Ces dernières années, et malgré la croissance continue de la production, des signes encourageants montrent que le secteur agricole est capable, dans les pays de l’OCDE, de mieux faire face aux défis environnementaux auxquels il est confronté, lorsque des politiques appropriées sont mises en place. Dans de nombreux pays de l’OCDE, les agriculteurs ont modifié leur gestion des éléments nutritifs des sols, des pesticides, de l’énergie et de l’eau, en utilisant moins d’intrants par unité de surface. Des progrès notables ont également été accomplis dans l’adoption de pratiques plus bénéfiques pour l’environnement, comme le travail de conservation du sol, l’amélioration du stockage du fumier ou des apports en nutriments. Cependant, des défis importants subsistent, notamment l’atténuation des impacts sur la biodiversité, les ressources en eau et la santé des sols.
Agriculture et durabilité
Le secteur agricole est confronté au triple défi de fournir une alimentation suffisante et nutritive à une population mondiale croissante, tout en préservant l’environnement et les ressources naturelles pour les générations futures et en maintenant des moyens de subsistance durables dans les zones rurales. Les politiques publiques ont un rôle essentiel à jouer pour relever ces défis, tout en faisant face aux pressions grandissantes exercées par le changement climatique et d’autres facteurs de risque.
Messages clés
Depuis 1990, l’intensité globale en émissions de GES de l’agriculture a diminué dans les pays de l’OCDE, la production agricole ayant augmenté dix fois plus vite que les émissions de GES du secteur. Cela tient principalement aux innovations qui ont permis de produire davantage à partir des mêmes quantités d’intrants agricoles grâce à l’utilisation de meilleures variétés et à une meilleure gestion des engrais. Ceci étant, des efforts considérables restent nécessaires pour réduire efficacement les émissions de GES d’origine agricole. Ceci nécessite des efforts de réduction des émissions des exploitations via des pratiques plus efficientes et de nouvelles technologies, ainsi que des actions pour réduire les émissions indirectes liées aux changements d’affectation des sols en renforçant la protection des espaces naturels et la restauration des écosystèmes, favorisant ainsi la séquestration du carbone dans la biomasse et les sols.
Dans de nombreux pays de l’OCDE, des réformes ont été engagées pour découpler le soutien public aux agriculteurs de la production et encourager des pratiques agricoles plus durables au moyen de programmes mieux ciblés et de contraintes de production. Toutefois, ces réformes font l’objet de débats et ne sont pas mis en place partout. En outre, l’investissement public dans la R-D, qui est essentiel pour mettre au point des pratiques de production plus durables, a diminué dans le cadre du soutien au secteur, passant de 16 % du soutien total au début des années 2000 à 12.5 % en 2020-22.
Les indicateurs agroenvironnementaux de l’OCDE, mis à jour chaque année, permettent le suivi des progrès environnementaux de l’agriculture de tous les pays membres de l’OCDE et de ses partenaires clés. Les données les plus récentes montrent que, malgré certains progrès, d’importants problèmes de durabilité environnementale subsistent. Les excédents d’azote continuent d’augmenter dans plusieurs pays de l’OCDE, tandis que les populations d’oiseaux des milieux agricoles (un indicateur de la biodiversité) sont en baisse et la contribution de l’agriculture à l’utilisation et à la contamination de la ressource en eau reste élevée par rapport à d’autres secteurs. Pour relever ces défis, davantage de coopération est nécessaire entre les agriculteurs, les responsables de l’action publique et les autres acteurs de la chaîne de valeur agroalimentaire.
Contexte
Les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’origine agricole dans la zone OCDE ont augmenté de façon générale au cours des 15 dernières années, mais pas dans tous les pays
Dans l’ensemble de la zone OCDE, les émissions totales de GES d’origine agricole ont augmenté de 3.8 % au cours des 15 dernières années, passant de 1.45 milliard de tonnes en 2004-2006 à 1.51 milliard de tonnes en 2018-20. Cela étant, les progrès sont inégaux d’un pays à l’autre : sur les 38 pays de l’OCDE, 17 ont réussi à réduire les émissions du secteur, principalement grâce à des améliorations de l’efficacité nutritionnelle. Le méthane provenant de l’élevage et de la riziculture continue de représenter environ la moitié de toutes les émissions de GES du secteur ; l’autre moitié a pris la forme d’oxydes nitreux provenant principalement de l’application d’engrais organiques et inorganiques.
Les gains de productivité ont permis à la production d’augmenter plus rapidement que les émissions de GES, réduisant de ce fait l’intensité d’émissions du secteur
Au cours des trente dernières années, la production agricole a cru en moyenne à un taux de 1% par an au sein de l’OCDE. Ceci est dix fois supérieur au taux de croissance des émissions de GES, ce qui illustre le rôle important des gains de productivité. Les changements structurels du secteur, ainsi que le développement et l’adoption de nouvelles technologies et pratiques ont permis ce découplage partiel de la production par rapport aux émissions. Cependant, les gains de productivité n’ont pas bénéficié de la même façon à toutes les dimensions environnementales au cours de cette période, car les prélèvements en eau se sont accrus et des pertes de biodiversité ont été observées.