Voir aussi : Croix

Étymologie

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Du moyen français croix[1], de l’ancien français crois, croiz, cruz, du latin crux, crŭcem (« gibet, croix »)[2].

Nom commun

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Invariable
croix
\kʁwa\

croix \kʁwa\ féminin, singulier et pluriel identiques

  1.  
    Blason de gueules à la croix (1) d’argent.
    Intersection formée par deux éléments qui se croisent.
  2.  
    Balisage en croix. (2)
    (Par extension) Marque formée de deux traits perpendiculaires.
    • Une petite croix était marquée à la plume sur chacun des croquis, et certainement ces croix n'avaient pas été mises là pour rien. — (Fortuné du Boisgobey, Double-Blanc, Paris : chez Plon & Nourrit, 1889, p. 46)
  3. (Antiquité) Sorte de gibet où on attachait certains criminels.
    • Enfin, après l’avoir [C. Atilius Régulus] ainsi longtemps tourmenté par d’excessives douleurs et une cruelle insomnie, ils l’attachèrent à une croix, qui était le supplice le plus ordinaire chez les Carthaginois, et l’y firent périr. — (Charles Rollin, Histoire romaine)
  4. (Par métonymie) (Religion) Supplice de Jésus-Christ, cloué sur une croix.
    • Et, d’une infâme croix souffrant l’ignominie,
      Doit la mort aux ingrats qui lui devront la vie.
      — (Jacques Delille, Paradis perdu, XII)
    • — Quand tout nous manque, lui dis-je, quand nous nous croyons abandonnés, à l’heure qui vient toujours, pour chacun de nous, où nous soupirons à notre tour : « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? » c’est l’heure de l’échec définitif que la croix préfigure, dont la croix est le signe scandaleux et insupportable à l’être jeune ou dans la force de l’âge, – jusqu’au jour où elle devient ce qui se conforme exactement à notre corps… — (François Mauriac, Un adolescent d’autrefois, Flammarion, 1969, page 282)
  5.  
    Une croix (5) de granit, en Bretagne.
    (Christianisme) Simulacre représentant le gibet où Jésus-Christ fut attaché et tué.
    • L’usage de dresser une croix sur la tombe remonte au XIXe siècle seulement ; auparavant la croix du cimetière, érigée au centre, régnait sur toutes les tombes et cette croix, elle-même, est inconnue avant le XVe siècle. Du XIIe au XIVe siècle les croix placées dans un cimetière sont toujours des menhirs christianisés. — (Michel de Mauny, Le Pays de Léon : Son histoire, ses monuments, Éditions Régionales de l’Ouest, Mayenne, 1993, 2e édition, page 362)
  6. (Par extension) Le christianisme.
  7. (Par extension) (Dévotion religieuse) Affliction que Dieu enverrait aux hommes pour les éprouver.
    • - Je n’en rougis pas, j’en souffre. Il est idiot, soit ! Ce sera ma croix. Toute famille a son idiot, son épileptique, son syphilitique, son tuberculeux, son escroc, sa fille de mauvaise vie. Et les familles qui ne sont pas encore pourvues le seront bientôt. Dieu est équitable ! — (Georges Duhamel, Le Notaire du Havre, 1933, réédition Folio, pages 82-83)
  8. Monument élevé à l’endroit où quelqu’un est mort, par accident ou assassinat.
    • Dans une petite commune telle que Drain, l’épidémie de peste de 1563 fit 153 morts qui furent enterrés ensemble à l’endroit où se dresse la croix commémorative du Moulin-Moreau, sur la route de Saint-Laurent-des-Autels. — (Pierre-Louis Augereau, Les Mauges mystérieuses, Éditions Cheminements, 1994, page 103)
  9. (Ornement) Petit ornement, en forme de croix.
  10. Décoration de divers ordres de chevalerie.
  11. (Absolument) (France) La croix de la Légion d’honneur.
    • La Fanfarlo veut que son amant soit de l’Institut, et elle intrigue au ministère pour qu’il ait la croix. — (Charles Baudelaire, La Fanfarlo, 1847 ; Gallimard, 2012, collection Folio, page 72)
    • Ayant complété, cette année même, ses trente années de service obligatoire, on lui avait remis, au 1er janvier, la croix de la Légion d’honneur, qui récompense, dans ces administrations militarisées, la longue et misérable servitude — (on dit : loyaux services) — de ces tristes forçats rivés au carton vert. […]
      Chez lui, il disait « ma croix » à tout propos. Un tel orgueil lui était venu, qu’il ne pouvait plus même souffrir à la boutonnière des autres aucun ruban d’aucune sorte. Il s’exaspérait surtout à la vue des ordres étrangers — « qu’on ne devrait pas laisser porter en France »
      — (Guy de Maupassant, En famille, dans La maison Tellier, 1891, réédition Le Livre de Poche, page 129)
    • « On ne peut pas m’accuser de chercher la croix. Mais ce que je fais me classe. Je sais que je vaux plus que tous ces gens, à qui on donnait du « monsieur » et qui vont jeter leurs êtres chers au fumier. » — (Jean Giono, Le hussard sur le toit, 1951, réédition Folio Plus, page 203)
  12. (Absolument) (Éducation) Croix d’honneur, distinction hebdomadaire attribuée aux meilleurs élèves d'une classe.
    • – Encore un samedi que tu n’as pas la croix !
      Et elle ajoute sur le même diapason :
      – Et figurez-vous, madame la directrice, que j’y ai promis, quand elle aurait la croix, d’y payer le concert ou un jupon de laine : elle choisira.
      — (Léon Frapié, Les deux mères, dans Les contes de la maternelle, éditions Self, 1945, page 21)
    • – Pourvu que t’aies encore la croix pour venir me voir… ça fait si bien devant le monde ! soupire la mère Cœuret.
      À cause de la croix, il y a dans son regard une admiration triste et attendrie pour l’enfant qui est en quelque sorte changée et pour tout un ordre de choses, de gens, de faits appartenant à un domaine lointain, étranger. La croix signifie qu’on est en règle avec la société, que l’on jouit d’une certaine quantité de protection, de considération. La croix reconnaît et confère une série de « biens » qui ont manqué à la mère Cœuret pendant toute sa vie.
      — (Léon Frapié, La croix, dans Les contes de la maternelle, éditions Self, 1945, pages 30-31)
    • Enfin arrivait la remise solennelle des croix. Chaque classe en possédait un jeu hiérarchisé. La plus importante ressemblait à la Légion d’honneur, d’un module un peu plus grand, la deuxième était émaillée bleu, enfin, il y en avait deux ou trois autres plus petites et plus simples. […]
      C’était une récompense enviée. Les élus la gardaient une semaine, ils la portaient fièrement sur leur sarrau noir, attachée à l’aide d’un superbe ruban de satin rouge, vert ou bleu que les mamans savaient trouver « Chez Bébé », petite boutique de mercerie, papeterie, confiserie située en face de l’école.
      — (Édouard Bled, « Mes écoles », Robert Laffont, 1977, pages 63-64)
    • Elles n’avaient pas souvent la croix, la belle médaille de cuivre qu’on offre le samedi aux plus méritantes, les appliquées, les sages, les saintes nitouches qui reniflent l’arrivée de la maîtresse à cent mètres, tout de suite en position angélique. C’est la directrice en personne qui la remet, avec un baiser. Faut voir ce qu’elles rayonnent, les filles. Dès le lundi elles se ramènent avec, épinglée à la blouse avec un ruban superbe, à deux coques, quatre coques, une vraie fleur. Il y en a qui doivent la récurer au Miror. — (Annie Ernaux, La femme gelée, 1981, réédition Quarto Gallimard, page 351)
    • Bien sûr, la croix que la maîtresse épingle sur mon tablier et que je porte toute la semaine, il est impossible d’éviter qu’elle la voie et que ne se soulèvent en elle comme des vaguelettes de mécontentement, d’hostilité. — (Nathalie Sarraute, Enfance, Gallimard, 1983, collection Folio, page 215)
  13. (Vieilli) Le côté d’une pièce de monnaie opposé à la face et marqué autrefois d’une croix. On dit plutôt maintenant pile.
  14. Latte croisée que les maçons et couvreurs suspendent au bout d’une corde quand ils font une réparation au haut de la maison.
  15. Morceau de bois portant les têtes de chardon à carder.
  16. (Héraldique) Pièce honorable, réunion du pal et de la fasce.
  17. (Marine) Forme que prennent les deux câbles d’un bâtiment affourché, lorsqu’en évitant il passe par-dessous le câble qui ne travaille pas.
  18. (Transport) Type d'échangeur autoroutier, particulièrement au Luxembourg; l'apparence de l'infrastructure vue de dessus est censée évoquer la forme géométrique (calque littéral de l'all. Kreuz, même sens)[3].

Vocabulaire apparenté par le sens

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  •   croix figure dans le recueil de vocabulaire en français ayant pour thème : art funéraire.

Dérivés

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Apparentés étymologiques

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Proverbes et phrases toutes faites

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Variantes dialectales

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Traductions

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Prononciation

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  • \kʁwa\ (France)
    • France : écouter « croix [kʁwa] »
    • France (Lyon) : écouter « croix [kχwa] »
    • France (Paris) : écouter « croix [kχwa] »
    • France (Paris) : écouter « croix [kʁwa] »
    • France (Paris) : écouter « croix [kʁwa] »
    • France (Paris) : écouter « croix [kχwa] »
    • (Région à préciser) : écouter « croix [kχwa] »
    • France (Paris) : écouter « croix [kχwa] »
  • Canada : \kʁwɑ\
    • Gaspésie : écouter « croix [kʁwɛ] »
  • France (Lyon) : écouter « croix [Prononciation ?] »
  • France (Vosges) : écouter « croix [Prononciation ?] »
  • France (Canet-en-Roussillon) : écouter « croix [kʁwa] »

Homophones

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Voir aussi

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Références

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Étymologie

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Du latin crŭcem, accusatif de crux (« croix »).

Nom commun

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croix \kʁwɛ\~\kʁwe\ (?) féminin

  1. Croix.

Dérivés

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Références

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  • Jean-Baptiste Jouancoux, Études pour servir à un glossaire étymologique du patois picard, volume I, 1880.