CDMT 2004 Role Courtier Assurances Maritimes Spaccesi
CDMT 2004 Role Courtier Assurances Maritimes Spaccesi
CDMT 2004 Role Courtier Assurances Maritimes Spaccesi
MEMOIRE
LE RLE DU COURTIER DASSURANCES MARITIMES
Ralis par : Laurent SPACCESI Sous la direction de : Matre Christian SCAPEL Anne : 2003-2004
REMERCIEMENTS A
Matre Christian Scapel, Directeur du CDMT, pour mavoir permis dintgrer le Master de droit maritime et des transports.
Monsieur le commandant Georges Figuire, pour sa gentillesse et la passion des mtiers de la mer quil a su nous faire partager.
Monsieur Jean-Marie Casals pour son accueil amical au sein de la socit de courtage Taffe durant mon stage, sa disponibilit, pour ses conseils et les informations quil ma donns.
Messieurs Olivier et Lionel Taffe pour mavoir ouvert les portes de leur socit, pour leur prsence et leurs conseils. Tous les professeurs et les intervenants pour leurs enseignements au sein du CDMT.
o B.O.C.C.R.F. : Bulletin Officiel de la Concurrence, de la Consommation et de la Rpression des Fraudes ; o Bull. civ. : Bulletin civil ; o B.T. : Bulletin des Transports et de la logistique ; o C.E.E. : Communaut Economique Europenne ; o C.E.S.A.M. : Comit dEtude et de Services des Assureurs Maritimes et transports de France ; o C. ass. : Code des assurances ; o C.civ. : Code civil ; o C. com. : Code de commerce ; o C.E. : Conseil dEtat ; o D. L. : Dcret-Loi ; o D.M.F. : Droit Maritime Franais ; o F.F.C.A. (F.C.A.) : Fdration Franaise des Courtiers dAssurance et de rassurance ; o F.F.S.A. : Fdration Franaise des Socits dAssurance ; o G.A.C.I. : Groupement des Assurs du Commerce et de lIndustrie ; o G.P.T. : Groupement Professionnel et Technique du Courtage dAssurance Maritime et Transport en France ; o J.O.U.E. : Journal Officiel de lUnion Europenne ; o L.G.D.J. : Librairie Gnrale de Droit et de Jurisprudence ; o R.G.D.A. : Revue Gnrale du Droit des Assurances ; o R.G.A.T. : Revue Gnrale des Assurances Terrestres ; o S.F.A.C. : Syndicat Franais des Assureurs Conseils ; o S.N.C.A.R. : Syndicat National des Courtiers dAssurance et de Rassurance ; o T.G.I. : Tribunal de Grande Instance ; o Trib. com. : Tribunal de commerce.
SOMMAIRE
INTRODUCTION PREMIERE PARTIE : DEFINITION DE LA MISSION DU COURTIER DASSURANCES MARITIMES A] LE REGIME GENERAL B] LES OBLIGATIONS DU COURTIER C] LA SOUSCRIPTION DUNE POLICE DASSURANCE D] LA GESTION DU SINISTRE DEUXIEME PARTIE : LA RESPONSABILITE DU COURTIER DASSURANCES MARITIMES A] LETENDUE DE LA RESPONSABILITE DU COURTIER D'ASSURANCES MARITIMES B] LA RESPONSABILITE DU COURTIER MANDATAIRE DE LASSURE C] LA RESPONSABILITE DU COURTIER DU FAIT DE SON OBLIGATION DE CONSEIL D] LA RESPONSABILITE DU COURTIER DANS SES RAPPORTS AVEC LASSUREUR : UN RLE AMBIGU CONCLUSION TABLE DES ANNEXES BIBLIOGRAPHIE TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
Le monde des Transports est dune riche diversit, en perptuelle volution et dune certaine complexit. Il savre essentiel pour la prosprit et la prennit dune socit. En effet, il est parfaitement utile et ncessaire que lon dplace des marchandises afin de les mettre la disposition de toute personne intresse, que lon permette aux individus de se dplacer, au commerce de fonctionner, aux changes de se raliser, la vie de se dvelopper, etc. Aussi, on peut rapidement se rendre compte que pour quun tel rouage tienne et sentretienne, de nombreux protagonistes se doivent dintervenir. A ce titre, un nombre consquent de personnages, intermdiaires pour la plupart, saniment autour des divers modes de transport : terrestre (routier et ferroviaire), arien, fluvial, maritime. Parmi ces intermdiaires, on peut distinguer : les commissionnaires de transport, les transitaires, les manutentionnaires, les armateurs, les affrteurs et les frteurs, les assureurs, les courtiers, Cependant, malgr lexistence de ces nombreux professionnels, il nest pas vident, mme en tant que professionnel nexerant point dans cette branche dactivit, de parvenir dterminer qui sadresser, de savoir qui fait quoi et connatre les diffrents usages de la profession. En consquence, simpose alors le besoin de recourir un intermdiaire qui exerce ses comptences au sein de la "nbuleuse" du Transport.
7 Effectivement, lorsquun producteur de bl dsire vendre, et par l-mme expdier sa marchandise, il va devoir utiliser un ou plusieurs modes de transport pour acheminer son bl de son entrept chez le client. De fait, ntant pas un professionnel des transports, il va sadresser une personne dont cest le mtier, tel un transporteur, voire un commissionnaire de transport. Toutefois, il a le devoir de faire assurer sa marchandise car cette dernire est susceptible de rencontrer lun des alas du transport, notamment lorsquil sagit dun transport par mer, et dtre endommage. Dans cette perspective, il savre alors judicieux de prendre contact avec un courtier dassurance qui se chargera dassurer la marchandise concerne, le transport dsign, aux conditions appropries et au meilleur cot. La richesse mais galement la complexit du Transport, en particulier dans sa phase maritime, rendent plutt dlicate lopration dassurance. Un producteur de bl, comme un fabriquant de matriel informatique, ne dtient pas forcment tous les renseignements ncessaires, il ne dispose pas de suffisamment de temps, et ses comptences ne sont pas toujours satisfaisantes au yeux de lassureur pour pouvoir ngocier sur un pied dgalit le prix et la valeur de lassurance. En outre, il ne connat pas aussi bien les us et coutumes de ladite profession ni mme les usages pratiqus dans le monde du Transport et de lAssurance. Cest ainsi que, outre les commissionnaires de transport, transitaires ou autres frteurs, le client, qui souhaite faire transporter une marchandise ou raliser un affrtement, doit les faire assurer. Il sadressera, dans la plupart des cas, auprs dun courtier dassurance dont la spcialit lui permettra une meilleure scurit, un prix convenable,
8 tout en aillant une meilleure valuation des risques, et une prise en charge adapte aux alas de lexpdition maritime et du transport en gnral. Cependant, le mtier de courtier na pas toujours t exerc de la mme manire quaujourdhui et, fort heureusement, a su voluer et se dvelopper, aid quelquefois par la force des choses.
1) Un peu dhistoire
Sur lordonnance verbale de Monsieur le Prsident, la main droite leve Dieu, le courtier prtait le serment suivant : je jure de remplir avec honneur et probit les devoirs de ma profession de courtier jur dassurances maritimes . Cest ainsi, en vertu du registre des actes de prestations de serment des officiers ministriels, tenu au greffe du Tribunal de commerce, que la crmonie avait lieu conformment larrt du 29 Germinal an IX. Et que le courtier jur dassurances entrait en matire (cf. Revue Scapel 1995, p.135 et voir historique, p. 134-142). Lorigine du mtier de courtier jur, officier ministriel, ne remonte pas des temps immmoriaux. Cest lordonnance de la Marine, uvre de Colbert en 1681, et la loi du 28 Ventose an IX, qui fait entrer en scne cette profession. Le courtage consiste mettre en rapport des personnes qui dsirent contracter ensemble, sans que ce personnage qui opre ce rapprochement traite lui-mme. Ne figurant pas lacte juridique qui les concrtise et qui les constate, si ce nest parfois en qualit de mandataire dune des parties, ce nest pas un participant au contrat dassurance, lequel nintervient quentre assureur et assur ; bien que son intervention, si elle a eu lieu, soit antrieure au contrat. 8
9 Le courtage tant libre, selon lexpression ne pend courtier qui ne veut (libert affirme par lOrdonnance de la marine cf. livre I, titre VII, art.14 et confirme par la jurisprudence dj en 1914 par la Cour de Rennes le 8 juillet 1914, cf. R. Rodire, Droit Maritime, assurances et ventes maritimes, chap. VI p.87-94), chaque assur peut directement sadresser une compagnie dassurance (ou son agent), et traiter ainsi avec elle, en labsence dintermdiaire. Mais en pratique, chaque fois quil sagit dune affaire de moyenne importance ou dun un contrat gros capital, les sommes garantir dpassent les possibilits dune seule compagnie ou mme dun groupe de compagnies, raison notamment des minima de conservation quelle doivent obligatoirement garder. Le recours un courtier est alors ncessaire. Il ira de compagnie compagnie, de groupe groupe jusqu ce quil ait trouv preneur hauteur de 100%, autrement dit la totalit du capital garantir, aprs avoir ngoci et arrt les conditions avec lune dentre elle dite apritrice et que bien entendu, lassur proposant les ait acceptes. Il y avait jusquen 1978 deux catgories de courtiers, les courtiers jurs jouissant dun certain monopole et les courtiers libres. Les premiers ont disparu. Les autres demeurent, ce qui ne signifie pas que laccs la profession soit libre. Du reste, ces courtiers libres font galement de lassurance maritime et de lassurance terrestre. Malgr la suppression par la loi des 29 avril et 18 mai 1991 de toute la profession caractre privilgi, les courtiers jurs dassurance staient maintenus dans le Code de commerce avec trois autres catgories de courtiers monopole (cf. ancien art. 77, nouvel art. L. 131-1 C. com.). Seuls demeuraient de nos jours, jusquau mois davril 2004, les courtiers conducteurs et interprtes de navires (cf. mmoire la fin du monopole des courtiers maritimes de Mme Virginie Bismuth, promotion 2002/2003
10 CDMT). Ils partageaient pour lassurance ce privilge avec les notaires, mais ceux-ci, ayant perdu un rel contact avec le monde maritime, ne jouaient et ne jouent plus gure de rle en la matire.
11 cette interdiction, larticle L. 131-7 C.com. (ancien art. 85), qui la mentionnait ayant t abrog par la rforme de 1978. Les courtiers jurs ont eu subir de nombreux assauts, de mme dailleurs que les courtiers interprtes et conducteurs de navires. Ils ont d triompher des prtentions des commis succursalistes ; et aussi dune prtendue interdiction de procder aux ngociations pralables la rdaction des polices qui les limitait la rdaction. Ils ont d galement faire prciser que linterdiction de commercer pour leur compte nemportait pas celle de commercer pour dautres, notamment de faire du courtage dassurance terrestre. Mais dans ce cas les solutions ont t moins nettes. Ce qui entrait dans le monopole des courtiers, ctait la ngociation, la ralisation et la signature des polices dassurances maritimes dans les limites des villes o ils avaient t institus. Dans les autres villes, ils navaient pas le droit de faire du courtage maritime, si un courtier jur se trouvait sur la place, mais ils auraient pu en faire, par exemple Marseille, comme dans toutes les places o il ny avait pas de courtier jur (cf. trib. com. Lorient, 1er mai 1929, Droit Maritime, prcit). Dans ce cas, ils sortaient de leur mission dofficier ministriel. Dailleurs, leur monopole ntait pas absolu, mme sur leur place, car les notaires avaient thoriquement les mmes pouvoirs. Toutefois, ils avaient depuis longtemps renonc soccuper dassurances maritimes, et se bornaient, l o le courtage tait libre ( Marseille), signer et authentifier les polices que les courtiers leur apportait. Entrait galement dans les attributions officielles des courtiers jurs la certification du taux des primes pour les voyages de mer ou de rivire , reproduction dune vieille formule que labrogation de larticle 79 du Code de commerce, o elle figurait, a fait disparatre. Le monopole qui leur confrait la qualit dofficier ministriel avait une autre incidence. On considrait que le courtier jur tait un mandataire lgal de lassur, de sorte quil navait pas justifier dun pouvoir de lassur pour lengager et que la prime tait due par celui-ci ds que la
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12 police avait t signe par le courtier. Il y avait dans cette rgle une disposition semblable celle que lon rencontrait pour les avous (cf. Droit Maritime par R. Rodire dj cit), et, comme elle tait lie leur caractre dofficier ministriel, elle a disparu avec la rforme de 1978, ce qui na pas t sans inconvnient, car les courtiers libres sont tenus de prsenter un pouvoir spcial pour justifier leur intervention comme mandataire de leurs clients.
13 jurs participer des entreprises ayant pour activit principale le courtage dassurances maritimes. Le dcret dapplication de cette loi, en date du 7 janvier 1966, avait prcis quils ne pourraient ni exercer les fonctions de grant sils taient constitus en socit responsabilit limite, ni celles dadministrateur sil sagissait dune socit anonyme. Ceci est comprhensible, compte tenu de la responsabilit que les lois sur la faillite font peser sur ces personnages, lorsque la liquidation des biens ou le rglement judiciaire dune S.A.R.L. ou une socit anonyme est prononc. La loi de 1978 a eu pour objet essentiel de supprimer le statut dofficier ministriel qui honorait les courtiers, mais les gnait dans leur activit. Dsormais, ils ne sont plus que des commerants. En ralit, la mesure a t facilite par la diminution sensible de leur nombre : ils taient 135 avant 1966, 48 en 1953 ; ils ntaient plus que 25 lors de la loi de 1978 (8 Paris, 4 Bordeaux, 3 au Havre, 2 Rouen, Bayonne et Nantes, 1 Dunkerque, Caen, Grandville et Ste). (cf. Droit Maritime par R. Rodire prcit). Cette rforme de 1978 tait ncessaire en vue dintroduire en France la mesure conforme une directive du Conseil des Communauts europennes, qui a trouv sa conscration dans les dcrets dapplication n483 et 484. Tous les courtiers ayant dsormais accs lassurance maritime, on pouvait craindre un parpillement des affaires entranant une perte pour les anciennes charges. Or, dans lensemble, la chute de clientle fut minime. Grce leur spcialisation, leur introduction dans lorganisation du monde de lassurance maritime (comits dassureurs, rseaux dexperts, commissaires davaries) les ex-courtiers jurs ont sensiblement maintenu leurs affaires, compte tenu de la conjoncture conomique difficile, de lapparition de nouveaux intermdiaires et de la concurrence. On constate plutt une rorganisation de la profession, une tendance dans le sens de regroupement, de constitution de socits de courtages toutes branches, avec un dpartement maritime spcialis. Lensemble des
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14 courtiers a adhr au SNCAR, mais les spcialistes de la branche maritime et transports ont constitu dans le sein de ce syndicat une cellule de techniciens dnomme "Groupement Professionnel et Technique du Courtage dAssurance Maritime et Transport en France" (souvent cit sous lacronyme malencontreux de GPT). Il restait rsoudre le problme pratique de la rapidit des transactions, cidessus voqu. Certes, le courtier est mandataire de son client dont il a reu lordre dassurance. Il a le devoir de conseil, et de ngocier au mieux des intrts de ce client, mais il na pas le pouvoir de se substituer lui pour la signature des documents. Le courtier (ex-jur) a palli la difficult en obtenant de ce client un mandat exprs, crit, lui permettant non seulement de signer la police en ses lieu et place, mais de grer toutes les situations dcoulant du contrat dassurance, en somme de faire le ncessaire. Lacte authentique nexiste plus. La police dassurance est devenue dsormais un contrat synallagmatique ordinaire, tabli en deux exemplaires originaux. Dans ce rapide expos sur lvolution du statut juridique du courtier jur, les rapports commerciaux avec les assureurs nont pas t voqus. Cest un domaine, en effet, ou la qualit dofficier ministriel nintervient en aucune faon. Les assureurs, reprsentant les intrts des compagnies, ont toujours t des adversaires difficiles pour le courtier, jur ou non, soucieux de soutenir les intrts de ses clients. Plac entre les positions opposes de lassureur et de lassur, le courtier, quil soit ou non jur, a toujours eu bien du souci pour dfendre objectivement les intrts de son client, ce qui ne peut aboutir quen conciliant les parties autant que faire se peut.
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15 Surgissent parfois aussi des litiges lors de la liquidation des sinistres : montant du quantum, garanties non prvues par la police ou exclues par elle, dsaccord sur les conclusions de lexpertise, sur lassiette de la franchise, etc. Il faut alors un long combat pour faire admettre aux deux parties une transaction titre commercial, de prfrence, et sans crer de prcdent Ces remarques voquent seulement quelques problmes de base, parmi tant dautres qui exigent de nombreuses rencontres entre les deux parties, et des entrevues parfois houleuses. Dans lintrt mme de son client, le courtier, aujourdhui comme autrefois, doit dmontrer, lune comme lautre des parties, o se situe lquit, tout en sachant faire preuve dobjectivit.
2) Dfinition
La profession de courtier dassurances constitue lobjet principal denviron 2 800 cabinets, qui emploient environ 17 000 personnes, implants raison de 60 % dentre eux Paris. Lactivit de courtage est galement exerce titre accessoire par un certain nombre dagents gnraux dassurance. En 2002, les produits dassurance de dommages ont t distribus hauteur de 18 % par les courtiers (9 % pour les produits dassurance vie et capitalisation). Le courtier peut tre dfini comme tant une personne physique ou morale possdant la qualit de commerant et habilite prsenter des oprations dassurance. Il est le conseil des assurs, pour la mise au point des contrats quil ngocie librement avec les entreprises dassurance de son choix. Il assiste les assurs dont il est le plus souvent le mandataire pour lexcution des contrats et le rglement des sinistres. Ainsi, les courtiers dassurance sont des personnes physiques ou morales immatricules au registre du commerce pour le courtage dassurance. 15
16 Lorsquil sagit dune personne morale, les intermdiaires viss sont les associs ou des tiers investis du pouvoir de grer et dadministrer la socit (cf. C. ass., art. R. 511-2). Comme les agents gnraux, les courtiers dassurance jouent le rle dintermdiaire entre les clients et les entreprises dassurance. Mais la diffrence des agents gnraux dassurance, reprsentants exclusifs dune entreprise, les courtiers sont mandataires des clients quils reprsentent auprs des socits dassurance de leur choix. Dans la pratique, les courtiers ont des pouvoirs de souscription, de gestion et de rglement des sinistres, qui varient en fonction des accords conclus avec les entreprises dassurance. Certains dentre-eux bnficient de pouvoirs de souscription tendus. Les cabinets de courtage exercent dans de nombreux cas des activits connexes de courtage de rassurance, de gestion de risques ou daudit en assurance.
En consquence, eu gard lvolution du march des transports, des techniques et modalits de transport, le mtier des intermdiaires de transport et spcialement celui du courtier dassurances maritimes a d sadapter et voluer corrlativement. De ce fait, lheure actuelle un courtier ne peut que difficilement se concentrer la seule fonction de courtier, mais il doit diversifier ses comptences et les actes quil accomplit afin de remplir au mieux sa mission principale ; celle de rpondre la demande dun client dsireux de faire assurer pour un transport donn, une marchandise dsigne ou un navire spcifi.
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dassurances et autres intermdiaires, il va trs souvent, en pratique, tablir lui-mme les polices et autres certificats dassurance, encaisser les primes puis les redistribuer, grer le sinistre, notamment en exerant le recours pour le compte du client voire de lassureur, etc. Au vu dune telle pluralit dactions, on peut se demander si le courtier dassurance, maritime en particulier, ne risque pas de supplanter lagent dassurance. En effet, les concentrations croissantes et importantes en terme de volume daffaires et de poids conomique, des compagnies dassurance qui se regroupent, amnent le courtier, lun de leurs principaux apporteurs daffaires, jouer galement le rle dun agent. Aussi, ne faut-il pas y dceler la disparition de lagent maritime ? Mais encore et surtout, ce phnomne de concentration qui touche de plus en plus de professions du Transport dont lesdites compagnies, nengendret-il pas la modification, pour une part essentielle du mtier de courtier dassurances maritimes devenu, de nos jours, un acteur incontournable de la scne conomique via la multi-modalit du Transport ?
Ainsi, comme on a pu le constater au cours de lentre en matire relative ltude du courtier dassurances maritimes, bien que ce mtier existe dans la plupart des pays (du moins de la CEE) et quil connaisse quelques divergences dans lexercice de ses fonctions, il savre tre un acteur essentiel de la place du March des Transports. En consquence, il napparat que peu opportun de faire une tude de ce mtier en comparant minutieusement les quelques diffrences qui
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18 pourraient apparatre entre un courtier anglais et un courtier franais par exemple, compte tenu notamment de la dmarche europenne qui tend vers toujours plus duniformit (cf. Directive du Conseil des Communauts europennes dj cite (rforme de 1978)). De plus, il suffit de parcourir des ouvrages tels que Le Trait thorique et pratique des Assurances Maritimes de Victor Yseux ( voir p.28-48) ou Le trait, portant le mme intitul, de Robert de Smet (tome II, n 665-669, n 859-861, n 1006-1013, n 1104-1107) pour constater que ce mtier existe et fonctionne selon des principes et usages communs quelle que soit la place. Seules quelques spcificits de rgime applicable la profession demeurent, tel quil peut en exister chez un commissionnaire de transport ou dans dautres domaines comme lagriculture ou linformatique.
En dfinitive, le rle du courtier dassurances maritimes franais , se dtermine partir dun cadre pratique et juridique qui permet, grce aux usages du commerce et du Transport ainsi que des Rgles qui lencadrent, de connatre de manire satisfaisante les tenants et les aboutissants de sa mission. Ce faisant, afin de connatre la place de cette intermdiaire et lintrt quil peut reprsenter tant pour un client que pour un assureur dans cet univers o se mlent, gens de biens, Transport et maritime, commerce et intrts divers, il savre opportun dapprocher la dfinition de la mission du courtier dassurances maritimes (I) avant den dterminer sa responsabilit (II).
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Parvenir dfinir de manire suffisamment claire et exhaustive la mission dun tel acteur du monde des transports nest pas forcment chose aise. Mais comme tout intermdiaire, tout mandataire, le courtier est soumis un rgime gnral (A) et doit satisfaire certaines obligations dfinies (B). De plus, spcialis dans lassurance maritime, il se doit, comme tout courtier qui se respecte, de participer, voire de raliser lui-mme la souscription dune police dassurance (C). Enfin, son client ntant pas ncessairement un professionnel de
A] LE REGIME GENERAL
Afin de pouvoir exercer son mtier, le courtier dassurance doit respecter un cadre gnral auquel tout professionnel du commerce est soumis. Mandataire de lassur, il est commerant, soumis au Code moral des courtiers, au Code de commerce et autres dispositions, le courtier doit tre habilit exercer sa profession, conformment aux rgles poses (cf. Lamy assurance 2004, chap. IV, p. 1964 & suiv.).
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1) Mandataire de l'assur
Le courtier d'assurance est, en principe, le mandataire de l'assur pour le compte duquel il recherche la couverture d'assurance la plus adapte ses besoins. Consquence de cette situation, le portefeuille de contrats souscrits appartient au courtier qui peut le cder librement en toute indpendance. Pour lassur, il est lhomme de confiance qui soccupe de tout ce qui se rattache de prs ou de loin la police. Cest lui qui choisit, sauf exception, la ou les compagnies dassurance qui vont couvrir, dans les conditions que le courtier dbattra avec lui les risques prvus par la police souscrire. Son rle est si important que, dans la pratique, les assurs tiennent volontiers le courtier pour leur assureur, ce quil nest pas et ne peut tre. Sa responsabilit sera celle dun mandataire, selon le droit commun de larticle 1992 du Code civil. Parfois, le courtier d'assurance est galement mandat par une ou plusieurs entreprises d'assurance pour certains actes touchant la gestion des contrats apports.
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21 il est habilit par lassureur recevoir des ordres dassurances dans le cadre dune police dtermine, mais il engagerait lourdement sa responsabilit sil ne les transmettait pas dans les dlais convenus, lassureur le charge, le cas chant, dencaisser les primes pour son compte. Le paiement entre les mains du courtier la date convenue libre alors lassur de la mme manire que sil avait rgl directement lassureur. En contrepartie, il lui appartient de faire diligence pour que ce paiement soit effectif lpoque fixe. En cas de retard ou de difficults, il doit en informer sans dlai lassureur son mandant. Mais le mandat ainsi donn ne stend pas la suspension ou rsiliation de la police pour dfaut de paiement pas plus quaux mesures prendre pour interrompre la prescription, moins que lassureur nait donn au courtier un mandat spcial lune ou lautre de ces fins. De manire gnrale, le courtier libre (autrefois jur) noubliera jamais quil nest quun intermdiaire, ayant sans doute, souvent, un rle de gestion. Mais ce rle implique une obligation dinformation vis--vis des contractants, et toute dnaturation de ce quil reoit pour tre transmis, engage sa responsabilit suivant les cas, lgard de lassur ou de lassureur. Bien entendu sil na pas de mandat, il ne reprsente pas lassureur. Il peut arriver que le courtier face appel lui-mme lun de ses confrres.
3) Le sous-courtier
Les mandataires autres qu'agents gnraux d'assurance sont, selon l'article R. 511-2-4o du Code des assurances, des personnes physiques non salaries mandates par un agent gnral d'assurance (sous-agent), un courtier (on parlera alors de sous-courtier), etc.
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22 Cette catgorie d'apporteur, distincte de celle des agents gnraux d'assurances, opre titre principal ou accessoire, essentiellement sur le march de la distribution des prestations d'assurance vie et de capitalisation. On les retrouve soit en qualit directement de mandataires de socits d'assurance, soit en qualit de mandataires de socits de courtage cres notamment pour la distribution de produits d'assurance des entreprises filiales ou lies des tablissements de crdit. L'activit des mandataires non agents gnraux est limite la
prsentation d'oprations d'assurance ou de capitalisation en matire de gestion d'oprations d'assurance, ventuellement l'encaissement des primes ou cotisations et la remise matrielle des sommes dues aux assurs ou bnficiaires (cf. C. ass., art. R. 511-2-4). Ils ne sont pas autoriss employer ou mandater d'autres personnes en vue de prsenter des oprations d'assurance. Comme tout intermdiaire d'assurance, une personne voulant tre habilite en qualit de mandataire non agent gnral, doit remplir des conditions d'ge, de nationalit, d'honorabilit et de capacit professionnelle. La capacit professionnelle requise est celle dite de niveau II conformment l'article R. 513-2 du Code des assurances. L'habilitation se matrialise par une carte professionnelle dlivre par le mandant.
4) Lhabilitation
a) Larticle R. 511-2 du Code des assurances
La prsentation d'oprations d'assurance ne peut tre effectue, sauf drogation, que par les intermdiaires d'assurance habilits tels qu'numrs par l'article R. 511-2 du Code des assurances (ancien D. L. 14 juin 1938, art. 31, JO 16 juin, modifi notamment par D. no 65-71, 29 janv. 1965 et, plus rcemment, par D. no 96-901, 15 oct. 1996). Aux termes de cet article, seules quatre catgories de personnes (soit : 1) les personnes physiques et socits immatricules au registre du commerce 22
23 pour le courtage ou celles exerant cette activit en libre prestation de services ; 2) les personnes physiques et socits anonymes, socits en commandite par actions ou socits responsabilit limite, titulaires d'un mandat d'agent gnral d'assurances et, dans ces socits, les associs et les tiers qui ont le pouvoir de grer ou d'administrer ; 3) les personnes physiques salaries commises cet effet ; 4) les personnes physiques non salaries, autres que les agents gnraux d'assurances, et mandates cet effet) , dont les deux dernires se subdivisent elles-mmes chacune en trois sous-catgories selon la qualit juridique de l'employeur ou mandant, peuvent tre habilites de manire gnrale prsenter des oprations d'assurance.
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24 dispenses de justifier qu'elles remplissent les conditions d'ge, de nationalit et de capacit professionnelle prescrites. Une condition supplmentaire est requise pour pouvoir pratiquer des actes de courtage d'assurance, par le respect des obligations fixes par les articles L. 530-1 et suivants du Code des assurances en matire de garantie financire et d'assurance de responsabilit civile professionnelle. Un certain nombre d'imprims rglementaires, correspondant aux modles types fixs par le ministre de l'Economie et des Finances (cf. Dpche no C1/01070 du 4 mars 1966 de la direction des Assurances, Bulletin administratif des assurances, la no 86, p. 239, adresse aux socits et de que franaises et trangres d'assurance, relative aux documents prvus par la rglementation capitalisation), sur sont prsentation ncessaires d'oprations justifier, d'assurance d'une pour part,
l'intermdiaire rpond aux conditions requises et, d'autre part, qu'il est rgulirement habilit. Il n'existe pas d'incompatibilit professionnelle tenant l'exercice d'une activit d'intermdiaire d'assurance, mais certaines fonctions peuvent tre exclusives, telle celle de fonctionnaire (cf. L. no 83-634, 13 juill. 1983, art. 25), ou n'admettre une compatibilit qu' titre accessoire, comme pour les huissiers de justice (cf. D. no 56-222, 29 fvr. 1956, art. 20) ou les greffiers de justice (il ne s'agit que d'une tolrance : Rp. min. QE no 6584, JO AN Q. 28 fvr. 1953, no 23). 2. Les conditions d'ge et de nationalit Tout intermdiaire d'assurance doit, en application de l'article R. 511-4 du Code des assurances, avoir la majorit lgale, c'est--dire tre g d'au moins dix-huit ans et tre : soit de nationalit franaise ;
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25 soit ressortissant d'un pays membre de l'Union europenne ou pratiquant la rciprocit en matire de prsentation d'oprations d'assurance. Toutefois, la condition de rciprocit n'est pas requise pour les ressortissants des Etats membres de l'Organisation mondiale du commerce (Accords de Marrakech) ; soit d'un pays bnficiant d'une convention internationale l'assimilant aux ressortissants franais ( ce titre, les personnes apatrides rsidant en France depuis au moins trois ans bnficient de la convention internationale de Genve les assimilant des nationaux franais). L'ge et la nationalit peuvent tre justifis par la prsentation d'une carte nationale d'identit, un certificat de nationalit ou un passeport en cours de validit pour les ressortissants trangers. 3. Les conditions d'honorabilit Tout intermdiaire d'assurance, y compris ceux oprant dans le cadre d'une drogation lgale, est tenu d'une certaine honorabilit. Toute condamnation pour l'une des infractions vises l'article L. 322-2 du Code des assurances entrane l'interdiction de prsenter des oprations d'assurance. Ce texte interdit l'exercice de ces professions aux personnes condamnes pnalement comme auteur, complice ou titre de tentative, pour crime de droit commun ou pour certains dlits (vol, abus de confiance, escroquerie, atteinte au crdit de l'Etat, recel, etc.), ainsi que pour violation des dispositions du Code pnal nonces aux articles 150, 151, 151-1, 177, 178, 179, 419 ou 420. S'ajoutent galement aux incapacits prcites une srie d'infractions de nature financire, notamment celles relatives la violation des lois en matire de droit des socits commerciales (cf. L. no 66-537, 24 juill. 1966, devenue C. com., art. L. 510-1 et s.), ainsi que celles sur l'usure et le crdit (cf. L. no 66-1010, 28 dc. 1966, art. L. 341-1 et s.), le dmarchage financier (cf. L. no 72-6, 3 janv. 1972, art. L. 342-1 et s.), le dveloppement des
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26 investissements et la protection de l'pargne (cf. L. no 83-1, 3 janv. 1983, codifie dans le Code montaire et financier) et le recel des choses obtenues la suite de ces infractions, ainsi que l'usage de chques en violation du dcret du 30 octobre 1935 (JO 31 octobre modifi) unifiant le droit en matire de chques. L'exercice de ces professions est galement interdit lorsqu'a t prononce une mesure de faillite personnelle ou une autre mesure d'interdiction prvue aux articles 185 195 de la loi no 85-98 du 25 janvier 1985 (devenus C. com., art. L. 625-1 et s.) relative au redressement et la liquidation judiciaires des entreprises, ou d'une mesure de destitution de fonction d'officier ministriel en vertu d'une dcision judiciaire. L'article 21 de la loi no 94-5 du 4 janvier 1994 a adjoint galement aux infractions prcites celles relatives au blanchiment de l'argent (cf. C. douanes, art. 415) et la lutte contre le trafic de stupfiants (cf. C. sant pub., art. L. 627, devenu NC pn., art. 222-38). S'agissant des condamnations pour infraction la lgislation des assurances, elles ne donnent pas lieu, contrairement aux prcdentes vises ci-dessus, une prohibition automatique. L'interdiction d'exercice de la profession de courtier d'assurance doit tre spcifiquement, dans ce cas, prononce par le tribunal (cf. art. L. 322-2, dernier al.). Toute personne exerant une activit d'intermdiaire d'assurance ne rpondant pas aux conditions d'honorabilit encourt un emprisonnement de deux ans et une amende de 6 000 euros ou l'une de ces deux peines seulement (cf. art. L. 514-1). L'interdiction se maintient sans limitation de dure dfaut de relvement d'incapacit ou de rhabilitation. 4. La capacit professionnelle Courtiers d'assurance (et agents gnraux)
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27 Les conditions de capacit professionnelle sont rputes quivalentes lorsque la personne justifie avoir exerc effectivement la fonction de courtier d'assurance (cf. C. ass., art. R. 515-1) : soit pendant quatre annes conscutives titre indpendant ou en qualit de dirigeant d'entreprise (chef d'entreprise, chef de succursale, adjoint au chef d'entreprise, fond de pouvoir, activit d'encadrement ou de surveillance lie la production des contrats) ; soit pendant deux annes, dans les conditions qui prcdent, lorsque la personne a exerc pendant trois ans au moins des responsabilits en matire de dmarchage, de gestion ou d'excution de contrats d'assurance ; soit pendant une anne, dans les conditions de la premire hypothse ci-dessus, lorsque la personne a pralablement t forme cette fin par des tudes sanctionnes par un diplme ou un certificat reconnu par l'Etat ou un organisme professionnel comptent. Salaris et mandataires non agents gnraux d'assurance Les conditions de capacit professionnelle sont rputes quivalentes lorsque la personne justifie avoir exerc effectivement des fonctions de prsentation d'oprations d'assurance (cf. C. ass., art. R. 515-3) : soit pendant deux annes conscutives titre indpendant ou au titre de fonctions dans un cabinet de courtage, une entreprise d'assurance ; soit pendant une anne, dans les conditions qui prcdent, si la personne a reu pralablement une formation cette fin sanctionne par un diplme ou un certificat reconnu par l'Etat ou un organisme professionnel comptent ; soit pendant une anne, des fonctions de courtier d'assurance, lorsque la personne a pralablement t forme cette fin par des tudes sanctionnes par un diplme ou un certificat reconnu par l'Etat ou un organisme professionnel comptent.
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28 Les fonctions de courtier ne doivent pas avoir pris fin depuis plus de dix ans la date du dpt du document justificatif. La capacit professionnelle est justifie par une attestation dlivre par l'autorit ou l'organisme comptent de l'Etat d'origine (cf. C. ass., art. R. 515-6). Ce document est transmis au Parquet du Tribunal de grande instance de Paris (cf. C. ass., art. R. 515-7), accompagn, si besoin est, d'une traduction en langue franaise. 5. La garantie financire Aux obligations de capacit et d'honorabilit s'ajoutent pour certaines catgories financires. Le courtier, commerant indpendant et mandataire de l'assur, engage sa propre responsabilit en cas de faute dans l'accomplissement de son activit d'entremise, contrairement aux autres intermdiaires d'assurance, et notamment aux agents gnraux dont l'entreprise d'assurance mandante est civilement responsable en application de l'article L. 511-1 du Code des assurances. Afin d'amliorer la protection des assurs et compte tenu de l'importance des sommes qui transitent par les courtiers d'assurance, la loi no 89-1014 du 31 dcembre 1989 et le dcret no 90-843 du 24 septembre 1990, ont institu une double obligation de garantie financire la charge des personnes physiques ou morales ralisant des actes de courtage d'assurance (peu importe que cette personne soit habilite au titre d'une autre catgorie d'intermdiaire d'assurance si l'acte relve du courtage). La rglementation relative l'exercice du droit prvoit l'obligation pour les personnes amenes exercer des activits relatives la consultation d'intermdiaires d'assurance des conditions de garanties
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29 juridique ou la rdaction d'actes sous seing priv, de justifier galement de garanties financires (cf. L. no 71-1130, 31 dc. 1971, art. 55, al. 1 et 2). Outre une assurance garantissant les consquences pcuniaires de la responsabilit civile professionnelle que ces personnes peuvent encourir au titre de ces activits, une garantie financire rsultant d'un engagement de caution doit tre spcialement affecte au remboursement des fonds, effets ou valeurs reus. S'agissant des intermdiaires d'assurance, compte tenu des incertitudes lies au champ d'application de cette rglementation, l'obligation pour ces personnes de rpondre aux conditions de garanties financires reste pose. Il convient de noter que pour les courtiers d'assurance, ces obligations sont dj remplies sur le plan lgal, sous rserve ventuellement de l'adaptation des garanties concernes.
En sus, il ne faut pas ngliger les dispositions communautaires (pour certaines lorigine de la modification du statut du courtier) qui visent faciliter lexercice de ce mtier lintrieur de la Communaut.
30 la fixation d'un niveau minimal de qualifications : la recommandation prvoit des conditions de comptences professionnelles. Le niveau de connaissance et des aptitudes professionnelles requis est dtermin par l'Etat ou les organisations professionnelles et, pour les agents gnraux, par les entreprises d'assurance mandantes ; une assurance de responsabilit et une garantie financire : les intermdiaires d'assurance doivent possder une assurance de responsabilit professionnelle ou toute autre garantie quivalente, sauf si cette couverture est dj fournie par leur mandant. Les courtiers peuvent tre tenus galement d'avoir une capacit financire suffisante ; la distinction entre intermdiaires dpendants et indpendants : les courtiers doivent informer les assurs de tout lien juridique ou conomique avec une entreprise d'assurance susceptible d'affecter leur libert de conseil. Ils doivent galement informer un organisme dsign par l'Etat membre de la rpartition de leurs oprations entre les diffrentes entreprises d'assurance au cours de l'anne prcdente ; l'immatriculation des intermdiaires d'assurance : une distinction est tablie entre les intermdiaires d'assurance dpendants et indpendants. L'immatriculation peut tre gre par un systme public central, par les organisations professionnelles ou, s'agissant des agents gnraux, par les entreprises d'assurance elles-mmes. Les Etats membres ont inform la Commission des dispositions qu'ils ont adoptes ou des mesures prises par les organisations professionnelles ou les entreprises d'assurance la suite de la prsente recommandation. S'agissant de la rglementation franaise, la plupart des mesures prconises par cette recommandation sont considres comme tant d'ores et dj remplies. Plusieurs initiatives d'origine lgislative, par exemple en Belgique et en Espagne, sont venues renforcer les exigences de qualification et de comptence des intermdiaires, en rendant plus svres les conditions
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b)
Libert
dtablissement
et
de
libre
prestation de services
La Directive du 13 dcembre 1976 Afin de faciliter l'activit sur le territoire communautaire d'intermdiaires d'assurance habilits dans un pays de l'Union europenne, le Conseil a adopt la directive du Parlement et du Conseil no 77/92 du 13 dcembre 1976 (cf. JOCE 31 janvier 1977, no L 26, p. 14). Cette directive n'a pas pour but de fixer des rgles communes pour l'accs la profession d'intermdiaires d'assurance. Sa porte est plus limite puisqu'elle ne concerne que les activits d'intermdiation des courtiers et des agents gnraux d'assurances, ainsi que des personnes salaries ou mandataires dpendant des courtiers ou des agents gnraux. Cette directive n'harmonise pas les conditions d'accs et d'exercice de ces activits, existantes notamment mais sous en tablit une reconnaissance garantie mutuelle des et conditions ventuelles, d'exprience rserve matire d'exigences de complmentaires financire
professionnelle. Entre en vigueur depuis le 1er aot 1978, elle a t intgre en droit franais par deux dcrets nos 79-483 et 79-484 du 20 juin 1979. Le premier de ces textes est relatif aux conditions de capacit professionnelle de ressortissants d'un Etat membre de l'Union europenne autre que la France, le second porte sur la libert d'tablissement et la libre prestation de services pour les agents gnraux, courtiers et autres intermdiaires d'assurance. Ces deux textes ont t modifis, dont le second en vue de 31
32 faciliter l'exercice pour les courtiers d'assurances communautaires d'une activit en libre prestation de services (cf. D. no 96-754, 21 aot 1996). Certes, le courtier va pouvoir exercer ses comptences en Europe, conformment aux dispositions vises ; mais encore faut-il quil respecte galement son statut de commerant.
6) Commerant
Le courtage dassurance tant un acte de commerce aux termes de larticle L. 110-1 du Code du commerce (lancien article 632), il en rsulte, par application de l article L. 121-1 dudit Code (ancien article 1), que le courtier dassurance est un commerant. A ce titre, le courtage dassurance peut tre exerc par une personne physique ou morale, revtant la forme de socit commerciale.
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33 un procs-verbal de nomination des dirigeants si cela na pas t prvu dans les statuts ; une dclaration de rgularit et de conformit signe par tous les dirigeants et administrateurs ou par une personne mandate cet effet. Par ailleurs, les dirigeants et les administrateurs doivent produire un extrait dacte de naissance ou un extrait K bis de moins de trois mois sil sagit dune personne morale. En outre, les grants, prsidents et directeurs gnraux doivent galement tablir une attestation de non-condamnation. Les socits dont la responsabilit est limite doivent aussi fournir un certificat de dpt des fonds accompagn, pour les socits anonymes, de la liste des souscripteurs tablie par une banque, un notaire ou la Caisse des dpts et consignations. Les courtiers dassurances tablis dans un des Etats de lUnion europenne et qui souhaitent exercer en France une activit en libre prestation de services sont dispenss de lobligation dimmatriculation sous rserve dune dclaration auprs du greffe du Tribunal de commerce de Paris. En cas de transfert du sige de lentreprise dans le ressort dun autre tribunal, le courtier doit, comme tout commerant, demander dans le dlai dun mois une nouvelle immatriculation dans ledit ressort, sil ny est pas dj inscrit titre principal ou secondaire ; ou, dans le cas contraire, demander la transformation de son immatriculation (cf. D. no 98-550, 2 juill. 1998).
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34 960, 30 sept. 1953, devenu C. com. art. L. 145-1 et s.) ou de procdures collectives (cf. L. no 85-98, 25 janv. 1985, devenue C. com. art. L. 620-1 et s.). (cf. Lamy assurance 2004, p. 1966 & suiv.) De plus, commerant, le courtier se doit de suivre une ligne de conduite et cest la raison pour laquelle un Code moral des courtiers a t institu.
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35 la loyaut lgard des entreprises dassurance : le courtier doit tre de bonne foi et communiquer lentreprise tous les lments de nature influencer lapprciation du risque ; la confraternit lgard de ses collgues : interdiction de dnigrement et de concurrence dloyale. Sagissant des adhrents du Syndicat franais des assureurs conseils, ces derniers doivent sengager respecter une charte comportant un engagement de moralisation de lactivit de courtier et dassouplissement des procdures de souscription et de gestion des contrats par les entreprises dassurance signataires de la charte. En ce qui concerne les relations entre entreprises dassurance et courtiers dassurance, un certain nombre de rgles ont t dfinies en vue damliorer la gestion administrative des contrats dassurance en matire de production, de sinistre et de comptabilit (cf. protocole daccord, 12 nov. 1975, modifi le 5 dc. 1977). Ces textes ont t remplacs par le protocole daccord du 23 mars 1998 conclu entre la FFSA, la FCA et le SFAC. Il faut savoir que le GACI et la FCA ont conclu en 1976 un accord, dont lobjet est de clarifier la situation en rpertoriant de manire non exhaustive les diffrentes fonctions des courtiers dassurance au service de leur clientle. Tout intermdiaire qui se respecte, a fortiori le courtier dassurance maritime, commerant respectueux du Code moral, a somme toute droit une rmunration.
8) Le commissionnement
Les usages du courtage regroupent un certain nombre de pratiques, normes suppltives reconnues comme s'appliquant entre professionnels. Ces usages ont t constats unilatralement en 1935 par le Syndicat national des courtiers d'assurance.
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36 Selon la Cour de cassation, la reconnaissance de l'existence et l'application des usages relvent du pouvoir souverain des juges du fond (cf. Cass. 1re civ., 27 nov. 1973, no 72-11.443, RGAT 1974, p. 357 ; Cass. 1re civ., 3 juin 1980, no 79-10.551, RGAT 1981, p. 367). Les usages du courtage comportent des rgles de loyaut entre courtiers, de non-discrimination des entreprises d'assurance vis--vis des courtiers, et des rgles de rmunration.
a) La neutralit
Les deux premiers usages du courtage imposent l'entreprise d'assurance sollicite de: traiter les apporteurs sur un pied d'galit absolue sans consentir certaines des conditions plus avantageuses ; ne peut accepter, pour un mme risque, les propositions d'un courtier postrieur au courtier proposant initial que s'il est dtenteur d'un ordre crit de son client ; disposer de raisons objectives (telle qu'une obligation d'exclusivit territoriale) pour accepter la proposition d'un autre apporteur si elle a refus celle mise par un courtier (cf. Lamy assurances 2004, partie IV, chap.IV). L'assureur nest oblig qu' l'gard d'une vritable proposition du courtier comportant suffisamment de prcisions sur un risque dtermin et non pas d'une simple demande de tarification (cf. CA Lyon, 3 nov. 1955, RGAT 1956, p. 350). Dans le cas d'une proposition formule par un courtier et refuse par une socit, le risque dont l'assurance est propose par un nouveau courtier peut tre accept par la socit lorsque l'expiration ou la rsiliation d'un contrat est intervenue antrieurement la nouvelle proposition (cf. Cass. 1re civ., 3 juill. 1951, RGAT 1952, p. 19 ; CA Agen, 22 janv. 1952, p. 145).
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Selon le deuxime usage, une compagnie peut toujours refuser d'entrer en relation avec un courtier. Il convient de distinguer cette facult de celle dont dispose l'assureur d'accepter ou refuser un risque en fonction de critres techniques propres ce risque. Le refus de la compagnie de traiter avec un courtier doit reposer, sous peine d'abus, sur des critres objectifs que l'assureur doit pouvoir justifier au regard des principes rgissant la distribution slective : choix d'un mode de distribution spcifique, capacit du courtier rpondre aux exigences techniques de la compagnie, loyaut dans les relations rciproques...
c) Le droit au commissionnement
Les troisime et quatrime usages du courtage viennent prciser les droits commission du courtier apporteur et qui reposent sur deux principes : la commission rmunre l'apport d'une clientle, de sorte que le courtier initial conserve son droit commission au titre du contrat tant que dure celui-ci (cf. CA Toulouse, 21 juin 1949, RGAT 1950, p. 400), le droit commission porte sur les primes relatives l'affaire apporte, non l'assur. Le courtier ne peut prtendre avoir un droit commission sur tous les contrats d'assurance que l'assur pourrait souscrire auprs du mme assureur (cf. T. civ. Seine, 26 fvr. 1957, RGAT 1958, p. 152) ; en cas de changement de courtier d'assurance par l'assur, le nouveau courtier ne sera commissionn au titre du risque apport initial que si l'assur rsilie le contrat d'assurance et rvoque le mandat donn au premier courtier par un ordre exclusif de remplacement dlivr au nouveau courtier (cf. Lamy assurances, prcit). En effet, le droit au maintien de la commission ne subsiste qu'autant que la police n'a pas t dnonce (cf. Cass. 1re civ., 7 juill. 1987, no 85-14.605, JCP d. G 1988, II, no 20914).
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En revanche, rien n'interdit l'assur de souscrire un contrat de remplacement, identique au prcdent, auprs de la mme entreprise d'assurance par l'intermdiaire d'un autre apporteur, indpendant ou non de l'entreprise d'assurance, ds lors que l'assur met un ordre de remplacement du contrat en cours accompagn d'une dnonciation rgulire de celui-ci (Cass. 1re civ., 27 mai 1986, no 84-13.418, RGAT 1986, p. 626). Le troisime usage prvoit qu'en cas de remplacement du courtier crateur par un nouveau courtier porteur d'un ordre de remplacement non accompagn de la rsiliation du contrat, le courtier crateur conserve son droit commission sur toutes les primes du nouveau contrat concurrence du chiffre de celles qu'il a apportes. Le Conseil de la concurrence, dans la dcision du 13 dcembre 2000, a considr que cet usage constitue en tant que tel une convention susceptible d'affecter la concurrence sur le march des oprations d'assurance vie et de capitalisation. Il a constat galement que la plupart des socits d'assurance ont amnag cet usage de faon faciliter, dans l'intrt des assurs, le transfert du droit commission d'un courtier un autre et que dans les cas o il est en vigueur, aucune pratique anticoncurrentielle n'avait t releve, notamment en dissuadant les courtiers de dmarcher les assurs qui ont souscrit une police auprs d'un autre courtier (cf. Cons. conc., dc. no 2000-D-62, 13 dc. 2000, BOCCRF 30 dc. 2000, no 14, p. 837).
d) La loyaut
En vertu du quatrime usage, l'entreprise d'assurance ayant contract par l'intermdiaire d'un courtier, ne doit pas solliciter l'assur en vue d'un accord direct qui priverait le courtier de son droit commission, peine de dtournement de clientle.
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39 Ainsi, peut tre sanctionne l'entreprise qui a un comportement qui est l'origine de la dcision de l'assur de rsilier les contrats des clients d'un courtier pour les replacer auprs d'un de ses confrres (cf. Cass. com., 10 dc. 1996, no 94-18.156); ou celle qui a pris contact avec l'assur et trait directement avec ce dernier de majorations et de remises de primes (cf. Cass. 1re civ., 30 janv. 2001, no 98-16.477). Ce devoir d'abstention s'tend l'agent gnral de l'entreprise concerne.
e) Le devoir d'information
En vertu du 4me usage au 10me, l'entreprise d'assurance doit informer le courtier de tout vnement susceptible de modifier le cours du contrat ou son droit commission, afin de permettre au courtier d'intervenir ventuellement auprs de son client.
9) La sanction
Lamende Est passible de l'amende prvue pour les contraventions de
cinquime classe (1 500 euros au plus et 3 000 euros au plus en cas de rcidive) : tout intermdiaire d'assurance ne pouvant pas justifier par le document requis de son habilitation (cf. C. ass. art. R. 514-17) ; tout employeur ou mandant ne dlivrant pas une carte professionnelle conforme au modle fix par le ministre de l'Economie et des Finances, dlivrant ledit document malgr une notification contraire du Parquet ou n'adressant pas la liste annuelle requise des dlivrances et retraits de cartes professionnelles (cf. C. ass., art. R. 514-17) ;
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40 toute personne ne respectant pas les obligations de dclaration initiale ou modificative auprs du Parquet (cf. C. ass. art. R. 514-17). Est passible des mmes peines toute infraction la procdure relative au retrait du mandat d'agent gnral ou de la carte professionnelle d'assurance (cf. C. ass. art. R. 514-2, al. 6).
Ainsi, une fois tabli selon le rgime gnral qui lui est applicable, le courtier dassurance maritime va tre soumis des obligations spcifiques.
Le courtier dassurances maritimes ngocie la couverture des risques auprs des compagnies dassurance. Notamment, il ngocie : pour larmateur, la couverture des risques lis la navigation, pour le chargeur, la couverture des risques concernant le fret.
Dune manire gnrale, il prpare et fait signer par les parties les contrats correspondants et il est rmunr la commission. Il joue donc le rle dun mandataire au service du client pour le placement des risques (risques concernant principalement, en termes de volume et de sinistres, le transport de marchandises pour lesquelles les cots sont relativement levs et frquents) et parfois mme au service de lassureur lui-mme. Afin de constituer sa mission, le courtier et son client vont devoir contracter ensemble sur les modalits du courtage venir.
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1) La convention de courtage
Elle va permettre de dterminer le cadre de lactivit. En s'adressant un courtier pour satisfaire la couverture d'un risque, le client va contracter une convention de courtage. Cette convention, crite ou verbale, a pour le courtier une nature commerciale en raison de sa qualit (cf. Partie I, A, 6, p. 31). Hormis le devoir gnral d'information et de conseil (cf. Partie I, B, 3, p. 41), l'objet de cette convention de courtage est librement dtermin par les parties conformment au droit commun du mandat. Gnralement, lorsque le client est un particulier, l'objet porte sur la recherche par le courtier d'une couverture de risque correspondant aux besoins du client, mais le client peut solliciter une prestation plus tendue du courtier. Rien n'interdit un courtier de faire rmunrer ses services commerciaux par son client. Le courtier d'assurance n'a pas, a priori, un mandat gnral de reprsentation de l'assur. Le contenu du mandat va dpendre de l'accord pass avec chaque client et il doit pouvoir en tre justifi. La Cour de cassation, dans un arrt du 12 mai 1954 (cf. Cass. 1re civ., 12 mai 1954, RGAT 1954, p. 395), reconnat aux courtiers le pouvoir de faire des actes d'entremise (actes de mise en contact d'un assur potentiel et d'un assureur galement potentiel) et n'admet le mandat que selon les circonstances . La preuve de ce mandat pourra tre tablie daprs les rgles de droit commun. La rdaction d'un crit dans les rapports entre les courtiers et les assurs reste fortement conseille. Dans le cas d'une convention passe avec un courtier qui, de par son contenu, ne pouvait tre rsilie que d'un commun accord, la rupture unilatrale par l'assur peut donner lieu ddommagement en cas
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42 d'inexcution du contrat (cf. Cass. 1re civ., 23 nov. 1999, no 97-10.904, RGDA 2000, p. 229). Une fois la convention de courtage tablie, le courtier va pouvoir exercer son rle de mandataire.
3) Lobligation de conseil
a) Ltendue de lobligation
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Le premier rle du courtier d'assurance est un rle de conseil auprs de ses clients. En effet, le courtier commerant indpendant et professionnel de l'assurance a, l'gard de son client, une obligation de conseil et d'exacte information (cf. Cass. 1re civ., 6 nov. 1984, no 83-14.020, Bull. civ. I, no 291), ou encore, le courtier d'assurance peut tre considr tel le guide sr et le conseiller expriment de son client (cf. Cass. 1re civ., 10 nov. 1964, no 62-13.411, Bull. civ. I). Il doit informer son client sur l'tat des couvertures d'assurance qui existent sur le march pour le risque pris en considration. Il appartient au courtier de mettre la disposition des assurs toutes les informations qui concernent les garanties offertes par les polices d'assurance, les exclusions, les tarifs, etc. Il doit par ailleurs aider l'assur analyser et dterminer les risques garantir. Il peut sagir d'aider son client remplir le questionnaire qui dcrit la nature du risque assurer. Exerant tous les jours sur le march de lassurance, il demeure le personnage clef pour son client car il connat ce qui a lieu sur la place, quels sont les piges viter, les meilleures couvertures possibles. Ayant la capacit, de plus en plus lheure actuelle, de mener un dossier de sa cration (tude des risques, tablissement de la police et des certificats dassurance) jusqu son terme, tout en suivant son volution. Prospecter le march de l'assurance en vue de placer le risque de son client reprsente la fonction principale du courtier. Il est libre de slectionner l'entreprise d'assurance rpondant le mieux aux besoins de son client dans un march concurrentiel. Il va devoir apprcier le risque couvrir par une assurance. Mais plus encore, sa mission d'analyse pourra stendre un travail d'audit consistant identifier les risques et les valuer en termes de cot compte tenu du niveau de scurit et des franchises existants.
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Il peut galement revenir au courtier d'tablir le projet de police, c'est--dire de rdiger un contrat d'assurance rpondant aux besoins de son client, notamment en termes d'tendue de garanties. Le rle du courtier peut ne pas se borner la souscription ou l'adhsion de son client un contrat d'assurance, il peut avoir une mission d'assistance gnralise envers ses assurs qu'il est tenu d'accompagner durant toute la priode de validit du contrat. Ainsi, commet une faute engageant sa responsabilit, le courtier qui n'informe pas son client la suite d'un vol, de l'ventualit d'une dchance en cas de dclaration tardive des objets disparus (cf. Cass. 1re civ., 12 fvr. 1991, no 88-10.759, RGAT 1991, p. 436). Il en est ainsi en cas de nouvelle proposition d'assurance comportant des garanties modifies, lorsque le courtier ne communique pas l'assur les limitations de garantie ou le non renouvellement du contrat par la compagnie (cf. Cass. 1re civ., 12 dc. 1995, no 93-12.510). La rsiliation du contrat d'assurance son chance annuelle ne met pas fin au mandat du courtier qui reste mandataire pour tout sinistre survenu avant la prise d'effet de la rsiliation du contrat d'assurance (cf. Cass. 1re civ., 19 dc. 2000, no 98-14.166, RGDA 2001, p. 146). En pratique, cette mission d'assistance et de suivi de la clientle consistera pour le courtier se tenir inform de tout changement dans la situation des assurs susceptible de modifier la nature du risque et de rendre la couverture d'assurance incomplte ou inadapte. De mme, en cas de sinistre, le courtier doit assister l'assur dans les dmarches accomplir et les mesures de sauvegarde ou de conservation prendre. Il doit galement oeuvrer pour un rglement rapide et quitable de la part de l'entreprise d'assurance (cf. Lamy assurances 2004, chp. IV cit supra).
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45 A ce titre, il doit lui rappeler quel point il peut tre utile et ncessaire de prendre des rserves lgard du transporteur afin de faciliter et prserver le recours et damliorer les chances dindemnisation. Cest alors que le courtier pourra exercer, pour le compte de son client le recours, amiable de manire gnrale, en pratique et judiciaire si ncessaire. Cependant, bien que le courtier soit tenu dune obligation dinformation la fois gnrale et prcise eu gard la convention de courtage qui le lie au client, il reste que parfois la notion dobligation de conseil soit confondue avec lobligation de renseignement. En effet, si les tribunaux ne distinguent gnralement pas l'obligation de renseignement du devoir de conseil, ces deux notions se distinguent en ce que la premire ne porte que sur la transmission d'une information gnrique tandis que le conseil suppose une apprciation critique de ladite information au regard de la situation particulire du client donn. On retrouve galement cette distinction au niveau de l'activit des intermdiaires d'assurance.
b) Lobligation de renseignement
1. La notion Quelle que soit la cause de son intervention, l'intermdiaire d'assurance est tenu d'une obligation gnrale de renseignement du cocontractant consistant lui indiquer les informations qui sont en sa possession et que l'autre partie ne peut pas connatre par elle-mme. On peut citer cet effet l'article 1135 du Code civil, nonant que : Les conventions obligent non seulement ce qui est exprim, mais toutes les suites que l'quit, l'usage ou la loi donnent l'obligation d'aprs sa nature .
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46 De plus, on peut galement citer larticle L. 111-1 du Code de la consommation, concernant les relations entre un professionnel (tel le courtier) et un consommateur (le client la recherche dun service en vue dassurer un bien) qui vient appuyer cette ide et disant : tout professionnel vendeur de biens ou prestataire de services doit, avant la conclusion du contrat, mettre le consommateur en mesure de connatre les caractristiques essentielles du bien ou du service . Cette obligation se retrouve dans les assurances individuelles comme dans les assurances collectives. Il sagit donc dune obligation gnrale dinformation incombant tous professionnels lgard de ses clients.
2. Ltendue de l'obligation L'tendue de l'obligation de renseignement varie selon la qualit des parties en prsence, notamment selon la capacit technique du client se renseigner lui-mme (cf. TGI Dunkerque, 7 dc. 1983, RGAT 1985, p. 133). En effet, le professionnel n'est tenu que d'clairer le client sur les points qu'il ne connat pas ou quil n'est pas en mesure de connatre. Conformment deux circulaires de la direction des Assurances, les assureurs ne sont pas obligs de proposer une assurance contre les risques particuliers de tempte, grle aux industriels rputs capables de discerner les vnements contre lesquels ils entendent s'assurer et que ds lors, l'entreprise d'assurance n'tait tenue aucune obligation particulire de renseignement ou de conseil en ce qui concerne les avantages ou la ncessit d'une telle garantie (cf. Circulaire direction des Assurances no 7502, 4 oct. 1993 ; Circulaire direction des Assurances no 1748, 14 mars 1984 : voir Cass. 1re civ., 8 nov. 1994, no 91-12.585, Argus 1994, no 6405, DJT, p. 6, JCP d. G 1995, IV, p. 56).
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47 Par exemple, un courtier dassurances peut parfaitement tre dispens de prvenir un professionnel de llectromnager sur les risques que peut encourir sa marchandise lors dun transport maritime dans des conditions de mauvais temps. Le professionnel doit malgr tout se douter quil expose sa marchandise un certain risque et il doit accepter, par l-mme, une part (raisonnable) de lala dune telle expdition. A linverse, la mme dispense peut avoir lieu lgard du courtier qui ninformerait pas un chargeur de bauxite (ayant assur en toute logique sa marchandise aux conditions F.A.P. sauf ) que sa marchandise nest pas couverte contre les intempries car, a fortiori, elle na pas besoin dune telle couverture.
Ce besoin d'information varie donc selon que le client est un professionnel ou un profane. L'objet du contrat influe galement sur l'tendue de cette obligation. Ainsi lorsque l'opration porte sur une prestation complexe, l'obligation de renseignement se double d'un devoir de collaboration afin d'adapter l'offre aux besoins prcis du client. Cest dailleurs souvent en tant que collaborateur (mandataire) de son client quil va dmarcher les compagnies dassurances et grer le dossier. En tout tat de cause, les salaris et mandataires, quelle que soit l'tendue de leur obligation de renseignement, ne sont pas tenus d'informer les clients potentiels et les assurs sur les produits concurrents (cf. Cass. com., 12 nov. 1992, no 91-12.600, Bull. civ. IV, no 352). De mme, pour le fait de n'avoir pas alert l'ensemble des assurs sur les garanties nouvelles lances une priode donne (Cass. 1re civ., 1er dc. 1998, no 96-16.608, RGDA 1999, p. 426). Commet donc une faute susceptible d'engager sa responsabilit, le courtier qui dlivre l'assur des renseignements inexacts sur l'tendue de la
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48 garantie, confrant celui-ci une garantie illusoire ( voir pour la responsabilit du courtier dassurances maritimes, Partie II, p. 104). La clart des stipulations contractuelles n'est pas exclusive d'un manquement du courtier son devoir de conseil, ds lors qu'il est tabli que c'est sur les conseils errons de sa part que ces stipulations ont t acceptes par l'assur (cf. Cass. 1re civ., 9 mai 2001, no 00-93.64, RGDA 2001, p. 1051). Mais la faute n'oblige le courtier rparer le prjudice subi que dans la mesure o un lien de causalit direct et certain peut tre tabli avec lui (cf. Cass. 1re civ., 9 mars 1999, no 97-10.987, RGDA 1999, p. 703). Cette obligation gnrale de renseignement va donc porter sur les lments de l'opration de nature influencer le choix du client, et ncessaires une exacte comprhension des garanties et conditions d'excution des prestations. Cependant, le Code des assurances prvoit aussi des rgles
particulires , au sens de l'article L. 111-3 du Code de la consommation, ayant pour objet une information renforce du client sans distinguer selon qu'il est un consommateur ou un professionnel. Il s'agit de la dlivrance lors de la phase prcontractuelle de documents d'information portant gnralement prsentation des tarifs, garanties du contrat, conditions d'exercice de la facult de renonciation en assurance vie et capitalisation, etc. (cf. Lamy assurances 2004, n 3976-3985).
3. La dure de l'obligation de renseignement Elle concerne la phase prcontractuelle ou contractuelle des relations entre l'assur et l'entreprise d'assurance ou son mandataire, ds lors que le renseignement porte sur les conditions dexcution de l'opration d'assurance, dune certaine complexit de par l'existence de conditions, dchances et exclusions, conditionnant le droit prestation en cas de sinistre.
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Par exemple, la Cour de cassation a indiqu que le souscripteur d'une assurance de groupe tait tenu l'gard des adhrents d'une obligation d'information et de conseil qui ne s'achevait pas avec la remise de la notice prvue l'article R. 140-5, alina 2, du Code des assurances (information prcontractuelle) mais incluait l'information post-contractuelle, en cas de sinistre, sur les pices fournir l'entreprise d'assurance (cf. Cass. 1re civ., 2 fvr. 1994, no 91-12.251, Bull. civ. I, no 39). L'obligation de renseignement qui trouve sa cause dans les rapports contractuels dure tant que ceux-ci produisent effet. A cet gard, il ne peut tre reproch un courtier d'assurances agissant en qualit de mandataire de ne pas tre tenu de faire souscrire un nouveau contrat en l'absence de demande de l'assur (cf. Cass. 1re civ., 26 mai 1994, no 91-11.980, RGAT 1994, p. 898). Il pourra lui recommander fortement de souscrire nouveau, le cas chant (cf. Partie I, B, 5. La mise en garde, p. 49). 4. La limite de l'obligation de renseignement Lobligation de conseil ou de renseignement se trouve limite qui par les termes mmes de la police d'assurance. Il appartient toute personne normalement contrat. Cest ainsi que la cour d'appel a pu estimer que l'assur avait eu connaissance en temps utile, des conditions gnrales et particulires du contrat d'assurance et avait renseign et sign ces dernires en pleine connaissance lgifrance). Aussi, il a t jug que l'assur avait eu connaissance du refus par l'assureur pressenti de couvrir une dclaration de risque nouveau , ce qu'il ne pouvait contester puisque ses dcomptes annuels de primes ne (cf. Cass. 1re civ., 4 mars 1997, no 94-20.220, site diligente, dsirant souscrire un contrat d'assurance garantissant les dommages causs lors dun transport, de lire les clauses du
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50 comportaient aucune surprime (cf. Cass. 1re civ., 10 juin 1997, no 9511.528, site Web cit). De mme, la cour a-t-elle retenue que l'assur qui avait t avis de la suspension de la garantie ne pouvait soutenir que le courtier s'tait abstenu d'intervenir auprs de l'assureur pour rgulariser rapidement la situation suite l'envoi de la mise en demeure (cf. Cass. 1re civ., 1er dc. 1998, no 96-17.392, site lgifrance). Par ailleurs, dans le cas d'une clause litigieuse qualifie tort de clause d'exclusion de la garantie, laquelle, contrairement ce que soutenait l'assur, n'avait pas tre mentionne en caractres apparents, une cour d'appel a pu lgitimement en dduire que, dans ces conditions, le courtier n'avait aucune obligation d'attirer spcialement l'attention de l'assur sur l'existence de cette clause (cf. Cass. 1re civ., 3 mars 1998, no 96-16.802, cf. Web). Sur ce point, il faut rappeler quil ne sagissait pas dune clause dexclusion de garantie. Si tel avait t le cas, alors cette dernire aurait d figurer en termes trs apparents voire en caractres gras et non quivoque dans le corps de la police. Il a galement t jug que l'assureur qui a l'obligation de fournir une information honnte concernant l'objet de la garantie, notamment en faisant valoir l'ventualit d'une dduction fiscale, n'est toutefois pas tenu d'en vrifier les modalits de mise en oeuvre sur lesquelles il appartient l'assur de prendre conseil (cf. Cass. 1re civ., 12 dc. 1995, no 93-20.268, cf. Web). En consquence, fort est de constater que cette obligation de
renseignement peut avoir des consquences sur la responsabilit du courtier (cf. Partie II, p. 104) qui peut varie en fonction de la qualit de son client et de la nature du renseignement.
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51 Mais, cette obligation dinformation ne porte que sur les droits et obligations du client issus du contrat et il arrive alors quune mise en garde soit ncessaire. 5. La mise en garde Lobligation de mise en garde diffre galement du devoir de conseil, en ce qu'elle consiste indiquer prcisment l'action accomplir, avec plus ou moins d'urgence, pour prserver ou acqurir un droit. Ainsi, le fait pour le courtier qui ne transmet pas la proposition d'assurance et les documents d'adhsion individuelle, rendant de ce fait impossible la conclusion dfinitive du contrat, constitue un manquement ses obligations. Le prjudice rparable n'est pas de la totalit des sommes prvues par le contrat d'assurances qui n'a pas t conclu mais seulement de la perte d'une chance rsultant de la faute (cf. Cass. 2e civ., 19 juin 1996, no 92-19.375, RGDA 1996, p. 768). Manque ses obligations, le courtier qui encaisse la prime, alors que la police tait rsilie, sans rappeler l'assur cette rsiliation ni lui conseiller de souscrire une nouvelle police (cf. Cass. 1re civ., 23 mai 2000, no 9811.768). Si lobligation de renseignement participe dune souscription aux conditions gnrales du contrat en informant sur leurs modalits, lobligation de conseil va plus loin en ce quelle guide le client pour une souscription la mieux adapte au bien assurer, la situation donne et surtout en ce quelle participe laccompagnement du client dans sa dmarche dassurance pendant la dure dapplication de la police.
c) Le devoir de conseil
1. La notion
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52 Contrairement l'obligation de renseignement qui consiste en une information du client sur les caractristiques du produit ou de la prestation de services et des conditions et prcautions requises pour son utilisation ou sa rsiliation, l'obligation de conseil implique une apprciation critique destine orienter le choix du contractant au mieux de ses intrts. 2. L'intermdiaire - conseil (cf. distinction obligation de moyens/de rsultat, Partie I, B, d, p. 55) L'engagement de l'intermdiaire diffre selon qu'il est li ou non la personne prise en considration. En qualit de mandataire (ou demploy), le distributeur de produits d'assurance doit une information et un conseil le plus tendu son mandant et seulement une juste information au tiers sur l'tendue des garanties et des conditions d'excution du contrat. En revanche, le courtier commerant indpendant et professionnel de l'assurance a, l'gard de son client, une obligation de conseil et d'exacte information. Le rle du courtier d'assurances maritimes ne se limite pas mettre en prsence le futur assur et son futur assureur et laisser ces derniers discuter entre eux les clauses du contrat venir. En effet, si le futur assur s'adresse au courtier, c'est parce que lui-mme n'a pas le temps ncessaire et surtout ne possde pas la comptence technique et juridique indispensable la discussion de la rdaction initiale de la police et des modifications susceptibles d'y tre apportes. Il le considre comme ayant les connaissances qui lui font dfaut pour grer au mieux ses intrts et assurer dans les meilleures conditions la couverture des risques considrs (cf. CA Paris, 14 avril. 1962, RGAT 1965, p. 175).
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53 Par exemple, au moment de la dclaration de l'tendue et des qualits d'un risque en vue d'obtention d'une garantie, manque son devoir le courtier qui, bien que ignorant l'existence d'un autre contrat antrieurement souscrit auprs d'un autre assureur par son client, ne s'est pas renseign, auprs de ce dernier, de ses antcdents (cf. Cass. 1re civ., 10 dc. 1991, no 48912.843, RGAT 1992, p. 188). En revanche, dans une situation semblable, le courtier dassurance (mandataire dune compagnie dassurances) ne commet pas de faute en ne vrifiant pas l'exactitude des dclarations de l'assur (cf. Cass. crime., 8 aot 1989, no 88-82.417, RGAT 1989, p. 908 ; Cass. 1re civ., 30 sept. 1997, no 95-16.106, RGDA 1997, p. 1072) ou en n'enqutant pas sur l'activit exacte de l'assur, aucun prcdent sinistre n'ayant pu rvler au courtier l'existence de cette activit (cf. Cass. 1re civ., 28 mars 2000, no 9719.225, RGDA 2000, p. 605) ou en n'ayant pas eu connaissance de la cessation d'activit de l'assur (cf. Cass. 1re civ., 15 dc. 1999, no 9719.748). De la mme manire, il nengagerait pas sa responsabilit (cf. Partie II La responsabilit du courtier dassurances maritimes, p. 104) en ne vrifiant pas la vracit des dclarations faites par l'assur, ni en recherchant l'existence de modifications dans la situation dclare de l'assur (cf. Cass. 1re civ., 14 nov. 2001, no 99-10.528, RGDA 2002, p. 60). Aussi, concernant la plaisance, il a t jug de mme en cas de transfert de la garantie d'un premier bateau sur un catamaran dont la valeur relle est suprieure la valeur dclare lors de la souscription du contrat (cf. Cass. 1re civ., 1er fvr. 2000, no 97-15.206, RGDA 2000, p. 608). Cependant, le courtier doit s'entourer de toutes les prcautions ncessaires et vrifier les renseignements qui lui sont fournis par les assureurs, les tiers, par exemple, un syndic de coproprit concernant le contrat souscrit par la coproprit ; il doit en consquence attirer l'attention de son client sur la
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54 ncessit de se couvrir en l'absence de ces garanties (cf. Cass. 3e civ., 14 janv. 1998, no 96-11.802, Resp. civ. et ass. 1998). Le courtier, comme le mdecin ou l'avocat, est tenu d'une obligation particulire d'informations et de conseils envers son client. La Cour de cassation en a tir la consquence qu'en mettant leur charge la preuve de l'excution de cette obligation, une cour d'appel n'a fait qu'appliquer l'article 1315 du Code civil ( propos d'un mdecin, voir Cass. 1re civ., 25 fvr. 1997, no 94-19.685, Bull. civ. I, no 75 ; propos d'un avocat, voir Cass. 1re civ., 29 avril. 1997, no 94-21.217, JCP d. G 1997, II, no 22948, note R. Martin. A propos d'un courtier d'assurance, voir CA Versailles, 12e ch., sect. 2, 28 nov. 2000).
3. La limite de l'obligation de conseil Lobligation de conseil connat certaines limites. Ainsi, le client d'un courtier ne peut pas valablement soutenir qu'il n'avait pas t mis en garde sur l'ventuel refus de l'entreprise d'assurance d'accepter le risque propos compte tenu des conditions dans lesquelles la proposition d'assurance avait t tablie et transmise, celle-ci ne comportant ni date de prise d'effet ni calcul de prime, de la vrification de la situation du risque par l'assureur, du suivi effectu par le courtier, qui (...) avait confirm son client que l'accord de l'assureur demeurait subordonn l'avis favorable de l'inspecteur (cf. Cass. 1re civ., 10 dc. 1991, no 90-16.405, RGAT 1992, p. 189). En ce sens, est galement carte la responsabilit du courtier qui n'a pas t inform de la volont de l'adhrent un contrat groupe de modifier le bnficiaire de la garantie (cf. Cass. 1re civ., 17 nov. 1998, no 96-18.152, RGDA 1999, p. 158).
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55 De la mme faon, est carte la responsabilit de l'agent propos d'un dfaut d'assurance concernant une activit dont il n'a jamais eu connaissance (cf. Cass. 1re civ., 12 janv. 1999, no 96-18.752, RGDA 1999, p. 436). A galement t carte la responsabilit d'un courtier qui l'assur n'avait pas transmis l'intgralit d'un rapport en vue de l'tablissement d'un avenant portant rvaluation des biens assurs (cf. Cass. 1re civ., 14 mars 2000, no 97-19.211). Le courtier nest pas plus responsable ds lors que l'assur ne dmontre aucun prjudice, le contrat obtenu par ce courtier s'tant rvl avantageux pour l'assur (cf. Cass. 1re civ., 30 janv. 2001, no 98-11.362, RGDA 2001, p. 441). Par ailleurs, doit tre carte la responsabilit du courtier incitant l'assur s'assurer auprs d'une socit d'assurance sans avoir attir son attention sur les risques encourus du fait de la solvabilit douteuse de cette socit. En l'espce, le courtier n'avait commis aucune faute en s'adressant une socit d'assurance qui avait l'agrment de la Commission de contrle des assurances. Au surplus s'agissant d'une socit ancienne, il n'y avait a priori aucun risque de s'adresser elle (cf. CA Grenoble, 2e ch., 17 mars 1997, no 3516/95). Dans une autre affaire, la cour d'appel a retenu quil ny avait pas faute du courtier au titre de son devoir de conseil, car cette obligation n'existait qu'au bnfice de l'assur et non vis--vis des tiers et que seul le courtier et lassur taient lis par les liens contractuels, mme si en l'espce des rglements de primes avaient t effectus par le demandeur (cf. Cass. 1re civ., 4 juill. 2000, no 98-10.407, RGDA 2000). De mme, l'obligation de conseil reste limite par le cadre dfini de lopration dassurance.
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56 Ainsi, ne commet pas de faute, le courtier d'assurances qui n'informe pas l'assur de la ncessit de possder un certificat de navigabilit conforme la rglementation maritime, l'occasion de la rdaction de conditions particulires d'un contrat prvoyant la garantie d'un navire de plaisance pour une traverse maritime (cf. Cass. 1re civ., 2 juill. 2002, no 99-14.765, Bull. civ. I, no 178, p. 155, RGDA 2002, p. 689).
En qualit de gestionnaire de prestation de services, il est ncessaire de dlimiter galement ltendue de lobligation de renseignement en distinguant sil sagit dune obligation de moyens ou plutt de rsultat.
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57 La responsabilit de l'intermdiaire sera simplement engage, ds lors que la victime d'une faute dans l'excution d'une telle prestation dmontre que le rsultat convenu n'a pas t atteint. Le courtier peut galement tre engag mettre tous les moyens sa disposition pour accomplir un acte ou raliser une situation. En dautres termes, s'il appartient l'agent d'assurance, dans l'exercice de son devoir d'information et de conseil, d'examiner l'ensemble des donnes de fait et de droit particulires la situation de chaque assur, l'obligation lui incombant ce titre ne saurait tre qu'une obligation de moyens (cf. Cass. 1re civ., 7 mars 1989, no 87-13.053, JCP d. G 1989, IV, p. 170). En revanche, l'intermdiaire est tenu d'une obligation d'exacte information, de rsultat, partir du moment o l'information dlivre porte sur une clause du contrat. En effet, le courtier engage sa responsabilit en fournissant de bonne foi et aprs vrification auprs de la compagnie d'assurance une rponse inexacte un assur sur le montant de la garantie du contrat souscrit (Cass. 1re civ., 13 janv. 1987, no 85-13.499, Bull. civ. I, no 9, p. 329).
A ct du devoir de conseil, essentiel comme nous avons pu le constater pour un intermdiaire tel que le courtier dassurances maritimes, il nen demeure pas moins soumis des obligations accessoires telle que de constituer une garantie financire contre les ventuelles erreurs quil pourrait commettre le cas chant.
4) Lobligation financire
En vertu de larticle L. 530-1 du Code des assurances, seules peuvent effectuer des oprations de courtage les personnes pouvant justifier dun engagement de caution selon les dispositions suivantes :
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58 tout courtier ou socit de courtage dassurance qui, mme titre occasionnel, se voit confier des fonds en vue dtre verss des entreprises mentionnes larticle L. 310-1 ou des assurs, est tenu tous moments de justifier dune garantie spcialement affecte au remboursement de ces fonds aux assurs ; cette garantie ne peut rsulter que dun engagement de caution pris par un tablissement de crdit habilit cet effet ou une entreprise dassurance rgl par le Code des assurances ; lobligation prvue par le prsent article ne sapplique pas aux versements pour lesquels le courtier a reu dune entreprise dassurance un mandat crit le chargeant expressment de lencaissement des primes et accessoirement du rglement des sinistres. Lobligation de cautionnement aux termes larticle 530-1, alina 1er, ne profite quaux clients du courtier dassurance ayant la qualit dassur et non aux entreprises dassurance ventuellement victimes dun dfaut de reversement de fonds confis. Son objet se borne permettre lassur de recouvrer les sommes quil a confies au courtier. Le courtier se doit de constituer une garantie dont ltendue peut reprsenter une part importante quant la dtermination de lassiette ainsi quau regard de sa mise en uvre (cf. Lamy assurances 2004 n3950 et suiv., p.1966).
a) Ltendue de la garantie
Le montant de la caution slve au minimum 115 000
(D n 2001-95, 2 fvr. 2001, Jo 3 fvr., en vigueur au 1er janvier 2002), que le courtier garanti ait ou non des mandats dencaissements crits, et ne peut tre infrieur au double du montant mensuel moyen des fonds perus, dduction faite des versements pour lesquels le courtier a reu des mandats crits dentreprises dassurance (cf. C. ass., art. R. 530-1). 58
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Cette obligation de garantie porte sur le montant des sommes confies au courtier. Ces dernires ont gnralement quun caractre transitoire et il na pas toujours t vident de savoir prcisment quels taient les fonds prendre en considration dans les comptes du courtier. Aujourdhui, la difficult nest plus, car dans lensemble des fonds concerns est inclus tout ordre de paiement transitant physiquement par le courtier. Selon la direction du Trsor du Ministre de lEconomie lengagement de caution doit notamment inclure dans son assiette le montant des chques libells lordre des entreprises dassurance ou des assurs (cf. circulaire, 29 avril 1991). Aussi va-t-il falloir dterminer lassiette de la garantie afin de connatre quels sont les fonds concerns.
b) Lassiette de la garantie
Cette obligation ne porte que sur les fonds confis loccasion de rapports contractuels avec une entreprise rgie par le Code des assurances. De fait, les actes de courtage relatifs soit des oprations financires distinctes de lassurance, soit des oprations dassurance relevant dorganismes non rgis par le code des assurances ne sont donc pas concerns. Toutes les sommes confies un courtier ne sont pas forcment prises en compte dans le calcul de lassiette de lengagement de caution. En effet, ne sont pas concerns par cette obligation financire les fonds confis en excution dun mandat crit dune entreprise dassurance, qui
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60 charge le courtier expressment de lencaissement des primes et accessoirement du rglement des sinistres (cf. C. ass., art. L. 530, al. 3). Dans ce cas lobligation de garantie est inutile puisque cest lentreprise mandante qui sera directement responsable vis--vis des assurs des dtournements de ces sommes (cf. C. ass., art. L. 511-1). Cependant, lentreprise dassurance disposera, conformment au droit commun, dune action rcursoire en responsabilit contre le courtier pour le prjudice subi de son fait. Lassiette ainsi dfinie, il va sagir de mettre en uvre la garantie financire du courtier le cas chant.
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d) La dure de la garantie
Lengagement de caution est pris pour la dure de lanne civile. Il se renouvelle par tacite reconduction aprs rvision de son montant au premier janvier de chaque anne (cf. C. ass., art. R. 530-2). La cessation de garantie nest pas opposable au crancier, pour les crances nes pendant la priode de validit de lengagement de caution (cf. C. ass., art. 530-7). La garantie cesse la rsiliation du contrat, son chance, au dcs du courtier ou sa cessation dactivit (dissolution pour les socits de courtage). La cessation de lengagement de caution se produit dans un dlai minimum de trois jours francs compter de son annonce, sous forme davis, dans deux journaux (dont un quotidien) paraissant dans le dpartement o est tabli le courtier. Cette obligation de publicit nest pas requise si le courtier prouve lexistence dune nouvelle garantie prenant la suite, sans interruption, de celle qui sera rsilie (cf. C. ass., art. R. 530-7).
Aprs avoir pris connaissance des obligations auxquelles est soumis le courtier dassurances maritimes, il faut envisager ensuite ce que cet intermdiaire, mandataire du client, va pouvoir raliser pour son client en lui proposant la souscription dune police dassurance qui devra tre adapte la demande et aux besoins du client en considration du bien concern assurer.
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Cest par la souscription de la police dassurance que le courtier va jouer un rle essentiel, en demeurant le meilleur conseiller possible de son client eu gard aux besoins de ce dernier. Il va ainsi mettre en uvre ses comptences au service de la "bonne assurance". A cet effet, il dispose dun certains nombre doutils tel que les clbres imprims de police franaise dassurance maritime sur facults (marchandises) tous risques et FAP (franc davaries particulires) sauf (cf. annexe IV). Il reste soumis aux respects des rgles dictes notamment par le Code des assurances (cf. titre VII le contrat dassurance maritime et dassurance fluviale et lacustre chap. I, II, III) ou encore le Code de commerce (cf. titre III des courtiers, des commissionnaires, des transporteurs et des agents commerciaux , chap. I) ; encadr par les usages de la profession (tel le Code moral des courtiers cf. Partie I, A, 7, p.33 ; annexe III), il doit suivre une certaine procdure dtude dun dossier client, consistant dune manire gnrale, dans lanalyse au cas par cas. Ceci tant, la souscription ne peut se concevoir sans une collaboration troite avec le client et les assureurs quant dfinition des risques prendre en compte pour une marchandise dtermine. Essentiellement, il existe deux domaines dans lesquels on conoit la souscription dune police dassurance maritime, savoir lassurance facult et lassurance corps.
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63 Aussi, Faut-il prciser que le march de lassurance maritime va engendrer davantage de sinistres et de contentieux en ce qui concerne les marchandises transportes. Cest donc sur ce point que nous approfondirons notre tude, les navires (lassurance corps) tant, pour lessentiel, lapanage des P&I club ( Protecting and Indemnity Clubs ) garants des armateurs (transporteurs maritimes).
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indispensable les dispositions gnrales et qui sont rdiges par le courtier. Il convient, en effet, de savoir traiter des risques relevant strictement du transport pour proposer par exemple, des garanties qui puissent prendre en compte les risques d'entreposage ou de pertes d'exploitation ou pnalits de retard, ou toute autre extension spcifique ne de la pratique et de l'analyse des besoins de l'assur. Aux risques ordinaires de transport, sajoute le plus souvent la garantie des risques exceptionnels de guerre, terrorisme, sabotage et de grves, meutes et mouvements populaires qui peuvent couvrir les biens transports de magasin magasin selon une formule dite de bout en bout qui est une spcialit du march franais. Ainsi, l'import comme l'export, les produits d'assurances garantissant les risques de transport peuvent tre tendus des annexes tels que les stocks/transits ou les pertes d'exploitation conscutives un vnement de transport. Le contrat d'assurance transport peut se trouver galement confront des extensions qui concernent des garanties de bris de machine ou de montage/essais , sans parler de la ncessaire liaison organiser entre les risques de transport et ceux relevant des polices Tous Risques Chantier .
b) Lassurance corps
L'assurance Corps porte sur le navire au sens large du terme, c'est dire qu'il peut s'agir de tout engin utilis titre commercial ou priv sur les eaux maritimes ou fluviales qu'il soit en navigation ou en construction : navire de commerce de tous types, navire de pche, navire spcialis tel que plateforme de forage mobile ou cblier, unit de plaisance ou navire fluvial. 64
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L'assurance Corps est soit du type tous risques sauf soit du type prils numrs . Ainsi la police franaise d'assurance maritime sur corps de tous navires , police-type du march franais, a pour objet la garantie des dommages, des pertes, des recours de tiers et des dpenses rsultant de fortunes de mer ( tout ce qui survient sur ou par la mer ) et d'accidents qui arrivent au navire assur. Seuls restent exclus les risques prcisment numrs au chapitre exclusion et c'est l'assureur de dmontrer l'exclusion. A l'inverse, les polices anglaises ou amricaines sur corps de tous navires sont du type prils numrs . Seuls sont couverts les risques numrs dans la police et la charge de la preuve est inverse : il appartient l'armateur de prouver que les dommages subis par le navire sont la consquence de l'un des risques numrs. En fonction de la nature des risques et des besoins de l'armateur, les clauses FAP (Franc d'avaries particulires), FAP sauf ou FAP absolument, Perte Totale et Dlaissement peuvent permettent de limiter le contenu de la garantie et son cot. Dans tous les cas, il est intressant de noter que l'assurance Corps prsente la particularit d'tre la fois une assurance de chose couvrant la perte ou l'avarie du Corps et une assurance de responsabilit couvrant certains dommages causs aux tiers appels recours de tiers et occasionns l'occasion d'abordage avec un autre navire ou de heurts avec tout autre bien ou installation fixe ou flottante. Enfin, moyennant surprime, il est possible de garantir les risques de guerre et risques assimils (grves, meutes, mouvements populaires, lock-out et autres faits analogues).
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66 Suivant la directive communautaire n 88-357 du 22/06/1988, les risques corps de navires, tenus pour des grands risques industriels ont t ouverts la LPS (Libre Prestation de Service). Le march corps est donc trs international et la clientle est constitue d'armateurs et de chantiers de construction franais et trangers auxquels sont proposs des services globaux d'analyse de risques et de courtage avec un accs privilgi tous les marchs mondiaux de l'assurance et de la rassurance maritimes (cf. site Web www.marsh.fr.). Lassurance de marchandise transporte reprsente la principale source dactivit du courtage maritime et ncessite donc dtablir des polices dassurance adaptes.
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67 Selon le Code des assurances, il en est plusieurs impratives. 1. Ltat civil Il va sagir de celui de lassureur et du souscripteur. Le courtier napparat pas au contrat dassurance : les noms et domicile des parties contractantes, ladresse du sige social de lassureur , etc. Lassur doit porter attention la mention de son domicile car cest cette adresse que lui seront valablement envoyes les correspondances relatives son contrat. Au titre de son obligation de conseil, le courtier devra veiller ce que cette adresse figure bien dans la police mais soccupera gnralement de la correspondance pour le compte du client en tant que mandataire, gestionnaire du dossier, police quil rdigera, bien souvent lui-mme.
2. La nature du risque Naturellement, il faut prciser quel est lobjet du risque garanti : la chose assure , dfinir lvnement alatoire qui peut latteindre : la nature des risques garantis (incendie, mouille, perte, vol). Le degr de prcision des clauses consacres ces lments peut tre trs variable. Les restrictions de garantie du risque (exclusions) entrent dans le cadre des mentions lgalement obligatoires (cf. imprims maritimes, annexe IV). On peut, ce titre, rappeler que larticle L. 171-3 du Code des assurances nonce que tout intrt lgitime, y compris le profit espr, peut faire lobjet dune assurance, nul ne pouvant rclamer le bnfice dune assurance sil na pas prouv de prjudice . 3. La dure dapplication du contrat
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Dune part, la police est date du jour o elle est tablie . Dautre part, la dure de la garantie doit tre indique (cf. C. ass., art. R. 112-1). De plus, il est prvu la prise en compte du dpassement de la dure initialement prvue par le mcanisme de la tacite reconduction. Encore faudra-t-il que le courtier pense le stipuler dans la police. Il en sera de mme pour la prorogation ou encore la rsiliation du contrat. 4. Les montants de la garantie et de la prime La police doit indiquer ltendue de lengagement de lassureur : le montant de la garantie , ainsi que le celle de lengagement de lassur : la prime dassurance .
5. Le droit applicable au contrat Lassur doit savoir, la simple lecture de la police, quelle est la loi applicable au contrat lorsque ce nest pas la loi franaise . 6. Les pouvoirs publics chargs du contrle de lassureur Doivent tre mentionns le nom et ladresse des autorits charges du contrle de lentreprise dassurance qui accorde la couverture . 7. La prescription Aux termes de larticle R. 112-1 du Code des assurances la police dassurance doit rappeler les dispositions de la loi concernant la prescription des actions drivant du contrat dassurance. Il sagira notamment de reproduire les textes relatifs la dure de la prescription ainsi qu ses
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69 modes dinterruption ( voir Lamy assurances 2004, La prescription, p .443 & suiv.). On notera que la signature nest pas requise peine de validit de la police mais simplement sera utile en terme de preuve de lassurance (cf. C. ass., art. L.112-3).
1. Les conditions gnrales Elles dcrivent les lments de la garantie dlivrs par lassureur pour un risque ou un ensemble de risques dont la couverture est frquente : manquant, naufrage, incendie, abordage, chute de colis, voie deau (cf. art. 5 imprim tous risques , annexe IV). Les clauses qui y figurent forment un fond contractuel commun tous les assurs sous rserves des exceptions qui rsultent des autres documents. Les conditions gnrales sont habituellement pr-imprimes tel que les imprims maritimes dj cits (cf. annexe IV). 2. Les conditions particulires Elles permettent dindividualiser la garantie dassurance en fonction de chaque assur. 69
70 Cest principalement ici que le courtier va intervenir afin dapproprier au mieux la garantie gnrale au cas particulier du client en prsence. En indiquant ltat civil de son client, il va dcrire le risque, par sa situation, sa dure, etc. il va chiffrer le montant de la garantie (plafond, franchise). 3. Les conventions spciales Sans tre individualises comme les conditions particulires, elles servent affiner le contenu des conditions gnrales. Plus prcisment, il peut sagir des clauses additionnelles telles que celles relatives la dure de la garantie (cf. clauses 14 et 15, Lamy transport tome II 2004, p. 217) ou encore celles relatives au vol et la disparition (cf. clause 28 et 29, ouvrage prcit) que lon trouve souvent ajoutes aux imprims maritimes (conditions gnrales) dans la police. Plus spcifiquement, on peut citer la clause originale, propose rcemment par la FFSA, intitule clause additionnelle Transport/Exposition (cf. Lamy transport tome II 2004, p. 231). Cette clause droge aux dispositions des conditions gnrales entre autres quant la dure des risques. Dans le cadre de cette extension, indissociable de la couverture
dassurance facult, les marchandises sont assures ds linstant o elles quittent les magasins au point extrme de dpart du voyage jusquau moment o elles reviennent dans les magasins de lassur, du destinataire, de ses reprsentants ou de ses ayants-droit au point extrme de dpart dudit voyage ou tout autre lieu de destination convenu avec lassureur, aprs un sjour en exposition dont la dure ne pourra excder un dlai de 30 jours calcul de puis la fin du dchargement des marchandises assures du dernier vhicule de transport sur le site dexposition . Disponible depuis le mois davril 2003, cette clause permet, dans le cadre dune assurance transport, dassurer des marchandises exposes dans une foire ou un salon.
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La police tablie, bien que se soit le rle de lassureur, le courtier dlivrera, souvent, une attestation dassurance (voire un certificat dassurance pour la police dabonnement).
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72 fonction des termes du contrat de vente et de ceux de la police dassurance qui pourra en tenir compte.
3)
Les
outils
du
courtier
dassurances
maritimes
Afin dtablir une police dassurance rpondant au besoin du client et approprie la marchandise concerne, le courtier va pouvoir utiliser divers outils.
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73 collaboration entre ces derniers sera importante. Ce qui invite plusieurs rflexions
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74 dune part, dans la police application obligatoire, le souscripteur sengage faire assurer toutes les expditions rpondant aux critres dfinis dans laccord-cadre et qui se produiront durant lapplication du contrat. En contrepartie, lassureur accorde automatiquement sa garantie pour chaque expdition ds la mise en risques soit, avant toute dclaration daliment par le souscripteur, mais condition que lassur dclare lexpdition dans le dlai imparti (8 jours compter de la rception par lui ou par son courtier) ; dautre part, dans la police application facultative, lassur accepte lengagement de lassureur mais se rserve le droit dassurer ou non une expdition entrant dans les prvisions du contrat-cadre. De ce fait, la garantie ne peut tre automatique et suppose une dclaration de lassur. Elle ne prendra effet pour chaque expdition que si la dclaration en a t faite lassureur pralablement la remise de la marchandise au transporteur.
On peut constater le rle du courtier qui, en la matire, va devoir veiller ce que son client fasse en temps voulu les dclarations utiles et dment explicites afin dviter une mauvaise assurance, voire une absence dassurance de la marchandise en cours dexpdition. Dans la pratique, ce sera le courtier, lui-mme qui remplira ces formalits pour le compte du client. En dautres termes, il fera son affaire de lobligation de dclaration. Notons que la facilit de gestion de ces polices dabonnement les rend
dangereuses, surtout lorsquelles sont application successives. Lassur aura tendance oublier les limitations de lengagement de lassureur. Pour viter cela, le courtier dassurances maritimes, mandataire responsable du dossier de son client, se doit de connatre les termes de
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75 laccord-cadre et de vrifier pour chaque expdition que celle ci entre bien dans les prvisions de la police. Il va sattacher la vrification des points principaux suivants : la nature du transport : pour tre couvert par la police maritime, un transport de marchandises doit ncessairement comporter une traverse maritime ; ltendue de la garantie par rapport celle souhaite : il peut tre amen procder une extension au coup par coup ; la valeur assurer par rapport au plein (plafond de lengagement de lassureur, tout spcialement en cas daccumulation de plusieurs expditions en un mme lieu) : si la garantie est souscrite en devise trangre, le courtier devra prter attention la variation du cours des devises qui peut modifier le montant de la valeur assurer par rapport au plein du contrat (et le dpasser) ; les risques daccumulation ; le trajet par rapport aux zones territoriales couvertes ; la classification du navire, son ge et son pavillon car la garantie dassurance pourrait tout simplement tomber et/ou ne pas couvrir tel ou tel type de navire ; tout autre lment restrictif prvu aux conditions particulires.
Enfin, lassur demandera rgulirement son courtier quil lui dlivre un certificat dassurance pour chaque expdition. Dans le cadre dune police dabonnement marchandise, spcialement dans loptique dune vente avec crdit documentaire, ledit certificat atteste de lexistence de la garantie, en rsume les conditions et contient un rappel succinct des formalits accomplir en cas de sinistre, permettant ainsi au client un meilleur suivi de son contrat. La garantie sincorpore ce document qui joue, pour les contrats dabonnement, le rle normalement dvolu la police elle-mme pour les assurances au voyage.
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76 Notons que dans le cadre dune police dite au chiffre daffaires , au vue de la particularit de celle-ci, aucun certificat dassurance ne pourra tre dlivr, toutes les expditions tant couvertes. Cette formule simplifie pour lassur, ncessite malgr tout au courtier, une tude pour dterminer les flux assurer et les valeurs retenir en cas de sinistre. Ainsi lassur na plus qu dclarer, en fin dexercice, son chiffre daffaires et en dbut dexercice, verser une prime provisionnelle ; la prime dfinitive tant calcule par application des taux prvus. En vitant son client de tels cueils, le courtier va faciliter et amliorer les conditions dassurance de ce dernier. Mais, le droulement dune police dabonnement demeure encadr par les conditions gnrales des imprims maritimes. c)
Les
imprims
dassurance
maritime
sur
facults
A effet du 2 avril 1984, deux imprims approuvs par la dcision administrative du 30 juin 1983, ont remplac par les polices au voyage les prcdentes conditions gnrales. Ils ont t modifis trois fois depuis leur entre en vigueur. Le premier imprim concerne les marchandises garanties Tous risques , le second celles garanties FAP Sauf. Tous deux sont rfrencs Imprim du 30 juin 1983, modifi le 16 fvrier 1990, 22 octobre 1998 et le 1er juillet 2002 . Pour chacun, il existe une version comportant un cadre de renseignements permettant de lutiliser comme police au voyage ou comme certificat pour une assurance pour une police dabonnement. Ces imprims sont complts par des dispositions relatives aux polices dabonnement (cf. supra, b) les particularits de la police dabonnement, p. 71) et reprsentent le support essentiel du courtier dassurance maritime
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77 qui souhaite constituer une police dassurance conforme aux rgles et usages actuels et sy rfre de manire quasi-systmatique. Le but recherch par les assureurs a t de simplifier et de moderniser le prsentation des garanties et, en raccourcissant le texte des conditions gnrales, de permettre quun certificat dassurance (cf. supra, c) lattestation dassurance, p. 69) dlivr lacheteur tranger pour les polices dabonnement reproduise les modalit de garantie, au lieu de faire rfrence aux conditions franaises que cet acheteur peut ne pas connatre. Ces imprims nont quune valeur indicative. Mme si, en pratique, ils sont repris par les compagnies celle-ci sont libres dadopter dautres conditions gnrales (cf. annexe IV). 1. La garantie Tous risques Ce terme est susceptible de crer une confusion dans lesprit de lassur notamment lorsquil sagit de plaisance. En ce domaine, les assurs qui sont des particuliers et non plus des professionnels commerants nont pas les mmes attentes, ni les mmes exigences et sont beaucoup moins comprhensifs quand il sagit dtre patient lgard du recours et du ddommagement de leur prjudice. Lorsque lon veut souscrire une assurance pour des marchandises exporter ou importer, il est frquent de demander son courtier une couverture de tous les risques sans davantage de prcision. Mais ds la lecture des conditions gnrales de garantie, tant franaise quanglaise dailleurs, on peut sapercevoir que tous les risques ne sont pas pris en charge par lassureur. Ceci dit, il appartient aussi au courtier, en tant que conseiller de son client, de lui rappeler ce que veut dire prcisment la notion de garantie tous risques , surtout par exemple en prsence dun client non professionnel dmnageant ses effets personnels.
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Outre la contribution davarie commune, lassureur garantit tous les dommages et pertes de poids ou de quantit subis par les facults sauf si ces dommages sont dus lune des exclusions de larticle 7 de limprim maritime Tous risques telles que la confiscation, les fautes intentionnelles ou inexcusables, retard dans lexpdition Le courtier aura le devoir lors de la souscription de rappeler, voire dinformer le client de lexistence de ces conditions et notamment de certaines particularits propres aux mondes de lassurance et du transport maritime comme lest la garantie des risques de vol ou de disparition quil faut souvent rappeler, mme aux professionnels, ou celle des marchandises charges en ponte. Le risque de vol ou de disparition Il sagit l de mettre laccent sur le fait que ces derniers risques sont couverts automatiquement mais sous certaines conditions particulires. Lindemnisation des manquants lintrieur dun colis suppose lexistence de traces deffraction ou de bris constats par le commissaire davaries (en gnral, dment requis par le courtier aux fins de dterminer de la meilleure manire quil soit et le plus rapidement possible les causes du sinistre). Lindemnisation des colis manquants suppose, quant elle la prsentation dun certificat ou tout autre document tablissant la non-livraison dfinitive. Toutefois, si le courtier a pens insrer les clauses additionnelles 28 ou 29 au contrat, des acomptes pourront tre verss sur la base de certificats provisoires et lexpiration dun certain dlai, l assureur ayant bien entendu t avis de la non-livraison (encore une fois, via le courtier). Les marchandises charges en ponte
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79 Il apparat dans limprim la distinction entre deux types de navires : ceux munis dinstallations appropries ce mode de transport : les marchandises sur le pont ou dans les superstructures sont automatiquement couvertes en Tous risques ; ceux qui en sont dpourvus : elles ne sont garanties, sauf stipulation contraire, quaux conditions FAP sauf avec, sous rserve dune dclaration de ce chargement ds que lassur en a connaissance et moyennant surprime, extension au jet la mer, enlvement ou chute la mer. 2. La garantie FAP Sauf Cette notion signifie que sont couverts exclusivement les dommages et pertes matriels ainsi que les pertes de poids ou de quantits, causes aux marchandises assures par un ou plusieurs des vnements et limitativement viss dans la police. La couverture, sous rserve des exclusions mentionnes au contrat, porte donc sur : les avaries dites particulires rsultant pour la facult assure de lun des vnements numrs larticle 5 (cf. imprim FAP sauf , annexe IV). Par avaries particulires il faut entendre : des vnements majeurs frappant le plus souvent en mme temps le moyen de transport et le chargement et qui constituent les risques du transport (naufrage, abordage, incendie), des vnements frappant exclusivement la marchandise en cours de voyage (mouille, casse, perte),
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80 des accidents se produisant durant la manutention (trs frquents), sjours quai ou en entrept, accessoires au transport garanti ; la contribution davarie commune. Il sagit l dune notion propre au transport maritime et qui demande, lorsquelle se produit, un investissement important du courtier en charge de la gestion du sinistre (cf. Partie I, D) La gestion du sinistre, p. 86). Cette procdure, assez lourde mettre en place, constitue pour le propritaire de facults, un risque spcial propre au transport par mer. Ce dernier, quil soit galement victime ou pas lors de lavarie, peut avoir contribuer financirement aux dpenses ou sacrifices que le capitaine est amen faire dans lintrt commun du navire et de son chargement tel quun jet la mer, relche dans un port, remorquage Quel que soit le mode dassurance, lassureur prend en charge cette contribution aux avaries communes et aux frais dassistance. Encore faut-il que lvnement lorigine du sinistre ne soit pas expressment exclu. Aussi, le courtier dassurances maritimes va devoir grer une telle avarie car seul un professionnel digne de ce nom, peut parvenir la mener bien tout en ngociant avec les compagnies dassurance. Enfin, concernant les marchandises charges en ponte, elles sont couvertes contre les mmes vnements. Elles peuvent tre garanties, moyennant demande dextension et surprime, contre le jet la mer et lenlvement par la mer ou chute la mer (cf. supra, La garantie tous risques p. 75).
En sus, conformment au droit communautaire de la concurrence (cf. Rgl. Comm. C.E. n35/2003, 27 fv. 2003, J.O.U.E., n L53, p. 8), lassurance
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81 peut galement tre souscrite en France aux conditions de polices trangres, souvent la demande du client. Le courtier pourra donc parfaitement proposer une assurance selon les conditions dassurance trangres, ou la demande du client assurer directement le bien aux conditions trangres. Il dispose notamment des conditions anglaises telles quelles sont inscrites dans les Institute Marine Cargo Clauses (I.C.C. (A), (B), (C), cf. www.royalsunalliance.ca/royalsun/sections/marine_insurance/cargo/cargo_cl auses.asp) qui peuvent tre intgres dans le corps de la police dassurance et qui correspondent, peu de chose prs, nos conditions tous risques pour les ICC (A) et aux conditions FAP sauf pour les ICC (C) un peu plus restrictives (la voie deau par exemple nest pas couverte) ; les ICC (B) tant principalement ddies la souscription de contrats de type cralier (comme par exemple le contrat G.A.F.T.A., The Grain and Feed Trade Association. Il sagit dun contrat de fourniture relatif notamment aux ventes de denres prissables et de matires premires). Rappelons malgr tout que le courtier, lorsquil sagira de dfendre les intrts de son client pourra, le cas chant, faire jouer la primaut de la loi franaise par rapport aux conditions anglaises en cas dincorporation dans une police de clauses la fois franaises et trangres (anglaises par exemple) se rfrant parfois galement un ou mme plusieurs imprims (maritimes, terrestres, ariens). On fera prfrence la loi franaise : lorsque des clauses trangres et des clauses franaises peuvent sappliquer, ce sont les clauses les plus favorables lintrt de lassur qui prvaudront ; en cas de divergence entre lassureur et lassur dans le but de dterminer quelle est la clause la plus favorable, cest le choix de lassur qui lemportera.
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82 En revanche dans la pratique, cette difficult ne se pose gure car un grand nombre de marchandises transportes par mer sont assures selon les conditions tous risques ou FAP sauf . Etablir la police dassurance, dlivrer des certificats, proposer des
conditions dassurance, informer son client sur les risques et les prcautions prendre sont autant de tches qui incombent au courtier. Ce dernier ne pourrait point excuter tous ces services sans connatre ce quil doit assurer prcisment, marchandise. d) Lidentification des risques et de la marchandise cest--dire sans valuer les risques et identifier la
Plusieurs aspects sont prendre en compte. Aussi, faudra-t-il valuer la valeur de la marchandise, en vitant de la sous/sur-valuer et envisager les risques potentiels. 1. La dclaration de la valeur assurer Lors de la souscription, le souscripteur indique librement la valeur assure. Pour les oprations commerciales, cette valeur lui est indique par son acheteur qui seul connat les avantages quil attend de lopration. Il appartiendra au bnficiaire, lors de la demande dindemnisation, de justifier de la valeur relle de la marchandise, la valeur indique par le souscripteur ntant pas une valeur agre, cest--dire dfinitivement accepte par lassureur. Le courtier devra galement tenir compte du fret faisant partie intgrante de la valeur assurer. La TVA peut figurer dans cette valeur lorsque le bnficiaire de lindemnit ny est pas assujetti, les droits de douane tant en principe exclus.
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83 En vertu de larticle 14 des imprims maritimes lassur a une obligation dexacte dclaration. En fonction de cette dclaration le courtier et son client feront mention par le contrat dassurance, ou par avenant, de la valeur souhaite pour tre garanti : ils dfiniront la valeur affecter pour la garantie dassurance aux biens assurs. 2. Les modes dvaluation de la valeur assurer Lindemnit dassurance a pour double limite (cf. art. 12 des imprims Tous risques et FAP Sauf ) le montant assur (valeur assure) et la plus forte valeur rsultant de lun des quatre modes de calcul suivants : Prix de revient destination major du prix espr. Le courtier va prendre en compte dans le prix de revient les frais dacheminement de la marchandise destination. Il pourra ventuellement inclure dans la valeur assure un profit non ralis drogeant au principe indemnitaire. Les incoterms imposent dailleurs, dans la vente CAF, une quotit de survaluation de 10%. Valeur destination la date darrive telle que dtermine par les cours usuellement publis. Le profit espr sera par dfinition dj inclus dans cette valeur. Valeur dassurance dtermine par la disposition figurant au contrat de vente. Valeur de remplacement pour des biens manufacturs la condition quil soit en outre justifi du remplacement effectif (factures). Il faut prciser que pour certains produits tels que caf, bois, coton cette disposition ne peut sappliquer, lassurance en augmentation de valeur reste impossible (permettant au courtier dadapter la valeur aux cours) et, bien videmment, que lassurance en valeur de remplacement est un choix que le courtier proposera la souscription et certainement pas au moment du sinistre.
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84 3. Sous-assurance et surassurance Gnralement, la valeur dclare est infrieure la valeur relle. Il y a donc sous-assurance, mais aucunement fausse dclaration de risque ds quil sagit dun procd relevant dun accord contractuel. Pour le courtier, il ne sagit donc pas exactement dun systme dvaluation du dommage en cas de sinistre, mais dune technique lui permettant de dfinir la prestation de lassureur. Toutefois, le courtier dassurance maritime va devoir prter attention lors de lvaluation de la valeur assure en cas : de surassurance. En effet en assurance maritime, si lassur a dclar une somme suprieure la valeur de la chose assure dans le but de tromper lassureur pour raliser un profit illicite, lassureur rapportant la preuve de cette mauvaise foi peut demander la nullit de lassurance (cf. C. ass., art. L. 172-6). De plus, sil savre que la valeur a t survalue, lassureur pourra rapporter la valeur du bien sa valeur relle. Cette notion de surassurance amne mentionner le concept de lenrichissement sans cause de lassur qui se verrait alors faire un bnfice au moment de lindemnisation, la valeur de la marchandise assure ne correspondant pas la ralit. Le courtier engagerait sa responsabilit, lassureur se retrouvant ls. En revanche, lenrichissement comptable de lassur grce lindemnit dassurance nest pas rare. Pour autant, le principe indemnitaire nest pas systmatiquemnt viol. Effectivement, lenrichissement est susceptible de provenir du fait de lvaluation du dommage au jour du sinistre, de la modalit dvaluation du dommage en valeur neuf et des clauses qui prtendent octroyer une indemnit forfaitaire pour les pertes indirectes. Par exemple, il nest pas interdit de faire une bonne affaire : cest le cas lorsque le bien a t achet un certain prix et que sa valeur savre trs
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85 suprieure au jour du sinistre du fait, soit dune hausse de march, soit dun prix dachat particulirement avantageux (on pourrait envisager cela pour des produits raffins de lindustrie ptrolire par exemple dont le cours peut parfois varier considrablement et rapidement). Puisque larticle L.121-1 du Code des assurances lie le principe indemnitaire la valeur assure au jour du sinistre, ce type denrichissement du bnficiaire de lassurance est tout fait licite (cf. Lamy assurance 2004, le principe indemnitaire, p. 306 et suiv.). de sous-assurance. Si linverse le prix de revient de la marchandise destination dpasse la valeur dassurance dclare, cette valeur dassurance interviendra comme buttoir pour la fixation de lindemnit en cas de sinistre total. En cas de sinistre partiel (manquant ou dprciation), le courtier, pour dterminer lindemnit, appliquera la rgle proportionnelle (application au montant du dommage dun coefficient damlioration gale au rapport entre la valeur dassurance et la valeur relle de la marchandise). 4. La prvention des risques Par sa connaissance du march, ses capacits danalyse et sa spcialit dans le domaine de lassurance, le courtier doit tre en mesure danticiper les risques potentiels. Aussi, compte tenu de la dclaration de lassur et de la marchandise concerne, le courtier a dtermin le niveau de transfert lassurance et la capacit de cette dernire. En dmarchant les diffrentes compagnies dassurance afin dobtenir une prise en charge 100% des risques, il va recenser lensemble des vnements susceptible de se produirent. Pour ce faire il va regarder le nombre dvnements et/ou la frquence des sinistres de mme nature sur une priode dtermine, le cot des
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86 dommages directs ou conscutifs pour en dduire le montant de la perte prvisible. Puis, en fonction des caractristiques des facults pour un voyage concern, le courtier tablira la tarification de la prise en charge des risques au vu dlments divers tels que lincendie, lexplosion, la chute, lintemprie, labordage, les frais et pertes annexes, i.e. les lments susceptibles de mettre en uvre la garantie. En dfinitive, le courtier aux fins dune souscription adquate, va user de tous les lments possibles pour assurer les risques de lactivit envisage, puis approcher les assureurs et choisir parmi eux le meilleur en tant quapriteur (un assureur ne pouvant assumer seul des expditions mettant en jeu des capitaux importants). Enfin, sans pouvoir faire une liste exhaustive de tous les outils dont dispose le courtier, il faut mentionner les fameux incoterms. En effet, afin dviter les difficults dinterprtation des clauses du contrat la CCI (la Chambre de Commerce Internationale), a, dans les incoterms, codifi, contrat par contrat, les obligations rciproques de lacheteur et du vendeur. Il sagit l dun outil important. Par exemple, dans un contrat de vente FOB (free on board/Franco bord) ou CFR (cost and freight/cot et fret), le titulaire dune police flottante sera assur automatiquement compter du transfert de proprit qui sopre au chargement, sur le navire de mer, suivant les incoterms. Ainsi lacheteur FRANCO BORD ou COT et FRET ne serait pas garantie contre les dommages au court du transport prliminaire, le stockage au port dembarquement, le chargement, etc. alors mme quil aurait t amen payer lintgralit de la valeur de la marchandise (ce qui pourrait notamment se produire si le transporteur omettait de prendre des rserves sur le connaissement).
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87 Le courtier dassurances maritimes devra donc se montrer prudent et inclure dans la police ouverte une disposition selon laquelle lassur sera garanti, nonobstant les dispositions de son contrat dachat, pour les dommages antrieurs au transfert de proprit quil aurait supporter. Bien sr, le courtier pour le compte de lassureur de lacheteur conserve la possibilit dexercer un recours contre le vendeur, son assureur ou autre tiers responsable.
Cependant, mme si la souscription reprsente lun des aspects principaux du rle du courtier dassurance maritime, il nen demeure pas moins quil ne puisse laisser son client ainsi assur sans aucune aide, ni laccompagner durant la dure dapplication de la police dassurance, souscrite en particulier au moment de larrive dun sinistre. En dautres termes, le courtier, eu gard son obligation de conseil, va souvent en pratique, participer voire traiter lui-mme, en collaboration avec lassur, le problme du sinistre dont est victime ce dernier.
D) La gestion du sinistre
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Ici, le courtier dassurances maritimes va sattacher lvaluation du sinistre, aid souvent des professionnels tes que les commissaires davaries (experts maritimes (en rgle gnrale)) service dintermdiaire entre son client et les assureurs. Le rle de mandataire du courtier consiste ds lors, en cas de sinistre, pauler lassur victime dans les dmarches accomplir telles que la conservation des marchandises, celle du recours, provoquer une expertise et ventuellement, exercer pour le compte de lassur le recours (amiable et/ou judiciaire). La gestion de lavarie seffectue alors en plusieurs tapes. Mais avant tout il est ncessaire que lassur face une dclaration de sinistre.
1) La dclaration de sinistre
Aux termes de larticle L. 113-2 du Code des assurances, dordre impratif, lassur est tenu de donner avis du sinistre lassureur compter du jour o il en a eu connaissance. Pour la Cour de cassation, ce caractre dordre public interdit toute modification des rgles quil pose, en dehors de la modification du dlai de dclaration dans un sens favorable lassur (cf. cass. 1re civ., 20 oct. 1992, RGAT 1993, page 99). Nanmoins en matire maritime, contrairement aux assurances terrestres, lassur na pas dclarer lavarie aux assureurs dans un dlai fix. En labsence dune stipulation de la police en ce sens, il ne peut fournir sa dclaration quen prsentant sa rclamation, laquelle doit intervenir dans le dlai de prescription (deux ans). En pratique, le courtier devra mettre laccent sur la ncessit de le faire rapidement car certaines preuves disparaissant peuvent rendre alatoire le succs de la rclamation ou, aprs avoir conserv le recours contre un ventuel responsable, il faudra pouvoir lui permettre de lexercer.
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89 En dfinitive, il est fait obligation lassur de dclarer Tout sinistre de nature entraner la garantie de lassureur . Lobligation suppose, dune part que lvnement se soit ralis, et dautre part, que cet vnement soit susceptible de mettre en jeu la garantie dassurance. Cest lassur via son courtier de dterminer si lvnement survenu, aprs dclaration, correspond bien la dfinition du risque garantie. Faisant suite la dclaration, la procdure en cas de sinistre va pouvoir suivre son court.
2) La conservation de la marchandise
Lassur dclarant son courtier lavarie, attend de ce dernier conseil sur ce quil doit faire, mme si certaines des mesures sont dj mentionnes dans la police. Il lui sera vivement conseill de prendre toutes dispositions pour sauver les marchandises assures et viter laggravation des dommage en apportant les soins raisonnables tout ce qui est relatif aux marchandises (cf. imprim Tous risques , art. 15 ; imprim FAP Sauf , art. 15, annexe IV). Si cela nest pas fait, le courtier pour le compte de lassureur peut se substituer lui, sans pour autant faire acte de propritaire ou reconnatre que la garantie est acquise. Ajoutons que lassureur, qui approuve le sauvetage dcid par lassur et donne son accord sur le prix de vente propos, ne prend aucun engagement concernant la prise en charge du sinistre. Lassur ngligent peut se voir opposer la rduction de lindemnit (cf. imprim Tous risques , art.18, annexe IV). Plus gnralement, prcisons que, sauf faute intentionnelle ou inexcusable de lassur, les risques assurs demeurent couverts, moins quil soit tabli que le dommage est d un manque de soins raisonnables de la part de 89
90 lassur pour mettre les objets labri des risques survenus (cf. C. ass., art. L. 172-13).
3) La conservation du recours
Lassur et les bnficiaires (notamment le destinataire acheteur) doivent prendre toutes mesures pour conserver les recours (cf. art. 16 Imprim Tous risques et Imprim FAP Sauf , annexe IV). Cette obligation implique en premier lieu, que lassur ne renonce jamais au recours contre les tiers, transporteurs notamment, sauf sils le dclarent au pralable lassureur et obtiennent son accord. Dans la pratique, il arrive souvent, sans rellement renoncer au droit de recours, compte tenu des relations professionnelles entre courtiers, compagnies dassurance et transporteurs (ou autres participants en la matire), quils sinterdisent dagir contre lun dentre eux, car le courtier peut avoir comme client assur une filiale dun transporteur connu ou un transporteur client responsable lgard dun autre client, etc. Il faut alors transiger lamiable, car cette pratique est trs courante, moins coteuse et plus rapide quune procdure judiciaire. Le courtier va devoir aussi veiller la conservation des recours contre les ventuels responsables. Il rappelle alors expressment son client les actes accomplir : vrifier ltat extrieur apparent la rception, celui du contenu immdiatement prendre, si possible et en tout cas trs rapidement, les rserves qui simposent vis--vis des responsables et les confirmer dans les dlais lgaux. Les rserves sont primordiales pour favoriser ou plus exactement rendre possible le recours contre les responsables du sinistre (transporteur en principe, manutentionnaire, commissionnaire de transport, transitaire)
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91 De plus, la perte du recours entrane une rduction de lindemnit concurrence du prjudice qui en rsulte pour lassureur. Lassur nest pas dchu de la garantie, sauf disposition contraire de la police (cf. art.18 Imprim Tous risques et Imprim FAP Sauf , annexe IV). A titre conservatoire, bien que lassur nait pas exercer normalement le recours puisqu assur, il savre opportun de fournir son assureur les lments ncessaires laction dans un dlai lui permettant dagir. Le courtier dassurances maritimes aura fort intrt interrompre la prescription. Par exemple, en assignant titre conservatoire le transporteur, voire en obtenant un report amiable de prescription, gnralement acquis sans trop de difficults (si la ngociation le permet). En effet, sauf consentir au courtier une cession de droit, il semble dlicat de demander ce dernier dentamer une procdure quil ne pourra rgulariser, si finalement lindemnit dassurance nest pas rgle en application de la police (cf. Partie I, D, 6) la subrogation p. 95).
4) La demande dexpertise
Lintervention de lexpert de lassureur est une rgle traditionnelle en assurance maritime. Le courtier doit provoquer lexpertise (cf. art. 17 Imprim Tous risques et Imprim FAP Sauf , annexe IV), cest--dire requrir lintervention de lexpert de lassureur, en sadressant aux commissaires davaries du CESAM ou dfaut, tout organisme mentionn ventuellement dans la police. A cet gard, la Cour de cassation a indiqu que dans le cadre de lexcution du contrat dassurance, la responsabilit du commissaire davaries ne pouvait tre recherche que par lassureur, son mandant. Mais le courtier agissant en tant que mandataire de lassureur, pourra aussi rechercher cette responsabilit. 91
92 Lexpertise doit dterminer la nature, la cause et limportance des dommages et pertes, la condition, bien sr, quun dommage puisse tre constat. On voit mal en effet, lutilit dune expertise pour colis manquant. La saisine de lexpert doit intervenir dans un certain temps: la demande de constatation des dommages doit tre adresse dans les trois jours de la cessation des garanties (jours fris non compris). En pratique, dans les trois jours de la livraison si la constatation a lieu destination finale. Par drogation aux conditions gnrales, les conditions particulires peuvent en raison de la nature de la marchandise et du mode de transport, prvoir un dlai de saisine plus court du commissaire davaries. Lexpertise proprement dite peut se drouler ultrieurement, lassur ne rpondant pas du regard de lexpert. Cest dans lintrt de lassur que lexpertise ait lieu rapidement, car elle confirmera dautant mieux le lien entre le dommage et loprateur de transport. Lintervention du commissaire davaries na une porte dexpertise amiable contradictoire quentre lassur et lassureur. Elle sera toutefois utile au courtier dans la ngociation dune indemnit, notamment lamiable avec lassureur (rglement commercial), pour obtenir de celui-ci une faveur suffisante. Lexpertise est, par principe inopposable aux autres parties intresses, ds lors quelles ny ont pas particip ou nont pas t dment appeles. Cependant, dans la mesure o la preuve dun fait est libre en droit franais, des constatations objectives, srieuses et vritablement probantes peuvent tre prises en compte, la condition davoir fait lobjet dun dbat autour de procdures. Ce qui peut tre le cas par exemple, du constat dun commissaire davaries tabli de manire non contradictoire mais soumis ultrieurement la libre discussion des parties.
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93 Ds quun problme se pose avec un tiers, le courtier peut avoir intrt saisir le juge des rfrs pour voir ordonner une expertise judiciaire, spcialement lorsque le commissaire davaries incrimine lemballage ou le vice propre de la marchandise, afin de pouvoir disposer dune expertise contradictoire opposable, dune faon certaine, tous les intresss. Concernant la dchance, le fait de ne pas demander lintervention de lexpert dans les conditions prvues par la police, entrane habituellement lirrecevabilit de la rclamation et la jurisprudence applique strictement la sanction. Il a par ailleurs t jug, dans le cadre dune contestation relative la validit du droit, agir des assureurs subrogs (le dfendeur soutenant que les assureurs auraient d sanctionner lassur), quil ne rsulte nullement des dispositions de larticle 18 des conditions gnrales que la dchance constitue une sanction obligatoire. Enfin, la police type maritime rserve au courtier (pour le compte de lassur) le droit de demander dans les quinze jours une contre-expertise amiable ou judiciaire, faute de quoi les constatations effectues par le commissaire davaries auront entre les parties, la porte dune expertise amiable contradictoire. Lorsque le rsultat de lexpertise est rendu, dterminant si possible les causes exactes de lavarie, le courtier dassurance maritime constitue un dossier sinistre.
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Mais, la production des pices justificatives ncessaires nest pas toujours facile, chaque intervenant hsitant fournir des documents qui pourraient le desservir lors de lexerce du recours. De plus, le courtier en tant que mandataire de lassur, va prsenter ce dossier lassureur afin den obtenir le paiement. Il doit mnager lassureur sil souhaite pour lavenir, continuer obtenir sa part des taux de primes comptitifs. En pratique, le courtier constitue le dossier de rclamation qui doit comprendre, si possible, les documents suivants : la preuve du droit la garantie de lassur : cest loriginal de la police au voyage ou de lavenant de la banque ou du certificat dassurance dans le cadre dune assurance pour compte (le crancier de lindemnit tant le porteur de loriginal) ; le titre de transport original avec indication des rserves et copie de la lettre de confirmation de celles-ci, adresses au transporteur. Il sagira principalement du connaissement et des documents mis loccasion du transport (lettre de voiture, LTA, B/L) ; le rapport du commissaire davaries ventuel ; les diffrentes factures : la facture commerciale, la facture du fret, la liste de colisage, la facture de rparation le certificat de non- livraison ou de perte des marchandises dlivr par le transporteur. Une fois que le dossier est complet, le courtier vrifie les pices et chiffre le montant du prjudice que les assureurs pourraient tre tenus dindemniser en fonction de certains lments : de la valeur dclare ; dune ventuelle franchise ;
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95 des frais qui sont contractuellement la charge de lassur (expertise, rexpdition) ; des rductions ventuelles pour dclaration inexacte, ou non conservation du recours ; des compensations ventuelles. Ce chiffrage apparat sous la forme dune lettre de dispache qui sintgre au dossier. Par la suite, le courtier transmet tous les dossiers de rclamations lagent apriteur pour accord ou refus de rglement du dommage, et lon entre dans une phase de ngociation, o saffrontent autant dintrts commerciaux que darguments juridiques. Si lassureur accepte le rglement du dommage de lavarie, le courtier tablit une lettre de crdit qui sera adresse au bnficiaire de lassurance. Lassureur est alors subrog lgalement (cf. infra 6) La subrogation, p. 94) dans les droits et agira ventuellement contre lauteur du dommage. Si la subrogation est lgale (cf. C. ass., art. L. 172-29), la pratique veut que lassur tablisse une lettre de cession de droits pour viter toute contestation concernant le droit daction de lassur ou de son mandataire (cf. annexe VI). En rgle gnrale, le courtier exercera le recours pour le compte de lassureur ou du client et ncessite pour cela dtre subrog.
6) La subrogation
Par la subrogation, lassureur utilise les droits de la personne laquelle il a vers lindemnit dassurance pour demander au responsable du dommage de lui payer les dommages et intrts.
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96 Ce recours subrogatoire est trs frquemment utilis dans certaines hypothses : lorsque lassureur de choses indemnise son assur et se retourne contre le responsable du dommage caus la chose ; lassureur de responsabilit dun coauteur dun dommage, ayant indemnis intgralement la victime, se retourne contre lautre coauteur. Dans ces diverses cas, le recours subrogatoire peut aussi tre exerc contre lassureur de responsabilit de lauteur du dommage. Il existe deux types de subrogation usits.
a) La subrogation lgale
Larticle L.121-12 du Code de commerce dispose : lassureur qui a pay lindemnit dassurance est subrog, jusqu concurrence de cette indemnit, dans les droits et actions de lassur contre les tiers qui, par leur fait, ont caus le dommage ayant donn lieu la responsabilit de lassureur . On constate que la subrogation nest possible que si le dommage qui est lorigine de lindemnit dassurance a t caus, non par lassur, mais par un tiers. Ainsi, ce mcanisme se traduira par la subrogation au profit de lassureur qui mandatera le courtier dagir pour lui, aux fins de rptition de lindemnit verse, contre le vritable responsable. Lassureur qui verse une indemnit son assur au titre dune assurance de choses (les facults) raison dun dommage caus par un tiers se trouve dans la situation prvue par ledit article L. 121-12. Il est donc subrog de plein droit (conformment galement au droit commun cf. C. civ., Art. 1251 al.3) dans les droits et actions de son assur contre le responsable.
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A raison dune assurance de choses, la Cour de cassation a jug que la subrogation lgale de lassureur contre le tiers responsable, institu par les dispositions de larticle L. 121-12 du Code de commerce, qui ne sont impratives, nexclut pas lventualit dune subrogation conventionnelle (cf. cass. civ. 9 dc. 1997, n95-19.003, Responsabilit civile et assurance 1998).
b) La subrogation conventionnelle
Ce mcanisme prvu larticle 1250 alina 1er du Code civil, est celui par lequel un crancier reoit son paiement dune personne autre que son dbiteur, et la subroge dans ses droits, actions, privilges ou hypothques contre le dbiteur . Il dpend donc dun acte de volont du crancier dont le courtier devra tre bnficiaire. Cette subrogation peut tre utilise par tout assureur qui est tenu une prestation caractre indemnitaire ds quil existe une tierce personne qui doit supporter la charge de la dette. La subrogation conventionnelle est utilise souvent alors mme quune subrogation est ralise de plein droit. En effet, le courtier (et les assureurs bien entendu) des incertitudes dinterprtation des textes relatifs au mcanisme de la subrogation et de sa mise sa en pratique. Mieux vaut tre prudent. Il est alors demand la personne qui reoit le paiement de consentir la subrogation dans ses droits et actions. La convention est gnralement conclue lors de la dlivrance de la quittance (quittance subrogative, cf. annexe V) constatant le paiement de lindemnit dassurance. Ainsi, le recours subrogatoire, quel que soit son fondement (conventionnel ou lgal), suppose que lassureur ait pay lindemnit son assur. De plus, il est indispensable que ce dernier dispose dune action en responsabilit contre lauteur du sinistre. Ceci tant, si le contentieux de la
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98 premire condition tend diminuer, celui de la seconde est loin de sattnuer en raison de la complexit juridique qui lui est applicable. Si la subrogation lgale a lieu de plein droit, la subrogation conventionnelle est alors soumise certaines conditions. En effet, la condition primordiale sera, afin de valider cette subrogation, quil y ait bien concomitance entre le paiement de lindemnit et lacte subrogatoire. Cette exigence soulve un contentieux abondant notamment lorsquil sagit de justifier au regard dun rglement commercial.
7) Le recours
Le sinistre rsultant dun cas fortuit est dfinitivement support par lassureur. En revanche, si le dommage subi par lassur est d la responsabilit dun tiers, lassureur qui a indemnis lassur possde une action en justice contre le responsable. Le recours de lassur se fonde sur cette ide trs simple quil serait anormal que le tiers ne doive rien parce que la victime tait assure. Lassureur, qui appartient le recours, ne lexerce pas directement. Il en investit le courtier plus au fait de ltat du dossier litigieux et surtout, vritable technicien en la matire. Le courtier redevient mandataire de lassureur mais, il a la possibilit de dlguer son tour (telle une socit de recouvrement). Le recours de lassureur ne se rsout pas ncessairement devant les tribunaux. Parfois lorigine du dommage est connue de lassureur et reconnue par son auteur. Dautres fois les responsabilits se trouvent partages entre les diffrents intervenants. Le rapport du commissaire davaries dpos au dossier, joue alors un rle prpondrant dans limputabilit des fautes ou des ngligences ayant provoqu la ralisation du prjudice. 98
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Le courtier gre alors les recours tant amiables que judiciaires de diffrents dossiers relevant du droit du transport tant terrestre, quarien ou maritime. Lexercice de tels recours ncessite un travail de relance de tous les instants ainsi que de tenir informes de toutes les volutions, les socits mandantes. Sil utilise les services dune socit de recouvrement de crances maritimes, celle-ci est rmunre selon un barme dtermin ou selon le principe no cure no pay , cest--dire quen labsence de rsultat tangible la socit nest pas rmunre. Louverture du dossier est facture environ 4% du montant total de la crance ; en cas de recouvrement, prs de 20% du total sera octroy la socit. Toutes les dmarches de recouvrement doivent tre valides par les mandants, afin que dventuels intrts commerciaux contradictoires soient pris en compte par la socit de recouvrement (comme le cas o la socit responsable du dommage savre tre un client de la socit mandante). Le courtier tentera toujours de rgler lamiable le litige avant dinitier une action en justice souvent longue, coteuse et incertaine. Dailleurs, devant la complexit apparente de certaines situations o les frais susceptibles dtre engags pour des litiges dun montant parfois modique, certaines des entreprises concernes nont quelquefois ni le temps, ni lenvie de traiter ces dossiers et prfrent alors les mettre temporairement de ct ou les classer sans suite.
a) Le recours amiable
Il savre impossible pour le courtier de camper sur des positions tranches. Son attitude, ainsi que le montant des sommes quil rclamera, dpendront 99
100 de la qualit de son interlocuteur, transporteur, commissionnaire ou simple transitaire, et des relations quil entretient avec lui. On notera que ses transactions seffectuent le plus souvent par des changes de correspondances qui en formalisent lissue et nourrissent un ventuel dossier judiciaire. En premier lieu, le courtier vrifie que laction contre lauteur du dommage ne se trouve pas prescrite. En thorie, il appartient lassur de conserver le recours de lassureur et donc dinterrompre le dlai de prescription de laction qui court au bnfice de lauteur du dommage. Mais en matire maritime, la brivet de ce dlai (1 ou 2 ans), et il faut le dire, lincurie de certains assurs, ne permet pas toujours la conservation de ce recours. Le courtier tentera alors dinterrompre la prescription ou dobtenir de son interlocuteur un ou plusieurs reports conventionnels de prescription. Du fait de limportance des intrts commerciaux, le courtier prfrera sadresser une socit tierce pour procder aux dmarches de recouvrement, afin dviter la perte potentielle dun client. Effectivement, une socit de recouvrement de crances na pas dire pour le compte de quelle socit elle agit partir du moment o elle possde les titres prouvant son intrt agir (cf. annexe VI, exemple dacte de cession de droits).
b) Le recours judiciaire
Lorsqu aucune solution amiable na pu tre trouve, lorsque la prescription nest pas acquise, et enfin lorsque la mise en cause dun oprateur de 100
101 transport apparat recevable et fonde, le courtier charge un avocat dintroduire et de conduire linstance devant les juridictions comptentes. Le recours judiciaire est encadr par les rgles de droit applicables lespce, cest--dire souvent sur la Convention de Bruxelles de 1924, modifie ou non, en ce qui concerne les litiges, que le courtier dassurances maritimes a connatre au cours des sinistres quil traite quotidiennement. Etant donn le caractre international du transport maritime, la difficult majeure ce stade est moins dobtenir une dcision judiciaire que de lexcuter. Cependant, on observera que la fonction premire dun assureur est dindemniser son assur dans le cadre de la garantie quil propose nonobstant les difficults de recouvrement quil aurait subir par la suite. Malheureusement, la confusion des genres est latente et il arrive parfois que la dcision dindemnisation soit conditionne par les chances de succs dun recours ultrieur, tout cela relevant, ne loublions pas, de la dcision de la socit dassurances ou de lagent apriteur.
Ainsi, en est-il du rle du courtier dassurances maritimes en ce qui concerne son rgime gnral, les actes et obligations qui sy rattachent. Il est toujours trs complexe dtre parfaitement exhaustif lorsque lon entreprend une telle tude. Mais il faut en esprer une certaine clart et une apprhension suffisante afin denvisager ci-aprs la responsabilit, toujours plus lourde et consquente, de cet intermdiaire, vritable technicien de lassurance maritime. Mais avant tout, il est intressant de faire un bref rappel des origines et du lien qui ont toujours exist entre le courtage et la souscription dune police dassurance avec Londres.
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Par tradition, et en particulier par la pratique du march du Lloyd's, Londres est une place de courtage importante. Le courtage peut tre le fait de filiales anglaises de socits de courtage mondial, ou de courtiers de taille moyenne ou petite, d'origine anglaise, ou encore de filiales de courtiers europens. Il serait plus juste de dire qu'un certain nombre de courtiers anglais ont dans le pass, cr des bureaux dans le march europen continental, ou achet des courtiers locaux, alors que l'inverse, l'achat de courtiers anglais par des socits europennes continentales, ou la cration par des courtiers europens continentaux de filiales Londres a t plus rare. Ces courtiers ont toujours rempli pour les souscripteurs londoniens un rle essentiel (voyages, rencontres des reprsentants des cdantes et orientation des affaires vers Londres, en provenance de tous les pays du monde). Concernant le Lloyd's, le rle du courtier dans la gestion est extrmement important, tant pour la partie paiement des primes que pour la gestion des contrats et des sinistres. Le Lloyd's est en effet, pour la partie administrative, centralis en diffrentes entits de gestion ddies chacune une tche prcise. Progressivement, les souscripteurs se sont dchargs de toutes les tches autres que la souscription pure sur les bureaux centraux et les courtiers. C'est ainsi par exemple, que s'est dveloppe sur le march de Londres une pratique de rgulation automatique des sur-placements : si un courtier, aprs avoir fait la somme des pourcentages accepts par les souscripteurs sur une affaire, se rend compte qu'il est surplac (son ordre initial tait de 30 % et il a plac 40 %), il n'agira pas comme un courtier europen continental lequel a tendance rajuster les parts de chacun pour arriver 30 %. Il appliquera l'usage de souscription down qui attribue chaque souscripteur sa part initiale modifie par le coefficient 30/40, autrement dit 102
103 75 % de la part originellement accepte. Ceci explique les pourcentages souvent tonnants mentionns dans les notes de couverture de Londres, par exemple 1,6785 %. Pour viter de tomber sous le coup de la procdure automatique de souscription down, le souscripteur peut stipuler sur le slip de prsentation son acceptation assortie de la mention LTS (line to stand) qui signifie que, mme en cas de surplacement, sa part ne sera pas rduite. Toutes ces pratiques et ces clauses se sont construites Londres au fil du temps. De mme en est-il pour les entits administratives grant les souscriptions des Syndicats. Le reste du march a suivi l'influence du Lloyd's et des systmes bureaucratiques parallles ce dernier ont t tablis dans le cadre de structures, comme l'Institute of London Underwriters (ILU).
Les documents et les circuits sont trs standardiss, pas toujours d'ailleurs de faon trs souple. Il appartient souvent aux courtiers de veiller ce que les circuits administratifs fonctionnent rapidement. Ils n'y russissent pas toujours. D'ailleurs ce point a fait l'objet d'un certain nombre de critiques de la part des cdantes et a invitablement fait diminuer le nombre d'affaires offertes Londres. Un certain nombre de comits joints souscripteurs/courtiers ont travaill sur le sujet, et tent d'amliorer les circuits, les dlais, notamment en cherchant utiliser des rseaux informatiques ddis : ce fut l'exprience Limnet, puis la tentative Win, mais jusqu'ici sans grand succs. Des rformes en profondeur s'imposent pour allger le systme, rduire les dlais et baisser les cots de fonctionnement.
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104 Beaucoup d'innovation, de crativit et de techniques dveloppes par les souscripteurs ont fait du march de Londres un prcurseur puissant dans le monde de l'assurance et de la rassurance. Mais sa puissance et sa prminence ont fait l'objet d'une concurrence de la part des autres acteurs du march. Notons enfin que les processus administratifs du Lloyd's (qui est un march trs centralis) au lieu de constituer une force et de permettre de rduire les cots, ont fini malheureusement par se convertir en un systme bureaucratique manquant de souplesse, et long assurer le service que le client est en droit d'attendre de lui. Une certaine dsaffection est apparue, malgr les efforts nergiques des courtiers anglais pour promouvoir leur march et la place financire de Londres. Les mauvais rsultats que nous avons voqus prcdemment n'ont pas arrang les choses. Progressivement, dans ce monde anglo-saxon, on a assist la monte en puissance de deux autres forces importantes : le march amricain, et le march des Bermudes.
Toutefois, le courtier franais demeure encore trs prsent au regard de limportance croissante de son rle. Surtout face aux regroupements de compagnies dassurance contre lesquels un courtier, lui-mme en pleine restructuration, (tel que le clbre groupe de courtage Marsh, ou encore le groupe Essotier) peut parvenir lutter a contrario dun client seul, mme si cest un chargeur de grande taille. Cest la raison pour laquelle le courtier est amen porter plusieurs casquettes, comme on a pu le constater, et porte aujourdhui, de plus en plus, celle de gestionnaire de sinistre avec laquelle il va dfendre les intrts de son client.
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considrablement sa responsabilit qui, dj en tant que conseiller de son client, peut bien souvent tre recherche. De plus, tant le mandataire du client mais aussi de lassureur, tout le moins, de la compagnie apritrice (jusqu hauteur dun certain montant auquel slve le sinistre) il peut voir sa responsabilit mise en cause tant lgard de lassur client, que de lassureur reprsent ou, pourrait-on dire remplac dans certains cas. En clair, force est de constater que le corollaire dun rle prpondrant est celui du responsable qui se voit mis mal pour un pcher de convoitise, un pcher dorgueil, ou simplement par la volont de laltruisme professionnel, celui qui tend vers un quilibre des choses, du march et la dfense des intrts en prsence.
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Nous venons de le voir, le courtier dassurances maritimes est le mandataire de ses clients, (souscripteurs) assurs. Cette qualification tient son rle et commande sa responsabilit. Pour lassur, il est lhomme de confiance qui soccupe de tout ce qui se rattache de prs ou de loin la police dassurance. Cest lui qui choisit, sauf exception, la ou les compagnies qui vont couvrir, dans les conditions, dbattra pour lui des risques prvus par la police souscrire. Son rle est si important que dans la pratique, les assurs tiennent volontiers le courtier pour leur assureur, ce quil nest pas. Sa responsabilit sera celle dun mandataire, selon le droit commun. La situation du courtier volue. Les groupes industriels, les compagnies de navigation, les firmes de ngoce les plus importantes, ont des services chargs des problmes dassurance qui sen acquittent souvent avec comptence. Certains lient mme leur sort des compagnies dassurances, qui par le jeu de la rassurance ( voir Lamy 2004 n 4377 & suiv.) leur permettent de rcuprer une partie de leurs primes. Dautres prfrent grer leur portefeuille dans le cadre dun bureau de courtage, avec la double volont dconomiser une partie de la commission de lintermdiaire, et tentent dapporter un soin supplmentaire leurs affaires.
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107 Il sagit l de comportements marginaux, qui laissent un large domaine dactivit au "courtier multifonctionnel". Celui-ci, nanmoins, est sollicit dun ct par la concurrence du courtage international (tout fait lgitime) et dun autre ct par la pression aggrave de clients dsireux dobtenir sans cesse, des taux plus bas, des conditions plus tendues et des prestations toujours plus larges. Dans le mme temps, les rsultats techniques des compagnies
dassurances, spcialement dans la branche transports sont hsitants. Leurs plus-values boursires et la valeur des immeubles qui constituent une partie de leurs rserves ont diminu. Dans ce contexte particulier, travers ltude de la jurisprudence (moyen le mieux adapt pour en tmoigner), il savre indispensable daborder la question de la responsabilit de cet acteur si prcieux tant donn la multiplication des fonctions et des actes quil exerce jour aprs jour. Aussi, faut-il envisager jusquo peut stendre la responsabilit du courtier dassurances maritimes (A). On a pu constater, en particulier, quil engage, davantage aujourdhui, sa responsabilit en tant que mandataire de lassur (B), parfaitement lgitime, lorsquil doit rpondre de son obligation de conseil (C), encore et toujours mise mal, enfin vis--vis de lassureur (des compagnies dassurances) (D) pour lesquelles il joue un rle croissant.
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Depuis quelques annes, les assureurs de responsabilit civile constatent une augmentation rgulire du nombre de recours en responsabilit contre des intermdiaires d'assurance et particulirement l'occasion d'actes de courtage d'assurance. L'aggravation de la sinistralit en la matire s'explique notamment par le renforcement de la protection des consommateurs, le dveloppement de l'activit de conseil, l'insuffisance dans certains cas de la formation des intermdiaires et les nouvelles rpartitions des tches entre entreprises d'assurance et rseaux de distribution. Mme si l'on assiste depuis une dizaine d'annes une diminution du nombre de sinistres, il se confirme que le cot individuel des sinistres est de plus en plus lourd. Par ailleurs, on assiste galement une augmentation du nombre de sinistres de cot lev suprieur 150 000 euros qui reprsente actuellement 15 % des dossiers sinistres. C'est la distribution dans tous les secteurs d'assurance qui est concerne, que ce soit l'IARD (Incendie, Accidents, Risques Divers) ou l'assurance vie, avec toutefois une volution qui suit l'actualit.
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109 En 2000, les assureurs de responsabilit civile ont enregistr une forte augmentation des dclarations de sinistre en IARD, lie aux temptes de 1999. En 2002, compte tenu du contexte financier dfavorable, c'est dans le domaine de l'assurance vie qu'une augmentation sensible des dclarations de sinistres a t constate. Depuis l'arrt de la Cour de cassation du 25 fvrier 1997 constatant le renversement de la charge de la preuve en matire de devoir de conseil et d'information, l'aggravation du risque ne s'est pas dmentie, puisque aujourdhui, le manquement l'obligation de conseil reprsente 50 % de la sinistralit (cf. Cass. 1re civ., 25 fvr. 1997, no 94-19.685, Bull. civ. I, no 75, p. 49, RGDA 1997, p. 852 ; cf. Partie I, B), 3 Lobligation de conseil, p. 41 et Partie II, C) La responsabilit du fait de lobligation de conseil, p. 129).
Quand un client utilise un courtier pour effectuer une assurance pour son compte, il est fond compter sur lexercice dun soin et dune comptence raisonnables, de la part du courtier qui excute ses instructions. Si ces dernires ne sont pas convenablement appliques, et quune perte survient qui, de ce fait, nest pas recouvrable sous la police dassurance, alors, le courtier est responsable pour terminologie anglaise (rupture de contrat). On va mme jusqu considrer quil ny a pas dobligation absolue du client qui utilise un courtier, dexaminer la police dassurance quand il la reoit, pour vrifier si ses instructions ont t ou non suivies. Ces principes rendent dlicats lexercice de la profession de courtier dassurances, mais justifient pleinement que sa fonction se perptue, car il joue un rle conomique vident. Qui dit "jouer un rle important", dit "demeurer responsable de ses actes"; responsabilit qui se dfinit dune manire gnrale selon un rgime "breach of contract", selon la
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110 commun, distillant les bases essentielles du devoir dun mandataire professionnel.
Avant daborder le droit commun, il savre ncessaire de rappeler brivement la distinction entre courtier et agent dassurances.
a)
Lagent
gnral
dassurances
et
la
111 contrats d'assurances pour le compte de la ou des socits qu'il reprsente (Statut des agents gnraux d'assurances, art. 2). On remarquera que cette qualit n'est pas exclusive puisqu'un agent gnral d'assurances n'opre plus en qualit de mandataire de principe, ds lors qu'il ralise des oprations de courtage d'assurances, comme l'autorisent dans certaines conditions les articles 3 des statuts vie et IARD (Incendie, Accidents, Risques Divers) qui lui sont applicables. Les entreprises d'assurances rpondent des dommages causs par la faute commise par leurs agents gnraux dans l'exercice de leurs fonctions (cf. cass. 1re civ., 27 juin 1995, no 93-13.939, site lgifrance). Ainsi, engage la responsabilit de l'entreprise mandante, sur la base de l'article 2 du statut, l'agent gnral qui s'est engag : soit faire rsilier rtroactivement des contrats auprs d'une autre entreprise d'assurance, soit rgler les primes dues cette dernire et faire annuler les contrats souscrits auprs de sa socit mandante, afin d'viter une double couverture des mmes risques, ou qui a remis l'assur le contrat, sans obtenir le paiement de la prime et, en mettant en place une modalit de rglement diffr, sans avoir obtenu, ainsi qu'il y tait oblig, l'autorisation de l'assureur, qu'il avait pourtant sollicite (cf. cass. 1re civ., 2 oct. 2002, no 99-15.688, Resp. civ. et ass. 2002, n 370).
112 En effet, ils n'ont pas qualit pour reprsenter et effectuer des actes juridiques au nom et pour le compte d'un employeur ou mandant habilit ou rgi par le Code des assurances. A cet gard, en dduisant de la seule mention intermdiaire suivie du nom du courtier, appose sur la police, que l'assur pouvait croire qu'il tait le mandataire de l'assureur, la cour d'appel a priv sa dcision de base lgale. En tmoignent les "attendu que" des dcisions suivantes : Arrts de la 1re chambre civile de la Cour de cassation (cf. cass. 1re civ., 13 mai 1997, no 95-15.958, RGDA 1997, p. 899; cass. 1re civ., 23 juin 1999, no 97-20.021, www.legifrance.org) : le premier en date du 13 mai 1997 : Attendu, cependant, quen dduisant de la seule constatation de lexistence de la mention Intermdiaire : socit France Assurance Courtage appose sur la police que lassur tait lgitimement fond croire que cette socit tait le mandataire de lassureur et que ds lors une lettre recommande avec demande davis de rception adresse par lassur ladite socit avait interrompu la prescription, la cour dappel a priv sa dcision de base lgale au regard des textes susviss (soit les articles 1998 du Code civil et L. 114-2 du Code des assurances) ; le second du 23 juin 1999 : Attendu que pour carter largumentation de lassureur qui soutenait que, le courtier ntant ni son employ, ni son mandataire, mais celui de lassur, larticle L. 511-1 du Code prcit tait inapplicable, la cour dappel a relev que le courtier stait comport comme le mandataire apparent de lassureur ; attendu quen soulevant doffice un moyen tir de lexistence dun mandat apparent, sans avoir invit au pralable les parties prsenter leurs observations, la cour dappel a viol le texte susvis .
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Ce principe se trouve toutefois affect lorsque le courtier d'assurances effectue des actes de prsentation en vertu d'un mandat crit ou oral attribu par une entreprise d'assurance ou un autre intermdiaire d'assurance. Pour des raisons conomiques (nous lavons vu), les entreprises d'assurance donnent frquemment des mandats aux courtiers notamment pour les autoriser dlivrer des notes de couverture mais galement, le cas chant, pour encaisser des primes et rgler des prestations. La jurisprudence reconnat depuis longtemps la ralit de ces dlgations, par exemple pour un mandat autorisant un courtier dlivrer des notes de couverture (cf. cass. 1re civ., 13 oct. 1981, no 80-11.777, Bull. civ. I, no 283) ou dans le cas d'un contrat groupe, par des lments propres caractriser un contrat imposant l'assureur d'accepter les adhsions nouvelles proposes par un courtier (cf. cass. 1re civ., 15 fvr. 2000, no 97-18.811). Elle se trouve consacre depuis la loi no 89-1014 du 31 dcembre 1989, par le lgislateur qui autorise la dduction, de l'assiette de la caution obligatoire requise des courtiers d'assurance, des versements pour lesquels le courtier a reu d'une entreprise d'assurance un mandat crit le chargeant expressment de l'encaissement des primes et accessoirement du rglement des sinistres (cf. C. ass., art. L. 530-1).
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114 seulement du dol, mais encore des fautes qu'il commet dans sa gestion. Nanmoins la responsabilit relative aux fautes est applique moins rigoureusement celui dont le mandat est gratuit qu' celui qui reoit un salaire . Par un jugement du 2 dcembre 1874, le tribunal de Marseille a considr que le courtier tant le mandataire de lassur, il tait inutile que la signature de lassur ft appose au bas de la police : quand le mandataire a parl, la mandant ne peut plus se ddire (cf. Revue Scapel 1995, p. 142). En Angleterre le courtier a un rle encore plus prpondrant. Celui qui veut se faire assurer remet un slip ou un memorandum au courtier qui le soumet la signature de lassureur. La remise au courtier et la signature crent un lien juridique entre les parties. Lassur devient dbiteur de la prime envers le courtier qui len dbite et en crdite lassureur. Lassureur devient en cas de sinistre, dbiteur envers lui de lindemnit dont le courtier crdite le compte de lassur. Dans un arrt du 15 mai 1990 la Cour de cassation (cf. cass. civ. 15 mai 1990, Semaine juridique 25.7.90) a pu jug que le courtieragit comme mandataire de lassur, dont il se borne reproduire les dclarations . Mandataire de ses clients, le courtier est soumis la concurrence qui loblige sans cesse se remettre en cause, en tentant damliorer ses prestations. Le courtier indpendant a pour seul rle de dfendre les intrts de ses clients, qui peuvent sen sparer ad nutum . Il a lexprience fonde sur la diversit de son portefeuille, et de ce fait, un poids commercial non ngligeable auprs des compagnies dassurances. Dans un environnement o les agressions sont frquentes, le courtier apporte lassureur et au client la facult danticiper sur les besoins, de les analyser, doffrir tous les choix possibles. Etant un intermdiaire
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115 indpendant et gestionnaire du risque, il saura distinguer, si ncessaire, ce qui est d par lassureur, du rglement sollicit titre commercial. Mais, il doit prter attention aux consquences ventuelles que son acte peut engendrer. Si lintermdiaire dassurance a pour fonction premire de vendre des prestations dassurance, il peut tre autoris, par lentreprise dassurance ou lassur selon le cas, effectuer des actes ressortissant, soit la dtermination ou la slection des risques, soit la gestion ou lexcution du contrat. Pour que la responsabilit dun intermdiaire dassurances tel que le courtier soit engage, encore faut-il- tablir lexistence dun lien de causalit entre sa faute et le prjudice subi (cf. cass. 1re civ., 13 juin 1995, RGAT 1995, n91-17.673, p. 717 et cass. 1re civ., 18 fvrier 2003, n9920.857, www.legifrance.org) : Arrt de la 1re Chambre civile de la Cour de cassation du 13 juin 1995 (cf. supra) : Dans cette affaire, il sagissait dun contrat dassurance contre le risque de vol quune socit responsabilit limite devait souscrire auprs de lUnion des assurances de Paris pour le compte dun magasin. Semble-t-il le contrat na pu tre conclu en labsence daccord entre les parties. Mais ce qui importe, cest la dcision de la cour disant que : lerreur commise par le Centre dtude technique de lassurance, socit de courtage, qui, dans une lettre lUAP du 27 septembre 1983, mentionnait inexactement lexistence dun rideau mtallique de protection, avait t sans influence directe sur lchec des ngociations entreprises pour obtenir de lassureur une couverture du risque de vol . De fait, en labsence de lien de causalit suffisant entre le dommage et (lventuelle) faute du courtier, il ne peut tre tenu pour responsable.
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Arrt de la 1re chambre civile de la Cour de cassation en date du 18 fvrier 2003 (cf. supra) : En lespce, la socit M a souscrit une police bris de machine auprs de la compagnie A par lintermdiaire dun courtier M.X auquel elle a dclar un sinistre, aprs avoir constat une grave anomalie. M.X a, par la suite, indiqu par courrier, la confirmation que la garantie de la compagnie dassurances tait acquise et que rein ne sopposait une prise en charge . La socit procde alors aux travaux de rparation. Cependant, la compagnie dassurance refusant la garantie au motif que lanomalie ne constituait pas un dommage caractre soudain et fortuit , la socit M agit en responsabilit contre le courtier du fait de la fausse dclaration quant la prtendue couverture du sinistre, au motif quil navait que transmettre une information donne par la compagnie dassurances sans ceci sans vrifier de manire suffisante si la garantie tait bien acquise. La demanderesse, se fondant sur larticle 1992 du Code civil, invoque alors la violation du devoir de vrification et de lobligation dexacte information de son mandant . La cour de cassation a rendu sa dcision en retenant que : sans avoir oprer la recherche invoque, que les fautes reproches au courtier ntaient pas lorigine du prjudice dont la rparation tait demande . La causalit ntant pas tablie malgr les fautes du courtier, sa responsabilit nest pas menace. La responsabilit du courtier devenant plus importante et plus frquemment actionne, il apparat ncessaire que ce dernier prenne des garanties pour se prmunir.
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A la suite d'une mauvaise apprciation du risque, d'un dfaut de conseil, ou d'une erreur administrative qui lui est imputable, le courtier laisse son client partiellement ou, plus rarement, totalement dcouvert de garantie. En cas de sinistre, le prjudice de l'assur peut tre considrable ;
le courtier, indlicat dans cette hypothse, conserve par devers lui la cotisation au lieu de la remettre l'assureur. Le dommage de l'assur peut tre galement trs important du fait, d'une part, de la disparition de la cotisation qui peut, en assurance vie ou en risques industriels, tre substantielle, mais aussi si par suite d'un sinistre, l'assur se trouve, comme dans le cas prcdent, sans couverture.
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118 C'est pour pallier les risques dcoulant de situations de cette nature que le lgislateur est intervenu en 1989. La loi no 89-1014 du 31 dcembre 1989 et le dcret no 90-843 du 24 septembre 1990, ont mis une double obligation de garanties financires la charge des personnes physiques ou morales ralisant des actes de courtage d'assurance. Peu importe que cette personne soit par ailleurs, habilite au titre d'une autre catgorie d'intermdiaire d'assurance du moment que l'acte relve du courtage d'assurance. On observera que la dtrioration des rsultats dans les branches concernes a abouti une slection rigoureuse des risques par les entreprises d'assurance oprant sur ce march troit. Cette situation, qui a pu conduire des difficults pour certains courtiers, a donn lieu plusieurs rponses ministrielles. Elles raffirment la ncessit des obligations d'assurance et de cautions mises la charge des courtiers par la loi, qui cartent la solution de type Bureau central de tarification pour la couverture de ces risques et, enfin qui reconnaissent la facult pour les entreprises d'assurance oprant sur ce march de procder l'tude et la slection des risques (cf. Rp. min. QE no 1691, 31 mai 1993, JO AN Q. 23 aot, p. 2630 ; Rp. min. QE no 18958, 10 oct. 1994, JO AN Q. 5 dc., p. 6043).
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119 En consquence, la loi et le dcret prcits, ont rendu obligatoire la souscription d'une assurance de responsabilit civile professionnelle la charge des courtiers en introduisant dans le Code des assurances un article L. 530-2 ainsi rdig : Tout courtier ou socit de courtage doit tre en mesure de justifier tout moment de l'existence d'un contrat d'assurance le couvrant contre les consquences pcuniaires de sa responsabilit civile professionnelle A cet effet, doivent tre dfinis la couverture et la garantie ncessaire.
professionnelles non intentionnelles commises par un courtier. La garantie doit tre de 1 525 000 euros au moins par sinistre ( compter du 1er janvier 2002 en application du D. no 2001-95, 2 fvr. 2001, JO 3 fvr.). Le contrat d'assurance peut prvoir une franchise, non opposable aux victimes, de 20 % au plus du montant des indemnits dues par sinistre (cf. C. ass., art. R. 530-8).
b) Ltendue de la garantie
Le contrat d'assurance de responsabilit civile professionnelle est conclu pour la dure de l'anne civile. Il est reconduit tacitement au premier janvier de chaque anne (cf. C. ass., art. R. 530-9 et R. 530-10). Dans sa rdaction issue du dcret no 90-843 du 24 septembre 1990, l'article R. 530-8 du Code des assurances prvoyait : la garantie des prjudices causs quelle que soit la date laquelle la faute a t commise si le courtier l'ignorait au moment de la souscription et si la rclamation est faite entre la date de prise d'effet et la date d'expiration du contrat ;
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120 la garantie des fautes commises pendant la dure de validit du contrat si le courtier en a eu connaissance avant la fin du douzime mois compter de l'expiration du contrat ; une garantie subsquente de dix millions de francs [1 525 000 euros], pendant dix ans compter de la cessation du contrat lorsque cette situation provient du dcs, de la cessation d'activit (volontaire ou non), ou de la modification de la situation juridique du courtier . Le dcret no 2002-207 du 12 fvrier 2002 (cf. JO 19 fvrier), relatif au contrat d'assurance de responsabilit civile professionnelle des courtiers d'assurance et des socits de courtage d'assurance, est venu modifier l'tendue de la garantie prvue par les dispositions de l'article R. 530-8 du Code des assurances en abrogeant les trois alinas prcits. La garantie de l'assureur s'applique dsormais aux faits gnrateurs survenus pendant la priode de garantie du contrat, aucune limitation de la garantie dans le temps n'tant autorise. Par ces nouvelles dispositions, l'Administration a tir les consquences de l'arrt du 29 dcembre 2000 du Conseil d'Etat (cf. CE, 29 dc. 2000, no 214208, Association pour l'essor de la transfusion sanguine) pris dans le prolongement de la jurisprudence de la Cour de cassation initie le 19 dcembre 1990 (cf. cass. 1re civ., 19 dc. 1990, no 87-15.834, Bull. civ. I, no 303). Il sagissait dans cette affaire dun problme relatif la mise en uvre de lassurance de responsabilit lors du versement des primes entre la prise deffet du contrat dassurance et son expiration eu gard la stipulation contractuelle selon laquelle : le dommage nest garanti que si la rclamation de la victime, en tout tat de cause ncessaire la mise en oeuvre de lassurance de responsabilit, a t formule au cours de la priode de validit du contrat .
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121 Or, la Cour dappel pour carter la garantie de la compagnie dassurance sest fonde sur cette clause contractuelle. Mais la cour de cassation est venue casser cette dcision car : le versement des primes pour la priode qui se situe entre la prise deffet du contrat dassurance et son expiration a pour contrepartie ncessaire la garantie des dommages qui trouvent leur origine dans un fait qui sest produit pendant cette priode et surtout en ce que ladite stipulation : aboutit priver lassur du bnfice de lassurance en raison dun fait qui ne lui est pas imputable et crer un avantage illicite comme dpourvu de cause au profit du seul assureur qui aurait alors peru des primes sans contrepartie . Aussi, a-t-elle dcid que : cette stipulation doit en consquence tre rpute non crite . Cest ainsi quil a t affirm que le versement de primes pour la priode qui se situe entre la prise deffet du contrat et son expiration, a pour contrepartie la garantie des dommages qui trouvent leur origine dans un fait qui sest produit pendant cette priode. Il sensuit quaboutissant priver lassur du bnfice de lassurance en raison dun fait qui ne lui est pas imputable et crer un avantage illicite comme dpourvu de cause, au profit du seul assureur ayant peru sans contrepartie les primes, doit tre rpute non crite la stipulation de la police selon laquelle le dommage est garanti seulement si la rclamation de la victime a t formule pendant la priode de validit du contrat.
Le courtier dassurances maritimes propose de la scurit, apporte ses conseils, aide la gestion. Il participe avec les autres vecteurs du commerce, au bon fonctionnement de changes internationaux. Cest ainsi quil sexpose lui-mme des risques dune manire particulire, tant lgard des clients, pour le compte desquels il recherche et gre lAssurance, en passant par une mission de conseiller trs avis, qu
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122 lgard des assureurs pour lesquels il joue souvent plus que le rle dun simple courtier ( voir le rle du courtier de rassurance et les rapports rassureur-courtier, Lamy assurance 2004, n 4493-4495).
La jurisprudence permet denvisager les diffrentes composantes de laction du courtier dassurance maritime susceptible dengager sa responsabilit. Nous allons donc tudier certaines dcisions dmontrant ce phnomne.
1. Le rglement du sinistre par le courtier dassurances Arrt de la Cour dappel de Paris du 29 juin 1982 (sur appel dun jugement du tribunal de commerce de Paris du 15 dcembre 1980 : (cf. Revue Scapel 1995, p. 167) : Suite des avaries en cours de transport, la compagnie dassurance, aprs paiement des dommages, assigne le transporteur le 10 janvier 1978. Le tribunal de commerce a dclar cette demande irrecevable pour dfaut de qualit, eu gard labsence de quittance subrogative au profit de la compagnie, et du paiement effectu par le courtier. Mme si sur le fond de laffaire les assureurs ont perdu le procs, leur demande a t reue en cause dappel avec la motivation suivante :
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123 il y a lieu de relever que le courtier, en effectuant le paiement au rceptionnaire de la marchandise, ne peut quavoir agi en excution du contrat dassurance et pour le compte et sur instruction de lassureur, cest dire la socit dassurance (N.R.) ; quainsi que le fait observer pertinemment cette socit, cette manire de procder est conforme lusage suivi en matire dassurance . Que, dans ce cas, cest lassureur qui supporte en dfinitive le paiement de lindemnit, qui est subrog dans les droits de lassur, et non le courtier, celui-ci tant rembours par lassureur avec lequel il est en relation suivie au moyen dun compte courant . Le courtier qui rgle au destinataire lindemnit dassurance correspondant aux avaries causes aux marchandises, agit en excution du contrat dassurance et pour le compte de lassureur. Lassureur qui a support en dfinitive la charge financire, et non le courtier qui avait t rembours conformment aux conditions du contrat souscrit, est subrog dans les droits du destinataire et peut agir contre le transporteur maritime. Lassureur doit prouver que le transporteur avait accept de diffrer la livraison jusqu la remise effective au destinataire et ce contrairement la clause du connaissement qui prvoyait une livraison sous palan et que les rserves prises ultrieurement lont t par le consignataire du navire. A dfaut de rapporter une telle preuve, les juges ont dcid que les rserves avaient t prises aprs les oprations de dchargement par le consignataire de la marchandise et donc au nom du rceptionnaire, et quelles ne permettaient pas de prouver la rsiliation des dommages lorsque le transporteur assumait la responsabilit de la cargaison. On voit ici limportance du rle du courtier qui se doit de faciliter (et de conseiller) le recours en prservant la preuve en marquant limportance que peuvent avoir la prises de rserves.
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124 Mais sa responsabilit en lespce nest pas engage car le problme rsidait sur la validit de la subrogation. Les juges ont retenu la fin de non-recevoir pour dfaut de qualit selon la loi hollandaise applicable au contrat et prvoyant la subrogation lgale de lassureur sans ncessairement produire la quittance subrogative. Or, ce ntait pas la compagnie dassurance qui avait pay en lespce, mais lagent. Donc, la subrogation lgale naurait pu jouer que si lassureur avait pay directement et que, faute de prouver quelle tait valablement subroge aux droits de celui qui avait pay, la compagnie tait irrecevable. En consquence, ladite compagnie a t dboute de sa demande en paiement de la somme correspondant lindemnit verse au rceptionnaire et sa demande en dommages-intrts pour procdure abusive a t dclare non fonde. Sur ce point, il en a t jug diffremment dans un arrt du tribunal de commerce. Jugement du Tribunal de commerce de Marseille du 2 dcembre 1986 : (cf. Revue Scapel 1987, p.6) : Suite des avaries reconnues aux Etats-Unis sur 220 rouleaux de tle lamine froid, en provenance de Yougoslavie, les vendeurs FOB SPLIT, bnficiaires dune cession de droits de leurs acheteurs, ont assign en paiement dune somme de 596.681- $ : 14 compagnies dassurance ainsi que le courtier, par lintermdiaire de qui le risque avait t souscrit. Le Tribunal de commerce de Marseille a jug que la mise en cause du courtier, dans la mesure o aucune faute ne peut tre retenue son encontre est abusive en disant qu il nest pas contestable que la socit de courtage na jamais eu la qualit dassureur, puisquelle est intervenue uniquement en qualit de courtier, que ds linstant ou aucune
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125 faute nest articule et encore moins prouv lencontre du courtieril y a lieu de le mettre hors de cause et de condamner la socit F. payer au courtier la somme de 10.000F, titre de dommages intrts pour procdure abusive et celle de 5.000F titre dindemnit en vertu de larticle 700 du N.C.P.C . La responsabilit du courtier peut galement tre recherche concerne la souscription dune police. 2. La souscription dune police dassurance Cet acte engagerait sa responsabilit en cas de transmission tardive de la proposition dassurance ou sil modifiait inopinment les conditions de la police dassurance, par exemple. Arrt de la Cour dappel de Paris du 21 octobre 1987 : (cf. Revue Scapel 1995, p. 173) : Le 19 mars 1986, un courtier, a t pri de faire assurer le mobilier de Monsieur R., le transport par camion devant seffectuer le 21 ou le 22 mars. Un acompte de prime de 5.000F. fut pay. Le vendredi 21 mars en fin daprs-midi, Monsieur R. confirme que le transport a lieu le lendemain. Le samedi 22, le mobilier brle en cour de transport, mais le courtier na transmis la proposition dassurance que le lundi 24 lassureur qui refuse de prendre en charge un sinistre quil ne stait pas engag garantir . Lassur (Monsieur R.) demande au Tribunal de condamner le courtier et lassureur lui payer in solidum 2.750.000 F. il est dbout par jugement du TGI de Paris du 29 avril 1987, ainsi que par la cour dappel. Quant la cour de cassation, elle rejette le pourvoi comme suit : Attendu quil rsulte des nonciations souveraines des juges du fond que R. a t inform par son courtier dassurance que la proposition dassurance quil avait souscrite auprs de celle-ci ne pourrait tre transmise lassureur en ce qui
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126 quaprs fixation de la date du transport de la marchandise assure ; que, cette date ayant t fixe au samedi 22 mars 1986, R. la communique au courtier par tlex dat du vendredi 21 mars, 17 h 40, soit dans des conditions de temps qui nont pas permis la transmission de la proposition ; quen aucune de ses branches, le moyen ne peut donc tre accueilli . Les tribunaux se sont donc refuss reconnatre une faute personnelle du courtier dans la gestion de cette affaire. Lassur, conscient et parfaitement inform des risques et des conditions de transmission de la police lassureur, ne pouvait pas rechercher la responsabilit de son courtier qui aurait soit-disant faut dans la transmission de celle-ci. En effet, le courtier qui transmet une proposition dassurance le lundi alors que son client avait confirm la date du transport le vendredi en fin daprsmidi nest pas responsable du refus de lassureur de garantir le sinistre pendant le transport effectu le samedi dans la mesure o la proposition dassurance reue aprs ledit sinistre ne pouvait tre transmis quaprs la fixation de la date dfinitive du transport. Il est bon de rappeler quen lespce, lassur ne conteste pas quil y avait une incertitude entre le 21 et le 22 mars sur la date du transport du mobilier. Larticle 8 de la police, qui avait t remise ce dernier prvoyait que la garantie prenait effet au point extrme de dpart stipul aux conditions particulires. En consquence, la proposition dassurance ne devait pas tre transmise lassureur avant la fixation de la date de transport et, M. R., ayant expdi son tlex le vendredi en fin daprs-midi, le courtier na donc commis aucune faute en la transmettant le lundi matin. Dautre part, la compagnie navait prcdemment dlivr aucune note de couverture, et, la proposition dassurance ayant t reue aprs le sinistre, elle ntait pas tenue garantie.
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127 Arrt de la Cour dappel dOrlans du 14 dcembre 2001, navire Tabasco (cf. DMF 2003, p. 270) : Dans sa dcision la Cour dappel a rejet laction en responsabilit forme par un importateur contre un courtier. Avant dimporter de lail du Mexique, limportateur avait interrog le courtier sur les assurances possibles. Celui-ci lui envoyait un courrier indiquant la possibilit dassurer lail aux conditions tous risques + consquences des variations de tempratures , signifiant, par l que, les conditions gnrales excluant les dommages rsultant des conditions atmosphriques, il tait ncessaire de souscrire une clause additionnelle. Ce qui fut fait, mais, la clause additionnelle type souscrite ne couvrait les consquences des variations de temprature que pour les transports sous temprature dirige. Ce qui ne fut pas le cas. Lassur reprocha alors au courtier de ne pas avoir attir son attention sur la chose. La Cour dOrlans a rejet son action en responsabilit au motif que, lassur, en sa qualit de professionnel de limportation par voie maritime de produits agricoles prissables, ne pouvait ignorer les particularits de la clause additionnelle en cause. Il navait donc pas spcialement besoin dtre inform sur ce point. De surcrot, il lavait t expressment par la police dassurance elle-mme, quil avait signe avant lexcution des transports litigieux, police qui mentionnait clairement que linfluence des tempratures tait garantie pour les seules facults transportes sous tempratures dirige. Larrt, malgr sa cohrence, napparat pas pleinement convainquant. Si limportateur avait vritablement t inform des subtilits des polices dassurance, il naurait pas eu besoin de consulter un courtier.
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128 Peut-tre aussi la Cour aurait-elle pu prendre en considration le fait que, si limportateur tait un professionnel, il ntait pas un professionnel de la mme qualit que le courtier. On ne peut raisonnablement exiger dun courtier dassurances maritimes, comme dun assureur, qui a dj compltement inform son client des conditions de garantie de la police dabonnement, quil les rappelle systmatiquement ou mette des rserves la rception de chaque dclaration daliment. Toutefois, le courtier dassurances maritimes est essentiellement un mandataire de lassur. Il peut tre investi dun mandat de lassureur pour percevoir les primes, grer les sinistres ou mettre des documents dassurance, par exception. Mais selon lusage franais de lassurance maritime, il agit normalement au nom et pour le compte de lassur son mandant. Cette qualit de mandataire de lassur emporte diverses consquences parmi lesquelles la soumission du courtier au droit commun du mandat, en gnral, et au devoir de conseil du mandataire, en particulier. Il doit dfendre en toute circonstance les intrts de lassur et dans cette dfense, il doit lui prodiguer tous les conseils que lui inspirent ou doivent lui inspirer la conclusion et lexcution du contrat dassurance. On peut concder qutant en lespce, en prsence dun professionnel de limportation de produits agricoles par mer, le courtier ait t un peu moins inspir qu lhabitude. 3. La faute dans lexcution de son mandat Arrt de la premire chambre de la Cour dappel de Bordeaux rendu en 1994 (cf. Revue Scapel 1995, p. 173) : En 1983, lorganisme sovitique importateur de crales : EXPORTKHLEB, change ses contrats dachat en imposant ses vendeurs de financer en
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129 FOB poids dlivr . Les exportateurs qui nont ni la matrise du fret, ni celle de lassurance, se voient nanmoins opposer les pertes de poids unilatralement fixes larrive. Les craliers internationaux sadresse alors des socits de surveillance en mesure doffrir dans le cadre de garanties fog (full outturn guarantee), la surveillance au chargement, et la garantie de poids. Dans lespce ici en cause, lun de ces surveillants : la socit TH., sest adress un courtier, en le mandatant aux fins dassurer cette garantie de poids. Le courtier confirme par telex laccord des assureurs pour une garantie de campagne portant sur 300.000 tonnes de crales, moyennant une tarification donne. Un mois plus tard (telex), le courtier informe son client que les assureurs rompent unilatralement leur engagement tarifaire, du fait des mauvais rsultat escompts, et modifient leurs conditions en augmentant les taux de franchises. Il en a rsult un surcot apprci par la socit TH., elle mme engage lgard des exportateurs, 147.891$, dont elle a demand rparation son courtier. Le demandeur a t dbout en premire instance, puis en appel, les juges considrant que : Le courtier est un tiers au contrat liant lassureur et lassur, et ne saurait ds lors rpondre que des fautes ventuellement commise dans lexercice de son mandat . On peut en retenir que lassur ne peut pas tenir son courtier pour responsable de la violation des engagements par lassureur qui avait dcid de rduire les garanties initialement consenties, sagissant dun tiers au contrat dassurance et en labsence de preuve dune faute dans lexcution de son mandat en relation avec la couverture du risque des conditions moins avantageuses.
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mandataire de son client, nayant quune obligation de moyen. On peut ajouter que lassur aurait pu assigner galement les compagnies dassurances, et le courtier de les appeler en garantie : lissue de laffaire aurait pu connatre un meilleur sort. 4. La gestion du sinistre Arrt de la Cour dAppel de Lyon du 11 octobre 1984 (cf. Revue Scapel 1995, p. 180): Un litige opposait les Transports M., la socit C., concernant des dommages survenus au matriel de cette dernire transport par M.. Le courtier "L" a crit son client M., mais a galement contact directement la victime, en donnant sur ltendue de la garantie accorde par son entremise des prcisions qui se sont avres inexactes. Il en a rsult pour le transporteur un dcouvert, non support par ses assureurs. Il a donc demand rparation son courtier. Le Tribunal de commerce de Lyon, puis la Cour dappel de Lyon, ont considr que le courtier avait engag sa responsabilit professionnelle, et lont condamn payer son client lindemnit pour le prjudice subi, accompagn des accessoires. Il apparat vident que le courtier qui donne au destinataire dune marchandise endommage, son accord pour une remise en tat, est li par les termes ambigus quil a utiliss. En effet, il permettait, de la sorte, de penser que la limite du cot des rparations tait celle du cot de la marchandise son tat neuf, et ce contrairement aux termes du contrat souscrit. Il engage en consquence sa responsabilit vis--vis de son client. 5. La responsabilit lgard des tiers, responsabilit quasidlictuelle
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131 Arrt de la Cour dappel de Versailles (ch. com. ru.) du 10 dcembre 2002 (cf. DMF 2003, p. 289) : Un acqureur CAF, domicili en France, est dans limpossibilit de commercialiser sa marchandise (des filets de pche du Nil). Les services sanitaires franais sopposent en effet leur commercialisation. Lassureur pour compte (anglais) avec qui le vendeur (rsidant Gibraltar) avait contract refuse sa garantie, ds linstant que la marchandise, contrairement aux conditions stipules dans la police, na pas fait lobjet, avant son embarquement pour la France, dun agrment (par un expert dsign par la SGS ou par un agent du Lloyds). Lacqureur se retourne alors contre le courtier (anglais) dassurance, mandataire du vendeur, qui aurait dlivr deux certificats dassurance sur lesquels la mention relative au contrle pralable des marchandises aurait t raye. Laffaire se dveloppe jusque devant la cours de cassation qui fait observer que la responsabilit du courtier peut parfaitement tre retenue, mais uniquement sur un fondement dlictuel ou quasi-dlictuel : le mandataire tant personnellement responsable envers les tiers des dlits et quasi-dlits quil peut commettre leur prjudice dans laccomplissement de sa mission , en loccurrence du prjudice subit par lacqureur CAF dont il est avr que les marchandises ntaient pas assures dans les conditions attendues. Cette responsabilit doit tre apprcie en application de la loi anglaise, ds lors que le fait gnrateur du dommage, en lespce, lmission des certificats par le courtier, comme le dommage lui-mme, en lespce, le refus de garantie oppose par la compagnie dassurance, sont survenus Londres. En ralit, la question est plus complexe car le dommage dont se prvaut lacqureur est ici de nature contractuel, alors que la responsabilit quil
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132 invoque, lmission des certificats par le courtier, est de source quasidlictuelle. Plus prcisment, la faute impute au courtier est dordre dlictuel, alors que le dommage subit par lacqureur est dordre contractuel, lacqureur tant le bnficiaire de lassurance facults. Lhypothse est originale puisque la faute reproche au courtier est de nature contractuelle, tandis que le dommage subi obit une qualification contractuelle.
133 pour cela). Au-del de son devoir gnral dapprciation du risque couvrir par une assurance, la mission danalyse du courtier peut tre tendue un travail daudit consistant identifier les risques et les valuer en termes de cot compte tenu du niveau de scurit et des franchises existantes. Il peut galement revenir au courtier dtablir le projet de police, cest-dire rdiger un contrat dassurance rpondant aux besoins de son client. En sus de la souscription, son rle consiste gnralement en une mission dassistance envers ses assurs quil est tenu daccompagner durant toute la priode de la validit du contrat. 1. Lassistance des assurs et leur accompagnement / la dchance du client Ainsi, commet une faute engageant sa responsabilit le courtier qui ninforme pas son client, la suite dun vol, de lventualit dune dchance (ou tout le moins des consquences quant lobtention dune indemnit qui pourrait tre diminue) en cas de dclaration tardive des objets disparus (cf. cass. 1re civ., 12 fv. 1991, n 88-10.759, RGAT 1991, p. 436) : Arrt de la 1re chambre civile de la cour de cassation du 12 fvrier 1991 : La cour dappel ayant retenu la charge dune socit dtude et de courtage un manquement son obligation de conseil , cette socit invoque que le dlai de production de ltat estimatif des objets vols, stipul larticle 40, alina 161, du contrat dassurance, nest pas prvu peine de dchance, cette sanction tant dailleurs formellement prohibe par larticle L. 113-11 du Code des assurances , retard (dans la dclaration du sinistre),dailleurs ntant pas pris en compte en matire maritime titre de dchance du droit garantie. Puis, le courtier se dfend de navoir pu
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134 transmettre, en temps voulu, la liste complmentaire des objets vols, entranant ainsi la dchance de lassur. Les juges du fond ont alors dcid que la socit de courtage na pas inform son client de lventualit de cette dchance ; que par ces motifs, qui rendent inoprant le premier grief du moyen, et qui caractrisent la faute commise par la SEECAS (courtier) et le lien de cause effet entre cette faute et le prjudice subi par lassur en raison de la dchance partielle de garantie, la cour dappel a lgalement justifi sa dcision . Le courtier aurait d ds la dclaration du sinistre, voire mme avant toute avarie, informer son client dune telle dchance. En rgle gnrale, il est prcis aux assurs de la ncessit dtablir un inventaire des objets, ou une liste de colisage afin de savoir ce que lon transporte et dindemniser en fonction. Si certains articles ny figurent pas, il sera alors difficile den obtenir rparation. Signalons cependant un arrt de la cour dappel de Colmar nappliquant pas la dchance du droit garantir pour saisine tardive du commissaire davaries. Deux raisons expliquent cela : dune part, selon les magistrats colmariens, larticle 17 des imprims maritimes (cf. annexe IV) ne faisant pas lobjet dune typographie particulire qui met en relief nest pas conforme larticle L 112-4 du Code des assurances qui prvoit que les clauses des polices dictant des dchances ne sont valables que si elles sont mentionnes en caractre trs apparents ; dautre part, le retard de deux jours apport la saisie du commissaire aux avaries nayant pas entran de prjudice pour lassureur et larticle L. 113-2 du Code des assurances prvoyant expressment cette situation, la ngligence de lassur est donc couverte.
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intgralement en gras, mais son contenu ne se dtache pas suffisamment. Pour la seconde affirmation, il convient dobserver qu la stricte lecture du code prcit, larticle L. 113-2 ne concerne pas lassur maritime. Il nen reste pas moins que les assureurs maritimes devraient faire preuve de plus discernement et ne pas utiliser cette dchance de manire systmatique. Revenant sur une dcision antrieure, la cour dappel de Paris a jug que, lassur nayant pas us de cette facult dans le dlai imparti, lexpertise conduite par le commissaire davaries (qui concluait une insuffisance demballage entranant le refus de prise en charge du sinistre par lassureur) ne pouvait plus tre discute dans les rapports entre lassureur et lassur.
Il a t galement
de conserver le recours des assureurs lorsquil ny avait pas de rserves prsenter un transporteur maritime. Dautant quil a lui mme rvl la perte lie au vol perptr lintrieur dun conteneur plomb reu par lui, sans quil mette des rserves lembarquement et sans quil offre dtablir que le plomb avait t antrieurement dtruit sa prise en charge (cf. Lamy assurance, la responsabilit des intermdiaires, n3982-3984). 2. Modification des garanties et chance du contrat dassurance Ainsi, en est-il en cas de nouvelle proposition dassurance composant des garanties modifies, lorsque le courtier ne communique pas lassur les limitations de garantie ou le non renouvellement du contrat par la compagnie (cf. cass. 1re civ., 12 dc.1995) : Arrt de la 1re chambre civile de la cour de cassation du 12 dcembre 1995 :
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136 La cour de cassation a retenu que la cour dappel a justement nonc que ltendue de lobligation des intermdiaires dassurance rsultait, non de lapplication de la garantie dfinie par un contrat dassurance non souscrit la date du sinistre, mais de la responsabilit encourue par eux du fait de leurs manquements au devoir de conseil leur incombant en leur qualit de professionnels de lassurance, le prjudice tant constitu par labsence de tout contrat dassurance contre le risque de vol . Entre la dclaration de sinistre et la conclusion dune nouvelle police, la prcdente tant chue, lassure ntait plus couverte. Or, le courtier ainsi que la compagnie dassurance ont t dclars responsables car ils auraient d, spcialement le courtier, informer celle-ci de lchance de la police et des modifications apportes dans la nouvelle police dassurance. La rsiliation du contrat dassurance son chance annuelle, ne met pas fin au contrat de mandat du courtier qui reste mandataire pour tout sinistre survenu avant la prise deffet de la rsiliation du contrat dassurance. Ainsi le confirme "lattendu que" suivant : Attendu que, sans mconnatre lobjet du litige, le Cabinet de courtage ayant soutenu que le mandat qui lui avait t confi comportait une mission strictement technique consistant valuer les dommages conscutifs au sinistre et discuter cette valuation avec lexpert dsign par lassureur, la cour dappel a tir les consquences de la mission ainsi limite quant au devoir de conseil de ce cabinet ; quelle a ainsi, sans avoir rpondre des conclusions que ses apprciations rendaient inoprantes, lgalement justifi sa dcision, en ce quelle avait estim que la CECAR, qui soutenait que le mandat avait t rsili le 15 novembre 1988 par un directeur de la socit GE Plastics ABS et arguait de ce quaprs cette date, elle avait t tenue dans lignorance du droulement des oprations dvaluation, ne prouvait pas que ce mandat aurait t rvoqu . (cf. cass. civ. 1re , 19 dcembre 2000, n 98-14.166, RGDA, p. 146).
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En pratique, cette mission dassistance et de suivi de la clientle consistera pour le courtier se tenir inform de tout changement dans la situation des assurs, susceptible de modifier la nature du risque et de rendre la couverture dassurance incomplte ou inadapte. Sur le mme fondement, en cas de sinistre, le courtier doit assister lassur dans les dmarches accomplir et les mesures de sauvegarde ou de conservation prendre. Il doit galement uvrer pour un rglement rapide et quitable de la part de lentreprise dassurance. 3. Lors de la souscription de la police dassurance Lobligation de conseil du courtier se retrouve dans la majorit des actes quil accomplit pour le compte de son client. A fortiori, cest dans le cadre de la souscription du contrat dassurance que cette obligation devient essentielle. Par exemple : Arrt de la cour dappel de Paris du 19 septembre 1984 (cf. Revue Scapel 1995, p. 170): La socit R. donne en location la socit T.C. ; un vhicule semiremorque qui na pu tre restitu, et demande ce titre F. 29.920 ainsi que divers frais. Le Tribunal de commerce de Paris a condamn TC , mis hors de cause les assureurs, fonds se prvaloir de la prescription biennale, condamn le courtier J.P.L. garantir son client des condamnations prononces. Sur appel du courtier et de son client, la Cour de Paris a considr : force est de constater quaucune faute dtermine et prcise nest allgue contre le cabinet Z accus en termes vagues davoir laiss son client dans lignorance des dcisions prendre ; que si le cabinet Z peut estimer quil lui serait ainsi reproch de navoir pas interrompu la prescription encourue, il est fond soutenir quil navait pas lui mme,
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138 dans le cadre de son mandat alors quil na jamais t prtendu quil avait reu celui dester en justice, prendre une telle initiative ; que dautre part, sur le manquement lobligation de conseil auquel il est fait allusion par la socit TC propos des dcisions prendre la preuve ne serait pas rapporte de toute faon, dune relation de causalit certaine et directe entre le prjudice subi par la socit T.C. et le manquement allgu aussi vaguement, alors que la socit TC, professionnel du transport et propritaire et locataire dun parc automobile importantne peut tablir que ce serait labsence de conseil de son courtier qui laurait empche, tant donn son exprience, dinterrompre la prescription drivant su contrat dassurance . La Cour a mis hors de cause le courtier. Il semble se dgager de cette dcision une ide gnrale selon laquelle le courtier aurait une responsabilit plus ou moins variable lie la qualit et aux connaissances supposes de ses clients. Faut-il rappeler quil existe un principe selon lequel le dlai de la prescription biennale, applicable laction de lassur contre son assureur, ne commence courir qu compter du jour o le tiers a exerc un recours contre lassur, et qui joue en matire dassurance de responsabilit. Ce principe est cart en matire dassurance de chose. Il appartient lassur dagir dans le dlai de deux ans partir de la ralisation du sinistre. Alors, la responsabilit du courtier pour violation de son obligation de conseil ne peut pas tre recherche dans la mesure o nayant pas reu mandat dester en justice, il navait pas prendre linitiative dinterrompre la prescription, et ce en labsence de preuve dune faute dtermine et prcise en relation de causalit certaine et directe avec la perte du recours. Arrt de la Cour dAppel de Montpellier du 12 janvier 1984 (cf. BT. 1985, p.11) :
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139 La socit F. transporte des conserves de Castelnaudary Talence et Mrignac. A la suite dun incendie, la marchandise est dtruite en cours de transport. Le Tribunal de commerce de Castelnaudary condamne F. supporter lentier prjudice, et le dboute de ses appels en garantie contre ses assureurs et son courtier, au motif que le contrat dassurance responsabilit contractuelle du voiturier souscrit par F., excluait justement le transport des denres alimentaires, et quil ne pouvait de ce fait produire effet. F. reprocha alors son courtier, devant la Cour dappel, davoir failli son devoir de conseil de deux faons : en nindiquant pas son client, en temps utile, quil ntait pas couvert pour tous les transports quil effectuait, alors que dans sa police prcdente, il ny avait aucune limite de garantie quant la nature des marchandises ; en lui laissant croire aprs le sinistre, quil tait bien assur.
La cour rappelle : que le Tribunal a jug quen prsence dune clause aussi claire que celle figurant sur la police, la socit F. ne pouvait avoir t induite en erreur sur la garantie offerte, ce qui impliquait ncessairement que tout commentaire du mandataire tait superflu . Et elle ajoute : attendu quen absence de toute prcision sur ltendue du mandat du courtier, la Cour ne peut quadopter cette argumentation, car il nest nullement dmontr, en lespce, dune part, que le courtier ait eu pour mandat de recherche une couverture identique et, dautre part, que la police propose ait t ambigu, et ait ncessit des explications de la part dun spcialiste . Concernant lautre grief form par F. contre son courtier, lopinion de la Cour est le suivant : les affirmations errones du courtier sur la couverture du sinistre, postrieurement sa survenance, ont t sans incidence sur celle-ci, et ne sauraient lui tre reproches dans la mesure ou elles nont pas prive la socit dexercer son recours contre lassureur . Les magistrats ont jug en toute srnit.
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140 On peut quand mme se poser la question de savoir si la police avait bien t contresigne par F.. Dans le cas contraire, (et en labsence dcrit) tant entendu que le courtier na pu dmontrer ltendue de son travail pour obtenir une assurance sans restriction, et en prenant en considration le fait que la prime tait perue sur la totalit du fret. On peut penser que quelques latitudes ont t prises avec lobligation de conseil. Arrt de la Cour dappel de Paris en date du 19 octobre 1990 (cf. BT 1991, p. 116) : La socit M.B.A. demande son courtier M. D. de faire assurer un transport de matire mdical dune valeur de 2.200.000- francs., de Paris Bordeaux. Le matriel est vol dans la nuit du 21 au 22 dcembre 1989. les assureurs refusent de payer car la police souscrite limitait la garantie en matire de vols ceux conscutifs des accidents de la circulation, et ceux commis lors dagression main arme ou avec violence. Or, la socit M.B.A. navait pas t avise par le courtier de cette restriction dans la couverture donne. La socit assigne son courtier. Celui-ci est condamn payer 1.500.000francs son client, titre de provision. Le Tribunal de commerce de Paris infirme cette dcision et condamne la socit rembourser le courtier. La Cour dAppel est dun avis diffrent car, aprs avoir constat que : le courtier avait donc le devoir de souscrire une police dassurance donnant sa cliente les garanties que celle-ci lui demandait et il est tout le moins mal venu dmettre, a posteriori, des critiques, au demeurant dpourvues de fondement et de justifications, sur lorganisation du voyage, sur la ralit du vol et sur la sincrit des dclarations reues par la police ; elle ajoute : en ralit, en nayant pas excut ses obligation, ainsi quil le reconnat dans le dernier paragraphe de sa lettre du 4 janvier 1989, D. (le courtier) a manqu aux obligations nes de son mandat comme au devoir de conseil
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141 qui tait le sein , et elle condamne le courtier payer son client une somme de 2.200.000- francs. Cet arrt met laccent sur le fait que, dans le cadre de son mandat, le courtier a le devoir dexcuter les instructions de son client : sil ne peut souscrire la garantie demande, il doit len aviser avant le dbut des risques. 4. En tant que gestionnaire du contrat dassurance et du sinistre Arrt de la Cour dappel de Bordeaux du 17 novembre 1986 (cf. Revue Scapel 1995, p. 178) : Un commissionnaire de transports (SDB) assur par La PrservatriceFoncire, confie Monsieur B. un transport de marchandises destination de lItalie. Un vol intervient en Italie, sur le camion de M. B. Le commissionnaire et ses assureurs en partie subrogs, assignent ce dernier, qui appelle en garantie ses assureurs ainsi que son courtier. Par jugement, le Tribunal de commerce de Bordeaux dboute le
transporteur de son action contre ses assureurs, mais condamne le courtier relever son client concurrence de 50 % du montant de la condamnation. La Cour dappel de Bordeaux confirme ce jugement, et retient donc pour moiti du prjudice la responsabilit du courtier. En effet celui-ci parat avoir eu placer la fois lassurance des vhicules appartenant M. B., et celle des marchandises transportes. Ds rception dune lettre manant du courtier, qui tait sans doute une proposition motive et chiffre, mais que le transporteur M. B., a considr comme note de couverture, M. B. : a rsili les polices dont il tait titulaire jusque l, reu les cartes vertes des vhicules et pay une somme de 10.000 F. reprsentant lacompte rclam par le courtier.
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142 Les juges ont retenu largument des assureurs selon lequel la lettre des courtiers ne les engageait pas, puisque la mention note de couverture ny figurait pas, ni la date de prise de risques, sans compter que le courtier tait en lespce le mandataire de son client et non le reprsentant des assureurs. Quant aux cartes vertes, elles concernaient lassurance des vhicules, et non celle des marchandises transportes. Il en tait de mme pour lacompte de prime vers entre les mains du courtier. Le Tribunal ainsi que la Cour dAppel ont sanctionn le courtier en ce que : il est reproch explicitement au courtier davoir failli par dsinvolture ses obligations de conseil, du fait notamment de la rdaction ambigu de la lettre du 6 octobre 1981 . Ainsi le transporteur et son courtier ont-ils support par moiti le montant de la condamnation. De fait, est responsable 50% du prjudice subi par son client le courtier qui a failli son obligation de conseil lorsquil lui adresse une proposition de contrat mal rdige et ceci notamment, quand la date deffet de la garantie propose nest pas prcise. Arrt de la Cour de cassation du 5 fvrier 1991 (cf. BT 1991, p. 327, arrt de rejet du pourvoi form contre larrt de la Cour dappel de Versailles du 19 mai 1988) Un groupement dentreprises ayant t charg de la construction du chemin de fer transgabonais, a confi le placement et la gestion des assurances du transport maritime des fournitures de construction, deux courtiers : "A" et "B", (le premier dirigeant lopration, et le second soccupant des sinistres). Des dommages stant produits, les assureurs opposent la prescription biennale au groupement qui demande rparation. La Cour dappel de Versailles accueille lexception de prescription biennale invoque par les assureurs, en application de la loi franaise rgissant la police dassurance .
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dabonnement rdige en franais et signe Gnes stipulait que lassurance des facults sentend aux conditions de sept clauses rdiges en anglais . Cela impliquait que les parties avaient accept implicitement de soumettre le contrat dassurance aux dispositions de la loi anglaise qui prvoit une prescription de six ans. La Cour dappel et la Cour de cassation ont sanctionn les deux courtiers, ainsi que lassureur couvrant la responsabilit du courtier franais. Les motivations sont claires : attenduque ce groupement tait en droit dattendre de "A" dtre un guide sr et un conseiller expriment quand aux mesures propres interrompre les prescriptions et prserver les recours contre les transporteurs ; que la Cour dappel, devant laquelle "A" sest dfendue dtre le conseiller juridique dEurotrag sur ces deux points, tait donc bien saisie de lexistence, au profit dEurotrag, qui ntait pas professionnel des assurances maritimes, dune obligation de conseil attendu que le Cour dappel a retenu la charge des deux courtiers un manque de vigilance, notamment quand aux procds dont lassur disposait pour interrompre la prescription . En fait, les juges ont condamn la fois le dfaut de conseil et lerreur de gestion. Retenons principalement que le courtier, charg de la gestion des sinistres, qui nattire pas lattention de son client, non professionnel des assurances maritimes, sur les mesures propres interrompre les prescriptions et prserver les recours contre les transporteurs, commet une faute dans lexcution de son mandat fonde sur la violation de son obligation de conseil. Arrt de la Cour dappel de paris du 17 mai 1995 (manquement lobligation de renseignement, cf. Revue Scapel 1996, p. 57) :
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144 Il ressort de cette affaire que le courtier dassurance qui ninforme pas son client de la ncessit dinterrompre la prescription biennale (cf. C. ass., art. L. 114-1) lgard de lassureur, engage sa responsabilit pour manquement son obligation de renseignement et de conseil (cf. Partie I, B, 3) lobligation de conseil, p.41, pour la distinction entre obligation de renseignement et celle de conseil). Il doit rparer le prjudice rsultant de la prescription de laction intente par lassur contre lassureur. En lespce, la suite dune importante avarie survenue son bateau moteur, et du refus de son assureur (la compagnie GA) de le garantir, M. JFB a assign celui-ci que le cabinet C., conseil en assurances, en condamnation solidaire lui payer le montant de la rparation. Le tribunal de commerce de Bobigny a accueilli la fin de non-recevoir
oppose par la compagnie GA tire de la prescription biennale. Puis, il a dclar : M. JFB irrecevable en ses demandes lgard de la compagnie GA , au motif que la dsignation de lexpert ayant eu lieu en novembre 1988, la lettre RAR du 16 juin 1991 de M. JFB a t envoye hors dlai et a dit mal fonde la demande de ce dernier lgard du cabinet C. estimant que le courtier navait pas commis de faute en transmettant le 7 juillet 1988 la compagnie la demande de report de garantie. Enfin, il a condamn M. JFB payer la compagnie dassurance les frais et dpens. Cependant, M. JFB interjetant appel, la cour dappel a dcid tout autrement en retenant : dune part que M. JFB fait valoir que sil ne sest adress son assureur quen juin 1991, cest en raison de la ngligence de son courtier qui na jamais rpondu ses lettres RAR ; dautre part que le cabinet C., en sa qualit de courtier mandataire de M. JBF, avait lobligation dentreprendre toutes dmarches auprs de la
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145 compagnie GC pour dfendre les intrts de son client, obtenir le rglement du sinistre et interrompre la prescription . ainsi, en tout tat de cause, le cabinet C. , professionnel de lassurance, avait une obligation de renseignement et de conseil vis--vis de lassur et se devait de linformer de la ncessit dinterrompre la prescription biennale par lettre RAR ; quen en la faisant pas , il a manqu son obligation contractuelle sur le fondement de larticle 1147 du Code civil et doit rparer le prjudice subi par son client .
A travers les multiples fonctions quoccupe le courtier dassurances maritimes de nos jours, il revt souvent lapparence dun intermdiaire de lassurance. Gnralement, il est peru comme assureur, mais ce nest pas le cas. Offrant des services aux clients assurs ou prospects, il prte aussi service aux compagnies dassurances. Il va devoir assumer encore davantage les consquences de ses actes en cas de faute de sa part. Ceci tant, il nest pas toujours vident de tracer la frontire entre lassureur et le courtier dassurances, ce qui peut entraner parfois des conflits de responsabilit entre ces derniers. Lassur agissant contre son courtier, en tant que tel ou en tant que "son assureur". Il est vrai que parfois les apparences peuvent tre trompeuses.
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1)
Les
rapports
du
courtier
et
de
la
compagnie d'assurances
Si le courtier est fondamentalement le mandataire de l'assur, c'est trs gnralement l'entreprise d'assurance qui le rmunre par une commission, pour son intermdiation ayant abouti la cration d'un lien contractuel entre son client et l'assureur. L'article L. 324-5 du Code des assurances (issu de l'article 45 de la loi no 99532 du 25 juin 1999) institue une possibilit de reprise sur les commissions de rtribution des courtiers, en cas de transfert d'office du portefeuille d'une entreprise d'assurances de personnes auprs de laquelle ils ont plac des risques, lorsque leur comportement a contribu aux difficults de cette entreprise. Un courtier peut galement nouer des relations d'affaires privilgies avec une entreprise d'assurance au travers de la conclusion de mandats de porte plus ou moins tendue (mandats d'encaissements des primes, de souscription des contrats, de gestion des sinistres, etc.). Les mandats de souscription qui sont habituellement donns en matire de risques simples (perte, vol, casse, incendie). Selon le cas, un courtier d'assurances peut tre le mandataire d'un assureur pour des actes accessoires et occasionnels, ou avoir une activit de reprsentation sans pour autant tre qualifi d'agent gnral d'assurances (cf. Partie II, A) 1) La distinction entre agent dassurances et courtier dassurances p. 108). Cest en effet, ce que confirma la Cour de cassation en soulignant que : la circonstance quun contrat dassurance groupe ait t souscrit par un intermdiaire dassurance nest pas, en soi, de nature lui confrer la qualit dagent, puisquil agit, dans le cadre de cette opration, en qualit
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147 de souscripteur au sens de larticle L. 140-1 du Code des assurances, et non en qualit dintermdiaire dassurance et en ajoutant que : est agent dassurance lintermdiaire dassurance charg par une compagnie de prospecter une clientle au nom et pour le compte de cette dernire en vue de la souscription de contrats dassurance ; que par ailleurs, le courtier dassurance peut tre le mandataire de lassureur pour des actes accessoires et occasionnels sans pour autant devenir son agent gnral (cf. cass. ch. Com., 15 fvr. 2000, no 97-18.811). Les mandats d'encaissement peuvent concerner les primes au comptant (primes payes la souscription du contrat) et les primes termes (primes postrieures dues pour toute nouvelle priode de couverture). Dans le cas o le courtier dispose de mandats d'encaissement, il devra prendre en charge la gestion des appels de primes, leur expdition et la transmission des primes la compagnie dans les conditions convenues. En revanche, si le courtier n'est titulaire d'aucun mandat, l'entreprise d'assurance rclamera directement les primes aux assurs et reversera les commissions dues au courtier. Les mandats de gestion des sinistres portent sur le rglement des sinistres. Ils sont donns plus rarement et principalement en assurance de dommages hors responsabilit. Ils supposent des relations troites entre l'assureur et le courtier. Il appartient l'assureur, qui se prtend libr par le paiement de l'indemnit fait entre les mains du courtier qui a assist l'assur dans l'accomplissement des dmarches postrieures au sinistre, de justifier que ce dernier avait un mandat d'encaissement de l'indemnit (cf. cass. 1re civ., 13 oct. 1999, no 97-17.684, Resp. civ. et ass. 2000, no 37). En vertu du contrat d'assurance, l'assureur est seul tenu envers l'assur l'excution des obligations de garantie et donc au paiement des prestations
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148 d'assurance, peu importe qu'un mandat limit de gestion des sinistres ait t donn par l'assureur au courtier. Par exemple, lorsque dans la convention conclue entre compagnies (AGL et la GICA), il est stipul, sous la rubrique rglement des sinistres, quune dlgation de gestion est accorde au courtier pour les sinistres matriels avec un plafond maximum de 100 000 francs par vnement ; (...) la cour dappel na donc pas dnatur cette convention en retenant quen ce qui concerne le rglement des sinistres lassureur navait consenti au courtier quune dlgation de pouvoir limite (cf. Cass. 1re civ., 18 oct. 2000, no 9813.995, lgifrance). En revanche, Arrt de la Cour de Cassation du 24 mars 1992 (cf. Revue Scapel 1995, p. 181): Engage sa responsabilit envers lassureur le courtier qui na pas fait diligence pour transmettre lassur un avenant de rsiliation contractuelle de garantie adresse par lassureur. Par sa faute, il a oblig ce dernier garantir un sinistre survenu avant la rception de laccord de lassur et donc un moment o le contrat ntait pas encore rsili. Dans les faits, les poux B. assurent leur voilier auprs de la compagnie Rhne- Mditerrane, par lentreprise dun courtier. Ils dcident de rsilier leur contrat, en avisent leur courtier qui, suivant les dispositifs de larrt, met plus dun mois aprs rception de cet avis pour informer les assureurs. Lavenant de la compagnie, entrinant cette situation le 7 juillet 1983, quil aurait reu le 11, nest transmis par ses soins que le 18 juillet. Ainsi la compagnie dassurance a t conduite, du fait de ces retards cumuls, rgler aux poux B., au titre de dommage subis par leur voilier le 17 juillet 1983, une somme de 329.036 francs. Les assureurs demandent alors rparation, au courtier du prjudice ainsi subi, considrant quils taient victimes de sa mauvaise gestion.
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La Cour dappel de Bordeaux, puis la Cour de cassation, ont retenu lentire responsabilit du courtier en ce que : attendu que pour retenir lentire responsabilit du courtier dans la ralisation du dommage subi par la compagnie Rhne-Mditerranne, la Cour dappel, aprs avoir caractris la faute commise par le courtier, professionnel de lassurance , laquelle a consist dans la transmission tardive aux assurs, les poux B., de lavenant de rsiliation contractuelle de garantie que lassureur lui avait adress cette fin, a, souverainement retenu que si, le courtier avait fait diligence, laccord sur la rsiliation de la police aurait t obtenu avant la survenance du sinistre ; quelle a pu dduire de ces nonciations et constatations lexistence dun lien de causalit certain entre la ngligence de ce dernier et la couverture du risque par la compagnie R.M. et la responsabilit exclusive de ce courtier. Les mandats de nomination d'experts accords aux courtiers en vue d'tablir un rapport qui sera remis l'entreprise d'assurance en cas de sinistre. Il est de plus en plus frquent que le courtier rgularise travers une convention ses relations avec l'assureur. Dans de nombreux cas l'opration de courtage ne se rduit pas au rapport contractuel entre souscripteur et courtier mais englobe galement le protocole de gestion entre le courtier et l'assureur. Ainsi une cour d'appel a pu justement relever que la restitution de dossiers sinistres, rclame par l'assureur aprs rsiliation du contrat d'assurance qui avait priv d'objet le protocole de gestion, tait la consquence logique de cette rsiliation (cf. cass. 1re civ., 5 dc. 2000, no 98-14.781, RGDA 2001, p. 149). L'ventuelle dlgation de tches par une entreprise d'assurance un courtier demeure une situation drogatoire la dfinition mme du
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150 courtage en vertu de laquelle cet intermdiaire est juridiquement indpendant de l'entreprise d'assurance contractant avec son client. Par exemple, en matire de dclaration de sinistre, la jurisprudence a rgulirement rfut la thse selon laquelle, l'gard des assurs, la date de dclaration de sinistre un courtier vaut date de dclaration l'entreprise d'assurance. Cest la raison pour laquelle, la cour d'appel viole les articles L. 113-2 et L. 113-11 du Code des assurances, qui condamne les entreprises d'assurance, parties une opration de coassurance, indemniser un assur alors que celui-ci n'avait dclar, contrairement aux prescriptions contractuelles, son sinistre qu' son courtier, lequel n'avait pas qualit de mandataire des coassureurs (cf. cass. 1re civ., 10 mai 1984, no 83-11.047, RGAT 1985, p. 244). Cette solution ne peut tre retenue lorsque l'assur est lgitimement persuad que le courtier est le mandataire de l'entreprise d'assurance (cf. cass. 1re civ., 28 juin 1983, no 82-11.289, RGAT 1984, p. 198). Il ne faut pas oublier que la confusion des assurs susceptible de leur causer un prjudice ne peut s'instaurer que du fait d'une faute, consistant en une information insuffisante ou fallacieuse faite par le courtier sur l'tendue de ses pouvoirs. C'est notamment pour indemniser les clients de courtiers d'assurances victimes d'une telle confusion que le lgislateur a institu une obligation pour les entreprises d'assurances qui se trouvent apparemment engages, de garantir les personnes non assures qui effectuent auprs de courtiers d'assurance des versements affrents des contrats d'assurance, lorsque l'assurance de responsabilit civile du courtier ne peut tre actionne (cf. C. ass., art. L. 530-2-1). Cette reconnaissance par le lgislateur de l'engagement des entreprises d'assurances est limite aux courtiers tablis en France, figurant sur la liste tenue annuellement par le ministre de la Justice, et publie au Journal Officiel (cf. C. ass., art. L. 530-2-2 et R. 530-12).
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ayant faire face un refus de la part de la socit dassurance tenante daugmenter les garanties, un courtier tente de trouver un autre assureur ; malheureusement le sinistre survient avant quil nait russi dans son entreprise (cf. cass. 1er civ., 13 dc. 1965, n 64-10.437, Bull. civ. I, n 695) ;
ayant obtenu de son assureur lannulation dune mesure de rsiliation de contrat moyennant transformation du contrat unique en contrat collectif, il na pu, non plus, trouver de coassureur avant un nouveau sinistre (cf. Cass.1er civ., 13 oct. 1981, n 80-12.999, www.legifrance.org). La Cour dappel de Pau retient que : La compagnie dassurance navait prcis ni les conditions dune coassurance ni le dlai dans lequel celle-ci devait tre ralise, ni le montant de la prime ; que Monsieur L. qui avait effectu toutes les diligences ncessaires en vue dobtenir une coassurance stait comport comme lagent dvou de la compagnie en essayant de conserver celle-ci un client important .
En revanche, si lattitude de lintermdiaire est ambigu ou sil ne dploie pas lnergie ncessaire, il est tenu lgard de son client : ainsi, un courtier signant un contrat pour le compte dun coassureur qui ne donne pas son accord engage-t-il sa responsabilit (cf. Cass. 1er civ., 16 oct. 1968, n 66-12.512, www.legifrance.org) ; lorsque deux socits assurent un risque en coassurance.
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152 Elles dcident de rduire leur participation. Elles en avisent lintermdiaire et confirment en adressant au souscripteur une lettre recommande prvoyant la rsiliation du contrat lchance. Ce nest que quinze jours aprs la prise deffet de la rsiliation que lintermdiaire entreprendra des dmarches pour reformer une coassurance. Bien entendu, un sinistre survient avant que toutes les socit contractes aient donn leur accord (cf. Cass. 1er civ., 3 mai 1983, n 81-16.363) ; en cas dobtention des accords de principe de coassureurs,
lintermdiaire ne sest pas enquis de la rgularisation des pices. La Cour de cassation a t amene se pencher sur cette question dans une affaire dj ancienne. Lintermdiaire, en loccurrence un agent gnral, estimait que la cour dappel dAix-en-Provence stait abstenue de dterminer qui, de lassur ou de la socit apritrice, incombait lobligation de runir les signatures des coassureurs, obligation qui ne pouvait rsulter que de la loi ou, dfaut, de la volont contractuelle des parties . La cour avait soulign que : lapriteur dune police collective qui avait le pouvoir dencaisser la premire prime, ce qui dclenchait la prise deffet, une fois tous les engagements pris () avait demand son agent de lassurer de laccord des coassureurs ; que ce dernier a rpondu quil avait soumis les conditions du contrat aux coassureurs qui taient compltement daccord alors quil na pas t en mesure de justifier de laccord de lun deux . La Cour de cassation approuve la Cour dAix davoir dduit de ces lments : que la charge de recueillir laccord de tous les coassureurs viss dans la police prsente la signature de la socit S. par le seul apriteur lui incombait lui ou lun de ses reprsentants (tel un courtier par exemple) (cf. Cass. 1er civ., 6 oct 1971, n 70-10.919, Bull. civ. I, n 252).
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153 Selon la Cour de cassation, la charge de la concrtisation des accords des coassureurs incombe lapriteur ou lun de ses reprsentant, cest--dire lagent (ou le courtier). Faut-il en dduire que cette charge ne peut incomber aux courtiers ? Pour quil en soit ainsi, il faudrait quune convention le dcide, mais rien ne lempche. Rappelons que sur ce point, la dontologie de la coassurance fait peser sur le courtier cette obligation de recueillir les signatures des coassureurs (cf. Lamy assurances, fonctionnement pratique de la coassurance, p. 2281 & suiv.). On conoit aisment que dans la pratique, le recours au courtier, mme en cette matire, est frquemment usit. En consquence, il apparat naturel que la Cour de cassation, confirmant en cela larrt dappel, considre que le fait davoir crit que les coassureurs taient daccord sur les conditions de garantie, alors quen ralit il nen tait rien, constitue une faute grave inexcusable autorisant le recours de lapriteur, pris en sa qualit de civilement responsable des faits de son "agent-courtier", contre lui. Soulignons pour finir que le courtier est un commerant, indpendant qui doit le demeurer, ne jouant, a priori, quun simple rle dentremetteur.
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154 Le 6 fvrier 1979, le courtier met un certificat dassurance au porteur , relatif des marchandises destination de Jeddah (Arabie Saoudite). Ce certificat est tabli sur imprim en-tte de "X", courtier jur dassurance , qui le signe. En dpit des dommages reconnu destination, la rclamation nest pas paye par les assureurs, et le demandeur assigne le courtier en invoquant deux moyens : ltablissement dun certificat dassurance non sign par les compagnies, mais sign par le courtier confrant celui-ci lapparence dtre le vritable assureur. A cet argument, la Cour rpond : il appartenait la socit M.P. (le porteur), si elle estimait utile, de mettre en demeure" X", de lui rvler les noms des assureurs que, par suite, laction de la socit M.P. contre "X", en qualit dassureur de la marchandise nest pas recevable . dans le certificat dassurance du 6 fvrier 1979, "X" a indiqu comme commissaire davaries destination : M. Haddad dont lagrment a t retir le 15 fvrier 1979 par les assureurs. Cela a contraint le destinataire, sans instruction du courtier, faire appel un autre expert dont la qualit a t conteste par les assureursce fait tant lorigine du prsent litige. La Cour, sur ce moyen galement, a mis hors la cause du courtier: il nest pas tabli que "X" avait t inform avant cette date du retrait de lagrment de ce dernier (M.Haddad) ; aprs ltablissement du certificat, il en ignorait le porteur et ne pouvait laviser de cette modification , La socit M.P. napporte pas la preuve que, sur sa demande, elle ait reu du courtier, dont le nom et ladresse figuraient sur le certificat dassurance, un renseignement inexact sur lidentit dun nouveau commissaire davaries agre . Il faut toutefois prciser que la Cour considrant quil avait fallu attendre larrt du 30 juin 1983 par lequel elle avait, avant dire droit, sur laction
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155 exerce contre le courtier, ordonn celui-ci de faire connatre la socit M.P. le nom des compagnies dassurances, a estim que le courtier devrait supporter les dpens de premire instance et dappel rendus ncessaire par sa seule ngligence. On peut en conclure que le courtier qui souscrit un contrat dassurance avec une compagnie au nom de son client et qui remet des certificats dassurance (cf. Partie I, C, 2, c) Lattestation (certificat) dassurance, p. 69) quil rdige sur son papier en-tte, agit en qualit de mandataire et non dassureur et ne prend aucun engagement personnel. Le fait pour lassureur de retirer lagrment au commissaire davarie mentionn sur un certificat dassurance nengage pas la responsabilit du courtier lorsquil est tabli que celui-ci ntait pas inform de ce retrait avant la remise dudit certificat et quil ne pouvait pas en aviser ultrieurement le porteur dont il ignorait le nom. Arrt de la Cour dappel de paris du 30 janvier 1985 (cf. revue prcite, p. 177) : Essentiellement, on peut retenir dans cette affaire que le courtier qui reoit de la compagnie dassurance une procuration permanente de remplir et de signer les notes de couvertures quil remet ses clients, agit en qualit de mandataire de lassureur. Il ne pourra engager ce dernier que dans la limite et les conditions du contrat souscrit. En lespce, La SARL "la M" assure tous risques incluant le vol , des marchandises transportes par camion, auprs de la compagnie le Monde, travers le courtier "L". Celui-ci tait titulaire auprs de cette compagnie dun contrat tiers-chargeur , sous forme dune police alimenter pour le compte de qui il appartient. Une clause dite clause syndicale : vol de marchandises a t insre dans cette police, prvoyant que lorsquun vol
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156 est commis dans un vhicule routier en stationnement, la garantie des assureurs nest acquise qu la double condition : que ce vhicule ait t quip dun dispositif antivol agre par lassureur ; que ce dispositif ait t mis en uvre pendant labsence momentane du chauffeur. Il ressort du dossier que le camion et ses marchandises (assures) ont t drobs alors que le chauffeur lavait laiss en stationnement sur la voie publique, avec la cl de contact sur le tableau de bord. Ce vhicule, qui devait tre retrouv vide quelques jours plus tard, ne comportait aucun systme antivol. Les assureurs ont refus de couvrir le sinistre, et la SARL les a assigns, ainsi que le courtier, devant le TGI Paris, aux fins de condamnation conjointe et solidaire. Le Tribunal a condamn la compagnie "le Monde" verser son assur lindemnit requise avec excution provisoire. Le courtier a t mis hors de cause. Les premiers juges ont considr que la clause syndicale vol de marchandises ntant pas insre dans la note de couverture qui avait t dlivre la SARL, ne lui tait pas opposable. Les assureurs ont interjet appel. Il est alors apparu que la SARL tait parfaitement au courant des exigences de la clause syndicale, et qu partir du moment o elle navait pas pris les prcautions contre le vol exiges par la police dassurance, elle ne saurait prtendre tre indemnise. La Cour a-t-elle ajout : si le cabinet L , a omis de faire mention de la clause syndicale dans la note de couverture quil a remise la socit la M. , celle-ci ne peut en faire grief quau courtier et non se prvaloir de cette omission lencontre de lassureur .
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157 Il est de lintrt des courtiers de ne pas entretenir une trop grande ambigut sur leur vritable qualit, car ils courent alors le risque, comme nous avons pu le constater, dtre pris comme assureurs et personnellement condamns au paiement de lindemnit. La plupart des courtiers prennent la prcaution de faire signer par lassureur les certificats quils mettent. Cest dailleurs une exigence habituelle des banques qui, en rgle gnrale, refusent de ngocier un certificat ne comportant pas la signature de la compagnie dassurances ou de son reprsentant lgal. Cette situation, se rencontre le plus souvent, mais pas exclusivement, dans les bureaux qui assurent une double fonction dagent et de courtier : la fois mandataire des compagnies dassurances dont ils tiennent des dlgations, et mandataire du client quils reprsentent. Voici quelques illustrations de cette ambigut qui peut avoir de fcheuses consquences pour le courtier : Jugement du Tribunal de commerce de Paris du 30 avril 1980 (cf. DMF. 1981, p. 112) : Suite un transport de morue sche de Bordeaux Libreville, des dommages importants sont reconnus. Le destinataire demande rparation son fournisseur, aux transitaires, au transporteur maritime, et au courtier "S"qui a mis et sign le certificat dassurance. Le prjudice rsultant dun vice propre de la marchandise, le litige sest en dfinitive solutionn entre vendeur et acheteur. Nanmoins, travers la dcision des juges quant la responsabilit du courtier qui a sign le certificat dassurance, on peroit la difficult dans la dtermination du statut dun tel personnage : Attendu que S demande sa mise hors de cause au motif quelle naurait agi quen qualit de courtier ;
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158 mais attendu que lattestation dassurance dlivre le 21 fvrier 1977 est tablie sur un papier en-tte S , quelle ne prcise pas que cette socit agirait seulement en qualit de courtier, que cette attestation comporte en guise de signature une griffe illisible prcde de la mention Indpendance et co-assureurs , sans aucune indication dadresse ; quau surplus, les conditions gnrales de la police prsentes au magistrat rapporteur comportent comme seule indication de compagnie de cachet de S ; quil chet ds lors de dire que S est bien lassureur de la cargaison . On peut lgitiment subodorer que lassureur dont il est question est en ralit un "courtier-agent", dont le statut hybride facilite sa gestion des affaires tout en augmentant sa responsabilit. Arrt de la Cour dAppel de Versailles du 13 novembre 1985 (cf. BT. 1986, p.42) : Le transport dune grue automotrice entre Iskanderun et Bagdad, a t confi par le commissionnaire de transports : S., la socit A.K., dont la responsabilit tait assure par un courtier britannique : H.R.G.M. Des dommages tant survenus, ils ont t pris en charge par lassureur de lexpditeur, et une action a t entreprise contre le commissionnaire S. Par le jeu des appels en garanties, le Tribunal de commerce de Nanterre a condamn la socit A.K, et son courtier, au paiement conjoint et solidaire de la totalit du prjudice. Sur la qualit du courtier, la Cour dit: Considrant que, devant la Cour, la socit H.R.G.M. produit la police dassurancedocument rdig en langue anglaise et un affidavit de septembre 1985 dont la traduction verse aux dbats nest pas discute ; quil ressort de ces documents que lassureurest Parcels and General Insurance Ltd., et que H.R.G.M. est une socit de courtage ,
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159 Considrant cependant que H.R.G.M. a pris, vis--vis de la socit demanderesse, pendant tout le cours de la procdure et notamment dans des conclusions dposes au tribunal de commerce, la qualit dassureur, quil ne peut sagir dune simple erreur de rdaction, cette erreur dtant prolonge alors quelle tait facilement rparable ; que la socit S. a donc pu lgitimement croire en sa qualit dassureur et que sa demande est donc recevable lencontre de H.R.G.M. dont la demande de mise hors de cause doit tre rejete . Ainsi en va-t-il dun courtier loyal, efficace, mais imprudent car il est demeur le conseiller de son client sans se retirer temps de la gestion du dossier dassurance, quil navait quen apparence.
La tendance de la jurisprudence actuelle semble favorable la mise en jeu de la responsabilit du courtier. En particulier sur le fondement de son obligation de conseil, sous le couvert duquel il apparat une notion pratique approprie, la recherche de la responsabilit professionnelle du courtier pour faute personnelle. Une dcision trs rcente du tribunal de commerce de Nanterre en date du 12 mars 2004 permet de confirmer cette tendance vers une recherche du responsable axe sur la faute du courtier, peru tord mais de plus en plus, comme lintermdiaire dassurances assumant tous faits et causes des sinistres dont sont victimes les assurs : Jugement du tribunal de commerce de Nanterre en date du 12 mars 2004 (indit, cf. annexe VII) :
Les faits :
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160 La socit CDE soccupe de la distribution et de la commercialisation sur le territoire national de composants lectroniques et informatiques. En lespce, elle a command plusieurs fournisseurs aux Etats-Unis et TAIWAN une certaine quantit de marchandises quelle a demand la socit UPS dacheminer en France. Selon trois lettres de voiture UPS, ces marchandises ont t prises en charge les 21 et 22 juillet 1998 et sont arrives laroport Roissy CharlesDe-Gaulle. Par suite, UPS a sous-trait le transport routier depuis laroport jusquau sige social de CDE SURESNES, la socit des transports MICHEL qui sest substitu Monsieur BEN HAMLAT. Alors que la marchandise tait sous la responsabilit de ce dernier, selon sa dclaration, il sest fait voler le vhicule le 24 juillet 1998 la suite dune attaque main arme, puis il a port plainte contre auteur inconnu. Le juge dinstruction saisi du dossier pnal a rendu le 20 fvrier 2000 une ordonnance de non-lieu. La socit CDE a prsent une rclamation UPS qui na pas rgl et a dclar son sinistre par lintermdiaire de ses courtiers ASSURAX et TAFFE. La socit TAFFE a relanc plusieurs reprises CDE pour la transmission des documents indispensables au rglement du dossier par les assureurs mais CDE na pas fait le ncessaire pour complter son dossier. Mme la socit TAFFE a recommand CDE dassigner le transporteur responsable UPS avant lexpiration du dlai de la prescription annale. Largumentation de la socit de courtage (TAFFE) :
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161 Sur lirrecevabilit de laction de la socit CDE son encontre Qutant intervenue en tant que courtier, mandataire de lassur et non de lassureur, elle navait pas tre actionne en rglement de lindemnisation du sinistre la place de lassureur ;
Sur labsence de faute Que selon la nature mme de sa qualit de courtier, elle ne peut voir sa responsabilit engage quen cas de faute personnelle ; Quen lespce, aucune faute personnelle ne saurait lui tre reproche, et quen rponse aux affirmations sur le caractre immobiliste de ses interventions elle observe : Que lobligation de conseil du courtier vis vis de son client est une obligation de moyen, Quil ressort des pices du dossier quelle a fait tout ce qui tait en son pouvoir pour rpondre aux diffrents points mis en cause par la compagnie dassurance, au mieux des intrts de son clients, agissant comme conciliateur entre celle ci et la socit CDE, qui na jamais fourni les pices demandes pour lui permettre dtre indemnise ; Que cest en remplissant son devoir de conseil quelle sest vue cite en justice ; Quelle a t abusivement assigne en lieu et place des principaux responsables savoir les compagnies dassurance et UPS ; Quelle devra donc tre mise hors de cause. Sur le changement de comportement de CDE Que la socit CDE a revu ses prtentions, son encontre, la baisse la socit TAFFE ntant plus solidairement responsable de dommages et intrts hauteur de 50000F (soit environ 7620) contre 91.868,80 US$ dans ses 1ers conclusions ; Que laction de CDE son encontre est obscure et quelle demande que lui soient attribus des dommages et intrts en vertu de larticle 1147 du Code Civil.
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162 Sur lappel en garantie lencontre de GERLING et INDEPENDANT Que si par extraordinaire, elle devait tre condamne, son appel en garantie de GERLING et INDEPENDANT reprsent par ses mandataires liquidateurs, est fond puisque cest lobligation principale des compagnies dassurance de rgler le sinistre en vertu de la police signe par elles.
La dcision du tribunal :
o que la compagnie ZURICH ASSURANCE devait tre mise hors de cause car la police verse aux dbats exclut la garantie de Monsieur BEN HAMLAT. o Que TAFFE est bien courtier et ne peut tre recherche en paiement de lindemnisation du sinistre aux lieu et place des assureurs avec lesquels il na aucun lien de droit, mais quil ny a pas lieu de le mettre hors de cause au titre dune faute personnelle. o Que la demande principale nest pas conteste hauteur de 91.868,80 Euros comme tant la consquence du vol. o Quen vertu du code de commerce et non pas de la convention de Varsovie, lexonration de responsabilit du transporteur routier est retenue car lattaque main arme constitue un cas de force majeure conformment aux articles L 133-1, L 132-4 et L 132-5 du code de commerce. o CDE est dboute de sa demande contre UPS et les demandes subsquentes sont rejetes. La demande de CDE par voie de conclusions du 19 janvier 2001 contre ses propres assureurs GERLING KONZERN et INDEPENDANT est dclare prescrite car elle a t formule au-del du dlai de deux ans en vertu de larticle L 114-1 du code des assurances, compter du jour ou CDE a eu connaissance du sinistre le 24 juillet 1998.
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163 Que lassignation de la socit CDE du 8 juillet 1999 contre TAFFE, courtier indpendant par rapport aux assureurs, na pas interrompu la prescription vis--vis deux, ni lassignation de TAFFE des 4 et 20 juillet 2000 puisquil nest pas partie au contrat dassurance. Il semble que la faute personnelle de TAFFE ait t retenue tort. Pourtant, elle a t condamne sans explication rgler 20.000 Euros CDE. Cette dcision est critiquable. Cest la raison pour laquelle la socit Taffe interjettera appel. En dfinitive, aprs avoir rappel les diffrentes procdures et les arguments de toutes les parties en cause, le tribunal a relev la mise en cause rgulire de Monsieur VAUTIER par la socit TAFFE. Il met hors de cause ZURICH ASSURANCES qui nest ni lassureur responsabilit de Monsieur BEN HAMLAT, ni lassureur vol, mais que la police verse aux dbats est une assurance transport public de marchandises qui exclut la garantie perte marchandise transporte . Concernant les autres parties, le tribunal va dabord examiner la force majeure souleve par la chane des transporteurs puis la prescription souleve par les assureurs pour se rendre compte que CDE finalement ne serait pas indemnise et a donc report le dfaut dindemnisation sur le courtier. Le tribunal retient lapplication du droit commun du Code de commerce et non pas la convention de Varsovie et considre que lattaque main arme du transporteur revt bien les caractres de la force majeure exonratoire conformment larticle L 133-1 et suivants dudit code. Bien videmment, laction de CDE contre les assureurs est prescrite puisque CDE ne les a pas mis en cause dans le dlai de deux ans et que lappel en
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164 garantie de la socit TAFFE ne saurait constituer une mise en cause directe par laccus CDE. Le tribunal constate que la socit TAFFE sest contente de servir dintermdiaire en reproduisant les courriers des assureurs et ceux de CDE et UPS et que si en effet la socit TAFFE a bien attir lattention de CDE sur la ncessit dassigner UPS dans les dlais ; en revanche, elle na pas attir lattention de CDE davoir mettre en cause avant deux ans les assureurs. Le tribunal reproche la socit TAFFE de ne pas avoir prvenu CDE que lassignation du mois de juillet 1999 lencontre du courtier tait mal dirige et devait tre roriente lencontre des assureurs alors que la socit TAFFE connaissait la prescription biennale. Le tribunal considre quen tant que professionnel de lassurance, la socit TAFFE a contrevenu son obligation de conseil et a contribu ce que CDE ne corrige pas son erreur. Par consquent, le tribunal met hors de cause ZURICH ASSURANCES. Il relve le cas de force majeure exonratoire pour les transporteurs et retient la prescription des demandes de CDE lencontre des assureurs, condamnant la socit TAFFE payer 20.000 Euros avec intrts lgaux compter du 8 juillet 1999 CDE, ordonne lexcution provisoire sous rserve de caution bancaire de CDE hauteur des condamnations prononces et condamne TAFFE payer CDE 3.000 Euros au titre de larticle 700 du NCPC. Il condamne TRANSPORTS MICHEL et AXA payer ZURICH ASSURENCES la somme de 2.000 Euros au titre de larticle 700 du NCPC, condamne TAFFE aux entiers dpens.
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165 On peut sattendre ce que la socit Taffe souhaite relever appel de cette dcision qui parat quelque peu injuste dans la mesure o la socit CDE, par lintermdiaire de son avocat, tait tout fait mme de savoir quil fallait assigner les assureurs avant la prescription biennale. (analyse ralise en collaboration avec M. J-M. Casals, juriste au sein de la socit de courtage Taffe). Comme on a pu le constater, la jurisprudence sur le rle et la responsabilit du courtier dassurances maritimes est foisonnante. On pourrait encore citer de multiples dcisions. Mais faut-il le remarquer, il nest peut-tre pas trs opportun de sappesantir dans une tude trop longue et fastidieuse de la question de la responsabilit du courtier qui, nous lavons compris, tend slargir voire salourdir.
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CONCLUSION
On pourrait dire que le courtier dassurances maritimes, possde diffrentes prrogatives, quil porte diffrentes casquettes pour remplir sa mission, et surtout quil est responsable de ses actes. On peut nanmoins se poser une dernire question le concernant. Quelle est ou quelle sera la place du courtier dassurances maritimes dans la recomposition du march de lassurance ? En effet, force est de constater que lassurance franaise occupe dans le monde une place de premier choix et bien souvent apprcie des clients trangers (cf. Le Journal de la Marine Marchande et du transport multimodal (1997) ; La Revue du courtage septembre 2003). Comment ne pas voquer la mondialisation ? A lheure actuelle, la tendance est luniversalit savoir dans le domaine des transports, de lhabillement, et de lre informatique, pourquoi le courtier dassurances maritimes chapperait-il la rgle ? Alors que sintensifie la concurrence, cest prcisment sur le terrain de la distribution que se fait de plus en plus la diffrence. Le courtage, qui a dbord son primtre daction initial (la commercialisation de contrat dassurance), pour entrer dans lre de laudit et de lexpertise, dispose cet gard dun srieux atout. Pourquoi ? Car il offre des prestations forte valeur ajoute et devient un argument de poids. Le courtage ne sest pas simplement laiss porter par la vague du changement, il la devance. Au-del de son mtier propre, cest tout un
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167 secteur quil fait peu peu voluer en grignotant chaque fois un peu plus des parts de march et rduisant par l-mme la place de lagent maritime. Le paysage du courtage a chang. Sous la pression de la mondialisation, le paysage du courtage a partiellement t redessin. Comme lassurance, il a connu une redistribution des cartes. Ainsi, depuis le dbut des annes 1990, le degr de concentration sy est accru. Des cabinets de courtage ont ouvert leur capital, donnant naissance des grands groupes internationaux. Ajoutons aux acteurs du courtage, les clients. La dcentralisation a suivi un maillage dj dynamique. Intervenant de proximit, le courtier est un interlocuteur naturel et privilgi pour les collectivits locales et les PME/PMI. Notons que le courtage hexagonal prsente la caractristique dtre trs diversifi par la taille de ses intervenants. A ct de quelques grands groupes, la profession compte de trs nombreux cabinets petits ou moyens contrls par des capitaux familiaux ou des personnes physiques. Le courtage est lavant-garde dune tendance de plus en plus affirme, une segmentation du march et une redfinition plus prcise des cibles de clientle. Audiovisuel, spectacles, spatial de plus en plus de cabinets de courtage se positionnent sur des niches originales. Il devient un mtier forte valeur ajoute et en pleine volution. Fidliser un consommateur, sollicit de toutes parts, et dont le niveau dexigence va croissant, est de moins en moins facile. En matire dassurance, un domaine particulirement sensible, le client attend dsormais des contrats clairs, lisibles, offrant le maximum de garanties, et mieux encore, accompagns dun service attentif et rapide.
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168 Le courtier devient incontestablement le mieux mme de rpondre ces nouvelles exigences car il connat toutes les astuces. Il matrise les moindres subtilits du contrat qui, pour le candidat lassurance, peuvent savrer de vritables "casse-ttes". Le courtier est donc un expert qui guide son client, particulier ou entreprise, travers le "maquis" de loffre de lassurance. Inversement, le courtier dassurances maritimes sest dot dun appareil pour garantir son intgrit et sa transparence, avec le label de qualit incarn par la FCA. On dira pour conclure, que dans une socit en perptuelle extension, tous les citoyens du monde ont un rle jouer. En apparence, certaines professions ou positions sociales pourraient laisser croire quil y a des acteurs plus importants que dautres. Il nen est rien. On sait trs bien, et les civilisations qui nous ont prcd le prouvent, que lvolution nest lie qu une association dindividualits. Le courtier en assurances maritimes nest pas plus important que les autres. Il joue simplement un rle de premier plan dans un domaine spcifique. Si lon ose le clich, il est juste lun des maillons de la chane qui contribue au bon fonctionnement dune socit.
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ANNEXE I : Exemple de souscription dune police dassurance (dabonnement) ANNEXE II : La Loi n78-1170 du 16 dcembre 1978 modifiant le statut des courtiers dassurances maritimes ANNEXE III : Le Code moral des courtiers ANNEXE IV : Les imprims de police franaise dassurance maritime sur facults (tous risques et FAP sauf) ANNEXE V : Exemple dacte de subrogation ANNEXE VI : Exemple dacte de cession de droits ANNEXE VII : Extrait du jugement du tribunal de commerce de Nanterre en date du 12 mars 2004 (indit)
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BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages gnraux o Ren Rodire, Droit Maritime, assurances et ventes maritimes, maritimes,
d. Dalloz, 1983, 11 rue Soufflot 75204 Paris cedex 05; o Victor Yseux, Trait thorique et pratique des assurances Pedone, 13 rue Soufflot Paris 13; o Robert de Smet, Trait thorique et pratique des assurances maritimes, tome II, d. Librairie gnrale de droit et de jurisprudence, 1959, R. Pichon & R. Durand-Auzas, 20 rue Soufflot Paris 20 ; o Lamy Assurance, d. Lamy, 2004 ; o Lamy Transport tomes I et II, d. Lamy, 2004 ; Ouvrages spciaux o Virginie Bismuth, mmoire, la fin du monopole des courtiers maritimes, promotion 2002/2003 CDMT, DESS de Droit Maritime et des Transports, universit de droit dconomie et des sciences dAix-Marseille. Revues priodiques o Le Bulletin Civil (B Civ); o Le Bulletin Officiel de la Concurrence, de la Consommation et de la Rpression des Fraudes (BOCCRF); o Le Bulletin des Transports et de la logistique (BT); o Le Droit Maritime Franais (DMF); o Le Journal de la Marine Marchande et du Transport multimodal; o La Revue du Courtage ; d. Librairie de la Cour dappel et de lordre des avocats, 1898, A.
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172 o La Revue de Droit Commercial, Maritime, Arien et des Transport ("Revue Scapel") ; o La Revue Gnrale des Assurances Terrestres (RGAT) ; o La Revue Gnrale du Droit des Assurances (RGDA). Entretien o Entretien avec Monsieur Jean-Marie CASALS (Service juridique) et les dirigeants Olivier et Lionel TAFFE de la socit, du mme nom, de courtage dassurances maritimes. Sites Web o www.europarl.eu.int ; o www.info-europe.fr (Commission Europenne) ; o www.finances.gouv.fr ; o www.ffca.fr ; o www.ffsa.fr: o www.lgifrance.org ; o www.marsh.fr o www.mer.equipement.gouv.fr : o www.royalsunalliance.ca/royalsun/sections/marine_insurance/cargo/carg o_clauses.asp (I.C.C. (A), (B), (C)); o www.fr.qualisteam.com/pages/Detailed/5587.html (SFAC) o www.smcar.org (syndicat mditerranen des courtiers en assurances et rassurances)
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p. 9 p. 11
2) Dfinition PARTIE I : LA DEFINITION DE LA MISSION DU COURTIER DASSURANCES MARITIMES A) LE REGIME GENERAL 1) Mandataire de lassur 2) Mandataire des assureurs 3) Le sous-courtier 4) Lhabilitation
a) Larticle R. 511-2 du Code des assurances b) Les conditions dhabilitation 1. La rglementation 2. Les conditions dge et de nationalit 3. Les conditions dhonorabilit 173
P. 14 P. 18
P. 18 P. 19 P. 19 P. 20 P. 21
p. 21 p. 22 p. 22 p. 23 p. 24
174 4. La capacit professionnelle Courtiers dassurance (et agents gnraux) Salaris et mandataires non agents gnraux dassurance 5. La garantie financire p. 27 p. 25 p. 25 p. 26
P. 28
p. 28 p. 30 p. 30
6) Commerant
a) Linscription au registre du commerce et des socits b) Lapplication du droit commun
P. 31
p. 31 p. 32
P. 33 P. 34
p. 35 p. 35 p. 36 p. 37 p. 38
9) La sanction
Lamende
P.39
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B) LES OBLIGATIONS DU COURTIER 1) La convention de courtage 2) La reprsentation du client : le mandataire 3) Lobligation de conseil
a) Ltendue de lobligation
P. 39 P. 39 P. 40 P. 41
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175 b) Lobligation de renseignement 1. La notion 2. Ltendue de lobligation 3. La dure de lobligation de renseignement 4. La limitation de lobligation de renseignement 5. La mise en garde c) Le devoir de conseil 1. La notion 2. Lintermdiaire - conseil 3. La limite de lobligation de conseil d) Obligation de moyens, obligation de rsultat p. 44 p. 44 p. 45 p. 47 p. 48 p. 59 p. 50 p. 50 p. 50 p. 53 p. 55
4) Lobligation financire
a) Ltendue de la garantie b) Lassiette de la garantie c) La mise en uvre de la garantie d) La dure de la garantie
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p. 57 p. 58 p. 58 p. 59
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p. 65 p. 65 p. 66 p. 66 p. 66 p. 67 p. 67 p. 67 p. 67
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176 1. Les conditions gnrales 2. Les conditions particulires 3. Les conventions spciales c) Lattestation (certificat) dassurance p. 68 p. 68 p. 68 p. 69
P. 70
p. 70 p. 71 p. 74 p. 75 p. 77 p. 80 p. 80 p. 81 p. 82 p. 83
D) LA GESTION DU SINISTRE 1) La dclaration de sinistre 2) La conservation de la marchandise 3) La conservation du recours 4) La demande dexpertise 5) La constitution du dossier davarie 6) La subrogation
a) La subrogation gale b) La subrogation conventionnelle
P. 86 P. 86 P. 87 P. 88 P. 89 P. 92 P. 94
p. 94 p. 95
7) Le recours
a) Le recours amiable b) Le recours judiciaire
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A) LETENDUE DE LA RESPONSABILITE 106 DU COURTIER DASSURANCES MARITIMES 1) La distinction entre agent dassurances et courtier dassurances
a) Lagent gnral dassurance et la protection offerte par larticle L. 551-1 du Code des assurances b) La non-application de larticle L. 551-1 du Code des assurances au statut du courtier
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P. 108
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2) Le droit commun de la responsabilit du courtier 3) La ncessit de garanties financires 4) Lassurance de responsabilit civile professionnelle
a) Lobjet et le montant de la couverture b) Ltendue de la garantie
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D) LA RESPONSABILITE DU COURTIER DANS 142 SES RAPPORTS AVEC LASSUREUR : UN RLE AMBIGU 1) Les rapports du courtier et de la compagnie dassurances 2) Lintermdiaire peut tre agent ou courtier 3) La qualit apparente dun assureur et la vritable qualit de courtier CONCLUSION 163
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TABLE DES ANNEXES 166 Annexe I : Exemple dune police dassurance (dabonnement) Annexe II : La loi n 78-1170 du 16 dcembre 1978 modifiant le statut des courtiers dassurances maritimes Annexe III : Le Code moral des courtiers Annexe IV : Les imprims de police franaise dassurance maritime sur facults Annexe V : Exemple dacte de subrogation Annexe VI : Exemple dacte de cession de droits Annexe VII : Extrait du jugement du tribunal de Commerce de Nanterre en date du 12 mars 2004 (indit) BIBLIOGRAPHIE 207
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