 oC.
Toutefois, les parties sujettes à frottement doivent être réalisées
dans un matériau différent ou revêtues d’un dépôt adéquat. En
effet, le sodium propre (ne contenant que des traces d’oxygène)
détruit la couche superficielle d’oxyde et l’acier grippe très facile- 3. Description technologique
ment. Les matériaux donnant les meilleurs résultats sont des maté-
riaux durs, tels que stellite, Colmonoy , etc. De nombreux facteurs 3.1 Circuit primaire intégré ou à boucles
interviennent en effet dans le choix d’un couple de matériaux de
frottement : température du sodium qui influe sur le mouillage des La figure 2 donne le schéma d’une centrale à neutrons rapides
pièces, donc sur leur lubrification, pureté du sodium, fonctionne- utilisant le sodium comme fluide caloporteur.
ment nécessaire ou non dans le gaz neutre de couverture,
pressions de contact, nature du frottement, vitesse de déplace- Pour éviter qu’un incident au générateur de vapeur mette en jeu
ment, etc. du sodium actif, un circuit de sodium secondaire transmet la
puissance du circuit primaire au circuit eau-vapeur.
Le circuit primaire peut être disposé suivant deux grandes
2.2.7.3 Générateurs de vapeur
familles :
Le choix du matériau des tubes qui séparent l’eau (sous forme — circuit primaire intégré (cas de la figure 2), entièrement
liquide ou vapeur) du sodium est certainement le plus délicat ; les contenu à l’intérieur de la cuve renfermant le cœur : les pompes
impératifs sont en effet nombreux : primaires et les échangeurs intermédiaires plongent dans le sodium
— bonne compatibilité avec le sodium ; de la cuve principale, à travers la dalle de fermeture de cette cuve ;
— bonne compatibilité avec l’eau ; — circuit primaire à boucles : les pompes primaires et les
échangeurs intermédiaires sont placés à l’extérieur de la cuve du
— bonnes caractéristiques mécaniques à chaud : l’eau est, dans réacteur, qui ne contient plus que le cœur, et lui sont reliés par des
les tubes, à une pression de l’ordre de 150 à 200 bar ; l’appareil peut, tuyauteries.
par ailleurs, être soumis à des chocs thermiques importants
(réalimentation en eau accidentelle d’un générateur de vapeur
asséché mais encore chaud) ; Remarque : les réacteurs EBR 2, Phénix, Superphénix, PFR,
— bonne conductivité thermique : c’est la résistance thermique BN 600 sont du type intégré , alors que les autres et notamment
du tube qui gouverne le coefficient d’échange entre sodium et FFTF, Rapsodie, SNR 300, Joyo, BOR 60 et BN 350 sont du type à
eau-vapeur. boucles (tableau 1).
En pratique, les matériaux suivants ont été utilisés :
Les réacteurs intégrés possèdent un certain nombre d’avantages,
— acier faiblement allié du type 2 1/4 Cr, 1 Mo, notamment pour
dont celui de présenter une meilleure sûreté de fonctionnement,
l’évaporateur ;
l’ensemble du sodium actif étant contenu à l’intérieur d’une grande
— acier faiblement allié du type 2 1/4 Cr, 1 Mo, Nb ; cuve de forme simple, sans piquages de tuyauteries, et dans laquelle
— acier austénitique du type 321 ou 316 ; l’inertie thermique du sodium et la convection naturelle confèrent
— alliage à forte teneur en nickel, du type Incoloy 800. à ce système une grande sécurité de refroidissement du cœur.

Figure 2 – Schéma de principe d’une chaudière nucléaire à circuit primaire intégré type Superphénix (d’après doc. CEA)

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3.2 Bloc réacteur


On désigne sous le nom de bloc réacteur l’ensemble constitué par
la cuve contenant le cœur, tous les dispositifs placés à l’intérieur de
cette cuve (structures internes, mécanismes de barres de contrôle
et de manutention du combustible, instrumentation, etc.), ses
fermetures supérieures et le confinement qui l’entoure (cuve de
sécurité, béton de protection biologique, etc.).
La figure 6 montre une coupe du bloc réacteur de Superphénix
qui, étant du type intégré , renferme également les pompes primaires
et les échangeurs intermédiaires.

3.2.1 Cœur
Le cœur est constitué d’un certain nombre d’assemblages
combustibles hexagonaux, disposés suivant un pas triangulaire,
entourés d’assemblages fertiles et d’éléments réflecteurs ou de
protection (figure 3) : dans un réacteur intégré , ces derniers
éléments ont pour but d’empêcher l’activation du sodium secondaire
traversant les échangeurs intermédiaires. L’emplacement de
quelques assemblages fissiles est occupé par des assemblages de
contrôle.
Tous les assemblages (fissiles, fertiles, de contrôle) qui doivent
être refroidis par circulation forcée de sodium sont munis de pieds
venant s’enfoncer dans les chandelles d’un sommier constituant
un collecteur d’alimentation en sodium froid (400 oC environ).
Pieds et chandelles sont munis d’orifices calibrés qui permettent
d’assurer une répartition convenable du sodium dans les différents
assemblages, en fonction de leur puissance. En les traversant, le
sodium primaire s’échauffe de 150 à 180 oC, et sort du cœur à une
température moyenne d’environ 550 oC.
Un certain jeu est conservé entre les tubes hexagonaux des
assemblages, au moyen de plaquettes d’acier disposées au niveau
supérieur du cœur.
Le sommier est généralement constitué par deux plaques, percées
d’autant de trous que d’assemblages à alimenter en sodium, les
chandelles constituant des entretoises pour ces plaques ; l’ensemble
est enfermé dans une virole cylindrique où aboutissent les tuyau-
teries d’amenée du sodium froid, refoulé sous pression par les
pompes primaires. Figure 3 – Configuration nominale du cœur de Superphénix

3.2.2 Cuves et fermetures supérieures


■ Cœur et sommier sont placés à l’intérieur de la cuve principale,
qui les supporte par l’intermédiaire d’un platelage. Le diamètre de la
cuve est plus ou moins grand suivant qu’il s’agit d’un concept de
réacteur intégré ou à boucles.
■ L’organisation interne du circuit primaire dépend également de ce
concept :
— dans le cas d’un réacteur intégré , une cuve interne, soudée sur
le platelage, sépare le sodium chaud du sodium froid et lui permet
de circuler par gravité à travers les échangeurs intermédiaires, d’où
il ressort dans le collecteur froid où les pompes l’aspirent pour le
refouler dans le sommier (figure 4) ;
— dans le cas d’un réacteur à boucles , les tuyauteries d’amenée
du sodium froid sous pression pénètrent dans la cuve à sa partie
supérieure et descendent alimenter le sommier ; le sodium chaud
ressort vers les échangeurs extérieurs, par des tuyauteries placées
également en partie supérieure (figure 5).
L’ensemble des cuves est, en général, réalisé en acier austénitique
(du type 316 L, en France).
Les principales difficultés de conception de ces ensembles sont
liées aux excellentes qualités du fluide caloporteur qu’est le sodium :
le sodium chaud a une température de 550 oC environ (niveau auquel
le fluage de l’acier austénitique commence à intervenir de manière
non négligeable), alors que le sodium froid est à 400 oC ou moins. Figure 4 – Phénix : circuits primaire intégré et secondaire

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On verra au paragraphe 3.3 quelles sont les différentes solutions


utilisées pour la manutention du combustible ; notons simplement
ici que les machines de transfert (ringards ou bras tournants munis
de grappins), qui permettent l’extraction des assemblages usés du
cœur et leur remplacement par des neufs, doivent être montées sur
un ou plusieurs bouchons tournants qui, par leurs mouvements de
rotation combinés, permettent d’atteindre tous les emplacements du
réseau.
Ces bouchons tournants, qui peuvent être de grand diamètre (12 m
pour Superphénix) sont montés sur roulements ou galets et munis
de joints tournants permettant de conserver une étanchéité
rigoureuse, aussi bien en régime de manutention (réacteur à l’arrêt)
qu’en fonctionnement normal.
L’instrumentation du cœur et les mécanismes de barres de contrôle
sont portés par un couvercle-cœur, lui-même solidaire d’un bouchon
tournant, dont le mouvement de rotation, excentré par rapport au
cœur, permet en période de manutention de dégager l’espace situé
au-dessus de celui-ci pour laisser les machines de transfert accéder
aux assemblages. Naturellement, pour permettre cette rotation, les
mécanismes de barres de contrôle doivent être désolidarisés préa-
lablement des assemblages de contrôle qui, eux, doivent rester en
place dans le cœur pour maintenir le réacteur sous-critique.
Tous ces bouchons tournants, ainsi que les bouchons fixes
permettant la mise en place de certains équipements, doivent être
fixés à la dalle qu’ils traversent, de telle manière que leur étanchéité
soit assurée aussi bien en marche normale qu’en cas d’accident,
hautement improbable, conduisant à une surpression interne dans
la cuve.

3.2.3 Mécanismes de barres de contrôle


La réaction nucléaire est réglée par des assemblages de contrôle
qui assurent les fonctions de sécurité, pilotage et compensation de
l’usure du combustible. Ces éléments (§ 2.1.3.3) peuvent être mus
verticalement par les mécanismes de commande, agissant à travers
le bouchon tournant auquel ils sont fixés.
Ces mécanismes mettent en œuvre une technologie spéciale leur
permettant de fonctionner dans le sodium chaud ou l’argon chargé
d’aérosols : la détermination des jeux et des matériaux, et tout
particulièrement des matériaux de frottement, est essentielle
(§ 2.2.7.2).
Etant essentiels pour assurer la sécurité de fonctionnement du
réacteur, ces mécanismes, à l’état de prototypes de têtes de série
ou de matériel de série, subissent des essais en sodium très sévères
avant leur installation sur un réacteur.

3.2.4 Instrumentation
Figure 5 – SNR 300 : vue éclatée du bloc réacteur Il est nécessaire de surveiller le bon comportement du combus-
(d’après doc. Nuclear Engineering International) tible, et en particulier de s’assurer :
— que la température du sodium à la sortie de chaque assemblage
Les régimes transitoires rapides (arrêt du réacteur par chute des reste normale ;
barres de sécurité, par exemple) conduisent donc à des chocs — que les gaines des aiguilles de combustible restent étanches.
thermiques importants et, de façon générale, tous les régimes
transitoires induisent, dans les structures, des contraintes d’origine 3.2.4.1 Température du sodium à la sortie
thermique dont les variations sont fortes. de chaque assemblage

■ La cuve principale est fermée par une dalle à laquelle elle est Au-dessus de chaque assemblage, deux ou trois couples thermo-
suspendue. électriques sont placés dans le flux de sodium, guidés par un doigt
de gant qui permet leur remplacement.
Cette dalle est constituée par une structure mécanosoudée remplie Ces couples thermoélectriques sont surveillés par un ensemble
de béton qui assure une protection biologique ; elle est maintenue électronique (généralement doublé) comprenant un calculateur et
froide par un circuit de refroidissement. C’est à travers cette ferme- agissant sur les circuits de sécurité.
ture supérieure que l’ensemble des opérations intéressant le cœur
doit être effectué : manutention des assemblages combustibles,
3.2.4.2 Détection et localisation des ruptures de gaines
déplacement des barres de contrôle, mise en place de l’instrumen-
tation et, pour les réacteurs intégrés, des gros composants tels que Pour prévenir un incident résultant de l’évolution rapide d’une
pompes et échangeurs. rupture de gaine entraînant bouchage et fusion de combustible, on

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surveille avec le maximum de sensibilité et de rapidité tout relâche- extraire l’assemblage de son logement et le déposer dans un pot
ment de produits de fission. de transfert placé au poste de déchargement après rotation du (ou
En France, on utilise trois systèmes complémentaires : des) bouchon(s) tournant(s). Cette machine peut être constituée
comme un simple ringard (et il faut alors au moins 2 bouchons
— la détection de produits de fission gazeux dans l’argon de tournants pour permettre de desservir toutes les positions du
couverture ; réseau), ou comme un bras tournant (et 1 seul bouchon tournant
— la détection globale d’émission de neutrons retardés dans le est alors nécessaire).
sodium sortant du cœur ;
— la détection individuelle d’émission de neutrons retardés dans L’assemblage usé dégage encore une puissance thermique
le sodium sortant de chaque assemblage, par prélèvement d’une résiduelle élevée, même après un ou plusieurs jours d’arrêt, pouvant
fraction du débit au moyen d’un tube placé au-dessus de chaque atteindre quelques dizaines de kilowatts (environ 30 kW pour
assemblage et porté par le bouchon couvercle-cœur ; un système Superphénix) ; cela nécessite que, pendant toutes les opérations de
de sélecteurs rotatifs permet d’explorer successivement la sortie de transfert et de manutention jusqu’au stockage externe, l’assemblage
chaque assemblage. soit maintenu en sodium : le pot de transport est rempli de sodium,
pour permettre de déplacer ce pot en atmosphère gazeuse jusqu’au
3.2.4.3 Contrôle de la puissance neutronique stockage externe.
Dans certains réacteurs, comme Phénix et PFR, un stockage dit
Des détecteurs classiques de mesure de puissance neutronique
intermédiaire est prévu dans la cuve du réacteur ; cette disposition
sont placés, en général en dehors de la cuve principale, sauf
a l’avantage de permettre un refroidissement prolongé (quelques
quelquefois pour des chaînes de démarrage , dans une position où
mois) avant de sortir les assemblages du réacteur, et leur puissance
ils peuvent contrôler le fonctionnement du réacteur sur toute sa
résiduelle est plus faible (7 kW pour Phénix après une durée de
gamme de puissances.
stockage de 2 mois).
3.2.4.4 Contrôle de la température des structures Une fois placé dans le pot de transfert, le combustible doit être
acheminé de la cuve du réacteur jusqu’au stockage externe. Deux
Des couples thermoélectriques sont disposés sur les structures, variantes ont été utilisées pour effectuer cette opération :
dont un certain nombre en sodium, pour mesurer la température
des parois dans les zones jugées critiques ou pour lesquelles — extraction du pot au moyen d’une hotte protégée et refroidie
subsistent des incertitudes de calcul. Ces mesures sont en particulier qui peut s’accoupler sur la dalle du réacteur et sur celle du stockage
utilisées au moment des essais de la centrale. externe ; le déplacement de la hotte est assuré par un chariot roulant
sur des rails ou par le pont roulant du bâtiment réacteur (c’est le
système utilisé pour le PFR) ;
3.2.4.5 Contrôle des vibrations
— extraction du pot au moyen d’un chariot roulant sur une
Des capteurs de mesure (jauges de contraintes, accéléromètres) rampe inclinée et, après basculement dans un sas protégé (Phénix)
sont disposés sur les structures (dans et hors sodium) susceptibles ou rotation dans un sas (Superphénix), descente dans le stockage
de vibrer sous l’effet de la circulation du sodium (structures internes, externe au moyen d’une deuxième rampe inclinée.
couvercle-cœur, mécanismes de barres de contrôle) ou de la rotation
des pompes (corps de pompes, dalles, etc.). Un assemblage neuf est transporté à l’emplacement laissé libre
dans le réseau par le même cheminement, effectué en sens inverse.

3.3 Manutention du combustible 3.3.2 Évacuation du combustible


et des composants Après un temps de stockage sur le site de la centrale variable de
2 à 6 mois, la puissance résiduelle du combustible est suffisamment
La manutention primaire du combustible a pour but de renouveler faible pour permettre son évacuation vers l’usine de retraitement.
le combustible usé et de le placer dans un stockage où il peut se
désactiver, avant de l’évacuer de la centrale vers les installations de Pour cette filière, il ne peut être question de doter chaque centrale
retraitement. Les composants principaux du circuit primaire, actifs, d’une cellule de démantèlement : cette opération sera effectuée à
font l’objet d’une manutention spéciale. l’usine de retraitement et les assemblages sont transportés entiers.
On se reportera utilement à l’article. Manutention du combustible
des centrales REP françaises [B 3 300] dans cette rubrique, seuls les 3.3.3 Manutention des composants
points spécifiques aux réacteurs rapides étant indiqués ici.
Les composants principaux du circuit primaire et du bloc réacteur,
tels que pompes principales, échangeurs intermédiaires, machines
3.3.1 Manutention primaire de transfert, mécanismes de barres de contrôle, bouchons divers du
bloc réacteur, doivent pouvoir être extraits de leurs logements pour
Un schéma des opérations de manutention du combustible irradié entretien. Ces opérations de manutentions spéciales possèdent les
de la centrale de Superphénix est donné à la figure 9. caractéristiques suivantes :
Le renouvellement du combustible usé s’effectue réacteur à — les composants sont radioactifs (activation directe des
l’arrêt ; il n’est en effet pas possible de concevoir un système de composants proches du cœur, ou contamination de surface par
transfert permettant le renouvellement du combustible réacteur en dépôt de sodium radioactif, produits de corrosion et produits de
marche, à cause notamment de la densité de puissance très élevée fission) : il faut mettre en œuvre une protection biologique ;
du cœur, qui conduit à un refroidissement très énergique.
— les composants sont mouillés par le sodium : il faut les
Le transfert du combustible nécessite les opérations suivantes : conserver en atmosphère neutre, pour éviter la formation de soude,
— dépose des barres de contrôle dans le cœur par ouverture de si l’on veut les réintroduire à leur emplacement de fonctionnement
leurs grappins de manœuvre ; sans les laver ;
— rotation du (ou des) bouchon(s) tournant(s) pour effacer le — les opérations de manutention ne doivent pas introduire d’air
couvercle-cœur et positionner la machine de transfert à un emplace- dans le gaz de couverture des circuits sodium.
ment tel qu’elle puisse saisir l’assemblage à déplacer. Ces différents impératifs conduisent généralement à effectuer ces
La machine de transfert comporte essentiellement un grappin opérations au moyen de hottes protégées, et de sas d’accouplement
qu’elle peut animer d’un mouvement de translation verticale pour au réacteur et aux différents puits d’intervention, hottes et sas étant

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munis de vannes d’isolement à passage intégral. Ces équipements Les partisans de cette disposition y voient un avantage pour la
sont manœuvrés au moyen du pont principal du bâtiment réacteur. maintenance des circuits ; en France, cet avantage est jugé plus
Il ne faut pas oublier que les composants sont de grandes théorique que réel, toute intervention sur une boucle primaire néces-
dimensions : pompes et échangeurs de Superphénix ont une sitant pratiquement l’arrêt de la centrale, et l’on préfère un circuit
longueur de presque 20 m et une masse d’une centaine de tonnes. intégré, plus simple donc plus fiable.
Pour permettre l’intervention sur ces composants, l’installation Du point de vue technologique, l’ensemble du circuit primaire
comporte : est généralement réalisé en acier austénitique, les tuyauteries étant
de faible épaisseur (peu de pression) et sans soufflet.
— des puits de stockage ;
— un puits de lavage où l’on peut débarrasser les composants
du sodium qui les recouvre (lavage exécuté par circulation d’un gaz 3.4.2 Circuits secondaires
humide, progressivement remplacé par de l’eau, l’opération se
terminant par un noyage complet), puis les décontaminer (au moyen Le concept des circuits primaires (intégré ou non) n’a pas d’inter-
de solutions acides et basiques) ; action sur les circuits secondaires, leur seul couplage se situant au
— un poste d’intervention en atmosphère active et contaminée niveau des échangeurs intermédiaires.
(atelier tiède). Les circuits secondaires sont totalement indépendants les uns
des autres ; leur nombre est supérieur ou égal à 2, généralement
de 3 ou 4.
3.4 Circuits primaires et secondaires Leur schéma est très simple (figure 4) : échangeur intermédiaire,
générateur de vapeur, pompe. On place généralement la pompe sur
Nous examinerons d’abord les circuits principaux, puis leurs la branche froide, en amont des échangeurs intermédiaires. Le
auxiliaires. sodium circule toujours à l’extérieur des tubes du générateur de
vapeur et en général à l’intérieur des tubes de l’échangeur
intermédiaire ; le circuit secondaire et l’échangeur intermédiaire sont
3.4.1 Circuits primaires principaux en effet dimensionnés pour résister aux surpressions résultant d’une
éventuelle réaction sodium-eau survenant par rupture d’un des tubes
Les circuits primaires véhiculent du sodium actif ; leur rôle est de
d’eau du générateur de vapeur.
transmettre la puissance thermique du cœur aux circuits secondaires
à travers les échangeurs intermédiaires. On s’efforce également de permettre un fonctionnement en
Leur schéma est très simple : la pompe primaire (figure 4) refoule convection naturelle dans le circuit.
le sodium froid (400 oC environ) à l’entrée du cœur d’où il est canalisé La technologie du circuit est la même que celle des circuits
vers les échangeurs intermédiaires. primaires, mais réalisée plus simplement : pas de double enveloppe
La disposition des circuits primaires est très différente suivant que (pas d’impératifs de non-vidange), préchauffage électrique,
le réacteur est du type intégré ou à boucles (§ 3.1). l’ensemble du circuit restant accessible pour surveillance et
réparation.
3.4.1.1 Circuit primaire intégré Des dispositions particulières doivent toutefois être prises pour
limiter les conséquences d’une éventuelle fuite importante :
Il est entièrement contenu à l’intérieur de la cuve principale, dans dispositifs de vidange rapide, collectage des fuites vers des
laquelle les pompes primaires et les échangeurs intermédiaires sont réservoirs, bacs étouffoirs, etc.
plongés.
Cette disposition permet d’avoir un collecteur froid dans lequel
aspirent toutes les pompes primaires, aussi bien qu’un collecteur 3.4.3 Circuits auxiliaires
chaud à la sortie du cœur ; cela a l’avantage de conserver une bonne
Les circuits principaux décrits ci-dessus (§ 3.4.1 et 3.4.2) ont une
symétrie de distribution des températures à l’entrée du cœur en cas
seule fonction : transmettre la puissance thermique du cœur aux
d’incident de fonctionnement sur une boucle secondaire ou sur une
générateurs de vapeur. Mais leur exploitation nécessite des circuits
pompe primaire.
auxiliaires aux multiples fonctions : stockage du sodium, transfert
Une cuve interne sépare alors le sodium chaud du sodium froid, (remplissage, vidange normale et rapide), épuration, respiration
et la circulation dans les échangeurs intermédiaires s’effectue par (circuits argon), refroidissements auxiliaires.
gravité. Les pompes primaires aspirent le sodium froid dans
l’intercuve et le refoulent au moyen de tuyauteries dans le sommier, ■ Le stockage du sodium s’effectue dans des réservoirs de grandes
collecteur d’entrée aux assemblages combustibles. capacités (quelques centaines de mètres cubes pour les centrales de
puissance), puisque la quantité de sodium mise en œuvre est très
La figure 4 donne une disposition typique de ce circuit primaire,
grande (environ 1 400 t pour Phénix, plus de 5 000 t pour Super-
celle de Phénix.
phénix).
Les échangeurs intermédiaires y sont munis d’obturateurs,
pouvant être manœuvrés réacteur arrêté, ce qui permet le fonction- Leur premier remplissage en sodium nécessite une installation
nement avec une boucle secondaire indisponible. annexe de dépotage qui permet de fondre, recevoir et contrôler le
sodium livré par camions citernes.
3.4.1.2 Circuits primaires à boucles ■ Les circuits de transfert utilisent en général des pompes électro-
Pompes et échangeurs sont à l’extérieur de la cuve, à laquelle ils magnétiques (qui présentent l’avantage d’être totalement étanches
sont reliés par des tuyauteries. et très fiables) pour assurer les mouvements de sodium, de
préférence à des variations de pression qui présentent d’importants
La disposition d’ensemble doit être telle qu’une rupture de risques de fausses manœuvres.
tuyauterie n’entraîne pas directement par siphonnage une baisse
importante du niveau de sodium dans la cuve ; de plus, en cas d’arrêt Les vannes ou robinets y sont assez nombreux, pour permettre
des pompes primaires, le refroidissement du cœur doit continuer d’assurer les différentes fonctions ; ils doivent être d’une très bonne
à être assuré par convection naturelle. fiabilité.
Ces impératifs conduisent à une certaine complexité des circuits ■ Les circuits d’épuration comportent des pièges froids
extérieurs à la cuve : piquages de tuyauteries sur la cuve, double (quelquefois deux en parallèle, dont un en service) et un indicateur
enveloppe, casse-siphons, vannes. de bouchage à fonctionnement automatique.

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■ Les circuits d’argon présentent une difficulté : ils sont susceptibles serrés que le permet la faible valeur admissible de la perte de
de se boucher si, au cours de l’exploitation, du sodium peut s’y charge côté primaire.
condenser ; on est donc amené à les préchauffer, à les prévoir de fort On préfère en général faire passer le sodium secondaire dans les
diamètre, à leur donner une pente permettant de les lessiver avec du tubes, compte tenu des risques de surpressions accidentelles dans
sodium propre, etc. le circuit secondaire et de pollution par la soude en cas de fuites
■ Quelques circuits de sodium, classés parmi les auxiliaires, ont au générateur de vapeur.
une fonction de refroidissement : du stockage des assemblages de Le diamètre des tubes, compte tenu des performances
combustibles irradiés, par exemple. Leur technologie est du même recherchées et des impératifs d’encombrement, est faible :
type ; ils utilisent des échangeurs sodium-air et des pompes électro- 12 × 14 mm pour Rapsodie, Phénix et Superphénix.
magnétiques.
La mise au point de ces appareils nécessite de nombreuses
études :
— tant expérimentales : technologie de construction, maquettes
3.5 Pompes hydrauliques permettant de vérifier la répartition de l’écoulement
côté primaire et côté secondaire, essais de vibration, etc. ;
■ Les pompes principales sont des pompes mécaniques à axe — que théoriques : dimensionnements thermique et mécanique,
vertical (figure 7). dans les conditions normales (régimes permanents, transitoires
Le moteur est extérieur, relié à l’arbre de la pompe par un accouple- rapides et lents) et accidentelles (réaction sodium-eau côté
ment mécanique ; l’étanchéité du passage de l’arbre de pompe est secondaire, accident de dimensionnement du confinement côté
réalisée entre le gaz de couverture et l’atmosphère extérieure par primaire, séisme, etc.).
un joint tournant à bagues, généralement à base de graphite. Cette
disposition nécessite donc que la pompe soit placée dans un
Remarque : dans le cas des réacteurs à boucles, une plus
réservoir où le sodium présente un niveau libre.
grande fantaisie dans la conception de l’appareil est possible :
La pompe possède en général deux paliers : en partie supérieure, tubes en U dans le cas de BN 350 (tableau 1) par exemple, etc.
un palier-butée mécanique et, en partie inférieure, un palier hydro-
statique en sodium.
La pompe étant placée au point de basse pression du circuit, le 3.6.2 Générateurs de vapeur
NPSH (Net Positive Suction Head , soit la pression à l’aspiration d’une
pompe) disponible est faible et la vitesse de rotation doit être limitée Étant donné le risque d’une réaction sodium-eau, on a déjà vu au
pour éviter la cavitation. paragraphe 2.2.6 la nécessité de construire des générateurs de
vapeur d’une très grande fiabilité.
On préfère placer la pompe sur la branche froide des circuits
(outre l’avantage d’une température basse, les chocs thermiques y Pour cette raison, ce sont les appareils les plus délicats à concevoir
sont généralement moins sévères), mais ce n’est pas un impératif. et réaliser. De nombreux modèles ont été proposés et, jusqu’à
présent, les appareils réalisés sont tous de types différents.
La puissance des pompes varie de quelques kilowatts pour les
réacteurs expérimentaux à plusieurs mégawatts pour les centrales Il est difficile de classer ces appareils par famille ; examinons les
d’une puissance électrique de 1 200 MW. différentes approches possibles.
Pour permettre une plus grande souplesse de fonctionnement, et
notamment pour ajuster les écarts de température dans les 3.6.2.1 Simple paroi ou double paroi
échangeurs intermédiaires et les générateurs de vapeur suivant les Il a été envisagé par certains de diminuer le risque de fuite d’eau
régimes de marche, on utilise souvent des entraînements à vitesse dans le sodium en doublant la paroi séparant les deux fluides, et
variable. de détecter une fuite éventuelle entre les deux parois.
Les moteurs principaux sont en général doublés de moteurs Mais ces principes sont restés jusqu’à présent au stade
auxiliaires de petite puissance, pouvant être alimentés par les expérimental. Seuls les générateurs de vapeur à simple paroi sont
groupes électrogènes Diesel de secours ou par des batteries utilisés dans les centrales de puissance.
d’accumulateurs dans le but d’assurer le refroidissement du réacteur
en cas de défaillance du réseau électrique ; les pompes primaires Pour obtenir une grande fiabilité, il faut d’abord rechercher la
sont habituellement munies d’un volant d’inertie, permettant d’éviter simplicité : dessin permettant d’effectuer des soudures dans d’excel-
l’ébullition du sodium et la surchauffe des gaines de combustible lentes conditions de réalisation et de contrôle, minimisant les
en cas de panne du réseau. contraintes d’origine thermique, notamment en régimes transitoires,
évitant les zones mortes, permettant une détection de fuite rapide
■ Les pompes auxiliaires de petite puissance sont presque toujours et sensible, facilitant le contrôle des tubes, etc.
des pompes électromagnétiques qui présentent l’avantage d’une
grande fiabilité, d’une grande souplesse de fonctionnement et d’une 3.6.2.2 Choix du matériau des tubes
grande facilité d’implantation.
Ce choix est difficile (§ 2.2.7.3).
Un acier ferritique semble préférable en raison de sa meilleure
résistance à la corrosion intercristalline en milieux pollués (eau
3.6 Échangeurs de chaleur polluée de chlorures ou de soude, sodium pollué de soude), mais
les conditions de service imposent un acier stabilisé au-dessus
3.6.1 Échangeurs intermédiaires de 500 oC (décarburation par le sodium) et un acier fortement allié
au-dessus de 520 oC (caractéristiques mécaniques).
Les échangeurs intermédiaires sont réalisés en acier austénitique,
suivant une technologie classique. On utilise en général des
échangeurs à contre-courant (figure 8). Rappelons les choix effectués en France :
Il est typique d’un échangeur équipant un réacteur intégré : les — Phénix : • évaporateur en acier ferritique,
impératifs d’encombrement liés à son installation dans la cuve du • surchauffeur et resurchauffeur en acier austéni-
réacteur et à la nécessité de pouvoir le démonter conduisent à un tique 321 ;
faisceau tubulaire aussi long que possible, les tubes étant aussi — Superphénix : évaporateur et surchauffeur en Incoloy 800.

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3.6.2.3 Corps séparés ou non l’hydrogène. On recherche le maximum de sensibilité et de rapidité


de détection pour pouvoir réagir avant que la fuite ait suffisamment
Dans le but d’utiliser des matériaux différents pour l’évaporateur
évolué pour que le jet de vapeur en résultant endommage les tubes
et le surchauffeur, ces deux appareils sont quelquefois séparés ;
voisins ; en cas de détection d’un tel défaut, le circuit secondaire
c’est le cas de Phénix qui comporte un ballon séparateur.
correspondant est isolé et le générateur de vapeur dépressurisé :
Si le matériau est le même pour les deux corps, il devient possible après vidange côté sodium et côté eau, l’appareil est mis sous azote,
de réaliser un appareil unique : c’est le cas de Superphénix. le tube fuyard localisé et tamponné, les tubes voisins inspectés (par
une méthode utilisant les courants de Foucault ou les ultrasons) et,
3.6.2.4 Conception des appareils après de nombreux tests, l’appareil est remis en service.
Les appareils sont en général du type à contre-courant, à ■ Réaction sodium-eau
circulation forcée.
Si une fuite importante survient brutalement ou si on ne l’a pas
Le diamètre des tubes y est plus important (20 à 30 mm) que dans détectée suffisamment tôt, le débit d’eau réagissant avec le sodium
les échangeurs intermédiaires, pour rendre acceptable la perte de provoque un brutal accroissement de pression (§ 2.2.6). Il faut alors
charge côté vapeur. protéger l’installation, notamment le circuit secondaire et
La longueur des tubes conditionne alors le type d’appareil ; on l’échangeur intermédiaire, contre cette onde de pression : des
peut distinguer plusieurs familles : membranes de rupture sont placées sur le corps du générateur de
— à tubes droits : vapeur, elles se déchargent par une tuyauterie vers un réservoir
• de grande longueur, repliés en épingle (50 m pour l’évapora- séparateur qui permet de rejeter l’hydrogène au-dessus du toit des
teur, 30 m pour le surchauffeur, cas de Phénix), bâtiments (où il peut brûler à l’atmosphère) et les produits de
• de plus petite longueur et de plus petit diamètre ; réaction (sodium, soude, oxyde et hydrures) vers un réservoir de
stockage. La rupture des membranes déclenche elle-même l’isole-
— à tubes hélicoïdaux : de grande longueur développée (80 m, ment du générateur de vapeur côté eau et côté sodium, puis sa
cas de Superphénix) ; dépressurisation côté eau et sa vidange côté sodium.
— à tubes en U : des appareils de ce type ont été réalisés à
l’étranger (par exemple dans les réacteurs PFR), mais ils présentent
des inconvénients (vidange, dégazage, etc.) ;
— à tubes en J : des appareils de ce type ont été réalisés à 3.7 Groupe turboalternateur
l’étranger, dans le but de permettre une souplesse des tubes plus
grande que dans les appareils à tubes droits ; Les caractéristiques de la vapeur permettent l’utilisation de
— à tubes baïonnette (ou tubes concentriques) : des appareils de groupes turboalternateurs des centrales électriques au fuel (165 bar
ce type ont été réalisés à l’étranger, mais ils présentent des difficultés et 565 oC) :
de réalisation et d’exploitation. — Phénix : pression 165 bar – température 510 oC ;
— Superphénix : pression 180 bar – température 490 oC.
3.6.2.5 Taille des appareils
Le groupe équipant la centrale Phénix est identique à celui des
Il faut choisir entre deux concepts différents : modulaire (plusieurs centrales au fuel EDF du palier de 250 MW de puissance électrique ;
appareils en parallèle alimentés par une même boucle secondaire) le rendement qui en résulte est de 45 % brut, 42 % net.
ou unitaire (1 seul appareil). Le poste d’eau est d’une conception tout à fait classique.
■ Concept modulaire
C’est la solution adoptée pour Phénix (12 modules évaporateurs,
12 surchauffeurs, 12 resurchauffeurs par boucle secondaire). Les
avantages sont de permettre de tester les appareils en vraie grandeur 4. Fonctionnement
sur une boucle d’essai, de faciliter la fabrication, et de n’avoir à
remplacer qu’un petit appareil en cas d’avarie importante ; mais les
inconvénients sont une plus grande complexité des tuyauteries
4.1 Caractéristiques particulières
(aussi bien côté eau que côté sodium), quelques problèmes de
fonctionnement de plusieurs unités en parallèle et un prix plus élevé. Les caractéristiques particulières du fonctionnement de ce type
de centrales sont liées essentiellement aux points suivants.
■ Concept unitaire
■ Neutronique
C’est la solution adoptée pour Superphénix (un seul appareil
capable de transférer une puissance thermique de 750 MW par On a vu au paragraphe 2.1.1 que la cinétique d’un réacteur rapide,
boucle secondaire). Les avantages sont une plus grande simplicité gouvernée par les neutrons retardés, n’est pas très différente de celle
et un prix de revient inférieur ; les inconvénients : pas d’essai d’un réacteur thermique, bien que le temps de vie des neutrons y
représentatif possible et nécessité de remplacer une unité coûteuse soit beaucoup plus court. De même, les coefficients de réactivité
en cas d’avarie grave dans l’appareil. (température ou puissance) sont tels que le comportement du
réacteur est stable. Le pilotage du réacteur s’effectuera, comme pour
un réacteur à neutrons thermiques, par action sur les barres de
3.6.2.6 Auxiliaires
contrôle ; grâce à la surgénération, l’usure du combustible est très
Les auxiliaires des générateurs de vapeur comportent, d’une part, faible et les mouvements de barres de contrôle n’ont pratiquement
des moyens de détection d’une petite fuite d’un des tubes d’échange à compenser que les effets de température et, naturellement, à
et, d’autre part, des moyens destinés à limiter les conséquences permettre le démarrage et l’arrêt avec une bonne réserve
d’une fuite importante. d’antiréactivité.
■ Détection de fuite ■ Thermique du cœur
La plupart des installations existantes recherchent la présence La densité de puissance étant très forte, elle nécessite d’assurer
d’hydrogène (provenant de la réaction H2O sur Na) dans le sodium la permanence du refroidissement avec une grande sécurité, la
ou dans l’argon ; le détecteur comporte en général une membrane marge importante entre la température maximale du sodium et sa
mince de nickel à travers laquelle l’hydrogène diffuse. En aval de température d’ébullition facilitant la réalisation de cet objectif, ainsi
cette membrane, un appareil sélectif recherche l’apparition d’hydro- que la grande capacité calorifique du sodium contenu dans le circuit
gène, par exemple un spectrographe de masse calé sur la raie de primaire, en particulier dans le cas du concept intégré.

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■ Propriétés du réfrigérant
5. Sûreté
Les propriétés exceptionnelles du sodium (pas de pression, bonne
capacité thermique massique, excellente conduction) gouvernent les
Nota : le lecteur pourra se reporter utilement à la rubrique Sûreté et protection du traité
régimes de fonctionnement, en imposant des règles de conduite qui Génie nucléaire.
tiennent compte des faits suivants :
Comme pour les autres types de réacteurs, les dispositions de
— l’écart de température entre sodium chaud et sodium froid est sûreté visent à éviter la dissémination de produits radioactifs en
compris entre 150 et 200 oC, aussi bien dans les circuits secondaires prévoyant trois barrières étanches et résistantes : la gaine des
que dans le circuit primaire ; les chocs thermiques résultant des aiguilles combustibles, l’ensemble des circuits contenant le fluide
régimes transitoires (arrêts d’urgence et arrêts normaux démarrages primaire de refroidissement et l’enceinte qui englobe le réacteur et
froids et démarrages chauds) risqueraient, sans précaution parti- ses circuits.
culière de conception mais aussi de conduite, de provoquer des dom-
L’analyse détaillée dépend des solutions technologiques adoptées
mages importants aux structures ;
pour chaque type de réacteur, mais les critères d’appréciation sont
— l’inertie thermique du réfrigérant est importante, compte tenu fondamentalement les mêmes.
des masses de sodium mises en jeu ;
Les spécifications des projets, les systèmes de surveillance et
— les structures immergées dans le sodium suivent la tempéra- d’arrêt, les règles d’exploitation tiennent compte des particularités
ture du fluide avec une constante de temps très faible alors que les des réacteurs à neutrons rapides.
structures non immergées ne suivent que très lentement les varia-
tions de température du sodium ; Le risque de dissémination du plutonium n’est pas spécifique des
— les générateurs de vapeur, à passage unique (sans recircula- réacteurs à neutrons rapides, du fait qu’il se produit du plutonium
tion) ont une réserve, donc une inertie, très faible du côté eau, alors dans les autres réacteurs, à partir de l’uranium 238.
qu’ils possèdent une grande inertie côté sodium : un arrêt du débit
d’eau conduit immédiatement à l’assèchement, la réalimentation en
eau n’étant pas possible avant un temps assez long, nécessaire pour 5.1 Analyse de sûreté
refroidir les tubes qui prennent très vite la température du sodium.
L’analyse de sûreté consiste à étudier systématiquement tous les
incidents de fonctionnement envisageables, à en évaluer les
4.2 Principaux états de fonctionnement conséquences sur la tenue des trois barrières : gaine, circuit primaire,
confinement, et à déterminer les risques de rejets radioactifs qui
pourraient en découler. Pour ce type de réacteurs, l’analyse est
On distingue les états de fonctionnement suivants. conduite en se préoccupant tout spécialement des points suivants :
■ États normaux en puissance — réactivité : tout accident de criticité prompte doit être
soigneusement évité ; rappelons que la fraction de neutrons retardés
En général, on cherche à maintenir constantes : est plus faible dans le cas de la fission du plutonium que dans celui
— une des températures du sodium primaire (chaude ou froide) de la fission de l’uranium ;
par action sur les barres de contrôle ; — refroidissement : la forte densité de puissance du cœur
nécessite que la permanence du refroidissement y soit correctement
— la température de la vapeur (en sortie d’évaporateur ou de
assurée, aussi bien pour l’évacuation de la puissance résiduelle
surchauffeur) par action sur le débit d’eau ;
qu’en période de fonctionnement en puissance ;
— la température du sodium secondaire froid par action sur la — réaction sodium-eau : une fuite d’eau au générateur de vapeur
vitesse des pompes secondaires. donnant lieu à une réaction sodium-eau ne doit pas compromettre
l’intégrité du circuit primaire ;
■ États exceptionnels en puissance
— feux de sodium : tout feu de sodium doit pouvoir être
La centrale peut fonctionner avec une boucle secondaire arrêtée ; circonscrit, pour ne pas compromettre l’évacuation de la puissance
il faut pouvoir isoler les échangeurs intermédiaires correspondants du réacteur et l’intégrité du circuit primaire et du confinement.
côté primaire.

■ États d’arrêt
5.2 Prévention des accidents
On distingue plusieurs états d’arrêts : chauds de courte durée,
froids pour renouvellement du combustible (vers 200 à 250 oC) ou Dans ce but, un certain nombre de dispositions sont prises.
pour manutention des composants (à plus basse température : vers
150 à 200 oC).
5.2.1 Réactivité
■ Changements d’états
Les mesures de puissance neutronique et de réactivité sont assu-
Les démarrages et les arrêts doivent être conduits de manière à rées avec une grande redondance au moyen de chaînes totalement
minimiser les gradients thermiques dans les structures, notamment indépendantes.
celles du bloc réacteur, de la turbine et des échangeurs de chaleur.
Les mesures thermodynamiques (températures du sodium à la
■ États incidentels sortie des assemblages, à la sortie du cœur, et débit dans le cœur)
sont également traitées avec redondance et indépendance ; toute
Les incidents survenant au cœur ou au circuit primaire conduisent anomalie pouvant provenir d’un défaut local de refroidissement
en général à l’arrêt d’urgence (chute des barres de contrôle), afin risquant, par fusion du combustible, de conduire à un accroissement
d’éviter qu’un incident de refroidissement ou une rupture de gaine de réactivité, entraîne automatiquement une action de sécurité
de combustible ne conduisent à endommager sérieusement un ou immédiate.
plusieurs assemblages combustibles.
L’ensemble de ces mesures intervient dans deux circuits de
Les incidents survenant aux circuits secondaires, aux générateurs sécurité totalement indépendants et déclenche par leur intermédiaire
de vapeur ou à la turbine peuvent conduire à un arrêt rapide la chute des barres de sécurité, en cas de dépassement de seuils
(descente programmée des barres de contrôle) provoquant des fixés, de manière à éviter toute élévation dangereuse de la
chocs thermiques plus atténués que lors d’un arrêt d’urgence. température des gaines de combustible.

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Les barres de contrôle sont elles-mêmes divisées en deux groupes très tôt toute fuite de sodium avant ou dès qu’elle donne lieu à un
utilisant des mécanismes différents, de manière à réduire la incendie.
probabilité de non-fonctionnement par défaut de mode commun. Cela étant, on cherche :
Par ailleurs, rappelons que les caractéristiques du cœur sont — d’une part, à canaliser le sodium fuyard et à étouffer l’incendie
choisies pour que l’effet Doppler arrête automatiquement toute qui en résulte, de manière à limiter les dégâts : des bacs étouffoirs,
excursion de puissance entraînant une élévation de température du complétés par des réseaux d’épandage de poudre sont prévus ;
cœur (article Caractéristiques neutroniques des réacteurs — d’autre part, à vidanger aussi rapidement que possible le circuit
industriels [B 3 040] du traité Génie nucléaire). fuyard dans un réservoir de stockage.
Mi-1992, il a été demandé que soient prises en compte, dans
5.2.2 Refroidissement l’analyse de sûreté, les ruptures complètes des tuyauteries des
circuits secondaires (diamètre 700 ou 1 000 mm selon le cas),
■ La permanence du refroidissement doit être assurée de manière indépendamment de toute analyse de probabilité d’une telle rupture.
rigoureuse, en particulier en ce qui concerne le cœur :
Dans ce but, un effort important de développement des codes de
— les pompes primaires sont munies d’un volant d’inertie
simulation, appuyé par des essais effectués à Cadarache, a permis
permettant d’éviter tout risque d’ébullition du sodium en cas de
de définir des dispositions constructives complémentaires
coupure de l’alimentation électrique de leurs moteurs (une coupure
permettant de prendre en compte ces exigences nouvelles.
de durée supérieure à 2 s déclenche l’arrêt d’urgence par chute des
barres de sécurité) ; Ainsi, dans les locaux du bâtiment réacteur appelés galeries
— des moteurs auxiliaires, alimentés par batteries d’accumula- secondaires , où sont implantées les tuyauteries des circuits
teurs ou par groupes Diesel de secours, permettent d’assurer un secondaires, les modifications suivantes ont été faites :
débit suffisant pour évacuer correctement la puissance résiduelle ; — calorifugeage des murs et des plafonds pour éviter l’échauffe-
— enfin, la convection naturelle qui s’établirait dans le circuit ment du béton des parois ;
primaire en cas d’arrêt complet des pompes primaires permettrait, — adjonction de parois supplémentaires pour réduire le volume
notamment dans le cas des réacteurs intégrés , d’assurer du local concerné par la fuite de sodium ;
convenablement le refroidissement du combustible à l’arrêt. — création de trémies dans les parois externes munies de clapets
■ Le refroidissement étant assuré, il faut néanmoins évacuer la puis- de décharge afin de limiter à la valeur admissible la pression atteinte
sance résiduelle par plusieurs moyens redondants ; on peut en cas de feux de sodium.
disposer, par exemple :
— de plusieurs circuits secondaires indépendants, leur refroidis-
sement étant réalisé soit au niveau des générateurs de vapeur
(circuits d’eau secourus , ou circulation d’air autour des enveloppes), 6. Exemple de réalisation :
soit par des échangeurs sodium-air placés en parallèle ;
— de circuits d’ultime secours permettant, en cas de disparition Superphénix
de tous les moyens normaux d’évacuation de la puissance, de limiter
l’échauffement du sodium primaire à une valeur raisonnable, au
moyen : Première centrale prototype de taille commerciale d’une puissance
• soit de circuits placés à l’extérieur de la cuve principale et de la électrique de 1 200 MW, Superphénix a été construite en France, à
cuve de sécurité (cas de Phénix, la cuve principale étant refroidie par Creys-Malville, dans un cadre européen (France 51 %, Italie 33 %,
rayonnement), Allemagne + Belgique + Pays-Bas 16 %) ; elle a atteint sa puissance
• soit de circuits auxiliaires de sodium, spécialisés, comportant nominale le 9 décembre 1986.
de petits échangeurs intermédiaires placeés dans la cuve du réacteur, Les caractéristiques principales de la centrale sont résumées
et des aéroréfrigérants extérieurs. dans le tableau 3.

5.2.3 Réaction sodium-eau


6.1 Bloc réacteur
On a déjà indiqué au paragraphe 3.6.2 quelles précautions sont
prises pour prévenir une réaction sodium-eau, puis la contenir si elle Le réacteur est du type intégré (figure 6) : la cuve principale,
survient, avec différents degrés dans l’importance de l’incident. de 21 m de diamètre, renferme 3 500 t de sodium dans lequel sont
Rappelons simplement ici que les dispositions sont prévues immergés le cœur, les structures internes, les quatre pompes
(membranes de ruptures, évacuation des produits de réaction, primaires, les huit échangeurs intermédiaires, et les organes de
dimensionnement des circuits secondaires et des échangeurs inter- transfert du combustible et de contrôle du réacteur.
médiaires) pour éviter qu’une réaction violente puisse endommager
le circuit primaire. 6.1.1 Cœur

5.2.4 Feux de sodium La matière fissile est contenue dans 364 assemblages
combustibles comportant chacun 271 aiguilles constituées
Au sujet de ces feux, il faut remarquer qu’ils sont peu elles-mêmes par un empilage de pastilles d’oxyde mixte de
énergétiques : une nappe de sodium qui brûle dégage 15 fois moins plutonium et d’uranium, de 7 mm de diamètre, placées dans des
de chaleur qu’une nappe d’essence de même surface. Le rayonne- gaines en acier austénitique du type Z3 CND 18-10.
ment de la flamme est absorbé en grande partie par les abondantes Dans ces assemblages, les couvertures axiales inférieure et supé-
fumées blanches. rieure sont intégrées dans les aiguilles fissiles, qui ont une longueur
Plusieurs types de précautions sont prises : totale d’environ 270 cm, la partie fissile étant limitée à 100 cm. Un
— les circuits primaires sont généralement placés dans des locaux tel assemblage pèse 590 kg et mesure 5,4 m de hauteur.
maintenus en atmosphère d’azote, de manière à éviter tout incendie La couverture radiale est réalisée par trois rangées d’assemblages
de sodium actif ; renfermant chacun 91 aiguilles remplies d’oxyde d’uranium
— les circuits sont tous munis de détecteurs de fuites et les locaux appauvri. Tous ces assemblages sont plantés dans le sommier qui
de détecteurs d’incendie, de manière à pouvoir détecter et localiser permet leur refroidissement par circulation forcée de sodium. (0)

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Tableau 3 – Caractéristiques générales de la centrale Superphénix


Puissance thermique nominale ......................... 3 000 MW CIRCUIT PRIMAIRE
Puissance électrique nette (avec deux groupes
turboalternateurs) ............................................... 1 200 MW Masse totale du sodium ..................................... 3 500 t
Puissance électrique brute ................................. 1 240 MW Débit nominal ...................................................... 4 × 4,24 t /s
Rendement brut .................................................. 0,413 Température d’entrée dans le cœur .................. 395 oC
Rendement net .................................................... 0,40 Température de sortie du cœur ......................... 545 oC

CŒUR ET COUVERTURES Cuve principale acier inoxydable

Diamètre intérieur ............................................... 21


Masse de plutonium équivalent ........................ 4,8 t Hauteur ................................................................ 15,5 m
Masse d’uranium dans le cœur ......................... 30 t Masse ................................................................... 396 t
Masse d’uranium dans les couvertures ............ ≈ 77 t Dalle
Gain de régénération (total) ............................... 0,18 à 0,22
Taux de combustion prévu ................................ de 70 000
à 100 000 MWj / t Épaisseur ............................................................. 2,9 m
Masse (pleine de béton) ..................................... 2 950 t
Flux neutronique maximal ................................. 6,1 × 1015 n/(cm2 · s)
Puissance linéique maximale............................. 450 W/cm Échangeur intermédiaire
Hauteur de cœur (zone combustible) ................ 1 m
Durée de vie du cœur avec un facteur Puissance thermique .......................................... 375 MW
de charge de 0,85 ................................................ 850 j Débit primaire...................................................... 1 970 kg / s
Intervalles entre les campagnes Débit secondaire ................................................. 1 636 kg / s
de rechargement ................................................. 12 mois Température d’entrée primaire.......................... 542 oC
Composition du combustible............................. oxyde mixte fritté Température d’entrée secondaire ..................... 345 oC
UO2 - PuO2 Température de sortie primaire......................... 392 oC
Enrichissement massique en plutonium 239 Température de sortie secondaire..................... 525 oC
équivalent ............................................................ 15,12 % Hauteur ................................................................ 19 m
Volume du cœur à 20 oC .................................... 10,766 m3 Diamètre .............................................................. 2,7 m
Épaisseur des couvertures axiales .................... 30 cm Masse ................................................................... 70 t
Épaisseur des couvertures radiales................... 150 cm Longueur du faisceau ......................................... 6,5 m
Nombre de tubes ................................................ 5 380

ASSEMBLAGES Pompe primaire

Caractéristiques des assemblages combustibles Débit nominal ...................................................... 4,5 m3 / s


Hauteur ................................................................ 14 m
Diamètre .............................................................. 2,5 m
Masse (sans moteur) .......................................... 90 t
Vitesse.................................................................. 450 tr/min
Pas du réseau (à 20 oC)....................................... 179 mm Puissance maximale ........................................... 4,19 MW
Nombre d’assemblages dans le cœur............... 364 Hauteur de refoulement ..................................... 62 m
Nombre d’aiguilles par assemblage.................. 271
Longueur de la colonne fissile ........................... 1 000 mm CIRCUITS SECONDAIRES
Longueur totale de l’aiguille .............................. 2 700 mm
Diamètre extérieur des aiguilles ........................ 8,50 mm Masse totale de sodium ..................................... 1 200 t
Hauteur totale de l’assemblage ......................... 5 400 mm Débit nominal (4 pompes).................................. 4 × 3,27 t /s
Matériau de gainage ........................................... acier inoxydable 316 Diamètre des tuyaux........................................... 0,7 à 1 m
Température maximale nominale de la gaine.. 620 oC Puissance d’une pompe secondaire.................. 1,2 MW
Masse de l’assemblage ...................................... 590 kg Hauteur de refoulement
Perte de charge dans le cœur ............................ 4,6 bar d’une pompe secondaire.................................... 30 m
Masse d’une pompe secondaire........................ 25 t
Hauteur d’une pompe secondaire ..................... 6m
Vitesse d’une pompe secondaire....................... 500 tr / min

Caractéristiques des assemblages fertiles GÉNÉRATEUR DE VAPEUR

Nombre d’assemblages dans le cœur............... 234


Nombre d’aiguilles par assemblage.................. 91
Longueur totale de l’aiguille .............................. 1 950 mm Puissance échangée par appareil ...................... 750 MW
Longueur totale de l’assemblage ...................... 5 400 mm  entrée.......................
Matériau de gainage ........................................... acier inoxydable 525 o C
Température du sodium 
Masse de l’assemblage ...................................... 740 kg  sortie........................ 345 o C
Caractéristiques des assemblages de commande Débit du sodium.................................................. 3 273 kg / s
Température eau et vapeur................................ 237-490 oC
— Système d’arrêt principal : Pression de vapeur surchauffée ........................ 184 bar
Débit de vapeur ................................................... 339,6 kg / s
Nombre d’assemblages dans le cœur............... 21 Diamètre et épaisseur des tubes ....................... 25 × 2,6 mm
Nombre d’aiguilles absorbantes Nombre de tubes ................................................ 357
par assemblage ................................................... 31 Matériau des tubes ............................................. alliage Incoloy 800
Longueur de l’aiguille ......................................... 1 300 mm Diamètre de l’enveloppe du sodium ................. 2 878 mm
Matériau de gainage ........................................... acier inoxydable Hauteur totale...................................................... 22,50 m
— Système d’arrêt complémentaire : Longueur d’échange ........................................... 91 m
Nombre d’assemblages...................................... 3

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Figure 6 – Superphénix : coupe du bloc réacteur par pompe et échangeur (d’après doc. Novatome)

Les assemblages combustibles ou de couverture et les barres de 6.1.3 Pompes primaires


commande ont en commun plusieurs caractéristiques : même
aspect extérieur (boîte hexagonale de 173 mm sur plats), même Chacune des quatre pompes primaires (figure 7), à vitesse
tête de préhension, même partie inférieure, même longueur totale. variable, est entraînée par un moteur asynchrone alimenté en
Les assemblages de protection neutronique latérale sont des courant à tension et fréquence variables par un alternateur auxiliaire.
rondins d’acier plantés dans un faux sommier à la périphérie du Son débit est de 4,5 m3 / s à la vitesse nominale de 450 tr/min, avec
cœur. une hauteur de refoulement de 62 m.
Un moteur auxiliaire pouvant être alimenté par les diesels de
secours permet la rotation de la pompe à vitesse réduite en cas de
6.1.2 Cuves et leur structure défaillance de l’alimentation normale.
La cuve du réacteur est pendue à la dalle et supporte les structures
internes par l’intermédiaire d’un platelage annulaire, lui-même 6.1.4 Échangeurs intermédiaires
soudé à une virole tronconique reposant sur le fond de cuve.
À l’intérieur de la cuve principale, le sodium est séparé en deux Les huit échangeurs intermédiaires sont reliés deux par deux aux
zones (le collecteur chaud et le collecteur froid) par une cuve interne quatre boucles secondaires ; ils sont supportés par la dalle. Ce sont
double : le redan torique et le redan conique, qui sert de baffle des échangeurs à tubes droits (figure 8) dont la perte de charge côté
thermique. primaire (à l’extérieur des tubes) est faible : environ 2 m de sodium,
ce qui fixe la dénivellation entre collecteur chaud et collecteur froid.
Le sodium chaud traverse par gravité les échangeurs inter-
médiaires où il se refroidit avant d’être aspiré dans le collecteur froid
par les pompes primaires qui le refoulent dans le sommier. 6.1.5 Renouvellement du combustible
Une cuve de sécurité entoure la cuve principale et est également
soudée sous la dalle. Le renouvellement du combustible s’effectue réacteur arrêté, par
moitié du cœur, tous les 2 ans environ.
La dalle est munie de deux bouchons tournants dont la rotation
combinée permet le déchargement du réacteur à l’aide de deux Le combustible irradié est stocké, après extraction du réacteur,
machines de transfert portées par le petit bouchon tournant ; ce dans un barillet capable de recevoir la totalité des assemblages du
dernier porte également le bouchon couvercle-cœur qui renferme cœur dans une cuve contenant 800 t de sodium.
l’instrumentation de surveillance du cœur (couples thermo- Les mouvements d’assemblages combustibles neufs et irradiés
électriques et systèmes de détection des ruptures de gaines), ainsi (figure 9) entre barillet de stockage et cuve du réacteur s’effectuent
que les mécanismes de barres de contrôle. au moyen de deux pots de transfert qui passent alternativement du

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Figure 7 – Superphénix : pompe primaire [1] Figure 8 – Superphénix : échangeur intermédiaire [1]

poste de chargement-déchargement du réacteur à celui du barillet, assurée dans le cœur du réacteur à l’arrêt, avant déchargement, ce
en roulant le long de deux rampes grâce aux treuils à chaînes d’un qui impose une gestion du cœur en fréquence 1 (remplacement du
sas à tourniquet. combustible du cœur en une seule fois). Les assemblages irradiés
C’est par ce même chemin que passent les assemblages suffisamment refroidis sont alors déchargés du réacteur et stockés
combustibles, fertiles et de contrôle. dans l’eau de la piscine de stockage réalisée dès les années 80.
Le transfert des assemblages entre leur position dans le réseau Le coût de cette intervention a représenté moins de 1,5 % de
et le poste d’évacuation du réacteur est effectué au moyen des deux l’investissement initial.
machines de transfert montées sur le petit bouchon tournant.
Après désactivation partielle dans le barillet de stockage, les
assemblages irradiés sont évacués de la centrale à travers une cellule
6.1.6 Contrôle du réacteur
chaude qui permet de les conditionner pour transport et stockage
ultérieur. ■ La puissance neutronique est mesurée par un ensemble de
détecteurs placés sous la cuve.
En 1987, une fuite de sodium s’est produite sur la cuve du barillet
de stockage des éléments combustibles. Cette fuite de sodium Les barres de contrôle (figure 3) sont de deux types différents :
contenue dans la cuve de rétention prévue à cet effet lors de la réa- • 21 barres rigides du Système de Commande Principal (SCP) qui
lisation initiale a été maîtrisée sans difficulté. assure à la fois les fonctions de sécurité (arrêt d’urgence du réacteur)
Il a alors été décidé de remplacer le barillet de stockage dans le et de compensation (évolution de la réactivité) ;
sodium des éléments combustibles par un poste de transfert dans • 3 barres articulées du Système d’Arrêt Complémentaire (SAC)
l’argon, (figure 10) des éléments combustibles permettant d’assurer qui assure uniquement une fonction de sécurité.
la fonction chargement-déchargement du réacteur des assemblages
neufs et irradiés. La décroissance de la puissance résiduelle des L’arrêt d’urgence du réacteur peut être commandé par deux
assemblages irradiés, nécessitant la présence de sodium, est alors systèmes de sécurité complètement indépendants.

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Figure 9 – Superphénix : cheminement d’un élément combustible irradié (d’après doc. Novatome)

BT bouchons tournants
C cœur
CM cellule de manutention
E élévateur
M machines de transfert
NT navette de transfert en eau
PL puits de lavage
PR poste de refroidissement
PT potence du PTC
PTC poste de transfert du combustible
R rampes de transfert
RT ringard du PTC
SC salle de conditionnement
SE sas d’évacuation
ST sas de transfert à tourniquet

Figure 10 – Superphénix : cheminement d’un assemblage combustible irradié (flèches)

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■ La température du sodium à la sortie de chaque assemblage limites précises et un système de remplissage-vidange du réacteur
combustible est contrôlée par deux couples thermoélectriques qui n’est normalement pas utilisé lorsque la centrale est en service
guidés à travers le bouchon couvercle-cœur. industriel.
■ Un système de détection et de localisation des ruptures de gaines
utilise des tubes de prélèvement de sodium à la sortie des 6.2.2 Circuits secondaires
assemblages également guidés à travers le bouchon couvercle-cœur.
Quatre boucles complètement indépendantes assurent le transfert
de chaleur des échangeurs intermédiaires jusqu’aux générateurs de
6.2 Circuits vapeur par circulation du sodium (figure 11) au débit de 3,27 t/s par
boucle.
6.2.1 Circuit primaire Les pompes secondaires, à vitesse variable, sont placées sur les
branches froides de ces circuits, dans les réservoirs d’expansion de
Outre le circuit principal composé des quatre pompes primaires forme sphérique.
et des huit échangeurs intermédiaires, intégrés dans la cuve du
réacteur, un système de purification du sodium comprend deux
unités également intégrées dans la cuve : tout le sodium primaire 6.2.3 Générateurs de vapeur
actif reste donc confiné dans la cuve du réacteur.
Les seuls auxiliaires extérieurs sont les circuits d’argon qui Chaque boucle secondaire alimente un générateur de vapeur, à
permettent de maintenir la pression du ciel du réacteur dans des passage unique, d’une puissance thermique de 750 MW.

Figure 11 – Superphénix : circuits principaux


de sodium secondaires (d’après doc. Novatome)

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6.3 Installation de production d’énergie


La vapeur produite alimente deux groupes turboalternateurs d’une
puissance électrique de 600 MW.
L’ensemble de l’installation (condenseurs, poste d’eau, etc.) est
en tout point semblable à celui d’une centrale classique.
Les générateurs de vapeur, à circulation forcée, nécessitent une
grande pureté de l’eau d’alimentation, dont la totalité du débit
passe dans un poste de traitement de l’eau.

6.4 Manutention des composants


du réacteur
Les différents composants amovibles du réacteur, qui plongent
dans la cuve au travers de la dalle ou des bouchons tournants,
peuvent être démontés pour leur entretien. Leur extrémité inférieure
étant active, la manutention nécessite des hottes de transport qui
peuvent s’accoupler de manière étanche, par l’intermédiaire de sas
mobiles, sur le dessus de la dalle. Ces hottes sont manipulées par
le pont tournant du bâtiment réacteur et peuvent déposer leur
contenu dans les différents postes de stockage, lavage et entretien.

6.5 Bâtiments
La figure 13 montre une coupe longitudinale de la centrale.
Le bâtiment réacteur-manutention est une enceinte circulaire en
béton armé de 64 m de diamètre intérieur et 80 m de hauteur, abri-
tant le réacteur et ses circuits auxiliaires, les installations de
manutention du combustible, une partie des circuits secondaires et
les postes d’intervention sur les composants actifs.
Le confinement du réacteur est assuré de la manière suivante :
— l’enceinte primaire est formée de la cuve principale du réacteur
et de ses fermetures supérieures (dalles et bouchons tournants) ;
— l’enceinte secondaire est constituée de la cuve de sécurité et
du dôme qui confine de manière étanche l’atmosphère située
au-dessus des fermetures supérieures ;
— le bâtiment lui-même est une enceinte à fuites contrôlées.

7. Bilan et perspectives
d’avenir
Figure 12 – Superphénix : générateur de vapeur [1] La mise en service de Superphénix en 1987 a été un pas impor-
tant vers la maîtrise technique de cette filière. Au cours des 10 ans
qui ont séparé cette mise en service de son arrêt définitif, la cen-
trale de Creys-Malville a été modifiée à la suite de la fuite survenue
Le sodium secondaire y entre à 525 oC et la vapeur surchauffée sur le barillet et pour prendre en compte le cas d’accident très peu
en sort à 490 oC, à la pression de 184 bar. probable de la rupture complète des tuyauteries sodium. Elle a
subi également plusieurs arrêts de longue durée dus pour l’essen-
Le faisceau tubulaire est constitué de 357 tubes en Incoloy 800 , tiel à une véritable « guérilla judiciaire ». Mais la dernière année de
enroulés en hélice autour d’un corps central et traversant latérale- fonctionnement, 1996, a été excellente et a montré que les
ment l’enveloppe de l’appareil à travers des manchons thermiques concepts étaient parfaitement valables. Le projet EFR, étudié dans
(figure 12). la foulée de Superphénix, a conclu à la possibilité de concevoir un
Un système de détection de fuite d’eau par mesure du taux réacteur de ce type bénéficiant d’un coût fortement diminué, mais
d’hydrogène dans le sodium doit permettre d’éviter qu’une fuite n’a pas eu de suite.
importante provoque une violente réaction sodium-eau. Si, toutefois, Au cours des années 1990 et pour répondre à une forte contes-
un tel incident se produisait, une membrane de rupture placée sur tation de l’intérêt de la surgénération, le CEA a lancé un pro-
le collecteur de sortie de sodium, en partie basse de l’appareil, per- gramme appelé CAPRA (Consommation Accrue de Plutonium par
mettrait de décharger les produits de réaction vers un séparateur les réacteurs RApides) pour analyser les performances potentielles
d’où l’hydrogène formé s’échapperait vers l’atmosphère. Des vannes des RNR pour la gestion des stocks de matières nucléaires dans le
de sectionnement à fermeture rapide peuvent isoler automatique- cadre des recommandations du rapport de Monsieur Curien [22].
ment en cas d’incident le générateur de vapeur, aussi bien du côté Les RNR peuvent, en effet, être utilisés en surgénérateur ou en
sodium que du côté eau. sous générateur. Avec un cœur équipé de couvertures fertiles en

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Figure 13 – Superphénix : coupe longitudinale nord-sud de la tranche (d’après doc. EDF)

oxyde d’uranium, ils produisent plus de plutonium qu’ils n’en con- Depuis le début des années 2000, l’intérêt pour les réacteurs à
somment pour fournir l’électricité. Mais sans ces couvertures, les neutrons rapides s’est de nouveau manifesté, à la fois pour per-
RNR produisent dans le cœur fissile une quantité de plutonium mettre la valorisation de l’uranium 238 et comme moyen de
inférieure ou égale à celle utilisée pour fournir l’électricité, en fonc- détruire au moins partiellement les actinides mineurs. C’est le dou-
tion de l’enrichissement en plutonium du combustible fissile. ble enjeu du Forum Génération IV. Ce programme international,
Par ailleurs, le fait que les RNR produisent un nombre important qui associe une dizaine de pays dont les États-Unis et la France, a
de neutrons excédentaires d’énergie élevée les prédispose pour engagé les études préliminaires de 6 concepts, dont certains dis-
une utilisation en recyclage de déchets de haute activité : actinides posent déjà d’une solide expérience industrielle. C’est le cas du
mineurs (neptunium, américium...) ou éventuellement de produits réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium, qui y trouve natu-
de fission. rellement sa place.

Références bibliographiques

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éditée par Novatome) (1985). des réacteurs à neutrons rapides. AIEA- no 221 et 222, mai-juin 1980.
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(BIST), CEA, janv.-fév. 1978.
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Superphenix 1 to Superphenix 2. Nuclear [21] La sûreté des réacteurs à neutrons rapides.
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[12] ERTAUD (A.). – La surgénération et l’avenir [17] Les surgénérateurs (ouvrage collectif).
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Nucléaire, no 4, juil.-août 1984. électronucléaire et la contribution possible
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Creys-Malville Plant. Nuclear Technology, neutrons rapides. SFEN, Actes des journées ministre de la Recherche et de l’Espace à
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n 68, fév. 1985. des 10 et 11 déc. 1986. monsieur le Premier ministre.

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