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refroidis au sodium
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tonnes, ce qui correspond, par utilisation dans les réacteurs à eau ordinaire à
l’équivalent en énergie de la moitié des réserves prouvées de pétrole).
Les besoins en énergie du monde ne cessent de s’accroître et, en attendant
l’avènement d’un autre mode de production d’énergie (telle que la fusion thermo-
nucléaire), il est vital d’économiser les sources actuellement connues et
notamment l’uranium.
Après avoir présenté les développements intervenus dans la filière des
réacteurs à neutrons rapides (RNR) depuis 1988 dans le monde, nous décrirons
les modifications intervenues à la centrale de Creys-Malville.
Les résultats de la collaboration européenne qui ont permis de concevoir le
réacteur EFR (European Fast Reactor) font l’objet dans ce traité d’un nouvel article
[B 3 171] Projet EFR European Fast Reactor.
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(0)
Aux États-Unis, DOE (Department of Energy ) et General Electric La centrale a pu redémarrer fin 1995 ; elle a très bien fonctionné
se sont orientés vers des réacteurs modulaires avec un combusti- en 1996, mais a été arrêtée par décision du Gouvernement français
ble métallique associés à un retraitement par pyrométallurgie. En en 1997.
1992, le réacteur EBR 2 a été chargé avec du combustible métalli- Au Japon, à la centrale de démonstration Monju, le réacteur a
que. L’ensemble du combustible est retraité et recyclé sur le même divergé en 1994. Les études du DFBR se poursuivent. Les Japonais
site, sans séparer la totalité des produits de fission. Le combustible mènent avec continuité un programme pluriannuel de développe-
métallique UPuZr présente quelques caractéristiques techniques ment des RNR et envisagent la construction de trois réacteurs de
favorables par rapport à l’oxyde, mais a l’inconvénient de former puissance électrique 1 000 MW au début du siècle prochain, après
un eutectique avec la gaine à partir d’une certaine température. la réalisation du DFBR de puissance électrique 600 MW qui
Le devenir de ce programme est très incertain. constituera une étape intermédiaire.
En Europe, les connaissances acquises : Dans la CEI, la construction du réacteur BN 800 devrait être
relancée après une période d’attente de plusieurs années. Les
— par le retour d’expérience de l’exploitation de Phénix et de PFR ; réacteurs BN 350, BN 600 sont en exploitation et ont des facteurs
— par les études de conception des projets CDFR, SNR 2, SPX 2 de charge particulièrement élevés.
effectuées à la fin des années 70 et au début des années 80
respectivement au Royaume-Uni, en Allemagne et en France et par
les organismes de recherches et développements travaillant en 1.3 Programme français
Europe dans le domaine des RNR,
ont été mises en commun pour concevoir le projet EFR, European ■ En France, l’étude des métaux liquides a débuté en 1953 et n’a
Fast Reactor (article [B 3 171] Projet EFR European Fast Reactor ). cessé de se développer depuis lors, permettant d’acquérir progres-
sivement toute la technologie nécessaire à la construction des
En France, à la centrale de Creys-Malville, les travaux relatifs aux centrales à neutrons rapides.
feux de sodium et ceux de réalisation du poste de transfert du
combustible qui remplace le barillet de stockage des éléments ■ La construction de Rapsodie, réacteur expérimental, a débuté en
combustibles ont été terminés. Dans les paragraphes 6.1.5 et 5.2.4, 1962 ; il a été mis en service en 1967, à sa puissance nominale de
le descriptif de Superphénix est mis à jour. 20 MW. Après avoir fonctionné avec une excellente disponibilité
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pendant 3 ans, sa puissance a été doublée en 1970, par une 2.1.1.2 Surgénération
transformation effectuée en quelques mois : Rapsodie Fortissimo.
Par capture d’un neutron, un noyau d’uranium 238 peut donner
Après avoir accumulé des heures de fonctionnement qui ont permis
un noyau de plutonium 239 par la réaction suivante :
notamment l’essai des éléments combustibles de la filière, il a été
définitivement arrêté en 1983, le relais étant assuré par Phénix. 238 1 239 T = 24 min 239 T = 2,3 j 239
92 U + 0n 92 U Np Pu
■ La construction de Phénix, centrale de démonstration d’une β–
93
β– 94
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Cependant, le coefficient de vide (variation de réactivité résultant Cela permet de fixer le débit de sodium et l’écartement des
de la variation du vide créé par le retrait du sodium), qui est négatif aiguilles, qui est également conditionné par les performances
dans les réacteurs de petite taille, devient positif pour les cœurs de neutroniques à obtenir (investissement en plutonium, gain de régé-
grand volume ; néanmoins, le coefficient de puissance (qui dépend nération, coefficient Doppler, coefficients de vide et de puissance,
en partie du coefficient de vide, par l’intermédiaire de la dilatation etc.).
du sodium) reste négatif, et le réacteur est bien stable. Le sodium circule entre les aiguilles à une vitesse de l’ordre de
10 m/ s et s’échauffe de 150 à 220 oC suivant les projets.
La perte de charge correspondante varie de 5 à 10 bar.
2.1.2 Thermohydraulique
La hauteur de la partie fissile ne dépasse guère 1 m, pour limiter
la puissance à extraire de chaque aiguille, c’est-à-dire le débit et la
Le sodium est un excellent fluide de refroidissement (ses carac-
perte de charge.
téristiques sont données au paragraphe 2.2.1) et permet des densités
de puissance très élevées, de l’ordre de 500 kW/L (soit environ 10 fois L’ensemble de ces paramètres thermiques et neutroniques doit en
plus que dans les réacteurs à eau). Pour permettre de telles valeurs, effet être optimisé en fonction de différents critères économiques :
le combustible doit être utilisé sous forme d’aiguilles de petit prix du kilowattheure, prix du kilowatt installé (puissance électrique),
diamètre (de 5 à 8 mm environ). rendement, gain de régénération, etc.
Naturellement, l’aplatissement radial (rapport entre la puissance
Dans le but d’éviter une fusion de l’oxyde au cœur de l’aiguille, maximale à extraire des assemblages fissiles et leur puissance
la puissance linéaire doit être limitée à 450 ou 500 W/cm ; c’est là moyenne) n’est pas parfait, malgré la présence de la couverture
une butée technologique importante, qui limite pratiquement la radiale, ce qui nécessite un ajustement des débits, couronne par
puissance spécifique du combustible. couronne, réalisé au niveau des pieds d’assemblages.
Le refroidissement est conditionné par une autre butée techno-
logique relative au combustible : la température maximale de gaine, 2.1.3 Mécanique
qui conditionne le taux de combustion maximal que le combustible
pourra supporter (§ 2.1.3.5) ; dans la technologie actuelle (gaines en
2.1.3.1 Assemblages combustibles
acier austénitique du type 316), la température de gaine nominale
est limitée à des valeurs comprises entre 620 et 650 oC. La figure 1 montre le schéma d’un assemblage combustible.
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Figure 2 – Schéma de principe d’une chaudière nucléaire à circuit primaire intégré type Superphénix (d’après doc. CEA)
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3.2.1 Cœur
Le cœur est constitué d’un certain nombre d’assemblages
combustibles hexagonaux, disposés suivant un pas triangulaire,
entourés d’assemblages fertiles et d’éléments réflecteurs ou de
protection (figure 3) : dans un réacteur intégré , ces derniers
éléments ont pour but d’empêcher l’activation du sodium secondaire
traversant les échangeurs intermédiaires. L’emplacement de
quelques assemblages fissiles est occupé par des assemblages de
contrôle.
Tous les assemblages (fissiles, fertiles, de contrôle) qui doivent
être refroidis par circulation forcée de sodium sont munis de pieds
venant s’enfoncer dans les chandelles d’un sommier constituant
un collecteur d’alimentation en sodium froid (400 oC environ).
Pieds et chandelles sont munis d’orifices calibrés qui permettent
d’assurer une répartition convenable du sodium dans les différents
assemblages, en fonction de leur puissance. En les traversant, le
sodium primaire s’échauffe de 150 à 180 oC, et sort du cœur à une
température moyenne d’environ 550 oC.
Un certain jeu est conservé entre les tubes hexagonaux des
assemblages, au moyen de plaquettes d’acier disposées au niveau
supérieur du cœur.
Le sommier est généralement constitué par deux plaques, percées
d’autant de trous que d’assemblages à alimenter en sodium, les
chandelles constituant des entretoises pour ces plaques ; l’ensemble
est enfermé dans une virole cylindrique où aboutissent les tuyau-
teries d’amenée du sodium froid, refoulé sous pression par les
pompes primaires. Figure 3 – Configuration nominale du cœur de Superphénix
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3.2.4 Instrumentation
Figure 5 – SNR 300 : vue éclatée du bloc réacteur Il est nécessaire de surveiller le bon comportement du combus-
(d’après doc. Nuclear Engineering International) tible, et en particulier de s’assurer :
— que la température du sodium à la sortie de chaque assemblage
Les régimes transitoires rapides (arrêt du réacteur par chute des reste normale ;
barres de sécurité, par exemple) conduisent donc à des chocs — que les gaines des aiguilles de combustible restent étanches.
thermiques importants et, de façon générale, tous les régimes
transitoires induisent, dans les structures, des contraintes d’origine 3.2.4.1 Température du sodium à la sortie
thermique dont les variations sont fortes. de chaque assemblage
■ La cuve principale est fermée par une dalle à laquelle elle est Au-dessus de chaque assemblage, deux ou trois couples thermo-
suspendue. électriques sont placés dans le flux de sodium, guidés par un doigt
de gant qui permet leur remplacement.
Cette dalle est constituée par une structure mécanosoudée remplie Ces couples thermoélectriques sont surveillés par un ensemble
de béton qui assure une protection biologique ; elle est maintenue électronique (généralement doublé) comprenant un calculateur et
froide par un circuit de refroidissement. C’est à travers cette ferme- agissant sur les circuits de sécurité.
ture supérieure que l’ensemble des opérations intéressant le cœur
doit être effectué : manutention des assemblages combustibles,
3.2.4.2 Détection et localisation des ruptures de gaines
déplacement des barres de contrôle, mise en place de l’instrumen-
tation et, pour les réacteurs intégrés, des gros composants tels que Pour prévenir un incident résultant de l’évolution rapide d’une
pompes et échangeurs. rupture de gaine entraînant bouchage et fusion de combustible, on
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surveille avec le maximum de sensibilité et de rapidité tout relâche- extraire l’assemblage de son logement et le déposer dans un pot
ment de produits de fission. de transfert placé au poste de déchargement après rotation du (ou
En France, on utilise trois systèmes complémentaires : des) bouchon(s) tournant(s). Cette machine peut être constituée
comme un simple ringard (et il faut alors au moins 2 bouchons
— la détection de produits de fission gazeux dans l’argon de tournants pour permettre de desservir toutes les positions du
couverture ; réseau), ou comme un bras tournant (et 1 seul bouchon tournant
— la détection globale d’émission de neutrons retardés dans le est alors nécessaire).
sodium sortant du cœur ;
— la détection individuelle d’émission de neutrons retardés dans L’assemblage usé dégage encore une puissance thermique
le sodium sortant de chaque assemblage, par prélèvement d’une résiduelle élevée, même après un ou plusieurs jours d’arrêt, pouvant
fraction du débit au moyen d’un tube placé au-dessus de chaque atteindre quelques dizaines de kilowatts (environ 30 kW pour
assemblage et porté par le bouchon couvercle-cœur ; un système Superphénix) ; cela nécessite que, pendant toutes les opérations de
de sélecteurs rotatifs permet d’explorer successivement la sortie de transfert et de manutention jusqu’au stockage externe, l’assemblage
chaque assemblage. soit maintenu en sodium : le pot de transport est rempli de sodium,
pour permettre de déplacer ce pot en atmosphère gazeuse jusqu’au
3.2.4.3 Contrôle de la puissance neutronique stockage externe.
Dans certains réacteurs, comme Phénix et PFR, un stockage dit
Des détecteurs classiques de mesure de puissance neutronique
intermédiaire est prévu dans la cuve du réacteur ; cette disposition
sont placés, en général en dehors de la cuve principale, sauf
a l’avantage de permettre un refroidissement prolongé (quelques
quelquefois pour des chaînes de démarrage , dans une position où
mois) avant de sortir les assemblages du réacteur, et leur puissance
ils peuvent contrôler le fonctionnement du réacteur sur toute sa
résiduelle est plus faible (7 kW pour Phénix après une durée de
gamme de puissances.
stockage de 2 mois).
3.2.4.4 Contrôle de la température des structures Une fois placé dans le pot de transfert, le combustible doit être
acheminé de la cuve du réacteur jusqu’au stockage externe. Deux
Des couples thermoélectriques sont disposés sur les structures, variantes ont été utilisées pour effectuer cette opération :
dont un certain nombre en sodium, pour mesurer la température
des parois dans les zones jugées critiques ou pour lesquelles — extraction du pot au moyen d’une hotte protégée et refroidie
subsistent des incertitudes de calcul. Ces mesures sont en particulier qui peut s’accoupler sur la dalle du réacteur et sur celle du stockage
utilisées au moment des essais de la centrale. externe ; le déplacement de la hotte est assuré par un chariot roulant
sur des rails ou par le pont roulant du bâtiment réacteur (c’est le
système utilisé pour le PFR) ;
3.2.4.5 Contrôle des vibrations
— extraction du pot au moyen d’un chariot roulant sur une
Des capteurs de mesure (jauges de contraintes, accéléromètres) rampe inclinée et, après basculement dans un sas protégé (Phénix)
sont disposés sur les structures (dans et hors sodium) susceptibles ou rotation dans un sas (Superphénix), descente dans le stockage
de vibrer sous l’effet de la circulation du sodium (structures internes, externe au moyen d’une deuxième rampe inclinée.
couvercle-cœur, mécanismes de barres de contrôle) ou de la rotation
des pompes (corps de pompes, dalles, etc.). Un assemblage neuf est transporté à l’emplacement laissé libre
dans le réseau par le même cheminement, effectué en sens inverse.
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munis de vannes d’isolement à passage intégral. Ces équipements Les partisans de cette disposition y voient un avantage pour la
sont manœuvrés au moyen du pont principal du bâtiment réacteur. maintenance des circuits ; en France, cet avantage est jugé plus
Il ne faut pas oublier que les composants sont de grandes théorique que réel, toute intervention sur une boucle primaire néces-
dimensions : pompes et échangeurs de Superphénix ont une sitant pratiquement l’arrêt de la centrale, et l’on préfère un circuit
longueur de presque 20 m et une masse d’une centaine de tonnes. intégré, plus simple donc plus fiable.
Pour permettre l’intervention sur ces composants, l’installation Du point de vue technologique, l’ensemble du circuit primaire
comporte : est généralement réalisé en acier austénitique, les tuyauteries étant
de faible épaisseur (peu de pression) et sans soufflet.
— des puits de stockage ;
— un puits de lavage où l’on peut débarrasser les composants
du sodium qui les recouvre (lavage exécuté par circulation d’un gaz 3.4.2 Circuits secondaires
humide, progressivement remplacé par de l’eau, l’opération se
terminant par un noyage complet), puis les décontaminer (au moyen Le concept des circuits primaires (intégré ou non) n’a pas d’inter-
de solutions acides et basiques) ; action sur les circuits secondaires, leur seul couplage se situant au
— un poste d’intervention en atmosphère active et contaminée niveau des échangeurs intermédiaires.
(atelier tiède). Les circuits secondaires sont totalement indépendants les uns
des autres ; leur nombre est supérieur ou égal à 2, généralement
de 3 ou 4.
3.4 Circuits primaires et secondaires Leur schéma est très simple (figure 4) : échangeur intermédiaire,
générateur de vapeur, pompe. On place généralement la pompe sur
Nous examinerons d’abord les circuits principaux, puis leurs la branche froide, en amont des échangeurs intermédiaires. Le
auxiliaires. sodium circule toujours à l’extérieur des tubes du générateur de
vapeur et en général à l’intérieur des tubes de l’échangeur
intermédiaire ; le circuit secondaire et l’échangeur intermédiaire sont
3.4.1 Circuits primaires principaux en effet dimensionnés pour résister aux surpressions résultant d’une
éventuelle réaction sodium-eau survenant par rupture d’un des tubes
Les circuits primaires véhiculent du sodium actif ; leur rôle est de
d’eau du générateur de vapeur.
transmettre la puissance thermique du cœur aux circuits secondaires
à travers les échangeurs intermédiaires. On s’efforce également de permettre un fonctionnement en
Leur schéma est très simple : la pompe primaire (figure 4) refoule convection naturelle dans le circuit.
le sodium froid (400 oC environ) à l’entrée du cœur d’où il est canalisé La technologie du circuit est la même que celle des circuits
vers les échangeurs intermédiaires. primaires, mais réalisée plus simplement : pas de double enveloppe
La disposition des circuits primaires est très différente suivant que (pas d’impératifs de non-vidange), préchauffage électrique,
le réacteur est du type intégré ou à boucles (§ 3.1). l’ensemble du circuit restant accessible pour surveillance et
réparation.
3.4.1.1 Circuit primaire intégré Des dispositions particulières doivent toutefois être prises pour
limiter les conséquences d’une éventuelle fuite importante :
Il est entièrement contenu à l’intérieur de la cuve principale, dans dispositifs de vidange rapide, collectage des fuites vers des
laquelle les pompes primaires et les échangeurs intermédiaires sont réservoirs, bacs étouffoirs, etc.
plongés.
Cette disposition permet d’avoir un collecteur froid dans lequel
aspirent toutes les pompes primaires, aussi bien qu’un collecteur 3.4.3 Circuits auxiliaires
chaud à la sortie du cœur ; cela a l’avantage de conserver une bonne
Les circuits principaux décrits ci-dessus (§ 3.4.1 et 3.4.2) ont une
symétrie de distribution des températures à l’entrée du cœur en cas
seule fonction : transmettre la puissance thermique du cœur aux
d’incident de fonctionnement sur une boucle secondaire ou sur une
générateurs de vapeur. Mais leur exploitation nécessite des circuits
pompe primaire.
auxiliaires aux multiples fonctions : stockage du sodium, transfert
Une cuve interne sépare alors le sodium chaud du sodium froid, (remplissage, vidange normale et rapide), épuration, respiration
et la circulation dans les échangeurs intermédiaires s’effectue par (circuits argon), refroidissements auxiliaires.
gravité. Les pompes primaires aspirent le sodium froid dans
l’intercuve et le refoulent au moyen de tuyauteries dans le sommier, ■ Le stockage du sodium s’effectue dans des réservoirs de grandes
collecteur d’entrée aux assemblages combustibles. capacités (quelques centaines de mètres cubes pour les centrales de
puissance), puisque la quantité de sodium mise en œuvre est très
La figure 4 donne une disposition typique de ce circuit primaire,
grande (environ 1 400 t pour Phénix, plus de 5 000 t pour Super-
celle de Phénix.
phénix).
Les échangeurs intermédiaires y sont munis d’obturateurs,
pouvant être manœuvrés réacteur arrêté, ce qui permet le fonction- Leur premier remplissage en sodium nécessite une installation
nement avec une boucle secondaire indisponible. annexe de dépotage qui permet de fondre, recevoir et contrôler le
sodium livré par camions citernes.
3.4.1.2 Circuits primaires à boucles ■ Les circuits de transfert utilisent en général des pompes électro-
Pompes et échangeurs sont à l’extérieur de la cuve, à laquelle ils magnétiques (qui présentent l’avantage d’être totalement étanches
sont reliés par des tuyauteries. et très fiables) pour assurer les mouvements de sodium, de
préférence à des variations de pression qui présentent d’importants
La disposition d’ensemble doit être telle qu’une rupture de risques de fausses manœuvres.
tuyauterie n’entraîne pas directement par siphonnage une baisse
importante du niveau de sodium dans la cuve ; de plus, en cas d’arrêt Les vannes ou robinets y sont assez nombreux, pour permettre
des pompes primaires, le refroidissement du cœur doit continuer d’assurer les différentes fonctions ; ils doivent être d’une très bonne
à être assuré par convection naturelle. fiabilité.
Ces impératifs conduisent à une certaine complexité des circuits ■ Les circuits d’épuration comportent des pièges froids
extérieurs à la cuve : piquages de tuyauteries sur la cuve, double (quelquefois deux en parallèle, dont un en service) et un indicateur
enveloppe, casse-siphons, vannes. de bouchage à fonctionnement automatique.
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■ Les circuits d’argon présentent une difficulté : ils sont susceptibles serrés que le permet la faible valeur admissible de la perte de
de se boucher si, au cours de l’exploitation, du sodium peut s’y charge côté primaire.
condenser ; on est donc amené à les préchauffer, à les prévoir de fort On préfère en général faire passer le sodium secondaire dans les
diamètre, à leur donner une pente permettant de les lessiver avec du tubes, compte tenu des risques de surpressions accidentelles dans
sodium propre, etc. le circuit secondaire et de pollution par la soude en cas de fuites
■ Quelques circuits de sodium, classés parmi les auxiliaires, ont au générateur de vapeur.
une fonction de refroidissement : du stockage des assemblages de Le diamètre des tubes, compte tenu des performances
combustibles irradiés, par exemple. Leur technologie est du même recherchées et des impératifs d’encombrement, est faible :
type ; ils utilisent des échangeurs sodium-air et des pompes électro- 12 × 14 mm pour Rapsodie, Phénix et Superphénix.
magnétiques.
La mise au point de ces appareils nécessite de nombreuses
études :
— tant expérimentales : technologie de construction, maquettes
3.5 Pompes hydrauliques permettant de vérifier la répartition de l’écoulement
côté primaire et côté secondaire, essais de vibration, etc. ;
■ Les pompes principales sont des pompes mécaniques à axe — que théoriques : dimensionnements thermique et mécanique,
vertical (figure 7). dans les conditions normales (régimes permanents, transitoires
Le moteur est extérieur, relié à l’arbre de la pompe par un accouple- rapides et lents) et accidentelles (réaction sodium-eau côté
ment mécanique ; l’étanchéité du passage de l’arbre de pompe est secondaire, accident de dimensionnement du confinement côté
réalisée entre le gaz de couverture et l’atmosphère extérieure par primaire, séisme, etc.).
un joint tournant à bagues, généralement à base de graphite. Cette
disposition nécessite donc que la pompe soit placée dans un
Remarque : dans le cas des réacteurs à boucles, une plus
réservoir où le sodium présente un niveau libre.
grande fantaisie dans la conception de l’appareil est possible :
La pompe possède en général deux paliers : en partie supérieure, tubes en U dans le cas de BN 350 (tableau 1) par exemple, etc.
un palier-butée mécanique et, en partie inférieure, un palier hydro-
statique en sodium.
La pompe étant placée au point de basse pression du circuit, le 3.6.2 Générateurs de vapeur
NPSH (Net Positive Suction Head , soit la pression à l’aspiration d’une
pompe) disponible est faible et la vitesse de rotation doit être limitée Étant donné le risque d’une réaction sodium-eau, on a déjà vu au
pour éviter la cavitation. paragraphe 2.2.6 la nécessité de construire des générateurs de
vapeur d’une très grande fiabilité.
On préfère placer la pompe sur la branche froide des circuits
(outre l’avantage d’une température basse, les chocs thermiques y Pour cette raison, ce sont les appareils les plus délicats à concevoir
sont généralement moins sévères), mais ce n’est pas un impératif. et réaliser. De nombreux modèles ont été proposés et, jusqu’à
présent, les appareils réalisés sont tous de types différents.
La puissance des pompes varie de quelques kilowatts pour les
réacteurs expérimentaux à plusieurs mégawatts pour les centrales Il est difficile de classer ces appareils par famille ; examinons les
d’une puissance électrique de 1 200 MW. différentes approches possibles.
Pour permettre une plus grande souplesse de fonctionnement, et
notamment pour ajuster les écarts de température dans les 3.6.2.1 Simple paroi ou double paroi
échangeurs intermédiaires et les générateurs de vapeur suivant les Il a été envisagé par certains de diminuer le risque de fuite d’eau
régimes de marche, on utilise souvent des entraînements à vitesse dans le sodium en doublant la paroi séparant les deux fluides, et
variable. de détecter une fuite éventuelle entre les deux parois.
Les moteurs principaux sont en général doublés de moteurs Mais ces principes sont restés jusqu’à présent au stade
auxiliaires de petite puissance, pouvant être alimentés par les expérimental. Seuls les générateurs de vapeur à simple paroi sont
groupes électrogènes Diesel de secours ou par des batteries utilisés dans les centrales de puissance.
d’accumulateurs dans le but d’assurer le refroidissement du réacteur
en cas de défaillance du réseau électrique ; les pompes primaires Pour obtenir une grande fiabilité, il faut d’abord rechercher la
sont habituellement munies d’un volant d’inertie, permettant d’éviter simplicité : dessin permettant d’effectuer des soudures dans d’excel-
l’ébullition du sodium et la surchauffe des gaines de combustible lentes conditions de réalisation et de contrôle, minimisant les
en cas de panne du réseau. contraintes d’origine thermique, notamment en régimes transitoires,
évitant les zones mortes, permettant une détection de fuite rapide
■ Les pompes auxiliaires de petite puissance sont presque toujours et sensible, facilitant le contrôle des tubes, etc.
des pompes électromagnétiques qui présentent l’avantage d’une
grande fiabilité, d’une grande souplesse de fonctionnement et d’une 3.6.2.2 Choix du matériau des tubes
grande facilité d’implantation.
Ce choix est difficile (§ 2.2.7.3).
Un acier ferritique semble préférable en raison de sa meilleure
résistance à la corrosion intercristalline en milieux pollués (eau
3.6 Échangeurs de chaleur polluée de chlorures ou de soude, sodium pollué de soude), mais
les conditions de service imposent un acier stabilisé au-dessus
3.6.1 Échangeurs intermédiaires de 500 oC (décarburation par le sodium) et un acier fortement allié
au-dessus de 520 oC (caractéristiques mécaniques).
Les échangeurs intermédiaires sont réalisés en acier austénitique,
suivant une technologie classique. On utilise en général des
échangeurs à contre-courant (figure 8). Rappelons les choix effectués en France :
Il est typique d’un échangeur équipant un réacteur intégré : les — Phénix : • évaporateur en acier ferritique,
impératifs d’encombrement liés à son installation dans la cuve du • surchauffeur et resurchauffeur en acier austéni-
réacteur et à la nécessité de pouvoir le démonter conduisent à un tique 321 ;
faisceau tubulaire aussi long que possible, les tubes étant aussi — Superphénix : évaporateur et surchauffeur en Incoloy 800.
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■ Propriétés du réfrigérant
5. Sûreté
Les propriétés exceptionnelles du sodium (pas de pression, bonne
capacité thermique massique, excellente conduction) gouvernent les
Nota : le lecteur pourra se reporter utilement à la rubrique Sûreté et protection du traité
régimes de fonctionnement, en imposant des règles de conduite qui Génie nucléaire.
tiennent compte des faits suivants :
Comme pour les autres types de réacteurs, les dispositions de
— l’écart de température entre sodium chaud et sodium froid est sûreté visent à éviter la dissémination de produits radioactifs en
compris entre 150 et 200 oC, aussi bien dans les circuits secondaires prévoyant trois barrières étanches et résistantes : la gaine des
que dans le circuit primaire ; les chocs thermiques résultant des aiguilles combustibles, l’ensemble des circuits contenant le fluide
régimes transitoires (arrêts d’urgence et arrêts normaux démarrages primaire de refroidissement et l’enceinte qui englobe le réacteur et
froids et démarrages chauds) risqueraient, sans précaution parti- ses circuits.
culière de conception mais aussi de conduite, de provoquer des dom-
L’analyse détaillée dépend des solutions technologiques adoptées
mages importants aux structures ;
pour chaque type de réacteur, mais les critères d’appréciation sont
— l’inertie thermique du réfrigérant est importante, compte tenu fondamentalement les mêmes.
des masses de sodium mises en jeu ;
Les spécifications des projets, les systèmes de surveillance et
— les structures immergées dans le sodium suivent la tempéra- d’arrêt, les règles d’exploitation tiennent compte des particularités
ture du fluide avec une constante de temps très faible alors que les des réacteurs à neutrons rapides.
structures non immergées ne suivent que très lentement les varia-
tions de température du sodium ; Le risque de dissémination du plutonium n’est pas spécifique des
— les générateurs de vapeur, à passage unique (sans recircula- réacteurs à neutrons rapides, du fait qu’il se produit du plutonium
tion) ont une réserve, donc une inertie, très faible du côté eau, alors dans les autres réacteurs, à partir de l’uranium 238.
qu’ils possèdent une grande inertie côté sodium : un arrêt du débit
d’eau conduit immédiatement à l’assèchement, la réalimentation en
eau n’étant pas possible avant un temps assez long, nécessaire pour 5.1 Analyse de sûreté
refroidir les tubes qui prennent très vite la température du sodium.
L’analyse de sûreté consiste à étudier systématiquement tous les
incidents de fonctionnement envisageables, à en évaluer les
4.2 Principaux états de fonctionnement conséquences sur la tenue des trois barrières : gaine, circuit primaire,
confinement, et à déterminer les risques de rejets radioactifs qui
pourraient en découler. Pour ce type de réacteurs, l’analyse est
On distingue les états de fonctionnement suivants. conduite en se préoccupant tout spécialement des points suivants :
■ États normaux en puissance — réactivité : tout accident de criticité prompte doit être
soigneusement évité ; rappelons que la fraction de neutrons retardés
En général, on cherche à maintenir constantes : est plus faible dans le cas de la fission du plutonium que dans celui
— une des températures du sodium primaire (chaude ou froide) de la fission de l’uranium ;
par action sur les barres de contrôle ; — refroidissement : la forte densité de puissance du cœur
nécessite que la permanence du refroidissement y soit correctement
— la température de la vapeur (en sortie d’évaporateur ou de
assurée, aussi bien pour l’évacuation de la puissance résiduelle
surchauffeur) par action sur le débit d’eau ;
qu’en période de fonctionnement en puissance ;
— la température du sodium secondaire froid par action sur la — réaction sodium-eau : une fuite d’eau au générateur de vapeur
vitesse des pompes secondaires. donnant lieu à une réaction sodium-eau ne doit pas compromettre
l’intégrité du circuit primaire ;
■ États exceptionnels en puissance
— feux de sodium : tout feu de sodium doit pouvoir être
La centrale peut fonctionner avec une boucle secondaire arrêtée ; circonscrit, pour ne pas compromettre l’évacuation de la puissance
il faut pouvoir isoler les échangeurs intermédiaires correspondants du réacteur et l’intégrité du circuit primaire et du confinement.
côté primaire.
■ États d’arrêt
5.2 Prévention des accidents
On distingue plusieurs états d’arrêts : chauds de courte durée,
froids pour renouvellement du combustible (vers 200 à 250 oC) ou Dans ce but, un certain nombre de dispositions sont prises.
pour manutention des composants (à plus basse température : vers
150 à 200 oC).
5.2.1 Réactivité
■ Changements d’états
Les mesures de puissance neutronique et de réactivité sont assu-
Les démarrages et les arrêts doivent être conduits de manière à rées avec une grande redondance au moyen de chaînes totalement
minimiser les gradients thermiques dans les structures, notamment indépendantes.
celles du bloc réacteur, de la turbine et des échangeurs de chaleur.
Les mesures thermodynamiques (températures du sodium à la
■ États incidentels sortie des assemblages, à la sortie du cœur, et débit dans le cœur)
sont également traitées avec redondance et indépendance ; toute
Les incidents survenant au cœur ou au circuit primaire conduisent anomalie pouvant provenir d’un défaut local de refroidissement
en général à l’arrêt d’urgence (chute des barres de contrôle), afin risquant, par fusion du combustible, de conduire à un accroissement
d’éviter qu’un incident de refroidissement ou une rupture de gaine de réactivité, entraîne automatiquement une action de sécurité
de combustible ne conduisent à endommager sérieusement un ou immédiate.
plusieurs assemblages combustibles.
L’ensemble de ces mesures intervient dans deux circuits de
Les incidents survenant aux circuits secondaires, aux générateurs sécurité totalement indépendants et déclenche par leur intermédiaire
de vapeur ou à la turbine peuvent conduire à un arrêt rapide la chute des barres de sécurité, en cas de dépassement de seuils
(descente programmée des barres de contrôle) provoquant des fixés, de manière à éviter toute élévation dangereuse de la
chocs thermiques plus atténués que lors d’un arrêt d’urgence. température des gaines de combustible.
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Les barres de contrôle sont elles-mêmes divisées en deux groupes très tôt toute fuite de sodium avant ou dès qu’elle donne lieu à un
utilisant des mécanismes différents, de manière à réduire la incendie.
probabilité de non-fonctionnement par défaut de mode commun. Cela étant, on cherche :
Par ailleurs, rappelons que les caractéristiques du cœur sont — d’une part, à canaliser le sodium fuyard et à étouffer l’incendie
choisies pour que l’effet Doppler arrête automatiquement toute qui en résulte, de manière à limiter les dégâts : des bacs étouffoirs,
excursion de puissance entraînant une élévation de température du complétés par des réseaux d’épandage de poudre sont prévus ;
cœur (article Caractéristiques neutroniques des réacteurs — d’autre part, à vidanger aussi rapidement que possible le circuit
industriels [B 3 040] du traité Génie nucléaire). fuyard dans un réservoir de stockage.
Mi-1992, il a été demandé que soient prises en compte, dans
5.2.2 Refroidissement l’analyse de sûreté, les ruptures complètes des tuyauteries des
circuits secondaires (diamètre 700 ou 1 000 mm selon le cas),
■ La permanence du refroidissement doit être assurée de manière indépendamment de toute analyse de probabilité d’une telle rupture.
rigoureuse, en particulier en ce qui concerne le cœur :
Dans ce but, un effort important de développement des codes de
— les pompes primaires sont munies d’un volant d’inertie
simulation, appuyé par des essais effectués à Cadarache, a permis
permettant d’éviter tout risque d’ébullition du sodium en cas de
de définir des dispositions constructives complémentaires
coupure de l’alimentation électrique de leurs moteurs (une coupure
permettant de prendre en compte ces exigences nouvelles.
de durée supérieure à 2 s déclenche l’arrêt d’urgence par chute des
barres de sécurité) ; Ainsi, dans les locaux du bâtiment réacteur appelés galeries
— des moteurs auxiliaires, alimentés par batteries d’accumula- secondaires , où sont implantées les tuyauteries des circuits
teurs ou par groupes Diesel de secours, permettent d’assurer un secondaires, les modifications suivantes ont été faites :
débit suffisant pour évacuer correctement la puissance résiduelle ; — calorifugeage des murs et des plafonds pour éviter l’échauffe-
— enfin, la convection naturelle qui s’établirait dans le circuit ment du béton des parois ;
primaire en cas d’arrêt complet des pompes primaires permettrait, — adjonction de parois supplémentaires pour réduire le volume
notamment dans le cas des réacteurs intégrés , d’assurer du local concerné par la fuite de sodium ;
convenablement le refroidissement du combustible à l’arrêt. — création de trémies dans les parois externes munies de clapets
■ Le refroidissement étant assuré, il faut néanmoins évacuer la puis- de décharge afin de limiter à la valeur admissible la pression atteinte
sance résiduelle par plusieurs moyens redondants ; on peut en cas de feux de sodium.
disposer, par exemple :
— de plusieurs circuits secondaires indépendants, leur refroidis-
sement étant réalisé soit au niveau des générateurs de vapeur
(circuits d’eau secourus , ou circulation d’air autour des enveloppes), 6. Exemple de réalisation :
soit par des échangeurs sodium-air placés en parallèle ;
— de circuits d’ultime secours permettant, en cas de disparition Superphénix
de tous les moyens normaux d’évacuation de la puissance, de limiter
l’échauffement du sodium primaire à une valeur raisonnable, au
moyen : Première centrale prototype de taille commerciale d’une puissance
• soit de circuits placés à l’extérieur de la cuve principale et de la électrique de 1 200 MW, Superphénix a été construite en France, à
cuve de sécurité (cas de Phénix, la cuve principale étant refroidie par Creys-Malville, dans un cadre européen (France 51 %, Italie 33 %,
rayonnement), Allemagne + Belgique + Pays-Bas 16 %) ; elle a atteint sa puissance
• soit de circuits auxiliaires de sodium, spécialisés, comportant nominale le 9 décembre 1986.
de petits échangeurs intermédiaires placeés dans la cuve du réacteur, Les caractéristiques principales de la centrale sont résumées
et des aéroréfrigérants extérieurs. dans le tableau 3.
5.2.4 Feux de sodium La matière fissile est contenue dans 364 assemblages
combustibles comportant chacun 271 aiguilles constituées
Au sujet de ces feux, il faut remarquer qu’ils sont peu elles-mêmes par un empilage de pastilles d’oxyde mixte de
énergétiques : une nappe de sodium qui brûle dégage 15 fois moins plutonium et d’uranium, de 7 mm de diamètre, placées dans des
de chaleur qu’une nappe d’essence de même surface. Le rayonne- gaines en acier austénitique du type Z3 CND 18-10.
ment de la flamme est absorbé en grande partie par les abondantes Dans ces assemblages, les couvertures axiales inférieure et supé-
fumées blanches. rieure sont intégrées dans les aiguilles fissiles, qui ont une longueur
Plusieurs types de précautions sont prises : totale d’environ 270 cm, la partie fissile étant limitée à 100 cm. Un
— les circuits primaires sont généralement placés dans des locaux tel assemblage pèse 590 kg et mesure 5,4 m de hauteur.
maintenus en atmosphère d’azote, de manière à éviter tout incendie La couverture radiale est réalisée par trois rangées d’assemblages
de sodium actif ; renfermant chacun 91 aiguilles remplies d’oxyde d’uranium
— les circuits sont tous munis de détecteurs de fuites et les locaux appauvri. Tous ces assemblages sont plantés dans le sommier qui
de détecteurs d’incendie, de manière à pouvoir détecter et localiser permet leur refroidissement par circulation forcée de sodium. (0)
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Figure 6 – Superphénix : coupe du bloc réacteur par pompe et échangeur (d’après doc. Novatome)
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Figure 7 – Superphénix : pompe primaire [1] Figure 8 – Superphénix : échangeur intermédiaire [1]
poste de chargement-déchargement du réacteur à celui du barillet, assurée dans le cœur du réacteur à l’arrêt, avant déchargement, ce
en roulant le long de deux rampes grâce aux treuils à chaînes d’un qui impose une gestion du cœur en fréquence 1 (remplacement du
sas à tourniquet. combustible du cœur en une seule fois). Les assemblages irradiés
C’est par ce même chemin que passent les assemblages suffisamment refroidis sont alors déchargés du réacteur et stockés
combustibles, fertiles et de contrôle. dans l’eau de la piscine de stockage réalisée dès les années 80.
Le transfert des assemblages entre leur position dans le réseau Le coût de cette intervention a représenté moins de 1,5 % de
et le poste d’évacuation du réacteur est effectué au moyen des deux l’investissement initial.
machines de transfert montées sur le petit bouchon tournant.
Après désactivation partielle dans le barillet de stockage, les
assemblages irradiés sont évacués de la centrale à travers une cellule
6.1.6 Contrôle du réacteur
chaude qui permet de les conditionner pour transport et stockage
ultérieur. ■ La puissance neutronique est mesurée par un ensemble de
détecteurs placés sous la cuve.
En 1987, une fuite de sodium s’est produite sur la cuve du barillet
de stockage des éléments combustibles. Cette fuite de sodium Les barres de contrôle (figure 3) sont de deux types différents :
contenue dans la cuve de rétention prévue à cet effet lors de la réa- • 21 barres rigides du Système de Commande Principal (SCP) qui
lisation initiale a été maîtrisée sans difficulté. assure à la fois les fonctions de sécurité (arrêt d’urgence du réacteur)
Il a alors été décidé de remplacer le barillet de stockage dans le et de compensation (évolution de la réactivité) ;
sodium des éléments combustibles par un poste de transfert dans • 3 barres articulées du Système d’Arrêt Complémentaire (SAC)
l’argon, (figure 10) des éléments combustibles permettant d’assurer qui assure uniquement une fonction de sécurité.
la fonction chargement-déchargement du réacteur des assemblages
neufs et irradiés. La décroissance de la puissance résiduelle des L’arrêt d’urgence du réacteur peut être commandé par deux
assemblages irradiés, nécessitant la présence de sodium, est alors systèmes de sécurité complètement indépendants.
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Figure 9 – Superphénix : cheminement d’un élément combustible irradié (d’après doc. Novatome)
BT bouchons tournants
C cœur
CM cellule de manutention
E élévateur
M machines de transfert
NT navette de transfert en eau
PL puits de lavage
PR poste de refroidissement
PT potence du PTC
PTC poste de transfert du combustible
R rampes de transfert
RT ringard du PTC
SC salle de conditionnement
SE sas d’évacuation
ST sas de transfert à tourniquet
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■ La température du sodium à la sortie de chaque assemblage limites précises et un système de remplissage-vidange du réacteur
combustible est contrôlée par deux couples thermoélectriques qui n’est normalement pas utilisé lorsque la centrale est en service
guidés à travers le bouchon couvercle-cœur. industriel.
■ Un système de détection et de localisation des ruptures de gaines
utilise des tubes de prélèvement de sodium à la sortie des 6.2.2 Circuits secondaires
assemblages également guidés à travers le bouchon couvercle-cœur.
Quatre boucles complètement indépendantes assurent le transfert
de chaleur des échangeurs intermédiaires jusqu’aux générateurs de
6.2 Circuits vapeur par circulation du sodium (figure 11) au débit de 3,27 t/s par
boucle.
6.2.1 Circuit primaire Les pompes secondaires, à vitesse variable, sont placées sur les
branches froides de ces circuits, dans les réservoirs d’expansion de
Outre le circuit principal composé des quatre pompes primaires forme sphérique.
et des huit échangeurs intermédiaires, intégrés dans la cuve du
réacteur, un système de purification du sodium comprend deux
unités également intégrées dans la cuve : tout le sodium primaire 6.2.3 Générateurs de vapeur
actif reste donc confiné dans la cuve du réacteur.
Les seuls auxiliaires extérieurs sont les circuits d’argon qui Chaque boucle secondaire alimente un générateur de vapeur, à
permettent de maintenir la pression du ciel du réacteur dans des passage unique, d’une puissance thermique de 750 MW.
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6.5 Bâtiments
La figure 13 montre une coupe longitudinale de la centrale.
Le bâtiment réacteur-manutention est une enceinte circulaire en
béton armé de 64 m de diamètre intérieur et 80 m de hauteur, abri-
tant le réacteur et ses circuits auxiliaires, les installations de
manutention du combustible, une partie des circuits secondaires et
les postes d’intervention sur les composants actifs.
Le confinement du réacteur est assuré de la manière suivante :
— l’enceinte primaire est formée de la cuve principale du réacteur
et de ses fermetures supérieures (dalles et bouchons tournants) ;
— l’enceinte secondaire est constituée de la cuve de sécurité et
du dôme qui confine de manière étanche l’atmosphère située
au-dessus des fermetures supérieures ;
— le bâtiment lui-même est une enceinte à fuites contrôlées.
7. Bilan et perspectives
d’avenir
Figure 12 – Superphénix : générateur de vapeur [1] La mise en service de Superphénix en 1987 a été un pas impor-
tant vers la maîtrise technique de cette filière. Au cours des 10 ans
qui ont séparé cette mise en service de son arrêt définitif, la cen-
trale de Creys-Malville a été modifiée à la suite de la fuite survenue
Le sodium secondaire y entre à 525 oC et la vapeur surchauffée sur le barillet et pour prendre en compte le cas d’accident très peu
en sort à 490 oC, à la pression de 184 bar. probable de la rupture complète des tuyauteries sodium. Elle a
subi également plusieurs arrêts de longue durée dus pour l’essen-
Le faisceau tubulaire est constitué de 357 tubes en Incoloy 800 , tiel à une véritable « guérilla judiciaire ». Mais la dernière année de
enroulés en hélice autour d’un corps central et traversant latérale- fonctionnement, 1996, a été excellente et a montré que les
ment l’enveloppe de l’appareil à travers des manchons thermiques concepts étaient parfaitement valables. Le projet EFR, étudié dans
(figure 12). la foulée de Superphénix, a conclu à la possibilité de concevoir un
Un système de détection de fuite d’eau par mesure du taux réacteur de ce type bénéficiant d’un coût fortement diminué, mais
d’hydrogène dans le sodium doit permettre d’éviter qu’une fuite n’a pas eu de suite.
importante provoque une violente réaction sodium-eau. Si, toutefois, Au cours des années 1990 et pour répondre à une forte contes-
un tel incident se produisait, une membrane de rupture placée sur tation de l’intérêt de la surgénération, le CEA a lancé un pro-
le collecteur de sortie de sodium, en partie basse de l’appareil, per- gramme appelé CAPRA (Consommation Accrue de Plutonium par
mettrait de décharger les produits de réaction vers un séparateur les réacteurs RApides) pour analyser les performances potentielles
d’où l’hydrogène formé s’échapperait vers l’atmosphère. Des vannes des RNR pour la gestion des stocks de matières nucléaires dans le
de sectionnement à fermeture rapide peuvent isoler automatique- cadre des recommandations du rapport de Monsieur Curien [22].
ment en cas d’incident le générateur de vapeur, aussi bien du côté Les RNR peuvent, en effet, être utilisés en surgénérateur ou en
sodium que du côté eau. sous générateur. Avec un cœur équipé de couvertures fertiles en
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oxyde d’uranium, ils produisent plus de plutonium qu’ils n’en con- Depuis le début des années 2000, l’intérêt pour les réacteurs à
somment pour fournir l’électricité. Mais sans ces couvertures, les neutrons rapides s’est de nouveau manifesté, à la fois pour per-
RNR produisent dans le cœur fissile une quantité de plutonium mettre la valorisation de l’uranium 238 et comme moyen de
inférieure ou égale à celle utilisée pour fournir l’électricité, en fonc- détruire au moins partiellement les actinides mineurs. C’est le dou-
tion de l’enrichissement en plutonium du combustible fissile. ble enjeu du Forum Génération IV. Ce programme international,
Par ailleurs, le fait que les RNR produisent un nombre important qui associe une dizaine de pays dont les États-Unis et la France, a
de neutrons excédentaires d’énergie élevée les prédispose pour engagé les études préliminaires de 6 concepts, dont certains dis-
une utilisation en recyclage de déchets de haute activité : actinides posent déjà d’une solide expérience industrielle. C’est le cas du
mineurs (neptunium, américium...) ou éventuellement de produits réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium, qui y trouve natu-
de fission. rellement sa place.
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