Parc national des Virunga
Facteurs affectant le bien en 2002*
- Activités illégales
- Eruption volcanique
- Exploitation minière
- Identité, cohésion sociale, modifications de la population locale / des communautés
- Modification du régime des sols
- Pêche/collecte de ressources aquatiques
- Ressources financières
- Troubles civils
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
- Incertitudes politiques,
- Nouveaux groupes de populations se sont établis dans le Parc,
- Recherches d'or,
- Pâturage de bétail,
- Destruction de la végétation,
- Braconnage,
- Incursions agricoles,
- Surexploitation des populations de poissons,
- Manque de ressources financières
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2002
Montant total approuvé : 238 560 dollars E.U.
2000 | Emergency assistance to World Natural Heritage of the ... (Approuvé) | 26 400 dollars E.U. |
1999 | Support to Resident Staff of Garamba, Virunga, Kahuzi ... (Approuvé) | 35 000 dollars E.U. |
1994 | Financial contribution for the protection of ... (Approuvé) | 25 000 dollars E.U. |
1993 | Financial contribution for the purchase of equipment ... (Approuvé) | 20 000 dollars E.U. |
1992 | Review of the state of conservation of World Heritage ... (Approuvé) | 3 750 dollars E.U. |
1991 | Purchase of a motor boat and of spare parts for motor ... (Approuvé) | 40 000 dollars E.U. |
1990 | Training of 2 specialists each from Salonga and Virunga ... (Approuvé) | 4 750 dollars E.U. |
1988 | Equipment to improve protective measures in Virunga ... (Approuvé) | 40 000 dollars E.U. |
1980 | Assistance for Virunga National Park (equipment and ... (Approuvé) | 43 660 dollars E.U. |
Missions sur le bien jusqu'en 2002**
avril 1996: mission Centre du patrimoine mondial / UICN / WWF; novembre-décembre 2001: mission du Centre du patrimoine mondial
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2002
Une mission devant être menée par le Directeur général de l’UNESCO en RDC et dans les pays voisins du Rwanda et de l’Ouganda, avait été prévue fin mars 2002, mais elle a dû être reportée pour des raisons de force majeure. Le Cabinet du Directeur général a, cependant, réitéré sa détermination à réinscrire cette mission au début de 2003 afin de solliciter l’appui des chefs d’Etat et des hautes autorités des trois pays pour qu’ils respectent leurs obligations au titre de la Convention et renforcent la conservation des sites du patrimoine mondial, en particulier ceux qui sont dans l’est de la RDC.
Le dialogue inter-congolais entamé en février 2002 a permis d’améliorer considérablement les relations entre Kinshasa et les autorités rebelles qui contrôlent la majeure partie du nord-est de la RDC, ce qui pourrait avoir à brève échéance un effet bénéfique sur l’état de conservation du Parc national de la Garamba et la Réserve de faune à okapis. Toutefois, le dialogue inter-congolais n’est pas parvenu à apaiser les tensions et les différends entre le Gouvernement de Kinshasa et le régime rebelle basé à Goma qui contrôle les territoires à l’est et au sud-est de la RDC. Cela explique que la situation des Parcs nationaux de Kahuzi Biega et des Virunga, lesdeux sites du patrimoine mondial les plus touchés par la guerre et l’agitation sociale à l’est de la RDC, restent une cause de préoccupation. L’état de conservation du Parc national de la Salonga, pour la grande partiesous l’autorité directe de l’ICCN à Kinshasa, apparaît dans l’ensemble aussi préoccupant en raison du personnel restreint qui doit assurer la protection des 36 000 kilomètres carrés du Parc dont les conditions d’accès sont difficiles. Salonga se situe dans une région qui forme une frontière entre des zones contrôlées par le Gouvernement de Kinshasa et le régime rebelle basé à Goma, ce qui se traduit par une importante concentration de groupes armés qui représentent aussi une menace pour la conservation du site.
Le projet UNESCO/RDC/UNF a organisé avec succès à Kinshasa, du 19 au 23 mars 2002, un atelier de formation sur le contrôle de la biodiversité auquel ont assisté des représentants des cinq sites du patrimoine mondial de la RDC et leurs ONG partenaires ainsi que d’autres agents de l’ICCN. La Wildlife Conservation Society (WCS) et l’Unité de coordination du projet UNESCO/RDC/UNF étaient conjointement chargées d’organiser cet atelier de formation. La participation des personnels du site et de l’ICCN de toute la RDC à cet atelier est l’un des quelques exemples de coopération inter-congolaise entre des civils et des professionnels de RDC et leurs partenaires internationaux en faveur de la conservation du patrimoine mondial. Un rapport de l’atelier sera soumis avant la fin de 2002.
La mise en œuvre des activités du projet UNESCO/RDC/UNF à Kahuzi Biega a été retardée en raison des dissensions issues de la décision des nouvelles autorités de l’ICCN à Goma de transférer le Directeur du Parc et de le remplacer par un autre cadre de l’ICCN. La GTZ (Allemagne), partenaire du projet UNESCO/RDC/UNF, s’est déclarée mécontente de la décision prise sans aucune consultation et de l’impact qu’elle pourrait avoir sur la poursuite des activités du projet. L’Unité de coordination du projet et le Centre ont organisé une réunion entre l’ICCN-Goma et ses homologues de l’ICCN-Kinshasa et de l’ICCN-Beni/Bunia. Cette réunion tenue du 26 au 28 avril 2002 à Nairobi (Kenya) s’est déroulée avec la facilitation d’un expert neutre et de l’Unité de coordination du projet. Des accords ont été conclus pour éviter que se reproduisent de tels conflits. Le Centre étudie actuellement les recommandations de la réunion pour les communiquer aux autorités du projet de la GTZ et aux autres partenaires en vue de s’assurer de leur soutien et de leur collaboration à la conservation du Parc national de Kahuzi Biega.
Le 17 janvier 2001, le Nyirangongo, un volcan de 3 469 mètres situé dans le Parc national des Virunga, a eu une éruption provenant d’une fissure latérale. Le Nyirangongo forme avec le Nyamulagira, un volcan actif à l’extrémité occidentale du massif des Virunga, une chaîne de huit volcans à l’extrême sud-est de ce site du patrimoine mondial. Trois coulées de lave se sont répandues jusqu’à Goma, à 19 kilomètres au sud, détruisant sur leur passage 40 % de la ville et au moins quatorze villages avant de s’enfoncer dans le lac Kivu. L’éruption a fait au moins quarante morts et cinquante autres personnes ont été tuées quelques jours après dans l’explosion d’une station-service dont les citernes ont été enflammées par la lave chaude. Quelque 500 000 personnes qui avaient fui la région pour regagner le Rwanda voisin, sont rentrées après plusieurs jours.
Un centre de documentation sur la conservation des gorilles a été détruit à Goma, et des membres du personnel et des gardes forestiers sont sans abri. Des rapports signalent que les gorilles du Parc n’ont pas été directement touchés par l’éruption volcanique, car une large vallée sépare le Nyiragongo du groupe de gorilles le plus proche qui vit sur les hauteurs du mont Mikeno. Selon ces mêmes rapports, des chimpanzés et autres animaux sauvages qui peuplent les forêts aux alentours du Nyiragongo pourraient été décimés et l’éruption pourrait avoir un impact à tous les niveaux de l’écosystème montagneux. Un rapport du coordonnateur du projet UNESCO/RDC/UNF signalait un risque d’émanations de gaz toxiques et la destruction du poste de Kibati.
En avril 2002 l’UICN a été informée par la direction du Parc que la redéfinition des limites du site avait commencé, en collaboration avec des responsables politiques et communautaires. Une mission a été effectuée au Parc national des Virunga le 22 mars 2002, avec des représentants du service de l’environnement, des fonctionnaires du gouvernement provincial et de l’administration foncière, des responsables du PEVI Kacheche (Programme éducatif des Virunga), la police, le Directeur provincial de l’ICCN, ainsi que des gardes du Parc en activité et en retraite. Son objectif était de clarifier et de délimiter clairement le périmètre du Parc dans les zones envahies notamment par des cultures. Certaines parties du site sont touchées en particulier par les cultures, la déforestation, la construction de logements et l’afflux d’immigrés ougandais et rwandais avec leur bétail. Ces problèmes sont dus à la forte densité de population aux abords du Parc, à la pauvreté et au chômage croissants, à la conjoncture socio-politique, à la pénurie de moyens logistiques et au manque d’application de la loi pour sanctionner les empiètements illicites. Le secteur Nord du Parc n’a pas pu bénéficier de projets internationaux autres que ceux que soutient la DFGF/Europe pour les travaux de recherche sur les gorilles, et la zone a subi une dégradation de l’environnement. La province du Nord Kivu au nord du Parc est restée inaccessible durant la mission en raison de l’insécurité ambiante et le personnel du Parc n’est pas en mesure de contrôle la rive occidentale du lac Edouard. Un nouveau directeur a été nommé dans le secteur de Beni et le travail de délimitation du parc a commencé malgré l’opposition de certains groupes. Le gouvernement provincial dans cette zone se montre également plus sensible aux problèmes du Parc que dans la région de Goma.
La mission a connu un certain succès en montrant, en particulier, à travers l’implication d’autres autorités, que la protection des ressources du Parc est non seulement l’affaire de l’ICCN, mais aussi de tous les Congolais. Depuis lors, il semble qu’il y ait une diminution des empiètements et des impacts qui y sont associés. Cependant, la population continue d’avoir une attitude négative et manifeste une forte opposition aux autorités du Parc. Le rapport de la mission recommande que l’ICCN renforce ses moyens de communication avec la population locale en tout punissant sévèrement les infractions à la législation du Parc, que les gardes disposent de moyens de communication et d’équipement nécessaires pour avoir une plus grande liberté de mouvement autour du Parc et qu’un rapport officiel soit envoyé aux autorités suprêmes en demandant instamment le retrait des immigrés ougandais et rwandais, en particulier de Kiolirwe (au sud) et Karuruma (au nord).
La nécessité des activités de soutien communautaire en faveur de la conservation des sites du patrimoine mondial est largement admise et est au cœur du projet UNESCO/Gouvernement belge dont la mise en œuvre a commencé à la fin de 2001. Le premier atelier prévu dans le cadre de ce projet afin de définir et de mettre au point les activités spécifiques à l’intérieur et autour des cinq sites, devait se tenir en février 2002 à Beni, mais il a dû être reporté suite aux perturbations des activités quotidiennes à l’intérieur et autour des Virunga après l’éruption volcanique de janvier 2002. Cet atelier qui est maintenant prévu du 25 au 30 juillet 2002 devrait faciliter l’amélioration des relations entre le personnel et la communauté dans et autour des sites du patrimoine mondial de la RDC, y compris dans le Parc national des Virunga.
Résumé des interventions
Décisions adoptées par le Comité en 2002
26 COM 21A.2
Sites du patrimoine mondial de la République démocratique du Congo (RDC)
Le Comité du patrimoine mondial,1. Regrette l'étendue des dégâts causés par l'éruption volcanique de janvier 2002 et demande au Directeur général de transmettre ses condoléances aux habitants de Goma et de manifester sa solidarité avec eux par l'intermédiaire des autorités compétentes des Nations Unies et autres voies ;
2. Demande au Directeur général de consulter les autorités des Nations Unies et les autres partenaires compétents pour mettre en place des systèmes d'évaluation des risques et de prévention des catastrophes naturelles afin d'épargner des vies humaines et de minimiser les dégâts matériels dans le cas de futures éruptions volcaniques ;
3. Note les efforts du projet UNESCO/RDC/Fonds des Nations Unies (UNF) pour étayer la conservation des cinq sites du patrimoine mondial de la RDC et demande qu'un un rapport d'avancement détaillé soit présenté pour examen par le Comité à sa 27e session du Comité en juin/juillet 2003 ;
4. Prend note du fait que l'état de conservation des Parcs nationaux de la Garamba, de Kahuzi Biega, de la Salonga et de la Réserve de faune à okapis demeure inchangé au regard des conditions relevées à la 25e session du Comité ;
5. Se déclare vivement préoccupé par les empiètements et les établissements illégaux à Kiolirwe et Kararuma dans le Parc des Virunga, dont certains sont attribués aux populations venues du Rwanda, et demande au Centre de trouver d'urgence les voies et moyens d'alerter les autorités de Goma et du Rwanda de la nécessité de respecter pleinement l'intégrité du Parc national des Virunga ;
6. Lance un appel pour que des initiatives diplomatiques soient prises de toute urgence à un haut niveau pour contrôler les empiètements et les établissements illégaux qui menacent le Parc national des Virunga et veiller à ce que toutes les autorités de l'est de la RDC et du Rwanda respectent la valeur internationale et la neutralité des sites du patrimoine mondial et aident les personnels des sites et autres responsables de la conservation à bien protéger ces sites ;
7. Se félicite de la prochaine visite du Directeur général en RDC, au Rwanda et en Ouganda au début de 2003 et lui demande de prendre toutes les mesures possibles en vue de promouvoir la coopération transfrontalière entre la RDC, le Rwanda et l'Ouganda pour la conservation des sites du patrimoine mondial de la Région des grands lacs d'Afrique ;
8. Recommande au Centre d'axer ses efforts sur le renforcement de la protection dans les zones situées à l'intérieur et autour des sites du patrimoine mondial de la RDC où la situation revient à la normale à mesure que s'affirment les efforts des Nations Unies en faveur de la construction de la paix à l'intérieur du pays ;
9. Invite son Président et le Directeur général à prendre toutes les autres mesures diplomatiques possibles, à savoir écrire au Secrétaire général des Nations Unies, aux chefs d'Etat et aux personnalités importantes des autres États parties concernés, etc., pour instaurer une solidarité internationale afin de promouvoir la paix et les autres conditions nécessaires à la bonne conservation du patrimoine mondial dans l'est de la RDC ;
10. Maintient les cinq Parcs nationaux des Virunga, de la Garamba, de Kahuzi Biega, de la Salonga et la Réserve de faune à okapis sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Le Comité pourrait souhaiter adopter le texte suivant :
« Le Comité note avec regret l’étendue des dégâts provoqués par l’éruption volcanique, en particulier à la population de Goma, et demande au Centre de transmettre ses condoléances et sa solidarité avec les habitants de Goma par l’intermédiaire des autorités compétentes des Nations Unies résidant à Goma. La présence de volcans actifs fait partie des valeurs universelles exceptionnelles du site du patrimoine mondial et de nouvelles éruptions risquent de se reproduire. Le Centre et l’UICN pourraient consulter les autorités des Nations Unies en RDC et les partenaires compétents pour mettre en place des systèmes d’évaluation des risques et de prévention des catastrophes naturelles afin de minimiser les dégâts matériels et épargner des vies humaines lors de futures éruptions volcaniques. Le Comité se félicite des efforts accomplis dans un premier temps pour clarifier et marquer les limites du Parc des Virunga en vue d’améliorer sa conservation en évitant les empiètements et autres impacts annexes. Le Comité note les autres efforts du projet UNESCO/RDC/UNF pour continuer d’étayer la conservation des cinq sites du patrimoine mondial de la RDC et demande qu’un rapport détaillé sur les progrès accomplis soit soumis à la vingt-septième session du Comité en juin 2003. Il demande au Centre de prendre contact avec les autorités compétentes pour trouver les voies et moyens de résoudre les questions d’empiètement transfrontalier à Kiolirwe et Karuruma dans le Parc des Virunga. Le Comité se félicite de la possibilité d’envoyer une mission dirigée par le Directeur général de l’UNESCO au début de 2003 et demande que cette mission insiste en particulier sur la promotion de la coopération transfrontalière entre la RDC, le Rwanda et l’Ouganda pour la conservation des sites du patrimoine mondial de la Région des grands lacs d’Afrique. Le Comité décide de maintenir les cinq sites de la RDC sur la Liste du patrimoine mondial en péril. »
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.