Kotchi2004 MemoireMaitrise
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Mémoire présenté
à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval
dans le cadre du programme de maîtrise en sciences géomatiques
pour l’obtention du grade de Maître ès Sciences (M.Sc.)
NOVEMBRE, 2004
Des mesures de température ont été effectuées en serre sur deux variétés de pomme de terre
avec le radiomètre imageur ThermaCAM SC 2000. Des mesures répétées ont été prises sur
des plants induits en stress hydrique et des plants témoins à plusieurs stades de
développement de la culture. L’étude a montré une détection hâtive du déficit hydrique par
thermographie infrarouge ainsi que l’influence du stress sur les variables biophysiques
(température foliaire, surface foliaire, photosynthèse et conductance stomatique) et le
rendement. La différence de température entre le couvert végétal et l’air (Tc – Ta) est
fortement corrélée au stress hydrique. Elle a été associée à la surface foliaire pour
développer l’Indice de Stress Hydrique Surfacique (ISHS). Les résultats obtenus avec
l’ISHS pour la détection du stress hydrique sont très encourageants.
ii
Abstract
Water stress affect the yield and the crop quality. For more than twenty years, remote
sensing allowed several tools developments to assess water stress detection using sensors
and model such as Crop Water Stress Index (CWSI). Sparse crop can generate error in the
interpretation of this index. The use of an imaging-radiometer combined to a high spatial
resolution visible image help to remove this weakness. This study present a new water
stress index based in the use of infrared thermography.
A first dataset was taken from greenhouse experimental set up on potatoes species (Highlite
and Chieftain) using an hand-held imaging-radiometer (ThermaCAM SC 2000). Repeated
measurements were made for water-stress induced plants and for well irrigated plants at
different growing stages. The study showed that an early detection of water deficit by
infrared thermography is possible as well as the detection of the significant response of
plant to heat stress and leaf area change based on water stress intensity. Temperature
differences between crop canopy and air (Tc - Ta) are strongly correlated with the water
stress. The study has permitted the development of a new index named Area Water Stress
Index (AWSI) and the results obtained with this index for water stress detection are very
encouraging.
Avant-Propos
Ce mémoire n’aurait pas pu être effectué sans le Programme Canadien de Bourses de la
Francophonie (PCBF) de l’Agence Canadienne de Développement International (ACDI). Je
remercie l’agence d’exécution du PCBF, le Cégep Saint-Jean-Sur-Richelieu, pour l’accueil
et le suivi qui m’a été offert durant tout mon séjour académique au Québec.
Merci à Jae-Dong Jang et à Simon Roy pour leur apport dans la programmation du
traitement des thermographies sous les logiciels FORTRAN et MATLAB. Sans toi le plan
d’expérience qui a sous-tendu les travaux en serre aurait été « tout croche », sans toi
plusieurs des aspects agronomiques reliés à ce travail m’auraient échappés, sans toi les
corrections de ce mémoire n’auraient pas été complètes, reçois toute ma reconnaissance et
toute ma sympathie Marie-Christine Bélanger! Je tiens également à vous dire merci, Marie-
Amélie et Ludovic, pour votre support lors de la collecte des données en serre. Vous avez
pris du temps pour réviser la grammaire et l’orthographe de ce mémoire, Jude et Sandrine,
recevez toute ma sympathie!
Un grand merci à mon directeur de recherche, le Docteur Alain A. Viau. Merci Alain pour
tes judicieux conseils et ta disponibilité tout au long de mon programme de maîtrise.
À tous ceux et toutes celles qui, de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de cette
étude, je vous prie de recevoir mes sincères remerciements!
« À la mémoire de mon père et
aux sacrifices inoubliables de ma mère »
Table des matières
Résumé ...............................................................................................................i
Abstract .............................................................................................................ii
Introduction ......................................................................................................1
Bibliographie...................................................................................................96
Figure 32: Relation entre la température du corps noir et sa température moyenne mesurée
par la caméra infrarouge. ..............................................................................................56
Figure 33 : Analyse de variance pour mesures répétées avec la procédure GLM de SAS...58
Figure 34: Détection précoce de plants en stress hydrique par thermographie infrarouge...60
Figure 35: Variation de la température du couvert végétal des plants témoins et des plants
induits en stress aux différents stades d'induction du stress hydrique (les flèches
représentent des moments d’irrigation des plants témoins)..........................................61
Figure 36: Évolution du potentiel hydrique du sol des plants témoins et des plants induits en
stress hydrique au stade d'initiation des tubercules. .....................................................64
Figure 37: Variation de la température du sol (Tsol) et de la température foliaire (Tc) des
plants témoins et des plants induits en stress................................................................65
Figure 38: Mise en évidence de la température du sol sur la thermographie. ......................65
Figure 39: Évolution comparée de la photosynthèse des plants témoins et des plants induits
en stress au développement des feuilles et à l’initiation des tubercules. ......................66
Figure 40: Évolution comparée de la conductance stomatique des plants témoins et des
plants induits en stress au développement des feuilles et à l’initiation des tubercules.67
Figure 41: Relation entre la conductance stomatique, la photosynthèse et la température
foliaire...........................................................................................................................68
Figure 42: Évolution comparée du taux de chlorophylle des plants témoins et des plants
induits en stress au développement des feuilles et à l’initiation des tubercules. ..........69
Figure 43: Évolution de la surface foliaire des plants témoins et des plants induits en stress
aux stades de développement des feuilles et d’initiation des tubercules. .....................70
Figure 44: Baisse de la surface foliaire avec la sévérité du stress hydrique observable par
thermographie. ..............................................................................................................70
Figure 45: Baisse de la surface foliaire des plants sous stress et des plants témoins au cours
du stress floraison. ........................................................................................................71
Figure 46 : Impact du déficit hydrique sur le rendement aux différents stades phénologiques
d'induction du stress (% par rapport à la masse totale des tubercules frais).................73
Figure 47: Découpage et rééchantillonnage de l'image visible pour permettre sa
superposition à la thermographie..................................................................................74
Figure 48: Variation de la signature spectrale de la végétation selon le LAI et différents
niveaux de stress hydriques. .........................................................................................74
Figure 49: Variation de la signature spectrale du couvert végétal au cours du stress
développement des feuilles...........................................................................................75
Figure 50: Variation de la signature spectrale du couvert dans le bleu, le vert et le rouge
durant le stress développement des feuilles..................................................................76
Figure 51: Identification de la végétation sur une image visible à partir de ses propriétés
spectrales.......................................................................................................................77
Figure 52 : Procédure de différenciation du sol et de la végétation sur les thermographies.
a) Image visible découpée et rééchantillonnée. b) Identification de la végétation sur a)
à travers sa signature spectrale. c) Création du masque de la végétation. d) Application
du masque sur la thermographie. e) Couvert végétal isolé sur la thermographie. ........77
Figure 53 : Thermographies d'un couvert sous différents angles de visée (les angles sont
mesurés par rapport à la verticale)................................................................................79
Figure 54 : Variation de la température de plants témoins et de plants induits en stress sous
différents angles de visée..............................................................................................79
xi
Figure 1: Répartition des terres irriguées au Canada vers la fin des années 90.
Atlas du Canada (2004).
Les surfaces d’eau sur le globe sont largement supérieures à la superficie des terres
émergées. Cependant, moins de 1% de l’eau disponible est utile à la consommation
humaine. Deux tiers des eaux en provenance des cours d’eau, des lacs et des couches
aquifères sert à l’irrigation. Aujourd’hui, l’agriculture irriguée est le premier consommateur
d’une ressource dont la qualité et la disponibilité se hissent au centre des débats
internationaux.
4
Les intrants deviennent de plus en plus chers, les ressources en eau de moins en moins
disponibles et les coûts d’irrigation de plus en plus élevés. Comment produire davantage de
manière durable avec moins d’eau ? il est donc nécessaire que des méthodes et des outils
soient proposés afin de réduire la consommation en eau de l’agriculture irriguée ainsi que
ses impacts sur l’environnement, tout en maintenant la sécurité alimentaire des populations.
D’où l’importance d’appliquer les doses requises pour les cultures aux bons moments et
aux bons endroits. Cette solution est prise en compte par les pratiques récentes de
l’agriculture de précision (Seelan et al., 2003).
changements, dans le cas d’un manque d’eau, sont induits par une perturbation du cycle de
l’eau au niveau de la plante.
1
Dans cette étude, la télédétection est prise au sens propre du terme. C’est à dire l’ensemble des
connaissances et techniques utilisées pour déterminer des caractéristiques physiques et biologiques d'objets
par des mesures effectuées à distance, sans contact matériel avec ceux-ci (Office québécois de la langue
française, 2004).
7
Surface foliaire
LAI = Équation 1
Surface au sol
8
Variables
VIS, PIR PIR, MIR IRT MOA MOP
biophysiques
Vegetation Condition Index, (Kogan, 1995)) conçu pour estimer le stress hydrique est
entièrement basé sur le NDVI (Équation 2).
NDVI − NDVImin
VCI = × 100 Équation 2
NDVImax − NDVImin
NDVImin et NDVImax = minimum et maximum du NDVI mesurés sur une période spécifique de 10 jours sur
plusieurs années.
NDVI = valeurs respectives du NDVI sur les périodes de 10 jours.
Indices Références
Sans compensation
PIR
VIN =
R
Person et Miller, 1972
PIR − R
NDVI =
PIR + R
Rouse et al., 1974
PIR − R
SAVI = (1 + L ) Huete, 1988
PIR + R + L
PIR − R
OSAVI =
PIR + R + Y
Rondeaux, Steven et Baret, 1996
PIR − BR − A
GESAVI =
R+Z
Gilabert et al., 2002
(détection hâtive avec la fermeture des stomates). La température foliaire étant d’une part
directement associée au bilan hydrique, et d’autres part mesurable par radiométrie, elle a
donné lieu au développement de plusieurs indices spectraux dans l’infrarouge thermique.
Figure 5: Déplacement du maximum d'émission vers les courtes longueurs d'onde des corps
de plus en plus chaud.
Adapté de Flir Systems (2000).
λ =∞
2πhc 2
Mb = ∫ ⎛ hc ⎞ dλ = σT 4 Équation 5
λ =0 5 ⎜ λkT
λ e − 1⎟
⎜ ⎟
⎝ ⎠
Mb = Exitance du corps noir (W.m-2)
c = Vitesse de la lumière : 3x108 m.s-1
h = Constante de Planck : 6.63x10-34 Js
k = Constante de Boltzmann : 1.38x10-23 J.K-1
T = Température absolue du corps noir (K)
λ = Longueur d’onde (m)
σ = constante de Stefan-Boltzmann : 5,67032.10-8 W.m-2.K-4
13
M = εσT 4 Équation 6
ε= M Équation 7
MCN
ε = émissivité du corps
M = exitance du corps
MCN = exitance du corps noir équivalent
La plupart des surfaces naturelles, tout comme les végétaux, ont leur maximum d’émission
dans l’IRT. Étant donné que la température des feuilles est directement reliée à l’état
hydrique de la plante, plusieurs indices spectraux ont été développés dans l’IRT pour la
détection du stress hydrique. Ces indices font appel à la température radiométrique mesurée
par télédétection.
Lorsque les besoins en eau de la culture sont suffisamment comblés, la valeur de TSD
avoisine 0. Pour des valeurs de TSD supérieures à 0, l’alerte de l’irrigation est donnée.
n
SDD = ∑ (Tc − Ta )i Équation 10
i =1
Tc = Température du couvert végétal mesurée environ 1 heure après le midi solaire (°C)
Ta = Température de l’air mesurée à 1,50 m au-dessus du sol (°C)
n = Jour n
Ts max − Ts
TCI = × 100 Équation 11
Ts max − Ts min
σ = Écart-type
Tc = Température du couvert végétal (°C)
Lorsque la valeur du CTV excède 0.7, le couvert est considéré en stress hydrique. L’un des
avantages de l’indice CTV est qu’il ne nécessite pas la mesure de la température de l’air, et
peut être calculé avec des valeurs de Tc acquises à partir de capteurs IRT aéroportés sans
correction atmosphérique (Moran, 2000).
Les facteurs environnementaux constituant un frein à ces premiers indices précités, des
modèles plus complexes, alliant la mesure de la température de surface par des capteurs
IRT et la physique de l’évapotranspiration, ont été élaborés. Parmi ceux-ci, citons le Crop
Water Stress Index (Wiegand et al., 1983) et le Water Deficit Index (WDI, (Moran et al.,
1994)) qui sont bien connus.
γ ⎛⎜ 1 +
rc ⎞
⎟
(Tc − Ta ) = raCRn ⎝ ra ⎠
− VPD Équation 13
∆ + γ ⎜ 1 + ⎟ ∆ + γ ⎛⎜ 1 + c ⎞⎟
⎛
c rc ⎞ r
⎝ ra ⎠ ⎝ ra ⎠
γ ⎜⎛ 1 +
rc ⎞
−γ *
λ Er ⎝ ra ⎟⎠
CWSI _ J = 1 − = Équation 14
λE p
∆ + γ ⎛⎜ 1 + c ⎞⎟
r
⎝ ra ⎠
Un modèle empirique du CWSI a été développé par Idso (Équation 15). Son calcul fait
appel à deux lignes de base : la ligne de base « non-stressée », qui représente les plants dont
l’apport en eau n’est pas limité, et la ligne de base « du maximum de stress », qui
représente les plants soumis à un déficit hydrique extrême (Figure 6). Le calcul de la ligne
de base fait appel à la relation linéaire qui existe entre (Tc - Ta) et le VPD dans des
conditions d’apports en eau maximales. Plusieurs études expérimentales (Idso, 1982; Jones,
1999) ont montré que la ligne de base « non-stressée » peut varier selon le type de culture
et les conditions agroclimatiques dans lesquelles celle-ci évolue.
18
CWSI _ I = 1 −
λEr = (Tc − Ta )l − (Tc − Ta )r Équation 15
λE p (Tc − Ta )l − (Tc − Ta )u
γ ⎛⎜ 1 +
rcl ⎞
rR ⎝ ra ⎟⎠
(Tc − Ta )l = a n − VPD Équation 16
∆ + γ ⎛⎜ 1 + cl ⎞⎟ ∆ + γ ⎛⎜ 1 + cl ⎞⎟
Cv r r
⎝ ra ⎠ ⎝ ra ⎠
Où rcl = rcp
γ ⎛⎜ 1 +
rcu ⎞
raRn ⎝ ra ⎟⎠
(Tc − Ta )u = − VPD Équation 17
∆ + γ ⎛⎜ 1 + cu ⎞⎟ ∆ + γ ⎛⎜ 1 + cu ⎞⎟
Cv r r
⎝ r a ⎠ ⎝ ra ⎠
rcu = résistance du couvert associée à une fermeture presque complète des stomates.
L’utilisation du CWSI a obtenu un succès assez considérable aux États-Unis (Luquet, 2002)
et a conduit à la commercialisation d’instruments de mesures du CWSI au champ. C’est le
cas du radiothermomètre Everest Interscience Model 100.3ZL (Everest Interscience Inc.,
19
AZ, USA). Un des avantages du CWSI est sa relation avec le rendement de la culture. En
effet, le CWSI est négativement corrélé au rendement. Son application à l’échelle locale et
régionale est cependant entravée par la difficulté de mesurer la température des couverts
hétérogènes. La plupart des capteurs infrarouges au sol, aéroportés ou satellitaires mesurent
une température composite du sol et de la végétation (Figure 7). Quand la végétation est
clairsemée, la température du sol domine la température de surface mesurée par le capteur
IRT et biaise l’interprétation du CWSI. À cet effet, Jackson et al. (1983) cités par Moran et
al. (1994), ont émis cet avertissement : « il est important que le sol n’apparaisse pas dans le
champ de vue du thermomètre infrarouge. La température du sol peut être grandement
différente de celle de la végétation et sa présence dans la mesure peut entraîner des erreurs
importantes dans le CWSI ». Selon Moran et al. (1994), une approche de solution serait de
combiner aux mesures de thermographie infrarouge des indices de végétation pour corriger
la fraction de sol visible par le capteur, ou de circonscrire les mesures IRT à l’échelle de la
feuille.
1 + rcp ⎞
γ ⎛⎜
ra ( Rn − G ) ⎝ ra ⎟⎠
(Ts − Ta )1 = ×
1 + rcp ⎞
− VPD Équation 18
Cv
∆ + γ ⎛⎜ ⎛ 1 + rcp ⎞
⎟ ∆ + γ ⎜ ra ⎟
⎝ ra ⎠ ⎝ ⎠
Ts = Température de surface (°C)
G = Flux de chaleur dans le sol (Wm-2)
Cv = Capacité volumique de l’air (J °C-1m-3)
(Ts − Ta )2 =
ra ( Rn − G )
×
(
γ 1 + rcx
ra )
− VPD Équation 19
Cv ∆ +γ 1 +
(
rcx
ra ) (
∆ + γ 1 + rcx
ra )
rcx = Résistance de couvert maximale.
ra ( Rn − G ) γ
(Ts − Ta )3 = × − VPD Équation 20
Cv ( ∆ + γ ) (∆ + γ )
ra ( Rn − G )
(Ts − Ta )4 = Cv
Équation 21
21
Graphiquement, la valeur de l’indice WDI est définie par le rapport de distances AC/AB :
AC
WDI = Équation 23
AB
WDI = 1 −
λ Er
Équation 24
λEp
Dans les régions arides et semi-arides, la thermométrie infrarouge est un bon indicateur du
stress hydrique des végétaux, cependant elle est confrontée à une sévère limitation en
climat humide et pour des régions soumises à de fortes variations climatiques (Hipps et al.,
1985). En plus de la dimension temporelle et des contraintes météorologiques, le WDI
présente des faiblesses dans le cas de couverts fortement hétérogènes où les effets
d’ombrage peuvent être déterminant dans la caractérisation de la température de surface
(Luquet et al., 2004).
Les limites constatées avec les indicateurs de stress ont conduit au développement de
méthodes 3D qui offrent la possibilité d’étudier la représentativité de l’information
thermique au niveau de la feuille, de la plante et du couvert. Ces approches 3D ont été
développées afin de mieux considérer la complexité des échanges thermiques au sein du
système SVAT (sol-végétation-atmosphère), pour une meilleure évaluation de l’intensité du
stress subi par la culture, sa représentativité dans le couvert et sa signification en terme de
réduction de la transpiration (Luquet et al., 2001; Luquet, 2002). Cependant si cette
méthode s’avère réaliste, elle pose le problème de lourdeur des mesures architecturales
couplées à une digitalisation 3D, qui demande un équipement onéreux et un personnel
qualifié (Luquet, 2002).
1.7.1 Principe
L’Association Française de Normalisation (AFNOR), dans sa norme expérimentale A 09-
400, définit la thermographie comme une « technique permettant d’obtenir, au moyen d’un
appareillage appropié, l’image thermique d’une scène thermique dans un domaine spectral
23
1.7.2 Applications
Les premiers appareils militaires pour la visualisation du rayonnement thermique virent le
jour aux États-Unis, à la fin des années cinquante. Près de dix ans plus tard, les premiers
équipements industriels de mesure étaient conçus et réalisés par la société suédoise AGA
Infrared Systems. Ces appareils furent immédiatement adoptés par le monde médical,
surtout à des fins de détection et de suivi de tumeurs cancéreuses. Aujourd’hui la
thermographie infrarouge connaît de nombreuses applications (Figure 11) dans les
industries du bâtiment, de l’électricité et de la pétrochimie, pour la détection des fuites, le
contrôle de la pollution pétrolière, la surveillance des incendies, l’analyse météorologique,
géographique ou médicale. Elle fait l’objet de plusieurs travaux de recherche dans le milieu
agricole principalement pour la détection du stress hydrique et le suivi de l’irrigation
(Luquet et al., 2003; Chaerle et Straeten, 2001).
25
1.7.3 Limitations
La radiation mesurée par les caméras de thermographie infrarouge n’est pas seulement
dépendante de la température de l’objet, elle est aussi fonction de l’émissivité (§1.5.1.4 et
§3.3.5.2.3). La radiation de l’objet est influencée par la radiation réfléchie et l’interaction
du rayonnement avec l’atmosphère (Figure 12). La radiation réfléchie est la radiation
incidente sur l’objet, émise par d’autres sources dans son environnement et réfléchie par
celui-ci. L’interaction avec l’atmosphère se situe à trois niveaux (Caniou, 1991) :
26
Pour des surfaces très réfléchissantes, l’émission due à la réflexion devient très importante ;
aucune mesure par thermographie n’est alors possible, l’émission propre devenant
pratiquement nulle (Gaussorgues, 1999). La détection par thermographie devient également
difficile lorsque la température de l’objet est très proche de celle du milieu ambiant.
Williams (1988) a modélisé la radiation mesurée par la caméra de thermographie infrarouge
selon trois sources d’émission influençant la mesure (Équation 25).
S = Sc + Sr + Sat Équation 25
La pomme de terre est l’une des plus importantes et des plus populaires cultures à travers le
monde ( Kashyap et Panda, 2003), elle est cultivée dans quelques 130 pays. La production
mondiale actuelle est d’environ 311 millions de tonnes de tubercules frais pour une
superficie cultivée de 19.2 millions d’hectares (FAO, 2004). Elle est la plus importante
culture légumière au Canada. Au cours de l’année 2000, elle y a généré 33% des revenus de
toutes les récoltes agricoles, soit 670 millions de dollars (AAC, 2000). Dans beaucoup de
régions du monde, on assiste à une augmentation des superficies irriguées. Il existe des
possibilités considérables d’accroissement de la superficie cultivée et de la productivité
dans de nombreux pays en développement, en particulier ceux des climats chauds (CIP,
1999). Selon le CIP (1999), la production de pomme de terre dans les pays en
développement est en expansion depuis la fin des années 1990 : augmentation de 4.5% de
la production annuelle de tubercules et de 2.4% de la superficie ensemencée. Elle est
accompagnée d’une baisse du taux de croissance des superficies en maïs, en blé et en riz,
particulièrement en Asie. L’augmentation des zones irriguées est le principal facteur de
cette expansion.
La formation du tubercule est optimale lorsque la température est inférieure à 18°C et que
les jours sont courts (12 h). Au contraire, le développement de l'appareil végétatif est
favorisé par des températures élevées (> 25°C) et des jours longs (entre 14 h et 18 h). Le
plant de pomme de terre se caractérise par un système racinaire superficiel et il est sensible
aux températures élevées.
32
2002 (30 à 40% ) dans la production de la pomme de terre (Thibault, 2003). Cependant,
l’irrigation de la pomme de terre requiert des coûts élevés et des quantités d’eau
importantes. Ses besoins en eau varient au cours du cycle végétatif et aussi en fonction de
la date de maturité du cultivar, de la densité des plants, de la capacité de rétention d’eau du
sol, des conditions climatiques, des pratiques culturales et du système racinaire. Ils sont
surtout importants au moment de l’initiation des tubercules car un stress hydrique se
manifestant à ce stade peut entraîner une réduction du nombre d’ébauches formées par
plante (Bernhards, 1998) et aussi engendrer des tubercules de moins bonne qualité (Stark
and Wright, 1985). Selon Tsé Bi (1999), les besoins en eau de la pomme de terre sont plus
importants aux phases d’émergence et de croissance des tubercules. Une étude a été menée
sur la réponse de la pomme de terre au stress hydrique sous sept traitements d’irrigation à
quatre stades de croissance ( Kashyap et Panda, 2003). Les résultats obtenus montrent
l’effet de la période d’induction du stress sur le rendement. Un stress hydrique survenant à
la maturation cause moins de pertes de rendement qu’un stress survenant plutôt dans le
développement ou au stade de la formation des tubercules. Selon leurs résultats, il semble
que la période de croissance la plus sensible au stress hydrique soit le début de
développement. L’étude indique également qu’un déficit d’irrigation à des stades de
croissance appropriés peut conduire à une meilleure utilisation de l’eau par la plante, sans
toutefois avoir de conséquences défavorables sur le rendement.
Le tubercule de la pomme de terre est constitué d’eau pour environ les trois quarts de son
poids. La hauteur des plants, la surface foliaire et le poids des tubercules frais sont
significativement réduits par la salinité et le manque d’eau (Heuer and Nadler, 1998). Le
manque d’eau peut réduire le volume du feuillage par la diminution ou l’arrêt de la
croissance des feuilles et aussi accélérer la sénescence des feuilles les plus basses. Il est
maintenant connu qu’une exposition précoce à la sécheresse, avant l’initiation des 2stolons
affecte le poids des tubercules (Heuer and Nadler, 1998). Selon le stade phénologique de la
pomme de terre, le déficit hydrique entraîne :
2
Extrémités renflées des tiges souterraines où se forment les tubercules.
34
- une accélération des effets néfastes des ravageurs comme le verticillium et les
nématodes,
- une non uniformité de la maturité des tubercules,
- une perte de qualité (galles, fente de croissance, cœur creux, etc).
Un excès d’eau limite, quant à lui, le développement des racines et retarde la maturité. Il
peut causer le pourrissement des plants ou des tubercules-fils. La production de pommes de
terre sous irrigation est en forte expansion dans l'Ouest canadien. Les producteurs
appliquent des engrais et des pesticides afin d'obtenir des rendements élevés. Toutefois, le
lessivage de ces produits dans l'eau souterraine est souvent considéré comme le plus grand
risque de la culture sous irrigation, particulièrement lorsque la conduite des cultures n’est
pas effectuée adéquatement ( AAC, 2004).
SERRE
VARIÉTÉ 1 VARIÉTÉ 2
Tableau 3 : Dates d’arrêt de l’apport en eau des plants induits en stress hydrique.
Stade de croissance Application de la contrainte hydrique
Arrêt de l’apport en eau
Développement des feuilles 05 mars 2003
Initiation de tubérisation 18 mars 2003
Floraison 10 avril 2003
Fructification 22 avril 2003
Tableau 4 : Les variables des conditions d’état du système SVAT et leur acquisition.
Variable d’état
Appareil de mesure Période ou date Vocation de la
mesurée
utilisé d’acquisition variable
Connaissance des
Température de Station
conditions
l’air. météorologique Li- Continue
atmosphériques.
ATMOSPHÈRE
COR
Humidité Station
relative de l’air. météorologique Li- Continue "
COR
Station Connaissance des
Éclairement
météorologique Li- continue conditions
COR atmosphériques.
Caractéristiques
Réflectance des Pendant
Spectroradiomètre spectrales de la
feuilles. l’acquisition des
ASD végétation.
thermographies.
Activité
Photosynthèse.
LI-6400 " physiologique.
Teneur en Activité
SPAD "
chlorophylle physiologique.
ThermaCAM SC Mesurer la croissance
Phénologie
2000 " des plants.
Caméra visible
Surface foliaire.
LI-3000 " Croissance des plants.
Température Radiothermomètre Tous les deux
radiométrique ThermaCAM SC jours après l’arrêt
"
(thermographie). 2000 de l’apport en eau
Humidité du sol
Pendant
(potentiel Conditions hydriques
Tensiomètre l’acquisition des
hydrique du sol). du sol.
thermographies.
SOL
Température du Station
Conditions thermiques
sol. météorologique Li- Continue
du sol.
COR
39
traitement (Figure 18). La lecture de l’humidité du sol est effectuée simultanément avec les
mesures de thermographie infrarouge. Au-delà de la connaissance de l’humidité du sol, la
lecture des tensiomètres a permis de gérer l’irrigation en fonction des traitements.
de la température foliaire ainsi que le déficit de pression de vapeur basé sur la température
foliaire.
SPAD = k × log10 ⎛⎜ t
IR / IRo ⎞
⎟ Équation 26
⎝ Rt / Ro ⎠
La détermination de la surface foliaire a été effectuée par des mesures directes à l’aide
d’un LI-3000A (LICOR inc., NE, USA) (Figure 21). Celui-ci mesure la géométrie des
feuilles (surface, longueur, largeur) avec une résolution de 1 mm2.
communément appelé ASD (Figure 22). Cet appareil portable mesure la réflectance dans la
bande spectrale 350-2500 nm, permettant ainsi une couverture du spectre visible, proche
infrarouge et infrarouge moyen. Ce qui permet de nombreuses applications en milieu
végétal. L’apport principal de ces mesures de réflectance est d’étudier la variation de la
signature spectrale du couvert végétal dans le visible, à différents niveaux de carence
hydrique. Cette signature va servir à distinguer la végétation par rapport au sol sur les
thermographies (§4.2). La combinaison des données thermiques et des données visibles a
été souvent effectuée pour les études de bilans énergétique et hydrique à la surface terrestre
(Bonn and Escadafal, 1996).
Figure 25: Émissivité de l'eau dans l'infrarouge thermique à différents angles d'observation.
Gaussorgues (1999).
température de l’air. Ce qui n’a pas été le cas dans la majorité des mesures que nous avons
effectuées.
Ts ∆ε
∆Ts ≈ × Équation 27
4 ε
Ts = Température de la surface (°C)
ε = émissivité
∆ε = Incertitude sur l’émissivité
∆Ts = Incertitude sur la température de surface (°C)
Considérant l’intervalle [0.95, 0.99] et la valeur d’émissivité ε = 0.98, une incertitude
∆ε = ± 0.03 entraînerait pour des températures de couvert végétal inférieures à 25°C, une
erreur maximale ∆Ts = 0.2°C. Cette incertitude induite par la valeur de l’émissivité
choisie demeure inférieure à la précision absolue de la caméra infrarouge (±2 °C). Cette
valeur (0.98) a donc été retenue pour l’ensemble des mesures de thermographie infrarouge.
caméra, la radiation est absorbée (absorption par les particules atmosphériques). De plus la
transmittance diminue avec la distance. Dans de très courtes distances, la variation de la
distance influence très peu la mesure de la température. Dans cette étude la distance de
visée a varié entre 0.80 m (soit une résolution spatiale de 1.0 × 1.0 mm) et 1.30 m.
Ces questions visent à atteindre l’hypothèse 5 (§2.2) de notre étude. Pour y répondre, des
mesures de thermographies ont été effectuées sur un couvert mixte de quatre plants, dont
50
deux plants témoins et deux plants induits en stress, à partir de six angles de visée différents
(§4.3).
Figure 27 : Cartographie des indices avec MatLab. (a) : thermographie, (b): algorithme, (c):
carte d’indice.
l’incertitude sur le produit final qu’est la carte d’indice. Nous allons utiliser les indices CT
et (Tc – Ta) comme support pour mener cette étude.
σ ( thermo )
σ ( thermomoy ) = = ±2 Équation 28
30 30
Soit ±0.365 °C.
52
Nous avons une meilleure précision sur l’indice CT. D’autre part la variabilité observée sur
la thermographie du couvert végétal conduit à un écart type sur la température moyenne
calculée. Cet écart type n’est rien d’autre que l’indice CTV.
La température de l’air utilisée est une température instantanée mesurée par la station
météorologique au moment de la mesure des thermographies. Elle est mesurée avec une
précision de σ (Ta ) = ±0.5 °C, d’où :
La méthodologie permet ainsi d’obtenir une carte de l’indice (Tc – Ta) auquel est associée
une précision de ±0.6 °C à chaque valeur de pixel.
53
Avec le contrôleur du corps noir, nous avons fait varier la température de l’émetteur de
16.0 à 25.0 °C avec un pas de 0.2 °C entre 16.0 et 20.0 °C et un pas de 0.5 °C entre 20.0 et
25.0 °C. Les températures fixées sont demeurées stables jusqu’à ce qu’on les change. À
chaque température du corps noir une séquence de thermographies (Figure 30) est observée
avec un pas de temps de 1 seconde entre les thermographies. La séquence minimum est de
11 thermographies et le maximum de 212 thermographies (avec TCN = 16.0 °C ). Cette
dernière a permis d’étudier la variation de la thermographie du corps noir (Figure 31), en
considérant que cette variation peut être influencée par la variation des conditions
environnementales et l’incertitude instrumentale associée à la caméra infrarouge et au corps
noir. L’écart type sur la température moyenne de la surface de l’émetteur du corps noir
observé par thermographie est demeurée constant, soit ±0.1 °C pour toutes les observations.
Cet écart type est supérieur à la stabilité et à l’uniformité en température de l’émetteur du
corps noir, cependant il est proche de la sensibilité thermique de la caméra (±0.07 °C). La
courbe de variation montre que la majeure partie des températures observées oscille entre
15.6 et 15.7 °C, une seule valeur est à 15.5 °C. Ainsi, durant ces 3 minutes 21 secondes, la
variation maximum de la température a été de 0.2 °C. Cette valeur est supérieure à la
précision instrumentale du corps noir (±0.05 °C) et à la sensibilité thermique de la caméra
infrarouge (±0.07 °C), par contre elle est inférieure à la précision absolue de celle-ci (±2
°C). Elle témoigne ainsi que la caméra infrarouge est fiable pour suivre la variation spatiale
et temporelle de la température de certaines surfaces comme celle des feuilles (Prytz et al.,
2003).
15.75
15.7
15.6 5
15.6
15.55
15.5
15.4 5
15:0 2 :3 6 15:0 4 :0 2 15:0 5:2 8
t e mp s ( he ure )
Figure 31: Variation de la température moyenne de la surface du corps noir observée par
thermographie durant 212 secondes avec un pas de temps de 1 seconde (avec une
température du corps noir portée à 16 °C).
Ce résultat est appuyé par l’analyse de régression, qui montre une forte relation entre les
deux températures (Figure 32). Le coefficient de détermination (R2 = 0.9996) de la droite
de régression est très élevée, ce qui nous permet d’utiliser ses coefficients comme
coefficients d’étalonnage (Équation 33).
25
21
19 y = 1.0406x - 0.3507
2
R = 0.9996
17
15
15 17 19 21 23 25
Température du corps noir mesurée par thermographie (°C)
Figure 32: Relation entre la température du corps noir et sa température moyenne mesurée
par la caméra infrarouge.
Les mesures d’étalonnage ont été effectuées une fois pour toute la durée des expériences,
du fait de la stabilité de la caméra infrarouge, de l’échelle de mesure et de l’environnement
de mesure, qui est demeuré relativement stable (mesures en serre). Cependant pour des
mesures à l’extérieur, il serait mieux d’effectuer l’étalonnage avant et après chaque
expérimentation, afin de prendre en compte les conditions environnementales parfois très
changeantes.
témoins et les plants induits en stress dans le calcul de ces indicateurs. La question est donc
de savoir si la différence observée est suffisante pour rejeter l’hypothèse que l’indicateur ne
mesure pas l’effet du déficit hydrique chez la plante. Pour vérifier cette hypothèse et mettre
à l’épreuve les indicateurs de stress hydrique, nous avons fait appel à une analyse de
variance sur mesures répétées pour chacun des stades de croissance étudié.
est considéré très significatif et un alpha de 0,10 significatif, alors que pour les mesures de
télédétection, la marge d’erreur acceptable est augmentée à 0,10 comme alpha très
significatif et 0,20 dans le cas d’un alpha significatif (Guénette, 2003).
Le critère de mise à l’épreuve des indicateurs est la date à laquelle ils mesurent une
différence significative entre les plants témoins et les plants sous stress depuis l’arrêt de
l’apport en eau des plants induits en stress. Le second critère est le seuil α auquel cette
différence est mesurée. Nous considérons les différences significatives lorsque α = 0.05 .
Cette procédure a été appliquée à différentes mesures effectuées dans la serre. Les résultats
obtenus sont décrits et analysés au chapitre 4. L’annexe 3 présente le programme que nous
avons rédigé pour effectuer l’ANOVA avec la procédure GLM de SAS.
Figure 33 : Analyse de variance pour mesures répétées avec la procédure GLM de SAS.
Chapitre 4 - Résultats et discussions
Les données de thermographie révèlent une distinction nette entre les plants induits en
stress hydrique et les plants témoins dès les premiers jours suivant l’arrêt de l’apport en eau
(Figure 34), alors que cette différence n’est pas encore observable sur les images visibles.
Cela confirme le potentiel de détection hâtive du stress hydrique par thermographie
infrarouge (Hypothèse 4).
60
Figure 34: Détection précoce de plants en stress hydrique par thermographie infrarouge.
Figure 35: Variation de la température du couvert végétal des plants témoins et des plants
induits en stress aux différents stades d'induction du stress hydrique (les flèches
représentent des moments d’irrigation des plants témoins).
Une ANOVA est effectuée sur les valeurs de Tc aux différents stades phénologiques
d’induction du stress hydrique afin de vérifier si les différences de température observées
entre les blocs, les variétés et les traitements sont significatives (Tableau 9). Après l’arrêt
de l’apport en eau des plants soumis au stress hydrique, l’ANOVA ne révèle pas une
différence significative constante de température entre les blocs aux stades de
développement des feuilles, d’initiation des tubercules et de floraison. Par contre au stade
de fructification, une différence significative constante apparaît entre les blocs à partir du
18 avril jusqu’au 22 avril. Cela montre que le positionnement spatial des plants dans la
serre au cours de ce stade influence la variation de Tc, il était donc justifié de procéder à
une telle disposition (Figure 15). Au niveau des variétés, à l’exception de quelques valeurs
isolées, on ne note pas de différences significatives constantes. Des différences
significatives de température apparaissent de façon constante entre les traitements après
l’arrêt de l’irrigation, à tous les stades de croissance où le stress a été induit. L’ANOVA
confirme ainsi qu’il y a une augmentation significative de la température foliaire des plants
62
induits en stress hydrique après l’arrêt de l’apport en eau. Aucune différence significative
de température n’est observée dans l’interaction entre variétés et traitements, cela conduit à
la conclusion que les deux variétés de pomme de terre réagissent de la même façon au
stress hydrique. Bien que l’ANOVA revèle une différence de température significative,
l’augmentation de la température des plants induits en stress hydrique est-elle seulement
dûe au manque d’eau? Pour répondre à cette interrogation, étudions la variation du potentiel
hydrique du sol ainsi que sa corrélation avec la température du couvert végétal (Tc).
Le potentiel hydrique du sol (PHS) est un indicateur de la quantité d’eau que contient celui-
ci. Plus le PHS est élevé, plus le sol contient d’eau. Par contre de faibles valeurs indiquent
un déficit d’eau dans le sol. La Figure 36 présente la variation du PHS des plants témoins et
des plants induits en stress au stade d’initiation des tubercules. La température du couvert
est superposée au graphique. Les histogrammes montrent que le PHS des plants sous stress
décroît (de -200 mb à -600 mb). Celui des plants témoins varie au rythme de l’irrigation
(minimum = -400 mb, maximum = -50 mb). Un apport en eau fait augmenter le PHS. Nous
pouvons constater que la température des plants est négativement corrélée avec le PHS (r =
-0.54). Plusieurs études ont établi une relation directe entre la température des feuilles et
l’eau disponible dans le sol (Moran et al., 1994; Idso et al., 1978). Le Tableau 10 présente
une relation linéaire entre le PHS et la température foliaire. La corrélation est plus forte au
stade de la floraison (r = -0.97). L’eau disponible dans le sol apparaît ainsi comme un
facteur majeur dans la variation de la température foliaire (Hypothèse 1), d’où la possibilité
d’accéder au statut hydrique de la plante par celle-ci. Cependant la teneur en eau des
feuilles, qui commande la température foliaire, n’est pas seulement liée à la disponibilité de
l’eau dans le sol, mais dépend également de la demande évaporative de l’atmosphère
(Bariou et al., 1985b; Patel et al., 2001), traduite par le déficit de pression de vapeur de l’air
(DPV). La demande atmosphérique peut faire apparaître un stress hydrique passager qui
apparaît principalement lorsque le sol est humide (Carlson et al., 1991). Cela se produit du
fait que la demande atmosphérique excède la capacité de la plante à s’approvisionner en
eau depuis les racines. Ce stress se manifeste par l’apparition d’un plateau de transpiration
à midi, associé à une augmentation de la température foliaire et au flux de chaleur sensible
(Annexe 1). D’autres parts le déficit de pression de vapeur des feuilles, les maladies des
feuilles et des racines, le stress minéral tel que le déficit en azote et la salinité sont des
conditions qui peuvent faire varier la température des feuilles. Ainsi, en dehors du stress
hydrique d’autres applications potentielles s’ouvrent à l’utilisation de la thermométrie
infrarouge en agriculture (Penuelas et al., 1992). La Figure 11e de la section §1.7.2 en est
un exemple.
64
0 22
Tc (°C)
(mb)
19
-400
18
-500
-600 17
-700 16
25-mars 27-mars 29-mars 31-mars 02-avr
Jours après l'arrêt de l'apport en eau
Figure 36: Évolution du potentiel hydrique du sol des plants témoins et des plants induits en
stress hydrique au stade d'initiation des tubercules.
Tableau 10: Corrélation entre la température du couvert (Tc) et le potentiel hydrique du sol
à différents stades d'induction .du stress
Stades d’induction Coefficients de
du stress hydrique corrélation (r)
Initiation des
-0.50
tubercules
Floraison -0.97
Fructification -0.80
La température du sol des plants sous stress demeure en moyenne, légèrement au-dessus de
celle des plants témoins (Figure 37). Les différences observées sont très peu significatives.
La Figure 37 montre également que la température du couvert végétal est constamment en
dessous de la température du sol, ce qui est également démontré sur la thermographie de la
Figure 38. D’où l’importance de différencier le sol et la végétation sur les thermographies
pour éviter de surestimer la température moyenne du couvert végétal (Luquet, 2002; Luquet
et al., 2003). Le fait que la température du sol soit supérieure à celle des feuilles induit
probablement un flux de chaleur du sol vers le feuillage. Cela Justifie ainsi les méthodes
d’estimation du statut hydrique de la végétation par approche du bilan d’énergie (Annexe 1)
65
Figure 37: Variation de la température du sol (Tsol) et de la température foliaire (Tc) des
plants témoins et des plants induits en stress.
4.1.2 La photosynthèse
La photosynthèse est le processus physiologique par lequel la plante effectue la synthèse
des substances organiques à partir du CO2 de l’air, de l’eau et de l’énergie lumineuse
emmagasinée par la chlorophylle. Après l’arrêt de l’irrigation, le taux de photosynthèse des
plants induits en stress diminue, tandis que celui des plants témoins varie avec l’irrigation
(Figure 39). Au stade de développement des feuilles, une différence nette apparaît dans la
photosynthèse cinq jours après le début des mesures. Au stade d’initiation des tubercules,
cet écart net apparaît trois jours après le début des mesures. Cette variation de la
photosynthèse rappelle celle de la température. En provoquant la fermeture des stomates, le
déficit hydrique empêche les échanges gazeux, et donc une réduction de la photosynthèse
(Hypothèse 2) et de la production de biomasse (Prytz et al., 2003). La relation entre la
photosynthèse et la température foliaire est linéaire avec un coefficient de corrélation de r =
-0.77.
Figure 39: Évolution comparée de la photosynthèse des plants témoins et des plants induits
en stress au développement des feuilles et à l’initiation des tubercules.
l’initiation des tubercules. Cette variation suit sensiblement celle de la photosynthèse, aux
mêmes stades. Étant un indicateur du niveau de transpiration, la conductance stomatique est
directement liée aux échanges gazeux, d’où sa forte corrélation avec la photosynthèse (r =
0.77). La variation de la conductance stomatique est dictée par l’ouverture et la fermeture
des stomates. Les plants induits en stress hydrique ont une conductance stomatique
inférieure à celle des plants témoins (Hypothèse 2), montrant ainsi une réduction de la
transpiration due au manque d’eau, d’où la relation entre Tc et la conductance stomatique (r
= -0.71). La température foliaire varie avec la transpiration foliaire, par conséquent c’est
une fonction de la conductance stomatique (Prytz et al., 2003). Ainsi Tc représente une
mesure fiable du degré d’ouverture des stomates. La Figure 41 montre que la température
de surface du couvert végétal est intimement liée aux paramètres physiologiques du végétal
que sont la photosynthèse et la conductance stomatique. La fermeture des stomates entraîne
une réduction de la conductance stomatique et de la photosynthèse, et une augmentation de
la température foliaire. Par conséquent la thermographie infrarouge s’avère être un procédé
efficace pour estimer ces variables
Figure 40: Évolution comparée de la conductance stomatique des plants témoins et des
plants induits en stress au développement des feuilles et à l’initiation des tubercules.
68
expériences n’affecte pas de façon significative la réflectance du couvert végétal dans ces
longueurs d’onde.
Figure 42: Évolution comparée du taux de chlorophylle des plants témoins et des plants
induits en stress au développement des feuilles et à l’initiation des tubercules.
Figure 43: Évolution de la surface foliaire des plants témoins et des plants induits en stress
aux stades de développement des feuilles et d’initiation des tubercules.
Figure 44: Baisse de la surface foliaire avec la sévérité du stress hydrique observable par
thermographie.
L’âge des plants a également une incidence sur la croissance foliaire. À partir du stade de la
floraison nous notons une réduction de la surface foliaire aussi bien chez les plants sous
stress que chez les plants témoins qui demeurent sous irrigation (Figure 45)
71
Figure 45: Baisse de la surface foliaire des plants sous stress et des plants témoins au cours
du stress floraison.
2003). Le rendement est plus faible pour les plants induits en stress au stade de
développement des feuilles, il représente 7% de la masse totale des tubercules frais (Figure
46), soit 77% de perte de rendement par rapport aux plants témoins. Cette perte de
rendement est variable selon le stade phénologique d’apparition du stress. Elle est plus
importante au développement des feuilles (Kashyap and Panda, 2003) et à l’initiation des
tubercules (Stark and Wright, 1985; Kashyap and Panda, 2003). Ce résultat est confirmé
par plusieurs auteurs qui mentionnent qu’une exposition de la pomme de terre au stress
hydrique avant l’initiation des stolons affecte de façon significative le poids des tubercules
(Heuer and Nadler, 1998). Le stress hydrique est ainsi source d’importantes pertes de
rendement lorsqu’il apparaît à des moments critiques du développement de la culture
(Kashyap and Panda, 2003; Thibault, 2003) (Hypothèse 3). Le rendement de la pomme de
terre demeure très sensible au stress hydrique, cependant un déficit d’irrigation à des stades
de croissance appropriés peut conduire à une meilleure efficience de l’utilisation de l’eau,
sans toutefois avoir une conséquence défavorable sur le rendement (Kashyap and Panda,
2003).
Tableau 11: Rendement des plants aux différents stades d’induction du stress hydrique.
Perte de
Pourcentage
Masse des rendement par
Nombre de par rapport à
Traitements tubercules rapport aux
plants la masse totale
frais (g) plants témoins
(%)
(%)
Stress
développement 10 291 7 77
des feuilles
Stress initiation
10 512 13 60
des tubercules
Stress floraison 10 843 21 34
Stress
10 1056 26 18
fructification
Plants témoins 10 1287 32 0
Total 50 3988 100
73
Stres s
développement
P lants témoins des feuilles
33% 7% Stres s initiation
des tubercules
13%
Stres s florais on
Stres s 21%
fructification
26%
Figure 46 : Impact du déficit hydrique sur le rendement aux différents stades phénologiques
d'induction du stress (% par rapport à la masse totale des tubercules frais).
Les mesures prises avec le spectroradiomètre ASD nous permettent d’étudier la variation de
la signature spectrale du couvert végétal entre 400 (bleu) et 1000 nanomètres (proche-
infrarouge). Cette signature est très peu variable dans le visible après l’arrêt de l’irrigation
(Figure 49). L’écart entre la signature des plants témoins et celle des plants induits en stress
au début et à la fin du stress développement des feuilles est presque nulle. Ce résultat est
également confirmé par l’Annexe 4 qui présente la variation de la signature spectrale des
plants témoins et des plants induits en stress à plusieurs stades d’induction du stress. Selon
75
Imanishi et al. (2004), l’effet du stress hydrique n’est pas marquant dans le visible. Nous
notons une faible variation de la signature spectrale dans le proche infrarouge (Figure 49).
Cela confirme les résultats obtenus avec le SPAD. De plus l’USWCL (2004) mentionne
que les données de réflectance ne sont pas efficaces pour une gestion en temps réel de
l’irrigation. Car une diminution significative de la concentration en chlorophylle n’apparaît
qu’après un stress hydrique sévère. Et en cas de stress prolongé, la plupart des végétaux
s’adapte en réduisant la surface foliaire, mais en maintenant les concentrations en
chlorophylle comme sous des conditions idéales de croissance. D’autre part l’un des
objectifs de cette étude est de pouvoir détecter le stress hydrique de façon précoce,
autrement dit avant que celui-ci n’entraîne des modifications de structure perceptibles à
l’œil humain.
Une caractéristique de la signature spectrale de la végétation dans le visible est son pic dans
le vert dû à la présence de la chlorophylle. La réflectance de la végétation est ainsi plus
élevée dans le vert que dans le bleu et le rouge. D’autre part la réflectance est plus forte
dans le rouge que dans le bleu. Ces faits nous conduisent à la propriété suivante qui
caractérise la végétation chlorophyllienne dans le visible :
Figure 50: Variation de la signature spectrale du couvert dans le bleu, le vert et le rouge
durant le stress développement des feuilles.
77
Figure 51: Identification de la végétation sur une image visible à partir de ses propriétés
spectrales.
Figure 53 : Thermographies d'un couvert sous différents angles de visée (les angles sont
mesurés par rapport à la verticale).
20
19
Température (°C)
18
17
16
15
14
0 10 20 30 40 50
Angle de visé e (°)
Finalement l’analyse de variance nous donne les angles de visée permettant une meilleure
discrimination des plants en stress (Figure 55). Ainsi tous les angles pris en compte, sauf la
visée à 30°, permettent une discrimination significative (en dessous du seuil de probabilité
de 5%) entre les plants de référence et les plants induits en stress. Cependant, les visées au
voisinage du nadir (~10°) offrent une meilleure discrimination (avec Pr < 1%), corroborant
ainsi l’Hypothèse 5. Une raison de plus pour acquérir des thermographies du couvert
végétal avec des visées au nadir.
80
20
Plants
15
Seuil à 5%
Pr (%)
Seui à 1%
10
0
0 10 20 30 40 50
Angle de visé e (°)
Cette analyse a montré que la détection des plants sous stress ne dépend pas de l’angle de
visée du radiomètre. Cependant les raisons pour lesquelles la visée à 30° n’offre pas une
discrimination significative entre les traitements restent encore obscures. Des travaux
supplémentaires méritent donc d’être effectués sur cet aspect des mesures radiométriques.
Figure 56: Variation des indices IRT aux différents stades phénologiques d’induction du
stress hydrique. DF : développement des feuilles, IT : Initiation des tubercules, Fl :
Floraison, Fr : Fructification.
82
Tableau 12: Probabilités (Pr) associées à une différence significative entre les plants
témoins et les plants induits en stress hydrique selon les indices IRT.
Stade
d'induction du Dates Tc - Ta CWSI SDD CTV
stress hydrique
2003-03-06 0.4903 0.5197 0.2612 0.7248
2003-03-07 0.4218 0.3995 0.3018 0.6268
2003-03-09 0.0499** 0.054* 0.4631 0.4191
Stress 2003-03-10 0.8115 0.7975 0.4602 0.5255
développement 2003-03-11 0.0051*** 0.0052*** 0.7592 0.5143
des feuilles 2003-03-12 0.0096*** 0.0113** 0.6874 0.9691
2003-03-14 0.0003*** 0.0004*** 0.0819* 0.9659
2003-03-17 0.0051*** 0.006*** 0.5364 0.0001***
2003-03-19 0.0017*** 0.0015*** 0.2592 0.8528
2003-03-25 0.5673 0.5211 0.5673 0.4253
Stress initiation 2003-03-27 0.0154** 0.0125** 0.0722* 0.1506
des tubercules 2003-04-01 0.0033*** 0.004*** 0.0032*** 0.0129**
2003-04-03 0.0001*** 0.0001*** 0.0001*** 0.0854*
2003-04-08 0.7401 0.7036 0.7401 0.5176
Stress floraison 2003-04-10 0.6664 0.6851 0.6257 0.6596
2003-04-15 0.002*** 0.0024*** 0.3557 0.2138
2003-04-17 0.2997 0.5162 0.5802 0.5443
Stress 2003-04-18 0.0003*** 0.0007*** 0.8928 0.0131**
fructification 2003-04-19 0.0051*** 0.0078*** 0.9127 0.9359
2003-04-22 0.0001*** 0.0001*** 0.8095 0.0017***
Les valeurs significatives inférieures au seuil d’erreur α = 0.05 sont en gras
* : Pr < 0.10, ** : Pr < 0.05, *** : Pr < 0.01.
La température de surface d’un couvert végétal desséché ou souffrant d’un déficit hydrique
va s’élever notablement au-dessus de la température de l’air, l’écart de température entre le
couvert végétal et l’air (Tc – Ta) devient ainsi un indicateur du statut hydrique de la plante
(Bariou et al., 1985b; Bonn and Escadafal, 1996; Guyot, 1996). Selon Carlson et al. (1991),
la différentielle de température (Tc – Ta) a l’avantage de réduire les effets de l’atmosphère
sur la température radiométrique du couvert. Pour une plante dont les besoins en eau sont
entièrement comblés, (Tc – Ta) ≤ 0, par contre si l’eau est insuffisante, (Tc – Ta) > 0 (Patel
et al., 2001). (Tc – Ta) > 1.5 °C est synonyme de baisse de rendement chez le mais (Irmak
83
et al., 2000). Les conditions environnementales peuvent faire varier (Tc – Ta), de même
que sa magnitude peut varier selon les conditions agrométéorologiques. Selon (Jackson,
1982) cité par (Penuelas et al., 1992), dans les régions arides la température du couvert peut
être inférieure à la température de l’air de plus de 10 °C. Par contre en zones humides les
écarts entre la température de la végétation et la température de l’air sont parfois très
faibles, même en situation de stress hydrique. Les valeurs limites de (Tc – Ta) relevées
dans cette étude sont (Tc – Ta)min = -7.0 °C et (Tc – Ta)max = +3.5 °C. L’écart (Tc – Ta) est
fortement sensible au stress hydrique, la Figure 56 montre que la courbe des plants témoins
demeurent constamment en dessous de celle des plants induits en stress les jours suivant
l’arrêt de l’irrigation. De même, l’ANOVA révèle une différence significative entre les
traitements après l’arrêt de l’irrigation à tous les stades d’induction du stress. De la
thermographie une carte d’indice peut être dérivée avec les valeurs de (Tc – Ta) (Figure
57). Appelons cette nouvelle thermographie une "indicographie" de l’indice (Tc – Ta).
L’indicographie de (Tc – Ta) indique clairement la zone de la culture devant être irriguée.
Elle montre un autre avantage de la thermographie : des produits diagnostiques peuvent en
être dérivés pour le suivi du statut hydrique de la culture. La sensibilité de (Tc – Ta) au
stress hydrique de la plante permet de mesurer l’intensité et la sévérité du stress à une date
donnée (Wiegand et al., 1983). Elle a conduit à son utilisation dans la définition de
plusieurs indices; la définition initiale de l’indice SDD (Stress Degree Day) destiné au suivi
de l’irrigation et à la prévision de récolte n’est rien d’autre que (Tc – Ta) (Idso et al., 1979;
Penuelas et al., 1992). C’est également la principale variable du Crop Water Stress Index
(CWSI).
84
Le CWSI est aujourd’hui l’un des plus importants indices de détection du stress hydrique.
Sa performance a été prouvée en régions arides et semi-arides (Penuelas et al., 1992; Jones,
1999; Prytz et al., 2003). Cependant il a été trouvé qu’il est moins efficace pour des
applications effectuées dans plusieurs climats humides (Luquet et al., 2004; Yuan et al.,
2004), où les variations de la température absolue sont très faibles (Jones et al., 2002).
D’autre part les lignes de base utilisées pour son calcul selon la définition d’Idso (Idso et
al., 1981a) sont variables suivant les conditions agrométéorologiques et les stades de
croissance de la culture (Idso, 1982; Jones, 1999). De ce fait, plusieurs adaptations ont été
développées pour le CWSI afin de l’utiliser dans plusieurs régions du monde (Yuan et al.,
2004). Le CWSI selon la définition d’Idso fait appelle à seulement trois variables : la
température du couvert végétal (Tc), la température de l’air (Ta) et le déficit de pression de
vapeur de l’air (VPD). En l’appliquant à l’ensemble de nos thermographies, 52% des
valeurs calculées (379 thermographies à l’échelle de la plante) sont à l’extérieur des limites
du CWSI (0 pour un maximum de transpiration et 1 pour une absence de transpiration)
(annexe 5). Pour remédier à cela, nous avons adopté une nouvelle approche, où une seule
ligne de base (limite inférieure) est utilisée pour le calcul du CWSI. La seconde ligne de
base (limite supérieure) est remplacée ici par une constante, le point du maximum de stress
85
(Équation 36). Ce point représente la valeur la plus élevée de (Tc – Ta) au cours du cycle
cultural (Figure 58). Le point du maximum de stress simule donc le déplacement de la
limite supérieure au point le plus élevé. Cette approche permet de loger le maximum de
points à l’intérieur du trapèze formé par les lignes de base, en étendant les limites du CWSI
entre – 1 (absence de stress hydrique) et 1 (maximum de stress hydrique). Au décimal près,
seulement 2% des points calculés sont en dehors de cet intervalle (annexe 5). La relation
entre (Tc – Ta) et le VPD (Équation 38) dans le calcul du CWSI est variable selon le stade
de croissance des plants (Yuan et al., 2004). Le coefficient de corrélation est plus fort au
cours des stress initiation des tubercules et fructification (r = -0.57 et r = -0.63
respectivement). Les coefficients de la limite inférieure adoptée pour l’ensemble des plants
(Équation 37) sont proches de ceux du stress développement des feuilles, vu qu’on
enregistre les valeurs les plus faibles de (Tc – Ta) à ce stade. Le CWSI calculé selon
l’approche du point de maximum de stress est sensible au stress hydrique (Figure 56) et est
étroitement corrélé à (Tc – Ta) (r = 1). Ce qui est confirmé par l’indicographie de CWSI
(Équation 36), qui donne le même résultat que celui de (Tc – Ta). On peut dire que ces
deux produits conduisent au même diagnostique. De même que pour (Tc – Ta), il existe
une relation linéaire entre l’indice CWSI et les paramètres biophysiques que sont la
conductance stomatique et la photosynthèse (Penuelas et al., 1992).
(Tc − Ta ) − (Tc − Ta )i
CWSI = Équation 36
(Tc − Ta )s − (Tc − Ta )i
DPV = es − e Équation 38
Figure 58: Relation entre la différence de température (Tc - Ta) et le DPV ayant permis le
calcul de CWSI à tous les stades phénologiques d’induction du stress.
L’indice SDD présente une différence significative croissante entre les plants témoins et les
plants induits en stress seulement au stade d’initiation des tubercules (Figure 56). Par
contre dans les autres stades il ne présente aucune différence significative.
L’indice CTV (§1.6.5) ne présente aucune différence significative entre les plants témoins
et les plants induits en stress aux quatre stades d’induction du stress (Figure 56), la
variabilité de la température du couvert ne peut donc pas être utilisée ici comme un
indicateur de stress hydrique. D’autres études ont également montré que le CTV, dans des
conditions d’humidité où la température du couvert végétal peut être proche de la
température de l’air ou supérieure avec seulement de faibles différences, ne convient pas à
la détection du stress hydrique (Berliner et al., 1984; Penuelas et al., 1992).
Cette évaluation des indices existant à partir de la thermographie infrarouge nous permet de
rejoindre l’Hypothèse 9. Elle a montré que la thermographie infrarouge est un moyen
efficace pour calculer les indices et produire des cartes diagnostiques. Elle a également
révélé que la différence entre la température du couvert végétal (Tc) et la température de
l’air est un indicateur simple, mais fortement corrélé au statut hydrique de la végétation et
simple à cartographier à partir de la thermographie du couvert.
L’ISHS est la différence entre la surface foliaire totale (SFt) identifiée sur la thermographie
(Figure 60) et son sous-ensemble qui présente des conditions de stress hydrique (SFs) selon
un indice de stress hydrique IRT, ici l’indice (Tc - Ta), divisée par la somme de ces deux
88
surfaces. C’est donc une différence normalisée entre SFt et SFS (Équation 39). La Figure 60
simule la distribution spatiale des parcelles dans un champ où nous avons des parcelles
avec des conditions adéquates en eau et des parcelles souffrant de déficit hydrique (SFs).
Cette figure montre également l’importance d’effectuer des mesures intraparcellaires au
champ, car du fait de la topographie, de la composition du sol et du type de culture, il y a
une variabilité du statut hydrique de la végétation d’une parcelle à une autre.
SFt − SFs
ISHS = Équation 39
SFt + SFs
L’ISHS varie entre 0 et 1. Lorsque SFt = SFs , la surface foliaire totale est sous condition de
stress hydrique et ISHS = 0 , par contre lorsque SFs = 0 , il y a absence de déficit hydrique et
ISHS = 1 .
Figure 60: Identification des paramètres de calcul de l’indice ISHS sur la thermographie du
couvert végétal.
La détection du stress hydrique par l’ ISHS est donc liée à la détermination de SFt sur la
thermographie et au diagnostic du déficit hydrique par l’indicateur (Tc – Ta), c’est-à-dire la
89
La surface foliaire sous condition de déficit hydrique (SFs) est déterminée par la condition
(Tc - Ta ) ≥ α . La mesure de l’indicateur (Tc – Ta) est d’une part soumise à la précision
instrumentale et à la méthode de mesure. L’erreur instrumentale résultante sur la
détermination de (Tc – Ta) est de σ (Tc − Ta ) = ±0.6 oC (§3.3.7.3). Pour tenir compte de cette
incertitude, la condition de déficit hydrique est définie à (Tc − Ta ) ≥ −0.6 oC . D’autre part la
variation de (Tc –Ta) est liée à l’ouverture ou à la fermeture des stomates qui indique la
présence ou l’absence de transpiration. Or en dehors du manque d’eau, la transpiration
végétale peut être affectée par plusieurs facteurs environnementaux tels que l’humidité de
l’air, la vitesse du vent, la température de l’air, l’intensité lumineuse (Heller et al., 1993).
Chez les plants induits en stress la variation de l’ISHS après l’arrêt de l’irrigation est
décroissante, tandis que chez les plants témoins les valeurs de l’ISHS sont plus élevées et
sa variation suit les dates d’irrigation ainsi que le stade de croissance des plants (Figure 61).
Le Tableau 13 montre qu’il y a une différence significative croissante entre les plants
témoins et les plants induits en stress après l’arrêt de l’irrigation, cependant un retard
d’irrigation des plants témoins fait chuter cette différence comme nous pouvons le constater
au stade de développement des feuilles, aussi bien sur la figure que le tableau.
90
Figure 61: Variation de l’indice ISHS des plants témoins et des plants induits en stress au
stade de développement des feuilles (DF) et à l’initiation des tubercules (IT). Les flèches
représentent des dates d’irrigation.
Tableau 13: Probabilités associées à une différence significative de l’indice ISHS entre les
plants témoins et les plants induits en stress aux stress développement des feuilles et
initiation des tubercules.
Stades d’induction du
Dates Pr
stress hydrique
2003-03-09 0.2042
2003-03-10 0.8993
2003-03-11 0.0045***
Développement des feuilles 2003-03-12 0.0066***
2003-03-14 0.0002***
2003-03-17 0.005***
2003-03-19 0.1033
2003-03-25 0.3061
2003-03-27 0.0026***
Initiation des tubercules
2003-04-01 0.0192**
2003-04-03 0.0001***
Les valeurs significatives inférieures au seuil d’erreur α = 0.05 sont en gras
* : Pr < 0.10, ** : Pr < 0.05, *** : Pr < 0.01.
91
Figure 62: Variation de l’indicographies de (Tc – Ta) et des valeurs de l'ISHS des plants du
bloc A durant le stade d’initiation des tubercules.
92
Cette indicographie réitère l’avantage des mesures intraparcellaires au champ. Elle peut
permettre de suivre l’évolution de la surface occupée par la végétation dans chaque
parcelle. De plus elle constitue un outil adéquat pour une bonne estimation du LAI.
La Figure 63 montre l’indicographie d’un couvert mixte composé des plants du bloc B
(plants témoins et plants sous stress). On y voit une diminution de la surface foliaire des
plants induits en stress par rapport aux plants témoins, et une augmentation des valeurs de
(Tc – Ta) chez ces mêmes plants. On observe une diminution de la valeur de l’ISHS due
aux effets de l’arrêt de l’irrigation des plants induits en stress. Une irrigation uniforme sur
toute la surface observée serait une erreur, car l’indicographie démontre la présence d’au
moins deux parcelles distinctes et la parcelle qui a un besoin d’irrigation y est clairement
identifiée.
Figure 63: Variation de l’indicographie d’un couvert mixte (bloc B) au cours du stress
initiation des tubercules.
Figure 64: Variation de l’ISHS comparativement à (Tc – Ta) et la surface foliaire durant le
stress développement des feuilles.
Conclusion
La thermographie infrarouge est un outil efficace pour la détection hâtive du stress
hydrique chez une culture comme la pomme de terre. Elle permet en outre d’avoir une
bonne estimation des paramètres physiologiques telles que la conductance stomatique, la
photosynthèse et la surface foliaire qui conditionnent le rendement de la culture. Cette
étude a confirmé que le stress hydrique peut affecter de façon significative ces paramètres
et être synonyme d’une baisse importante du rendement lorsqu’il apparaît à des moments
critiques du développement de la culture.
Cette étude a montré que l’exploitation des propriétés thermiques des couverts végétaux à
partir de la télédétection infrarouge thermique par l’usage des capteurs imageurs présente
l’avantage de la détection précoce, de la haute résolution spatiale et temporelle, ainsi que la
mise en place d’un outil diagnostic de gestion de stress applicable en agriculture de
précision. Elle représente un enjeu scientifique, environnemental et économique majeur.
Les résultats obtenus avec l’ISHS pour la détection du stress hydrique sont très
encourageants et les méthodes développées ont répondu à nos objectifs de détection du
stress hydrique par thermographie infrarouge. Cependant les travaux ont été réalisés en
serre (conditions contrôlées), d’où l’importance d’une suite sur le terrain avec des capteurs
embarqués et aéroportés pour valider l’approche de mesure des indices IRT par
thermographie infrarouge et rendre opérationnel l’indice ISHS. De plus, le développement
95
algorithmique pour la cartographie des indices, amorcé dans cette étude, mérite d’être
poursuivi pour un diagnostique en temps réel du stress hydrique au champ. Le GAAP offre
un plate-forme en équipement et en projet pour permettre cette réalisation.
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Annexe 1 : Les Flux d’énergie à la surface
Le flux radiatif
Les échanges radiatifs correspondent à des transferts d’énergie par rayonnement (Jacob,
1999). Le rayonnement absorbé par un objet ou une surface correspond au rayonnement net
(Figure 65). Le rayonnement net est la quantité d’énergie radiative disponible à la surface
terrestre et pouvant être transformée en d’autres formes d’énergie par les divers
mécanismes physiques ou biologiques de la surface (Bonn et Rochon, 1992). Le
rayonnement net (Rn) est obtenu par l’équation du bilan radiatif :
Rn = (1 − α s )Rg + (1 − ρ s )Ra − ε s .σ .T s
4
Équation 40
4
Rg αs.Rg ρs.Ra εs.σ.T s
Ra
Figure 65: les différentes composantes du rayonnement net. Rg est la rayonnement solaire
global, αs.Rg est le rayonnement solaire réfléchi par la surface, Ra est le rayonnement
atmosphérique incident, ρs.Ra est le rayonnement atmosphérique réfléchi par la surface et
εs.σ.T4s est le rayonnement émis par la surface à la température Ts.
Adapté de Jacob (1999).
103
Le flux conductif
Les échanges conductifs correspondent à des échanges d’énergie par conduction. La
conduction est un phénomène de transmission de chaleur dans un corps ou entre des corps
en contact, par l’action moléculaire. Cette transmission s’effectue de proche en proche, sans
déplacement de matière et sans modification des particules du ou des corps en présence.
Selon l’équation de Fourier, le flux de chaleur par conduction dans le sol (G) est
proportionnel au gradient de température entre une profondeur de référence et la surface du
sol, et à la conductivité thermique du sol.
(Ts − Ta )
H = ρ .Cp (W.m-2) Équation 42
ra
ρ .Cp (es − ea )
LE = (W.m-2) Équation 43
γ rs + ra
Le bilan d’énergie
Selon le premier principe de la thermodynamique les pertes et les gains d’un système
s’équilibrent. Le bilan d’énergie à la surface suit la loi de conservation de l’énergie. Une
partie de l’énergie nette qui arrive à la surface sert à réchauffer le sol par conduction, une
autre à l’évaporation de l’eau, une autre à modifier l’atmosphère par convection, une
dernière partie, minime par rapport aux autres, sert les mécanismes photochimiques de
l’assimilation chlorophyllienne chez les végétaux (Figure 66). Le bilan d’énergie des
surfaces naturelles s’exprime par :
105
Rn = G + H + LE + J Équation 44
Figure 66: les différentes composantes du bilan d’énergie. Rn : rayonnement net (échanges
radiatifs). G : flux de chaleur dans le sol (échanges conductifs). H : flux de chaleur sensible
(échanges convectifs). LE : flux de chaleur latente (échanges convectifs).
Adapté de Jacob (1999).
Annexe 2 : Programme MATLAB pour le calcul et la
cartographie des indices (Tc – Ta) et ISHS à partir de la
thermographie du couvert végétal
%--------------------------------------------------------------------------
% Ce programme utilise la thermographie du couvert végétal sur laquelle
% le sol a été masqué pour calculer et cartographier les indicateurs.
%
% 1. Chargement des fichiers de thermographie (*.mat)
%
% 2. Création d'un fichier texte pour l'enregistrement des résultats
%
% 3. Extraction des informations rattachées à la thermographie telles que
% la date, le nom du plant, la température et l'humidité de l'air
%
% 4. Dérivation de l'indicographie de (Tc - Ta) à partir de la thermographie
%
% 5. Calcul des paramètres de l'ISHS à partir de l'indicographie
%
% 6. Calcul des indicateurs thermographiques de (Tc - Ta)
%
% 7. Calcul de l'ISHS
%
% 8. Enregistrement des résultats dans le fichier .txt
%
% 9. Cartographie de (Tc - Ta) et valeurs de l'ISHS
%
%
% Serge Olivier Kotchi
% 03 mars 2004
%--------------------------------------------------------------------------
% 1. --------------------------------------------------------------------
% 2. -------------------------------------------------------------------
% 3. -------------------------------------------------------------------
fg = 0;
for nb = 1:nbfich
fich = listfich(nb);
thermo = struct2cell(load(fich.name));% matrice de la thermographie
cpe = length(fich.name) - 4;
coupe = [1:cpe];
Nom = fich.name(coupe);
Nom = ['03' Nom];
ddate = [thermo{2,1}(1,1) , thermo{2,1}(1,2) , thermo{2,1}(1,3)];
str = datenum(thermo{2,1}(1,1),thermo{2,1}(1,2),thermo{2,1}(1,3));
str = datestr(str,29);
% 4. ---------------------------------------------------------------
% 5. ---------------------------------------------------------------
% 6. ---------------------------------------------------------------
veg = thermo{1,1}(indexn);
nhito=50.;
mmax=max(veg); mmin = min(veg); dveg = (mmax-mmin)/nhito;
for i = 1:nhito+1
108
DTmoy = mean(veg);
DTmed = median(veg);
DTmod = mmode(pmod);
% 7. ---------------------------------------------------------------
% 8. ---------------------------------------------------------------
fid = fopen('indice.txt','a');
fprintf(fid,'%s %s %f %f %f %f %f %f %f %f %f\n',Nom,str,indice);
fclose(fid);
% 9. ---------------------------------------------------------------
fg = fg + 1;
end
Annexe 3 : Programme SAS pour l’analyse de variance
(ANOVA) sur mesures répétées avec la procédure GLM
data patate; /*definition du fichier patate a partir du fichier source
***.prn */
filename source 'C:\Documents and Settings\sokotchi\Mes
documents\travaux_SAS\SDD.prn'; /*localisation du fichier source */
infile source; /* dans le fichier source nous retrouvons: */
input plant$ bloc$ var$ trait$ temp1 temp2 temp3 temp4 @; /* Ordre des
variables */
proc print; /* impression du fichier patate nouvellement créé */
proc glm data=patate; /* procédure GLM qui fait l'analyse de variance*/
class bloc var trait;
model temp1 temp2 temp3 temp4 = bloc var trait var*trait / ss3;
repeated temps profile / summary printe;
output out=better p=pred student=resid;
title 'analyse de variance pour mesures répétées (différents temps)';
run;
proc tabulate format=12.3 data=patate;
class bloc var trait;
var temp1 temp2 temp3 temp4;
table var*trait, temp1*(mean stderr);
table var*trait, temp2*(mean stderr);
table var*trait, temp3*(mean stderr);
table var*trait, temp4*(mean stderr);
table trait, temp1*(mean stderr);
table trait, temp2*(mean stderr);
table trait, temp3*(mean stderr);
table trait, temp4*(mean stderr);
title 'tableau pour experience en serre sur la patate';
run;
Figure 67: Signature spectrale des plants témoins et des plants induits en stress au début et
à la fin du stade développement des feuilles.
Figure 68: Signature spectrale des plants témoins et des plants induits en stress au début et
à la fin du stade floraison.
112
Figure 69: Signature spectrale des plants témoins et des plants induits en stress au début et
à la fin du stade fructification.
Annexe 5 : Variation des indicateurs thermographiques,
des paramètres météorologiques et des indices par plant
aux différentes dates du stade d’initiation des tubercules
Le Tableau 14 est un échantillon de données. Celles du stade 2 ou initiation des tubercules.
Il présente pour chaque plant, la variation de plusieurs indicateurs au cours de ce stade.
Nous entendons par indicateurs thermographiques, des variables qui caractérisent la
thermographie infrarouge du couvert végétal. Ils sont liés à la variabilité thermique de la
thermographie. Ce sont : la température moyenne de la thermographie du couvert végétal
(TCV) ou Tc (°C), la température minimum du TCV ou Tcmin, la température maximum du
TCV ou Tcmax et l’écart type associé au TCV ou σTc (°C). Ce dernier est directement relié
à la variabilité thermique de la surface du couvert végétal. Par ailleurs, il correspond à
l’indice CTV (Canopy temperature Variability). Il existe également d’autres indicateurs
thermographiques dont nous n’avons pas fait mention dans le tableau ci-dessous. On
pourrait citer la température modale du TCV ou Tcmod. Son avantage est qu’elle n’est pas
influencée par les températures extrêmes de la thermographie. Cette situation pouvant se
produire lorsque des fractions de la surface du sol vue par le capteur sont inclues dans le
TCV pour un traitement donné. Il y a aussi la température médiane du TCV ou Tcmed.
Comme le Tcmod, elle n’est pas influencée par les températures extrêmes. À ces indicateurs
de tendance centrale du TCV, on pourrait ajouter des indicateurs de dispersion tels que
l’étendue thermique du TCV et son écart moyen. Ces indicateurs pourront faire l’objet
d’études futures, afin d’identifier celui ou ceux qui caractérisent le mieux le bilan
thermique du couvert végétal dans la détection du stress hydrique. Les paramètres
météorologiques sont la température de l’air ou Ta (°C) et l’humidité relative de l’air ou
Hr. Ils sont mesurés simultanément avec les thermographies. Les indices mentionnés dans
ce tableau sont : la différence entre la température du couvert végétal et la température de
l’air (Tc – Ta °C), le Crop Water Stress Index calculé selon la méthode d’Idso (CWSI_I),
le CWSI calculé selon la méthode du point du maximum de stress (CWSI_M), le Stress
Degre Day (SDD °C), l’Indice de stress hydrique surfacique (ISHS) et le CTV qui est
l’équivalent de σTc. Les cellules grisées indiquent que le CWSI_I est hors de ces limites.
114
Tableau 14: Variation des indicateurs par plant au cours du stade d’initiation des
tubercules.
Plant Date Bloc Variété Trait. Tcmin Tcmax σTc Tc Ta Hr Tc - Ta CWSI_I CWSI_M SDD ISHS
03a01 2003-03-25 A cheiftain témoin 17.75 19.79 0.20 18.85 19.80 0.48 -0.95 0.05 0.04 -0.95 0.95
03a01 2003-03-27 A cheiftain témoin 17.21 22.97 1.00 20.35 20.00 0.40 0.35 0.41 0.34 -0.60 0.00
03a01 2003-04-01 A cheiftain témoin 17.66 23.01 0.60 19.23 20.20 0.14 -0.97 0.05 0.04 -1.57 0.67
03a01 2003-04-03 A cheiftain témoin 14.47 24.08 1.50 17.80 22.00 0.10 -4.20 -0.99 -0.81 -5.77 0.61
03a02 2003-03-25 A cheiftain stress 18.58 20.10 0.20 19.17 19.60 0.49 -0.43 0.20 0.17 -0.43 0.60
03a02 2003-03-27 A cheiftain stress 17.66 21.60 0.60 19.34 20.00 0.40 -0.66 0.13 0.11 -1.09 0.00
03a02 2003-04-01 A cheiftain stress 18.38 23.38 0.57 20.13 20.10 0.13 0.03 0.32 0.27 -1.06 0.00
03a02 2003-04-03 A cheiftain stress 23.28 30.75 0.68 25.36 21.80 0.10 3.56 1.16 1.00 2.50 0.00
03a08 2003-03-25 A highlit stress 19.33 21.14 0.30 20.29 20.80 0.43 -0.51 0.18 0.15 -0.51 0.00
03a08 2003-03-27 A highlit stress 19.40 23.89 0.60 20.81 20.00 0.40 0.81 0.52 0.44 0.30 0.00
03a08 2003-04-01 A highlit stress 18.96 22.79 0.36 19.93 20.30 0.13 -0.37 0.21 0.18 -0.08 0.09
03a08 2003-04-03 A highlit stress 20.83 26.67 0.59 22.39 21.60 0.10 0.79 0.52 0.44 0.72 0.00
03a10 2003-03-25 A highlit témoin 17.13 19.65 0.20 18.44 19.80 0.50 -1.36 -0.07 -0.05 -1.36 0.00
03a10 2003-03-27 A highlit témoin 14.35 21.08 0.80 18.12 20.00 0.40 -1.88 -0.22 -0.18 -3.24 0.68
03a10 2003-04-01 A highlit témoin 18.02 22.18 0.60 19.76 20.20 0.14 -0.44 0.20 0.16 -3.68 0.17
03a10 2003-04-03 A highlit témoin 15.57 22.58 0.96 17.52 21.60 0.10 -4.08 -0.95 -0.77 -7.76 0.75
03b03 2003-03-25 B cheiftain témoin 16.82 19.42 0.20 18.20 20.00 0.50 -1.80 -0.20 -0.16 -1.80 1.00
03b03 2003-03-27 B cheiftain témoin 15.12 21.02 0.90 17.38 20.00 0.40 -2.62 -0.45 -0.37 -4.42 0.88
03b03 2003-04-01 B cheiftain témoin 16.98 21.73 0.50 18.29 20.20 0.14 -1.91 -0.23 -0.19 -6.33 0.80
03b03 2003-04-03 B cheiftain témoin 14.57 22.19 1.12 16.88 21.50 0.10 -4.62 -1.14 -0.93 -10.95 0.40
03b05 2003-03-25 B cheiftain stress 19.13 21.50 0.30 20.66 20.10 0.49 0.56 0.46 0.39 0.56 0.02
03b05 2003-03-27 B cheiftain stress 17.00 21.96 0.77 19.18 20.00 0.40 -0.82 0.09 0.08 -0.26 0.46
03b05 2003-04-01 B cheiftain stress 20.01 23.62 0.60 21.30 20.20 0.14 1.10 0.60 0.51 0.84 0.00
03b05 2003-04-03 B cheiftain stress 23.24 28.12 0.39 24.48 21.40 0.10 3.08 1.06 0.91 3.91 0.00
03b08 2003-03-25 B highlit témoin 18.75 22.72 0.30 21.90 20.40 0.48 1.50 0.70 0.59 1.50 0.00
03b08 2003-03-27 B highlit témoin 15.27 21.36 0.73 17.44 20.00 0.40 -2.56 -0.43 -0.36 -1.06 0.87
03b08 2003-04-01 B highlit témoin 16.80 22.52 0.72 18.94 19.80 0.12 -0.86 0.08 0.07 -1.92 0.03
03b08 2003-04-03 B highlit témoin 14.64 21.92 1.03 17.08 21.30 0.10 -4.22 -1.00 -0.82 -6.14 0.75
03b09 2003-03-25 B highlit stress 20.05 23.48 0.30 22.90 20.90 0.46 2.00 0.82 0.69 2.00 0.00
03b09 2003-03-27 B highlit stress 18.12 23.18 0.85 20.00 20.00 0.40 0.00 0.32 0.27 2.00 0.01
03b09 2003-04-01 B highlit stress 17.74 21.92 0.50 19.39 20.30 0.13 -0.91 0.07 0.05 1.10 0.59
03b09 2003-04-03 B highlit stress 20.45 33.59 0.84 22.47 21.40 0.10 1.07 0.59 0.50 2.17 0.00
03c02 2003-03-25 C highlit témoin 20.90 23.48 0.20 22.84 21.10 0.45 1.74 0.75 0.64 1.74 0.00
03c02 2003-03-27 C highlit témoin 16.75 20.47 0.50 18.72 20.00 0.30 -1.28 -0.04 -0.03 0.46 0.41
03c02 2003-04-01 C highlit témoin 15.94 22.10 0.87 18.71 19.70 0.12 -0.99 0.04 0.03 -0.53 0.80
03c02 2003-04-03 C highlit témoin 14.68 20.60 0.80 16.39 21.40 0.10 -5.01 -1.29 -1.05 -5.55 0.87
03c03 2003-03-25 C highlit stress 20.55 22.76 0.22 22.02 21.60 0.42 0.42 0.43 0.36 0.42 0.00
03c03 2003-03-27 C highlit stress 19.33 21.96 0.39 20.51 20.00 0.30 0.51 0.45 0.38 0.94 0.00
03c03 2003-04-01 C highlit stress 17.83 23.00 0.53 19.08 20.30 0.13 -1.22 -0.02 -0.02 -0.28 0.45
03c03 2003-04-03 C highlit stress 17.37 23.67 1.76 18.95 21.40 0.10 -2.45 -0.40 -0.33 -2.73 0.12
03c06 2003-03-25 C cheiftain stress 19.37 21.11 0.20 20.43 21.50 0.41 -1.07 0.02 0.02 -1.07 0.00
03c06 2003-03-27 C cheiftain stress 17.71 20.69 0.40 19.22 20.00 0.30 -0.78 0.10 0.08 -1.85 0.34
03c06 2003-04-01 C cheiftain stress 19.26 22.91 0.56 20.57 20.20 0.14 0.37 0.41 0.35 -1.48 0.00
03c06 2003-04-03 C cheiftain stress 20.74 24.50 0.40 22.03 21.50 0.10 0.53 0.45 0.38 -0.95 0.00
03c09 2003-03-25 C cheiftain témoin 19.00 21.62 0.30 20.50 21.90 0.40 -1.40 -0.08 -0.06 -1.40 0.00
03c09 2003-03-27 C cheiftain témoin 16.86 20.97 0.66 19.15 20.00 0.30 -0.85 0.08 0.07 -2.25 0.36
03c09 2003-04-01 C cheiftain témoin 15.72 20.96 0.60 17.37 20.20 0.13 -2.83 -0.52 -0.43 -5.08 0.47
03c09 2003-04-03 C cheiftain témoin 16.14 21.69 0.90 18.47 21.50 0.10 -3.03 -0.59 -0.48 -8.11 0.75
03d02 2003-03-25 D cheiftain stress 19.43 21.56 0.35 20.45 21.00 0.41 -0.55 0.16 0.14 -0.55 0.06
03d02 2003-03-27 D cheiftain stress 17.23 21.89 0.90 19.41 20.00 0.30 -0.59 0.16 0.13 -1.14 0.27
03d02 2003-04-01 D cheiftain stress 19.16 23.06 0.50 20.29 20.10 0.13 0.19 0.37 0.31 -0.95 0.00
03d02 2003-04-03 D cheiftain stress 18.98 24.90 0.50 20.53 21.60 0.10 -1.07 0.02 0.02 -2.02 0.05
03d05 2003-03-25 D cheiftain témoin 18.84 21.11 0.20 20.44 20.80 0.41 -0.36 0.22 0.18 -0.36 0.00
03d05 2003-03-27 D cheiftain témoin 16.19 20.65 0.80 17.81 20.00 0.30 -2.19 -0.32 -0.26 -2.56 0.87
03d05 2003-04-01 D cheiftain témoin 14.71 21.38 0.82 16.45 20.30 0.12 -3.85 -0.86 -0.71 -6.40 0.71
03d05 2003-04-03 D cheiftain témoin 14.04 21.64 1.10 16.54 21.10 0.10 -4.56 -1.12 -0.91 -10.96 0.83
03d06 2003-03-25 D highlit stress 19.48 21.07 0.20 20.34 20.80 0.42 -0.46 0.19 0.16 -0.46 0.20
03d06 2003-03-27 D highlit stress 18.57 21.79 0.50 19.90 20.00 0.30 -0.10 0.29 0.24 -0.56 0.05
03d06 2003-04-01 D highlit stress 19.33 23.33 0.60 20.91 20.30 0.13 0.61 0.48 0.40 0.06 0.00
115
Plant Date Bloc Variété Trait. Tcmin Tcmax σTc Tc Ta Hr Tc - Ta CWSI_I CWSI_M SDD ISHS
03d06 2003-04-03 D highlit stress 19.22 23.34 0.55 20.79 20.90 0.10 -0.11 0.29 0.24 -0.05 0.05
03d09 2003-03-25 D highlit témoin 18.69 20.81 0.20 20.05 20.80 0.41 -0.75 0.11 0.09 -0.75 0.39
03d09 2003-03-27 D highlit témoin 17.20 21.29 0.50 18.71 20.00 0.30 -1.29 -0.05 -0.04 -2.05 0.53
03d09 2003-04-01 D highlit témoin 15.21 22.66 0.60 17.20 20.40 0.12 -3.20 -0.64 -0.53 -5.25 0.88
03d09 2003-04-03 D highlit témoin 13.93 19.80 0.70 15.40 20.60 0.10 -5.20 -1.37 -1.11 -10.44 1.00
03e01 2003-03-25 E highlit témoin 17.99 20.75 0.30 19.96 20.80 0.43 -0.84 0.08 0.07 -0.84 0.00
03e01 2003-03-27 E highlit témoin 15.98 20.40 0.60 17.16 20.00 0.40 -2.84 -0.52 -0.43 -3.68 0.84
03e01 2003-04-03 E highlit témoin 12.94 20.15 1.02 14.99 20.30 0.09 -5.31 -1.41 -1.14 -8.99 1.00
03e02 2003-03-25 E highlit stress 18.49 20.59 0.21 19.81 20.80 0.43 -0.99 0.04 0.03 -0.99 0.85
03e02 2003-03-27 E highlit stress 17.62 21.36 0.59 19.12 20.00 0.40 -0.88 0.07 0.06 -1.87 0.00
03e02 2003-04-01 E highlit stress 18.94 22.18 0.48 20.10 19.60 0.13 0.50 0.45 0.38 -1.37 0.14
03e02 2003-04-03 E highlit stress 18.99 22.18 0.45 20.48 20.10 0.09 0.38 0.42 0.35 -0.98 0.00
03e08 2003-03-25 E cheiftain témoin 18.66 20.99 0.30 20.19 20.80 0.42 -0.61 0.15 0.12 -0.61 0.00
03e08 2003-03-27 E cheiftain témoin 16.63 21.46 0.70 19.88 20.00 0.40 -0.12 0.28 0.24 -0.73 0.00
03e08 2003-04-01 E cheiftain témoin 18.19 22.76 0.60 19.66 20.30 0.13 -0.64 0.14 0.12 -1.37 0.01
03e08 2003-04-03 E cheiftain témoin 14.67 21.47 0.90 16.33 20.20 0.09 -3.87 -0.87 -0.71 -5.25 0.86
03e10 2003-03-25 E cheiftain stress 19.98 21.62 0.30 20.74 20.80 0.42 -0.06 0.30 0.25 -0.06 0.00
03e10 2003-03-27 E cheiftain stress 20.36 23.74 0.70 21.93 20.00 0.40 1.93 0.80 0.68 1.87 0.00
03e10 2003-04-01 E cheiftain stress 19.10 22.76 0.40 20.01 19.80 0.13 0.21 0.37 0.31 2.08 0.23
03e10 2003-04-03 E cheiftain stress 17.68 22.12 0.55 19.01 20.50 0.09 -1.49 -0.10 -0.09 0.59 0.47