Modélisation Hydrodynamique de La Nappe Phréatique Quaternaire Du Bassin Du Lac Tchad
Modélisation Hydrodynamique de La Nappe Phréatique Quaternaire Du Bassin Du Lac Tchad
Modélisation Hydrodynamique de La Nappe Phréatique Quaternaire Du Bassin Du Lac Tchad
Modélisation hydrodynamique
de la nappe phréatique quaternaire
du bassin du lac Tchad
Résumé
Au sein des grands aquifères continentaux, le long de la zone sahélie nne, on rencontre
fréquemment des structures hydrogéologiques singulières : les nappes en « creux », qui sont des
dépressions piézométriques naturelles fermées. Certaines sont notamment observables dans le
bassin sédimentaire du lac Tchad, l’un des plus grands d’Afrique.
C’est le cas dans la région du Chari Baguirmi, au Tchad, où la nappe phréatique du quaternaire
ancien présente une dépression piézométrique centrée sur la province du Kouka.
Cette zone se caractérise par la variabilité extrême des facteurs environnementaux ce qui
complique la connaissance des mécanismes. Nous avons néanmoins tenté une modélisation afin
de représenter un fonctionnement global du système. Dans ces conditions, l’entreprise d’une
modélisation hydrodynamique devient hasardeuse. Tous les paramètres du calage (e.g.
perméabilité, recharge) deviennent importants et sont en mesure de se compenser tout en restant
dans une gamme de valeurs acceptables, comparables aux données de terrain. La modélisation
réalisée dans ce mémoire démontre que, dans l’état actuel de nos connaissances, plusieurs
combinaisons de valeurs peuvent simuler une même piézométrie dans des conditions
différentes. S’appuyer sur des données précises est la condition indispensable à l’obtention d’un
calage convergeant vers une solution unique. Aucune modélisation ne pourra être envisagée
sans de nouvelles campagnes d’études (radioisotopes) précisant par exemple la nature et la
contribution des zones de recharge.
Mots clés :
Hydrogéologie ; dépression piézométrique ; modélisation ; Chari-Baguirmi ; bassin du
lac Tchad ; recharge ;
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Avant propos
Je réserverai cet espace pour témoigner tout d'abord de ma sympathie envers mon équipe
d'accueil qui a su de nouveau me supporter pendant ce stage, même si je pense avoir été plutôt
discret.
Je souhaiterai remercier toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont participé à me faciliter
la réalisation de ce mémoire. Je pense tout particulièrement à Marc Leblanc, qui effectue
actuellement une thèse au Pays de Galle et qui m'a bien volontiers offert de son temps pour me
fournir les documents que je convoitais. Qu'il trouve en ces mots l'expression de ma
reconnaissance. Je n'oublierai pas non plus Gaëlle Gauthier qui a su patiemment accepter le
partage de ses ouvrages bibliographiques.
Enfin, j'aimerai remercier Michel Desbordes et Yves Travi, l'un pour m'avoir autorisé à suivre
les enseignements dispensés dans le D.E.A. dont il assure la direction, et l'autre pour m'avoir
accordé un peu de son temps et de sa confiance.
Ces derniers mots seront pour témoigner de ma gratitude envers Christian Leduc, mon maître de
stage, pour tout ce que j'ai appris en travaillant avec lui et pour la confiance qu'il me porte
depuis déjà deux ans. J'espère en être digne et qu'un jour, notre collaboration dépasse le cadre
d'un simple stage.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Sommaire
Résumé_______________________________________________________________ 2
Avant propos __________________________________________________________ 3
Sommaire_____________________________________________________________ 4
Liste des figures________________________________________________________ 6
Liste des tableaux ______________________________________________________ 8
Liste des photographies__________________________________________________ 8
I. Introduction_________________________________________________________ 9
II. Contexte général ___________________________________________________ 10
II.1. La zone sahélienne ________________________________________________ 10
II.2. Présentation de la zone _____________________________________________ 11
II.2.1. Contexte géographique ___________________________________________________ 11
II.2.2. Réseau hydrographique ___________________________________________________ 12
II.2.3. Contexte climatique ______________________________________________________ 15
II.2.3.1. Précipitations _______________________________________________________ 15
II.2.3.2. Température de l’air __________________________________________________ 17
II.2.3.3. Humidité et évaporation _______________________________________________ 18
II.2.4. Sols et végétation________________________________________________________ 19
II.2.5. Population _____________________________________________________________ 19
II.3. Les nappes en « creux » ____________________________________________ 22
II.4. Rappel des travaux antérieurs _______________________________________ 24
II.5. Géologie et hydrogéologie générales___________________________________ 25
II.5.1. Contexte géologique _____________________________________________________ 25
II.5.2. Le Précambrien _________________________________________________________ 25
II.5.3. Le Crétacé _____________________________________________________________ 26
II.5.4. Le Tertiaire ____________________________________________________________ 26
II.5.4.1. Le Continental Terminal (CT) ___________________________________________ 26
II.5.4.2. Le Pliocène inférieur __________________________________________________ 26
II.5.4.3. Le Pliocène moyen ___________________________________________________ 26
II.5.4.4. Le Pliocène supérieur _________________________________________________ 27
II.5.5. Le Quaternaire __________________________________________________________ 27
II.5.5.1. Le Pléistocène Inférieur________________________________________________ 27
II.5.5.2. Pléistocène moyen et supérieur, Holocène __________________________________ 28
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Figure 1 : schéma des principaux flux de masses d’air en Afrique de l’ouest et coupe nord sud de la
troposphère avec la localisation des zones pluvieuses au sol..................................................................... 11
Figure 2 : photographie satellite NOAA (canal AVHRR) et les limites du bassin du lac Tchad (USGS
EROS Data Center). .......................................................................................................................................... 11
Figure 3 : schéma de la zone d’étude ...................................................................................................................... 12
Figure 4 : carte du réseau hydrographique de la partie sud du Tchad............................................................... 14
Figure 5 : schéma des bassins du lac en période de petit Tchad (Olivry et al. 1996). .................................... 14
Figure 6 : précipitations moyennes annuelles au Tchad (période 1951-1989) (Y.L’Hôte et G.Mahé 1996)
............................................................................................................................................................................... 16
Figure 7 : répartition des zones climatiques au Tchad......................................................................................... 16
Figure 8 : illustration du déplacement des isohyètes vers le sud depuis 1968 (d’après Morel 1992).......... 17
Figure 9 : carte des formations florales du Chari Baguirmi et de leur substrat................................................ 21
Figure 10 : principales dépressions piézométriques au Sahel (d’après Aranyossy et Ndiaye 1993)............ 22
Figure 11 : schéma du contact entre le socle et la couverture sédimentaire. .................................................... 25
Figure 12 : exemple de sédimentation fluviatile pour le Chari........................................................................... 28
Figure 13 : exemple d’une lithologie générale typique des formations du bassin du Chari Baguirmi et
localisation de l’aquifère quaternaire ancien................................................................................................. 28
Figure 14 : synthèse hydrogéologique du Bassin du lac Tchad. (PNUD/UNESCO, 1966-1968),
actualisation et synthèse des données du BRGM......................................................................................... 30
Figure 15 : répartition des points de mesures disponibles pour l’année 1964.................................................. 32
Figure 16 : répartition des points de mesures disponibles pour les années 1986-87....................................... 33
Figure 17 : répartition des points de mesures effectuées lors du 7e FED.......................................................... 33
Figure 18 : carte 2D, interpolée par krigeage, du mur des sables du Pléistocène Inférieur et situation des
points d’observation.......................................................................................................................................... 34
Figure 19 : carte 3D, interpolée par krigeage, du mur des sables du Pléistocène Inférieur. .......................... 35
Figure 20 : carte topographique issue d’une interpolation par krigeage de points cotés (ronds noirs)........ 36
Figure 21 : carte topographique 3D issue d’une interpolation par krigeage de points cotés (cf Figure 20).
............................................................................................................................................................................... 36
Figure 22 : variation du niveau statique de quelques puits du Chari Baguirmi pour la période 1963-1984
(d’après Bichara, Safi et Schneider 1989). .................................................................................................... 37
Figure 23 : variation du niveau de la nappe phréatique observée depuis 1963 (d’après Bonnet et Schneider
1968). ................................................................................................................................................................... 38
Figure 24 : carte (d’une partie de la zone d’étude) de la variation comparée du niveau piézométrique entre
les campagnes du BRGM et de l’ORSTOM (Chouret et al. 1977) ........................................................... 39
Figure 25 : évolution à long terme des 8 puits et forages du Chari Baguirmi ayant une chronique s’étalant
sur au moins dix ans.......................................................................................................................................... 40
Figure 26 : situation des 8 puits et forages du Chari Baguirmi ayant une chronique s’étalant sur au moins
dix ans.................................................................................................................................................................. 41
Figure 27 : répartition des points de mesures piézométriques pour l’année 1994........................................... 42
Figure 28 : carte piézométrique de référence au calage du modèle. .................................................................. 43
Figure 29 : localisation des points de mesure de transmissivités ....................................................................... 44
Figure 30 : fréquence relative et pourcentage cumulé des débits spécifiques mesurés en m3 /h/m lors de la
campagne du 7èFED. ........................................................................................................................................ 45
Figure 31 : classes avec un nombre d’individus équivalent de débits spécifiques mesurés lors de la
campagne du 7èFED. ........................................................................................................................................ 46
Figure 32 : répartition des débits spécifiques mesurés lors de la campagne du 7e FED................................. 46
Figure 33 : relation entre le débit spécifique (Qs) et la transmissivité (T) dans l’aquifère phréatique du
Chari Baguirmi. Echelle semi-logarithmique adaptée pour une transmissivité en m²/h. ...................... 48
Figure 34 : essai de répartition des transmissivités dans le Chari Baguirmi et indication des épaisseurs
mouillées de la nappe phréatique.................................................................................................................... 48
Figure 35 : zones de perméabilités et épaisseurs moyennes mouillées............................................................. 49
Figure 36 : atténuation du signal de crue du Chari dans la nappe quaternaire................................................. 52
Figure 37 : estimation des zones de différentes capacités d’infiltration. .......................................................... 55
Figure 38 : maillage du model, avec la représentation des lignes de flux nul (lignes de partage des eaux),
des limites de potentiel et des limites géologiques...................................................................................... 61
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I. Introduction
Les fortes sécheresses qui ont sévi en Afrique dans les années 70, 80 ont suscité l'émoi des pays
du nord pour le Sahel. Au delà des conséquences aux forts impacts médiatiques, bon nombre de
problèmes relatifs à la ressource en eau restent à gérer et à anticiper. Prendre les bonnes
décisions de gestion nécessite une connaissance approfondie des milieux concernés.
Nous espérons par le présent mémoire apporter notre modeste contribution à une meilleure
compréhension de certains phénomènes communs en zone sahélienne : les nappes " en creux "
ou dépressions piézométriques fermées.
Ces systèmes apparaissent dans les grands aquifères libres des bassins sédimentaires sahéliens à
la faveur du climat aride et, semble -t-il, des conditions hydrodynamiques médiocres des
aquifères.
Notre intérêt s'est porté sur la dépression piézométrique du Kouka, au Tchad. L'aquifère
concerné est la nappe phréatique générale des sables du Quaternaire ancien, située dans la
région du Chari Baguirmi, au sud est du lac Tchad. Les mesures des niveaux statiques accusent
une chute de plus de 40 m, de la périphérie vers le centre, sur un rayon de 110 km. Cette
situation semble figée aujourd'hui à notre échelle de temps, à l'équilibre avec les conditions
actuelles.
Le présent mémoire a été réalisé au sein de l'UMR Hydrosciences Montpellier, dans l'équipe
MEVHYSA qui s'intéresse à l'étude des processus physiques responsables de la variabilité
hydrologique observée en zone sahélienne, sous la double contrainte des fluctuations
climatiques et des modifications de l'environnement.
Une thèse et un stage de DEA achevés l'an passé au sein du laboratoire d'hydrogéologie
d'Avignon avaient apporté une vision géochimique des phénomènes. Christian Leduc, dont les
travaux se portent en temps normal sur le Niger, en collaboration avec Yves Travi et Yves
Bellion sont à l'origine de ce sujet axés sur les fonctionnements hydrodynamiques du système.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Les zones semi-arides couvrent le tiers des surfaces terrestres. En Afrique on les retrouve au
nord et au sud de l’Equateur. La zone située au nord, le Sahel se caractérise par une
pluviométrie moyenne comprise entre 250 mm et 700 mm irrégulièrement distribuée dans le
temps et dans l’espace. L’isohyètes 250 mm est la limite nord de l’espace dans lequel les
cultures pluviales sont possibles.
Les changements saisonniers, en particulier en ce qui concerne le régime pluviométrique avec
une courte saison des pluies de 3 à 4 mois, de juin à septembre, sont la conséquence du
déplacement de l’équateur météorologique (EM) ou zone inter tropicale de convergence (ZITC).
L’EM constitue la branche ascendante de la cellule de Hadley et correspond au contact
dynamique des circulations atmosphériques des deux hémisphères.
La circulation méridienne s’effectue selon la direction pôle -équateur. Les masses d’air tropical
continental engendrent des vents secs nord-est (harmattan) et les masses d’air équatorial
maritime engendrent des vents humides ouest-sud-ouest (mousson).
Le moteur de cette circulation est la convection équatoriale. L’EM présente une structure en
front, de pente très inclinée, s’abaissant de l’équateur vers le nord, appelée également Front
Inter Tropical (FIT). La migration de ce front varie en fonction du développement de
l’anticyclone de Sainte Hélène qui favorise la remontée du flux de mousson (Figure 1).
En juillet-août, l’EM occupe sa position la plus septentrionale avant de migrer vers le sud en
janvier-février. Le passage au sol du FIT détermine la saison des pluies (Figure 1), celle-ci est
d’autant plus tardive et brève que l’on se déplace vers le nord.
Ainsi la zone sahélienne est pendant l’été boréal sous l’influence du flux de mousson, mais se
trouve rarement sous la structure centrale de l’EM, où la mousson est la plus épaisse. Dans cette
zone, les principaux utilisateurs de l’humidité sont les lignes de grain responsables en partie de
la très forte variabilité spatiale et temporelle des précipitations. La végétation y est par
conséquent de type savane arbustive ou herborée, plus ou moins fournie.
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Figure 1 : schéma des principaux flux de masses d’air en Afrique de l’ouest et coupe nord sud
de la troposphère avec la localisation des zones pluvieuses au sol.
a- zone sans pluie ; b- zone avec des orages isolés ; c- zone où domine les lignes de grain et les « pluies
de mousson » ; d- zone avec des pluies réduites (d’après Olivry et al. 1996 ; Roche 1980).
Figure 2 : photographie satellite NOAA (canal AVHRR) et les limites du bassin du lac Tchad
(USGS EROS Data Center).
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Le Chari est le plus important des cours d’eau tchadiens (Figure 4). Il est formé par la réunion
du Bamingui (356 km de long) et du Gribingui (418 km) rejoints en rive droite par le Bangoran
(355 km), trois cours d’eau situés en République Centrafricaine et représentant un bassin d’une
superficie d’environ 80 000 km². Le Chari est ensuite rejoint, en rive droite, par le Bahr Aouk
(750 km) qui suit la frontière entre le Tchad et la R.C.A.
Dans sa partie tchadienne, le Chari est caractérisé par une faible pente (0,1 m/km entre le
confluent du Bahr Aouk et le lac Tchad, 826 km) entraînant une dégradation hydrographique
marquée (défluents, plaines d’inondation).
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En aval de Sarh, en rive droite, le Chari reçoit le Bahr Keita (455 km) et le Bahr Salamat (995
km) issu du Djebel Marra au Soudan, puis, en rive gauche, le Bahr Sara (881 km) issu du massif
camerounais de l’Adamaoua.
A l’aval du Bahr Salamat, le Chari présente des plaines d’inondation importantes sur la rive
droite et quelques effluents, dont le plus important est le Bahr Erguig, qui après avoir subi des
pertes, rejoint le Chari entre Mogrum et Mailao.
Enfin, en aval de Logone Gana, le Logone se rapproche du Chari (avec lequel il est en
communication pendant les hautes eaux par une zone de débordement) et le rejoint en rive
gauche, peu en amont de N’Djaména.
Le niveau du lac Tchad, situé au nord ouest du Chari Baguirmi, dépend principalement de la
crue du Chari, son principal tributaire. Ainsi, au cours de la période historique, le lac à connu
différents états ainsi qualifiés (Olivry et al. 1996):
- Grand Tchad, pour une altitude du plan d’eau voisine de 284 m avec une surface d’environ
25 000 km² et un volume de l’ordre de 100 milliards de m3 .
- Moyen Tchad, pour une altitude moyenne voisine de 282 m, avec une surface moyenne
voisine de 19 000 km² pour un volume évalué à 65 milliards de m3 .
- Petit Tchad, pour une altitude moyenne voisine de 280 m, une surface de l’ordre de 10 000
km² et un volume moyen de 20 milliards de m3 .
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Figure 5 : schéma des bassins du lac en période de petit Tchad (Olivry et al. 1996).
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A partir de 1972, a débuté une longue période de sécheresse qui dure encore et au cours de
laquelle les apports du Chari ont très sensiblement diminué (II.6.1.1.).
Les apports du Chari ont connu des valeurs remarquables extrêmement faibles en 1983-84 (520
m3 /s), 1984-85 (213 m3 /s), 1986-87 (483 m3 /s) et 1987-88 (300 m3 /s) entraînant un abaissement
général du plan d’eau et l’émersion de la Grande Barrière avec non-réalimentation de la cuvette
nord vouée à l’assèchement.
Le lac Fitri, beaucoup plus modeste, varie entre une surface de 360 km² en fin de saison des
pluies et de 120 km² en fin de saison sèche pour une altitude moyenne du plan d’eau de 287 m.
Les apports moyens annuels seraient de l’ordre de 900 millions de m3 (dont 60% par le Batha,
11% par les précipitations – 360 mm – et le reste par les autres tributaires) (Mott MacDonald
International et al.1992).
Nbre moyen
Durée d’observation Moyenne
Stations Minimum Maximum de jours de
(ans) annuelle
pluie par an
Mao 24 330 65 637 30,5
Abeche 31 492 342 899 48,5
Bol 23 331 46 700 -
Ati 30 430 214 659 -
N’Djamena 36 632 354 990 59,5
Massaguet 11 449 - - -
Moussoro 25 361 - - -
Massakory 18 473 - - -
Massenya 23 692 - - -
Tableau 1 : hauteurs annuelles des précipitations en 5 stations du Tchad. L’analyse sous forme
des écarts à la moyenne cumulée des valeurs annuelles montre l’extrême variabilité climatique
de la zone sahélienne au Tchad (Schneider 1992).
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Figure 8 : illustration du déplacement des isohyètes vers le sud depuis 1968 (d’après Morel
1992)
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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subissent une légère diminution au cours de la saison des pluies, avec 26°C à 28°C en aôut. La
saison froide, de novembre à février, présente un minimum annuel en janvier, avec 21°C à 23°C
(Roche 1973).
L’écart diurne est minimum au cœur de la saison des pluies (7°C à 10°C) et maximum de
décembre à février (16°C à 20°C).
En ce qui concerne notre zone d’étude, l’humidité relative de l’air atteint 70% en août et 20% en
février-mars pour ne pas dépasser une moyenne annuelle d’environ 36%.
J.L. Schneider (1992) publie des valeurs de terrain mesurées à Bol et N’Djaména, sur bac
flottant et bac Colorado (Tableau 2), avec des hauteurs évaporées de l’ordre de 230 à 250
cm/an.
J.P. Brunel et B. Bouron (1992) publient quant à eux, des valeurs mesurées à Bol, N’Djaména et
Bokoro sur bac Classe A (Tableau 3).
Total
Station J F M A M J J A S O N D
annuel
Bol* 171 188 232 222 196 205 199 160 161 209 194 185 2 322
N’Djaména** 196 216 277 267 275 210 182 137 160 205 206 186 2 517
* bac flottant
** bac Colorado
Total
Station J F M A M J J A S O N D
mm/an
Bol* 338 336 428 393 366 282 220 202 183 229 291 264 3531
*
N’Djaména 335 398 484 459 412 312 233 198 198 319 360 326 4033
**
Bokoro 338 342 484 474 484 360 276 217 201 285 351 - 3811
*
moyenne 1984-90
**
moyenne 1986-87 (années sèches)
La mesure de l’ETP se heurte à des difficultés méthodologiques, ce qui explique les valeurs
différentes fournies par la littérature. Brunel et Bouron (1992) reconnaissent que leurs résultats
obtenus pour N’Djaména sont biaisés, sachant que Riou (1972) donne 2820 mm/an en moyenne,
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entre 1964 et 1973, pour la même station avec un coefficient de variabilité de 2.4%, également
sur bac Classe A.
La formule de Penman a été appliquée aux données des stations de N’Djaména et Bol-Dune
(Touchebeuf, 1969 ; Riou, 1972) (Tableau 4) dont les moyennes respectives sont estimées à
2284 et 2290 mm/an.
Total
Station J F M A M J J A S O N D
mm/an
Bol-Dune 132 150 200 220 244 234 239 204 205 196 146 119 2290
N’Djaména 145 172 225 238 240 121 193 168 178 194 170 149 2284
Quelles que soient les méthodes d’estimation de l’ETP, sa valeur variant entre 2000 et 2500
mm/an, s’avère être bien supérieure aux apports par les précipitations de 800 à 250 mm/an.
Dans de telles conditions, on peut d’ores et déjà souligner qu’une pluie de faible intensité ne
profite que très peu à l’infiltration et au ruissellement.
II.2.5. Population
La population totale du Tchad est estimée en 1997 à environ 7 millions d'habitants, soit une
densité de 5,4 hab./km2 variant de 0,2 au nord à 9 hab./km2 au sud répartie comme suit :
• 47% environ vit dans la zone soudanienne, caractérisée par une pluviométrie
supérieure à 700 mm/an, couvrant 32 millions d'hectares au sud du pays, soit 25% de la
superficie totale du pays.
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• 51% dans la zone sahélienne, où la pluviométrie est comprise entre 250 et 700 mm/an,
couvrant environ 36 millions d'hectares au centre du pays, soit 28% de la superficie totale.
Le taux de croissance démographique est actuellement proche de 2,5%, avec une très grande
majorité de la population (plus de 85%) travaillant dans le secteur rural.
Depuis plusieurs années, la région du Chari Baguirmi accueille de façon permanente un flux de
population en provenance des autres régions du pays, plus sensibles aux troubles socio-
politiques et aux terres moins propices aux cultures et aux pâturages.
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L’hypothèse d’une drainance descendante ne fait que déplacer le problème vers les aquifères
sous-jacents. Au Sahel, où la géologie est peu tourmentée, cette explication est difficilement
envisageable. Sur notre zone d’étude, le nappe profonde du Pliocène inférieur est captive et la
nappe phréatique est isolée de la nappe semi-profonde du Pliocène moyen par plus de 70 m
d’argile massive. La forte épaisseur d’argile et la différence de charge en faveur d’un flux
ascendant empêcheraient raisonnablement tout phénomène de drainance descendante.
Une subsidence active ou un rejeu structural récent sont deux causes géologiques possibles. Au
Sahel, où l’activité tectonique est peu marquée (Louis 1970 ; Servant 1973), ces explications
sont peu susceptibles d’être à l’origine de la totalité des dépressions, au moins pour le Kouka où
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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(cf. ch. II.4.2.) le caractère fluviolacustre de la sédimentation est établi depuis la fin du
Jurassique, conséquence de la pénéplanation. Les zones susceptibles d’être affectées par la néo-
tectonique se trouvent en bordure du bassin.
L’hypothèse d’un réajustement hydrodynamique lent à partir d’un potentiel de surface fluctuant
a été évoqué par Depagne (1966) pour les nappes de la bordure atlantique, et modélisée avec
vraisemblance par Dieng et al. (1990). Près du Kouka, le fleuve Chari et le lac Tchad
constituent les seuls éléments hydrologiques régionaux à fluctuation rapide. Un réajustement
lent de la nappe suite à une fluctuation majeure du lac, pourrait être envisagée suite à la
disparition d’un paléolac Tchad, (cote estimée à 320 m, soit 40 m au dessus de la cote actuelle),
devant recouvrir toute la zone il y a près de 6000 ans (Schneider1967, 1968 ; Pias 1970 ;
Servant 1973). Cependant, l’existence de cette véritable mer intérieure est pour le moins
controversée (Durant et al. 1979) au profit plus vraisemblable de la formation de bombements
piézométriques, avec affleurement de la nappe dans des polders, phénomènes encore
observables à l’actuel. La thèse d’un réajustement est donc inadaptée à notre zone d’étude.
En fait, très tôt, une reprise évaporatoire au centre des dépressions avait été évoquée comme une
cause possible par Archambault (1960), et modélisée plus tard avec vraisemblance par
Aranyossy et Ndiaye (1993).
A l’échelle de la bande sahélienne, cette hypothèse aurait l’avantage de fournir une explication
générale, liée au climat semi-aride et au caractère fluviodeltaïque récurrent des formations.
Les piézométries anormalement basses, impliquent une faible alimentation périphérique par les
eaux superficielles et des vitesses de circulation extrêmement lentes dans les aquifères. Ce qui
laisse à penser que al lithologie (dépôts fluviolacustres) est un facteur déterminant dans la
formation des dépressions.
Un tel schéma conceptuel suppose l’existence d’un déficit du bilan [infiltration – évaporation]
au centre de la dépression. Sur notre zone d’étude, du fait des profondeurs souvent importantes
de la nappe sous le sol (entre 20 et 60 m), la reprise évapotranspiratoire ne peut être que très
réduite et implique de très faibles flux de recharge, aussi bien verticaux que latéraux. A.
Coudrain-Ribstein et al. (1997) ont montré qu’en milieu semi-aride, l’évaporation d’une nappe
phréatique était principalement dépendante de l’épaisseur de la zone non saturée et qu’à 20 m
sous le sol, l’évaporation était encore de l’ordre du millimètre. En parallèle, de nombreuses
études prouvent que la transpiration végétale peut s’effectuer à partir d’une extraction racinaire
directement dans la nappe d’intensité croissante en fonction de la proximité de la nappe sous le
sol (Le Maitre et al. 1999) et ce même à forte profondeur.
L’étude d’une dépression piézométrique comme celle du Kouka, représente un intérêt
fondamental de par sa singularité, son ampleur et son fonctionnement encore méconnu
actuellement.
23
Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
_______________________________________________________________________________________________
On mentionnera par ailleurs en ce qui concerne le Batha et le Chari Baguirmi les études
hydrogéologiques menées par Babet en 1940 et 1941. D’une façon générale, les études
hydrogéologiques s’intensifièrent à partir de 1962, avec l’arrivée de plusieurs hydrogéologues
du BRGM (Schneider, Torrent, Gagnière chargés des zones sédimentaires). Les travaux du
BRGM comprirent la préparation de sept cartes hydrogéologiques de reconnaissance au
1:500000e avec notice explicative (Mao, Moundou et Aouk Salamat, puis Bongor et Fort-Lamy,
enfin Batha et Pays bas Largeau). Les résultats obtenus firent l’objet de deux synthèses,
publiées en 1970 : la carte hydrogéologique au 1:500000e avec notice explicative (par
Schneider) et un document sur l’hydrogéologie du Ouaddai.
Ces données furent reprises et complétées par l’UNESCO pour sa synthèse du Bassin du lac
Tchad (1966-1969).
Un projet PNUD-FAO fut exécuté de 1967 à 1973 sur le Bassin du lac Tchad. Les sondages
profonds réalisés permirent d’accroître notablement la connaissance des formations
sédimentaires vers le lac en collaboration avec la CBLT.
Enfin Schneider et Wolff proposent en 1992 un mémoire explicatif regroupant toutes les
connaissances acquises sur le Tchad et fournissent les données hydrogéologiques disponibles à
la mi-1991.
Au delà de ces études de grande envergure, il existe de nombreux autres rapports plus ciblés
thématiquement ou géographiquement. En liaison directe avec notre sujet, nous nous devons de
mentionner également le rapport du bureau d’étude Hydroexpert réalisé par M. Bonnet en 1995
pour la Direction de l’Hydraulique et de l’Assainissement, dont le but fut de mettre en œuvre un
modèle d’écoulement, en montrant l’intérêt des bases de données informatisées, en vue
d’évaluer les ressources en eaux souterraines de la région de N’Djaména.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Il en résulte des dépôts évoluant entre un pôle sableux (sables purs, fluviatiles ou éoliens) et un
pôle argileux (argiles kaoloniques ou de néoformation), et ceci du Crétacé jusqu’au Quaternaire.
II.5.2. Le Précambrien
Le Précambrien est essentiellement caractérisé par le socle cristallin de nature granitique mais
aussi gneissique ou migmatitique. De profondeur variable, 300m à plus de 1000m (paléovallées
et fossés d’effondrement), il n’affleure que par pointements dans la partie orientale de la zone et
représente, du point de vue hydrogéologique, une unité considérée comme totalement
imperméable.
La répartition des potentialités en eau souterraine obéit d’abord à la morphologie, ensuite à la
nature lithologique des roches et à la pluviométrie. Il s’ensuit une inégale répartition de la
ressource. Sur les versants érodés du Guéra, l’absence d’altérites prive la région de la principale
réserve d’eau (Figure 11) et l’infiltration se fait préférentiellement dans les zones de piémont.
25
Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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II.5.3. Le Crétacé
Plusieurs sondages hydrogéologiques exécutés dans le cadre du Programme PNUD/FAO de
développement du Bassin du lac Tchad (Schroeter et al. 1973) ont mis en évidence des
formations crétacées à Ngodéni (Cameroun) et à Choua (Niger). En revanche, le Crétacé ne
semble pas être représenté dans notre zone.
Il affleure au sud ouest du pays, mais il n’est pas certain que les argiles gréseuses qui
surmontent le socle à l’aplomb de Bol, depuis la profondeur –563 m, appartiennent au
Continental Hamadien. Les conditions de dépôt seraient lagunaires, et le Continental Hamadien,
serait l’équivalent continental du Crétacé marin (Schroeter et al. 1973).
Quelques forages, aux alentours de Bol, donnent une altitude des niveaux statiques de 7,50 m au
dessus du niveau du sol. Ces valeurs n’ont cependant pas de signification ailleurs qu’au point où
elles ont été mesurées, il est impossible de savoir s’il s’agit d’une même nappe ou si elle est
continue entre les forages (CBLT 1973).
II.5.4. Le Tertiaire
II.5.4.1. Le Continental Terminal (CT)
En contact direct avec le socle ou en discordance sur le Crétacé, le CT atteint une puissance de
80 à 100m au centre du Chari Baguirmi. Les dépôts sont fluviolacustres, caractérisés par des
alternances de bancs gréseux et argileux d’épaisseur variable, avec la présence de cuirasses
latéritiques ferrugineuses à graviers de quartz.
Le CT forme un aquifère plus ou moins captif, dont le caractère parfois très argileux rend la
productivité des ouvrages très faible.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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II.5.5. Le Quaternaire
La limite Tertiaire-Quaternaire retenue dans ce mémoire est d’ordre lithologique. Elle marque
la fin de la sédimentation argileuse imperméable du Pliocène, mur de l’aquifère phréatique, et le
début d’une sédimentation essentiellement sableuse. C’est pourquoi, certains dépôts du Pliocène
supérieur sableux pourront être attribués au Quaternaire.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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III.1.1.3. 7e FED
Les données plus récentes (1995-1998) du programme d’hydraulique villageoise du 7e FED nous ont
été transmises par le laboratoire d’hydrogéologie d’Avignon.
Bien que les 601 forages référencés soient concentrés aux bords du Chari et du lac, ils apportent des
informations intéressantes sur la piézométrie et les caractéristiques hydrodynamiques de l’aquifère
(débits spécifiques).
Néanmoins, certaines données sont à prendre avec réserve, car les mesures sur le terrain ne semblent
pas toujours accomplies avec la rigueur nécessaire. De plus, les valeurs réelles (débits spécifiques) ont
tendance à être sous estimées, puisque les crépines sont systématiquement placées à 10m sous le
niveau piézométrique.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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- une deuxième partie liste des données propres acquises par Hydroexpert en 1994 uniquement.
Les données antérieures à 1994, proviennent d’un traitement à partir des bases regroupant les données
du Bureau de l’Eau, service de la Direction de l’Hydraulique et de l’Assainissement (DHA), de la
Société Tchadienne d’Eau et d’Electricité (STEE) et du centre de documentation du Centre National
d’Appui à la Recherche (CNAR). Dans ces bases sont inclues certaines données de Schneider de 1963
à 1968, celles des projets CBLT/PNUD de 1966 à 1973, et celles des programmes d’hydraulique
villageoise des 5e et 6e FED de 1986 à février 1994.
Les autres données concernent une campagne réalisée par Hydroexpert en novembre 1994 avec des
mesures de la piézométrie, de la température et de la conductivité.
- d’une répartition géographique de l’information toujours centrée sur les mêmes zones (pourtours
du lac et du Chari) (Figure 15-Figure 16-Figure 17),
- d’une rupture dans les chroniques, suite aux graves troubles politiques des années 80,
- de la méconnaissance générale des altitudes absolues puisque les points de mesure ne sont pas
nivelés, les niveaux piézométriques sont donc connus avec la précision autorisée par la
détermination de la cote du sol sur la carte IGN au 1:200000e (+/-5 m) ou par la barométrie,
Dans ces conditions, l’établissement d’une carte piézométrique générale fiable devient très difficile.
Les seules cartes existantes, considérées comme les plus représentatives sont :
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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- les cartes établies par Schneider et Torrent rassemblées sur la carte hydrogéologique du Tchad
(1968) (e.g. Figure 14). Elles ont le mérite d’être à peu près synchrones et de correspondre à une
époque où l’exploitation de la nappe était encore très faible, au moins dans certaines zones,
La répartition géographique des données pose un réel problème, nous ne possédons aucune année pour
laquelle les mesures de piézométrie sont distribuées sur toute la zone d’étude. Les figures 14, 15, 16 et
17 montrent que la répartition géographique des piézomètres disponibles se concentre toujours soit
dans le nord (1964, 86, 87), soit près du lac et du Chari (7e FED). Nous discuterons de cette difficulté
à rassembler des données à la fois synchrones et réparties géographiquement sur toute la zone lors de
l’établissement de la carte piézométrique de référence (cf. III.4.).
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Figure 16 : répartition des points de mesures disponibles pour les années 1986-87.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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La carte proposée rassemble le plus grand nombre possible d’informations issues de l’interprétation de
diagraphies (gamma-ray et résistivité), et de carottages, publiés par Schneider en 1992. Des forages du
7è FED ont également permis de préciser certaines zones et d’estimer une altitude maximale du mur.
Nous avons largement consulté les coupes géologiques disponibles sur la zone (Servant 73 ; Schneider
1992) pour valider cette carte.
Le but n’est bien sûr pas d’appréhender les détails structuraux, mais plutôt d’obtenir une
représentation globale fidèle, à l’échelle de la zone d’étude.
Nous avons finalement totalisé 44 points, répartis sur presque toute la zone d’étude (figure 14), dont
nous avons estimé la cote absolue avec une précision inférieure à 5 m, compte tenu de l’incertitude sur
la cote du sol (cf. III.1.2.) et de l’interprétation hasardeuse des profils stratigraphiques ou des
diagraphies.
Après interpolation par krigeage, avec le logiciel Surfer3D ( Golden Software Inc.), on obtient la carte
ci-dessous (Figure 18). La surface du mur montre un pendage nord-est, extrêmement faible, d’environ
80 m sur 350 km, pour une cote de 200 m à Bol et de 280 m à Massalassef.
Figure 18 : carte 2D, interpolée par krigeage, du mur des sables du Pléistocène Inférieur et situation des
points d’observation.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Figure 19 : carte 3D, interpolée par krigeage, du mur des sables du Pléistocène Inférieur.
Dans un premier temps, nous avons tenté d’utiliser le modèle digital global d’altitude GTOPO30 de
l’USGS EROS Data Center ; mais pour une région sans fort relief comme le Chari Baguirmi, l’erreur
absolue de 30 à 160 m rend ce modèle inadapté à nos besoins.
Finalement nous avons été contraints d’estimer le nivellement, en reconstituant une grille
topographique par interpolation d’un maximum de points cotés, issus des cartes IGN aux 1/200000e et
1/1000000e et de points de mesures d’altitude connue (figure 18). Nous avons choisi comme méthode
d’interpolation, le krigeage selon Surfer3D (Golden Software Inc.), afin de minimiser le poids des
valeurs disparates.
L’erreur induite par cette méthode, testée sur des puits de cote connue, semble, selon les cas, ne pas
dépasser 5 m environ ; ceci est en partie dû à la monotonie du terrain. Une telle incertitude biaise
fortement les niveaux piézométriques proches du sol, mais au delà de 20m l’erreur relative devient
acceptable à notre échelle d’étude et inférieure à 10 %. C’est pourquoi, nous considérerons avec
prudence la signification des niveaux les plus proches de la surface.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Figure 20 : carte topographique issue d’une interpolation par krigeage de points cotés (ronds noirs).
Figure 21 : carte topographique 3D issue d’une interpolation par krigeage de points cotés (cf Figure
20).
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Figure 22 : variation du niveau statique de quelques puits du Chari Baguirmi pour la période 1963-
1984 (d’après Bichara, Safi et Schneider 1989).
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Figure 23 : variation du niveau de la nappe phréatique observée depuis 1963 (d’après Bonnet et
Schneider 1968).
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Bichara, Safi et Schneider (1989) constatent un approfondissement progressif naturel du plan d’eau
plus ou moins marqué sur la durée d’observation 1963-1984 (Figure 22), avec une lacune de 1969 à
1984. Les ordres de grandeurs, interannuels ou annuels, déduits sont les suivants :
- « les fluctuations maximales de 40 cm sont observés dans les creux interdunaires de l’erg ancien
du Kanem sous lesquels la nappe est à faible profondeur (Ngouri),
- au Chari Baguirmi, les hivernages provoquent une faible remontée d’environ 10 cm au nord de
N’Djaména pour des profondeurs de moins de 30 m sous le sol, partout ailleurs les niveaux restent
stables ou accusent une certaine baisse, »
L’origine de ces baisses serait à corréler au déficit pluviométrique sévissant depuis 1968 au Sahel.
Figure 24 : carte (d’une partie de la zone d’étude) de la variation comparée du niveau piézométrique
entre les campagnes du BRGM et de l’ORSTOM (Chouret et al. 1977)
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Nous avons tenté de prolonger les conclusions de 1989, par des résultats plus récents.
Parmi toutes les données récoltées (cf III.1.), les chroniques suivies sur plusieurs années concernant un
même point d’observation sont assez rares. Nous n’avons pu reconstituer l’évolution de la piézométrie
qu’en huit points de la zone d’étude où les chroniques sont les plus complètes de 1963 à 1994 (Figure
25).
Figure 25 : évolution à long terme des 8 puits et forages du Chari Baguirmi ayant une chronique
s’étalant sur au moins dix ans.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Figure 26 : situation des 8 puits et forages du Chari Baguirmi ayant une chronique s’étalant sur au
moins dix ans.
En premier lieu, nous remarquons que l’amplitude des fluctuations à long terme ne dépasse jamais 2 m
(Gesari Tchitchoum) et varie en moyenne de 1,25 m à 1,50 m. A première vue, de tels ordres de
grandeur semblent faibles par rapport à l’incertitude sur les niveaux piézométrique mesurés
disponibles (cf III.1.2.).
De plus, les observations à long terme doivent être replacées dans un contexte dynamique global, afin
de savoir si elles sont représentatives d’un phénomène particulier ou bien d’une tendance générale. Par
exemple, il semblerait qu’à Moussoro (Figure 25), un puits situé dans les ergs éoliens du Kanem, le
niveau de la nappe monte depuis 1963. Parallèlement, le puits de Kouri Kouri, situé à proximité dans
le Bahr el Ghazal, montre une tendance radicalement inverse.
Il est possible d’émettre les hypothèses suivantes :
- à Moussoro, l’infiltration favorisée par les dunes de sable du Kanem (cf. III.6.1.4.) pourrait être
responsable d’une accumulation d’eaux souterraines à long terme,
- à Kouri Kouri, le Bahr el Ghazal pourrait être responsable d’une exfiltration préférentielle,
Il n’est donc pas exclu que des causes extérieures rendent ces variations artificielles, comme par
exemple, un ensablement régulier obligeant à rehausser la margelle et ceci sans prise en compte dans
les mesures trop ponctuelles.
A moyen et court terme, des perturbations, vraisemblablement dues aux pompages, qui étaient faibles
ou absentes avant 1963, atteignent à partir de 1986 des amplitudes de l’ordre de 50 cm (Massakory,
Moussoro, Kouri Kouri et Massaguet) à plus de1 m (Naala, Gesari Tchitchoum, Ouadiounga et
Méchiméré) (Figure 25).
Les variations artificielles atteignent une amplitude équivalente à celle des variations naturelles à long
et court terme.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Au final, nous avons donc utilisé un maximum de points en 1994, avec un complément issu des années
1967 à 1997 réparti comme suit :
Tableau 5 : répartition des points de mesures utilisés pour l’élaboration de la carte piézométrique en
fonction des années.
Les mesures ont été interpolées par krigeage au moyen du logiciel Surfer3D (Golden Software Inc.).
La carte obtenue (Figure 28) est cohérente dans son ensemble, aux cartes déjà publiées. Notons
l’émergence des dômes du Kimi Kimi et du Harr au nord, la dépression du Kouka, à plus de 50 m sous
le sol, et celle du Bahr el Ghazal. Les gradients piézométriques semblent très faibles et en accord avec
les valeurs antérieurement estimées à 0,3 à 0,6.10-8 (CBLT 1973).
Le manque d’information est surtout sensible dans la zone est. Au delà de Moussoro, Bokoro et
Bousso, très peu de points permettent de guider l’interpolation qui trace des isopièzes très
hypothétiques. Un calage approximatif de la simulation sur cette zone pourra donc être considéré
comme satisfaisant puisque l’on ne connaît pas les niveaux réels.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Débit
Profondeur Date de Transmissivité Perméabilité
Forage spécifique Auteur
NS / sol l’essai m²/s m/s
m3/h/m
Am Tchokoro 22 26/04/63 7.10-3 4,4 J.L. Schneider (63) 4,7.10-4
Dapkaraye 51 27/04/63 2,5.10-3 - J.L. Schneider (63) 1,4.10-4
Goz Dibek 55 13/11/69 1,1.10-3 2,5 P.Schroeter et al (73) 3,3.10-4
Massaguet 49 1963 3,2.10-3 4.2 P.Schroeter et al (73) 1,6.10-4
Abouguern 65 02/03/70 5,8.10-3 8,5 P.Schroeter et al (73) 6,5.10-4
Massakory 18,4 1957 7.10-3 7,4 - 4,7.10-4
Am Tania 44,5 1952 3,2.10-3 6,1 - 1,6.10-4
Bol - 1963 2.10-2 - - 2,25.10-4
Tableau 6 : exemples de valeurs de perméabilité et de transmissivité des sables du Pléistocène
inférieur dans le bassin du lac Tchad.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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L’étude de Bonnet et Schneider (1968), en rive droite du Chari à N’Djaména, a permis d’estimer la
diffusivité hydraulique de l’aquifère en bordure du fleuve :
T
3.10 − 2 > > 2.10 − 2 m² / s
S
Ce qui a conduit à admettre les ordres de grandeur suivants :
T=2,5.10-4 m²/s pour S=10-2
T=1,25.10-3 m²/s pour S=5.10-2
et T=2,5.10-3 m²/s pour S=0,1
Le rapport technique CBLT/PNUD/FAO (1973) fait état d’une transmissivité T=5.10-6 m²/s pour un
pompage d’essais réalisé à Goz Dibek.
On peut noter l’extrême variabilité de ces mesures avec par exemple, pour Goz Dibek, T=1,1.10-3 m²/s
et T=5.10-6 m²/s, ce qui montre bien la représentativité très locale des valeurs. Bien sûr, nous ne
connaissons pas les conditions de réalisation du pompage d’essai.
Figure 30 : fréquence relative et pourcentage cumulé des débits spécifiques mesurés en m3 /h/m lors
de la campagne du 7èFED.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Près de 60% des débits spécifiques sont compris entre 1 et 6 m3 /h/m, ce qui signifie que la fonction
conductrice globale de l’aquifère quaternaire est plutôt moyenne dans la zone prospectée. Les classes
]2-3], ]3-4], ]4-5] et ]5-6] sont les plus représentées.
Nous avons alors réalisé 5 classes avec un nombre d’individus équivalent que nous avons ensuite
positionnés sur une carte.
Figure 31 : classes avec un nombre d’individus équivalent de débits spécifiques mesurés lors de la
campagne du 7èFED.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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La carte (Figure 32), montre une répartition des débits spécifiques extrêmement hétérogène,
conséquence logique de la nature interstratifiée de l’aquifère.
Toutefois, quelques zones à débits spécifiques plus importants semblent se distinguer, au nord est de
Massenya et dans le prolongement ouest du lac. Seule une répartition des valeurs krigées laisse
apparaître des zones un peu plus identifiées que nous avons utilisées pour l’élaboration de la carte des
transmissivités (Figure 34).
Nous insistons sur le fait que ces résultats ne représentent que des ordres de grandeur, ne révélant que
des tendances potentiellement exploitables pour étayer une hypothèse.
s
Q = 2π.T . (équation de Dupuit)
R
ln
r
avec :
R : rayon d’action en m
r : rayon de captage en m
T : transmissivité en m²/s
s : rabattement en m
Q 3
sachant que : Qs = (m /s/m)
s
R
on a : T = 0.0366.Qs. log (m²/s)
r
Nous avons alors associé aux débits spécifiques une valeur de transmissivité dont l’interpolation par
krigeage (Surfer3D, Golden Software), donne la Figure 34.
A l’hétérogénéité spatiale des débits spécifiques, s’ajoutent les approximations faites par la courbe de
correspondance, c’est pourquoi nous avons pris des intervalles de valeur relativement grands.
On distingue sur cette carte, de nouvelles zones à transmissivité plus faible qui n’apparaissaient pas
sur la Figure 32 (cf. III.5.2.). Dans la dépression, nous n’avons pas d’information, les transmissivités
obtenues ne sont que la conséquence de l’interpolation de points très éloignés et n’ont donc aucune
signification. Globalement, les valeurs rassemblées au chapitre III.5.1. se superposent à nos résultats,
même si comme à Bol ou à Massakori elles sont dix fois plus fortes.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Figure 33 : relation entre le débit spécifique (Qs) et la transmissivité (T) dans l’aquifère phréatique
du Chari Baguirmi. Echelle semi-logarithmique adaptée pour une transmissivité en m²/h.
Figure 34 : essai de répartition des transmissivités dans le Chari Baguirmi et indication des
épaisseurs mouillées de la nappe phréatique.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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III.5.4. Perméabilité
Nous nous sommes efforcés, à titre indicatif, de déterminer quelles étaient les perméabilités
engendrées par de telles transmissivités, afin d’apprécier si nos résultats étaient totalement irréalistes
et fortuits ou bien, au contraire, s’ils restaient dans une limite raisonnable pour notre contexte
hydrogéologique.
Nous avons réalisé une carte des épaisseurs moyennes mouillées de l’aquifère grâce à laquelle,
associée à notre carte des transmissivités, nous avons été en mesure de calculer des zones
d’équiperméabilité (Figure 35).
Comparées aux valeurs locales recueillies dans la littérature (cf. II.5.2.), nos résultats sont
généralement très inférieurs (jusqu’à 10 fois plus faibles, sauf pour Am Tania), conséquence de
l’élargissement de l’échelle et de la sous-estimation des débits spécifiques, ce qui reste donc tout à fait
cohérent.
III.5.6. Emmagasinement
On ne dispose pas de valeurs directes fiables du coefficient d’emmagasinement de la nappe phréatique.
On peut d’ailleurs douter de la possibilité d’obtenir des valeurs représentatives au moyen de pompages
d’essai : en effet, dans la mesure où ceux-ci sont, à l’échelle de la durée de l’essai, très influencés par
les conditions locales de (semi-) captivité, ils donnent le plus souvent des valeurs sous estimées en ne
tenant pas compte de l’effet d’égouttement à long terme.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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III.5.7. En conclusion
Il faut garder en mémoire la nature hétérogène, à lentilles interstratifiées de sable et d’argile, de
l’aquifère pour comprendre le problème que pose la définition de vastes zones de perméabilité
moyenne à l’aide de mesures dont la représentativité n’est que très locale.
Tout au plus, cette étude nous permet d’approcher un intervalle de variation au delà duquel il ne nous
est plus possible de justifier concrètement, sur le terrain, les valeurs des paramètres du modèle.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Années Mai Juin Juillet Août Sept. Oct. Nov. Déc. Janv. Fév. Mars Avril Modules
1963-64 424 460 615 1700 3130 3610 2980 1510 777 458 261 176 1340
1964-65 230 288 589 1390 2520 3580 3870 2280 994 566 323 213 1410
1965-66 186 237 590 1190 2190 2540 2170 904 442 266 148 96 916
1966-67 160 327 623 1190 2150 3070 2560 1470 645 365 220 130 1080
1967-68 115 - 466 1160 2300 3380 3590 1700 - 400 - - 1030
1968-69 162 269 702 1500 2380 2690 2230 1050 536 312 217 216 1020
1969-70 159 276 601 1360 2260 2790 2550 1400 630 365 199 132 1060
Tableau 7 : débits moyens mensuels et annuels en m3 /s du Chari à N’Djaména entre 1963 et 1970
(Olivry et al.1996)
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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En soutenant le niveau de la nappe tout au long de son cours, le Chari constitue une limite à potentiel
imposé, créant un gradient hydraulique permanent vers l’aquifère (CBLT 1973), dont le flux devient
très vite inférieur à l’exfiltration au fur et à mesure que l’on s’éloigne du fleuve.
Pour la période 1932-1967, le module interannuel des débits du Chari avait été estimé à 1260 m3 /s. En
conséquence de l’appauvrissement de la pluviométrie depuis 1968, ce même module passe à 770 m3 /s
pour 1967-1989 (22 ans), soit 60% de la période précédente (Tableau 7-Tableau 8).
L’appauvrissement de l’hydraulicité du Chari ne semble pas, d’après les observations, avoir eu une
quelconque répercussion significative sur la fluctuation de la nappe durant cette période. Ceci
confirme l’influence extrêmement restreinte du fleuve sur le niveau global de la nappe et n’entrave pas
la légitimité de l’utilisation des mesures piézométriques anciennes, pour l’obtention d’une image
représentative de la nappe actuelle. Dans les échanges nappe-rivière, plus que les dédits du Chari, ce
sont les hauteurs qui comptent. Pour l’année 1995-96 les hauteurs varient de 60 cm en Avril à 600 cm
en Octobre à N’Djaména. Nous n’avons pas de moyennes sur plusieurs années.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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La morphologie actuelle de la nappe est à rattacher au fait que son alimentation s’est réalisée au cours
d’une alternance de périodes arides et humides, qui se sont traduites par plusieurs transgressions et
régressions lacustres (UNESCO 1972). Les études isotopiques semblent montrer que depuis la dernière
phase humide, les eaux de pluie seraient en partie à l’origine des structures hydriques actuellement
observables (Roche 1980). Sur toute l’épaisseur de la nappe, ces eaux se mélangent en proportion
décroissante vers la profondeur, avec des eaux plus évaporées et plus anciennes.
Bien que dans la partie supérieure de la nappe, les gradients hydrauliques soient favorables à
l’alimentation par les eaux du lac dans notre zone d’étude, une recharge massive, pourtant
antérieurement admise, n’est plus envisageable compte tenu de la répartition des teneurs en δ 18 O qui
montrent l’absence de signature des eaux lacustres à proximité du littoral (Chouret et al. 1977).
Les courbes d’isoconductivité se répartissent parallèlement au rivage lacustre. En s’éloignant du lac,
les eaux deviennent moins minéralisées. L’ensemble des observations réalisées sur la bordure tend à
prouver que le lac Tchad joue un rôle très discret, sinon négligeable, sur l’alimentation de la nappe
(Roche 1973, Chouret et al. 1977). Le transfert des sels du lac vers la nappe se ferait par relais sec :
abandons superficiels sur les bordures et dans les interdunes. Le transit de ces derniers jusqu’à
l’aquifère est assuré par des eaux météoriques. Ce processus est important pour la régulation saline du
lac (Maglione 1974).
A l’instar du Chari, les variations saisonnières du niveau du lac, qui sont de l’ordre de 1 m, n’ont pas
de répercussion sur la nappe sauf sur une étroite bande côtiè re (Chouret et al. 1977). De même, nous
allons considérer le lac comme une limite de potentiel à la nappe.
III.6.1.4. L’infiltration
Nous avons décrit, aux chapitres II.1. et II.2., certaines particularités de la zone sahélienne. Nous
avons évoqué la forte variabilité spatio-temporelle des précipitations et l’évapotranspiration potentielle
très élevée. Il est important de noter qu’au Sahel, l’intensité et la distribution des pluies ont plus
d’impact sur le ruissellement que le total annuel. Ainsi, à cumul annuel égal, une année où les pluies
auront été plus intenses et plus localisées provoquera un ruissellement plus important vers les bas
fonds, engendrant une infiltration indirecte très localisée (mares, oueds) (Desconnets et al. 1997).
Cependant, l’infiltration peut également se produire directement sur l’ensemble du paysage, mais ce
mécanisme est d’autant plus rare que le climat est aride, du fait de la forte évapotranspiration (Leduc et
al. 1996).
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Dans notre zone, les apports météoriques permettent des réalimentations de secteurs de nappe,
particulièrement pendant les années très pluvieuses et en milieu dunaire (Roche 1980). La carte
(Figure 37) confirme cette tendance en montrant une large proportion de sols imperméables ou peu
perméables, contrastant avec les dunes du Harr au nord. Ce large cordon de sables éoliens est
considéré comme un système dont la haute porosité est propice à l’infiltration et réfractaire à
l’évaporation des eaux pluviales. Les eaux pénètrent facilement dans la matrice sableuse grossière,
alors que les pores trop larges, ne permettent pas l’amorçage des colonnes capillaires, essentiel à la
remontée de l’eau profonde (Diencer et al. 1974). Pour une pluviosité de 325 à 250 mm/an, les sables
seraient directement responsables de l’existence des dômes piézométriques et de la stabilité du niveau
qui tend à s’établir parallèlement à la topographie générale. Diencer et al. précisent cependant que ce
phénomène est extrêmement dépendant des facteurs physiques tels que la taille des grains, la
pluviométrie ou la position initiale du front d’évaporation avant la pluie. La quantification de la
recharge au travers d’un tel système n’est pas actuellement envisageable pour notre zone. Simplement,
une pluie moyenne annuelle supérieure à 50 mm est susceptible de générer une infiltration au travers
des dunes (Diencer et al. 1974).
Dans les autres parties de la zone, les données isotopiques (Chouret et al. 1977) indiquent que les
réserves qui contiennent une composante ancienne, n’ont pas été intégralement renouvelées par la
recharge récente. L’existence d’une réserve d’eau ancienne peut être en partie héritée du dernier
épisode pluvial, ou des hauts niveaux du lac régnant voilà 7000 à 6000 ans (cf. II.3.).
Parallèlement, une zone de renouvellement présente à la partie supérieure de l’aquifère, sous forme
d’une tranche d’eau d’épaisseur variable, serait probablement d’origine météorique dans la zone du
Chari Baguirmi et fluviatile dans l’axe de la vallée du Chari.
En conclusion, une infiltration diffuse serait présente mais très hétérogène selon les régimes
pluviométriques annuels et une recharge préférentielle pourrait avoir lieu à travers l’erg du Kanem et
aux abords du Chari. Malheureusement, nous ne sommes pas en mesure de quantifier ces flux, mais la
connaissance de leur existence est importante pour la modélisation.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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III.6.1.5. L’irrigation
Le secteur horticole, bien développé à la périphérie des centres urbains ou dans des bas-fonds (avec
des cultures maraîchères et fruitières) exploite principalement les eaux de surface en puisant ou en
pompant directement dans les cours d’eau.
La consommation en eau d’irrigation varie selon les cultures de 40 à 90 m3 /j/ha, pouvant se limiter à
deux arrosages par semaine, soit de 4 000 à 9 000 m3 /an/ha (Mott Mac Donald International et al.
1992).
Dans l’état actuel des choses, l’estimation quantitative de l’irrigation est extrêmement difficile à
réaliser. Aux abords du Logone les infrastructures fonctionnent et profitent aux cultures sur les
alluvions imperméables, certainement sans réelle conséquence sur l’infiltration vers la nappe.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Autour du lac, lors des niveaux bas actuels, les stations construites auparavant sont à sec, puisque
l’eau s’est désormais retirée à plusieurs kilomètres. Dans ces conditions, l’impact aussi bien sur
l’hydrologie de surface (pompages) que sur l’hydrogéologie (infiltration), ne peut être que minime.
A notre échelle de travail, devant les faibles volumes mis en jeu d’une part, et la modestie des
périmètres irrigués d’autre part, il a été estimé que l’irrigation ne représente pas un facteur essentiel
dans le fonctionnement dynamique de la nappe.
Pour la nappe quaternaire du Chari Baguirmi, nous avons tenté d’estimer les flux évaporatoires
théoriquement admissibles pour une nappe libre, à l’aide de l’expression établie par A. Coudrain-
Ribstein et al. (1997) à partir des profondeurs piézométriques de la nappe :
q = 71,9 z −1, 49
avec :
q : flux évaporé en mm/an
z : profondeur de la nappe sous le sol en m
Notons que ces flux sont indépendants de la nature des sols, pour des succions de plus de 1000 m
(zone sahélienne).
Nous utilisons cette formule car elle a pour avantage de ne pas faire intervenir de paramètres décrivant
le milieu, courants dans d’autres équations, comme par exemple la porosité totale ou le coefficient de
tortuosité du sol, que nous ne pourrions pas quantifier (Pouyaud 1986).
Prof.m 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60
q mm/an 6.54 2.33 1.27 0.83 0.59 0.45 0.36 0.29 0.25 0.21 0.18 0.16
Ces valeurs d’évaporation seront considérées en fonction de la profondeur estimée des différentes
mailles du modèle hydrodynamique de la dépression.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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extraire l’eau de la nappe à plusieurs dizaines de mètres de profondeur (e.g. Boscia sp., 68 m, Acacia
sp., 60 m, Prosopis sp., 53 m, in Canadell et al. 1996). Les études menées en climat semi-aride
montrent que la sollicitation des eaux de la nappe est fonction de l’espèce, de la disponibilité en eau
dans le sol, et surtout de la profondeur à la zone saturée (George et al. 1999).
Nous avons montré que les espèces arborées n’étaient pas rares dans la zone de la dépression (cf.
II.2.3.), ce qui signifie que les valeurs obtenues par la formule de Coudrain-Ribstein pourraient, le cas
échéant, représenter des évaporations minimales.
Cette situation est probablement surestimée, car il est connu qu’en saison sèche et en zone sahélienne,
une unité de cheptel ne reçoit pas 40 l mais plutôt 15 l et, avec la participation des eaux de surface, une
valeur réduite au moins de moitié serait plus proche de la réalité, soit environ 8 à 9 millions de m3 par
an.
La région de plaine située en rive droite du Logone et en périphérie du lac Tchad a fait l’objet d’une
intense activité de creusement de puits et de forage et encore récemment lors des campagnes du 7e
FED (Figure 17).
Les prélèvements pour l’alimentation de la ville de N’Djaména étaient de l’ordre de 8,2 millions de m3
en 1995. Parallèlement, les prélèvements plus diffus pour l’alimentation des populations villageoises
et du bétail sont estimés, à raison de 720 ouvrages exploités, à 1,3 million de m3 /an (Bonnet 1995,
selon les ouvrages recensés au Bureau de l’Eau pour un débit de 5 m3 /jour). De nombreux points
d'eau traditionnels existent avec une durée possible d'utilisation le plus souvent réduite à six ou huit
mois de l'année suivant les conditions pluviométriques (FAO 1989-1994).
Vraisemblablement on peut penser que, à l’inverse des prélèvements villageois diffus, seuls les
prélèvements pour l’AEP de N’Djaména, importants et centralisés, pourraient provoquer une influence
visible sur la nappe.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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III.6.2.3. Conclusion
Nous sommes dans une situation où la connaissance des paramètres de la recharge (infiltration,
évaporation, évapotranspiration, prélèvements) nous échappe en grande partie.
Néanmoins la morphologie de la piézométrie de la nappe peut nous guider dans la connaissance des
zones de recharge ou d’évaporation, sachant que l’expérience acquise par l’étude d’autres aquifères
d’origine fluviolacustre sahéliens (e.g. Aranyossy et al. 1993 ; Favreau 2000) nous montre que les
creux et dômes piézométriques peuvent être :
Puisque dans le modèle nous n’introduisons qu’un seul paramètre d’infiltration, bilan entre les
différents paramètres de la recharge, l’importance relative à chaque facteur importe peu.
Les calculs réalisés à partir des mesures de terrain, ne peuvent qu’indiquer les limites au delà
desquelles les valeurs n’appartiendraient plus à un domaine véritablement observable.
Nous avons montré précédemment (cf III.5.4.) que les perméabilités étaient certainement très
hétérogènes. Nous choisirons donc d’imposer dans la modélisation, des zones de recharge nette
négative dans les dépressions et des zones positives au niveau des dômes dans des proportions admises
par les calculs ci-dessus.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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IV.2.2. Outils
Nous avons utilisé le programme de modélisation MODFLOW, développé en Fortran par l’USGS
(McDonald et Harbaugh, 1988). Ce logiciel a pour qualités premières d’être simple, modulaire et
d’avoir été rendu fiable par une utilisation mondiale massive. La version que nous utilisons fonctionne
sur une interface en Visual Basic : Visual Modflow (Waterloo Hydrogeologic 1999).
C’est un modèle à bases physiques, déterministe, capable de représenter des écoulements laminaires
monophasiques tridimensionnels dans des systèmes multicouches. Il résout l’équation de diffusivité
aux dérivées partielles de l’écoulement des eaux souterraines en milieu poreux (combinaison de la loi
de Darcy et de l’équation de continuité) par la méthode des différences finies. Pour se faire, l’aquifère
doit être discrétisé en mailles quadrangulaires et des conditions aux limites doivent être imposées. Le
nombre et la taille des mailles dépend de la précision attendue et de la nature des données sources
(nombre, distribution, qualité).
La piézométrie calculée au centre de chaque maille tient compte des paramètres hydrodynamiques
(conductivité hydraulique, porosité), des conditions aux limites (potentiel ou flux imposé, possible
liaison avec un réseau hydrographique, etc…) et des conditions de recharge (infiltration,
évapotranspiration, éventuels pompages).
Le modèle s’articule autour de deux hypothèses fondamentales : les gradients hydrauliques doivent
être faibles et la continuité hydraulique de l’aquifère respectée. Nous avons montré que ces conditions
étaient vérifiées pour la nappe phréatique du Quaternaire ancien.
IV.2.3. Limites
Pour satisfaire nos objectifs, nous utilisons un modèle régional. De ce fait, nous sommes parfaitement
en mesure de représenter les écoulements généraux, mais au détriment des phénomènes locaux. Les
médiocrité des données disponibles (fiabilité, spatialisation, densité) (cf. III.1.2.) pour le calage du
modèle induisent une incertitude inévitable sur les valeurs obtenues.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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IV.2.3. Le mur
L’aquifère quaternaire repose sur les argiles pliocènes imperméables. Conformément aux informations
synthétisées dans le chapitre II.5.4.4., le mur représente une limite à flux nul, sans échange par
drainance avec un niveau aquifère plus profond. L’aquifère est par conséquent modélisé en système
monocouche. La morphologie de cette surface a été interpolée afin d’obtenir une altitude pour chaque
maille du modèle (Figure 19).
IV.2.4. Le toit
A l’échelle de la zone, la nappe phréatique est considérée comme libre (cf. II.5.5.2.), les lentilles
silteuses susceptibles de la mettre en charge sont généralement d’extension restreinte. Par conséquent,
la limite du toit de l’aquifère correspond à la surface du sol et n’a pas d’importance dans le modèle du
moins tant que la piézométrie modélisée n’atteint pas la surface du sol. Puisque nous avions interpolé
la topographie afin d’obtenir des hauteurs piézométriques absolues (Figure 21), nous avons attribué à
chaque maille du modèle une hauteur de toit conforme à la réalité.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Figure 38 : maillage du model, avec la représentation des lignes de flux nul (lignes de partage des
eaux), des limites de potentiel et des limites géologiques.
Le schéma de fonctionnement retenu (cf. II.3.) nous contraint de favoriser la reprise évaporatoire et de
minimiser les perméabilités dans une zone centrée sur la dépression.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Q = C.( RE − BE ) Q = C.( RE − PZ )
avec :
C : conductance du milieu m3 /jour
RE : niveau de la rivière m
BE : niveau du fond de la rivière m
P Z : niveau statique m
Le débit échangé est contrôlé indirectement en fixant la valeur de la conductance. Celle ci est
approchée de façon empirique selon la relation :
KZ * S
C=
e
avec :
Kz : perméabilité verticale
e : épaisseur colmatée
S : surface de contact par maille
L’estimation de ces trois variables est extrêmement subjective. De ce fait, le but n’est pas d’obtenir
uniquement des valeurs, mais plutôt de restituer une gamme de variations cautionnée par une réalité
physique justifiable et observable sur le terrain.
Le profil en long grossier, réalisé à partir des points cotés référencés sur les cartes IGN au 1/200 000e
et au 1/1000 000e , fait tout de même apparaître les principales ruptures de pente et permet d’avoir une
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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idée du niveau du fond du fleuve (Figure 40). Lorsque les pentes sont plus faibles, l’énergie de
transport diminue et les matériaux plus fins peuvent alors se déposer.
Nous supposerons alors que les sections à pente faible seront plus colmatées que celles à pente plus
forte. Aux alentours du delta, la vitesse est considérablement ralentie et le colmatage devient
important, ainsi que dans les zones 4 et 5 où le lit du fleuve divague énormément.
Figure 40 : profil en long du Chari depuis le delta jusqu’à Miltou (sud-est de la zone) et découpage
du lit en 5 zones pour l’estimation du colmatage relatif du fond et des berges.
Arbitrairement, nous posons l’hypothèse qu’en moyenne, la plus petite distance traversée par le fleuve
dans une maille est voisine de celle de la largeur, soit 11km, et que la plus grande l’est de celle de la
diagonale, soit 15 km.
La largeur mouillée moyenne par le Chari peut être considérée comme constante sur la sections
concernée et la morphologie peu encaissée du lit minimise ses fluctuations entre hautes eaux et basses
eaux. Nous estimons à environ 500m cette largeur.
La surface moyenne de contact du fleuve par maille est donc voisine de 5 km² à 7 km², nous
retiendrons une surface intermédiaire de 6 km².
Compte tenu de la lithologie du milieu caractérisée par des alternances fréquentes de bancs (ou
lentilles) sub-horizontaux d’argiles et de sables, la perméabilité verticale peut-être considérée comme
étant au moins dix fois plus faible que la perméabilité horizontale (cf. III.5.4.) :
K XY
KZ = m/s
10
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Zone 1 2 3 4 5
Epaisseur
0,40 0,30 0,35 0,40 0,50
colmatée (m)
Perméabilité
6.10-6 6.10-6 6.10-6 6.10-6 6.10-6
(m/s)
Conductance
équivalente 90 110 100 90 70
(m3 /j)
La carte de la lithologie du fond (Olivry et al. 1996) montre que la surface occupée par les eaux libres
en 1994 recouvre une première partie sableuse, une autre argileuse et une troisième dite de pseudo-
sables (Figure 41). Globalement nous assimilons cette surface à une zone unique, uniforme,
correspondant à une épaisseur totalement colmatée de 50 cm, même si en réalité le colmatage doit être
très hétérogène.
Figure 41 : répartition et nature des fonds du lac Tchad ( d’après Dupont 1970)
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Nous avons vu que la hauteur et la surface occupée par les eaux du lac ne semblent pas influencer de
façon primordiale le niveau de la nappe au delà d’une zone très proche du littoral (cf. III.6.1.2.).
Nous avons tout de même rapporté le lac à sa surface occupée en 1994, correspondant à une période de
« petit Tchad », date à laquelle ont été réalisées la majorité de nos mesures pour l’établissement de la
carte piézométrique.
La surface du lac est représentée par un nombre de mailles entières dont la surface se superpose à celle
des eaux libres détectées par Météosat le 9 novembre 1994 (Figure 42). Pour le calcul du paramètre
conductance, la surface de contact est celle d’une maille soit 100km².
Figure 42 : surface d’eaux libres le 9 novembre 1994. Image Météosat fournie par le laboratoire
UTIS de Dakar et traitée par Lemoalle (Olivry et al. 1996)
D’après les reconstitutions publiée par Olivry et al. (1996) à l’échelle de Bol cotée à 277,87 m (Figure
43), le niveau du lac en 1994 est établi à 279,27 m.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Le niveau du fond de la partie du lac en eau en 1994 se superpose à une zone dont la cote avait été
moyennée par M.A. Roche en 1980 à 278,50 m (Figure 44).
Figure 44 : altitudes moyennes des fonds pour différentes zones du lac (Roche 1980), superposition
avec le niveau en 1994.
De même que pour le Chari, en utilisant les perméabilités horizontales calculées à partir des débits
spécifiques on a :
IV.2.8.2. Perméabilité
Dans les chapitres III.5.1. et III.5.4., nous avons présenté les gammes de variation des perméabilités
mesurées sur le terrain. Nous ignorons la représentativité régionale de ces mesures ponctuelles, surtout
dans un contexte de sédimentation fluviolacustre continental.
La plupart des essais de pompage ne sollicitent qu’une partie de l’aquifère ce qui empêche d’en
déduire une valeur de la transmissivité moyenne de toutes les couches traversées. Les transmissivités
connues ne sont donc qu’apparentes et uniquement représentatives des couches supérieures de
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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l’aquifère. Par conséquent, à l’instar des autres valeurs de perméabilités, la valeur maximale estimée à
6,5.10-4 m/s (Abouguern), serait susceptible d’être systématiquement plus faible que dans la réalité.
Aucune valeur minimum n’est vraiment connue, nos calculs à partir des débits spécifiques donnent
2,5.10-5 m/s et une mesure à Goz Dibek donnerait 3.10-7 m/s dans des conditions d’essai de pompage
inconnues, ce qui paraît extrêmement faible, voire quasi-imperméable. C’est la seule valeur aussi
faible.
Il semble évident qu’à partir des données en notre possession, la gamme des perméabilités que nous
pouvons utiliser est extrêmement étendue. Dans ces conditions, nous entrerons dans le modèle, comme
première base de travail, la distribution spatiale des perméabilités établie aux chapitres III.5.3. et
III.5.4. que nous affinerons au fur et à mesure du calage dans une gamme de variation d’environ de
1.10-3 à 1.10-7 m/s.
IV.2.8.3. Recharge
Nous n’avons aucune donnée en ce qui concerne les flux susceptibles d’être transférés vers la nappe
aussi bien par l’intermédiaire des dunes du Harr (cf. III.6.1.4.) que des cours d’eaux temporaires (cf.
III.6.1.3.) ou même directement par la pluie.
En ce qui concerne les flux sortants, la formule de Coudrain-Ribstein (1997) nous assure une limite
supérieure pour l’exfiltration en fonction de la position de la surface de la nappe sous le sol, soit de
0,16 à 2 mm/an (cf. III.6.2.), mais ceci ne concerne que l’évaporation et pas la transpiration par les
plantes.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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- le gradient simulé est trop fort au sommet de la dépression et engendre des niveaux en périphérie
de 10 à 20 m plus hauts que les niveaux observés,
- les gradients aux abords du Chari sont trop faibles,
- dans la partie centrée sur l’aval du Bahr Erguig, les niveaux simulés restent stables au lieu de
descendre progressivement de la cote 300 m à la cote 270 m,
- les niveaux du lac Tchad sont en situation basse par rapport à la piézométrie en périphérie, cette
configuration s’oppose aux observations de terrain qui les placent plutôt en position haute.
Il est évident que le calage n’est pas suffisamment abouti et le modèle ne simule que la morphologie
globale de la nappe. Néanmoins, nous n’avons pas poursuivi plus avant le calage, par manque de
temps d’une part, et parce que nous avons voulu tester la sensibilité du modèle, même médiocrement
calé (Cf. IV.3.5.).
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Figure 47 : comparaison entre les courbes isopièzes calculées et observées sur la carte de référence.
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C’est pourquoi, dans l’état actuel de nos connaissances sur le milieu, il n’est pas utile d’étudier ce
système plus en détail tant que certaines suppositions ne sont pas confirmées par de nouvelles
données. Par contre, l’appréciation de la sensibilité des paramètres du modèle devrait nous renseigner
sur les points à préciser lors d’une modélisation ultérieure.
Figure 48 : schéma du bilan des entrées et sorties du système lac Tchad-Chari-nappe phréatique. Les
flèches vers l’extérieur des compartiments représentent les fuites.
- 0 mm de recharge provoque un écoulement de surface uniforme soutenu par l’altitude des niveaux
du Chari et s’écoulant du sud est vers le lac Tchad à raison de 2500 m3 /jour,
- avec +0,5 mm de recharge, le dôme s’apaise à 570 m ; ailleurs le niveau minimum descend à 350
m,
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Nous avons ensuite testé l’impact des recharges supposées préférentielles. Toutes les autres conditions
étant égales par ailleurs.
Une baisse de 0,07 mm/an (15%) de l’infiltration provenant du Batha de Laïri a pour effet
d’augmenter le gradient piézométrique dans la dépression. L’isopièze 244 m s’étend largement, mais
le centre du creux piézométrique ne s’approfondit pas (Figure 49).
Une baisse de 0,06 mm/an (13 %) des apports provenant des dunes du Harr provoque le même effet
(Figure 49).
Il faut cependant retirer un tiers des apports infiltrants du Bahr Erguig pour obtenir un effet similaire et
dans les mêmes proportions. La mauvaise diffusivité à l’aplomb du lit explique cette influence plus
restreinte.
Cet exemple illustre l’importance extrême des paramètres de la recharge dans le bilan
hydrodynamique du système modélisé.
A B
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La modélisation réalisée par Bonnet et Murville en 1995 ne tenait pas compte de la profondeur du mur
placée de façon uniforme à la cote 220 m. Le paramètre de perméabilité issu du calage intégrait alors
l’erreur sur l’épaisseur de l’aquifère et un résultat satisfaisant sur la simulation de la piézométrie a pu
être artificiellement obtenu.
Il est intéressant de souligner l’importance de la connaissance du substratum, car sa position mal
définie semble prêter à confusion. En effet Schneider (1992) considère que la nappe phréatique
s’assèche au centre de la dépression et que les niveaux piézométriques passent dans le substratum
argileux. L’aquifère devient alors multicouche. Cette interprétation sur la base d’une diagraphie
montre à quel point ce secteur mérite d’être mieux connu pour une modélisation ultérieure.
Figure 51 : coupe transversale des niveaux simulés de l’aquifère selon le modèle intégrant un
substratum calculé à partir des données de terrain.
Figure 52 : coupe transversale des niveaux simulés de l’aquifère selon le même modèle avec un
substratum uniforme à la cote 220 m.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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Le résultat montre une distribution spatiale des perméabilités légèrement différente avec des valeurs
beaucoup plus fortes de 50% à 1 200% pour le centre de la dépression (Figure 55). L’infiltration est
multipliée par 10 avec 0,22 mm pour la contribution du Bahr Erguig, 0,45 mm pour le batha de Laïri et
0,52 mm pour les dunes du Harr (Figure 54).
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Nous avons cessé l’affinage du calage lorsque la piézométrie obtenue est devenue très proche de celle
du modèle précédent (Figure 56). De rapides tests de sensibilité montrent que certains paramètres sont
moins importants dans le bilan hydrodynamique que dans le modèle précédent. Pour exemple, une
baisse de 5% de la perméabilité (13) centrée sur la dépression, ne provoque l’assèchement que de
quelques mailles et une augmentation de 10% ne provoque qu’une hausse de 5 m des niveaux
piézométriques dans le creux. Cette simple hypothèse de départ déterminant le paramètre
‘‘exfiltration’’ permet de faciliter le calage en minimisant les combinaisons possibles avec les autres
paramètres.
Par conséquent, une nouvelle modélisation pourrait être autorisée par la récolte de quelques
connaissances supplémentaires sur les données de terrain validant certaines hypothèses de
fonctionnement hydrodynamique.
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IV. Conclusion
Dans une première partie, nous avons rassemblé les données relatives à la zone étudiée avec l’objectif
d’exploiter au maximum les connaissances acquises depuis plusieurs années. Même en intégrant des
données relativement récentes, la connaissance de la zone à modéliser reste particulièrement médiocre.
Les données géologiques nous ont néanmoins permis de réaliser une grille d’altitudes pour le mur de
l’aquifère. Le rassemblement de toutes les données d’altitude absolue a débouché sur la réalisation
d’un modèle numérique de terrain indispensable pour l’exploitation des données piézométriques. Une
étude de la stabilité de la nappe a permis de sélectionner une piézométrie stable, pendant une durée
suffisante, fonction de la dynamique de l’aquifère. L’analyse des nouvelles données de débits
spécifiques nous a apporté une meilleure connaissance des zones d’écoulements préférentiels. Face à
la variabilité extrême d’un environnement aussi vaste nous ne pouvons que constater l’étendue de nos
incertitudes.
La deuxième partie présente les résultats de la modélisation numérique des écoulements souterrains où
nous avons privilégié l’hypothèse d’une exfiltration préférentielle responsable de la formation de la
dépression piézométrique de l’aquifère quaternaire. D’une manière générale, toute modélisation
hydrodynamique réalisée à partir de trop peu de données comporte un risque de ne pas aboutir. Dans
un cas favorable, le croisement des rares données disponibles permet néanmoins de contraindre
énormément le modèle et d’aboutir à un schéma cohérent raisonnablement précis. Dans un cas
défavorable, les nombreuses incertitudes s’additionnent et de multiples combinaisons très diverses
permettent d’aboutir au même résultat sans qu’il soit possible de trancher. C’est ce qui est arrivé au
terme de notre modélisation. Cette situation débouche sur un contexte où toutes les variables peuvent
se compenser entre elles, tout en restant dans une gamme de valeur acceptable par le terrain.
Nous avons pris pour exemple la perméabilité et la recharge. Dans un second modèle basé sur une
nouvelle hypothèse de distribution de l’exfiltration, nous avons montré que les valeurs ajustées
peuvent être radicalement différentes et pourtant tout à fait acceptables. Le problème crucial est
qu’actuellement, aucune observation de terrain ne peut privilégier une hypothèse par rapport à une
autre.
Au final, l’opération de calage du modèle devient extrêmement complexe puisque nous devons dans
un même temps paramétrer toutes les variables. La complexité de la situation et la multiplication des
incertitudes n’ont pas permis d’aboutir à un calage raisonnable dans le délai limité par le temps du
DEA.
En revanche l’étude de la sensibilité aux divers paramètres a permis de mettre en avant la nécessité
d’accumuler plus d’informations avant de relancer un nouveau projet de modélisation. D’autres études
de terrain doivent permettre d’identifier avec plus de certitude les zones de recharge et leur
contribution dans le bilan hydrique (Chari, Bahr Erguig, Batha de Laïri, Harr).
La simple constatation d’un niveau piézométrique élevé ne permet pas de trancher entre une faible
diffusivité en condition d’infiltration moyenne ou une diffusivité moyenne mais avec une infiltration
très importante. Des études géochimiques complémentaires faisant suite aux études déjà menées au
moyen de radio-isotopes pourraient apporter la lumière sur le choix des hypothèses à privilégier. Il
serait par exemple intéressant de confirmer la présence de paléochenaux, au travers desquels les eaux
du Chari diffuseraient préférentiellement (Djoret 2000) et de savoir s’ils ont une réelle influence sur
l’hydrodynamique globale. Ces études permettraient d’apporter en plus d’une estimation des
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contributions des éléments rechargeants, des indices essentiels sur la répartitions des zones de plus ou
moins forte perméabilité.
C’est uniquement enrichie de ces nouvelles conditions que la modélisation hydrodynamique pourra
apporter une contribution à la connaissance du fonctionnement complexe de la dépression du Kouka.
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Modélisation hydrogéologique de la nappe quaternaire du bassin du lac Tchad - IRD 2001.
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