Chapitre Iii Les Defauts Dans Les Reseaux Electriques

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Production et transport d’énergie ISET DU KEF

CHAPITRE III : LES DEFAUTS DANS LES RESEAUX


ELECTRIQUES
Objectifs spécifiques
A la fin de ce chapitre, l’étudient sera capable de :
-Travailler en grandeurs relatives
- Calculer les courants de court circuit en régimes déséquilibré
- Comprendre l’utilité des composantes de Fortescue

3.1 Origines et conséquences des défauts

Les installations électriques peuvent être le siège d’un certain nombre d’incidents. Ces
incidents sont dus, dans la plupart des cas, à l’apparition de défauts qui donnent lieu à
l’établissement des courants de court-circuit soit entre conducteurs, soit entre un ou plusieurs
conducteurs et le sol. Pendant le court-circuit, l’admittance de la branche en court circuit
augmente. L’importance de la diminution de l’impédance est fonction de la position du point
de court-circuit dans le réseau. Le problème majeur du court-circuit, c’est qu’il engendre une
augmentation importante du courant dans quelques branches du réseau. Le défaut qui se
présente le plus fréquemment est le défaut unipolaire à la terre causé par la mise accidentelle à
la terre d’un fil de phase du réseau.
Également, il peut se produire un défaut entre phases appelé défaut bipolaire (contact
accidentel entre deux phases) : Le défaut entre deux phases sans contact avec la terre est
appelé défaut entre phases sans liaison à la terre et le défaut entre phases via la terre est appelé
défaut avec liaison à la terre. L’incident le plus rare est le défaut tripolaire dû au court-circuit
entre les trois fils avec ou sans liaison à la terre. C’est le seul défaut qui est symétrique. Les
autres défauts sont des défauts dissymétriques entraînant le déséquilibre des réseaux.

Les défauts peuvent avoir plusieurs conséquences :


1- Destructions provoquées par les arcs qui arrive à détruire les chaînes d’isolations,
fondre le cuivre et le plomb en présence du claquage d’un câble souterrain.

2- Echauffement dû à la présence des courants de court-circuit consécutifs. Ces courants


provoquent des échauffements importants, en particulier dans les câbles souterrains où
les échanges calorifiques avec l’extérieur sont assez limités.
3- Chutes de tension conséquences immédiate des courants de court-circuit qui
provoquent des brusques variations de tension, non seulement sur la ligne court-
circuitée, mais aussi sur les lignes adjacentes.
4- Présence d’efforts électrodynamiques : Si le matériel supporte le passage des courants
de court-circuit très intenses, il sera soumis à des efforts électrodynamiques
importants.

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5- Explosions des disjoncteurs provoquées par l’importante valeur des courants de court-
circuit : Le fort courant peut provoquer l’explosion des disjoncteurs particulièrement si
ces derniers sont anciens et sont placés dans les réseaux moyenne tension et alimentés
par des transformateurs HTA/HTB de puissances élevées.

3.2 But du calcul des courts circuits et les hypothèses simplificatrices

Pour résoudre les problèmes d’exploitation des systèmes électriques, dans la plupart des cas, il
est nécessaire d’établir une série de calculs préalables concernant les courants de court-circuit.
Le calcul consiste à déterminer les valeurs des courants et des tensions du schéma établi en
fonction des conditions données. Ce type de calculs concerne :
 Le choix des conducteurs et des appareillages,
 La comparaison, l’évaluation ainsi que le choix des variantes des schémas de
connexions des installations et des systèmes électriques,
 La détermination des conditions de fonctionnement des récepteurs dans les régimes
variés,
 Le projet et le réglage des installations de protection et d’automatisation.

La détermination des courants de court-circuit dans un système électrique, si on souhaite tenir


compte à la fois de tous les paramètres des conditions de fonctionnement, exige des calculs
forts complexes. Donc, pour alléger les calculs, certaines hypothèses simplificatrices sont
adoptées en fonction du type du problème envisagé.
Par exemple, on admet:
1- L’absence de pompage des machines synchrones : C'est-à-dire on suppose que
pendant un court-circuit, il n’y a pas de rupture de synchronisme des machines,
2- Tous les éléments du réseau sont linéaires,
3-Toutes les charges sont représentées par des inductances constantes,
4- Les capacités réparties des lignes sont négligées sauf pour les lignes assez longues,
5- Tous les éléments du réseau sont symétriques, à l’exception de l’endroit du court-
circuit,
6- Les résistances sont négligées dans le cas où le rapport entre la résistance et la
réactance est inférieur à 1/3. On ne prendra en considération ces résistances que lors de
la détermination de l’affaiblissement de la composante apériodique du courant de
court-circuit,
7- Le courant magnétisant des transformateurs sont négligés.

Pour évaluer les valeurs des courants de court-circuit dans un réseau et selon l’objectif
du calcul, on tient compte des hypothèses qui peuvent être très variées. Par exemple, pour
vérifier un disjoncteur, on évalue le courant de court-circuit maximal : Donc, il faut choisir le
type de court-circuit donnant la valeur maximale du courant. Ce qui fait, pour ce cas, on
détermine le courant au moment de l’enclenchement et du déclenchement du disjoncteur
provoqué par un court-circuit franc juste à sa sortie.

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On note que pour l’étude d’un projet et la vérification de la protection et de son automatisme,
on exige des calculs beaucoup plus précis pour la détermination des courants de court circuit
en tenant compte du schéma du réseau, du point de court-circuit et du moment d’apparition du
défaut.
En tenant compte de la probabilité d’existence des facteurs influents, le choix correct des
hypothèses de calcul donne la possibilité de simplifier les calculs et, en même temps de
trouver des résultats avec une précision acceptable.

3.3.2 Calcul des courants de court circuit dissymétriques : Méthode des composantes
symétriques

3.3.2.1 Considérations générales

Les courants de court circuit prennent naissance lorsqu’un défaut d’isolement apparait entre
un ou plusieurs conducteurs.

Les courts circuits triphasé, bipolaire et monophasé sont des défauts qui présentent des
conséquences dangereuses aussi bien pour les équipements que pour les personnes.
On note que le court circuit triphasé est un court circuit symétrique, peu fréquent et donne des
valeurs de courant plus faible que celui du bipolaire et monophasé.
L’utilisation d’un schéma monophasé équivalent à un réseau triphasé n’est plus
possible dès que les impédances propres ou mutuelles ne sont plus égales en tout point sur les
trois phases ou encore en présence d’un défaut non symétrique : Autrement dit du moment où
les tensions délivrées ne constituent plus un système triphasé équilibré.

L’impossibilité d’utiliser le schéma monophasé équivalent découle du fait que les relations
entre les courants des 3 phases ne sont plus vérifiées

I1+I2+I3 ≠ 0 (3.1)

Néanmoins, le calcul des régimes déséquilibrés reste toujours possible en appliquant


les lois d’Ohm et de Kirchhoff. Cependant, il faudrait écrire toutes les équations relatives à
chacune des trois phases en tenant compte des interactions mutuelles.
Pour faciliter le calcul, la méthode des composantes symétriques appelée encore la méthode
de Fortescue se prête pour résoudre le problème. Il s’agit de remplacer le défaut par une
source de tension triphasée directe correspondant à l’état sain, en série avec trois sources de
tension directe, inverse et homopolaire dont les valeurs dépendent de la nature du défaut. Au
paragraphe suivant, on définira les notions de direct, inverse et homopolaire.

La méthode des composantes symétriques exige d’écrire autant d’équations qu’il y a


de phases. Dans la plupart des problèmes, elle permet une mise en équations et une résolution
bien plus aisées que la méthode générale.

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La théorie des composantes symétriques repose essentiellement sur la propriété suivante des
systèmes polyphasés : Tout système de grandeurs sinusoïdales q- phasés non équilibrées peut
être décomposé en q systèmes q phasés équilibrées.

3.3.2.2 Composantes symétriques d’un système triphasé

Les trois sous systèmes de Fortescue sont le système direct caractérisé par l’indice d, le
système inverse caractérisé par l’indice i et le système homopolaire caractérisé par l’indice o.
En fait, Fortescue part de l’idée que tout système déséquilibré en tensions (courants) est
décomposable en trois sous systèmes équilibrés à savoir le système direct, le système inverse
et le système homopolaire (Figures 3.2, 3.3 et 3.4).

Figure 3.1 : Système déséquilibré.


Figure 3.2 : Système direct.

Figure 3.3 : Système inverse.


Figure 3.4 : Système homopolaire.

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1-Système direct

Le système direct est défini par le système d’équation suivant :

(3.2)

Pour ce système, la tension de la seconde phase présente un retard de phase de 2π/3 par
rapport à la phase 1 et la troisième phase présente une avance de phase de 2π/3 par rapport à
la première phase.
Pour le système direct, on désigne par , le nombre complexe associé à , celui
associé à et celui qui est associé à , où la lettre a désigne un nombre
complexe défini par :

(3.3)

2- Système inverse

Le système inverse est défini par le système d’équation suivant :

(3.4)

Pour le système inverse, on désigne par , le nombre complexe associé à , celui


associé à et celui qui est associé à ,

3- Système homopolaire

Le système homopolaire en tension est caractérisé par trois tensions égales en modules et en
phases.

(3.5)

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Là encore, on note , et les nombres associés au nombre complexe .

La distinction entre les systèmes direct et inverse est évidemment conventionnelle, puisqu’elle
repose uniquement sur l’ordre de numérotation des phases.

L’ordre de numérotation des phases, supposé arbitrairement choisi en un point donné du


réseau, se conserve obligatoirement pour tout le réseau en régime triphasé équilibré. En
particulier, les forces électromotrices font obligatoirement toutes parties du même système
qu’on choisit ici conventionnellement pour être le système direct. Pour cette raison, pour un
réseau triphasé équilibré, ces forces électromotrices inverses et homopolaires sont strictement
nulles.

3.3.2.3 Décomposition d’un système de trois grandeurs sinusoïdales en ses composantes


symétriques

Si on considère un système de trois grandeurs sinusoïdales de même pulsation, mais


d’amplitude et de phase quelconques, caractérisées par les nombres complexes , , , ce
système peut toujours être décomposé de façon unique en 3 sous systèmes de 3 nombres
complexes : Le premier sous système étant direct, le second inverse et le troisième
homopolaire. Ce qui signifie que l’on pourra écrire :

(3.6)

L’ensemble des 3 quantités forme un système direct ayant pour composantes : , ,


un système inverse composé de , , et un système homopolaire défini par
.
Avec :

(3.7)

Ainsi, le système (3.6) apparaît comme une transformation linéaire définissant 3 nombres
complexes , , à partir de nombres complexes , ,

(3.8)

Les relations entre les grandeurs réelles et celles de Fortescue sont :

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(3.9)

La transformation qu’on vient de développer est appelée Transformation de Fortescue. La


matrice de transformation est notée [F] .

(3.10)

Avec :

Le déterminant de la matrice de Fortescue est différent de zéro : Donc, la matrice est non
singulière et en conséquence sa matrice inverse existe. Cette propriété permet d’établir les
relations suivantes :

(3.11)

Et

(3.12)

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