Faites une recherche à travers les informations du Centre du patrimoine mondial.

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Parc national des Virunga

République démocratique du Congo
Facteurs affectant le bien en 2000*
  • Activités illégales
  • Exploitation minière
  • Identité, cohésion sociale, modifications de la population locale / des communautés
  • Modification du régime des sols
  • Pêche/collecte de ressources aquatiques
  • Ressources financières
  • Troubles civils
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
  • Incertitudes politiques,
  • Nouveaux groupes de populations se sont établis dans le Parc,
  • Recherches d'or,
  • Pâturage de bétail,
  • Destruction de la végétation,
  • Braconnage,
  • Incursions agricoles,
  • Surexploitation des populations de poissons,
  • Manque de ressources financières 
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2000
Demandes approuvées : 9 (de 1980-2000)
Montant total approuvé : 238 560 dollars E.U.
2000 Emergency assistance to World Natural Heritage of the ... (Approuvé)   26 400 dollars E.U.
1999 Support to Resident Staff of Garamba, Virunga, Kahuzi ... (Approuvé)   35 000 dollars E.U.
1994 Financial contribution for the protection of ... (Approuvé)   25 000 dollars E.U.
1993 Financial contribution for the purchase of equipment ... (Approuvé)   20 000 dollars E.U.
1992 Review of the state of conservation of World Heritage ... (Approuvé)   3 750 dollars E.U.
1991 Purchase of a motor boat and of spare parts for motor ... (Approuvé)   40 000 dollars E.U.
1990 Training of 2 specialists each from Salonga and Virunga ... (Approuvé)   4 750 dollars E.U.
1988 Equipment to improve protective measures in Virunga ... (Approuvé)   40 000 dollars E.U.
1980 Assistance for Virunga National Park (equipment and ... (Approuvé)   43 660 dollars E.U.
Information présentée au Bureau du Comité du patrimoine mondial en 2000

Résumé des précédents débats :
Vingt-troisième session du Comité – paragraphe X.4 et X.21
Vingt-troisième session ordinaire du Bureau – paragraphe IV.3 et IV.30

Nouvelles informations : Selon la demande du Comité à sa dernière session au Maroc (novembre-décembre 1999), le Directeur général de l'UNESCO a écrit aux Chefs d'Etats de la RDC et des Etats voisins impliqués dans la guerre qui sévit dans l'Est de la RDC – soit le Rwanda, le Soudan et l'Ouganda. Il a attiré leur attention sur la nécessité de respecter la législation internationale protégeant les cinq sites du patrimoine mondial de RDC et a sollicité leur appui pour créer un environnement permettant au personnel résidant sur les sites de protéger efficacement ces sites. Dans ses lettres aux Chefs d'Etats mentionnés plus haut, le Directeur général les a informés du projet financé par la Fondation des Nations Unies (FNU) en vue de la conservation de la biodiversité des cinq sites du patrimoine mondial de RDC. Ce projet couvrira les salaires et les indemnités du personnel des sites, ainsi que leur équipement essentiel et leurs besoins en matière de formation, entreprendra des activités de suivi afin d'actualiser les connaissances sur l'état de conservation d'espèces essentielles sur les cinq sites et épaulera des activités de la communauté locale en faveur de la conservation des sites du patrimoine mondial. Par ailleurs, le Directeur général a écrit au Secrétaire général des Nations Unies et aux Ambassadeurs basés à Paris de tous les Etats parties à la Convention ; il leur a demandé leur appui afin qu'ils influencent les dirigeants de la RDC et des Etats voisins pour qu'ils assurent la sécurité du milieu de travail du personnel des sites et renforcent la conservation des cinq sites du patrimoine mondial.

Conformément à une autre recommandation faite par la vingt-troisième session du Comité au Maroc (novembre-décembre 1999), le Président a approuvé l'octroi d'une somme de 48.000 dollars comme assistance d'urgence pour financer les mesures suivantes : (a) organisation d'une mission intermédiaire en RDC et dans les Etats voisins ; et (b) fourniture d'une pension de retraite au personnel obligé de cesser ses services dans les secteurs du centre et du nord du Parc national des Virunga. La mission intermédiaire, qui revient à 27.000 dollars, doit commencer son travail au début de mai 2000. Elle devrait visiter certaines parties de l'Est de la RDC, ainsi que les capitales du Rwanda et de l'Ouganda au cours du mois ont elle dispose. L'équipe de deux personnes de la mission – le directeur du WWF-Belgique et le spécialiste de la conservation du WCS, des Etats-Unis – a été choisie par le Centre et la Division des sciences écologiques de l'UNESCO, en totale concertation avec l'ICCN (Institut congolais de la conservation de la nature) et ses partenaires, dont les représentants du personnel des sites. La mission va rencontrer des décideurs et des dirigeants et leur demander leur appui pour permettre au personnel des sites de poursuivre leur travail de conservation effective des cinq sites et pour faciliter la bonne exécution du projet financé par l'UNF. De plus, la mission rassemblera des informations et établira les contacts nécessaires pour la planification et l'organisation d'une mission diplomatique de haut niveau, dans le cadre de la mise en œuvre du projet financé par l'UNF. Le Comité avait déjà demandé, à sa vingt et unième session tenu à Naples, Italie (1997), que le Directeur général de l'UNESCO envoie une mission de haut niveau en RDC pour traiter les menaces auxquelles sont confrontés les sites du patrimoine mondial en péril.

Le solde de 21.000 dollars sur les 48.000 dollars approuvés par le Président au titre de l'assistance d'urgence, sera utilisé pour payer les 70 membres du personnel – à raison de 300 dollars par personne – qui doivent quitter leur emploi dans les secteurs du centre et du nord du Parc national des Virunga. Des pensions de retraite similaires destinées au personnel du secteur sud du Parc national des Virunga et des quatre autres sites seront assurées par des partenaires de l'ICCN – soit la GTZ-Allemagne, le WWF, l'IRF, le WCS et le GIC. Ces partenaires ont payé des indemnités au personnel pendant les 3 à 4 années durant lesquelles l'ICCN n'a pu faire face en raison de la détérioration de la situation économique du pays. La subvention de 2.895.912 dollars de l'UNF sera utilisée partiellement pour couvrir les salaires du personnel des sites pour les 4 ans à venir et tous les partenaires de l'ICCN vont économiser des sommes considérables. Ces économies seront utilisées par les partenaires pour régler le problème des indemnités de retraite au personnel qui aurait dû quitter son travail depuis longtemps. Cette mesure va ouvrir de nouvelles perspectives d'emploi pour des jeunes des régions autour des cinq sites ; cela va également augmenter les chances de réintégration du personnel retraité dans les communautés locales et maintenir l'appui apporté à la conservation des cinq sites.

Le document final du projet financé par l'UNF doit être signé par le gouvernement de la RDC, l'UNESCO et l'UNFIP (Fonds des Nations Unies pour les partenariats internationaux) en mai 2000. Le Centre a établi des liens avec des unités des Nations Unies à New York pour des opérations humanitaires et de maintien de la paix. Lors de la mise en œuvre du projet financé par l'UNF, la coopération entre toutes les unités des Nations Unies en RDC et en Afrique travaillant à l'établissement de la paix et à la réconciliation dans l'Est de la RDC, ainsi qu'avec l'ICCN et ses partenaires sera encouragée et facilitée. Une réunion de l'ICCN et de ses partenaires, dont des représentants des cinq sites du patrimoine mondial, doit se réunir à Nairobi, Kenya, au début de juin 2000 pour commencer la mise en œuvre sur le terrain du projet financé par l'UNF. Le Centre et la Division des sciences écologiques enverront des représentants à cette réunion. Le Centre a incité les organisateurs de la réunion à y inviter des représentants basés à Nairobi et en RDC des unités des Nations Unies pour le maintien de la paix et les opérations humanitaires. Le résultat de la réunion sera communiqué lors de la session du Bureau.

La fourniture d'un soutien direct contribue à rétablir le moral du personnel du Parc national de la Garamba où l'on a pu contrôler les effets d'une augmentation des patrouilles et de la surveillance. Les 30. 000 dollars approuvés par la vingt-troisième session ordinaire du Bureau en juillet 1999 pour payer des indemnités de motivation au personnel du Parc national de la Garamba ont partiellement contribué aux 8.788 journées de garde et 796 journées de patrouille effectuées par le personnel en 1999. Cela a abouti à 51 contacts avec des braconniers et à la saisie de neuf armes automatiques, 226 cartouches, 4 grenades et de nombreux autres objets détenus illégalement. L'UICN a signalé que les contacts entre le personnel de surveillance et les groupes armés à la Garamba ont régulièrement diminué depuis le dernier trimestre 1998. Un recensement aérien du rhinocéros blanc du Nord – que l'on ne trouve que sur ce site – a été effectué par l'IRF (International Rhino Foundation) entre le 14 et le 21 avril avril 2000 ; les résultats montrent qu'il reste au moins 24 rhinocéros dans le secteur et que le Parc pourrait en compter jusqu'à 31. Ces chiffres sont assez comparables à ceux de la population de rhinocéros avant la guerre (35 individus). Le recensement aérien a également comptabilisé 7 petits rhinocéros. Les perspectives du maintien de la survivance du rhinocéros semblent donc encourageantes pour le moment, malgré la guerre dans cette région.

Bien qu'il y ait des signes d'amélioration du moral du personnel, celui-ci ne peut toujours pas accéder à toutes les parties des cinq sites car des factions en conflit et armées occupent certains secteurs de la plupart des sites. C'est dans le Parc national de Kahuzi-Biega que la situation semble la plus grave : le personnel ne semble en effet n'avoir accès qu'à environ 5% de la superficie totale du Parc. On a pu trouver 70 gorilles et des traces de 15 éléphants dans les parties accessibles. En 1996, les données du recensement signalaient la présence de 258 gorilles et de 350 éléphants dans l'ensemble du Parc de Kahuzi-Biega. Des rumeurs très répandues laissent craindre que les populations d'éléphants du Parc n'aient été largement décimées par les braconniers et que la diminution du nombre d'éléphants n'ait des conséquences écologiques indirectes pour les gorilles. On estime en effet que ce sont les éléphants qui font des trouées dans les forêts et les zones de croissance secondaire et ces secteurs sont les habitats de nourrissage préférés des gorilles. Les éléphants joueraient aussi un rôle dans la germination de certaines espèces de plantes dont se nourrissent les gorilles. Le projet ICCN-PARCID en cours dans le Parc national de Kahuzi-Biega publie régulièrement un bulletin qui, entre autres, sensibilise les dirigeants et le public à la nécessité de conserver des espèces vedettes comme le gorille et l'éléphant au Kahuzi-Biega. Ce projet tient également à jour une liste d'envoi électronique pour diffuser des informations précises sur la situation de ces espèces vedettes et sur l'état général de conservation et les besoins du Parc national de Kahuzi-Biega. Ces communications régulières contribuent à susciter l'intérêt des groupes concernés par la préservation de la nature. C'est ainsi que l'Ape Alliance Group lance un appel en faveur de la protection des gorilles du Parc national de Kahuzi-Biega.

Le Parc national de la Salonga, dans le Centre de la RDC, est le seul des cinq sites du pays encore sous l'autorité directe du Bureau de l'ICCN à Kinshasa. Il subit également un braconnage accru, en particulier en ce qui concerne les chimpanzés bonobos endémiques. Un centre de protection des chimpanzés orphelins aide à protéger cet animal. La guerre dans l'Est de la RDC semble avoir perturbé le transit des produits alimentaires essentiels à travers le pays et les populations locales et les factions armées semblent se tourner de plus en plus vers la faune sauvage comme principale source d'apport en protéines. La Salonga a également enregistré une forte augmentation du braconnage des éléphants ; cette tendance est directement due à la fourniture accrue d'armes et de munitions en raison de la guerre dans l'Est de la RDC.

Action requise

Le Bureau pourrait souhaiter étudier les nouvelles informations qui devraient être disponibles lors de sa vingt-quatrième session et prendre les décisions appropriées à cet égard.

Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2000

A sa vingt-quatrième session ordinaire, (26 juin-1er juillet 2000, Paris), le Bureau a étudié un rapport récapitulatif d'une mission intermédiaire en RDC, y compris dans l'est du pays touché par la guerre et dans les capitales du Rwanda et de l'Ouganda voisins, tous deux impliqués dans la guerre qui sévit dans l'Est de la RDC. Ce rapport présentait quatre recommandations spéciales pour action (voir pages 7-8 du document WHC-2000/CONF.204/4). En réponse, le Centre a mis en œuvre les mesures suivantes :

(1) Le Directeur du Centre a écrit au Chef de la MONUC pour lui transmettre officiellement le mémorandum soumis au Chef de la MONUC par l'équipe de la mission UNESCO du patrimoine mondial. Le Bureau du Chef de la MONUC à New York, par lettre en date du 26 septembre 2000, a assuré le Directeur du Centre que dans la limite de son mandat et des ressources disponibles, la MONUC aidera l’UNESCO, l'ICCN et leurs partenaires à préserver les sites du patrimoine mondial de RDC. Une telle assistance pourrait se concrétiser par le transport de personnel et d'équipement et de matériels destinés aux sites. Toutefois, le Chef de la MONUC a observé qu'à long terme, la conservation des cinq sites du patrimoine mondial de RDC dépendra essentiellement de l'avancement réalisé dans la mise en œuvre de l'accord de cessez-le-feu de Lusaka et d'autres résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité concernant la RDC ;

(2) Le Centre a recruté un consultant pour trois mois à partir du 10 septembre 2000 pour mettre en place une unité de coordination pour l'exécution du projet UNESCO/RDC/UNF-UNFIP à Nairobi, Kenya. Un coordonnateur du projet doit être recruté avant la fin de 2000. Sur la base des recommandations de l'ICCN à Kinshasa et d'autres partenaires du projet – soit le WWF, l'IRF, la GTZ-Allemagne, le GIC et la WCS, le Chef du Parc national de la Garamba, qui travaille actuellement avec le WWF-Nairobi, servira "d'homologue de l'ICCN" au sein de l'unité de coordination. Le contrat avec "l'homologue de l'ICCN" est en cours de finalisation et les services assurés à l'unité de coordination du projet débuteront en octobre 2000.

(3) Le Centre négocie actuellement la tenue d'une réunion de personnel technique représentant les trois régimes différents de gouvernance sur le territoire de la RDC ; cette réunion est prévue du 30 octobre au 1er novembre à Nairobi, Kenya. Le consultant et "l'homologue de l'ICCN" mentionnés aux points (1) et (2) ci-dessus et le responsable de l'équipe de deux personnes qui a entrepris la mission en RDC, au Rwanda et en Ouganda du 8 mai au 11 juin, faciliteront l'organisation et la tenue de la réunion ; et

(4) La composition possible et la date de la mission de haut niveau qui doit se rendre en RDC, au Rwanda et en Ouganda seront sans doute discutés au cours d'un déjeuner-débat prévu le 28 septembre 2000 entre le Directeur général de l’UNESCO et le Directeur exécutif du PNUE. Les participants à la réunion ont été informés qu'il serait intéressant que des responsables de l’UNESCO et du PNUE dirigeant cette mission de haut niveau dans les capitales des trois pays concernés par la guerre dans l'est du Rwanda puissent rencontrer les Chefs d'Etat et autres personnalités importantes et attirer leur attention sur la nécessité de respecter la législation internationale et renforcer la conservation de tous les sites du patrimoine mondial de la région, en particulier ceux de l'Est de la RDC.

 

Selon la suggestion du Délégué du Zimbabwe à la vingt-quatrième session du Bureau, le Centre a jugé prioritaire d'entreprendre les mesures profitant directement aux sites, dans le cadre du projet UNESCO/RDC/UNF-UNFIP. Les contrats avec les partenaires du projet pour le paiement des salaires, les primes de performance et les rations médicales et de nourriture pour le personnel du site sont en cours de finalisation et la mise en œuvre doit commencer en octobre 2000. A cet égard, les retombées pour chaque site pour la première année de l'exécution du projet sont les suivantes :

·         348 personnes des Virunga recevront une somme totale de 175.392 dollars ;

·         236 personnes de la Garamba recevront une somme de 118.944 dollars ;

·         83 personnes de Kahuzi-Biega seront payées une somme totale de 41.832 dollars ;

·         56 persones seront payées une somme totale de 28.224 dollars ; et

·         150 personnes de la Salonga recevront une somme de 75.600 dollars.

 

Ces sommes attribuées aux cinq sites ont été calculées sur la base d'un taux normalisé de 42 dollars/mois/personne, comprenant un salaire de base de 30 dollars par garde et de 26 dollars par manœuvre et des sommes complémentaires de 12 dollars par garde et de 16 dollars par manœuvre pour couvrir les primes de performance et les rations médicales et de nourriture. Les partenaires du projet qui seront responsables du transfert des paiements de l’UNESCO au personnel des sites sont : le Bureau du WWF pour l'Afrique de l'Est à Nairobi, Kenya, pour les Virunga ; le Bureau de l'IRF à Nairobi, Kenya, pour la Garamba ; Gilman International Conservation pour Okapis ; et les projets de la GTZ-Allemagne responsables pour le Kahuzi-Biega et la Salonga. Le projet UNESCO/RDC/UNF-UNFIP a réservé des fonds pour le maintien de tels paiements au personnel des sites pour les trois ans à venir, soit jusqu'en octobre 2004. En même temps, les partenaires du projet continuent  à soutenir le financement de certains postes de personnel qualifié, comme par le passé, sur les différents sites pour lesquels ils ont assumé des responsabilités.

Les 21.000 dollars sur les 48.000 dollars approuvés au titre de l'assistance d'urgence par le Président en avril 2000 – et réservés pour le paiement des retraites de 70 personnes au taux de 300 dollars par membre du personnel du Parc national des Virunga – ont été décentralisés au Bureau de l’UNESCO à Nairobi, Kenya, pour paiement en coopération avec le Bureau du Programme du WWF pour l'Afrique de l'Est à Nairobi.

Le Comité pourrait souhaiter rappeler le fait que l'UNF et l'UNFIP ont approuvé en novembre 1999 une somme de 2.895.912 dollars sur le coût total de 4.180.600 dollars et qu'ils ont engagé le Centre et ses partenaires à réunir les fonds complémentaires auprès d'autres sources. Le Centre, en collaboration avec ses partenaires, y compris l'ICCN de Kinshasa, a élaboré un projet pour aider les communautés locales résidant sur les cinq sites centrafricains du patrimoine mondial en péril et aux alentours. Ce projet sur quatre ans – d'un montant estimé à 500.000 dollars – a attiré l'intérêt du Cabinet du Gouvernement belge de la Coopération pour le Développement. Le Bureau de l’UNESCO pour les ressources extrabudgétaires procède actuellement à la mise au point des négociations. Le Centre et la Division des sciences écologiques de l’UNESCO et les partenaires du projet sont également en contact avec d'autres bailleurs de fonds, comme l'Union européenne, pour réunir les fonds restants et parvenir au coût total estimé de 4.180.600 dollars en vue de mettre en œuvre l'ensemble du projet UNESCO/RDC/UNF-UNFIP.

 

A Kahuzi-Biega, on a organisé des sessions de formation au suivi destinées aux gardes et un cours de recyclage en techniques paramilitaires dans l'objectif d'augmenter la capacité de surveillance des gardes pour parvenir à 10% de la zone du Parc national normalement accessible. Deux postes de surveillance ont été réoccupés par le personnel en mai 2000 mais ont dû être évacués un mois plus tard car ils ont été attaqués deux fois par des bandes armées, ce qui a poussé les gardes à battre en retraite. Les gardes continuent cependant à patrouiller régulièrement dans les zones accessibles. En août-septembre 2000, une équipe constituée de membres du personnel du Parc, d'autorités locales et de représentants de plusieurs services gouvernementaux ont réalisé un travail de marquage des limites du Parc dans le corridor entre les secteurs des hautes terres et des basses terres. L'équipe était escortée d'une cinquantaine de soldats. Le 5 septembre, d'importantes forces rebelles de l'Armée de Libération du Rwanda ont attaqué le camp de l'équipe. Onze personnes ont été tuées et il y a eu de nombreux blessés, dont certains grièvement. Aucun des membres du personnel du Parc ou des bureaux locaux de l'ICCN n'a été gravement blessé. Cinq personnes ont été prises en otages mais ont été ensuite relâchées indemnes. Les rebelles ont cependant emporté l'équipement du groupe qui n'a pu être récupéré.

A la mi-juin 2000, certaines mesures de sécurité ont été mises en place et ont permis à une équipe de commencer un travail d'inventaire dans la partie des hautes terres du Parc pour mieux estimer les nombres de gorilles et d'éléphants qui restaient dans cette zone. Cela va renforcer les capacités du personnel du Parc car la nouvelle équipe de suivi du Parc participe à ce travail. Quand ce travail sera terminé, le projet d'inventaire cédera la plus grande partie de l'équipement utilisé à l'équipe du Parc, pour lui permettre de poursuivre le programme de suivi. L'organisation scientifique et une grande partie du budget de cet inventaire sont assurés par la Wildlife Conservation Society (WCS), le Dian Fossey Gorilla Fund (DFGF) et Born Free. Le projet de la GTZ-Allemagne pour le Kahuzi-Biega a fourni des véhicules, des tentes, des radios et d'autres équipements.

 

Quant à la Salonga, l'UICN a reçu un rapport sur un recensement de 1998 des bonobos et autres grands mammifères. Les données de cette étude signalent des nombres raisonnables à l'époque de bonobos, bongos, cercocèbes noirs et léopards dans la partie nord du Parc. On a également noté la présence de certains éléphants, bien qu'en nombre beaucoup plus réduit. On ne sait cependant pas clairement si les troubles en RDC ont affecté la population de bonobos et autres grands mammifères. Ce facteur et l'importance du Parc pour la préservation des bonobos exigent de nouvelles évaluations détaillées. Le rapport conclut que le braconnage à l'intérieur du Parc augmente en raison des empiétements humains.

 

Dans le cas de la Réserve de faune à okapis comme du Parc national de la Garamba, les partenaires concernés par la protection du site – soit la Wildlife Conservation Society (WCS) à Okapi et l'International Rhino Foundation (IRF) à la Garamba – ont respectivement décelé une augmentation du braconnage des éléphants qui bénéficierait de l'appui de certaines sections des forces armées ougandaises. Le WCS et l'IRF ont tous deux écrit au Ministre ougandais de l'Etat, des Affaires étrangères et de la Coopération régionale pour lui demander d'intervenir pour enquêter sur la question. Ils lui ont instamment demandé que les forces ougandaises n'aident en aucune façon les braconniers qui chassent les éléphants et si possible qu'elles aident et renforcent les responsables locaux qui travaillent à la préservation des sites du patrimoine mondial de l'Est de la RDC. Le WCS et l'IRF ont transmis au Centre des doubles de leur lettre au Ministre ougandais. Le Centre transmettra ces doubles à l'attention du Délégué permanent de l'Ouganda auprès de l’UNESCO pour vérification et action nécessaire.

 

Aux Virunga, la situation est inchangée par rapport à ce qui avait été indiqué à la vingt-quatrième session ordinaire du Bureau en juin/juillet 2000.

 

Le Directeur général de l'ICCN à Kinshasa, par ses lettres des 29 août et 15 septembre 2000, a accusé réception des observations, conclusions et recommandations de la vingt-quatrième session ordinaire du Bureau et il a remercié le Bureau de son appréciation du travail du personnel du site et de l'appui permanent apporté à la conservation des cinq sites.

 

Décisions adoptées par le Comité en 2000
24 BUR IV.A.6
Parc national des Virunga; Parc national de la Garamba; Parc national de Kahuzi-Biega; Parc national de la Salonga; Réserve de faune à okapis (République démocratique du Congo (RDC))

Le Bureau a été informé que selon la demande du Comité à sa dernière session au Maroc (novembre-décembre 1999), le Directeur général de l'UNESCO avait écrit aux Chefs d'Etat de la RDC et des États voisins impliqués dans la guerre qui sévit dans l'Est de la RDC – soit le Rwanda, le Soudan et l'Ouganda. Il a attiré leur attention sur la nécessité de respecter la législation internationale protégeant les cinq sites du patrimoine mondial de RDC et a sollicité leur appui pour créer un environnement permettant au personnel résidant sur les sites de protéger efficacement ces sites. Le ministre de l'Environnement de la RDC avait répondu à cette lettre en affirmant l'engagement de son gouvernement en faveur de la conservation des cinq sites. Le Bureau a été informé que le Délégué permanent du Soudan auprès de l'UNESCO, par lettre du 29 avril 2000, avait informé le Directeur général que son pays n'est pas impliqué dans la guerre qui sévit dans l'Est de la RDC. Les lettres envoyées aux autorités rwandaises et ougandaises n'ont pas encore provoqué de réponse appropriée des autorités concernées.

Dans ses lettres aux Chefs d'Etat mentionnés plus haut, le Directeur général les avait informés du lancement imminent du projet financé par la Fondation des Nations Unies (UNF) en vue de la conservation de la biodiversité des cinq sites du patrimoine mondial de RDC. Ce projet couvrira les salaires et les indemnités du personnel des sites, ainsi que leur équipement essentiel et leurs besoins en matière de formation, entreprendra des activités de suivi afin d'actualiser les connaissances sur l'état de conservation d'espèces essentielles sur les cinq sites et épaulera des activités de la communauté locale en faveur de la conservation des sites du patrimoine mondial. Par ailleurs, le Directeur général avait écrit au Secrétaire général des Nations Unies, au Directeur général de la FAO et aux Ambassadeurs basés à Paris de tous les États parties à la Convention ; il avait demandé leur appui afin qu'ils influencent les dirigeants de la RDC et des États voisins pour qu'ils assurent la sécurité du milieu de travail du personnel des sites et renforcent la conservation des cinq sites du patrimoine mondial. Le Directeur général de la FAO a accusé réception de la lettre du Directeur général de l'UNESCO et a informé l'UNESCO que son organisation étudiait la question de la coopération avec l'UNESCO pour la mise en œuvre du projet de la Fondation des Nations Unies.

Le Bureau a été satisfait de noter que la version finale du document du projet financé par l'UNF pour la conservation de la biodiversité dans les sites du patrimoine mondial de la RDC a été signé par le gouvernement de la RDC, l'UNESCO et l'UNFIP le 5 mai 2000 au cours d'une cérémonie tenue à l'UNESCO à laquelle le Ministre de l'environnement de la RDC a assisté. Par la suite, l'UNFIP a transféré les fonds pour la première année, soit environ 959.000 dollars des États-Unis, à l'UNESCO le 7 juin 2000. Le Bureau a été informé que le Centre et la Division des sciences écologiques de l'UNESCO ont participé à une réunion du groupe de base chargé de coordonner l'exécution de ce projet. Ce groupe est constitué de l'UNESCO, de l'UNF/UNFIP, de l'ICCN et de ses partenaires, ainsi que des représentants des cinq sites. Cette réunion s'est tenue à Naivasha, Kenya, du 6 au 9 juin 2000. Le représentant du Bureau régional centrafricain de l'UICN a également assisté à la réunion. Lors de la réunion du groupe de base, l'UNESCO et les responsables de l'exécution du projet – la GTZ (Allemagne), l'IRF, le GIC, le WWF et le WCS – ont débattu des dispositions administratives et de coordination qui permettront de lancer prochainement et d'exécuter effectivement les activités de la première année de ce projet sur quatre ans. Les activités financées par le projet de l'UNF débuteront en juillet 2000.

Conformément à une autre recommandation faite par la vingt-troisième session du Comité au Maroc (novembre-décembre 1999), le Président avait approuvé en avril 2000 une somme de 48.000 dollars des États-Unis comme assistance d'urgence pour financer les mesures suivantes : (a) organisation d'une mission intermédiaire en RDC et dans les États voisins ; et (b) fourniture d'une pension de retraite au personnel obligé de cesser ses services dans les secteurs du centre et du nord du Parc national des Virunga (21.000 dollars des États-Unis). La mission intermédiaire a été organisée du 8 au 11 mai 2000 et a été effectuée par une équipe de deux personnes composée du Dr Jean-Pierre d'Huart (Belgique) et du Dr Terese B. Hart (États-Unis). Le Bureau a étudié un rapport synthétique de la mission à partir d'une brève présentation faite par le Dr Jean-Pierre d'Huart et du document WHC-2000/CONF.202/INF.14. Il a pris note des conclusions suivantes de la mission :

1.    La situation dans les sites du patrimoine mondial en RDC est, à des degrés divers selon les sites, très alarmante, et la décision du Comité du patrimoine mondial de les inclure sur la Liste des sites en péril est tout à fait justifiée. La situation globale de certains sites (Kahuzi Biega, Garamba) semble lentement s’améliorer, alors que celle d’autres sites (Virunga, Okapi) paraît au contraire se détériorer. Si la paix revient rapidement (dans les 12 mois au plus tard), on peut espérer que le projet UNF contribue de manière significative au redressement de ces sites. Si au contraire la situation de conflit et d’insécurité perdure, l’on peut craindre que les dégradations causées à la diversité biologique des sites, couplées à la situation d’anarchie dans le pays et à l’affaiblissement du personnel ICCN, ne constituent des contraintes tellement fortes qu’elles empêchent le projet d’atteindre ses objectifs.

2.    Bien que les autorités gouvernementales (régulières ou rebelles) attribuent les causes des menaces et la responsabilité des dégâts sur les sites à des groupes différents, le projet UNF semble pouvoir compter sur la compréhension et le soutien de l’ensemble des personnes rencontrées par l'équipe de la mission. Chacune selon ses responsabilités et ses possibilités d’action a promis de répondre positivement aux requêtes spécifiques des actions qui leur seraient faites en vue de contribuer à la protection des sites et au bon déroulement du projet.

3.    De manière similaire, certaines formes d’appui précises ont été suggérées par des agences des Nations Unies – y compris la Mission de l’Organisation des Nations Unies en RDC (MONUC) ou par des agences de coopération bilatérales ou multilatérales. Celles-ci ont vu dans le démarrage d’un nouveau projet UNF/UNESCO sur l’ensemble du territoire congolais, aujourd’hui divisé en régions contrôlées par trois régimes gouvernementaux différents, une initiative pilote innovante dont le montage structurel, administratif et financier peut présenter un modèle permettant d’aboutir à la résolution de certains problèmes que l'on voit dans d'autres programmes des Nations Unies. L’intérêt à rechercher une synergie entre les projets des différentes agences des Nations Unies permet d’envisager un nombre d'actions en collaboration qui requièrent un suivi spécifique.

4.    Ceci implique qu’un suivi rapide des actions spécifiques demandées et des offres de support faites à la mission intermédiaire soit assuré de manière coordonnée. Il faut d'urgence mettre en place une approche concertée permettant une forte coordination pour ce projet qui concerne cinq sites distincts et une multitude de protagonistes différents.

5.    Les autorités en charge des régions voisines des sites du patrimoine mondial ont une très faible connaissance des problèmes de ces sites, de leurs conséquences présentes et futures, et des obligations légales tant nationales qu’internationales de leur gouvernement. Cela semble résulter du peu d’importance accordée par le passé aux contacts formels et informels que les gestionnaires des sites doivent entretenir régulièrement avec les autorités de tous niveaux dans les régions voisines.

6.    Alors que le projet UNF épaule le réseau de cinq sites du patrimoine mondial qui va se mettre en place, l'absence totale de communication et de coordination entre les personnes ayant autorité sur l’ICCN et sur ces sites est extrêmement préoccupante. Les opérations dans ces sites sont actuellement soumises à l’autorité de personnes individuelles dans trois régimes gouvernementaux différents (Salonga : gouvernement de RDC, Kinshasa ; Garamba, Okapi et le secteur nord des Virunga : autorités rebelles situées à Bunia et Beni ; le secteur sud des Virunga et Kahuzi Biega : autorités rebelles situées à Goma et Bukavu). Une meilleure coordination entre certaines personnes-clés serait très profitable aux aires protégées de RDC et à l’ICCN en général, et au projet UNF en particulier. Le cas du Parc national des Virunga est un bon exemple : il est partagé en son milieu par la limite des zones d’influence de deux groupes rebelles. Les deux zones sont également occupées  par deux forces armées étrangères différentes. Les deux secteurs du Parc sont soumis à des modes de gestion et d’exploitation différents et il n'y a pas de communication entre le personnel ICCN du Nord et du Sud, non plus qu’avec leur direction générale à Kinshasa.

7.    L'appui institutionnel du projet de la GTZ (Allemagne) à la direction générale de l’ICCN semble très efficace dans le développement de nouveaux plans, programmes et procédures à partir de Kinshasa. Ce projet devrait accorder une attention particulière à un réexamen du déploiement de son personnel en fonction des problèmes, contraintes et défis auxquels l’ICCN est confronté.

8.    Malgré le grand nombre de personnalités rencontrées par la mission et la quantité de mesures prises, il faudrait confirmer et approfondir certains entretiens de haut niveau afin que la volonté de collaboration exprimée soit concrétisée par des actions sur le terrain. Le suivi de plusieurs requêtes adressées aux gouvernements congolais, ougandais et rwandais justifie dès lors que la mission diplomatique UNESCO de haut niveau soit dépêchée dans les trois capitales aussi rapidement que possible.

Le Bureau a appris que le solde de 21.000 dollars des États-Unis sur les 48.000 dollars des États-Unis approuvés par le Président au titre de l'assistance d'urgence, sera utilisé pour payer les 70 membres du personnel – à raison de 300 dollars des États-Unis par personne – qui doivent quitter leur emploi dans les secteurs du centre et du nord du Parc national des Virunga. Des pensions de retraite similaires destinées au personnel du secteur sud du Parc national des Virunga et des quatre autres sites seront assurées par des partenaires de l'ICCN – soit la GTZ-Allemagne, le WWF, l'IRF, le WCS et le GIC. Ces partenaires ont payé des indemnités au personnel pendant les 3 à 4 années durant lesquelles l'ICCN n'a pu faire face en raison de la détérioration de la situation économique du pays. La subvention de 2.895.912 dollars des États-Unis de l'UNF sera utilisée partiellement pour couvrir les salaires du personnel des sites pour les 4 ans à venir et tous les partenaires de l'ICCN vont ainsi économiser des sommes considérables. Ces économies seront utilisées par les partenaires pour régler le problème des indemnités de retraite au personnel qui aurait dû quitter son travail depuis longtemps. Cette mesure va ouvrir de nouvelles perspectives d'emploi pour des jeunes des régions autour des cinq sites ; cela va également augmenter les chances de réintégration du personnel retraité dans les communautés locales et maintenir l'appui apporté à la conservation des cinq sites. De sérieux efforts de réintégration du personnel retraité dans la vie de la communauté locale sont considérés comme une tâche importante de la gestion, faute de quoi les connaissances et compétences de ce personnel retraité pourrait facilement être utilisé par d'autres groupes opposés aux intérêts de conservation des sites.

Au cours de la réunion du groupe de base du projet UNF tenue à Naivasha, Kenya, du 6 au 9 juin 2000, il s'est avéré que plusieurs autres bailleurs de fonds étaient prêts à étudier la faisabilité d'un appui éventuel au projet de l'UNF. Le Bureau a rappelé les informations communiquées à la dernière session du Comité (Marrakech, 1999) selon lesquelles le coût total du projet sur quatre ans était estimé à 4.180.600 dollars des États-Unis alors que l'UNF assurait une subvention de 2.895.912 dollars des États-Unis. Par conséquent, un appui supplémentaire, actuellement en cours de discussion avec l'Union européenne, le Cabinet belge de coopération pour le développement et la GTZ allemande, pourrait aider à réunir le montant complémentaire de 1.284.666 dollars des États-Unis requis et augmenter considérablement les chances de succès du projet UNF.

La fourniture d'un soutien direct contribue à rétablir le moral du personnel du Parc national de la Garamba où l'on a pu contrôler les effets d'une augmentation des patrouilles et de la surveillance. Les 30.000 dollars des États-Unis approuvés par la vingt-troisième session ordinaire du Bureau en juillet 1999 pour payer des indemnités de motivation au personnel du Parc national de la Garamba ont partiellement contribué aux 8.788 journées de garde et 796 journées de patrouille effectuées par le personnel en 1999. Cela a abouti à 51 contacts avec des braconniers et à la saisie de neuf armes automatiques, 226 cartouches, 4 grenades et de nombreux autres objets détenus illégalement. L'UICN a signalé que les contacts entre le personnel de surveillance et les groupes armés à la Garamba ont régulièrement diminué depuis le dernier trimestre 1998. Un recensement aérien du rhinocéros blanc du Nord – que l'on ne trouve que sur ce site – a été effectué par l'IRF (International Rhino Foundation) entre le 14 et le 21 avril 2000 ; les résultats montrent qu'il reste au moins 24 rhinocéros dans le secteur et que le Parc pourrait en compter jusqu'à 31. Ces chiffres sont assez comparables à ceux de la population de 35 rhinocéros avant la guerre. Le recensement aérien a également comptabilisé 7 petits rhinocéros. Les perspectives du maintien de la survivance de cette sous-espèce unique de rhinocéros semblent donc encourageantes pour le moment, malgré la guerre qui sévit dans cette région.

Bien qu'il y ait des signes évidents d'amélioration du moral du personnel, celui-ci ne peut toujours pas accéder à toutes les parties des cinq sites car des factions armées en conflit occupent certains secteurs de ces sites. Dans le Parc national de Kahuzi-Biega, le personnel n'a accès qu'à environ 5 à 10% de la superficie totale du Parc. On a pu trouver 70 gorilles et des traces de 15 éléphants dans les parties accessibles. En 1996, les données du recensement signalaient la présence de 258 gorilles et de 350 éléphants dans l'ensemble du Parc de Kahuzi-Biega. Des rumeurs très répandues laissent craindre que les populations d'éléphants du Parc n'aient été largement décimées par les braconniers et que la diminution du nombre d'éléphants n'ait des conséquences écologiques indirectes pour les gorilles. On estime en effet que ce sont les éléphants qui font des trouées dans les forêts et les zones de croissance secondaire et ces secteurs sont les habitats de nourrissage préférés des gorilles. Les éléphants joueraient aussi un rôle dans la germination de certaines espèces de plantes dont se nourrissent les gorilles. Le projet ICCN-PARCID en cours dans le Parc national de Kahuzi-Biega publie régulièrement un bulletin qui, entre autres, sensibilise les dirigeants et le public à la nécessité de conserver des espèces vedettes comme le gorille et l'éléphant au Kahuzi-Biega. Ce projet tient également à jour une liste d'envoi électronique pour diffuser des informations précises sur la situation de ces espèces vedettes et sur l'état général de conservation et les besoins du Parc national de Kahuzi-Biega. Ces communications régulières contribuent à susciter l'intérêt des groupes concernés par la préservation de la nature. C'est ainsi que l'Ape Alliance Group lance un appel en faveur de la protection des gorilles du Parc national de Kahuzi-Biega. Par ailleurs, il semble que des communications régulières aient contribué à susciter une pression internationale sur le gouvernement de l'un des pays voisins dont les forces occupent la zone ;  les mouvements de ces forces se sont considérablement réduits dans le Parc bien que des factions rebelles de RDC continuent à occuper le Parc.

Le Bureau s'est montré particulièrement préoccupé des cas de la Réserve de faune à okapis et des Virunga où l'équipe de la mission a estimé que la situation se détériorait plus que dans d'autres sites. La séparation des Virunga en deux secteurs - nord et sud - chacun d'eux étant contrôlé par des groupes rebelles différents sous l'influence d'armées étrangères différentes est une grave sujet de préoccupation.

Le Parc national de la Salonga, dans le Centre de la RDC, est le seul des cinq sites du pays encore sous l'autorité directe du Bureau de l'ICCN à Kinshasa. Il subit également un braconnage accru, en particulier en ce qui concerne les chimpanzés bonobos endémiques. Un centre de protection des chimpanzés orphelins aide à protéger cet animal. La guerre dans l'est de la RDC semble avoir perturbé le transit des produits alimentaires essentiels à travers le pays et les populations locales et les factions armées semblent se tourner de plus en plus vers la faune sauvage comme principale source d'apport en protéines. La Salonga a également enregistré une forte augmentation du braconnage des éléphants ; cette tendance est directement due à la fourniture accrue d'armes et de munitions en raison de la guerre dans l'est de la RDC.

Le Bureau a exprimé sa satisfaction de noter les modestes améliorations de la conservation de la Garamba mais a été très préoccupé des menaces qui continuent à mettre en péril l'intégrité des quatre autres sites. Le Bureau a recommandé que le Centre, l'ICCN et ses partenaires, l'UICN et le personnel des sites fassent tout leur possible pour assurer un démarrage rapide et une exécution effective du projet financé par l'UNF. De plus, à partir des conclusions de l'équipe de deux personnes de la mission, le Bureau a fait les recommandations suivantes :

1.    Il a demandé que le Directeur du Centre passe en revue les requêtes contenues dans le mémorandum remis par la mission intermédiaire au Chef de la MONUC, de prendre les décisions pour leur suivi adéquat, et de désigner un interlocuteur clé pour les contacts entre le projet UNF et la MONUC à Kinshasa.

2.    Il a demandé au Centre de prendre, en coordination avec la Fondation des Nations Unies, toutes les mesures nécessaires pour recruter dès que possible un coordonnateur et s'assurer que le budget prévu pour la coordination des opérations permette d'assurer la qualité des services requise.

3.    Il a demandé au Centre de convoquer dès que possible une réunion entre les trois autorités techniques appropriées représentant les trois régimes gouvernementaux différents pour débattre de la meilleure formule de coordination et de communication à adopter en vue d’atteindre un rendement optimal du travail de l’ICCN. Cette réunion pourrait se tenir à Nairobi, être financée par le Centre dans le cadre du budget du projet UNF, et être facilitée par une personne neutre et acceptable par les trois parties. Les accords résultant d'une telle réunion devraient permettre une coordination de l'exécution des activités en faveur de la conservation des cinq sites.

4.    Il a invité le Directeur général de l'UNESCO à organiser une mission de haut niveau dans les capitales de RDC, d'Ouganda et du Rwanda. Il est suggéré de limiter le programme de la mission de haut niveau à des entrevues avec :

  • des Chefs d’Etat et des membres de leur gouvernement concernés par la mise en œuvre de (ou l’adhésion à) la Convention du patrimoine mondial et la protection des sites du patrimoine mondial en RDC ; un accent particulier devrait être mis  sur le rôle possible et l’impact des forces armées sur la préservation de ces sites ;
  • le Chef de la MONUC, afin de discuter des synergies possible entre les opérations de la MONUC et le déroulement du projet UNF ; et
  • les représentants des autres agences des Nations Unies, afin de réaffirmer la nécessité de coordonner les approches stratégiques de leurs programmes pour renforcer l’impact du projet UNF.

Le Bureau a noté que si la mission de haut niveau pouvait s'assurer la participation des Directeurs généraux de l'UNESCO et du PNUE, elle pourrait avoir une forte influence sur les Chefs d'Etat et autres décideurs rencontrés lors de la visite de la mission de haut niveau.

Le délégué du Zimbabwe a souligné l'importance de la coordination entre le personnel de l'ICCN des différentes régions de RDC et la nécessité de s'assurer que les fonds mis à disposition par l'UNF sont dépensés pour des activités profitant directement aux sites plutôt que pour des activités administratives non directement associées aux sites. Le délégué de l'Australie a approuvé les observations du délégué du Zimbabwe et a souligné que les recommandations du Bureau sur l'état de conservation des sites de RDC devaient être réalistes pour qu'elles puissent avoir des chances d'être mises en œuvre sans grande difficulté.

Le Bureau a recommandé que le Comité maintienne les cinq sites de RDC sur la Liste du patrimoine mondial en péril. Toutefois, il a tenu à féliciter le personnel des sites pour leur engagement et leur travail, conformément à la suggestion de l'UICN. Il a remercié l'UNF de sa généreuse assistance financière et a invité les États parties à engager des actions de coopération bilatérale.

24 COM VIII.6
Sites du patrimoine mondial de la République démocratique du Congo (RDC)

VIII.6 Sites du patrimoine mondial de la République démocratique du Congo (RDC)

Le Comité a pris note des informations détaillées sur l'état de conservation des cinq sites de la RDC : les Parcs nationaux des Virunga, de la Garamba, de Kahuzi-Biega et de la Salonga, ainsi que la Réserve de faune à okapis, qui figurent aux pages 2 à 5 du document WHC- 2000/CONF.204/9. Le Comité a également pris note des nouvelles informations suivantes transmises par le Centre :

(1) En dehors de la MONUC, des contacts ont été établis avec les membres d'un Panel des Nations Unies menant une enquête sur l'exploitation illicite des ressources naturelles en RDC, depuis le Bureau des Nations Unies à Nairobi, Kenya. Des données sur l'état de conservation des cinq sites seront transmises régulièrement au Panel des Nations Unies mentionné ci-dessus pour agir en conséquence ;

(2) Une unité de coordination pour le projet UNESCO/RDC/UNF-UNFIP est opérationnelle à Nairobi, Kenya, depuis le 10 septembre 2000 et bénéficie des services d'un consultant et d'un « homologue de l'ICCN » secondé par l'ICCN à Kinshasa. Le recrutement du coordonnateur du projet qui a été retardé devrait être finalisé avant la fin du premier trimestre 2001 ;

(3) Une réunion du personnel technique représentant les trois différents régimes de gouvernance sur le territoire de la RDC s'est tenue du 8 au 10 novembre à Nairobi, Kenya. Les personnels techniques des trois régimes ont signé un accord officiel de coopération qui facilitera le suivi de l'état de conservation des sites, l'exécution du projet UNESCO/RDC/UNF-UNFIP, l'échange d'informations et de matériels entre les sites, ainsi que l'organisation et la conduite d'activités conjointes auxquelles participeront les personnels des cinq sites. Par ailleurs, les trois autorités ont également convenu de coordonner les mouvements et les options de développement de carrière pour les personnels de l'ICCN, en dépit des obstacles administratifs et politiques qui entravent cette coordination ;

(4) A la suite d'une réunion tenue le 28 septembre 2000, le Directeur général de l'UNESCO et le Directeur exécutif du PNUE se sont déclarés intéressés par la conduite d'une mission de haut niveau dans les capitales (Kinshasa, Kigali et Kampala) des trois pays impliqués dans la guerre qui sévit à l'est du Rwanda, afin de rencontrer les chefs d'Etat et autres hautes personnalités pour attirer leur attention sur la nécessité de respecter la législation internationale et de renforcer la conservation de tous les sites du patrimoine mondial de la région, en particulier ceux de l'Est de la RDC. La possibilité d'organiser cette mission continuera d'être envisagée par le Centre, en coopération avec les partenaires intéressés à l'UNESCO, dans le cadre des activités d'exécution du Projet UNESCO/RDC/UNFUNFIP. Les trois autorités techniques réparties dans les trois différentes régions de la RDC (voir point 3 ci-dessus) se sont engagées à faciliter dans toute la mesure du possible cette mission diplomatique de haut niveau, si elle est formée et lorsqu'elle sera organisée.

L'UICN a relevé l'importance et l'opportunité de l'aide financière octroyée par la Fondation des Nations Unies pour soutenir le travail du personnel des sites et a rendu hommage à sa mobilisation et à son engagement en faveur de la protection des sites.

Le Comité a noté avec satisfaction que le Centre avait conclu des contrats avec les partenaires du projet pour le paiement des salaires, les primes et les rations médicales et alimentaires attribuées aux personnels des cinq sites du patrimoine mondial, et que le transfert des paiements aux personnels des sites était sur le point de commencer. Le projet UNESCO/RDC/UNF-UNFIP prévoit de réserver des fonds pour continuer à effectuer ces versements aux personnels des sites pendant quatre ans, c'est-à-dire jusqu'en octobre 2004. Le Comité a également noté avec satisfaction l'appui du Gouvernement belge en faveur d'un projet axé sur l'aide aux communautés locales résidant sur les cinq sites et aux alentours pour leur permettre de contribuer à leur protection. Il est prévu que le Gouvernement belge verse la somme de 500.000 dollars pour ce projet quadriennal qui devrait commencer au début de 2001.

D'après les informations obtenues des partenaires du Projet UNESCO/RDC/UNF-UNFIP et de plusieurs autres sources, le Centre a informé le Comité que l'état de conservation des Parcs nationaux des Virunga et de la Garamba était relativement satisfaisant. A Okapi, le soutien récent des autorités militaires dans la région a permis au personnel de la Réserve de désarmer des bandes de braconniers et d'améliorer les chances de conservation. Le Parc de la Salonga, bien qu'en dehors de la zone de combat et encore accessible à l'ICCN-Kinshasa, est fortement menacé par le braconnage illicite. La situation à Kahuzi-Biega est la plus préoccupante puisque le personnel n'a pas accès à près de 90 % de la superficie totale du Parc.

Le Comité a demandé au Centre de continuer à développer ses relations et de chercher les meilleurs moyens de travailler en liaison avec la MONUC et les autres instances compétentes, à l'instar du Panel des Nations qui mène une enquête sur l'exploitation illicite des ressources naturelles en RDC, afin de promouvoir les liens entre le maintien de la paix et la conservation du patrimoine mondial en RDC et dans les pays voisins. Le Comité a recommandé que le Centre, en collaboration avec l'ICCN et d'autres partenaires, se charge de la bonne exécution du projet UNESCO/RDC/UNF-UNFIP en mettant l'accent et la priorité sur les éléments du projet qui soutiennent le travail du personnel des sites. Le Comité engage le Centre à travailler avec les unités administratives et d'appui de l'UNESCO pour trouver les voies et moyens d'assurer un transfert rapide et effectif des fonds, par le biais des partenaires du projet, aux bénéficiaires sur place qui tentent de protéger les sites du patrimoine mondial dans une zone à hauts risques. Le Comité s'est félicité de l'intérêt du Gouvernement belge et l'a remercié d'appuyer un projet qui devrait permettre aux communautés locales de travailler avec le personnel des sites à la conservation des cinq sites. Il a vivement engagé l'UNESCO et le Centre à accélérer la finalisation des négociations avec la Belgique pour permettre un transfert rapide de l'assistance aux communautés locales implantées à proximité des cinq sites. Le Comité a décidé de maintenir l'ensemble des cinq sites sur la Liste du patrimoine mondial en péril.

"Le Comité demande au Centre de continuer à développer ses relations et de chercher les meilleurs moyens de travailler en liaison avec la MONUC pour favoriser les liens entre le maintien de la paix et la conservation du patrimoine mondial en RDC et dans les pays voisins. Le Comité recommande que le Centre, en collaboration avec l'ICCN et d'autres partenaires, assure une exécution effective du projet UNESCO/RDC/UNF-UNFIP, en mettant l'accent et la priorité sur les éléments du projet qui soutiennent le travail du personnel du site. Le Comité engage le Centre à travailler avec les unités administratives et d'appui de l’UNESCO pour trouver les moyens d'assurer un transfert rapide et effectif des fonds, par le biais des partenaires du projet, aux bénéficiaires sur place qui tentent de protéger les sites du patrimoine mondial dans une zone à hauts risques. Le Comité se félicite de l'intérêt du Gouvernement belge et le remercie d'appuyer un projet qui devrait permettre aux communautés locales de travailler avec le personnel du site à la conservation des cinq sites. Il engage vivement l’UNESCO et le Centre à accélérer la finalisation des négociations avec la Belgique pour permettre un transfert rapide d'assistance aux communautés locales résidant près des cinq sites. Le Comité décide de maintenir l'ensemble des cinq sites sur la Liste du patrimoine mondial en péril.

Année du rapport : 2000
République démocratique du Congo
Date d'inscription : 1979
Catégorie : Naturel
Critères : (vii)(viii)(x)
Liste en péril (dates) : 1994-présent
Exports

* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).

** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.


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