Leguidedufranchaisfamilier PDF
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Collaboration technique
Mes remerciements pour leur coopration active vont Marri Amon
Universit de Tartu, Estonie
Pierre Merle crivain, auteur de L'Argot fin de sicle
(Seuil)
Isabelle Durousseau matre de confrences l'universit de le Guide
Copenhague (Danemark)
Catherine Merle lycenne de terminale Paris du franais
Eva Toulouze lectrice l'universit de Tartu (Estonie) familier
Grard Clerfayt enseignant de franais langue trangre
Paris
aussi
Sandrine Hrault libraire Montral, pour sa
contribution des mots du Qubec
Albert Audubert grammairien et lexicographe, pour sa
fructueuse relecture du manuscrit
Leena Capron
qui m'attira en Estonie o
naquit l'ide de ce livre
et qui mourut de ses voyages
ISBN 2-02-031486-x
le franais familier
pourquoi ?
gre et Gen Paul me dit : "L, il pouvait jacter concierge -, parlait un langage color que la
l'argot; avec tout ce que je lui avais appris, il a d
devenir un cad". tradition dsignait par le terme gnrique argot.
(Chantal Le Bobinnec, Gen Paul Montmartre, Qu'est-ce donc que l'argot ? Historiquement, c'est le
d. Chalmin-Perrin, 1996.)
langage particulier, normalement secret , dont
faisaient usage les voleurs de grand chemin
Franais familier, franais populaire ou organiss en bandes redoutables et parfois
argot ? spcialises dans le crime - comme les fameux
La confusion la plus gnrale et la plus sereine rgne chauffeurs d'Orgres en 1800 - ; par voie de
entre ces trois qualifications du franais non consquence on appelait ainsi le langage cr dans
officiel qu'il est d'ailleurs bien malais de les prisons et les bagnes de jadis. L'argot est le
dfinir l'une par rapport aux autres. C'est pourquoi langage de la dlinquance, qui inclut la langue
le linguiste et chroniqueur Jacques Cellard a sourde de la prostitution, aussi vieille que le vol et
invent une appellation qui recouvre les trois l'assassinat... Or il se etrouve que l'habitude fut prise
notions vagues, disant que ce registre non admis vers le milieu du 19 sicle, par les rdacteurs de
par la langue commune, par le franais central dictionnaires, de faire l'amalgame entre cette
, pourrait tre du franais non conventionnel. phrasologie de la classe dangereuse de la socit et
Certes, la notion est juste ; malheureusement, le parler tout simplement populaire, c'est--dire le
cette dnomination en creux - ce qui n'est pas parler de la classe ouvrire de Paris et de ses
- n'est pas commode d'emploi ; aussi, malgr faubourgs ; le menu peuple de la capitale inventait
le titre d'un excellent dictionnaire auquel il sera loisir des mots pittoresques depuis l'Ancien
souvent fait rfrence dans le corps de cet ouvrage, Rgime. On se prit donc dire, pour tous les mots
le Dictionnaire du franais non conventionnel de qui n'taient pas acadmiques, qui sortaient du
Jacques Cellard et Alain Rey, le terme novateur et cadre du franais chti et classiquement admis :
rassembleur n'est gure entr dans l'usage. Dans C'est de l'argot !
la pratique, les trois qualificatifs familier, Cet amalgame n'tait pas innocent dans la
populaire, argotique continuent tre seuls mesure o il correspondait une ncessit
employs, souvent sans distinction, au gr de la idologique de la socit bourgeoise venue au
personne qui parle ou qui crit, selon ses gots et pouvoir dans les dcennies qui suivirent la grande
son degr d'information. Rvolution de 1789 ; la classe ouvrire en
On aura remarqu par exemple que l'auteur du formation - impose par la rvolution technique et
Gen Paul, Chantai Le Bobinnec, n'emploie que industrielle du 19e sicle - devint son tour
le mot argot, ce qui est pertinent d'une certaine protestataire et dangereuse pour l'ordre tabli. La
manire car le personnage montmartrois, n et menace populaire se prcisa partir de la monarchie
lev Montmartre dans le milieu le plus de Juillet : l, les rvoltes durement rprimes dans
populaire qui soit - sa mre tait le sang, les barricades priodiques et les fusillades
16 LE FRANAIS FAMILIER LE FRANAIS FAMILIER 17
sans piti qui s'ensuivaient, assimilrent pour les intgr et assimil par l'ensemble de la
bourgeois possdants le monde des ouvriers au population. En ralit, si l'on examine
monde des bandits. Dsigner leurs crations attentivement la liste des mots dsignant les
lexicales par le mme terme, argot, comportait parties du corps que reproduit Chantai Le
une logique certaine. Bobinnec, par exemple, avec le qualificatif argot
Mais aussi la langue jouait-elle cette poque - oppos franais -, seul les chsses mrite
un rle infiniment distinctif ; la haute bourgeoisie vraiment cette dnomination de par son origine au
triomphante, vritable bnficiaire de la dbut du 19e sicle dans le milieu de la pgre dcrit
Rvolution qu'elle avait provoque, tenait par- par l'ancien bagnard Vidocq ; encore le mot
dessus tout se distinguer du peuple qu'elle chsses est-il l'abrgement d'un mot simplement
mprisait. Prive des attributs de la noblesse populaire, chssis, pour dsigner les yeux ,
traditionnelle, qu'elle voulait imiter aprs lui lequel rsulte lui-mme d'une image claire : un
avoir dam le pion, la bourgeoisie tourna ses chssis dsignait anciennement une fentre .
ambitions du ct de la langue franaise. Elle Pour le reste il s'agit d'appellations amusantes, en
fit de la langue acadmique, qu'elle dclara pure marge du franais officiel, certes, mais d'essence
et inviolable, l'arme de sa distinction et dans une uniquement populaire et nullement entaches du
large mesure l'instrument de son pouvoir. Ds sang des assassins et des nauseux relents des
lors tout ce qui venait du peuple en matire de cachots ! La tronche, pour la tte , apparat ds
langage, que ce fussent des dialectes nombreux la fin du 16e sicle dans La Vie gnreuse des
dans toutes les rgions de la France, ou des mercelots, gueuz et bohmiens, de Pchon de Ruby,
parlers populaires des grandes villes, fut honni, publie en 1596 (relev par Gaston Esnault) ; il
chass, traqu, rejet avec violence et hargne s'agit d'une vieille dnomination en franais
par la classe dirigeante qui craignait comme la rural d'une bche , ce qui revient traiter le
peste d'tre confondue avec le commun des sige de nos penses de tte de bois - il n'y a l
roturiers !... Le terme argot venait donc point de quoi guillotiner personne ! Le mot tronche est
nomm pour stigmatiser le langage de la racaille : aujourd'hui du franais familier employ par peu
on distingua le bon franais , celui que prs tout le monde : J'ai mal la tronche ! ou
brassaient les crivains ordinaires, et que l'or- Untel a une sale tronche , etc., appartiennent
ganisation scolaire en formation revendiqua l'expression gnrale et bon enfant. Le tarin, pour
hautement, pour ne pas dire frocement , et le nez , est peu prs tomb en dsutude -
l'argot sans distinction de nuance. L'usage cette appellation populaire (releve en 1904), venue
s'installa donc ainsi, appuy au 20e sicle par de l'image du tarin (qui est un oiseau au bec
l'cole et l'universit, dans une dichotomie conique, d'o la mtonymie), n'aura gure dur ; le
simplette : tout ce qui n'tait pas franais tarin, le nez , fut mis la mode durant la guerre
tait de l'argot . de 14-18 parmi les soldats. tait-ce de l'argot, au
On le voit, une pareille simplification parat au- sens
jourd'hui abusive, bien que le terme soit
gnralement
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strict ? Non pas ! Une plaisanterie paysanne tout au Peut-on encore parler de
plus... Les paluches, dsignant les mains , appar- franais populaire?
tient la langue populaire des annes 1930 ; le mot
ne saurait subir l'opprobre rserv aux grands crimi- Au cours d'une confrence que je faisais l'uni-
nels ! Il est vrai qu'il rsulte d'une resuffixation de versit de Vilnius, en Lituanie, au printemps de
palette, image vidente pour la main en usage 1996, on me fit remarquer que j'utilisais
chez les voleurs depuis le dbut du 19e. La guibolle est alternativement les expressions franais familier et
aussi un mot populaire pour la jambe , variante franais populaire sans aucune distinction
de gui-bonne dans l'argot de Vidocq, form sur un apparente... Y a-t-il une diffrence, et laquelle,
vieux mot du 17e sicle : guibon, de l'ancien franais entre ces deux appellations ? me demanda-t-on. Il
giber, agiter . Les nougats, pour les pieds , est vrai que la force de l'habitude entrane employer
drive d'une plaisanterie de gamins des annes 1920 ! indiffremment familier et populaire comme s'il
O est le crime ? Il s'agit d'une sensibilit de cette s'agissait de termes quivalents en ce qui concerne
partie de notre individu : avoir les pieds en nougats, le langage ; or cette assimilation des notions, qui
c'est--dire mous et tendres... Quant au bl s'est installe, pour les raisons que j'ai voques, au
(anciennement bled) pour dsigner l'argent , c'est 19e sicle, est devenue inexacte. Qu'est-ce que la
une mtaphore lmentaire du 15e ou du 16e sicle : langue populaire ?... Il s'agit essentiellement du
les bls ont la couleur jaune d'or ! Vous parlez d'une langage imag - ou quelquefois agressif et grossier
affaire : le mot court dans la langue familire depuis - en usage parmi les ouvriers, les faubouriens
lors, sans interruption ! comme on disait jadis pour Paris, et que l'on a
On le voit, le mot argot constitue un signal dont appel aussi la langue verte , c'est--dire
le rle rel est de faire halte au parler populaire : il vigoureuse avec une certaine (Crudit d'expression.
s'agit d'un barrage tabli par la bourgeoisie en mal Le parler populaire ne s'embarrasse pas de bon
d'aristocratie au 19e sicle. L'ancienne aristocratie usage et se trouve tax trs gnralement de
avait t au contraire amuse par les trouvailles vulgarit , au sens tout fait tymologique du mot
langagires du peuple auxquelles elle s'tait dsignant ce qui appartient au plus grand nombre
montre attentive -du moins le peuple de Paris, - il manque du raffinement qui caractrise
faiseur de vaudevilles et de chansons. Ce mot- l'lite... Ce feignant, il roupille" toute la
signal renforce donc la cassure entre le franais journe est du langage populaire, alors que la
codifi, ou conventionnel, caractre scolaire, et le langue conventionnelle dit : Ce paresseux dort
parler ordinaire de tout un chacun en France - toute la journe.
une cassure parfaitement intgre par tous les Le franais populaire fut celui des ateliers de
Franais, quel que soit son arbitraire. toutes sortes dans le monde du travail manuel,
aussi bien que
20 LE FRANAIS FAMILIER LE FRANAIS FAMILIER 21
le parler des familles des travailleurs. Il tait, avons le franais savant, ou faux savant ; le
Paris en particulier, la pointe de l'invention franais la mode, sous la pression norme
verbale, de la raillerie - cette fameuse gouaille exerce sur les esprits par la tlvision et, un
parisienne, faite d'images perantes comme des degr moindre, par la radio ; le franais scolaire,
flches, et de mots concocts dans le terroir qui se dfinit par un code non crit dont la
des faubourgs. Au moins c'est celui-l qui s'est le principale caractristique est de se dresser
plus immisc dans le franais de tout un chacun, contre tout parler ordinaire familier. On distingue
cause de la centralisation historique de la vie galement une nouvelle source crative - et
culturelle dans le pays - bien plus que le parler rcrative - que l'on appelle la langue des jeunes ,
populaire de Lyon, inspir du langage des laquelle s'tablit par modes successives ; on parle
ouvriers de la soie, des canuts, ou le parler des aussi d' argot des banlieues , qui tend un sabir
manufactures de textile de Lille-Roubaix- glorifi par les mdias ; mais c'est par un abus de
Tourcoing. Le parler parigot a t source de langage que l'on utilise encore, par une sorte
renouvellement pour le franais commun, car il d'inadvertance, l'expression franais populaire. Ce
s'exportait, dans le courant du 19e sicle, que l'on dsigne par l, comme je le faisais moi-
l'occasion des changes de main-d'uvre mme sans y songer lors de la confrence que j'ai
provinciale venant temporairement la voque, c'est le franais familier utilis
capitale; partir de 1871, avec le service verticalement du haut en bas de la socit
militaire obligatoire pour tous les garons, le franaise, surtout l'oral, mais non assimil au
brassage langagier opr dans les casernes de France franais conventionnel. Un flic, pour dire un po-
et de Navarre fit prolifrer ce langage populaire licier , le fric pour dsigner l'argent , sont des mots
dans toutes les couches de la population, comme employs par tout le monde en France, toutes
dans toutes les rgions. catgories confondues ; mais ils appartiennent
Cependant, la socit franaise a volu, comme les dsormais au registre familier, et non plus la
autres, depuis les annes 1950, si profondment langue populaire dont ils sont issus au dbut de
dans tous les domaines que cette notion de ce sicle.
classe populaire ne recouvre plus la mme ralit La source populaire est tarie ; le milieu urbain
sociale, et surtout les mme schmas culturels. On des petits artisans, petits commerants, ouvriers
ne peut plus raisonnablement parler aujourd'hui de d'usines, avec leurs codes langagiers propres, a
franais populaire, au sens prcis et exact de disparu des villes dans la formidable mutation
franais des classes laborieuses , oppos ce qui conomique intervenue depuis la fin de la Seconde
serait un franais de la bourgeoisie . Les Guerre mondiale. Les quartiers traditionnellement
diffrences qui existent dans le parler ordinaire des populaires de Paris, langagirement les plus
gens se sont tablies selon d'autres lignes de fconds, ont t vids de leurs populations
fracture, lesquelles suivent les divers degrs autochtones. Celles-ci ont t remplaces soit par
d'instruction bien plus que les strates sociales. des cadres, des employs du secteur tertiaire,
Nous
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soit, dans d'autres quartiers, par des populations relvent de la scatologie ; ces termes sont pour la
rcemment immigres qui parlent leurs diverses plupart chargs de vulgarit, et appartiennent une
langues d'origine, faisant disparatre dans tous les catgorie que l'on pourrait appeler le familier dur ,
cas la jactance inventive des Parigots du terroir, servant exprimer la colre ou l'agressivit mena-
hritiers des courants verbaux du 19e et du 18e ante. Par contre il n'est pas toujours commode de
sicle. Mais plus radicale encore est la mutation dire pourquoi tel ou tel terme courant, d'un emploi
des modes de vie, qui a entran des modifications gnralis, est catalogu franais familier au lieu
culturelles fondamentales. Par exemple, pour ne d'tre du franais normal . Certains mots de cette
citer que cela, l'apprentissage sur le tas a langue d'usage en doublure sont vritablement
disparu peu prs compltement des usages : la la frange de la langue officielle et ne doivent leur pi-
classe des jeunes apprentis est teinte puisque les thte de familiers qu' une tradition, une acceptation
jeunes gens et les jeunes filles suivent dsormais soumise et irrflchie de la majorit des Franais.
une formation dans le milieu scolaire diffrents Tel est le bistrot : tout le monde en France
niveaux. Avec eux a disparu le mode de sait ce qu'est un bistrot, utilise le mot, voire
transmission par excellence du parler populaire ; frquente l'endroit si celui-ci est frquentable, depuis
non seulement les termes de mtier se sont le clochard qui mendie le prix d'un verre de vin
effacs, mais aussi tout un esprit de langage jusqu'au prsident-directeur gnral d'une socit
imag, la fameuse gouaille dans laquelle cossue, au directeur d'une banque, un snateur en
baignaient les apprentis au contact des com- exercice. Le mot bistrot n'est ni laid ni sale, encore
pagnons, et qu'ils devaient assimiler au plus vite moins argotique : pourquoi, depuis plus de cent
car elle faisait pour ainsi dire partie intgrante du ans qu'il est venu en usage, doit-il tre trait part,
mtier . C'est une formation de l'esprit toute en alternatif de caf ou de la dsignation
diffrente qui prvaut dans les collges et les administrative dbit de boissons -alors qu'il
lyces techniques o grandit la jeunesse apparat dans les crits les plus admis, par exemple
laborieuse... Le relais entre les adultes parlants et chez Mauriac et Duhamel ?... Je n'en sais rien, mais
les adolescents n'existe plus : la langue verte a fait cette mise l'index est trs probablement due son
les frais de l'opration ! origine dans le parler authentiquement populaire
les limites du franais familier du dbut du sicle auquel je viens de faire allusion. En
Comment dfinir le registre du franais familier ?... tout cas il en est ainsi dans la conscience, ou
Certes il est ais de distinguer les termes bas , l'inconscience, des Franais : si un lve crit dans
qui sont des allusions grossires des parties du une rdaction scolaire J'ai retrouv mon frre au bis-
corps humain que l'on ne nomme pas en socit, ou trot , deux professeurs sur trois au moins auront le
bien qui rflexe de souligner bistrot, et proposeront caf la
24 LE FRANAIS FAMILIER LE FRANAIS FAMILIER 25
place. Cela ne se fonde sur aucun critre totalit de la nation s'exprimait l'chelon
particulier, si ce n'est un sentiment intime, acquis populaire dans d'autres langues que le franais,
depuis l'enfance, justement l'cole, que caf est fractionnes en une multiplicit de dialectes. Il
le mot comme il faut , et bistrot le terme serait ncessaire de raconter comment cette langue
familier qui entache la puret du style scolaire ! nationale fut assez brusquement impose tous les
C'est mme cela qui caractrise le mieux le Franais dans la mise en place d'une instruction
registre familier : celui qui est tolr, la publique obligatoire partir des dernires
rigueur, dans une conversation scolaire, mais dcennies du 19e sicle - instruction tatique
fermement rejet l'crit. Un professeur, homme chassant toute trace de ruralit ou de popularisme,
ou femme, tout comme un lve, en regardant par bannissant violemment tout rgionalisme dans une
la fentre de la classe les nuages s'amonceler aspiration centralisatrice l'extrme. Il faudrait
au-dessus de la ville, pourra fort bien sans doute peindre aussi le climat de lutte
annoncer tout haut : On dirait qu'il va anticlricale qui prsida la mise en place d'une
tomber de la flotte ... Le mot ne soulvera, cole laque une et indivisible comme la
ainsi prononc en passant, aucune remarque, Rpublique elle-mme. Tous ces lments combins
tant la rflexion paratra naturelle tous. produisirent un franais scolaire frileux,
Pourtant si, dans une dissertation, l'lve crit courageusement didactique mais coup autant que
une phrase de ce type : Lorsque Guil-laume faire se pouvait des langages rellement parls par
Apollinaire voquait la flotte..sous le pont la nation franaise1. Ce franais idologique de
Mirabeau "o coule la Seine..." , le mme l'cole, tendance unificatrice, a servi de mtre
professeur verra rouge : Horreur ! Vous n'y talon ce qui est le franais
songez pas ! Ce mot est ici beaucoup trop conventionnellement admis ; ses codes sont
familier ! C'est inadmissible dans une copie ! ... ressentis comme imprieux par un inconscient
Et, en effet, le mot dtonne ; il choque mme par collectif nourri de l'cole obligatoire.
une sorte de crudit incongrue qui tient Le rsultat de ces mouvements historiques,
seulement au contexte, son environnement forte coloration politique - dans le dtail desquels
dans la phrase ; il est alors ressenti comme je me garderai d'entrer ici -, est que le critre le plus
d'une familiarit dplace. sr, bien qu'extrmement subjectif, sur lequel on
Pour expliquer les raisons qui ont conduit cet peut se fonder pour classer un mot dans le registre
tat de fait, il faudrait un gros volume, familier, est de se demander : ce mot serait-il
comportant une analyse dtaille de la socit admis ou refus dans une rdaction scolaire ?... C'est
franaise et de son rapport aux langues depuis mme l le seul indice qui permette de ranger
l'poque de la Rvolution de 1789. Il faudrait certains termes alternatifs
voquer l'volution historique de la langue
franaise dans les hautes sphres sociales et lit- 1. Voir, ce sujet, hurler le soir au fond des collges, de
traires pendant plusieurs sicles, tandis que la Claude Duneton et Frdric Pags, ditions du Seuil, 1984.
quasi-
26 LE FRANAIS FAMILIER LE FRANAIS FAMILIER 27
c'est--dire des termes courants dans le langage gnant de lcher du lest malgr lui conduit
de tous les jours, usuels dans tous les milieux des exagrations. Ainsi, certains vocables
du haut en bas de l'chelle sociale (donc sans d'excellent franais conventionnel sont-ils parfois
connotation de vulgarit), et qui, pourtant, confondus avec des termes familiers cause de
continuent porter l'tiquette familiers. Ainsi le leur trop grande expressivit, qui fait douter d'eux.
mot boulot, travail : tout le monde va au Je prendrai comme exemple le mot gadoue, la
boulot, sauf ceux qui sont sans boulot - on boue , que le monde de l'cole rejettera neuf fois
peut se demander ce qui spare le mot boulot du sur dix de l'criture scolaire par pure mfiance.
mot travail ? Ce n'est pas la qualit du locuteur La gadoue, substantif franais parfaitement
: le prsident de la Rpublique emploiera des lgitime, datant du 16e sicle, est ressenti comme
expressions comme quel boulot ! ou ce n'est pas familier cause de son aspect expressif, presque
mon boulot, aussi bien qu'un prsident de color. moins qu'il ne soit particulirement
tribunal, un ouvrier, une vendeuse, un marchand instruit,il y a peu de chance qu'un matre d'cole
de tableaux, un mdecin, un boueur, bref toute la accepte dans une rdaction d'lve : La rue
gamme de situations sociales. Ce n'est pas le tait pleine de gadoue - au mieux, il exigera
manque de statut littraire : tous les crivains du des guillemets : gadoue , mais plus
20e sicle ou presque ont utilis le mot dans leur couramment il corrigera d'instinct : pleine de
uvre, surtout dans la seconde partie du sicle, boue . La limite du familier sera franchie, mais il
comme la presse crite, parle ou chante !... faut dire que cette frontire est malaise tracer,
Alors quoi ? Qu'est-ce qui rend familier ce mot tant elle est au fond subjective, et uniquement fon-
alternatif popularis l'extrme, nagure, dans de sur la tradition.
un slogan soixante-huitard drob un pote : Cependant, pour imprcise qu'elle soit, la ligne
Mtro- de dmarcation est forte et continue marquer
La rponse est qu'il n'entre pas dans ce que le fortement la tradition universitaire. Lors de
cycle scolaire et universitaire prouve comme l'laboration de ce que l'on appela le franais
tant un registre soutenu. Si un lve de n'importe fondamental , au dbut des annes 1950, par une
quel niveau et ge crit dans une rdaction ou quipe universitaire anime par le grand linguiste
une dissertation : Lorsque mon pre revient Georges Gougenheim, la mise l'cart de tout
du boulot... , le matre corrigera dans toutes les vocabulaire familier fut nette et sans remords,
circonstances par : Lorsque mon pre revient du quelle que ft la frquence de ces mots dans le
travail. C'est ainsi, et toutes les considrations parler ordinaire. La dclaration du groupe, en
que l'on peut faire sur le laxisme de 1956, est claire ce sujet, et d'ailleurs cohrente ;
l'enseignement franais dans certains milieux elle montre aussi l'norme volution qui s'est
populaires ne changeront rien la chose. opre entre cette date et la fin du sicle par la
Naturellement, la crainte prouve par tout ensei- mise en galit des adjectifs familier et vulgaire;
on est tonn aujourd'hui du
28 LE FRANAIS FAMILIER LE FRANAIS FAMILIER 29
caractre vulgaire appliqu au mot copain, emploi . Il a un bon job (prononc djob ), Il
qualification qui montre bien la distance entre les cherche un petit job pour les vacances , sera
usages d'alors (dans la bourgeoisie cultive au considr comme plus acceptable, particulirement
moins) et la sensibilit contemporaine. Le fait l'crit, plus chic, plus glorieux ou valorisant que
est d'autant plus criant que le texte reproduit ci- Il a un bon boulot ou Il cherche un petit boulot
aprs est celui de l'dition de 1964 ! pour les vacances . Mais ce sont l des questions
annexes que je laisserai de ct dans l'exposition du
On a limin les mots familiers et prsent Guide.
vulgaires. On a pu voir que dans le choix des
tmoins aucune prfrence n'a t donne ceux
qui pouvaient avoir un parler vulgaire. Nous Les caractristiques du
nous exposons mme au reproche d'avoir choisi franais familier
un trop grand nombre de tmoins cultivs. Mais
mme les personnes cultives emploient
couramment, dans la conversation familire, Les mots en doublure appartenant au registre
bouquin, gosse, vlo, Nous avons cart ces mots familier ont gnralement un champ d'application
et, plus forte raison, d'autres mots dont le
caractre vulgaire est plus accus (copain, se plus restreint que les termes conventionnels qu'ils
foutre, gars), y compris le mot type qui, en remplacent dans certaines situations. Ce ne sont donc
dehors de son emploi vulgaire pour homme, n'a pas de simples synonymes ; par exemple, on dit un
que des sens abstraits, qu'il est inutile de verre de flotte pour un verre d'eau , ou une bassine
connatre au premier degr du franais
fondamental. de flotte, mais on dit toujours une menthe l'eau,
{L'laboration du franais fondamental, 1er jamais une menthe la flotte , sinon par
degr, Didier, 1964, p. 199.) dcalage volontaire, pour produire un effet qui
n'est d'ailleurs pas drle. En gnral, le terme
Ce blocage, cette dmarcation entre ce qui est familier n'est pas introduit dans les locutions figes :
lgitime et ce qui ne l'est pas, sur lesquels j'hsiterais la peinture l'eau, l'eau de rose, l'eau bnite
porter un jugement, ont nanmoins deux demeurent elles-mmes, aussi bien que faire venir
consquences importantes dans l'volution du l'eau la bouche ou vivre d'amour et d'eau frache.
parler contemporain. Le rejet de la langue familire On ne peut donc jamais remplacer automatiquement
explique dans une large mesure la floraison d'un le mot usuel par son acolyte familier - la langue
argot compensatoire chez les jeunes - sorte de familire ne fonctionne pas ainsi. On parle de
dfi l'officialit de la langue ; il explique aussi, guibolle, mais toujours de jambe de force ou de
partiellement, l'acceptation massive de termes jambe de bois. Quelquefois le champ d'un terme
trangers en franais, termes pars d'une aura familier est si troit qu'il se rduit un seul emploi -
exotique lorsque ce sont des mots anglo- la baille dsigne fort troitement une tendue d'eau
amricains ; ceux-ci permettent de contourner
dans laquelle on se baigne, o l'on nage : l'eau de
dans une certaine mesure l'interdit dont est frapp
la rivire, de la
le mot franais familier. Par exemple, la diffusion
du mot anglais job pour
29 LE FRANAIS FAMILIER LE FRANAIS FAMILIER 31
rantaine d'annes, dans une ville de province de anglais entre an appointement et a date - ce dernier
taille moyenne ; admettons qu'ils aient des tant, familirement aussi, un rendez-vous amoureux.
difficults avec un client tatillon et acaritre. Du reste on ne prend jamais un rencard chez le
Un homme dira sans doute, en commentaire dentiste ou le mdecin, mais un rendez-vous, qui est
ses collgues aprs le dpart de l'individu : Ce plus neutre, plus distant. Ce type de phrase est
type-l m'emmerde ! ; une femme dira plutt : frquent : Je pars en balade avec des amis, on s'est
Ce type-l m'enquiquine ! - elle ajoutera donn rencard la gare du Nord. Il n'y a point l
ventuellement : ... pour rester polie . Bien une once de vulgarit (contrairement ce que
sr, il s'agit d'une question statistique : un pouvaient penser, il y a quarante ans, les professeurs
homme pourra dire enquiquine et une femme inventeurs du franais fondamental ), mais une
emmerde, mais le rapport de frquence dans ce expectative plus ouvertement chaleureuse, plus
sens doit tre de 1 10, peut-tre de 1 20. Des guillerette - plus prs du train qui nous emmnera,
raisons encore plus subtiles tenant la qualit si j'ose dire... La cantoche est la cantine d'une
sonore des mots peuvent influer sur le choix cole ou d'une entreprise : midi je mange la
fminin/masculin. Alors que les deux sexes cantine constitue une information neutre qui
emploient indistinctement le terme parapluie, indique le choix de ce lieu de restauration bon
lorsqu'on entre dans le registre familier il march. Je mange la cantoche vhicule la
semble qu'une femme dise plutt : Vous n'avez mme information, mais avec un lment supplmen-
pas vu mon ppin ? alors qu'un homme aura taire : c'est un local qu'on aime bien, o il fait bon
tendance dire plus souvent : Qu'est-ce que rire entre copains, le repas n'est pas cher, bref, on
j'ai fait de mon pbroque ? Sauf si, justement, on passe un bon moment la cantoche. Du reste on
a affaire une femme qui aime orner son entendra plutt ce type de phrase : La cantine est
langage d'un vocabulaire muscl vocation dgueulasse depuis quelque temps ou Elle est
masculine, ou des hommes effmins qui sympa la cantoche ! En vrit, le franais familier
prsenteront la tendance inverse. joue dans la langue le rle d'un dialecte, avec tout ce
Ce sont l des notations trs relatives ; elles qui s'attache de connivence, voire d'motion, un
existent nanmoins, car le registre familier est parler de terroir qui porte toujours un parfum
infiniment plus charg d'affectivit que le registre d'enfance. C'est pourquoi ce registre est
du franais conventionnel. En fait, c'est le infiniment sensible l'tranget que provoque
domaine privilgi de l'affectif dans la langue un accent tranger. Tout dialecte est porteur
courante et ordinaire : ta frangine ou ton frangin d'motion, non seulement par la couleur de ses
ont quelque chose d'amical, de chaleureux, que mots mais par leur musique particulire ; souvent
n'ont pas les simples sur et frre... Avoir un c'est la prononciation seule qui rend un mot
rencard avec quelqu'un est porteur de plus dialectal. Mes amis Daniel et Fred, personnes de
d'attente, de plaisir, de perspective d'intimit grand talent, aiment
qu'avoir un rendez-vous. C'est un peu la
diffrence qui existe en
34 LE FRANAIS FAMILIER LE FRANAIS FAMILIER 35
faire sonner entre eux, Paris, loin de leur Avec ces considrations sur l'affectivit profonde
Picardie natale, des mots de dialecte picard qui du registre familier, on touche ici la raison essen-
rchauffent leur connivence. Ils disent en se tielle qui a fait se dvelopper depuis une centaine
retrouvant : a va-t-y, mon garchoun'? - il y d'annes ce vocabulaire en doublure de la termino-
a dans ce mon garchoun' toute la tendresse des logie conventionnelle. On ne prend pas assez garde
retrouvailles. Mon garchoun' est doux comme les au fait que les Franais dans leur ensemble ne sont
yeux des btes2, blond comme une chope de vritablement francophones que depuis cinquante
bire au bar d'un estaminet !... Il en va de mme ans environ - ce qui est extrmement tonnant, ou
pour les termes familiers, dont certains (pas mme incroyable pour quiconque n'est pas averti du
tous) demeurent marqus d'un reste dveloppement trs original de la socit franaise.
imperceptible de gouaille faubourienne ; or, Jusqu' l'issue de la Seconde Guerre mondiale, les
tout ce qui drange cette phonologie motive diverses langues rgionales taient encore
parat incongru, sonne faux : le ton du Ch'nord couramment parles sur l'ensemble du territoire ; elles
est ncessaire au picard, alors qu'un petit ton constituaient les langues vernaculaires d'une partie
dsinvolte, une clart narquoise des sons sont importante de la population nationale dont le
souvent indispensables au registre du franais franais, appris l'cole, n'tait pas la langue
familier. Un verre d'eau, prononc avec un fort maternelle! Il faut ajouter cela l'usage des
accent anglais, allemand ou japonais, n'est pas dialectes dans les rgions franciennes - Normandie,
risible : l'auditeur inclut la distorsion dans la Picardie, Bretagne gallaise, Champagne, Lorraine,
qualit du locuteur tranger. En revanche, un Bourgogne, Berry, etc. - o les populations rurales,
verre de flotte prononc avec ces mmes l'artisanat, le petit commerce, dominant alors les
accents fera clater l'interlocuteur franais d'un activits locales, taient essentiellement
rire nerveux, incontrlable ! Parce que le mot dialectophones.
flotte, alors dpourvu de sa fonction de La langue franaise conventionnelle - ou
connivence, se trouve totalement dplac. Il y a l franais central , langue d'tat et d'cole - n'est
une raison supplmentaire pour recommander pas une langue enracine dans le peuple ni dans
l'tudiant tranger de ne pas utiliser la lgre les aucun terroir ; ses vritables sources, depuis plus de
termes familiers, alors mme qu'on lui conseille trois cents ans, sont littraires et aristocratiques.
de les connatre pour son confort... Il lui faudra Cette caractristique, qui a fait la grandeur et le
d'abord matriser dans sa bouche des sons rayonnement international de notre langue, est
proches de la moyenne franaise, autrement dit aujourd'hui la cause de sa fragilit ; le franais est une
avoir acquis une volubilit dans la conversation plante de serre, en comparaison des plantes vivaces
ordinaire peu prs dpourvue d'accent. qui se sont nourries sans guides sur les grands
2. Je parodie ici le pote Gaston Cout, grand espaces. C'est ainsi qu'il faut interprter la pro-
matre du trsor dialectal.
36 LE FRANAIS FAMILIER LE FRANAIS FAMILIER 37
la matire aborde. J'ai limit autant que j'ai particulirement la France, n'est pas partage, tant
pu le faire la grossiret violente qui caractrise s'en faut, par l'ensemble des peuples... Pour
de nos jours en France l'usage de la langue d'autres nations que la ntre, la sexualit relve au
quotidienne, dans un clatement de ce que furent contraire de la religiosit, et l'talage complaisant
nagure les tabous langagiers. J'ai donc cart par de termes fonctionnels crus pouvait choquer - je
principe les termes les plus orduriers - dont dirais : pouvait blesser normment.
quelques-uns sont aujourd'hui dans la bouche
mme des enfants; il s'agit d'un fait de socit Le gyrophare
hexagonal qui n'est pas forcment du meilleur
effet au sein de populations accoutumes
Cela est d'autant plus vrai que la langue
davantage de retenue dans leur expression. Je
franaise dtient sans aucun doute un record absolu
n'ai admis, regret, sans entrer dans le dtail,
dans l'abondance de la phrasologie rotique, du
que les termes scato-logiques les plus usuels,
moins parmi les langues europennes - j'ignore ce
proprement parler incontournables , dont
qu'il en est des autres continents. Il est trs difficile,
l'omission et compromis l'exacti-tude de ma
en franais familier, de se borner quelques mots,
description ; je veux parler d'expressions du
les plus usits - qui sont aussi les plus violemment
type se faire chien pour s'ennuyer , auxquelles
crus - sans tre entran dans les mandres de
on ne peut chapper quelle que soit leur
locutions plaisantes qui comportent ncessairement
crudit, apparente ou relle - amoindrie, du
des allusions directes des privauts voluptueuses,
reste, par le frottement d'un usage constant.
ainsi qu' des endroits prcis du corps humain des
C'est dans le mme esprit de modration
deux sexes - et l je reprendrai la litote du Gorille
qu'aprs de longues hsitations, de nombreuses
de Georges Brassens - que rigoureusement ma
concertations avec ceux qui enseignent le franais
mre m'a dfendu de nommer ici !... Oui, ouvrir
dans le monde et sont le mieux au fait des
le chapitre du sexe en franais, c'est s'ex- poser,
mentalits et des murs dans de vastes parties du
de fil en aiguille, devoir rdiger un volume tout
globe, que j'ai dcid de ne pas introduire les mots
entier sur la question : telle n'tait pas mon in-
du sexe dans cet ouvrage. Ce n'est pas de ma
tention dans le cadre de ce guide.
part l'effet d'une pruderie que d'aucuns me
Car l'rotisme provoque un effet amplificateur
reprocheraient sans doute, mais un pur souci du
qui transforme assez vite la tonalit d'un ouvrage ;
respect d'autrui. En effet, la plante est encore
mme si le nombre de vocables sexuels ne
diverse, heureusement, et toutes les cultures n'ont
reprsente qu'une faible proportion de l'ensemble,
pas une attitude gale l'gard de cette activit
peut-tre un dixime du lexique, ce dixime prend
fondamentale de l'humanit qu'est la fonction
assez vite la valeur subjective d'un tiers ou de la
rotique et sexuelle. La trs grande libert, voire
moiti du livre dans l'esprit
l'absence de toute contrainte qui caractrise
l'Europe occidentale en gnral et tout
42 A NATURE DE CE GUIDE LA NATURE DE CE GUIDE 43
du lecteur. Autrement dit, ds qu'apparaissent lante compagnie, les erreurs de vocabulaire seront, ma
des termes salaces dans un texte, on ne voit qu'eux foi, sans importance ! Il y a mme un certain plaisir
!... Je reprendrai cet gard une image qui me se faire donner des leons familirement, sur le tas ;
semble pertinente : lorsqu'on voit passer dans la les meilleures leons possibles en ce domaine ne sont
rue une voiture de police, ou celle d'un service pas dans les livres ! Restent les traducteurs - mais il
mdical d'urgence, munie d'un gyrophare bleu en existe alors des dictionnaires, notamment
action, il est trs difficile, moins d'un effort l'excellent, pour ne pas dire l'irremplaable ouvrage
particulier, de s'intresser au dtail de l'automobile de Jacques Cellard et Alain Rey, le Dictionnaire du
elle-mme. L'attention du spectateur est happe par franais non conventionnel, lequel enregistre toutes
la lumire clignotante qui tincelle sur le toit, et les nuances d'expressions touchant au sexe avec une
cre un sentiment dramatique d'autant plus prcision louable en tous points.
prenant qu'il s'y ajoute le hurlement d'une sirne. part cela, j'ai essay de fournir des indications
Pourtant, c'est la voiture qui importe, avec ses sur le sens actuel de tel ou tel vocable - loin de tout
occupants, et non pas l'accessoire bleut qui ne essai de normalisation et sans rfrence des
reprsente qu'une partie ngligeable de la usages passs qui reprsenteraient dans l'esprit de
carrosserie : un pi-phnomne ! certains la signification vritable . Je me suis
Les mots du sexe ont quelque peu cet effet de dis- attach dcrire l'usage contemporain des mots et
torsion du gyrophare dans un texte : ils se haussent des locutions. Prenons par exemple la locution
au premier plan de l'intrt et font passer adverbiale perpte, qui a son origine au 19e sicle
l'essentiel du propos en accessoire. Avec un ouvrage dans le langage des prisons et des bagnes - les palais
de la nature de celui-ci, on aurait l'impression de de justice et htels de police galement. Elle est
parcourir un manuel ddi ros - cela donnerait l'abrviation ludique de perptuit, caractrisant
ce guide une coloration piquante qui ne serait pas dans la langue juridique les condamnations vie
sans charme, mais enfin, ici et maintenant, l n'tait . perpte signifie donc pour les argotiers
pas mon propos. Aussi ai-je t volontairement le perptuit , et dsigne par extension un temps trs
gyrophare sexuel de ces pages, aprs mre long , voire indfini. Or la langue populaire -
rflexion et la suite d'un essai de rdaction, qui a prsent familire - a depuis longtemps rcupr le
montr la difficult. Quelques regrets que cette terme pour l'usage quotidien dtach de tout contexte
expurgation puisse provoquer chez certains, ce carcral : Allez, viens ! on va pas attendre ici
retrait marque la diffrence avec un dictionnaire jusqu' perpte ... Tout cela comporte une logique
usuel, et je dirai, pour mon excuse aux vidente ; mais il se trouve que la langue
universitaires qui peuvent, certes, regretter une familire dit aussi, par erreur d'interprtation ou
pareille censure, que si l'un de leurs tudiants a par transposition du temps l'espace, perpte
besoin de savoir nommer un jour les actions qu'il pour trs loin,
envisage d'entreprendre en ga-
44 LA NATURE DE CE GUIDE LA NATURE DE CE GUIDE 45
au diable : Pour trouver une picerie dans ce mais le contexte naturel de lourde, pour porte
quartier il faut aller perpte - c'est peut-tre , sera : Fermez la lourde, merde, il fait froid!...
mme l'emploi le plus frquent du mot; je Cependant, il faut se garder de charger
l'enregistre sans maugrer ni rcriminer sur le fait inutilement la phrase sous prtexte de vrisme,
que le bon peuple, ignorant les usages des maisons d'enfiler les termes familiers les uns derrire les
d'arrt, se trompe . Il n'est pas question autres dans un mme nonc : Fermez la lourde,
d'tablir pour le franais familier une rfrence merde, on se caille ! est tout fait possible, mais
une forme d'argot acadmique qui dicterait le non pas indispensable ; il existe une volont
bon usage en parodie des exigences de d'argotisme dans la seconde phrase qui change le
l'Acadmie franaise ! Ce serait pourtant une climat mtalinguistique ; les mots se structurent
tentation laquelle cderaient volontiers diffremment les uns par rapport aux autres,
certains puristes du langage vert... merde prend dans le second cas une lourdeur
agressive qu'il n'a pas dans le premier exemple -
1es exemp1es vivants qu'il n'aurait pas non plus dans la phrase lance avec
agacement : Fermez la porte, merde, on se caille !
Ce mme esprit d'observation a prsid l'tablis- ... En ralit, les trois phrases ci-dessus
sement des exemples, qui jouent un rle correspondent trois situations diffrentes, et trois
primordial dans la description de la langue personnages assez nettement distincts : surtout le
familire. de rares exceptions prs - un texte de second, peu prs certainement un homme, un type
Jehan Rictus et un autre de Pierre Merle - j'ai pris plutt malgracieux, ou de mauvais poil - si c'est
le parti de rdiger tous les exemples moi-mme. une femme, c'est une zonarde appuye qui il ne
Je me suis efforc de les tablir de la faon la plus ferait pas bon marcher sur les pieds !... Les deux
naturelle possible, copiant la vie au plus prs que autres exemples, avec ou sans lourde, comportent
j'ai pu. Pour chaque cas j'ai tch d'imaginer une aussi des nuances : Ferme la porte, merde, on se
situation concrte, la manire d'un romancier caille ! est plus anodin, plus gai d'une certaine
qui crit un dialogue, afin que les phrases se faon, tandis que Ferme la lourde, merde, il fait
structurent d'elles-mmes autour du mot froid ! mane d'un personnage plus grognon,
familier illustrer. Cela permet de ne pas forcer plus incommod par la temprature, plus irritable en
le mot dans une phrase dmonstrative o il serait dfinitive que le prcdent.
comme une peau de banane sur un parquet cir. Il Une phrase en langage familier n'est donc pas
existe une unit de registre, un mot familier neutre, elle est porteuse d'une infinit de nuances. Le
n'entre pas toujours dans un nonc dosage est tout fait essentiel dans ce domaine ; par
conventionnel : Pierre-Henri, voulez-vous exemple : " Tous ces gars-l c'est des lopettes, ils
fermer la lourde, je vous prie est d'une veulent pas se battre, laisse tomber est la phrase
incongruit rjouissante dont on peut tirer des du copain qui, un
effets comiques ;
46 LA NATURE DE CE GUIDE LA NATURE DE CE GUIDE 47
soir de bamboche, essaie de calmer son minement dans la langue. Leur origine sociale , les
camarade avin, lequel provoque des passants couches populaires dans lesquelles ils se sont d'abord
berlus. cause d'une grammaire particulire rpandus, est d'une certaine importance pour
la langue parle, je ne peux pas avoir : Tous rendre compte de leur mode de diffusion. cet
ces gens-l sont des lopettes, \ils ne veulent pas gard, les troubles sociaux et les brassages oprs
se bagarrer, tiens-toi tranquille , parce qu'un par les guerres d'une certaine ampleur ont toujours
copain ne prendra pas ce ton-l pour parler son jou un rle capital. Il semble qu'il y ait une
pote qui est en train d'insulter piteusement des concomitance entre l'intrt soudain accord
innocents dans la rue ou dans le hall d'un htel. l'argot par la socit bourgeoise du 19e sicle, et les
Sauf cas trs spcial, o le compagnon serait un massacres populaires perptrs par la bourgeoisie
jeune homme naf, trs comme il faut - et dans rgnante. Les sanglantes rpressions de Lyon et de
un film le dcalage du dialogue pourrait Paris en 1832, le petit crime contre l'humanit de
produire un effet comique... l'inverse, si j'cris : la rue Transnonain en 1834, sont mettre en
Ces mecs-l, c'est des lopettes, j'te dis ! Ils relation avec les publications argotires de 1835
veulent pas aller au baston, arrte ton charre ! , je chez Raspail et 1836 chez Vidocq, comme aussi la
charge artificiellement la phrase pour lui donner parution et l'immense popularit des Mystres de
une coloration argotique qui finit par tre fausse. Paris d'Eugne Sue en 1842. Le massacre des
Personne ne parle vraiment ainsi - sauf peut-tre chmeurs de juin 1848 n'est pas compltement
dans les romans policiers, qui sont les conserva- sans lien avec les tudes de philosophie compare
toires inspirs de l'argot ! de Francisque Michel, premier exgte de l'argot dans
Au fond, pour illustrer le langage parl - les annes 1850 - tudes rebondissant sur les
forcment contemporain (les morts n'ont plus la observations de Lordan Larchey, puis d'Alfred
parole) -, le mieux tait que je me misse dans Delvau dont le Dictionnaire de la langue verte fit
l'humeur d'un scnariste. Casse-toi, vieux date en 1867. Les troubles de la Commune, les
dbris, tu me fous les glandes ! est une phrase explosions anarchistes de la dernire dcennie du
que j'aurais pu crire pour un film ; autant la sicle, vont de pair avec la publication rpte de
placer ici, cela donne ce lexique l'allure d'un divers dictionnaires d'argot, et la diffusion d'une
long scnario fragmentaire dont on ne peroit langue populaire particulirement riche. Le long
que des dbuts de dialogues. mli-mlo de la guerre de 14-18 permit ce bas
langage d'imprgner le registre familier de la langue
L'effet de parapluie quotidienne des Franais.
Il est vident qu'autrefois les vocables
Dans les indications d'origine que j'ai pu cheminaient longtemps dans l'ombre parmi les
recueillir sur les termes familiers, ce n'est pas groupes sociaux chez qui ils avaient pris naissance
tant leur tymo-logie proprement dite qui m'a - le milieu des pri-
intress que leur che-
48 LA NATURE DE CE GUIDE LA NATURE DE CE GUIDE 49
sons, de la prostitution sa voisine - sans passer dans veille du conflit mondial, se retrouvent dans l'usage
ce qu'on peut appeler le public , ou le grand pu- familier des annes 1920 - aprs la fin des hostilits.
blic . Puis, brusquement, tel mot, telle expression l'issue des changes forcs tous les niveaux qui
s'talait en quelques annes, tait reprise de bouche caractrisrent la vie dans les tranches, les Franais
en bouche, provoquant parfois un effet de mode qui de toutes les classes et de toutes les rgions
implantait ces termes obscurs dans le langage de changrent des mots. En 1936 le compositeur
Monsieur Tout-le-Monde (ou Toulemonde !). Je Francis Poulenc, crivant une prface Mlie,
comparerai cette brusque expansion en gerbe un histoire d'une cocotte de 19003, s'exprimait de la
parapluie, ou un parachute, qui s'ouvre soudain : il sorte sur la chronologie des mots du rire - bien
y avait l un fuseau, une boule, puis tout coup la entendu, ses remarques ne sont pas des datations,
chose plane en l'air, occupe l'espace au vu de tous... mais des indications sur les usages la mode dans
J'ai pu observer moi-mme ce type de diffusion, sa classe sociale qui n'appartenait pas au monde
par exemple avec le verbe gerber, vomir . Le mot populaire mais celui de la bourgeoisie artistique :
est relev par Gaston Esnault dans le langage
populaire parisien ds 1925 - mais il est rest Il me semble impossible de ne pas rire
inconnu de la plupart des Franais pendant une franchement du chapitre o l'on cherche pour
quarantaine d'annes, demeurant dans l'usage Mlie un nom de guerre, je dis "rire franchement",
en 1900 j'eus [sic] sans doute crit : s'esclaffer, en
particulier des argotiers de la capitale. Puis gerber 1912 rigoler, peut-tre en 1925 se marrer, tant il
commena sortir de ce cadre troit, est vrai qu'une simple expression, employe son
vraisemblablement aprs mai 68 et les remous heure, situe d'un coup l'pisode le plus insignifiant.
libertaires qui ont caractris cette priode. Je l'ai
entendu utiliser pour la premire fois en octobre On voit l se marrer (que le musicien crit se
1973 dans un groupe de jeunes comdiens, alors marer) jaillir dans le tourbillon verbal de
qu'il tait en train de se rpandre et avait amorc son l'immdiat aprs-guerre.
effet de parapluie . Deux ans plus tard, l'ouverture Tel qu'il est, le prsent Guide brosse un
tait complte : en 1975-76, toute la jeunesse avait panorama assez large du vocabulaire familier dans
mystrieusement adopt le verbe et parlait d'avoir la les dernires annes du 20e sicle. Une enqute
gerbe avec autant de naturel que s'il se ft agi d'une sommaire nous a montr que dsormais un tiers
vieille locution sortie d'une posie de Lamartine ! environ de ces termes est connu seulement de la
La guerre de 1914-18 fut le lieu des effets de tranche d'ge au-dessus de 50 ans ; autrement dit,
parapluie en srie. Ainsi, nombre de vocables la roue du temps les pousse inexorablement vers la
rpertoris dans des textes quasi confidentiels des catgorie des mots fantmes.
annes 1880 1900, demeurs pratiquement
inconnus jusqu' la 3. Livre de Marthe de Kerrieu, Tours, 1936.
Prface de Francis Poulenc, p. 11.
50 NATURE DE CE GUIDE 51
de La Flche, ce qui le conduisit s'engager 19 cet ouvrage foisonnant qui transgressait dans un
ans dans le 3e rgiment de spahis en Algrie ; il fit joyeux fouillis toutes les rgles de l'art du
pendant dix ans une carrire de sous-officier dans ce classement et la sgrgation des termes. En effet,
pays avant de quitter l'arme pour venir Paris en un tel dictionnaire ne pouvait qu'inspirer du
1869, o il se procura un emploi dans les mpris des spcialistes de l'argot pur et dur
contributions indirectes. Ayant repris du service tels que Snant ou Esnault, lesquels disposaient par
la dclaration de guerre contre la Prusse, il ailleurs de sources plus tendues et plus compltes
participa l'anne suivante la Commune et dut se pour l'tude du parler des barrires et des fortifs. Mes
rfugier en Angleterre aprs avoir chapp de prdcesseurs, y compris Jacques Cellard, ont donc
justesse aux reprsailles. Il fut professeur de nglig par habitude une source d'information trs
franais Londres, puis au collge de Douvres, riche sur le parler simplement populaire - et non
pour gagner sa vie. En 1879, il profita de l'amnistie pas argotique -, voire de simples locutions
pour venir se fixer dfinitivement Paris o il familires que des dictionnaires d'argot proprement
collabora de nombreux petits journaux tendance dit, tel celui d'Aristide Bruant (1901), ne prenaient
plus ou moins satirique ou libertaire, tels le Gil videmment pas en compte.
Blas ou L'cho de Paris, dont la rdaction ne Cela explique que j'aie fait un usage constant de
rpugnait nullement l'usage de la langue ce livre rare et peu prs ignor. J'ai souvent cit
populaire de l'poque. Hector France, franc- Hector France, et dans bien des cas suivi son
maon et anticlrical, publia entre 1880 et 1906 opinion.
une vingtaine de rcits et romans dont plusieurs sont
directement issus de ses expriences algriennes (Sous Gaston Esnault, Dictionnaire historique des
le burnous, 1886) ou londoniennes {La Pudique argots franais, Librairie Larousse, 1965
Albion, 1885). Il mourut Rueil le 19 aot Ce dictionnaire compos par l'universitaire
1908. Gaston Esnault constitue la source ingale des
C'est donc un observateur aigu et passionn du connaissances sur la datation des termes argotiques et
langage des classes populaires tous azimuts, et pas accessoirement leur tymologie. J'ai choisi peu prs
uniquement parisien, qui rdigea ce Dictionnaire constamment de suivre ses conclusions en donnant
de la langue verte au cours des dix annes qui par conomie de place la simple indication
prcdrent sa mort. Cela explique sans doute Esnault , qui rfre ce dictionnaire.
l'apparent dsordre de l'ouvrage, qui assemble ple-
mle des mots d'argot, des mots d'arabe, des Jacques Cellard et Alain Rey, Dictionnaire
expressions en usage dans les bureaux ou chez les du franais non conventionnel, 2e d.,
prostitues, aussi bien que chez les mres de famille Masson Hachette, 1991
nombreuse ! Cette profusion fit sa perte : aucun J'ai dit plus haut ce que recouvre le
linguiste professionnel ne s'est intress nologisme non conventionnel cr par J.
Cellard, qui fut le
54 LES SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES
a
la littrature argotique (d. Mazarine, 1985).
Le Dictionnaire du franais non
conventionnel, indiqu ici par ses initiales
DFNC, constitue l'une des bases de l'tude du
franais prcisment hors normes , fonde
sur le dpouillement d'une masse
irremplaable de citations littraires
contemporaines. L'ouvrage est d'une richesse et
d'une comptence exceptionnelles dans le
domaine de l'rotisme et de l'expression du
sexe, populaire ou non.
Abrviations et symboles
ORIGINE Annes 1950. L'image fait appel la super Magnifique ; la fois beau, bon et agrable. Le
notion de plafond (la tte, le crne) et l'ide mot est vraiment usage multiple : tout est
d'entrer dans quelque chose bille en tte , de super. Trs employ par les jeunes et les moins
plein fouet. jeunes.
Les vacances Olron, c'tait super.
Tu viendras chez moi demain soir ? - Oui
agrable super!
chouette Sympathique, plaisant, rconfortant : ORIGINE Annes 1970. D'aprs l'usage du prfixe
Nina, c'est une chouette copine. latin signifiant plus grand : les supermarchs,
(elle est dvoue et gnreuse) etc. Le succs du mot est probablement d au fait
qu'il est vaguement ressenti par les locuteurs
Mitch, oh, Mitch ! C'que c'est chouette que tu
sois l!
comme un abrgement de superbe, et pas du tout
(P. Merle, Le Dchiros, 7997) comme un latinisme.
REMARQUE Le sens de beau ( Tu as un chouette fonne(ou fun) Plaisir. Trs usuel au Qubec.
pantalon ), qui tait surtout usuel jusqu'aux
annes 1950, est aujourd'hui plutt dsuet, sauf Avoir du fun, s'amuser :
chez les personnes ges, de mme que
On a eu du fun avec Pierre. Avoir un fun noir
l'exclamation en antiphrase : Ah, on est chouettes
! (on est coincs dans une situation impossible). (ou vert, ou bleu), s'amuser follement :
e
ORIGINE Dbut 19 sicle. J. Cellard donne une ana- On a eu un fun noir samedi soir. tre le fun,
lyse qui me parat pertinente partir de faire la tre amusant, de compagnie agrable :
chouette (18e s.) au jeu (tenir tte plusieurs adver-
C'est le fun !
saires), encore en usage au billard en 1900 :
jouer seul contre deux . Le mot tait trs la C'est une amie le fun !
mode la fin du 19e sicle, mme en antiphrase; ORIGINE De l'anglais fun, gaiet .
cf. Ce n'est mme pas un bordel qu'il nous a
lgu, ce misrable, c'est un gorgeoir et un
dpotoir. Ah c'est superbe ! Chouette le rsultat
(A. Cim, Demoiselles marier, 1894).
aliments
plus populaires. Les haricots et les pommes de terre ORIGINE Fin 19e sicle. Resuffixation amusante
ont form, avec le pain, la base de l'alimentation de fromage.
chez les ouvriers et dans les armes, pendant tout le
19e sicle (la viande, les pommes de terre, le pain et le
vin sont donns isolment leur place alphabtique). la confiote La confiture, par resuffixation
Le riz et les ptes, par exemple, n'ont t connus dans humoristique. Les enfants aiment beaucoup le
les classes laborieuses en France qu'aprs 1920. Les mot, et la chose :
autres dsignants rfrent aux aliments traditionnels Mange pas toute la confiote, Sophie !
du casse-crote pris sur le pouce : saucisson et REMARQUE Le terme est peu employ avec un
fromage (longtemps repas de pauvres), de mme que dterminant, on dit rarement de la confiote de
la confiture. prunes ; mais on dira, elliptiquement :
Qu'est-ce que c'est cette confiote ? - De la
le sauciflard Le saucisson, symbole du casse- pche.
crote populaire : ORIGINE Vers 1930. Peut-tre un croisement de
On va se taper quelques tranches de sauciflard confiture et de compote.
en attendant le repas.
REMARQUE On dit aussi en abrg sauce (sauc') :
les fayots Les haricots, plat consistant et
Coupez-moi une rondelle de sauce, Maria, s'il bourratif associ aux menus des pensionnats
vous plat. et des casernes :
ORIGINE Vers 1960. Par resuffixation de On a bouff des fayots toute la semaine.
saucisson.
un calendos (le s final se prononce ou non, ORIGINE 18e sicle. Du mot occitan fayol,
selon la personne qui parle) Appellation haricot .
familire trs usuelle du camembert : un coco Un uf, dans le langage enfantin et par
On va se taper un calendos bien fait. plaisanterie chez les adultes :
ORIGINE Aprs 1920; obscure. Peut-tre un jeu Tu veux un coco, mon chri ?
de mots favoris par la rime initiale avec ORIGINE Dbut 19e sicle. L'uf est produit par
camembert (J. Cellard). la cocotte, la poule , dans le mme registre
enfantin.
le frometon Le fromage, de quelque varit qu'il
soit : un casse-crote Se dit par extension, depuis une
Vous n'auriez pas un bout de frometon pour vingtaine d'annes, d'un sandwich, surtout chez
finir mon pain ? les jeunes :
Ma mre m'a donn deux casse-crote, t'en
veux un?- quoi ils sont ? -Au pt. - Ouais.
62 AMI AMI 63
DRIVS :
un casse-dalle (un sandwich) devient le Grard, c'est mon vieux pote, on a toujours du
terme le plus usuel chez les jeunes : plaisir se retrouver.
J'ai emport des casse-dalle. Daniel, c'est un pote : je sais que je peux compter
sur lui.
un casse-graine Plus rarement, en
variante de casse-dalle. Quand Lucien a appris qu'il tait reu au
concours, il a appel tous ses potes et ils ont fait
une fte.
un en-cas Locution amusante qui se dit d'un Le mot a eu une recrudescence d'emploi parmi les
sandwich ou de toutes les provisions de bouche jeunes avec un slogan antiraciste au dbut des annes
que l'on peut emporter avec soi en dplacement 1980 :
en cas de petite fringale (
): Touche pas mon pote !
J'ai pris un en-cas dans ma valise.
_____________ REMARQUE Le mot s'emploie galement au fminin :
Marie est venue me voir avec une pote elle.
En complment Pour des moins de 20 ans Paris, ORIGINE Le mot, attest en argot chez les malfaiteurs
la plupart de ces termes paraissent inconnus - sauf ds 1898 par G. Esnault, n'est en fait devenu courant
patate, fayot et casse-crote. Cela est surprenant, et dans le milieu ouvrier qu'aprs la guerre de 14-18 o
probablement significatif de la socit de grande l'on disait plutt poteau : T'es mon poteau, Mathu-
consommation actuelle. rin ! Pote, qui en est l'abrviation, l'a compltement
remplac depuis les annes 1950.
ami
chum (se prononce tchomme ) Copain, ami. Trs
Note prliminaire Bien qu'voquant la familiarit, le usuel au Qubec.
mot copain appartient dsormais au franais
ordinaire, comme le fminin copine. Il est venu samedi soir avec ses chums.
Dsignait autrefois uniquement le petit ami d'une
un pote Terme familier extrmement frquent jeune fille. S'emploie aujourd'hui tout aussi bien pour
pour copain, camarade, ami , avec une le mari, l'ami, le compagnon :
insistance sur la fidlit de la relation : Ma sur habite maintenant avec son chum.
ORIGINE De l'anglais chum, copain .
AN ARGENT 65
DRIV ftiqu Un type friqu est plein de le bl Toujours trs usuel et peine familier.
S'emploie surtout au sens gnral de
fric , riche : richesses , de fortune :
Si t'as un copain friqu, tu peux toujours le Les Lareine-Leroy c'est une famille qui a
taxer de 100 balles. toujours eu beaucoup de bl.
ORIGINE Fin 19e sicle. Par abrgement de Tu crois qu'il se fait beaucoup de bl
dans son commerce... a m'tonnerait.
fricot (voir CUISINE).
ORIGINE Image dj courante au 16e sicle. De
le pognon Vedette en second des termes bled cause de la couleur jaune qui est celle
d'argent, pognon est ressenti comme plus de l'or. J.-J. Rousseau emploie la mtaphore
familier que fric - il porterait mme une dans une lettre.
coloration vulgaire, donc plus agressive que
fric. Le pognon garde quelque chose d'un tout la thune (ou tune) Ce mot est employ
petit peu mprisable, sans doute, et la constamment dans les jeunes gnrations
phrase Moi, j'ai pas assez de pognon pour actuelles pour dire fric, pognon ou bl, alors
acheter une Mercedes est plus brutale que la qu'il tait presque sorti de l'usage des argotiers il
mme avec le mot fric. Ce sont l des nuances y a vingt-cinq ans.
subtiles que seul un usage prolong permet de Vincent ? T'as de la thune pour acheter
saisir. des croissants ?
Ce gros dgueulasse il est plein de pognon,
tu crois qu'il te filerait 10 francs ?... Lui, son pre, il lui donne plein de thune.
times - parce que le sou, rond de forme, tait de un radis Seulement dans l'expression plus un
trs loin la pice la plus usuelle et la seule radis, absolument sans le sou . un
connue des pauvres. qumandeur :
Dsol ! Je n'ai plus un radis.
le pze L'argent. Le terme est dot aujourd'hui l'oseille L'argent en gnral, mais plutt avec
d'une coloration trs familire ou argotique. Trs l'ide rjouissante d'une grande quantit. Le
usuel dans la premire moiti du 20e sicle, son mot semble tre rest en usage cause de
emploi a rgress mesure que le fric prenait de l'image amusante des feuilles d'oseille figurant
l'extension. Par plaisanterie et parodie d'argot des billets de banque. Pour une forte somme on
(films des annes 1930) : dira un paquet d'oseille :
Une fois Jean-Marc a gagn au loto, il a
Mon album est en panne faute de pze. touch un sacr paquet d'oseille.
(Jehan Rictus, Lettres Annie, 1923)
Aboule ton pze ! ORIGINE 1876. Le mot tait en usage courant ds
(allez, paye ! - dans un caf, par exemple) le dbut du 20e sicle dans la langue familire (et
non dans l'argot). Hector France commente :
Argent : il fond dans la main comme l'oseille
ORIGINE Dbut 19e sicle ; obscure. dans la casserole (1907). La mtaphore est
probablement due une suffixation burlesque de
-os (voir ci-dessous En complment ).
le flous (ou flouze) L'argent, en terme
familier amusant : la galette L'argent, la fortune. Devenu rare avec
l'extension de fric et de son propre rejeton
Il ne pense qu' gagner du flous. pognon.
O RIGINE Pendant la guerre de 14-18. De Vrai, j'aimerais un peu moins de gloire et un
l'arabe el flouss, l'argent , diffus parmi les peu plus de galette.
combattants. (Jehan Rictus, Lettres Annie, 1922)
Ahmed, sa sur, elle touche 5 patates un flingue Un revolver, mais aussi un fusil, une carabine
par mois, dis ! J'te jure, sans dc' !
:
(la sur d'Ahmed gagne 50 000 francs Il a toujours un flingue dans sa bagnole pour le cas
par mois) o il ferait de mauvaises rencontres.
ORIGINE Les annes 19Z0. La liasse de billets DRIVS flinguer, se flinguer Tuer, se tuer :
de 1000 francs avait alors la forme d'une
Il s'est fait flinguer par les flics un soir dans la ban-
brique. lieue.
ORIGINE Fin 19e sicle. Abrviation de flingot, fusil
militaire du fantassin ; origine obscure.
En complment La langue familire a
galement connu de l'os pour de l'argent
(1851). Hector France commente ainsi le mot, un schlass Un couteau, en gnral d'une certaine
avec vraisemblance : Ce terme vient vi- taille, pouvant servir tout. Usuel.
demment des maisons de jeu o la mise des
joueurs est reprsente par des jetons en os. Passe-moi ton schlass une minute que je coupe cette
"Je n'ai plus d'os", c'est--dire : je n'ai plus de branche.
jetons, et par consquent d'argent. Osier O RIGINE 1932 pour un couteau cran d'arrt (G.
(1935, mais aujourd'hui dsuet) semble avoir Esnault), tout couteau par la suite. tymologie obscure.
fait partie de la srie os, oseille, osier . Les
sous, des sous, pour l'argent, de l'argent ( II
a beaucoup de sous - il n'a plus de sous , un surin Un couteau, en tant qu'arme blanche ; un
etc.), n'appartiennent pas vritablement au poignard. Le mot est dsuet, mais encore compris.
registre familier, mais la langue
conventionnelle. Il lui a fil un coup de surin entre les paules. DRIV
suriner Tuer coups de couteau.
ORIGINE Milieu 19e sicle.
armes
alpaguer Arrter. Terme d'argot courant devenu se pointer Mot trs usuel signifiant arriver en
humoristique et surtout littraire (romans un lieu dfini, se montrer , mais pas forcment
policiers). L'ide est arrter par surprise : au bon moment - on dira moins facilement je
me suis point l'heure que :
76 ARRIVER ARRIVER 77
Le salaud, il s'est point avec trois heures de ORIGINE Milieu 19e sicle au sens plus prcis de
retard. revenir (encore au dbut 20e sicle). Dformation
de rapiquer au vent, revenir au vent, en parlant d'un
L'arrive inclut une ide de surprise : navire (J. Cellard, DFNC).
Je me suis point chez eux 8 heures, tout le
monde dormait.
Se prsenter : dbouler Arriver brusquement. S'emploie le plus sou-
Si le contrleur se pointe, tu vas aux toilettes. vent avec l'improviste :
ORIGINE Vers 1950. Le contrle des entres Ils ont tous dboul en pleine nuit, tu parles
d'une surprise !
l'atelier, en usine, l'aide d'une carte qui indique
l'heure d'arrive, s'appelle le pointage. Le verbe suppose une promptitude encore plus
grande que rappliquer :
Si les flics dboulent, vous vous planquez !
se radiner Arriver, gnralement avec empres-
sement si l'on parle de quelqu'un d'autre : ORIGINE Vers 1830 au sens actuel (dj dans Eugne
Je l'ai appel, il s'est radin dare-dare. Sue, 1842). partir de l'ide de rouler .
Dbouler semble avoir signifi accoucher en
Avec une certaine nonchalance si l'on parle de dialecte rmois au dbut du 20e sicle.
soi :
Je me suis radin sur le coup de 5 heures,
peinard. ramener sa fraise Arriver, avec la notion pjora-
tive de ne pas tre attendu ni souhait :
S'emploie aussi activement :
Tiens, voil les flics qui radinent ! Voil l'autre qui ramne sa fraise! On n'a pas
besoin de lui !
ORIGINE Vers 1920 la forme pronominale.
Au 19e sicle et au dbut du 20e, le verbe REMARQUE Le plus souvent, cette expression
s'employait uniquement la forme active : signifie intervenir dans une discussion, pour
radiner la piaule , rentrer chez soi (diminutif protester ou argumenter - mettre son grain de
d'un vieux verbe rader, marcher ). sel en tout cas.
Ah, l'imbcile ! Il a fallu qu'il ramne sa fraise
au beau milieu de la conversation ! Pour dire
rappliquer Mme chose que radiner, mais avec une connerie !
un plus vif empressement : Voil les flics qui
rappliquent suppose une menace plus prcise, ORIGINE Dbut 20e sicle. La fraise, comme la
une plus grande agitation aussi. Souvent dans cerise ou la poire, est un synonyme familier
une succession d'actions, avec une nuance de argotique de visage .
rptition :
Le pre s'en va, dix minutes aprs voil le fils
qui rapplique.
78 ASSEZ ATTENDRE 79
En complment La variante familire ancienne faire le pogner (ou poigner) Attraper, prendre, au
pied de grue n'est plus que d'un emploi rare. Qubec. Trs familier, tendance vulgaire.
Usuel.
J'ai pogn le rhume.
Pogne ton sac et viens-t'en !
attraper DRIV se faire pogner Se faire prendre, se
choper Attraper, saisir, prendre, s'emparer : faire surprendre. Usuel.
Le cambrioleur s'est fait pogner.
Toi, si je te chope, fais gaffe !
Si tu chopes le ballon dans les 22 mtres, ORIGINE DU franais familier dialectal pogne,
tape en touche. poing, poignet . H. France relve : A pogne-
Hier j'ai chop une contravention juste main, pleine main, brutalement ; expression
devant chez moi. populaire qui convient pour le sens l'usage
(j'ai attrap une amende pour ma voiture) qubcois.
Se faire choper par les flics est une occurrence
frquente. Se dit aussi pour attraper une avion
maladie :
J'ai chop un rhume en allant voir le un zinc Le mot s'applique un petit avion
match. hlices. Son emploi, autrefois frquent, s'est
rarfi.
Si tu sors comme a, tous les coups tu vas Edouard a lou un zinc pour faire le
choper la crve. reprage de son film.
REMARQUE Les jeunes emploient le verlan de
choper (pcho) dans la construction se faire ORIGINE Vers 1925, lorsque les avions sont
pcho: devenus des monoplans entirement mtalliques.
Cependant, on note zinc, voix mtallique , et
Je me suis fait pcho par un leur. avoir du zinc, avoir un organe vocal bien timbr
(je me suis fait choper par un contrleur - (H. France, 1907), qui pourrait convenir au
appel leur par les jeunes)
chant du moteur d'avion.
ORIGINE Fin 19e sicle au sens familier. Origine
obscure. un coucou Un avion du type biplan des dbuts de
l'aviation, et par extension un vieil avion (de
petite taille) d'aspect un peu dlabr :
82 AVION
bande
bavard
beau
beaucoup
bicyclette
bire
billet de bouleverser
banque bouteille
bistrot bruit
bigarre brler
boire
boue bureau
BANDE BAVARD - BEAU 85
bande bavard
la smala Une famille relativement nombreuse une pipelette Se dit familirement d'une petite
ou un groupe de personnes qui assiste un fille ou d'une femme qui bavarde tous propos, et
personnage important; surtout dans surtout pour colporter des nouvelles que l'on
l'expression toute la smala. Le mot, assez aimerait tenir secrtes :
pjoratif, est usuel, sauf chez les jeunes. La femme de Bertrand c'est une vraie pipelette,
Il avait amen toute sa smala la fte mfie-toi de ce que tu lui racontes, elle rpte
foraine, a finissait par lui coter cher en tout ses copines.
tours de mange.
Le Prsident et sa smala voyagent dans un ORIGINE Vers 1920 dans ce sens - parce que le mot
avion priv. signifie concierge (l'homme tait un pipelet
-voir aussi CONCIERGE) depuis le 19e sicle et que
ORIGINE Fin 19e sicle. De l'arabe smalah qui les concierges avaient une forte rputation de
dsigne l'ensemble d'un campement, familles commrage.
et troupeaux compris .
La formule en antiphrase nous voil chouettes ! Il est classe, ton pull ! O tu l'as achet ?
pour nous voil dans le ptrin n'est plus gure Se dit aussi au sens moral pour franc, gnreux
en usage, sauf chez les gens d'un ge avanc. , voire grand seigneur :
ORIGINE Dbut 19e sicle. Vient apparemment de Joachim m'a donn son vlo. - Ouais, il est
faire la chouette, tenir la banque en termes de vachement classe, ce mec !
tripot (probablement parce que celui qui faisait
la chouette se plaait dans l'angle d'une pice, DRIV classieux Adjectif de mme sens. Ce
le dos au coin). La somme jouer s'appelait nologisme est attribu au chanteur Serge
aussi la chouette, d'o sans doute l'ide de Gainsbourg qui en faisait grand usage.
beaut . Le mot chouette a joui d'une vritable Ils avaient fait un arrangement musical trs
gloire dans les dernires dcennies du 19e sicle. classieux.
(un arrangement qui avait beaucoup de grce
et de tenue)
au poil Beau, bien, parfait. Familier trs usuel,
surtout dans l'expression c'est au poil, c'est ORIGINE Vers 1970. Par attraction probable et
parfait, a me convient tout fait . confusion de forme avec c'est class, c'est assez
(voir ASSEZ). Reformulation de avoir de la classe,
Si tu viens par le train de 8 h 30, c'est au poil. avoir de hautes qualits, du style , d'abord
appliqu un cheval (1916 chez les leveurs). Il
Ah ! elle est au poil cette bagnole ! Elle s'agit prcisment l'origine d'un cheval
marche au poil! class, qui a gagn un des quatre premiers prix
Au sens de pratique, commode : (Esnault).
Il habite un appartement au poil : juste ct
de la gare. nickel Joli, brillant, impeccable, surtout pour
e
ORIGINE Dbut 20 sicle. S'est surtout rpandu souligner la beaut d'un intrieur dans un
aprs 14-18. J. Cellard pense qu'il s'agit d'une langage populaire :
expression d'artistes peintres produisant des Marie, elle tient toujours sa cuisine nickel.
portraits ressemblants au poil prs . Je crois
plutt que le mot vient du langage ouvrier o le Oh ! mais dites donc, c'est nickel chez vous !
poil est une mesure de prcision symbolique : les Des fauteuils en cuir ? Ma chre !...
deux pices s'ajustent au poil , c'est--dire ORIGINE Annes 1920. D'aprs l'aspect tincelant
parfaitement, on ne pourrait pas glisser un poil du mtal.
entre elles.
- Pas des tas (Le Petit Journal, vers 1895), ORIGINE Vers 1920 - alors une tournure
rapport dans le milieu des snobs, cercleux, populaire qui s'est peu peu gnralise la
gommeux et thtreuses . part cela, un tas langue commune.
de tait trs usuel au 16e sicle et plus tard :
un tas de gens chez Montaigne, et un tas de
jeunesses folles dans Du Bellay ! un de ces... Formule d'exclamation pour indiquer
l'importance de la chose cite. Trs usuel.
J'ai une de ces faims !
une chie Abondance, foule dans le sens injurieux
(1907). cause de la grossiret vidente du Hou !... Elle a eu une de ces ptoches !
mot, la locution demeure vigoureusement
Ils ont fait un de ces ptards toute la nuit !
vulgaire, mais trs frquente.
Il y avait un de ces fouillis dans le salon !
Ils sont arrivs, toute une chie de
protestataires qui gueulaient comme des ORIGINE Formulation ancienne (18e sicle?). Il
perdus : Non la corruption ! s'agit d'une expression elliptique signifiant : un de
ces x exemplaires , une de ces peurs comme on
Au pluriel : des chies, normment, des
en voit peu.
kyrielles . Il semble que le pluriel - aussi
ancien que le singulier - soit davantage utilis
de nos jours : je te dis pas ! Souligne par une exclamation l'in-
Y avait des chies de bagnoles au page. tensit d'un phnomne. Expression trs usuelle
e parmi les jeunes.
ORIGINE AU 19 sicle, assurment dans un
contexte scatologique. [L'anne] dbute par Il tait beau, j'te dis pas !
une chie d'hypocrisies et de menteries (Le Il tait dans une de ces merdes, j'te dis pas !
Pre Peinard, 1894). Oui, mais c'est embtant
aussi d'avoir ses trousses des chies d'enfants ORIGINE Vers 1970. Ellipse de je te dis pas
(Octave Mirbeau, 1900, cit par J. Cellard). parce que tu peux imaginer. C'est proprement
indicible .
Jojo s'est achet une grosse bcane qui peut ORIGINE .Vers 1970. Parce que la bire doit tre
tout faire ! - Mme le mnage ? servie avec sa collerette de mousse.
ORIGINE 1890. Auparavant au sens de machine
vapeur . Mot d'origine obscure.
billet de banque
bire
un bifton Un billet de banque. Mot d'un usage
restreint aujourd'hui et surtout humoristique :
une bibine Une bire. Dsigne plutt une bire
en bouteille ou en bote. Trs usuel. Il faut en sortir des biftons quand on va dans
les magasins !
Tiens, passe-moi une bibine, s'il te plat, j'ai (a revient cher)
soif.
ORIGINE Fin 19e sicle. Par diminutif de biffe,
ORIGINE Vers 1960 dans cette acception chiffon , d'o billet en gnral dans l'argot.
gnralise. Le mot date du 19e sicle au sens de Le mot tait trs pris dans la langue populaire du
petite bire dans certains dpartements de l'Est temps o les pices avaient encore beaucoup
(H. France, 1907), ainsi que mauvaise boisson d'utilit et o le billet de banque reprsentait la
. Bibine a d'abord dsign un cabaret de bas fortune - les gros biftons.
tage ; cf. Gabriel Mac, ancien chef de la sret
Paris : L'entre se trouve au bout d'un long
couloir, prcdant une cour boueuse et sombre. un talbin Mot d'argot dsuet pour un billet
Sur une porte garnie de petites vitres recouvertes de banque ; connu mais rarement employ.
d'un rideau transparent aux couleurs indcises,
on lit le mot Bibine (Un joli monde, v. 1880). La Banque de France a sorti un nouveau
tymo-logie mal tablie. talbin de 500 balles.
une mousse Terme familier et dsinvolte pour dire ORIGINE Fin 19e sicle; obscure.
une bire , qu'elle soit servie au comptoir la _________
pression ou en bouteille :
Une petite mousse. Polo ?... Allez, j'te l'offre.
En complment Souvent un billet est dsign par son
Garon ! On va prendre une mousse. Polo et
effigie - par exemple un billet de 500 francs tait
moi.
appel un Pascal.
96 BISTROT BIZARRE 97
Paul a racont aux flics une histoire thique, ou bien qu'on a l'air d'y vendre de la
compltement loufoque. drogue, ou encore que c'est un repaire de
REMARQUE Ce mot a t trs la mode la fin malfaiteurs.)
du 19e sicle et au dbut du 20e en tant que ORIGINE Dbut des annes 1970. Le mot s'est
substantif (un loufoque, un fou, un cingl) au diffus trs rapidement dans la jeunesse Paris
point qu'il en a perdu sa connotation argotique partir de 1973 ; il est devenu brusquement la
pour devenir du franais commun ordinaire. mode en 1975.
DRIV une loufoquerie Une folie, une
bizarrerie.
ORIGINE Fin 19e sicle. Il s'agit de louf, mot boire
d'argot largonji pour fou, auquel on a ajout la
suffixation -oque. (Le largonji, la mode dans la
seconde partie du 19e sicle chez les ouvriers, Note prliminaire II n'existe pas de verbe alternatif
remplace la premire lettre d'un mot par 1 et signifiant boire de manire neutre. Tous les termes
reporte la lettre enleve la fin du mot : bougie, familiers indiquent le plaisir de boire ,
lougib; jargon, largonji; fou, louf.) abondamment, voire de s'enivrer.
glauque D'une tranget de mauvais aloi, o l'on picoler Boire abondamment, du vin ou des
peut supposer n'importe quelle embrouille. Un boissons fortes (on ne peut pas picoler de l'eau
type glauque est quelqu'un qu'on peut ou du sirop) :
souponner des pires turpitudes : obsd sexuel, Ils ont picol toute la nuit. Ils taient dans
ou drogu, ou tout simplement pas franc, un tat lamentable.
hypocrite : (ils ont pass la nuit boire et s'enivrer)
J'aime pas trop Sophie, je la trouve glauque Absolument, tre alcoolique :
comme fille.
(on dit aussi : pas nette) Grard picole, c'est affreux. Un jour il va
lui arriver un truc !
Y avait un type trs glauque qui attendait (il va avoir un accident ou une maladie
devant le Monoprix. grave)
Un endroit glauque est un lieu qui inspire de ORIGINE Dbut 20e sicle, de piquette,
la mfiance pour diffrentes raisons - ce que l'on mauvais vin , italianis par plaisanterie en
dsignait autrefois comme un endroit louche : picolo.
C'est l que tu vas ? Dis donc, il est
vachement glauque ton bistrot!
siffler (quelque chose) Boire abondamment et
(Selon le contexte, cela peut vouloir dire goulment :
simplement qu'il est sombre, que l'atmosphre y
est peu sympa-
100 BOIRE BOUE - BOULEVERSER 101
Il s'est siffl un litre de rouge au casse- En complment D'autres verbes, jadis usuels, tels que
crote. pinter, licher ou lichtronner sont pratiquement
tombs en dsutude.
ORIGINE 19e sicle. Peut-tre du geste de boire
la bouteille : La bouteille est assimile un
sifflet (J. Cellard). Cependant, l'image de boue
flter et du joueur de flte assoiff est trs
ancienne
cluser Boire comme un trou (image usuelle) : la gadoue Mot dsignant la boue, particulirement la
On a clus cinq bouteilles dans la soire. boue molle dans laquelle on marche dans un che-
min, ou dans la rue la fonte de la neige :
e e
ORIGINE 19 ou peut-tre 18 sicle. Sur l'image Ne marche pas dans la gadoue avec tes
de l'cluse d'un canal qui absorbe l'eau pour se souliers!
remplir.
REMARQUE Le mot est du franais traditionnel,
nullement argotique; il est cependant ressenti
biberonner Boire rgulirement, en alcoolique : comme familier par la plupart des Franais
Vous avez vu la tte qu'il a ? Il biberonne pas simplement parce qu'il est plus expressif que
mal. boue.
ORIGINE Peut-tre dbut 20e sicle pour le verbe, ORIGINE Vieux mot du 16e sicle toujours rest dans
mais l'image du biberon, renforce sans doute par l'usage.
le geste vident de boire la bouteille, s'est
greffe sur une phrasologie plus ancienne : un
biberon est un homme qui boit. On trouve en
1665 une chanson boire ainsi prsente : Air
bachique la gloire des bons biberons.
bouleverser
s'en jeter un (derrire la cravate) Abrviation chambouler Mettre tout sens dessus dessous,
humoristique de se jeter un verre.(de vin) faire du dsordre :
derrire la cravate, c'est--dire dans le gosier, qui
J'ai tout chamboul dans la maison pour
est plac derrire cet ornement vestimentaire.
trouver mes cls.
L'expression, le plus souvent abrge, est
demeure trs courante, pour dire boire un
verre en vitesse ; normalement au comptoir
d'un bistrot.
On va s'en jeter un?... D'accord !
ORIGINE Dbut 20e sicle.
102 BOUTEILLE BRUIT 103
un litron Un litre, spcialement rempli de vin :
On ne trouve plus rien dans cet Uniprix, les
nouveaux grants ont chamboul tous les On se boirait bien un petit litron, qu'est-ce t'en
rayons. dis ? - Pochtron, va !
S'emploie aussi au sens mtaphorique pour les ORIGINE Relev par Delvau en 1867, mais le
sentiments : litron tait dj une mesure de capacit pour les
matires sches sous l'Ancien Rgime, qui valait
D'avoir vu cet accident, je me sentais toute
la seizime partie du boisseau.
chamboule.
ORIGINE Vers 1920. Mot rgional de Lorraine
venu en usage pendant la guerre de 14-18. un cadavre Une bouteille qui vient d'tre vide.
Les cadavres n'existent qu'en relation avec ce qui
a t bu dans la soire, pendant la libation en
chambarder Crer un profond dsordre, de cours ; le surlendemain, ce ne sont plus des
manire brutale et bruyante : cadavres mais de simples bouteilles vides, que
L'explosion a compltement chambard l'on jette.
l'appartement. Regardez-moi tous ces cadavres... Vous n'avez
e
ORIGINE Milieu 19 sicle. Vers 1900, signifiait pas honte !
tout casser . ORIGINE Fin 19e sicle. Les cadavres, bouteilles
bouteill vides, souvent couches, sont les victimes du
crime d'ivrognerie !
Si mon chque n'arrive pas demain je vais le chambard la fois le dsordre et le bruit.
aller faire du ptard ! Peut s'employer pour le bruit venant d'une
ORIGINE Milieu 19e sicle. De ptard, petite agitation. des gens qui font la fte bruyamment
bombe qui explose en faisant du bruit . :
du ramdam Un bruit norme : Vous en faites un chambard l-dedans, on vous
Qu'est-ce que c'est que tout ce ramdam ? entend dans tout l'immeuble !
Vous avez pas fini de taper sur les bidons ?
Vous tes fous ou quoi ? ORIGINE Fin 19e sicle. tymologie obscure.
S'emploie galement au sens mtaphorique pour brler
une protestation bruyante :
Les agriculteurs sont alls faire du ramdam
la prfecture.
cramer Brler, particulirement sans produire de
ORIGINE Fin 19e sicle, mais usuel seulement flammes :
aprs 1920. Introduit par les armes franaises
Le gteau est tout cram par en dessus
d'Afrique du Nord : De ramadam, cause des
rjouissances particulirement bruyantes qui ... ou bien se consumer en noircissant :
clbrent la fin du jene de trente jours du Dans l'incendie de fort tous les pins ont
ramadan (J. Cellard, DFNC).
cram.
ORIGINE 19e sicle. Mot usuel en occitan : cramar
du barouf Tapage, chahut, grand bruit : (du latin cremere).
Le tonnerre faisait un barouf extraordinaire
sous les votes du pont. bureau
S'emploie dans le mme sens mtaphorique que
les prcdents. Plus rare.
Si j'ai pas mes indemnits je vais faire du le burlingue Le bureau o l'on travaille,
barouf, crois-moi, je me laisserai pas faire ! surtout dans l'expression aller au burlingue.
ORIGINE Milieu 19e sicle, mais peu usuel avant Il tait dans son burlingue, j'ai pas os le
1914. Vieux mot mditerranen : baroufa, dranger.
bruit .
106 BUREAU
ORIGINE Dbut 20e sicle. Resuffixation cacher
parodique de bureau consonance
faussement anglo-saxonne. Cf. Hector France
(1907) : Burlingo ou burlingue, bureau. Le
cadavre
caf
c
mot reprenait un autre terme : burlin, dans
l'argot des voyous du 19e sicle. caleon
cambriolage
la bote L'tablissement, l'entreprise o l'on camion
travaille : campagne
Il bosse dans une bote d'lectronique, il caresses
parat qu'elle va fermer.
chambre
ORIGINE Fin 19e sicle. Le mot tait trs usuel
en 1900 : Ce terme est employ pour dsigner chance
l'endroit o l'on travaille : pour l'ouvrier, son chapeau
atelier ou son usine est une bote ; pour
l'employ c'est son magasin ou son bureau ; chat
pour le domestique c'est la maison de ses chaussure
matres ; pour l'colier c'est la pension, le
collge ou l'cole (H. France). chemise
cher comprendre
concierge continment
cheval
contrariant
cheveux contravention correct
chien costume
cigarette cou
cinma coups
co e u r courir
couverture crachat
colre
crdit
colique cuisine
complaisance cuisinier
108 CACHER CADAVRE 109
cacher
DRIV une planque Soit une cachette...
Il a trouv une planque Biarritz, personne
planquer Cacher, dissimuler quelque chose ou n'ira le chercher l-bas.
quelqu'un, avec l'ide de les protger. Trs ... soit une situation de rve, une sincure :
courant.
(mis leur argent l'abri des enqutes ou des Georges a trouv une bonne planque : il va
dvaluations) au bureau deux fois par semaine !
Ils ont planqu tout leur pognon en Suisse, ils ORIGINE Fin 19e sicle - mais dj en 1790 : se
ne risquent rien ! dbarrasser d'un objet vol en le cachant . Le
verbe planquer serait un croisement de planter
Georges a t dport pour avoir planqu des (dans l'expression planter l) et de plaquer (voir
juifs pendant la guerre. QUITTER).
Il est planqu derrire l'arbre, regarde y a son
pied qui dpasse.
Plus ordinairement placer , ranger , cadavre
fourrer :
O tu as planqu ton impermable ? Je le
trouve pas. un macchabe Un cadavre. Trs usuel en
tre planqu Au sens propre, tre euphmisme pour viter le dramatique un
cach: mort :
Les concierges ont trouv trois macchabes
Mtaphoriquement, tre dans une position dans la chambre.
confortable, oisive et lucrative, alors que d'autres
sont en train de trimer : REMARQUE Le mot fait partie du vocabulaire
carabin (des tudiants en mdecine) et il a t
Georges est planqu, il touche rien dans son normment diffus par une chanson d'tudiant :
boulot sauf sa paye ! Dans un amphithtre (bis) Y avait un
REMARQUE Pendant la guerre de 14-18, les macchabe , etc.
planqus taient les soldats occups l'arrire DRIV un macab Par abrviation. Mot favori
qui ne montaient pas au front. des auteurs de romans policiers :
se planquer Se cacher. Fonctionne de la Y avait un macab dans l'escalier de
mme faon : l'immeuble.
Quand les flics sont arrivs, les filles se sont
planques. ORIGINE Milieu 19e sicle, spcialement chez les
mariniers : le corps d'un noy. Le mot macchabe a
conserv
110 CAF CALEON 111
ce sens particulier jusqu'au dbut du 20e sicle : chaussette par analogie de forme, et l'on dit
spcialement cadavre de noy chez H. France aussi jus de chaussette pour un caf, souvent
(1907). ml de chicore, moins fort que le caf des
percolateurs.
caf caleon
un caoua Appellation ordinaire de la boisson un calcif Un caleon. Familier, assez usuel sauf
dans une intention volontaire de familiarit. chez les jeunes, qui ne l'emploient pas :
un garon de caf que l'on connat bien :
Antoine vendait des calcifs et des chaussettes
Tu me sers un caoua, Daniel ? sur les marchs.
un ami : Par une mtaphore grossire et sexuelle :
Aprs le djeuner il me faut mon petit caoua. Il n'a rien dans le calcif.
e
ORIGINE 19 sicle dans les troupes cantonnes (il est lche, dgonfl , il manque de virilit)
au Maghreb. De l'arabe guahwa, caf . ORIGINE Guerre de 14-18. Par resuffixation
fantaisiste de caleon.
un jus Vieille dsignation du caf (la boisson),
nagure trs usuelle en milieu populaire. Semble un calbar Un caleon. Plus agressif que calcif dans
en rgression. les mmes emplois :
On prend un jus ? - Allez, paye-moi un jus,
Enlve ton calbar! On va pas te bouffer!
tiens !
DRIV un calbute Terme employ par les
REMARQUE La vie de caserne au dbut du sicle et
jeunes. Resuffixation de calbar. Depuis 1990.
la guerre de 14-18 ont beaucoup propag ce
mot; la sonnerie du rveil tait assimile Il a pt son pantalon, on voit son calbute.
l'exclamation du caporal : au jus, l-dedans ! ORIGINE Annes 1940. Par resuffixation argotique
ORIGINE Fin 19e sicle. Abrviation de jus de de calcif.
chique, c'est--dire la salive de celui qui mche
une chique de tabac (habitude frquente au 19e
sicle) dont la couleur brune est identique celle
du caf. Les anciennes cafetires taient munies
d'un filtre en coton appel
CAMION 112 CAMION 113
une bobette Un caleon, au Qubec. Usuel (1899 dans G. Esnault), apocope de cassement. Le
familier, utilis depuis seulement trente ans parler lyonnais est friand de mots en -ment : un
environ : man-gement est un bon repas, un gueuleton .
J'ai sonn, il m'a ouvert en bobettes !
une semie (prononc s'mi par les chauffeurs) Une ORIGINE Fin 19e sicle. Auparavant (17e s.), le mot
semi-remorque, compose d'un tracteur cambrousse dsignait une servante provinciale
quatre roues, surmont de la cabine , et d'une . L'volution est mal explique, mais le mot est
remorque articule, deux ou trois essieux : ressenti comme un croisement de campagne et
Quand je vais Bordeaux j'y vais avec la de brousse, peut-tre par attirance de ce dernier.
semie.
Avec ma semie je charge 40 tonnes facile !
caresses
REMARQUE Les chauffeurs routiers entretiennent
avec leur semie des rapports semblables ceux
des marins anglais avec leur navire - ils la mettent
au fminin. Le public dira plutt un grand semi-
remorque (sous-entendu camion ) - les peloter Caresser une fille, et plus particulirement
routiers ont choisi de conserver le genre d'une ses seins :
remorque. Nathalie, elle se fait peloter par tout le monde !
ORIGINE Un sens ancien vient du jeu de paume.
ORIGINE Vers 1950, avec la gnralisation de ce Le verbe a succd patiner, de mme sens, vers
genre de vhicule. le milieu du 19e sicle.
une crche Une chambre, un domicile. Le mot ORIGINE Annes 1920. Mtaphore scatologique, le
semble d'un emploi moins usuel depuis le pot tant l'anus , mais cette origine n'est pas
dveloppement des crches d'enfants o l'on consciente chez les locuteurs qui ignorent ce sens
accueille les bbs durant la journe. pour la plupart.
J'ai envie de changer de crche, mais c'est
cher. le bol La chance, dans l'expression aussi trs
usuelle avoir du bol, calque sur avoir du pot.
DRIV crcher Habiter : Dans tous les exemples ci-dessus on peut
O est-ce que tu crches, toi ? remplacer pot par bol sans changer aucune nuance
de sens.
ORIGINE Dbut 20e sicle. Le mot n'a gure t en
ORIGINE Annes 1950. Le fait que bol soit
usage avant 1920 dans le monde ouvrier, o il s'est
synonyme de pot au sens d'anus ne semble pas
rpandu.
avoir t dter-
118 CHAPEAU CHAT 119
minant dans l'trange popularit de ce mot - c'est un bitos (prononcer -os') Mot humoristique
plutt la plaisanterie changeant un pot (de fleurs) pour chapeau , presque tomb en dsutude,
en bol ( djeuner) qui paraissait drle aux mais encore compris :
locuteurs franais, ignorant dans leur quasi- Il a l'air con ce type avec son bitos sur les
totalit le smantisme argotique anus . yeux.
Ae ! Il m'a march sur le pied avec ses gros Marie, elle donnerait sa liquette pour une
tablette de chocolat !
godillots!
ORIGINE 1878 (G. Esnault, qui donne pour
ORIGINE Fin 19e sicle : les brodequins tymologie apocope suffixe de limace ).
rglementaires des soldats - du nom d'Alexis Peut-tre y a-t-il l'origine l'ide de liquide
Godillot, fournisseur de l'arme. Cf. Moins de des grandes sueurs qui font que la chemise est
cirage aux godillots, plus de savon dans les tordre . Cf. Le Pre Peinard : Ce qu'on en
chambres (Sverine, v. 1890). sue des liquettes le long des sillons ! Ah !
malheur !
des croquenots Des grosses chaussures. Syno-
une limace Une chemise. Le mot est encore employ
nyme un peu dprciatif de godillots, et d'un (quoique souvent confondu avec cravate par
emploi plus rare : analogie de forme).
Il a laiss des traces de boue sur le plancher Faut que je mette une limace, je peux pas me
avec rendre la rception en maillot de corps !
ses croquenots ! ORIGINE 1723 dans l'argot de Cartouche :
limasse, venu du vieil argot lime, chemise
ORIGINE Milieu 19e sicle. Semble avoir dsign au 16e sicle.
d'abord des souliers neufs (qui craquent
ou croquent ) de toutes catgories. Cf. Le Pre
Peinard, vers 1890, propos de chaussures cher
militaires : Allez donc faire avaler un jeune chrot Coteux, et mme trop cher ! Vieux mot fami-
bougre qu'il doit cirer la semelle de ses lier trs employ par les jeunes :
croquenots.
Dis donc, les vacances d'hiver au ski, a revient
chrot!
chemise Le cinma, si tu y vas souvent, a finit par tre
chrot.
une liquette Une chemise, aujourd'hui plus parti-
culirement une chemise d'homme. Usuel, sauf ORIGINE 1883 (G. Esnault). Le mot a t d'un
chez les jeunes. usage constant depuis dans le monde ouvrier.
Change de liquette, celle-ci est sale. Il revient rajeuni sur les lvres d'une nouvelle
gnration.
J'ai plus une seule liquette de propre !
124 CHER CHER 125
coter les yeux de la tte Expression qui remonte Au march Saint-Quentin, ils ont des
l'poque de la Restauration, et qui n'a rien de lgumes frais, des fruits d'excellente
particulirement os. Est-ce encore du franais qualit, mais c'est pas donn. Les melons
familier ? La locution italienne homologue en saison sont hors de prix !
semble tout fait admise.
Les truffes, sur le march, cotent les yeux de ORIGINE 19e sicle - ou 18e.
la tte.
douillet Uniquement dans l'expression a douille (
e
ORIGINE Dbut 19 sicle. Par une hyperbole a cote cher ). Autrefois trs courante en milieu
facile comprendre. populaire et ouvrier. Assez peu employe de nos
jours.
Quand tu vas au ski, maintenant a douille !
coter la peau des fesses Coter extrme ment (les frais engendrs par un sjour aux sports
cher, valoir un prix exorbitant. Il s'agit d'un d'hiver sont normes)
superlatif rude de coter les yeux de la tte.
Trs courant depuis les annes 1970. ORIGINE Vers 1920. D'aprs douiller, en argot
Paris, le moindre appartement cote la du 19e sicle donner de l'argent (relev par
Lordan Larchey ds 1858).
peau des fesses.
se faite allumer Payer beaucoup trop cher un
Je suis all en vacances sur la Cte produit ou un service :
d'Azur, a m'a cot la peau des fesses ! Si tu vas dans ce restaurant tu es sr de te
faire allumer!
REMARQUE Une variante plus grossire, mais trs
courante chez les jeunes, est coter la peau du REMARQUE Le coup de fusil qui sert de racine
cul. Il est difficile de dire laquelle est venue en allumer ne s'emploie, lui, que dans le cadre d'un
premier tant ces parties-l sont proches. restaurant, ou d'un htel, outrageusement
onreux. Il existait New York, au 74 East
ORIGINE Vers 1950. Une forme d'hyperbole Street, jusque vers la fin des annes 1980, un
baroque dsignant l'extrme sacrifice : il faut restaurant franais trs connu et fort cot qui
s'arracher la peau pour payer. C'est avait pris pour enseigne Le Coup de fusil et qui,
probablement l'adaptation d'un occitanisme se parat-il, mritait bien son nom.
levar la pel, s'arracher la peau , faire un effort
norme, qui a pu s'introduire en franais par le ORIGINE Vers 1950. partir de l'ide du coup
biais du rugby. de fusil : se faire tirer dessus. Il s'agit
probablement d'une francisation de l'occitan
c'est pas donn Litote trs usuelle pour dire c'est alumar au sens de faire feu .
assez cher . S'emploie gnralement au sujet
de produits que l'on achte de faon courante :
CHEVAL CHEVEUX 127
DRIV un clbard Forme aggrave de clebs un cador Un chien, dans l'ancien langage populaire
par le suffixe pjoratif -ard. Trs usuel. parisien. Aujourd'hui compris, mais dsuet, sauf
T'as vu le clbard? Il a fauch le morceau chez les gens d'un ge avanc :
de viande ! Tiens ! un cador !... Donne-lui un su-sucre !
ORIGINE Fin 19e sicle chez les soldats ORIGINE Dbut 20e sicle. Origine mal lucide
d'Afrique (cleb) ; usuel sous la forme clebs -pourrait tre, comme le suggre J. Cellard, un
depuis les annes 1950 environ. De l'arabe croisement de cabot et de Mdor, nom de
maghrbin kleb. chien autrefois trs usuel.
un toutou Terme familier affectueux pour un
chien, gnralement de petite taille (un
doberman sera difficilement appel toutou
sauf par des vieilles dames inconsidrment
cynophiles) : cigarette
une clope Une cigarette. Terme le plus usuel.
Oh le joli toutou sa mmre ! T'as pas une clope ? File-moi une clope,
e
ORIGINE 17 sicle, mot enfantin. allez!...
Faut que j'aille m'acheter des dopes. Attendez-
moi un moment.
un cabot Terme familier un peu vieilli pour un
chien, et largement remplac par clebs.
130 CINMA CINMA 131
ORIGINE Vers 1960. tymologie obscure. Le mot
s'est surtout rpandu avec l'habitude de fumer de
Grard fume deux paquets de dopes par jour.
la marijuana en commun.
-C'est beaucoup !
En complment Une pipe, expression autrefois
O RIGINE Vers 1960 au fminin. Au masculin,
courante pour une cigarette ( je vais fumer une
un clope dsignait un mgot (dbut 20e sicle,
pipe), est prsent dsuet. Voir aussi DROGUE, un
tymologie mal lucide). La socit de joint.
consommation, qui a nglig les mgots jadis
rcuprs par les fumeurs, a laiss ce sens se
perdre.
cinma
une sche Une cigarette. Mot un peu vieilli.
Tu me passes une sche ? Je te la rendrai... le cinoche Le cinma, familirement parlant :
On est alls au cinoche hier aprs-midi voir un
J'ai plus de sches. T'aurais pas un paquet de film de Ken Loach.
sches ?
Ou par mtaphore se faire du cinoche, se faire des
ORIGINE Fin 19e sicle. l'origine cigarette de illusions :
manufacture par opposition la cigarette roule Arthur, avec son profil de carrire, il arrte pas
la main , cette dernire tant mouille par la de se faire du cinoche.
salive (J. Cellard). Griller une sche, argot
(il rve, il s'y croit dj)
populaire (H. France, 1907).
ORIGINE Annes 1930. Resuffixation de cinma
une tige Une cigarette achete (autrement appele (ou de son abrviation cin, un peu dsute).
toute cousue ). Terme qui tend sortir de
l'usage, ou tout au moins qui a un aspect se payer une toile Expression qui signifie aller
dmod. voir un film, aller au cinma :
Ah ! je crois que je vais fumer une tige !
Tiens, et si on se payait une toile ?
ORIGINE Vers 1950. Par une image simple sur ORIGINE Annes 1950. La toile est celle qui
la forme. servait souvent d'cran dans les petites salles mal
quipes.
une taffe Une bouffe de cigarette partage
plusieurs. On dit aussi une biffe.
J'ai commenc fumer en tirant des biffes sur
les cigarettes de mon copain Besson.
Aujourd'hui, quand on me file une taffe, je
revois Clermont Ferrand !
132 CUR - COLRE COLRE 133
le palpitant Mot familier et amusant pour dsigner DRIV foutre les boules Mettre en colre,
contrarier, nerver :
le cur, en tant qu'organe seulement :
Arrte tes conneries, tu me fous les boules !
force de courir j'ai le palpitant qui se
fatigue. Quand le type a braqu son arme REMARQUE Avoir les boules et plus encore foutre
sur moi, j'ai eu des sueurs : j'avais le les boules peuvent tre employs comme avoir
palpitant qui faisait boum-boum ! peur et faire peur .
Moi, le tonnerre, quand a pte trs fort, a me
e
ORIGINE Dbut 19 sicle dans l'argot, par une fout les boules.
image parlante.
ORIGINE Vers 1980. Par rfection d'avoir les
glandes, peut-tre cause du geste qui
accompagnait cette dernire expression : deux
mains arrondies prs du cou comme si elles
tenaient chacune une boule de ptanque ! Il
colre est probable que le smantisme des boules
(testicules) a d influer partir de formules
Note prliminaire On peut considrer qu'il y a la elliptiques comme Tu nous les gonfles ! . Enfin,
colre extriorise, parlante , qui se manifeste le croisement fortuit avec se mettre en boule, se
bruyamment, et la colre rentre, ou froide, qui se mettre en colre , explique peut-tre que
manifeste par un emportement d'hostilit sans l'expression ait rapidement supplant avoir les
clats. glandes.
les boules, origine). Probablement sous Denise, si tu la prviens pas de ton arrive,
elle fait la gueule.
l'influence smantique de gonfler.
Rponds-moi ! Tu fais la gueule ou quoi ?
gonfler D'indisposer exasprer, en passant par Depuis qu'il m'a abm mon vlo, je lui fais
la gueule.
fatiguer, agacer, irriter, etc. Trs usuel.
Arrte de me gonfler! Je vais me mettre en S'emploie aussi rciproquement pour tre en
colre ! mauvais termes, ne pas se parler :
(de m'agacer, de me titiller) Georges et Nathalie se font la gueule depuis
Sbastien, j'aime mieux pas le voir, il me trois mois.
gonfle !
(il m'exaspre, ou il me fatigue) REMARQUE On dit aussi, mais plus rarement, tirer la
gueule, qui exprime l'apparence d'un visage
J'ai pas termin mon problme, a me contrari, aux traits tirs .
gonfle !
(a m'ennuie, me fatigue) ORIGINE Fin 19e sicle. Hector France dfinit le sens
: Prendre des airs importants ou simplement ne
pas paratre satisfait (1907).
REMARQUE Une variante tu me les gonfles fait
une
allusion aux testicules. tirer la tronche Mme chose que faire la gueule,
DRIV gonflant Fatigant, exasprant : surtout dans le langage des jeunes :
Ton frre, il est gonflant comme c'est pas Josphine, elle tire une tronche pas
possible ! possible!
(elle ne parle personne, elle a l'air triste et
Un sens amusant, drle , d'usage occasionnel contrarie)
dans les annes 1930-40, est totalement Le prof il a tir une de ces tronches quand
ignor de nos jours. je lui ai dit que je revenais pas !
ORIGINE Vers 1970. Par rfection de faire la
ORIGINE Vers 1950. La personne en colre gueule, ou tirer la gueule.
semble enfler , peut-tre l'image d'un
animal qui signale sa colre par le gonflement
de son pelage : chien qui horripile ses poils, faire la tte Forme adoucie, polie , de faire la
chat qui fait le gros dos, coq qui attaque, etc. gueule. Appartient plutt au langage fminin
(voir se mettre en boule, ci-dessus, dans avoir (mais pas uniquement) dans la mesure o une
les boules, origine). femme voudrait viter de prononcer le mot gueule,
jug vulgaire :
faire la gueule Bouder, prendre un air maussade, Rosine me fait la tte depuis ce matin !
rencler, marquer silencieusement sa rprobation,
son hostilit. Trs frquent, en particulier chez les
jeunes.
136 COLRE COLIQUE 137
ORIGINE Vers 1920. Euphmisme de faire la pousser une gueulante (ou beuglante) Se fcher
gueule, peut-tre sous l'influence de faire sa fte brusquement et fort. Variante moderne et la
(aujourd'hui : avoir mauvais caractre, tre but mode de pousser un coup de gueule :
). Hector France donne faire sa tte : Prendre L, les mmes devenaient
des airs importants, faire le glorieux (1907). insupportables, j'ai t oblige de
pousser une gueulante !
La colre extriorise
De temps en temps le directeur pousse
tre furax Forme familire trs courante d' une beuglante, et puis il se calme et on a
tre furieux, furieuse . Il s'agit gnralement la paix.
d'une colre exprime par des cris :
Personne n'avait rendu sa feuille, le prof ORIGINE Annes 1930. De gueuler, par
tait furax ! substantivation humoristique, comme la
parlante pour un jeu de cartes o l'on a le droit
ORIGINE Dbut 20e sicle. Jacques Cellard de parler, etc.
suppose avec pertinence une origine dans
l'argot latinisant des collges : Le latin furax, tre en maudit tre en colre. Usuel au Qubec,
voleur, bandit, est sans rapport tymologique familier trs familier.
avec furieux. Mais les deux mots sont voisins, Il est en maudit contre moi !
et la finale latine se prte bien l'expression de
la colre ou de la violence (DFNC). Il existe toutes sortes de dclinaisons plus ou
moins grossires et plus ou moins usuelles :
se mettre en ptard Se mettre (ou tre) en colre, tre en fusil, en hostie, en sacrament, en
tabarnac, en tabarouette, en calvaire, en
avec l'ide que l'on se fche bruyamment : crisse, en hrode, en torrieu, en mautadimme,
Ah mon vieux ! Sa famille s'est mise en etc.
ptard, il n'a pas pu prendre le train !
Dans un usage mtaphorique, s'emploie pour DRIV un lche-cul Une personne servile et
un inconvnient, un ennui, une situation flagorneuse :
catastrophique : Benot c'est un vrai lche-cul, si tu le
C'est la chiasse !... J'ai oubli mon cahier de voyais ds que le patron arrive ! J'ai
maths la maison. horreur de ce mec !
Quelle chiasse aujourd'hui avec la grve ! On ORIGINE Substantivation assez rcente (vers 1950)
a mis des heures rentrer. de lcher les pieds ou les bottes, bien tabli au 19e
sicle. Cf. II n'est gure de candidat qui ne
On dit aussi chierie dans cet emploi figur. s'attache lcher les bottes de ses lecteurs et ne
s'offre leur lcher au besoin le derrire (H.
France, 1907).
ORIGINE Le mot dsigne la diarrhe dans la
langue populaire depuis le 18e sicle au moins.
un fayot Un personnage trop zl qui cherche
attirer l'amiti d'un suprieur, particulirement
la courante Euphmisme du prcdent, encore trs dans le milieu colier ou tudiant :
usuel, principalement dans le langage des Lui, c'est un fayot, toujours au premier
femmes : rang sourire au prof.
J'ai pass une mauvaise nuit, j'avais la
DRIV fayoter Se montrer trop complaisant: Le
courante.
salaud, il fayote sans arrt !
ORIGINE Littr cite la courante au 14e sicle. De ORIGINE Fayot, militaire trop zl, lche-cul.
courir, soit parce que la diarrhe "court" dans les Fin 19e sicle.
intestins sans qu'on puisse l'arrter, soit parce
qu'elle fait courir le diarrhique vers les lieux putasser Se comporter avec une servilit
d'aisances (J. Cellard, DNFC). rvoltante. Sorte de superlatif vulgaire des
prcdents.
Il est all putasser auprs de la direction.
complaisance
ORIGINE Faire la pute, se prostituer.
ORIGINE 1854. D'aprs le nom des portiers dans chiant Embtant ou extrmement gnant. Trs usuel
le roman succs d'Eugne Sue : Les Mystres de et grossier, employ par les jeunes et les moins
Paris (1842). jeunes de tous milieux sociaux.
C'est vraiment trs chiant, on m'a supprim
mon permis de conduire !
la bignole La concierge, avec le sous-entendu
Ta sur, elle est chiante, elle m'a encore
qu'elle a l'il tout, qu'elle espionne. Le mot a
chourav mon bouquin de maths !
conserv une coloration argotique : (elle m'a encore pris mon livre de
Dans certains quartiers de Paris on trouve mathmatiques)
encore quelques bignoles l'ancienne, mais
elles se font rares. ORIGINE Aprs 14-18, en milieu populaire.
ORIGINE Annes 1920, de bigner, loucher, espionner. chiatique Variante trs usuelle de chiant, mais la
suffixation savante en -ique lui te un peu de sa
vulgarit en loignant le vocable de la racine chier.
L'adjectif sert de forme faible chiant dans tous
continment les cas, avec en outre le sens de malcommode,
embarrassant, etc.
Ces valises dans l'entre, a commence
devenir chiatique.
sans dbander Sans cesser, sans interrompre, en Elle est chiatique, ta frangine, dis-lui d'aller
poursuivant un effort continu. Trs usuel. jouer ailleurs.
Ils ont refait leur appartement en trois
jours, mais il faut dire qu'ils ont boss sans ORIGINE Suffixation de chiant, vers 1950 en
dbander. milieu tudiant.
(ils ont travaill sans relche)
c'est la chiotte Se dit d'une difficult irritante, d'une
ORIGINE Vers 1940 au sens mtaphorique. corve. Trs usuel.
Malheureusement, l'origine de cette mtaphore plucher les pommes de terre, c'est la
n'est pas convenable. chiotte!
C'est la chiotte ton ordinateur, il marche
quand il veut !
144 CONTRAVENTION CORRECT 145
ORIGINE Vers 1920, de chiottes, les WC . Je roulais 160 sur l'autoroute, y avait un
Sans doute par l'intermdiaire de la corve de radar, j'ai pris une prune.
chiottes militaire (J. Cellard, DFNC). Peut-tre
une simple reformulation de chiant. ORIGINE Vers 1970, probablement par
extension de prune, balle de pistolet , par
casse-couilles Exasprant, extrmement gnant. l'intermdiaire de se faire aligner ; cf. les flics l'ont
align : cette expression signifie aussi bien ils lui
Forme vulgaire qui renforce le banal casse- ont tir dessus (avec des prunes, des balles )
pieds. que, mtaphoriquement, ils lui ont coll une
Il est casse-couilles, lui, avec sa tl amende.
plein tube !
(le voisin m'exaspre avec sa tlvision) se faire gauler Se faire attraper et rcolter une
contravention :
Si tu te gares devant l'cole, fous les coups tu
ORIGINE Vers 1930, et sans doute pendant 14- vas te faire gauler par les flics.
18.
ORIGINE Vers 1970 dans ce sens prcis.
Spcialisation de gauler, surprendre en faute ,
c'est pas un cadeau Sorte de litote extrmement mtaphore sur cueillir des fruits .
usuelle voulant dire c'est une chose ou un
tre indsirable, insupportable : En complment Le mot contredanse qui dsigne aussi
Ah dis donc, le nouveau directeur, c'est une contravention donne par la police pour une
pas un cadeau ! infraction la circulation appartient au franais peu
(c'est un individu au comportement prs conventionnel.
difficile que personne n'est charm de
ctoyer - ou trs stupide, etc.)
Ton chien c'est pas un cadeau, non correct
plus ! Il a piss sur mon pantalon.
font l'objet d'une entre distincte. Les coups de un gnon Gnralement le rsultat d'un coup -
pied n'ont pas de familiarit . un bleu , une ecchymose :
J'ai un gnon sur la cuisse.
une pche Un coup de poing au visage. Terme Mais s'emploie couramment et sur un mode
familier trs usuel, plus badin et moins agressif plaisant pour un coup de poing :
que marron ou que chtaigne, mais qui voque Y avait des gnons qui pleuvaient partout !
tout de mme une certaine vigueur :
Il est all droit sur le chauffeur de la ORIGINE 1865 au sens de coup (Robert) -
voiture et il lui a foutu une pche. d'aprs le sens d'ecchymose, aphrse d'oignon au
17e sicle. Le mot tait trs usuel la fin du 19 e
sicle. Cf. C'est 5 francs de commission que
REMARQUE Fait l'objet d'un verlan chez les jeunes vous me devez. - Cinq gnons dans la gueule, tu
: ch'peu. veux dire (Jean Richepin).
ORIGINE Vers 1920. Probablement par
une chtaigne Un coup de poing. Trs usuel.
changement de fruit, sur l'image de la
chtaigne : la pche, mme avec son noyau, est Il lui a fil une de ces chtaignes !
moins dure que le marron !
ORIGINE Dbut 19e sicle. La couleur brune
un coup de boule Un coup de tte, sur le provoque par l'impact d'un coup sur la figure,
visage ou dans l'estomac - presque toujours il au beurre noir , a peut-tre cr l'image. Il est
employ avec le verbe filer : possible qu'il s'agisse d'une traduction de
Il a fil un coup de boule au contrleur l'occitan castanha, de mme sens - le Sud de la
France est producteur de belles chtaignes.
et s'est sauv en courant.
un pain (ou paing) Le mot, usuel, dsigne un marron Un coup de poing. Trs usuel.
Si tu continues tu vas prendre un marron dans
plutt un coup de poing norme et brutal donn
la gueule!
par un homme puissant :
Le routier est descendu de son camion, ORIGINE Dbut 19e sicle. Il est impossible de
il lui a fil un pain sans dire un mot. savoir, du marron et de la chtaigne, lequel a
prcd l'autre !
ORIGINE Milieu 19e sicle. Probablement la
boule de pain a donn l'image d'une grosse un coquart Rsultat d'un coup de poing sur l'il
bosse (selon J. Cellard). (l'il au beurre noir) :
150 COURIR COUVERTURE 151
la tambouille Terme assez pjoratif, ou du ORIGINE Dbut 19e sicle. Viendrait de l'allemand
moins plaisantin, pour la nourriture que l'on Fruhstck, petit djeuner , par l'intermdiaire
cuit : de la prononciation alsacienne du mot :
fristick .
J'aime pas cette tambouille ! C'est pas sal, a
n'a aucun got ! la tortore Mot devenu rare pour la nourriture
Faire la tambouille pour faire la cuisine est , avec une connotation argotique nette :
usuel : Alors a vient la tortore ?... Qu'est-ce que tu
fous, je crve la dalle !
la maison c'est moi qui fais la tambouille
(tu nous sers, oui ou non ?)
tous les jours.
ORIGINE Milieu 19e sicle. Mot occitan.
Je n'y vois pas trs clair, je suis l'troit, je fais
ma tambouille et je monte mon charbon ! le rata Terme pjoratif des casernes dsignant une
(Jehan Rictus, Lettres Annie, 7921) nourriture peu raffine ou carrment mauvaise.
Le mot voque un ragot, un plat en sauce :
ORIGINE Milieu 19e sicle ; obscure. Cf. Si en Germaine nous a servi un rata qui n'avait
faisant la tambouille le pauvre loupiot avait aucun got.
laiss brler les fayots, c'tait la mode de lui
faire bouffer la ration de tout le monde (La Le mot eut nagure une clbrit soldatesque
Sociale, vers 1905). avec ce quatrain chantonn sur le rythme de
l'appel la soupe (jou au clairon dans les
casernes) :
le fricot Le repas prpar. Le mot voque un plat
bien mitonn :
156 CUISINIER
C'est pas de la soupe
C'est du rata,
C'est pas d'la merde
Mais a viendra !
d
ORIGINE Dbut 19e sicle. Abrviation de
ratatouille, qui dsigne un mlange de lgumes
cuits ensemble, ou un ragot.
c u is in ie r
un cuistot Un cuisinier professionnel,
particulirement dans une cuisine de
collectivit :
la colonie de vacances le cuistot s'appelait
Vladimir.
L'htel du Quercy cherche un cuistot, t'es pas
libre ?
De toute faon ta caisse, elle est vachement ORIGINE 19e sicle. Driv, au 17e sicle, de
craignos si tu veux mon avis... l'espagnol ou italien gamba, jambe , au sens de
(ta voiture nest pas trs chre) secouer les jambes.
se dbarrasser se dbrouiller
bazarder Se dbarrasser d'une chose qui encombre se dmerder Se dbrouiller, s'arranger, trouver
ou qui est inutile, soit en la vendant un vil prix, une solution une affaire complique, une
soit en la jetant : situation prcisment emmerdante , avec l'aide
J'ai bazard ma bagnole, je m'en servais des amis ou sans l'aide de personne. Extrmement
presque pas. usuel dans toutes les couches de la socit, car
aucun verbe seul en franais conventionnel ne
Tu n'as qu' bazarder tous ces vieux traduit ces divers emplois avec assez d'nergie. Se
bouquins, a te fera de la place. dbrouiller est faible et tient lieu d'euphmisme
dans la conversation familire. La connotation
ORIGINE Milieu 19e sicle au sens de vendre bas ordurire ( se sortir de la merde ) est prsente,
mais l'arrire-plan, efface par l'usage de tout le
prix, se dfaire en hte . Cf. Elle vendit,
monde - encore que le mot soit plus employ par les
bazarda d'urgence, sans piti, fermes et domaines hommes que par les femmes.
(A. Cim, Demoiselles marier, 1894). L'ide Si c'est comme a, dmerde-toi tout seul,
est de vendre au prix des bazars des choses sans moi je m'en vais !
grande valeur.
Bon, j'irai voir la banque, j'irai voir mon
fourguer Se dbarrasser d'un objet indsirable en oncle qui est plein de fric... Je vais bien me
persuadant quelqu'un de l'acheter : dmerder, t'en fais pas !
Paul a russi fourguer son vieux Regarde-moi ce chien s'il est intelligent :j'ai
violoncelle. ferm la porte, il s'est quand mme dmerd
(il a russi le revendre quelqu'un pour pour sortir!
un prix modique)
Superbe quipe ! Ils avaient tout contre
II n'a pas russi me fourguer son eux: le vent, le public, un joueur bless... Ils
calendrier! se sont dmerds pour gagner !
Je peux pas sentir la choucroute, j'en REMARQUE Il semble que la tournure soit
ai horreur! inusite la premire personne : Nous ne
pouvons pas blairer... parat incongru.
ORIGINE Trs ancienne, peut-tre 17e sicle. De
l'aversion lmentaire que peut induire une ORIGINE 1914 chez G. Esnault. De blair, le
odeur. nez (fin 19e s.), apocope de blaireau, mme
sens, 1832 (le blaireau a un long nez). Hector
ne pas pouvoir sacquer Dtester, prouver une France relve avoir dans le blair : Il y a
aversion pidermique l'gard de quelqu'un. Trs longtemps que je t'ai dans le blair (1907).
usuel chez les jeunes.
Moi, je peux pas sacquer ce prof! T'as ne pas pouvoir piffer (on entend aussi piffrer)
vu sa tte ? Mme sens que les prcdents dans un registre
quivalent. Trs usuel.
La mre de Michel, elle peut pas me Le chef d'quipe pouvait pas le piffer, il
sacquer. Chaque fois que je vais chez a fini par le renvoyer.
lui j'ai droit des rflexions, genre :
REMARQUE On dit aussi, dans un registre
Tiens, tu reviens dj !.. Sympa !
lgrement plus vulgaire : avoir quelqu'un
dans le pif (forme argotique d'avoir quelqu'un
S'emploie aussi l'gard des choses : dans le nez).
Moi, c'est simple, je peux pas sacquer Le sergent nous avait mchamment dans
le riz ! le pif, il arrtait pas de nous filer des
corves.
174 DTESTER DTESTER 175
ORIGINE G. Esnault relve avoir dans le pif, Encaisser un soufflet, recevoir une gifle
dtester , chez les bagnards en 1821. sans la rendre (1907).
Cependant, piffer ne semble pas tre pass dans
le registre familier-populaire avant la priode dbecter Surtout dans la formule a me dbecte ( a
de la guerre de 14-18. me dgote ), autrefois courante, moins usite
aujourd'hui. Le mot a conserv de son origine une
ne pas pouvoir encadrer Ne pas supporter. connotation de dgot :
Surtout dans un langage de femmes qui vite les Moi je vote plus ! Toutes leurs salades
autres formules plus grossires. politiques et leurs promesses en l'air, a
Ah ! Rossignol, m'en parle pas ! Lui, je me dbecte !
peux pas l'encadrer ! (a m'cure, a me dgote)
ORIGINE Le 19e sicle au moins dans un registre une chierie Un srieux ennui, une situation
populaire. Le mot s'emploie galement en embrouille et qui n'en finit pas. S'emploie
occitan : batalhar. Il s'agit probablement d'une sous forme exclamative. Peu usuel.
extension d'un emploi maritime : Batailler, Quelle chierie! J'en ai marre de ce boulot de
lutter contre le vent, contre la mer ou le courant merde !
(Littr).
Lorsqu'il survient une complication
tomber sur un os Rencontrer une difficult imprvue au cours d'un travail, d'un voyage,
imprvue et souvent insurmontable : etc. :
Georges croyait pouvoir acheter la C'est la chierie complte ! Ils me disent que
maison du retrait pour un prix ridicule, mon billet n'est plus valable, je sais plus ce
mais il est tomb sur un os. que j'ai foutu de ma valise, bref c'est la
merde !
On dit couramment il y a un os :
Je voulais partir ce matin mais il y a un ORIGINE Milieu 19e sicle dans ce contexte
os : ma voiture n'est pas prte ! ordurier -quelque chose qui fait chier .
ORIGINE Dbut 20e sicle. Probablement du un sac de nuds Une situation complexe,
dneur qui rencontre un os dans sa viande. H. cre par plusieurs difficults caches qu'il va
France cite un dicton en usage vers 1900 : Pas falloir dmler une une :
de viande sans os, point de joie sans mlange. Quand Jacques a rachet cette entreprise de
vitrerie, il s'est aperu que c'tait un vrai sac
tre dans la merde tre dans des difficults de nuds.
normes, en particulier financires. Expression
grossire mais trs courante. ORIGINE Annes 1940. Probablement sur
S'il n'arrive pas retrouver du travail, il l'image de ficelles ou de cordages emmls, qui
est dans la merde. font des nuds .
Un augmentatif usuel est tre dans une merde
noire : une couille Une difficult soudaine, imprvue et
J'ai plus de boulot, plus d'appartement, mal identifie ; surtout dans la locution il y a
je suis dans une merde noire. une couille. Du registre grossier mais trs usuel.
La tl ne marche pas, il doit y avoir une
e couille dans l'antenne.
ORIGINE 19 sicle. Mtaphore scatologique
vidente.
Se dit aussi d'une erreur :
J'ai fait une couille dans mon addition.
180 DIFFICULT DIFFICULT 181
ORIGINE Milieu 20e sicle dans ce sens. Il s'agit ORIGINE Annes 1920. G. Esnault signale ppin
peut-tre de l'volution du sens chose pour avarie survenant une machine chez
misrable et sans valeur qui apparat la fin les marins en 1897, mais le mot n'tait pas en
du 19e sicle. On relve chez Le Pre Peinard, usage courant avant 14-18.
en 1894 : c'est de la couille en bton - qui est
une parodie sarcastique de c'est de l'or en une embrouille Une difficult, une situation
barre. La teneur obscne (les couilles sont les confuse qui gne la ralisation d'un projet
testicules) a longtemps cart le mot de l'crit, quelconque. Trs usuel.
ce qui rend son tude malaise ; cependant Charles, partout o il passe, il cre des
une hypothse amusante est que l'acception embrouilles.
particulire d' erreur ait pris naissance
chez les typographes o une coquille est une On dit aussi un sac d'embrouilles, une
erreur typographique - or si la lettre q affaire indmlable .
vient manquer dans le mot, cela donne une
couille. REMARQUE Les jeunes emploient galement ce
mot dans le sens de querelle , de brouille
duraille Difficile, compliqu. Mot consonance .
argotique pass dans le registre familier
courant : ORIGINE Milieu 20e sicle. Au 19e sicle, et
Ce problme d'algbre, il est encore dans la premire moiti du 20e, une
vachement duraille ! expression courante tait : Ni vu ni connu,
j't'embrouille !
Pour sortir avant l'heure, a va tre la mlasse tre dans la mlasse, se trouver
duraille, c'est moi qui te le dis ! dans une situation embarrassante , est un
euphmisme courant pour tre dans la
ORIGINE Dbut 19e sicle. En 1900, une merde:
duraille est une pierre. De dur, avec Ah l l ! Si a continue on va se retrouver
suffixation. dans la mlasse.
coton Surtout dans l'expression c'est coton, c'est ORIGINE Vers 1880 au sens de misre , vers
1920 pour les difficults. H. France fait cette
difficile :
distinction en 1907 : Dans la mlasse on est
Traduire du franais en estonien, englu, dans la panade on est affadi, dans la
c'est assez coton, mais l'inverse limonade on est noy.
aussi!
tomber sur un bec Rencontrer une difficult
ORIGINE Fin 19e sicle. H. France donne vers ou une dception importante. Jadis trs
1905 : Avoir du coton, avoir fort faire, usuelle, l'expression est moins courante
travailler dur. aujourd'hui, remplace par tomber sur un os :
un ppin Un ennui quelconque, mais
particulirement mcanique.
Ils ont eu un ppin avec leur voiture
en venant.
(une panne, gnralement lgre)
182 DISPARATRE DONNER 183
Ils sont arrivs tout contents Libourne, probant. H. France donne vers 1905 passer
mais ils sont tombs sur un bec : l'htel tait l'as, tre pris , qui semble plus pertinent, mais
ne fait que repousser le problme.
ferm depuis huit jours.
passer au bleu Se dit d'une chose qu'on attendait,
ORIGINE Vers 1920. Par abrviation de tomber qu'on esprait, et qui ne s'est pas ralise :
sur un bec de gaz, un agent de police en Le gouvernement avait promis d'augmenter
argot (fin 19e s.). les fonctionnaires, mais leur augmentation
est passe au bleu...
c'est pas de la tarte Par litote : c'est trs dif- (il n'en a plus t question)
ficile, dangereux , etc.
Rentrer dans un appartement par la ORIGINE Fin 19e sicle; obscure. Peut-tre une
fentre du quatrime tage, je t'assure allusion au bleu utilis jadis dans l'eau de
que c'est pas de la tarte ! rinage d'une lessive pour faire disparatre
les dernires taches.
ORIGINE Vers 1960. Ngation de c'est de la
tarte, se dit d'une chose agrable, d'une donner
affaire fructueuse et facile - malfaiteurs 1950
(Esnault). filer Donner quelque chose. Mot trs usuel mais
typiquement du registre familier.
File-moi mon chapeau. File-moi les cls
disparatre de la bagnole. File-lui 100 balles, etc.
passer l'as Se dit d'une chose qui disparat alors Jean-Jacques m'a fil un coup de pied!
qu'elle tait l - qui a t subtilise :
J'avais quelques conomies, mais avec ORIGINE Annes 1920 au sens familier.
mon accident elles ont vite pass l'as ! Auparavant, le verbe appartenait l'argot
(elles se sont envoles, elles ont fondu) caractris, par volution de lcher avec
mthode (G. Esnault) au 18e sicle (on file
Ou d'une chose attendue, promise : un cble, on le dvide mthodiquement ). Cf.
Mon cadeau est pass l'as ! filer une racle, rosser quelqu'un .
(il ne m'a pas t donn)
pioncer D'usage frquent pour dormir ; n'a ORIGINE AU 20e sicle, probablement l'image
plus aujourd'hui de coloration argotique ; d'un moulin qui broie quelque chose, qui moud
le mot a eu sa vague bourgeoise (Cellard) du grain, voqu par le ronflement - cf. ronfler
dans le sillage de la Premire Guerre comme une toupie - mais cette explication
mondiale - on le trouve notamment chez demeure hypothtique.
Proust.
Ah tu te fous de moi!... Je lui avais drogue
recommand d'arriver l'heure, et
monsieur pionce ! Note prliminaire Les termes dsignant de manire
plus ou moins secrte et spcialise les diffrentes
ORIGINE AU 19e sicle, probablement driv, drogues sont infiniment nombreux; nous n'avons
comme pieu, de piausser, ou dormir dans pas les passer en revue ici, d'autant que ces mots
des piaux (peaux, fourrures). changent parfois trs vite. Contentons-nous de
quelques termes que tout le monde connat et qui
appartiennent au registre familier courant.
roupiller Terme familier le plus ordinaire
pour dormir . Le mot suggre l'ide d'un l'herbe Dsigne le cannabis (haschisch ou
sommeil long et profond : marijuana) :
Ah qu'est-ce que j'ai pu roupiller ! Il est Ils ont commenc fumer de l'herbe
10 heures.
quinze ans !
DRIV un roupillon Un somme, une
sieste, dans l'usage faire un petit
roupillon:
Tiens, en attendant, je vais faire un
petit roupillon !
186 DROGUE
la flotte Le plus ordinaire des termes familiers ORIGINE Un mot maritime dsignant un seau - sur
pour dsigner l'eau, et par extension la pluie. les anciens navires, la baille tait un baquet
Mot trs courant dans toutes les couches de la servant nettoyer le pont. Par mtonymie, a
socit. dsign la mer elle-mme (1767, G. Esnault),
puis toute tendue d'eau.
Je boirais bien un verre de flotte.
Il est tomb beaucoup de flotte cette nuit. saucer Pleuvoir. La sauce dsigne parfois une forte
Se dit aussi d'un liquide fade, ou faiblement pluie.
dos en alcool : Il va saucer cet aprs-midi !
(il va pleuvoir verse)
Qu'est-ce que c'est que cette sauce ?
Mais c'est de la flotte ! Je reviens du march, je me suis fait
Je sais pas d'o sort ce whisky, on dirait saucer !
de la flotte. (je suis entirement tremp par l'averse)
______________
DRIV flotter Pleuvoir :
Prends ton imper, Ginette, il risque de En complment Le vieux mot d'argot classique
flotter cet aprs-midi. lance, pour l'eau (ds 1725 chez Cartouche, et encore
dans Cline en 1937), n'est plus employ ni mme
ORIGINE Vient probablement d'un vieux mot, compris de nos jours. Il avait donn laneequiner,
flottes, dsignant une inondation (17e s.), et pleuvoir, galement obsolte, et chaude-lance, qui
semble sans rapport avec son homonyme flotte, dsignait une maladie vnrienne, la blennorragie
runion de navires . D'abord tendue d'eau .
- identifi dans ce sens vers 1880 - le mot ne
s'est rpandu qu'aprs 1910 dans le langage
quotidien.
chec
la baille Mot plus rare et plus spcialis : il
s'agit uniquement de l'eau dans laquelle on se Note prliminaire Cette entre comprend la notion
baigne ou on tombe : la mer, la rivire, la d'chec et l'ide de rater quelque chose, qui sont
piscine - on ne peut pas boire un verre de indissociables.
baille , le mot serait incompris d'un Franais
dans ce contexte. c'est foutu La chose est manque, elle ne se
Viens, Polo, on va la baille. ralisera pas. Foutu est un mot polyvalent d'une
extrme frquence dans le langage familier.
190 CHEC CHEC 191
Quand j'ai vu arriver Franois-Pierre j'ai ORIGINE Dbut 20e sicle. Il est probable qu'il
senti la soire tait foutue... s'agit d'un driv d'une rpe, un cot
(la bonne ambiance n'allait pas durer, la (attest dbut 20e s.), dans le langage populaire,
soire serait gche) par l'quivalence de c'est foutu/c'est rp. La
proximit sonore de rp et de rat a d influer.
Regarde, mon blouson est foutu; il l'a brl
avec sa cigarette, l'autre connard ! la tasse L'chec, dans un registre familier-
argotique. Peu frquent, en synonyme de le bide.
ORIGINE 18e sicle. Le mot a appartenu pendant
deux sicles au langage populaire grossier et J'ai tout essay pour le drider : la tasse !
violent. Du verbe foutre dans son acception (j'ai tent de l'gayer sans y parvenir)
obscne : coter (qui n'est plus ressentie ou
mme connue aujourd'hui par l'ensemble des RIGINE Annes 1960. Par antiphrase de
Franais). bonheur, russite ; en effet, la tasse tait
probablement une variante de pot, bol au
le bide L'chec complet, d'abord dans le domaine sens de chance .
du spectacle :
Le dernier film de Machinberg a fait un IDE DE RATER
bide retentissant.
(il a connu un chec surprenant, tonnant,
alors qu'il avait suscit les plus grands louper Manquer, rater. Trs usuel et peine
espoirs) familier.
Jean-Jacques vient de tlphoner : il a
Dans n'importe quel autre domaine par loup le train.
extension :
Je suis all voir le directeur pour lui J'ai loup l'mission sur les chiens la
prsenter mon projet : le bide intgral ! tl.
(a ne l'a pas intress du tout)
Elle a loup son examen.
ORIGINE Annes 1950 dans le registre (elle l'a rat, elle n'a pas t reue)
familier usuel, et plus tt dans l'argot des
comdiens. volution probable d'une ORIGINE Vers 1910. Probablement de louper en
locution du 19e sicle dans le mme sens qui langage populaire vers 1900 : Flner, courir les
tait partir sur le ventre. Cf. ramasser un cabarets, les bals publics, au lieu d'aller l'atelier
bidon, partir , en 1836 (voir PARTIR, En (H. France).
complment ).
foirer Manquer, rater - au sens concret d'une vis
c'est rp C'est un chec, c'est foutu. Emploi qui foire , qui tourne dans le vide sans se
frquent- bloquer. Au sens abstrait, on le dit d'un projet,
Dis donc, le voyage en Chine pour le mois d'une affaire, etc., qui choue :
d'octobre... Eh bien c'est rp! Les crdits
ont t refuss.
(le projet tombe l'eau )
192 CHEC EFFET - EFFORT 193
ORIGINE Annes i960. J. Cellard remarque : Se Rapport soi, gonfl s'emploie surtout
dfoncer est usuel dans le domaine des sports en ngativement :
parlant d'un athlte, d'un coureur, qui va Moi je suis pas assez gonfl pour parler la
l'extrme limite de ses forces. On peut signaler fille.
aussi que se dfoncer, au jeu de cartes, c'est
donner tous ses atouts ou ses cartes matresses, REMARQUE Cet emploi n'est pas en rapport avec
sens qui parat galement pertinent. gonfler quelqu'un, l'importuner au plus haut
point . Par contre, il reprsente l'inverse dans
se casser le cul Travailler normment, prendre l'usuel dgonfl, lche .
beaucoup de peine. Registre grossier mais usuel.
Tu crois que je vais me casser le cul pour ORIGINE Vers 1920 sous la forme actuelle
t'envoyer en stage, alors que tu fous rien de raccourcie, d'aprs gonfl bloc (1910 chez les
ton ct ! cyclistes selon G. Esnault). Il s'agit de l'image du
pneu (de voiture ou de bicyclette) qui, lorsqu'il est
ORIGINE 19e sicle et probablement avant : cette gonfl bloc , peut affronter tous les accidents
formulation existe dans les dialectes et en occitan du terrain. Le sens pjoratif actuel n'est devenu
depuis un temps indfini. d'un usage courant que vers les annes 1940.
se faire ramasser Se faire arrter par la police et ORIGINE Fin 19e sicle. On attribue la mtaphore
emmener au poste lors d'un contrle. Usuel. l'image charmante de la cloque , la bosse
Grard n'avait aucun papier sur lui l'autre que fait le ventre de la femme enceinte, mais il
n'est pas sr, tant donn la date d'apparition et
soir, il s'est fait ramasser par les flics.
la vulgarit ancienne de l'expression, que
l'origine soit aussi innocente. Vers 1900, une
Se dit aussi trs frquemment pour attraper cloque est un pet , et un pet vingt ongles
une amende : est... un nouveau-n !
Toi, t'as pas ta vignette, tu vas te faire
ramasser un de ces jours... En complment L'expression image avoir un
(la vignette sur le pare-brise d'une voiture polichinelle dans le tiroir semble toujours tre de
atteste le paiement d'une taxe annuelle sur les quelque usage, malgr sa verdeur.
automobiles)
tresse sensible jusqu'aux annes 1950. Cf. en S'emploie aussi au fminin (une morpionne) :
1905 . C'est ma mme, cette gironde, et ce Y a deux morpionnes qui font la qute pour
qu'elle est bath au pieu ! (H. France). l'cole.
DRIV un mmignard Sorte de diminutif ORIGINE Milieu 19e sicle. Par mtaphore des
pjoratif parfois employ par plaisanterie : morpions qui sont les poux de pubis dont il
Alors les mmignards, vous vous amusez est difficile de se dfaire.
bien ?
ORIGINE Dbut 19e sicle; obscure. un loupiot Un petit enfant, avec une nuance
affectueuse :
a va mon loupiot ? Tu t'es amus l'cole ?
un mouflet (avec un fminin : une mouflette) Un
enfant jeune, plutt avant 6 ou 7 ans dans l'usage Le fminin est rare cause de la rencontre avec
courant. Le mot comporte une nuance loupiote, lampe .
affectueuse :
Quand on a des mouflets on ne fait pas ce ORIGINE Fin 19e sicle. On peut y voir un
qu'on veut. diminutif petit loup , mais H. France donne
avec assurance : De pou, dform par le
C'est beau voir tous ces petits mouflets largonji , augment du suffixe -iot, ce qui
dans le parc. parat plausible - les enfants taient le plus
souvent pouilleux - par analogie et sous l'in-
T'as vu la jolie mouflette avec ses petites fluence de morpion, galement pou .
couettes ?
(ce qui suppose une fillette de 3 5 ans un moutard Un enfant en bas ge, plutt un
peu prs) nourrisson. S'emploie toujours en mauvaise
part :
Le mot peut, la rigueur, s'appliquer soi: Quand une femme a trois ou quatre
Quand j'tais mouflet... moutards elle n'a pas le temps de s'occuper
d'elle.
ORIGINE Milieu 19e sicle. H. France dit en
1907 : Enfant, jeune sot. tymologie Un moutard, a gueule tout le temps !
obscure, peut-tre en rapport avec un verbe
dialectal moufler, flairer, fourrer son nez ORIGINE Dbut 19e sicle; tymologie obscure.
partout, espionner (H. France). Le lien que fait Littr avec la rue Mouffetard
Paris ne parat pas probant. Vu la date
un morpion Un enfant plutt agit et agaant: d'apparition, 1827 chez G. Esnault, je
proposerais plutt la vieille locution : les
Quand l'instituteur amne tous les
morpions la bibliothque on ne s'entend
enfants vont la moutarde, c'est--dire se
plus! moquent, organisent des farces, lancent des
lazzis, en un mot se rendent hassables. La
Y avait une bande de morpions qui mention du fminin la mme poque
jouaient au foot dans la cour. (moutarde, petite fille, populaire Paris 1834, G.
Esnault) appuie cette proposition.
202 ENFANT ENGAGER - S'ENNUYER 203
un lardon Un jeune enfant, plus particulirement saumure. Une tendance actuelle chez les jeunes
un nourrisson, un bb, de manire pjorative : est de dire un nain pour un enfant. (Il est
Je veux bien me marier, mais je veux pas intressant de noter que dans le mme temps le
tre emmerd par des lardons. mot nain est remplac officiellement, dans le
discours politiquement correct , par la
ORIGINE Fin 19e sicle. Mtaphore sur la chair priphrase personne de trs petite taille. Ce qui
dodue grassouillette des nourrissons, et peut- n'est pas sans ironie.)
tre aussi l'as' pect suintant des lardons en
cuisine. Usage du mot en 1900 : La pauvresse
tait entoure d'une demi-douzaine de lardons
plus sales et plus dpenaills les uns que les engager
autres (in H. France).
embringuer Attirer, entraner (quelqu'un). Trs usuel.
gniard (ou gnard) Un enfant, en mauvaise part: Il s'est laiss embringuer dans cette
histoire de maison sans me demander
Qu'est-ce qu'ils ont chialer tous ces mon avis. Maintenant il regrette.
gniards ? Je vais leur foutre des torgnoles,
comme a ils sauront pourquoi ils pleurent ! ORIGINE Milieu 20e sicle ; tymologie obscure.
REMARQUE L'expression un drle de gniard, un
individu louche, ou particulirement astucieux, s ennuyer
plaisant, tait courante chez les combattants de
14-18. s'emmerder S'ennuyer ferme. Appartient
encore au vocabulaire grossier, trs
ORIGINE Dbut 20e sicle. G. Esnault y voit courant.
l'aphrse de mmignard (ou de mignard), mais Le film t'a plu ? - Non, je me suis
peut-tre y a-t-il un croisement avec niaulard, emmerd.
enfant pleurnicheur, patois de l'Isre (H.
France). L'Isre est le pays des Savoyards qui ont S'emmerder cent sous de l'heure est une
peupl Paris aux 18e et 19e sicles. expression usuelle, qui parodie travailler
X francs de l'heure :
un flo Un enfant, au Qubec. Familier usuel.
ORIGINE Utilisation mtaphorique du verbe REMARQUE Faire gaffe, faire attention , n'a
grossier chier, dfquer . pas de rapport avec la gaffe, l'erreur .
Paul, il me gonfle avec son bret bleu. Et ORIGINE Fin 17e sicle.
toi, tu me gonfles avec tes questions!
TRE EXCD
DRIV gonflant Agaant : en avoir ras le bol En avoir assez, ne plus pou-
Ces crmonies, qu'est-ce que c'est voir supporter quelqu'un ou une situation. D'usage
gonflant ! constant et mme lassant.
J'en ai ras le bol de toi ! Tu fais que des
ORIGINE Raccourci de la formule grossire conne-ries !
complte gonfler les couilles apparue dans les
annes 1950 comme une variante de casser les J'en ai ras le bol de ce foutu mtier, vivement
couilles. On a dit par ellipse les gonfler : Tu la retraite !
nous les gonfles.
REMARQUE L'expression s'est substantive en le
courir sur le haricot (ou bien l'haricot) Formule ras-le-bol :
populaire pour exasprer : Le ras-le-bol des usagers se traduit par une
Tire-toi de l, tu commences me courir hostilit grandissante l'gard des
sur l'haricot! contrleurs de la SNCF.
(tu commences m'agacer prodigieusement)
ORIGINE L'expression s'est rpandue comme
L'expression est devenue dsute chez les une trane de poudre partir de mai 68. S'il est
jeunes. REMARQUE On dit aussi par abrviation vrai que c'est l'quivalence bol - cul qui a cr le
courir... : Il commence me courir, lui ! syntagme en variante adoucie de ras-le-cul (J.
galement, dans le mme sens, taper sur le Cellard, DFNC), celui-ci s'est nanmoins
systme, formule enregistre ds 1867 popularis sur l'image immdiate et parlante de la
(Delvau), qui est une allusion au systme goutte d'eau qui fait dborder le vase .
nerveux.
en avoir plein le dos Mme sens que le
ORIGINE incertaine, vers 1880. Une allusion prcdent, et toujours usuel, aussi bien dans
aux organes sexuels n'est pas tablie. Il se une situation concrte de travail physique
puisant que dans un emploi mtaphorique :
pourrait que l'expression soit une rfection Vivement que la journe se termine, j'en ai
populaire de taper (ou courir) sur le systme, plein le dos de transporter des caisses.
la reprsentation en planche anatomique du
systme nerveux faisant penser un plan de J'en ai plein le dos des gamins chahuteurs.
haricot vert.
ORIGINE ancienne (18e s.). Il est malais de savoir si
faire suer Euphmisme de bon ton pour faire
chier. Frquent chez les femmes qui vitent la
vulgarit :
Ce bouquin me fait suer.
(il m'agace, ou m'ennuie)
plein le dos est venu en euphmisme de plein rebelote ! Exclamation qui signifie : Et a
le cul trop grossier pour tre utilis en dehors recommence!
d'une socit trs vulgaire, ou si ce dernier sert
de formule aggravante plein le dos. J'ai crev une roue de ma bagnole. Je
m'arrte, je mets la roue de secours, je
repars, je fais trois kilomtres : rebelote !
en avoir plein le casque (ou son casque)(souvent
prononc casse ) tre exaspr, tre bout ORIGINE Annes 1950. L'expression lexicalise
de patience, au Qubec : l'exclamation des joueurs de belote (jeu de cartes
J'en ai plein mon casque, comprends-tu ? trs populaire) o l'on annonce belote et
rebelote en abattant le roi et la dame d'atout -
gnralement en tapant du poing sur la table
exclamation au second !
excrments
216 EXCRMENTS EXCRMENTS 217
Note prliminaire Faire ses besoins est la faire caca Terme enfantin homologue du
forme polie usuelle pour exprimer le prcdent pour dfquer :
soulagement du corps - elle se rfre aux Tu as envie de faire caca, Gabriel ?... Va
besoins naturels . Aprs cela, les expressions faire caca dans le pot. Ne fais pas caca dans
courantes se rapportant la production des ta culotte !
excrments sont nombreuses et, on le devine, S'emploie comme nom :
extrmement grossires ; aussi il n'entre pas
dans l'intention de l'auteur de les exposer ici. Il a fait un gros caca !
Du reste, l'tranger qui entend ces mots se Et aussi comme adjectif, par image, pour
trouve forcment dans une situation d'assez salet, ordure :
grande intimit avec les personnes qui les Ne touche pas a, Flix, c'est caca !
emploient pour leur demander directement ce (c'est--dire c'est sale )
qu'elles veulent dire. Nous nous contenterons de
fournir les deux euphmismes de base, afin de ORIGINE trs lointaine, repr au 16e sicle (1534
parer au plus urgent de la communication. dans Robert). Le mot semble issu directement du
latin mdival cacare, probablement dans un lan
faire pipi Terme enfantin pour uriner , de biensance des gens d'glise.
lorsqu'on s'adresse un petit enfant :
Attention, Clment, ne fais pas pipi
dans ta culotte ! Si tu as envie,
demande papa...
Rmi a S ans, et il fait encore pipi au
lit.
Ou bien :
Pourquoi tu sautilles ? Tu as envie de
faire pipi?
s e fc h e r
facile
faim
faire
famille
fatigue
faux
faveur
femme
fte fraude
fort frre
fou froid
220 SE FCHER SE FCHER 221
T'as pas rendu ton devoir de maths, tu vas te R EMARQUE On a dit galement au dbut du sicle
faire engueuler par le prof. engueulage ou engueulement (les clbres disputes
entre cochers de fiacres au 19e sicle taient des
Mais on peut dire indiffremment dans ces deux engueulements ). Ces mots ont peu peu disparu
derniers cas : Ma mre m'a engueul, le prof de l'usage, au profit de la seule engueulade.
va t'engueuler... S'engueuler suppose une
dispute d'un certain clat et d'une certaine ORIGINE Le verbe engueuler au sens de disputer
intensit: quelqu'un haute voix s'est dvelopp dans le
Les voisins n'arrtent pas de s'engueuler du langage populaire des halles de Paris au milieu du
matin au soir ! C'est pnible. 18e sicle. Le titre d'une comdie poissarde de
1754 est Madame Engueule. Cependant le mot,
Les deux ministres se sont carrment bien qu'employ, a conserv une connotation
engueuls la tl. vulgaire largement jusqu'en 1920 ; la vulgarit
s'est peu peu affaiblie cause de l'usage rpt.
On le dira, absolument, pour ils sont brouills, Cf. Alphonse Allais vers 1900 : Et puis je lui
dirai aussi [ maman] que tu te sers de la
ils ne se voient plus :
dtestable expression engueuler, laquelle est
Claudine ne va plus chez Bertrand : ils se
l'apanage exclusif de gens de basse culture
engueuls.
mondaine. Jacques Cellard explique
pertinemment la vogue actuelle : La trs large
Il existe des augmentatifs traditionnels; on disait
diffusion du mot, aujourd'hui peine familier,
autrefois engueuler quelqu'un comme un pied, on
tient ce que le franais conventionnel ne
dit encore comme du poisson pourri : dispose, pour exprimer cette notion, que de
verbes faibles (attraper) ou isols d'allure
archaque (tancer,
222 FACILE FACILE 223
Dis donc c'est pas fastoche pour arriver chez c'est du gteau Cest trs facile, ce nest pas
toi, je me suis perdu. pnible :
N'aie pas peur, les chiens diront rien.
Avec l'chelle, monter sur le toit c'est
du gteau.
c'est du billard a ne prsente aucune difficult contemporain, sans doute par un effet de la
ou asprit, comme une boule qui roule sur le suralimentation qui rgne pour le moment.
billard ! Cette expression autrefois trs usuelle
semble aujourd'hui un peu vieillie, mais elle avoir la dalle Avoir faim, trs usuel chez les
s'emploie toujours au sens concret : jeunes :
On n'a pas mis beaucoup de temps pour Paulette, amne-moi un sandwich, j'ai la
venir, y avait personne sur la route, c'tait du dalle!
billard.
Quand est-ce qu'on mange ?J'ai une de ces
ORIGINE Vers 1914 selon G. Esnault, mais dans dalles !
un sens de chance heureuse , de russite. La
mtaphore s'est probablement dveloppe chez ORIGINE Annes 1920 sous cette forme abrge et
les coureurs cyclistes des annes 1920. au sens de faim . Vient d'avoir la dalle en
pente, tre port sur la boisson (19e s.).
les doigts dans le nez Avec beaucoup d'aisance, avoir un creux Avoir une petite sensation de faim.
sans effort : Trs usuel.
T'as eu du mal rentrer dans Paris On va djeuner, Louise ? Je commence
dimanche soir avec ta bagnole ? - Non, y avoir un creux.
avait personne, j'suis arriv les doigts dans
le nez. J'emporte un biscuit dans mon sac au cas o
(les bouchons sur les autoroutes les j'aurais un petit creux vers 11 heures.
dimanches soirs sont clbres)
ORIGINE Annes 1970. Ellipse d'avoir un creux
l'estomac, mtaphore pour dire avoir l'estomac
faim vide .
ORIGINE 1912 chez G. Esnault dans le monde des avoir les crocs Avoir trs faim. Locution peu
courses de chevaux. Cette hyperbole symbolise la en usage de nos jours.
nonchalance du jockey qui n'a rien faire pour C'est pas tout a, moi j'ai les crocs ! J'ai rien
pousser son cheval. La formule fut reprise par les bouff depuis hier soir !
cyclistes et les aviateurs.
ORIGINE Dbut 19e sicle. La tournure est
Note prliminaire Il est intressant de noter que la devenue usuelle seulement aprs 14-18 dans le
plupart des expressions exprimant la faim, qui langage populaire.
datent du 19e sicle sont peu prs toutes tombes _________
en dsutude dans le monde
En complment Des locutions telles que avoir la
dent, la sauter, avoir l'estomac dans les talons, qui
taient trs frquentes jusqu'aux annes 1950, sont
peu prs compltement sorties de l'usage.
226 FAIRE FAIRE 227
faire ORIGINE 19e sicle, mais le verbe ne s'est pas
entirement dgag de son sens premier - foutre,
foutre Ce verbe familier usuel s'emploie au sens coter (du latin futuere, faire l'acte sexuel
de faire d'une manire gnrale et vague : ) - sens qui est inconnu des jeunes gnrations
depuis les annes 1950. Longtemps la
Qu'est-ce que tu fous en ce moment ?
coexistence des deux sens en a fait un terme trs
vulgaire, puis la notion de coter s'est
Il vient spontanment au lieu de faire lorsque la estompe jusqu' l'oubli complet, au profit de
situation implique une impatience, une irritation, faire. En 1907, Hector France notait les
prmisses de cette volution : Ce verbe est
une surprise : employ si souvent mme par les gens du
Mais qu'est-ce qu'il fout, Jean-Claude ? meilleur ton et tant de sauces diffrentes que,
malgr le sens obscne qui s'y attache, il a sa
Je ne sais pas ce que vous foutez, mais je vois place oblige dans ce dictionnaire.
que rien n'est prt!
se taper Faire quelque chose, avec une ide de
Tiens ! Qu'est-ce qu'ils foutent l ? tche pnible. Trs usuel.
Je me suis tap la construction de ce mur
Il ne s'emploie jamais pour dsigner une moi tout seul.
tche concrte; on ne dira jamais je fous (j'ai bti ce mur de mes mains)
mon travail mais je fais mon travail .
C'est Julie qui se tape tout le boulot dans la
maison.
REMARQUE Foutre s'emploie aussi au sens de
mettre, poser , avec une nuance d'agacement :
Fous-moi a en l'air ! Pour le temps et les distances parcourir :
(jette-le !) Il s'est tap trois heures d'attente la mairie.
O est-ce que je le fous, ton tire-bouchon ? On s'est tap huit kilomtres pied pour
arriver la maison.
Par contre, les emplois de donner , usuels
autrefois sont dsuets ; on ne dit plus je lui ai ORIGINE Vers 1920, ces emplois s'tant
foutu du pain mais je lui ai donn du pain - dvelopps pendant la guerre de 14-18, par
il ne reste de ce usage que des emplois figs : antiphrase de se taper la cloche, se taper la
Foutez-lui la paix !
corve , la faire jusqu'au dgot. Cf.
(laissez-le tranquille !) l'quivalence se taper des kilomtres et bouffer
des kilomtres. Peut-tre y a-t-il une influence de
Je vais te foutre une gifle ! s'appuyer ?
C'est moi qui me suis farci la vaisselle, goupiller Verbe familier pour fabriquer , arranger,
bordel! combiner. Ce verbe est d'un emploi plus rare
qu'autrefois.
ORIGINE Annes 1930. Variante de se taper (au Alors, qu'est-ce que tu goupilles l ?
sens alimentaire, ou sexuel) un peu plus (qu'est-ce que tu fabriques l ?)
agressive. Au sens d'lments qui s'arrangent ensemble :
Il a bien goupill son affaire, Charles.
se coltiner Accomplir une tche pnible, (il s'y est bien pris, il l'a bien combine)
rebutante -au sens concret :
Finalement, a s'est mal goupill, cette
Je me suis coltin des pierres tout l'aprs-
histoire.
midi pour aider Jean-Paul construire son
(a s'est mal pass, mal arrang)
mur.
ORIGINE Aprs 1910. Le mot fait allusion des
Au sens mtaphorique, supporter une goupilles qui servent fixer des pices ensemble,
situation fatigante : mais en ralit il s'agit de la rfection du vieux
On s'est coltin la grand-mre toute la
verbe goupiner, travailler et voler , encore
journe : elle est sourde et elle n'arrte pas
usuel entre 1900 et 1910.
de parler.
une belle-doche Trs courant pour la belle-mre; Tu sors ce soir ? - Non, je suis crev, je veux
plus particulirement la mre de l'pouse - me coucher tt.
une femme n'emploiera pas volontiers belle- (je suis un peu fatigu)
doche pour dsigner la mre de son mari, car le Quand j'avais fini, j'tais crev et n'avais plus
mot a une connotation assez misogyne. le got ou la force d'crire ou de dessiner...
Tu paries de vacances! II va falloir se farcir (Jehan Rictus, Lettres a Annie, 1922)
la belle-doche tout le week-end, et elle est pas
marrante! REMARQUE Le verlan de crev est trs employ
chez les jeunes : vqure.
REMARQUE Se dit aussi d'une martre : la J'suis vqure!
nouvelle femme du pre.
ORIGINE Vers 1920 - la citation de Jehan Rictus
ORIGINE 1935 (G. Esnault) par substitution de doit tre une premire attestation. Crev, u 19
largot doche, mre . sicle, avait le sens de chanceux ou de
gandin ( un petit crev ); le sens de trs
fatigu ne s'est probable-ment dgag que dans
fatigu la priode 1910-18.
Note prliminaire La fatigue, sanction ordinaire du
travail, occupe la vie des gens - en particulier ceux qui avoir un coup de brr Eprouver une fatigue
fournissent un travail physique important, et qui brutale et soudaine pendant un effort physique :
appartiennent par dfinition aux classes populaires, Faut que je m'arrte, j'ai un coup de barre.
auxquels il faut ajouter les sportifs. Les deux groupes
S'emploie aussi pour une lassitude gnrale
tant forte invention langagire, il est naturel que
soudaine qui vient aprs une concentration
l'expression de la fatigue ait fourni une riche intense :
phrasologie du registre familier. La notion Je vais prendre un caf la, j'ai un mchant
hyperbolique d'tre mort se trouve a la source de coup de barre.
plusieurs d'entre eux.
ORIGINE Vers 1920. Gaston Esnault relve
tre crev Etre trs fatigu; mot mot : tre mort l'expression en 1920 chez les Martiniquais et les
de fatigue . Mais la locution s'emploie sportifs. L'ide semble tre celle d'une sensation
banalement quel que soit le degr de la fatigue : proche de la dfaillance, comme aprs avoir reu
un coup sur la tte (matraque, bton...).
J'en peux plus ! On a trop march Je vais me pieuter, je suis compltement nase!
aujourd'hui, moi je suis claqu.
REMARQUE Se dit aussi pour un objet cass,
On dit aussi trs couramment je suis vid, inutilisable :
dans le mme sens, c'est--dire vid de toutes Tu pourras acheter un autre moulin caf,
celui-l est nase.
ses forces. ORIGINE Vers 1930. De se claquer, (il est en panne, et irrparable)
dpasser ses forces (G. Esnault, 1920).
Mais le mot se greffe sur en avoir sa claque, Ma bagnole est nase, je vais la mettre la
tre puis , extrmement usuel en milieu casse.
populaire ds la fin du 19e sicle, mais (elle est trs use, bout)
devenu rare de nos jours.
DRIV On dit aussi par amplification je suis
avoir un coup de pompe Mme chose qu'avoir un nase-broque , mais il s'agit d'une rencontre
fortuite, car nasebroque existait ds 1925 au
coup de barre et d'un usage tout aussi frquent -
sens de nez .
peut-tre plus frquent chez les jeunes. Le coup
de pompe dsigne une fatigue subite mais ORIGINE Vers 1930 dans cet emploi familier. De
passagre. nasi, syphilitique (fin 19e s.).
Au 3 000 mtres j'ai eu un coup de
pompe, et puis la pche est revenue. tre hachesse peu prs la mme chose
qu'tre nase : incapable d'aucun mouvement.
Il faut que je sorte m'arer, j'ai un coup
Bien entendu, ces termes s'emploient
de pompe l...
hyperboliquement pour signaler une grande
fatigue ordinaire .
DRIV tre pomp tre fatigu, puis. Trs Allez-y sans moi, les potes, j'ai fini mes
usuel. examens hier, je suis hachesse !
Je repars en bagnole, tant pis; je suis (je ne vais pas avec vous, je suis puis[e] par
pomp, je veux pas me taper la cte. mes examens)
ORIGINE 1922 chez les cyclistes, mais aussi les REMARQUE Hachesse s'emploie galement pour
aviateurs (voir C. Duneton, La Puce un tat d'ivresse avance :
l'oreille). Les diverses explications de cette Riton ne peut plus bouger, regarde il est
pompe incongrue peuvent probablement se hachesse.
ramener une reformulation image de (il est ivre mort)
pomp, puis par un effort , que Gaston
Esnault relve ds 1913 chez les cyclistes. ORIGINE Vers 1945. D'aprs le sigle H.S.
pour Hors Service, indication militaire pour un
tre nase tre compltement puis, pour une vhicule immobilis, et par extension pour un
personne - ou mme foutu , prs de mourir, homme mis hors combat, par l'alcool, la fatigue,
selon le contexte. Trs usuel. etc. (J. Cellard, DFNC).
234 FATIGU FAUX 235
Je dois aller voir Sylvie cet aprs-midi. Son Voil un raisonnement bidon.
mari l'a quitte, la pauvre est ramasser (un raisonnement faux, qui ne tient pas
la petite cuillre. debout)
faire paratre deux fois plus volumineuses. Cela REMARQUE AU sens propre , dans le domaine
tant le mot bidon dans le sens de fausset du cinma, frimer signifie faire de la figuration
est demeur dans un cercle argotique restreint . Les figurants s'appellent familirement des
jusqu'aux annes 1920 et n'est pass dans le frimants.
langage gnral des Franais qu' partir des
annes 1960. ORIGINE ancienne et complexe. De l'ancien
franais frume, ruse, tromperie ; ds la fin du
la frime Le semblant, le faux-semblant : 18e sicle, on trouve pour la frime (1789), pour
Sa maladie d'estomac, c'est de la frime : faire semblant . L'usage parat courant ds la fin du
quand il s'agit de faire la fte, il n'est plus 19e sicle, mais le mot frime est devenu trs la
malade ! mode depuis les annes 1950 -sans doute sous
l'influence de la socit du spectacle .
Souvent dans la locution pour la frime :
Ils ont annonc une rduction de charges du toc Objets faux ou imits ; sans valeur (J.
sociales, mais c'est uniquement pour la Cellard). Faux; trompe-l'il; argot populaire
frime ! chez Hector France, qui donne aussi en toc,
faux bijoux, faux diamants .
Tu as perdu ta bague ? - Oui, mais c'est
DRIVS : pas grave, c'tait pas de l'or c'tait du toc.
frimer Se faire valoir par des dehors
enviables, un comportement avantageux : ORIGINE 1835 chez G. Esnault. De nos jours, le
Bertrand, depuis qu'il est all aux Carabes, mot a t largement supplant par la vogue de
il frime mort ! frime et de bidon. Le discours du ministre tait
(il fait le glorieux, l'important) compltement toc , offre une formulation de nos
jours suranne ; on dira bidon.
Ouah ! T'as vu Vincent comme il frime sur
sa mobylette ?
(il se donne en spectacle, il fait le beau, il se
donne des airs pour attirer l'attention, et si faveur
possible se rendre intressant aux yeux des
copines) une fleur Une faveur, une gentillesse ; sous la
un frimeur Un individu qui tche de forme d'un avantage pcuniaire gnreusement
donner une bonne apparence de lui-mme, qui consenti :
se conduit d'une manire ostentatoire : beaux Le marchand m'a fait une fleur; il m'a
habits, belle voiture... - gnralement dans le but fait une
de sduire les filles :
J'aime pas Jacky, c'est un frimeur!
remise de 30%, au lieu de 10% qu'il accorde Et qu'un Pote romantique ou moderne ne se
d'ha. bitude. croit vraiment Pote que s'il chante les
Se dit d'un passe-droit - entrer dans un lieu non beauts de sa gonzesse, avec laquelle la
autoris : plupart du temps il ne couche pas !
Bon je vous fais une fleur : vous pouvez (Jehan Rictus, Lettres Annie, 1911)
entrer dans les coulisses.
REMARQUE S'emploie dans un milieu machiste
REMARQUE Se construit toujours avec faire - on ne pour dsigner un homosexuel :
dit pas offrir une fleur, qui serait le sens Jean-Franois c'est une vraie gonzesse.
concret de la fleur offerte.
ORIGINE Dbut 19e sicle. Fminin de gonze.
ORIGINE Vers 1920. Par une mtaphore
vidente, encore que le verbe faire s'explique une nana Une fille en gnral. Terme cordial
mal. employ aussi par les femmes, sans connotation
pjorative.
J'ai rencontr Jean-Paul avec sa nana.
Au lyce y a des tas de nanas sympathiques.
Femme ORIGINE Vers 1950. Vraisemblablement une
variante de nnette. Le prnom Anna, qui en est
Note prliminaire L'ancienne langue populaire, l'tymologie thorique, n'est pas senti ;
essentiellement masculine, a cr un bon nombre cependant, le roman d'Emile Zola, Nana, connu
de termes pour dsigner la femme, ou la fille, tous des lycens, a pu tre la source de
plus ou moins dprciatifs, la plupart accusant la l'appellation.
femme de murs faciles. Quelques-uns de ces
mots, adopts par les femmes elles-mmes, sont une nnette Une fille en gnral. Le mot
devenus d'un familier anodin ; certains demeurent alterne avec nana qui a pris une frquence plus
franchement insultants - mais toutes ces grande dans l'usage actuel.
appellations sont teintes de machisme un Tu la connais, toi, la nnette de Jean-Paul ?
Dans la salle des profs, cette anne, il n'y a
certain degr. que des nnettes.
une gonzesse Une femme, en gnral assez jeune ORIGINE Annes 1930. Nnette est le diminutif
et considre surtout comme une partenaire ordinaire de Rene, un prnom qui fut trs la
sexuelle possible : mode dans les milieux parisiens des annes
1920-30 (et aussi Antoinette, Etiennette, etc.).
Moi j'aime bien discuter avec les gonzesses. Une chanson populaire
240 FEMME FEMME 241
serinait alors : Oh dis, toi ma Nnette/Viens terme caressant et affectueux l'gard d'une fille
faire un tour sur les chevaux de bois. Il en dj au 17e sicle : Ma poule , ma chrie, et
dcoula la locution ma Nnette puis, par Marie Treps l'a repr ds le 13e sicle dans cet
gnralisation progressive, une nnette. emploi, (cf. Dico des mots-caresses).
une souris En principe une jolie fille assez une ppe Le terme dsigne une jeune fille, ou une
dlure. Ce qualificatif est, selon la formule jeune femme, particulirement bien faite de sa
de J. Cellard, intermdiaire entre le mpris, personne, ce que l'on exprime un peu
la mfiance et l'amusement . vulgairement par bien roule. Le mot est
D'o elle sort, cette souris ? Tu la connais ? videmment d'usage plutt masculin.
T'aurais d venir au bal, y avait de ces
Bon, dis-lui de fermer sa gueule ta souris, ppes !
parce qu'elle m'nerve !
Daniel s'est trouv une ppe, mon vieux :
ORIGINE Dbut 20e sicle. Probablement pour superbe !
faire pendant mon minet, petit surnom
REMARQUE On dit aussi une poupe dans ce sens.
tendre que les femmes donnaient leur
amant. Un minet est un chat, il lui fallait une ORIGINE Fin 19e sicle. Variante enfantine de
souris. Mais on disait en 1900 faire une poupe.
souris pour chatouiller lgrement , ce qui
semble tre une attitude assez fminine.
un boudin Appellation trs pjorative d'une
une poule Terme assez pjoratif, mais en nette fille grosse et sans charme. Le mot sert d'insulte
rgression, pour dsigner une femme de trs frquente parmi les jeunes, particulirement
mauvaise vie, voire une prostitue. Mot utilis dans un monde o l'idal de maigreur
par les femmes. cadavrique chez les adolescentes touche parfois
Gabrielle se comporte comme une poule ! au pathologique :
Terme un peu dsuet pour dire une matresse , Ta sur c'est un vrai boudin.
trs en usage jusqu'aux annes 1960 avant la
libralisation des murs : ORIGINE Annes 1960. Peut-tre par glissement
Ernest est venu nous voir avec sa poule. du terme boudin, dsignant pralablement une
prostitue dans l'argot du milieu , mais ce
ORIGINE Fin 19e sicle dans l'argot, dbut 20e mot n'tait pas connu du public qui voit dans
l'appellation actuelle un driv de boudin, serr
sicle dans le langage commun. Un refrain
dans une robe .
clbre de Maurice Chevalier fut dans les annes
1920 : Ah ! si vous connaissiez ma poule ! une pouffiasse Terme pjoratif insultant pour
Cependant, le mot servait de une femme suppose tre de murs lgres, et au
demeurant vulgaire :
242 FEMME FTE 243
Vise la pouffiasse qui sort du magasin avec de la fesse Langage masculin d'une mtonymie trs
son caniche ! cavalire, dans l'expression il y a de la fesse, il y
a beaucoup de filles, de femmes en principe fort
sduisantes et tentantes .
Le mot sert d'injure : T'aurais d venir la fte de Bruno l'autre
Fous le camp, espce de pouffiasse ! jour, je t'assure qu'il y avait de la fesse !
ORIGINE Fin 19e sicle. Una pofiassa tait en ORIGINE Dbut 19e sicle. H. France note en
occitan une femme trs corpulente. En 1900, on 1907 : Ma fesse, ma femme.
disait une pouiffe, femme de mauvaise vie .
bobonne S 'emploie ironiquement pour dsigner une
une ptasse peu prs la mme chose que femme marie, bonne mnagre, tout occupe
pouffiasse, mais il s'y ajoute une ide de profonde de sa maison et de sa famille, et qui se contente
btise et d'arrogance chez la personne : d'une existence routinire :
Nathalie c'est une vraie ptasse! Elle est con Fernand, tous les soirs, il regarde la tl avec
comme un balai, la pauvre ! bobonne.
Le mot est trs pris des femmes qui l'emploient ORIGINE Vers 1950 dans ce sens ironique.
pour dsigner la matresse de leur mari ou de leur Bobonne tait au 19e sicle le mot enfantin
ami - surtout pendant les scnes de mnage : dsignant la bonne d'enfant ; puis le sens
Mon chri, tu diras ta ptasse qu'elle te s'tendit, avec une coloration affectueuse,
recouse tes boutons de chemise. Moi, c'est fini l'pouse-mre, la femme au foyer ; le mot a
! pris une connotation un peu sarcastique en
mme temps que naissait la nouvelle image de
ORIGINE Fin 19e sicle, au sens de vieille femme la femme, libre et hostile aux tches mnagres.
et aussi de prostitue . Voir aussi MINABLES.
Les piliers, au rugby, sont toujours de grands fortiche Fort intellectuellement, savant. Le mot est
balses. un peu vieilli.
En anglais. Pierrot, il est rudement fortiche,
Se dit aussi pour de solides vertus intellectuelles : c'est lui qui me fait mes traducs.
Catherine, en maths, elle est vachement (qui fait mes traductions)
balse. ORIGINE Vers 19x0 dans ce sens. Le mot, avec la
ORIGINE mal dfinie. En usage depuis les annes suffixation fantaisiste -iche, s'est d'abord
appliqu la force physique (fin 19e s.).
1920.
fou
une armoire glace Se dit par image d'un
homme de haute taille et de forte corpulence. Note prliminaire Le drangement mental, rel ou
Souvent abrg en armoire. suppos, est l'un des domaines privilgis de la
Son beau-frre n'a peur de rien : c'est une phrasologie familire. En effet, accuser l'autre de
armoire glace. folie, de faiblesse d'esprit, c'est affirmer notre
supriorit, en dehors de la supriorit physique et
musculaire. Or, dominer l'autre, par la force, l'esprit,
ORIGINE La mtaphore ne semble pas entre l'astuce, le vocabulaire ou l'argent, a toujours t la
dans l'usage avant les annes 1920. grande ambition de l'homme depuis que le inonde est
monde.
un malabar Un homme de forte carrure et
d'une force physique au-dessus du commun : dingue Mot qui sert tout pour dire il est fou, il
Le dmnageur de piano tait un vrai est malade , ou bien c'est fou, c'est
malabar, il portait tout seul de son ct sans extraordinaire . Trs usuel.
effort. Il est dingue, ce type ! T'as vu il m'a
bouscule !
ORIGINE Vers 1910 dans ce sens. Sans doute
du nom propre Malabar : habitant de la cte C'est dingue le monde qu'il y avait la foire
indienne de Malabar (J. Cellard, DFNC). aux livres de Brive !
tre baraqu Se dit d'un homme fortement Les gens sont dingues avec les bagnoles, ils
polluent tellement que les villes deviennent
charpent, athltique : irrespirables.
Pour jouer au rugby il faut des types baraqus,
pas des gringalets comme ton frre !
REMARQUE Le driv dingot de mme sens, qui pient l'aide d'un siphon (tuyau) par le principe
tait le plus courant dans le parler populaire des vases communicants.
jusque dans les annes 1950, a rgress sous maboule Fou, cingl :
la propagation de dingue, ce dernier vocable Dans l'autobus il y avait une vieille femme un
ayant t adopt par la classe tudiante puis peu maboule qui chantait.
intellectuelle en gnral.
ORIGINE Milieu 19e sicle. Influence arabe par
ORIGINE Vers 1910. Sans doute de l'appellation l'intermdiaire des troupes militaires d'Afrique
de la fivre du paludisme, dite dingue ou du Nord.
dingue-dingue (1890-1900).
marcher ct de ses pompes Expression
cingl Fou, drang psychologiquement, hyperbolique qui indique le malaise
extravagant : psychologique, un comportement hors de la
Grard est compltement cingl : il conduit ralit :
sa voiture alors qu'il s'est fait retirer le La mre Titi, elle marche ct de ses
permis ! pompes. En ce moment elle reste enferme
chez elle toute la journe regarder la tl.
ORIGINE Vers 1920, le mot tait alors la mode (elle ne va pas bien du tout, elle ne tourne
dans le langage ouvrier parisien. partir d'un pas rond )
sens cingl, ivre (1882, G. Esnault).
REMARQUE On dit aussi tre ct de ses
barjo Extravagant, avec une dose d'imbcillit en pompes, mais souvent avec un contexte plus
plus : lger de simple tourderie :
Ton copain l, Yves, il est pas un peu barjo ? Je suis compltement ct de mes pompes
Il m'a tlphon trois fois hier soir pour me aujourd'hui : je cherche partout mes lunettes
demander la mme chose. et je les ai sur le nez !
ORIGINE Vers 1930. C'est la version en verlan ORIGINE Vers 1960. L'expression s'est
de jobard, imbcile, niais . rpandue d'abord dans les milieux du sport
propos d'un joueur en trs mauvaise forme, un
footballeur qui tire ct du but, qui passe
siphonn la fois drang et imprvisible, ct de toutes les occasions de marquer par
qui est sujet aux sautes d'humeur : manque de rflexe et maladresse momentane.
Le proviseur du lyce est compltement Elle s'oppose tre bien dans ses pompes, bien
siphonn : il nous convoque 4 heures pour dans ses baskets, pour un joueur en grande
nous expliquer qu'il ne peut pas nous
forme.
recevoir!
dconner Faire n'importe quoi, dire des sottises. passage du sens obscne (18e s.) aux propos
Le mot, extrmement usuel, peut avoir des dbiles s'est fait travers l'ide du vieillissement.
Cf. Dconner, radoter. Mot mot : devenir
colorations trs diverses : Au sens de dire des vieux, s'affaiblir (sic) (H. France, 1907).
fadaises pour rire : ___________
Jean-Paul n'a pas arrt de dconner toute
la soi. re. Il nous a bien fait rigoler.
En complment De nombreux qualificatifs de la
Au contraire, faire des actions mal venues, pas draison sont devenus d'un usage restreint :
srieuses : branque, un peu fou ; sinoque, cingl ;
Son frre dconne srieusement : il a vendu folingue, fou par suffixation argotique ;
sa bagnole et il a bouff tout l'argent en louftingue, marteau, piqu, ravag, etc.
sortant en bote.
gruger Frauder, resquiller. Trs usuel dans le langage S'emploie parfois avec les valeurs extrapoles de
des jeunes : frre pour dsigner des amis trs chers :
Dans la queue de la cantine, si quelqu'un Auguste, c'est vraiment un frangin.
passe devant on se fait gruger.
ORIGINE Dbut 19e sicle. L'tymologie (o l'on
Antoine a grug son devoir de maths. sent la racine fr) est mal tablie. La forme fralin,
(il l'a copi sur son voisin) courante au 19e sicle, n'a disparu qu' l'poque
de la guerre de 14-18, o frangin l'a
ORIGINE Vers 1985 dans ce sens. Il s'agit du dfinitivement emport.
verbe rare gruger pris familirement pour un
mot d'argot par les jeunes, et trait en tant que
tel. La sonorit un peu rpeuse du mot a d
favoriser son adoption. froid
faire de la perruque Travailler pour soi cailler Dans la formulation a caille, il fait
pendant son temps de travail - par exemple, trs froid :
dans un atelier, se confectionner un outil pour Ah dis donc! Ils l'avaient annonc la
l'emporter chez soi avec les matriaux dont on mto, mais aujourd'hui a caille !
dispose ; dans un bureau, crire des lettres
personnelles avec l'ordinateur qui sert au DRIV se cailler Avoir trs froid. Trs
travail, etc. Cette vieille locution ouvrire est usuel, et mme banal pour un froid qui n'est
toujours en usage. pas trs intense.
Je me caille dans ce couloir, je reste pas.
ORIGINE 1856 (G. Esnault), sous la forme faire en (j'ai trop froid, je m'en vais)
perruque. Par renouvellement de faire le poil
quelqu'un, le gruger . Hector France donne
faire en perruque, faire en fraude , et faire la
perruque, dtourner chez un patron de menus
objets (1907).
254 FROID FROID 255
T'as pas pris ton manteau ? Tu vas te cailler glaglater Avoir froid, se geler (l'ide est : trembler
les miches! de froid ). D'un emploi beaucoup plus rare,
(avoir froid aux fesses, et ailleurs!) mais plus expressif et amusant, que se cailler.
Le rfectoire n'est pas chauff, on va
ORIGINE Vraisemblablement durant la guerre glaglater l-dedans!
de 14-18 ou il a fait des froids intenses (le mot
tait employ par les anciens combattants des ORIGINE Probablement cr durant la guerre de
1920). ut tre une remotivation de se cailler le 14-18. Le mot tait employ par certains anciens
sang, rager (1901 chez G. Esnault) la fois combattants, mais il est reste oral et sans ralit
par la mauvaise humeur que donne le froid et linguistique jusqu'aux annes 1940. Il est forme a
l'image de la glace (l'eau qui caille). partir de l'exclamation aglagla ! qui veut dire il
fait froid, ou j'ai trs froid , qui imite le
se les geler Avoir froid, prouver de l'inconfort claquement de dents caractristique.
du au froid :
Ferme la porte, Albert, on se les gle! frette (ou fret) Trs froid. Familier usuel au
En plein mois de fvrier, sur un tracteur Qubec.
sans cabine, tu u pas rsister, tu te les gles. Il fait donc frette aujourd'hui!
ORIGINE Vers 1910, en ellipse de l'expression ORIGINE Drive du saintongeais freit froid qui fait
grossire se geler les couilles. craquer l'corce des arbres ?
gains
gifles
gourmandise
grand
gratuit
guitare
258 GAINS GIFLES 259
gagner son buf Gagner sa vie. Familier peu ORIGINE Milieu 18e sicle dans le parler populaire
de Paris pour le sens concret de gifle , milieu 20e
frquent, s'emploie par plaisanterie, en sicle pour les difficults .
archasme :
Ah il faut en faire des heures de boulot
pour gagner son buf !
259 GIFLES GOURMANDISE 261
une tarte Une gifle. Le mot est trs usuel et Tu vas te prendre une mornifle, tu l'auras bien
peine familier ; il s'applique de prfrence aux cherche !
enfants avec un brin d'humour :
Si vous continuez je vais vous donner des ORIGINE Terme trs ancien (16e s.) de la famille
de renifler.
tartes ;
une torgnole Une grosse gifle violente : Oui, oui, Fernand, il fait le dsintress comme
a, mais il n'a pas crach sur les primes l'anne
Si vos enfants sont dissips, donnez-leur
dernire.
des tor-gnles ! (il a t trs rjoui de toucher des primes - des
sommes d'argent verses en supplment d'un
ORIGINE 18e sicle. Altration du dialectal salaire)
tourniole, une gifle qui tourne , donne la
vole. On dit aussi une retourne. ORIGINE AU 19e sicle par litote populaire d'un
temps o cracher figurait l'expression du refus
et du souverain
une mornifle Une grosse baffe appuye :
262 GRAND GRATUIT GUITARE 263
ORIGINE 19e sicle. Litote en plaisanterie. ORIGINE Fin 19e sicle dans ce sens. L'expression a
signifi crdit durant tout le 19e sicle - c'est
grand la notion de gratuit qui l'a emport par une
volution mal explique.
maous Grand, volumineux, impressionnant. Le
mot est d'un usage moindre aujourd'hui, kroum Gratuitement, dans la rgion de Marseille:
repouss par les usages tendus de balse au Karim m'a fait entrer kroum au match.
mme sens (voir FORT).
Dis donc, elle est maous ta bcane !
ORIGINE incertaine, probablement arabe.
(elle est norme ta moto)
habile
se hter
heure
homme
hum eur
266 HABILE -SE HTER SE HTER 267
Grouille-toi un peu, on va tre en retard!
habile On dit aussi, absolument :
toucher sa bille tre trs comptent, fort en quel- Allez, rouille!
que chose, adroit, etc. Trs usuel chez les
jeunes. ORIGINE 17e sicle. L'histoire de ce verbe est
Bertrand, en maths, il touche sa bille !
surprenante : employ par Molire - La Comtesse
d'Escarbagnas, 1671, Vous ne vous grouillez
(il est fort en maths)
pas ? et dans Le Misanthrope, 1666, Elle
Moi, en mcanique, je touche pas ma bille...
grouille aussi peu qu'une pice de bois - il a t
(je suis nul en mcanique) trs vite considr comme un provincialisme
inacceptable dans la bonne socit. L'dition de
ORIGINE partir de 1955-60 dans le milieu 1682, faite aprs la mort de Molire, crut bon de
tudiant. Mtaphore du jeu de billard o un corriger le vers en Qu'elle s'meut autant qu'une
joueur expriment sait, en effet, comment pice de bois . Les diteurs du 18e sicle trans-
toucher sa bille . formrent en Vous ne grouillez pas ? la forme
pronominale dans La Comtesse d'Escarbagnas.
ratoureux Espigle, rus, au Qubec. Usuel Aujourd'hui encore, quoique souvent employ en
familier en mauvaise part. littrature et dans la conversation, se grouiller est
Mfie-toi de lui, c'est un ratoureux! ressenti comme trop familier pour tre admis, par
exemple, dans une dissertation scolaire.
se hter se magner Mme sens et mme emploi que se
grouiller, mais dans un registre beaucoup plus
se grouiller Se dpcher, en langage familier de vulgaire et presque argotique :
bonne compagnie. Trs usuel. Il va falloir se magner, mon pote ! C'est pas
Il va falloir se grouiller si on veut pas se rincer l'tout de lambiner devant la tl !
par l'averse !
Il est souvent renforc par une allusion grossire
au postrieur :
Allez, magne-toi l'cul, je te dis !
faire fissa Faire vite, ne pas perdre de temps : ORIGINE Vers 1940 dans ce sens. Du vieil argot
Ben dis donc! Vous avez fait fissa. J'ai cavaler, s'enfuir (1821).
peine eu le temps de rentrer ma voiture.
se bouger les fesses Se dpcher, cesser de lan-
O RIGINE Fin 19 e sicle. Emprunt l'arabe par
terner. Trs usuel.
les soldats d'Afrique du Nord.
Si tu veux de la galette des rois, tu peux te
faire vinaigre Se hter, faire aussi vite que l'on peut. bouger les fesses : y en a presque plus !
Familier ordinaire. (il est grand temps que tu te prcipites)
Si on veut pas rater l'autobus il va falloir faire
vinaigre, t'as vu l'heure qu'il est ?
O RIGINE Vers 1950. Euphmisme, dans un
e
ORIGINE Dbut 20 sicle. De l'expression datant contexte de politesse ordinaire, de la formule
du 19e sicle du vinaigre ! exclamation des rude, elle aussi usuelle, se bouger le cul.
petites filles qui sautent la corde et veulent
acclrer le mouvement (H. France). Il y avait speeder (se prononce spid ) La mme chose que
mme le grand vinaigre, pour trs vite . Il faire fissa, mais cet anglicisme tend tre de plus
semble que pour le contraire, lentement, huile! en plus employ par les jeunes :
ne soit venu en usage que plus tard chez les
enfants, peut-tre dans les annes 1930, par J'ai speed mort sur ma chiotte.
allusion aux composants de la vinaigrette. (je suis all toute allure sur ma mobylette)
bomber Se dpcher, aller vite. Le mot parat O RIGINE Les annes 1980. De l'anglais to speed.
aujourd'hui assez peu employ.
Ah dis donc, vous avez d bomber pour heure
arriver cette heure-ci !
O RIGINE Vers 1930, sur l'image aller la une plombe Une heure. Ce terme dorigine
vitesse d'une bombe - on trouve ds 1900 : argotique est devenu trs courant en franais
Si a se perd, calte comme bombe. Cf. les familier.
coureurs cyclistes ds les annes 1920. Quest-ce que tu foutais, Daniel ? a fait
trois plombes quon tattend !
cavaler Se presser, s'activer, courir tout le temps: (Que faisait-tu, Daniel ?Nous tattendons
Si tu veux faire tout a dans la journe il va depuis trois heures)
falloir cavaler dur.
270 HOMME HOMME 271
Souvent dans le sens d'une exagration de un mec Un individu. Le mot le plus courant sans
temps : doute actuellement.
T'as vu le mec, l ? La barbouze qu'il se
Je lui demande pas lui, il va mettre une
paye!
plombe me rpondre !
(ce garon a une barbe inimaginable)
(un temps exagr, une heure)
II a remplac type dans toutes ses acceptions
On va pas Paris cette heure-ci, avec les
figes : un brave mec, un sale mec, etc.
embouteillages a va mettre des plombes !
(a nous prendra trop de temps)
Les femmes, les filles, emploient mec la place
d'amant, de mari :
ORIGINE Dbut 19e sicle dans l'argot des
voleurs. Cf. Voil six plombes et mche qui Marguerite, elle a pas de mec en ce moment.
crossent... Tu pionces encore ? (Vidocq) : (elle n'a pas d'ami, de fianc )
Voil six heures et demie qui sonnent.
partir de plomber, frapper , d'o sonner Je demanderai mon mec de venir me
chercher.
l'heure . Le mot s'est popularis partir des (je demanderai mon mari)
annes 1960-70
homme ORIGINE Mec, ou meg, dsignait le chef au
dbut du 19e sicle dans l'argot des bagnes, puis
un type Terme qui fut longtemps le plus courant homme, gars, type vers 1880. Cependant, le
pour dsigner un homme, connu ou inconnu : mot est rest coloration argotique vulgaire
Qui est ce type ? -Je connais pas ce type-l. jusqu'aux annes 1940. Il est totalement anodin
et familier depuis les annes 1960.
Le mot est le support des expressions toutes
faites courantes : un brave type, un chic type, un gonze (ou gonse) Un type, un individu quel-
quelqu'un de gnreux, serviable, dvou... Au conque. Aujourd'hui simplement familier :
contraire, un sale type est un individu louche, Tu sais, Francis, dans les banlieues tu as des
faux, menteur, libidineux, etc. gonzes qui n'ont pas froid aux yeux !
(il y a des types qui n'ont peur de rien)
e
ORIGINE Fin 19 sicle. partir de 1930, devient
synonyme de gars. Pour une femme, type a DRIV gonzesse Ce fminin de gonze est
signifi amant . Ce soir je couche avec mon devenu frquent et banal pour dire une fille, une
type (H. France). femme, sans coloration vraiment pjorative, tout
en restant principalement dans un vocabulaire
masculin :
Naturellement vous amenez vos gonzesses,
plus on est nombreux plus on s'amuse !
ORIGINE Vieux mot d'argot du 17e sicle (crit ORIGINE Vers 1920. D'un nom de clown que l'on
gonce) qui a eu des fortunes diverses. la fin trouve dans la chansonnette : C'est Gugusse
du 19e sicle, il dsignait, comme le fminin avec son violon/Qui fait danser les filles/Et les
gonzesse, des individus mls au monde de la garons.
prostitution. Cf. Il me semble que vous ne
comprenez mot au langage des gonzes que un pkin Un personnage que l'on ne connat
nous visitons. - Des gonzes ? - Sans doute, des pas, un passant. Terme encore dans l'usage mais
gonzes et des gonzesses. Les habitus des peu frquent.
tablissements que nous frquentons se Tu vas pas demander au premier pkin venu
dsignent eux-mmes par ces mots s'il a des nouvelles de ta femme !
harmonieux (Louis Barron, Paris trange,
1883). ORIGINE 1807 dans le sens de civil pour les
soldats. Est pkin celui qui est du dehors ,
un gus Un individu un peu trange, un quidam commente G. Esnault. Cet emploi a t trs
qu'on ne connat pas et auquel on accorde rpandu au 19e sicle et au dbut du 20e. Cf.
peu d'intrt : cette chanson qui date du Second Empire et du
Qu'est-ce que c'est que ce gus? D'o il tirage au sort :
En vain l'on veut rester pkin
sort?... T'as vu, il entre, il dit mme pas Quand on a-z-eu la chance
bonjour ! De s'fourrer dans le creux d'Ia main
Un numro de partance.
Il semble toujours exister une certaine
mfiance l'gard d'un gus, plus qu' un plerin Par plaisanterie, un individu que l'on
l'gard d'un mec : ne connat pas :
Tu le vois souvent ton voisin Ferdinand ? - II n'y avait pas un seul plerin dans tout le
Non, j'aime pas ce gus. village.
(il n'y avait personne qui demander notre
ORIGINE Le mot semble s'tre rpandu aprs route)
1950, partir d'une origine incertaine. De
fait, il a d y avoir une rencontre entre ce qui ORIGINE Vieil emploi du 17e sicle (Molire
est ressenti comme un raccourci de gugusse et l'utilise dans ce sens). H. France remarque :
un mot gus circulant dans les dialectes - Ce mot est employ gnralement en mauvaise
occitans en particulier. H. France relve : part : "Je connais le plerin", dit-on d'une
Gus, gueux, fripon (1907) qui concorde tout personne dont on a eu se plaindre (1907).
fait avec la connotation dfavorable actuelle.
Il s'agit probablement d'un mot-carrefour un gazier Un type. Le mot est plutt humoristique
qui rsulte de la superposition de deux et d'un emploi rare de nos jours.
souches distinctes. T'as vu ce qu'il a fait ton gazier ? Il est parti
en laissant la porte grande ouverte !
un gugussee Un clown, un farceur, quelqu'un de
pas srieux :
Arrte de faire le gugusse, et dis-moi si tu
venir au cinma !
274 HOMME HOMME 275
ORIGINE 19e sicle. Le mot truc pour ruse, ORIGINE Milieu 20e sicle. Personnalisation
corn.bine tait dj usuel au 18e sicle. amusante de la locution tout le monde. Ex. : Ils
ne parlent pas comme tout le monde.
Tartempion Individu quelconque et suppos
auquel on accorde peu d'estime : lambda L'individu moyen, pris au hasard, qui
Que vous alliez chez moi ou chez reprsente les caractristiques majoritaires de sa
Tartempion, cela revient au mme : vous n'y catgorie, servant d'exemple. Usuel dans les
trouverez pas de poule aux ufs d'or ! discussions teneur sociologique .
Si vous interrogez le conducteur lambda, il
ORIGINE 19e sicle. Il s'agit d'un personnage vous dira que la ceinture de scurit n'est
imaginaire et quelque peu ridicule qui revenait qu'une question d'habitude.
constamment dans les articles de Charivari
entre 1840 et 1850 (Gustave Fustier). Le nom Le consommateur lambda n'achte pas son
fut la mode la fin du 19e sicle. Un journaliste pain au supermarch mais dans une
de L'Aurore crivait vers 1900 propos des boulangerie.
dputs : Nous envoyons la Chambre de
dplorables Tartempion, des sous-vtrinaires REMARQUE Le mot appartenant surtout au
dont les chevaux ne voudraient pas pour leur langage oral - colloques, missions de radio ou
servir l'avoine (cit par Hector France). de tl... - il n'est que trs rarement crit, et cette
graphie lambda est exceptionnelle.
Untel S'utilise l'crit principalement la place
d'une personne imaginaire et abstraite : ORIGINE Vers 1950, avec le dveloppement d'un
Que vous vous adressiez Untel ou Untel, langage prtention savante. C'est la lettre
vous avez la mme rponse. grecque prise comme symbole dans les
( une personne ou une autre)
formules en mathmatiques et en physique :
Soit une longueur ...
Celui-ci peut se mettre au fminin, la diffrence
des autres, mais crit en deux mots. X ou Y (se prononce iks ou igrek ) Symbolise
Une Telle vous dira ceci, une autre cela... les inconnus parfaits, des individus thoriques,
encore plus immatriels que Untel ou Untel :
ORIGINE Dbut 20e sicle. Si X ou Y dcide de lancer une nouvelle
enqute sociologique, il va commencer par
Monsieur Toulemonde (ou Tout-le-Monde) Chacun de faire le point sur ce qui a dj t fait en la
nous, dans le sens de la plus grande banalit: matire.
Les formules mathmatiques ne font pas ORIGINE Fin 19e sicle, avec la formule
partie du langage de Monsieur Toulemonde. juridique plainte contre X.
HUMEUR
humeur
tre de bon poil De bonne humeur, bien dispos
affable : i
La chef tait de bon poil ce matin, elle nous a
offert des bonbons !
Moins, toutefois, que le sale con qui est nuances. Le mot, en usage ds les annes
vraiment une ordure. Le grand con peut tre 1950, fut popularis vers 1970 par une srie de
tout la fois. dessins humoristiques de Cabu, puis dans les
annes 1980 par une chanson de Renaud
DRIVS : intitule Mon beauf : Quand les cons
connard Mot qui a gard sa verdeur. Gros voleront, il sera chef d'escadrille, mon beauf !
connard est toujours une insulte vivace. Le (voir FAMILLE).
fminin usuel conasse est trs vulgaire :
Quelle connasse, cette fille ! un corniaud Un imbcile sans malice, une dupe
(elle est bte et vaguement malfaisante) facile. Le mot est familier mais de bon ton .
une connerie Une sottise : Le notaire est un corniaud, il s'est laiss
Comment tu fais pour dire autant de avoir.
conneries? Tu prends des cours du soir ?
(entendu la tlvision, 19 dcembre 1995) une cloche Un individu peu reluisant, pauvre et
malchanceux, sans volont. Un pauvre
REMARQUE Dans certaines rgions de France, le type.
mot est si frquent qu'il sert de ponctuation Ton frre, il fera jamais rien, c'est une
orale au langage populaire, par exemple cloche!
Toulouse : Oh con ! Il faisait un froid, con, je Le mot s'emploie aussi en adjectif :
sentais plus mes pieds, con !
Son pardessus est un peu cloche.
(il lui va mal, il est bizarre - sorte
ORIGINE Organe sexuel fminin. d'euphmisme pour moche )
un couillon Un imbcile, quelqu'un de crdule, Sert exprimer une petite erreur, un regret.
facile duper. Mot traditionnel dans le Midi de quivalent de c'est dommage.
la France, il apparat souvent dans la littrature C'est cloche, j'aurais d apporter mon
de Marcel Pagnol. appareil photo.
Oh Madeleine !... Ton mari, c'est un beau
couillon ! ORIGINE mal dfinie. Peut-tre du verbe
clocher, aller de travers .
DRIV une couillonnade Une plaisanterie,
un mensonge : un ballot Euphmisme lger pour imbcile
Ils lui ont racont que des couillonnades.
ou nigaud . Se dit un enfant :
Quel ballot tu es ! Il ne faut pas croire tout
(ils lui ont menti sur toute la ligne)
ce qu'on te dit!
ORIGINE Organe sexuel masculin. DRIV baluche Forme adoucie de ballot.
un beauf Cette contraction de beau-frre est
employe depuis les annes 1960 pour
dsigner un homme assez but, aux manires
lourdes et aux opinions sans
284 IMPORTANT IMPORTANT 285
ORIGINE Le ballot est un paquet, un objet sans Se dit collectivement, au pluriel, des dirigeants, des
raction, dont on fait ce qu'on veut. gens en fonction, des reprsentants officiels :
Attention, quand les huiles vont arriver, il
un gland Un nigaud, un empot, quelqu'un de faudra dgager toutes ces voitures.
(ce peut tre aussi bien le PDG d'une entreprise
mal dgourdi : et son quipe, que le maire et son conseil
Etienne est encore en retard ! Mais qu'est-ce municipal, en visite quelque part)
qu'il fait, ce gland ! ?
ORIGINE 1887 (G. Esnault), dans l'argot
ORIGINE Organe sexuel masculin. militaire de l'poque. Le mot, inconnu d'Hector
France, semble s'tre largement diffus durant
la guerre de 14-18. J. Cellard suggre avec
important une grande vraisemblance de voir dans cette
image une allusion aux sardines l'huile ,
une grosse lgume Un personnage officiel im- les sardines tant les galons des officiers.
portant, voire redoutable :
la rception du prfet il y avait quelques du beau linge Terme familier d'un ton la
grosses lgumes : le dput, l'inspecteur fois admiratif et sarcastique pour du beau monde,
d'acadmie... mlange de gens trs riches, trs en vue, clbres,
etc.
ORIGINE obscure; 1832 (G. Esnault). Le fminin la petite sauterie du prfet il y avait non
indique qu'il pourrait s'agir de grosse portion seulement plusieurs grosses lgumes, mais du
trs beau linge : le prsident des GCDLL et sa
(par opposition demi-portion, homme sans femme, la baronne de Sainte-Plagie, les
valeur ru importance ). G. Esnault relve en effet Lareine-Leroy de Granval, Marcel Amont et
dans ce sens, la mme poque, mon quart et ma son pouse, le Dr Bernard Labb, Rgine, Paul-
lgume (1838) mile Debraux et pas mal d'autres...
une huile Quelqu'un de haut plac dans une ORIGINE Fin 19e sicle. Par extension du sens de
hirarchie quelconque, jouissant des privilges linge, fille bien vtue en langage ouvrier -
affrant sa charge: un linge convenable (1865, G. Esnault).
Mon cousin tait une huile dans les Postes : il
tait chef de secteur !
286 INDIFFRENCE INDIFFRENCE 287
ses dclinaisons d'apparatre au grand jour courante chez les combattants de 14-18, du moins
dans la langue malgr un usage constant. Cf. dans les rgiments d'Afrique qui n'avaient pas d
cette phrase de Sverine (vers 1880) : inventer la formule !
L'exemple? On s'en moque remoque et contre-
moque , qui est ostensiblement mise la
place de on s'en fout, refout et contre-fout . sen taper Formule superlative de s'en foutre, trs
S'en foutre n'a t accept dans l'usage familier frquente, mais assez agressive. Elle exprime un
normal qu'aprs la guerre de 14-18, mais refus vigoureux :
principalement partir des annes 1960 o il a Je m'en tape de tes conseils, tu entends ! Tu
perdu avec l'oubli de son sens propre, presque peux dire ce que tu voudras, a m'est gal !
toute connotation vulgaire. Cependant, les
locutions avec foutre appartiennent toutes un Trouver du travail!... Raoul?... Il s'en tape, tu
registre nettement familier. veux dire !
REMARQUE La conjugaison ne convient pas toutes
les personnes ni tous les temps : Nous nous en
s'en branler Ne faire aucun cas de, n'prouver
tapons parat incongru, de mme que je m'en
aucune inquitude pour... Malgr la violente
taperai .
vulgarit du mot, cette expression
d'indiffrence est la plus usite de nos jours ORIGINE Vers 1930. Abrgement par civilit du trs
(avec s'en foutre, qui est du lexique banal), en vulgaire s'en taper le cul (1907, H. France : S'en
particulier dans la population jeune des deux moquer. On dit aussi s'en battre les fesses). Le
sexes. On peut dire qu'il s'agit effectivement cheminement souterrain de cette locution est
d'un terme familier dans la mesure o il est exemplaire du langage familier argotique : s'en
usuel dans toutes les familles !... taper n'apparat que trs tard dans l'crit (Robert,
T'as perdu ton bouquin de maths ? - Oui, 1964!) alors qu'elle tait dans l'usage de certains
mais je m'en branle, je fais plus de maths. ouvriers parisiens des annes 1930.
Jacques Cellard cite un Tract lycen, Paris
1969, ainsi rdig : Le conseil s'en balancer Euphmisme usuel pour s'en
d'administration, on s'en fout. Le conseil de foutre. En particulier, une femme voulant utiliser
discipline, on s'en branle (DFNC). La priode une formulation plus nergique que je m'en
post-mai 68 est marque en effet par un moque, et moins rude que ses quivalents
clatement du langage familier parmi la grossiers, dira volontiers je m'en balance.
jeunesse.
Jean-Pierre fait le clin, mais ses
ORIGINE Vers 1900, et probablement avant. De compliments, tu comprends, je m'en balance !
mme que pour foutre, la censure de l'crit a
pes fortement sur branler (verbe de la ORIGINE 1914, selon G. Esnault qui y voit une
e
masturbation bien attest ds le 17 sicle); syntaxe prise s'en foutre. On est plutt tent
aussi est-il malais de situer ses dbuts d'y voir
en mtaphore de l'indiffrence dans la tradition
orale vulgaire. Il est certain en tout cas que l'ex-
clamation on s'en branle ! pour on s'en fout !
tait
290 INDIFFRENCE INDIFFRENCE 291
un euphmisme bien tempr de s'en branler s'en torcher N'en faire aucun cas. Formule
(sur le mode de formation euphonique videmment grossire et agressive.
d'engueuler/enguirlander) - la trouvaille tait Il a beau me faire des menaces, moi je
d'autant plus efficace qu'elle entrait dans un m'en torche ! Il me fera pas cder.
champ d'insouciance dont le balancement
est dot : cf. envoyer la balanoire Vos dclarations ? Il s'en torche de ce que
(1858) reconduire, envoyer sur les roses... vous pouviez lui dire !
.
s'en tamponner Mme chose que s'en taper, mais ORIGINE Vers 1910. Par une mtaphore claire,
en termes adoucis. La locution est ressentie surtout s'il s'agit d'un ordre, une
recommandation crite dont on peut,
comme un euphmisme. matriellement, s'essuyer le derrire , qui est
Les journaux peuvent dire ce qu'ils
veulent, je m'en tamponne!
le sens de se torcher.
ORIGINE Vers 1950 sous cette forme, abrge LA SRIE RIEN FAIRE
de s'en tamponner le coquillard, expression
toujours en usage par ailleurs, et qui apparut Note prliminaire Il faut signaler la construction je
n'en ai rien faire avec sa srie d'quivalents
brusquement vers 1885-90 comme en familiers de force croissante , exprimant
tmoigne Le Petit Journal, cit par Hector l'indiffrence, l'incurie la plus totale.
France : Prenons, par exemple, le dicton
je m'en moque! Un chansonnier de la je n'en ai rien foutre Cela m'est parfaitement
Restauration, Emile Debraux, l'agrmenta gal, ou je n'en ai pas du tout besoin :
dans son Fanfan la Tulipe et dit : je m'en Il peut m'engueuler tant qu'il voudra, je
bats l'il, tour de phrase qui eut un grand n'en ai rien foutre.
succs. Sous Louis-Philippe, un vaudevilliste
modifie la formule en je m'en fustige le La ngation complte ne ... rien peut servir de
cristallin, qui fut trs applaudi. Il y a une forme d'insistance par distinction ironique,
quinzaine d'annes fut lance la version je par rapport au simple j'en ai rien...
m'en tamponne le coquillard ! On ne peut Moi, j'en ai rien foutre de son pognon,
videmment prvoir quand finira cette qu'il se le garde !
fantaisie : la srie est inpuisable
(Pontarm, Le Petit Journal, v. 1905). Il faut j'en ai rien branler Cela n'est absolument pas
remarquer que, selon cet historique, la mon problme, cela ne me concerne
locution fut lance dans le langage familier nullement. (La double ngation est ici
la mode dans la bonne compagnie, ce improbable, mais pas impossible.)
qui explique qu'elle soit entre au Sa mre n'est pas contente ?... J'en ai rien
Dictionnaire Larousse presque branler!
immdiatement, en 1897. Prcisons enfin que
l'il prsente une ambigut volontaire
(consciente chez Emile Debraux, excellent
argotier) avec son sens argo-tique : le cul .
INDIFFRENCE INDIRECT - INSISTER 293
Cause toujours ! Tu vois bien qu'elle n'en Nous allons prsenter notre projet par la
a rien cirer! bande.
(indirectement, en demandant quelqu'un de
(La ngation complte est ici euphonique, s'en charger)
mais dans l'usage ordinaire le ne sera
frquemment omis.) ORIGINE Milieu 19e sicle. Mtaphore du billard
o un coup peut se jouer par la bande en
j'en ai rien secouer Mme sens. Formulation touchant d'abord la bande qui repousse la boule
venue en usage chez les jeunes au cours des en direction de celle atteindre.
annes 1980. Secouer s'entend l'vidence
dans un sens rotique mais sans que cela
affleure nettement la conscience de la insister
plupart des locuteurs. Trs usuel.
La directrice t'appelle. - Je m'en fous. - tanner Insister beaucoup auprs de quelqu'un, le
Mais si, faut que tu y ailles ! - J'en ai rien harceler sans cesse, jusqu' ce qu'il accepte de
secouer, j'te dis ! faire quelque chose :
__________ Si tu veux qu'il range les cartons, il faut le
tanner.
En complment On entend beaucoup, dans la (il faut le lui rappeler tous les jours)
priode o nous sommes (1997-1998), Sa femme le tanne pour aller en Grce.
l'expression j'en ai rien battre, dans le mme (elle remet constamment ce projet sur le tapis)
sens et la mme srie. Si tu continues comme
a, tu es sr d'avoir un blme. - Alors a, mon ORIGINE Abrviation de tanner le cuir, battre,
pote, j'en ai rien battre ! Affaire suivre ! molester .
INSTRUIT INTRESSANT INUTILE 295
Tu peux toujours causer Albertine, essayer ORIGINE Dbut 19e sicle. Mtaphore d'argot
de la raisonner : c'est comme si tu pissais maritime. La longueur du filin qui sert l'ancrage
dans un violon. du navire s'appelle la biture; le fait que les marins
boivent beaucoup est connu.
ORIGINE Fin 19e sicle. L'expression fut trs la
mode durant la guerre de 14-18. une muffle (on dit aussi muffe) Une cuite
svre, une solerie ne pas tenir debout. On
dira d'un homme qui chancelle par ivresse :
ivresse Dis donc, lui, il en tient une de ces muffles !
Note prliminaire Cette entre regroupe, cause
de leur interconnexion, 1 la notion d'ivresse, 2 ORIGINE Fin 19e sicle, sur l'image du mufle d'un
l'action de s'enivrer (se soler), 30 l'tat d'ivresse animal (son museau, son groin).
(tre sol).
IVRESSE IVRESSE 299
de l'usage aujourd'hui. La ruche a t un terme
ACTION DE S'ENIVRER (SE SOLER) familier pour dsigner la tte (allusion de forme)
mais aussi le nez. Piquer peut s'entendre comme
Note prliminaire Les expressions d'usage le plus prendre des boursouflures , accident typique
courant pour dsigner le fait de s'enivrer sont du nez des ivrognes.
construites sur les termes familiers ci-dessus ; on dira _______
le plus souvent : prendre une cuite (une bonne cuite,
une sacre cuite - selon l'intensit), prendre une En complment Se poivrer, autrefois usuel (ds le
biture, prendre une muffle. Les autres expressions, 18e s.), est sorti de l'usage, de mme que se blinder (19e
ci-aprs, viennent pour ainsi dire en complment . s.), prendre une cuite norme, vous rendre raide ,
est devenu trs rare. Se pinter est demeur rgional.
se bourrer la gueule Plus agressif et d'intention plus
vulgaire que les prcdents.
Allez les gars, on va se bourrer la gueule, L'ETAT D'IVRESSE
nom de Dieu !
Pauvre con ! Il est all se bourrer la gueule tre bourr tre sol. Trs usuel et presque anodin.
au lieu de s'occuper de sa famille. Qu'est-ce que tu racontes ? T'es bourr ou
quoi ? Fartes pas attention, il est
REMARQUE On abrge parfois en se bourrer. On compltement bourr.
emploie aussi en variante se pter la gueule.
On dit aussi frquemment bourr comme un
ORIGINE Vers 1930 dans la langue populaire, coing sans qu'on sache ce qui vaut ce fruit
partir de la notion de se bourrer, manger trop et succulent l'honneur de la comparaison. Il
trop vite (comme on bourrait autrefois un s'agirait plutt d'un coin que l'on bourre (de
fusil ou un canon par la gueule). On disait un coups), c'est--dire sur lequel on frappe pour
enfant : Ne te bourre pas de pain ! Appliqu l'enfoncer.
la boisson, on a dit aussi se bourrer le pif,
d'un usage actuel rare. tre rond tre sol. galement usuel et anodin ; le
mot est ancien et appartient de fait au franais
se piquer la ruche Image tardive et peu commun.
usuelle, ressentie comme un euphmisme :
Ah oui. Tonton, il lui arrive de se piquer la Tu vois ce type au bar, je crois qu'il est rond.
ruche !
(de temps en temps il se laisse aller des S'emploie plus frquemment avec un
excs de boisson) augmentatif imag : rond comme un ballon,
comme une queue de pelle - et s'applique
ORIGINE Probablement vers 1920, en rfection volontiers soi-mme :
de se piquer le nez, courant au 19e sicle et peu
prs sorti J'ai rien vu, j'tais rond comme une queue de
pelle.
300 IVRESSE IVRESSE 301
ORIGINE Ds le 16e sicle, sur l'image de l'ivrogne beurre , tel qu'il tait (et est encore) vendu par
qui roule sous la table ou dans les fosss la clbre socit LU. S'emploie pour une
(tant qu'il n'est pas rond il ne roule pas). situation plutt douce et d'une brit amusante :
Regarde Jojo !... Il est en train de pleurer
tre paf tre sol. Usuel et sans vulgarit pour dans son coin. Ah il est beurr comme un
l'homme et la femme ; s'applique volontiers soi- p'tit Lu!
mme :
Je me sens un peu paf. ORIGINE Vers 1930; assez obscure. Probablement
une variante incongrue de bourr. Jacques
Allons l, la pauvre Monique, elle est Cellard signale un jeu de mots possible - et
compltement paf ! assez vraisemblable-sur noir, ancienne faon de
dire ivre , et une page beur-re en typographie,
ORIGINE Dans l'argot de bagne du dbut 19e sicle. une page surcharge d'encre, donc noire aussi.
Le paf dsignait l'eau-de-vie en parisien populaire
(1755 chez Vad) mais la filiation demeure mal tre pompette Euphmisme usuel pour un lger
explique.
excs de boisson . D'usage essentiellement
fminin et de bonne compagnie :
Quand elle est un peu pompette, elle est
tre schlass tre compltement ivre. Le mot,
rigolote comme tout!
expressif par sa sonorit incongrue en franais,
voque l'tat pteux de celui qui tient une
ORIGINE 20e sicle. De pomper, boire
bonne cuite. D'un homme qui ne ragit plus, ou
normment .
qui fait des extravagances :
Ah le pauvre vieux, il est compltement tre rtam tre ivre au point de ne plus avoir de
schlass ! raction. D'un homme incapable de se lever
Se dit aussi d'une femme dans le mme tat. de la table par exemple, aprs des libations:
ivrogne
un alcoolo Trs frquent pour dsigner quelqu'un
qui est vritablement alcoolique, ou qui boit
beaucoup et souvent :
Le directeur ? C'est un alcoolo fini.
jambes
jeter
journal
joyeux
kilom tre
306 JAMBES JETER 307
jambes ORIGINE Fin 19e sicle. Mtaphore sur les cannes
en bois qui aident marcher.
les guibolles Les jambes. Terme familier usuel chez En complment La trs ancienne mtaphore les
tous les Franais, sauf chez les jeunes quilles pour les jambes est quelquefois employe:
gnrations qui tendent ignorer ce mot. Il tenait plus sur ses quilles.
J'ai mal une guibolle.
Il s'est cass une guibolle.
ORIGINE Vers 1920. tre foutu en l'air par un ORIGINE Fin 19e sicle pour le sens de congdier
obus tu, avec projection ou clatement du . Il se pourrait qu'il y ait au dpart un rel
corps, tait trs employ - avec un sens concret mouvement de balanoire - celui qui servait
hlas trop frquent-durant la guerre de 14-18. berner quelqu'un, le secouer rudement dans une
couverture titre de brimade, de moquerie. H.
virer Jeter. Trs courant dans le langage des jeunes. France prcise en effet : Se dit aussi pour se
Catherine a vir son vieux fauteuil trou pour moquer de lui, le berner.
acheter un canap la place.
Il a balanc son mouchoir par la fentre! REMARQUE L'usage veut que l'on dsigne
Balance-moi toutes ces ordures ! l'hebdomadaire Le Canard enchan par
abrviation Le Canard, surtout parmi ses
REMARQUE Balancer quelqu'un, le renvoyer lecteurs.
, semble tre un sens premier toujours en usage J'ai lu une bonne critique de ce bouquin
: dans Le Canard de la semaine dernire.
Il a balanc sa femme. Maintenant il vit seul
et il fait de la musique toute la journe. ORIGINE Milieu 19e sicle, partir du sens
(il a quitt sa femme) fausse nouvelle . Canard se disait, sous le
Premier Empire, des bulletins de la Grande
Balancer s'emploie aussi, en argot des voleurs, Arme cris dans les rues (G. Esnault).
pour dnoncer - mais ce n'est pas ici notre
sujet.
310 JOYEUX KILOMTRE 311
une feuille de chou Journal quelconque , avec dialectale. Cf. J. Cellard : On pensera plutt
une connotation dsinvolte et lgrement l'adjectif trs rpandu rgionalement jouasse, de
pjorative qui lui vient de ses origines dfinies jouasser, diminutif pjoratif de jouer : un enfant
ainsi par Hector France en 1907 : Journal sans jouasse, qui aime jouer, de bonne humeur
valeur et sans autorit rdig par des crivains (DFNC). Un roman de Charles Pascarel paru aux
sans talent. Par extension, tout journal. ditions du Seuil en 1967 s'intitule La Grande
Bertrand gagne petitement sa vie en Jouasse.
collaborant une feuille de chou des
industriels du btiment.
kilomtre
ORIGINE Milieu 19e sicle. Cf. Bien des individus se
dcernent pompeusement le titre d'auteur, parce une borne 1 kilomtre. Trs usuel, surtout au pluriel.
qu'ils ont crit quelques lignes dans quelque Tu fais pas 60 bornes pied dans une journe !
mchante feuille de chou (Dcembre-
Alonnier, Typographes et gens de lettres, Georges vient de se taper 800 bornes en
1864). bagnole.
Pour indiquer les distances :
Antignac, c'est 20 bornes d'ici, peine.
joyeux
Tartu est peu prs 3 000 bornes de Paris.
jouasse Content, satisfait, joyeux. Le mot n'est
pas d'une trs grande frquence mais il a t ORIGINE Vers 192O. Par rfrence aux bornes
repris par les jeunes gnrations. S'emploie kilomtriques que l'administration des Ponts et
surtout dans une tournure ngative : Chausses disposa le long des routes nationales,
Antoine, il tait pas jouasse quand je lui ai en mme temps que les panneaux indicateurs,
appris qu'il devait travailler dimanche. partir de 1913, afin de favoriser le tourisme
(il tait mcontent) automobile. Le mot tait dj usuel entre 1925 et
1930.
Ah c'tait sympa la soire ! Et puis l'quipe
du Brsil est arrive juste pour la remise du
prix. On tait vachement jouasses !
lchet
laid
laisser
lampe
lettre
lit
livre
loin
longtemps
lyce
314 LCHET LAID 315
Frquent avec un renforcement populaire peu tarte Signifie plutt de mauvais got que
carrment laid ou moche. Le mot peut viser un
charitable : clinquant prtentieux :
Tu as vu cette poupe en caoutchouc? Elle
est moche comme un cul ! La faon dont ils ont refait leur appartement est
compltement tarte.
Au sens moral : (ils ont voulu faire de l'effet, mais c'est nul)
Fernand m'a fait un coup vraiment moche... Cette gravure est trs tarte.
Il m'a chourav ma femme. - Mon pauvre (elle est rate, niaise, d'un effet grandiloquent)
vieux ! Ah oui, a c'est moche alors !
Appliqu une personne, tarte signifie nigaud,
Parfois la vie est moche... un peu bta, sans jugement :
(c'est--dire triste, sans intrt) Qu'est-ce qu'il est tarte le nouveau directeur!
amocher Rendre moche, enlaidir, mais par DRIV tartignole (vers 1920) Diminutif usuel
une action accidentelle ou violente ; on ne dira de tarte avec des valeurs approchantes. Peut
pas vous avez amoch votre appartement avec s'appliquer tous les exemples prcdents avec
ce vert moutarde , mais on dira : un effet d'insistance sur la nullit plutt que sur la
Ah le salaud, il m'a amoch ma bagnole ! laideur ; quivalent de nunuche.
(il lui a caus quelque dgt de carrosserie)
ORIGINE Vers 1900 pour le sens de laid ; d'aprs
Bertrand s'est vraiment fait amocher la le sens de faux (1836, Vidocq). La connotation
gueule l'autre soir, il est couvert d'Albuplast! plat et prtentieux a d venir sous l'influence de
tarte la crme au sens de banalit creuse .
mochard Mme sens que moche avec une nuance Trs usuel.
de dprciation supplmentaire due au suffixe
pjoratif -ard.
quille. Les jeunes et les moins jeunes l'ont repris DRIV bouquiner Lire. Le plus souvent pour
leur compte par plaisanterie. S'emploie surtout son plaisir, et non pour l'tude.
la premire personne par autodrision :
Puisque c'est comme a, je vais mettre la dans Nomie bouquine toute la journe !
le torchon.
ORIGINE Vieux mot du 15e sicle. A eu le sens
e
ORIGINE Fin du 19 sicle. Hector France cite familier actuel ds le milieu du 19e sicle, de
lexpression en 1907 Mettre sa viande dans mme que le verbe bouquiner.
le torchon : se coucher. Allusion la pratique
courante autrefois d'envelopper les jambons
dans un torchon.
loin
En complment Un page, un pageot, courants dans
la langue ouvrire des annes 1920-30, sont peu Ptaouchnok Au diable Vauvert, c'est--dire
prs inconnus de nos jours. Il en est de mme d'aller en un lieu trs loign ou peu accessible ; il
au pucier, c'est dire l'endroit plein de puces , ce s'agit d'une distance affective qui n'a pas de
qui correspondait souvent en effet la ralit des rapport avec la distance relle :
classes populaires d'avant la Seconde Guerre Depuis que Franoise est alle habiter
mondiale. Ptaouchnok, on la voit jamais.
perpte En langage populaire, cette perpte perptuit. Assez frquent chez les
expression signifie au diable , trop loin : jeunes.
On ne va pas aller chez lui ce soir, il Si tu attends ton frre, tu peux rester l
habite perpte ! jusqu' perpte !
lyce
m
le bahut Terme usuel et constant pour dsigner
le lyce ou le collge par ceux qui le
frquentent:
quelle heure tu vas au bahut M ain
demain ?
malade
Moi, je mange pas au bahut midi.
m alchance
ORIGINE Milieu 19e sicle au sens de pension, mal
collge , particulirement un collge militaire. fonctionner
manger minables
manire moineau
marcher montre
mari se moquer
matin mouchoir
mchancet mourir
mdical moustache
mentir muscles
mesquinerie myope
328 MAIN MAIN 329
la cuillre Uniquement pour serrer la cuillre, Ah ! J'ai une crve pas possible depuis hier.
dans un esprit primesautier, de mme usage
que la pince: Fais gaffe, prends un pull, sinon tu vas
Ah a! tu crois, vieux frre, dit-il de sa voix choper la crve.
en-roue, que nous nous sommes drangs
ce soir uniquement pour le plaisir de te Hubert n'a pas pu venir, ils ont tous la crve
serrer la cuillre et te dire ensuite : la chez lui, ils sont au lit.
revoyure !
(H. France, 1907) ORIGINE AU sens actuel, vers 1920. De crever,
mourir . Prcisons que les infections des voies
ORIGINE Variante amusante de la louche (ci- respiratoires taient assez souvent mortelles
aprs). avant la mise au point des antibiotiques. Le mot
s'est banalis l'extrme dans l'usage actuel, o
la louche Uniquement dans serrer la louche. un petit rhume est souvent baptis du nom de
Cette vieille mtaphore est encore en usage crve.
chez certaines personnes, mais il semble que ce
soit avec un effet dlibr d'archasme et de se faire porter ple Prendre un cong de maladie :
dcalage conscient en bonne compagnie Je me sens pas bien aujourd'hui, j'ai la tte
cultive: lourde. Si a continue je vais me faire porter
Tu vas voir, je vais serrer la louche ple.
l'ambassadeur ! (je vais me mettre en cong de maladie)
ORIGINE Le plus ancien des mots, d'abord ORIGINE 1900 chez les bagnards, dans G.
franchement argotique, pour dsigner la Esnault. Mais la locution est reste trs
main. Apparat au 16e sicle dans l'argot des longtemps attache au contexte de l'arme, o
Coquillards, puis fait partie du lexique de une recrue se faisait porter ple la visite du
Cartouche en 1725. major pour passer la journe l'infirmerie. Elle
semble s'tre rpandue dans le public partir
des annes 1950
malade
malchance
la crve Un gros rhume, une bronchite ou la
grippe. La crve suppose que l'on tousse et que
l'on ait de la fivre. Trs usuel, mais ne s'utilise la poisse Terme peine familier, trs courant
que dans le contexte troit d'une lamentation : pour la malchance - une malchance du
avoir ou attraper la crve-(On ne dit pas la genre tenace :
crve sera forte cette anne.)
C'est la poisse, j'ai encore perdu mon stylo
neuf!
LCHANCE MALCHANCE 333
J'ai vraiment la poisse : chaque fois que L'emploi elliptique adverbial, quivalent de
je sors en bote je me fais agresser. malheureusement , est le plus frquent :
Elle m'a bien racont qu'elle avait failli jouer
ORIGINE 1909 pour G. Esnault chez les dans un autre film, grand cran, mais
cyclistes (les crevaisons rptes, les manque de bol, on lui avait prfr une autre
fourches casses faisaient partie des ennuis type parce qu 'elle couchait...
constants aux premires poques du (P. Merle, Le Dchiros, 1991)
cyclisme). Le mot semble s'tre rpandu dans
la scoumoune (se prononce chkoumoun') La
le public aprs 14-18. malchance fatidique, la poisse indlbile. Mot
typique des pieds-noirs d'Algrie, employ
le manque de pot La dveine. La locution fait surtout pour produire un effet d'exotisme par
pendant avoir du pot. les mtropolitains et dans les dialogues de
J'ai pas de pot, moi, je tombe toujours sur films.
un nigaud!...
Ah dis ! Il me met la scoumoune lui !...
Se construit souvent en ellipse exclamative : (il me porte le mauvais il)
Ah ! pas de pot!...
(quivaut dommage ! pour dire tu ORIGINE Vers 1960 en franais. D'aprs une
n'en auras pas, il n'y en a plus , etc.) formulation pataoute (dialecte franco-algrien)
de la maldiction , forme sur l'italien
La construction avec valeur d'adverbe est scomunica (excommunication).
frquente ; quivaut malheureusement : __________
On dit, d'une manire gnrale, a dconne : ORIGINE Dbut 20e sicle - le mot semble s'tre
a dconne dur ces temps-ci dans tabli ds la fin du 19e sicle chez les sportifs pour
l'industrie. faire des efforts dsordonns et inefficaces ,
(la situation conomique industrielle n'est pas 1884 chez les canoteurs, 1900 chez les
bonne) footballeurs, etc. Mot du dialecte picard (G.
Esnault relve cafouillage, sorte de ragot ,
ORIGINE Vers 1910 au sens de dire des sottises, Donoi en 1761).
draisonner , puis, aprs 1950, aux sens largis
actuels. Le passage du sens obscne (18e s.) aux merder Superlatif grossier - mais trs usuel chez les
pro-pos dbiles s'est fait travers l'ide du jeunes - de dconner ou cafouiller :
vieillissement. Cf. Dconner : radoter. Mot Ton imprimante a merd, il manque des
mot : devenir vieux, s'affaiblir (sic) (H. France, lignes.
1907).
336 MANGER MANGER 337
Oh l l ! Je sens que a va merder cette brique, un brik, des miettes, rien : jener,
affaire ! n'avoir rien manger, tre dans une misre
(notre projet va tomber l'eau, ne va pas profonde.
aboutir,etc. )
ORIGINE 17e sicle, au moins dans les dialectes.
S'est employ d'abord au sens de lcher, C'est l'image des joues gonfles par la nourriture,
casser pour une mcanique : qui bouffent comme un tissu qui prend du
L'engrenage a merd. volume et devient bouffant .
(il s'est cass)
becter Manger. Toujours trs employ malgr la
DRIV merdoyer ou merdouiller Hsiter, monte extraordinaire de bouffer. Trs usuel
se tromper, etc., mais gnralement la situation chez les jeunes.
est moins irrversible que dans merder. J'ai rien bect depuis hier matin, sans
L'quipe a merdoy un moment, puis ils blague!
se sont bien repris !
O RIGINE Dbut 20e sicle, peut-tre sous
e
ORIGINE Dbut 20 sicle, probablement par l'influence de croter. Le mot semble tre
explicitation de foirer (la vis a foir, elle a devenu trs usuel pendant la guerre de 14-18.
merd) - foirer veut dire avoir la colique .
se taper (quelque chose) Manger avec plaisir
quelque chose d'abondant. Trs usuel.
manger On va se taper une bonne choucroute.
bouffer Verbe alternatif constamment employ L'expression fige se taper la cloche, faire un
depuis les annes 1970 surtout. Grossier au repas copieux , est l'origine de cette abrviation
19e sicle, vulgaire jusqu'en 1950, il est devenu (la cloche tait une image de la tte ).
simplement familier, mme dans la bonne Je crois que samedi prochain, chez les
socit . Durand, on va se taper la cloche.
quelle heure on bouffe ? - T'as pas
encore bouff ! R E M A R Q U E Se taper est un quivalent
familier d' absorber ; on peut donc se taper
DRIVS : une bouteille de vin, une bire ou un demi ,
la bouffe (voir NOURRITURE ) mais toujours avec l'ide d'une grande
bouffer des briques Par jeu de mots satisfaction. Au contraire, s'il s'agit d'un
sur contexte autre que le manger, se taper suggre
une ide de corve, d'activit pnible :
Marie s'est tap la prparation du dner toute
seule.
338 MANGER MANGER 339
On s'est tap 20 kilomtres pied. casser la dalle Mme chose que les prcdents,
mais d'un emploi moins frquent, semble-t-
O RIGINE Dbut 20 e sicle sous cette forme il.
simple mais le mot tait dj en usage au 18e On va se casser une petite dalle, Joe ?
sicle : taper une pinte, et ds le dbut du 19e (Et si on allait manger un morceau ? Qu'en
sicle apparat s'en taper une culotte (1829), penses-tu, Joe?)
boire et manger en abondance .
D R IV un casse-dalle Un sandwich.
asser la rote Manger, prendre un repas au sens
trs large : REMARQUE L'emploi des trois expressions ci-
dessus dpend de l'humeur, du milieu, de la
personne qui parle ; bien qu'quivalentes, elles ne
Bon, Andr, on va casser la crote ? sont pas rigoureusement interchangeables. Par
exemple, on ne dirait gnralement pas : Il est
REMARQUE Cette phrase indique de prfrence le all casser une dalle (on verrait le personnage
repas de midi, la rigueur celui du soir. Pour le muni d'une masse en train de briser un pav !),
casse-crote du matin (voir REPAS), la question mais plutt une graine ou une crote.
serait plutt :
Bon, Andr, on va au casse-crote ? ORIGINE Milieu 20e sicle.
ORIGINE Fin 18e sicle, un temps o l'essentiel de croter Manger. Form sur casser la crote. Assez
l'alimentation tait le pain, avec crote paisse. courant mais lgrement plus argotique que
Cependant, casser tait courant dans le l'expression mre casser la crote.
langage populaire ds le 18e sicle pour manger Et par ces temps particulirement durs aux
; cf. casser l'clanche, manger une paule de intellectuels comment faites-vous tous deux
mouton . pour croter ?
(Jehan Rictus, Lettres Annie, 1921)
casser la graine Mme chose que le prcdent,
T'aurais rien croter, par hasard ?
assez frquent.
O est Roger ? - Il est all casser la graine ORIGINE Fin 19e sicle.
fou une graine).
briffer Manger. Le plus vieux des mots familiers est
REMARQUE II est all casser une graine , aussi en nette rgression sans tre tout fait sorti de
l'usage familier.
usuel, sera ressenti comme un diminutif. On
Y a plus rien briffer dans toute la maison.
dira souvent une petite graine.
ORIGINE Apparat au 16e sicle. tait d'un usage
ORIGINE Dbut 20e sicle. Rpandu aprs la courant en parisien populaire au 18e sicle. A
guerre de 14-18 sous l'influence de casser la probablement influenc la formation de bouffer.
crote (peut-tre par jeu d'images : ce sont les
oiseaux qui mangent " qui bectent des
graines).
340 MANIR MARCHER 341
Oui ma chochotte... Tu veux un gteau ? ORIGINE Dbut 20e sicle. Latin d'coliers.
ORIGINE 1901. Peut-tre variante de cocotte
(Robert).
342 MARI MATIN 343
On le connat pas son jules. ORIGINE Usuel ds les annes 1950 dans le
langage familier, mais G. Esnault relve
fianc Dans le registre des identits floues, le l'abrgement ds 1935 chez les voyous : Au
fianc, personnage peu prs disparu du p'tit mat', 6 du mat'.
langage et des murs ordinaires vers 1975, fut
alors repris par bravade par quelques jeunes
femmes, d'abord dans le monde du spectacle et
des arts, pour dsigner le garon avec qui elles
vivaient - cela prcisment sous l'influence
d'une
344 MCHANCET MCHANCET 345
ORIGINE Dbut 20e sicle au sens fort, annes ORIGINE Dbut 20e sicle au sens de dnoncer .
au sens actuel. partir de vache, mchant . Bien tabli pour mdire en 1900. Elle
nous dbine toutes auprs de vous, et vous la
croyez, vous la soutenez (A. Cim, Demoiselles
marier, 1894).
346 MDICAL MENTIR 347
mdical mentir
le toubib Le mdecin. Terme familier usuel. Sert raconter des craques Raconter des fadaises, des
en gnral ddramatiser une situation qui balivernes, trouver de mauvaises excuses :
pourrait tre inquitante. L'usage du mot toubib Pierre nous a racont des craques hier
au lieu de docteur donne de la lgret : soir. Il tait pas du tout la runion des
cadres, Bernard l'a vu dans un bistrot de
Qu'est-ce qu'il t'a dit, le toubib ? Rien de Saint-Germain.
grave ?...
Si cette douleur continue il faudra que j'aille Les assureurs, ils sont bons. Ils te
voir le toubib, moi. racontent des craques, et puis le jour o tu
veux te faire rembourser, y a toujours une
clause qui empche !
ORIGINE Fin 19e sicle. Mot arabe rapport par
les soldats franais en Afrique du Nord. Il nous a sorti des craques, son beau-
frre. Renseignements pris, il n'est pas du
passer sur le billard Subir une opration tout directeur d'un supermarch, il y
chirurgicale quelconque. Expression familire et travaille comme comptable.
usuelle.
Je dois bientt passer sur le billard pour ma ORIGINE 1802 dans Robert. De craquer, mentir
hanche, a ne me rjouit pas beaucoup ! au 18e sicle. Il est intressant de noter que le
nom, comme le verbe, a toujours eu une
Ah oui ! Lon ? C'tait srieux : ils l'ont connotation de hblerie, vantardise . Cf. H.
pass sur le billard la semaine dernire ! France, 1907 : Mensonge, histoire
invraisemblable, vantardise.
ORIGINE 1916. Sur la formule monter sur le
billard, chez les soldats selon G. Esnault (lui- raconter des salades Mme chose que les craques,
mme tmoin oculaire). La raison de ce avec la notion de mlange compliqu, d'im-
billard intrigue - les soldats appelaient aussi broglio :
billard ( cause de la pelouse verte ?) par Va raconter tes salades ailleurs, Jessica,
moi je veux rien savoir de tes mlis-mlos!
ironie le terrain d'assaut entre les tranches .
Peut-tre n'a-t-on pas assez considr que Tout a c'est des salades ! Il veut nous
bien des tables d'opration d'urgence ont d faire avaler n'importe quoi ! Y a pas un
tre, effectivement, les billards des estaminets mot de vrai dans ce qu'il vient de dire !
de campagne.
348 MESQUINERIE MESQUINERIE 349
ORIGINE Vers 1900. L'tymologie S'il n'est pas parti en vacances c'est par
probable par le mlange . Les artistes radinerie, il a peur de dpenser son argent.
lyriques disaient en 1901 vendre sa salade,
expression conserve par le monde du
spectacle actuel. La notion de fausset, de ORIGINE Trs courant dans le langage populaire
trompe-rie, provient probablement de ce que des annes 1920. De radin, en argot du 19e
le mot tait utilis en 1900 pour une duperie sicle : sou , puis gousset et aussi
de joueurs de cartes : salader consistait comptoir .
battre les cartes sans les mlanger rellement.
mgoter Discuter sur le dtail des dpenses, tcher
raconter des bobards Raconter des mensonges, de rduire les frais par de petites conomies -
des btises, des invraisemblances :
Tu m'as racont un bobard, hier. On
lsiner tant le terme exact :
Les producteurs essayent toujours de
passait pas le film la tl ! J'ai attendu
mgoter sur les salaires des acteurs, sur les
pour rien.
frais de dplacement, etc.
C'est pas la peine de raconter des bobards
je finirai pas mon bouquin pour la Le mot s'emploie beaucoup au ngatif dans
semaine prochaine! une discussion qu'on veut clore :
Bon, on va pas mgoter cent sept ans.
ORIGINE Vers 1910. Fait sur le verbe dialectal bau- Mettons 10 000 francs tout rond et n'en
barder, niaiser , dans le Maine (G. parlons plus !
Esnault).
Vous n'allez pas mgoter sur 3 kilos de
peinture !
mesquinerie
Dans cet emploi ngatif, le terme dsigne
un radin Un avare, un pingre, quelqu'un prs de l'abondance :
ses sous , qui paye mal : Dites donc, ils n'ont pas mgot sur les tapis!
(il y a des tapis luxueux partout)
Son pre c'est un radin de premire : il lui
file jamais un rond! DRIVS :
(son pre est un avare fieff; il ne lui donne le mgotage
jamais le moindre argent)
force de mgotage le film ne s'est pas fait.
D RIV la radinerie un mgoteur Celui qui mgote toujours,
un mesquin.
gratteux Avare, mesquin. Usuel familier au un pignouf Un pauvre type mal dgrossi, mais
Qubec. rus pour ce qui le concerne, mesquin :
C'est un sale pignouf!
Ce gratteux-l, il te donnera rien !
ORIGINE Milieu 19e sicle. Du verbe dialectal
Dsigne aussi une varit de billets de loterie : (Touraine, Anjou) pigner, feindre, pleurnicher
ceux qu'il faut gratter pour dcouvrir le : Un enfant qui ne cesse de pigner.
montant gagn.
un gougnafer Un grossier personnage, fainant,
effront, glouton, sans aucune gratitude :
minables Espce de gougnafier ! Je le nourris, et il est
mme pas foutu de me rendre un petit
service!
Note prliminaire Les qualificatifs familiers de la
mdiocrit sont d'autant plus nombreux et usuels ORIGINE Vers 1880. Par imitation plaisante d'un
que l'on cherche toujours rabaisser le prochain s'il nom de mtier, sur un radical qui signifie
se montre dtestable, et que les termes dont on goinfre .
affuble ceux que l'on accuse d'tre des minables
servent videmment d'armes vocales dans les un ringard Un pauvre type dmod, vieux jeu,
changes d'insultes. Il est souhaitable cependant de un incapable qui se croit quelqu'un, une totale
distinguer entre les minables imbciles, les bons nullit :
rien, les mesquins, les grossiers, etc., et de les pr- Machin, c'est qu'un vieux ringard, qu'est-ce
senter par classes approximatives et sous-catgories. que tu veux faire avec un mec pareil ?
Enfin, ils sont surqualifis de diverses pithtes
facultatives mais traditionnelles : pauvre, grand, REMARQUE L'adjectif ringard s'applique tout ce
vieux, petit, etc. qui est d'un got douteux, particulirement un
spectacle, un film, une chanson, une plaisanterie:
LES PAUVRES TYPES MESQUINS Jules, il raconte que des blagues ringardes.
un peigne-cul Un minable mesquin, vaguement ORIGINE Vers 1950 dans le milieu des
salaud sur les bords : comdiens; d'origine obscure. Il semble qu'un
cheval de course qui ne gagne plus rien ait t
appel ringard.
Pauvre peigne-cul, va !
une ptasse Ce mot concerne une femme. La
ORIGINE Fin 18e sicle au sens d' avaricieux, ptasse concentre sur elle tous les qualificatifs
grippe-sou , puis mesquin, prs de ses masculins de cette odieuse catgorie ! Elle est bte,
intrts, sordide", etc. au 20e sicle. laide, vulgaire, vicieuse, une horreur ! De plus,
ce doux nom
352 MINABLES MINABLES 353
peut s'adresser une jeune fille - il suffit ORIGINE Vers 1910. Le terme tait usuel dans le
qu'elle se fasse dtester. Trs usuel ! langage ouvrier masculin des annes 1920.
Toi, la ptasse, ta gueule ! L'tymologie est connotation rotique.
un charlot Un bon rien, un glandeur,
Le terme est habituellement employ par une quelqu'un qui il ne faut surtout pas faire
femme ou une fille jalouse l'gard de confiance car il manque de parole. Usuel en
l'amante, relle ou suppose, de son mari ou de milieu populaire, en particulier l'adresse des
son copain, au cours des scnes d'acrimonie - hommes politiques.
quelque jolie, gracieuse, fine et distingue que Les frres Viquot c'est des chariots, ils te
soit cette rivale. font des tas de promesses et tu les revois
Va la retrouver ta ptasse! Allez tire-toi! jamais.
du balai!... Mais si, la ptasse, elle
t'attend!... ORIGINE Annes 1960. Par rcupration populaire
du personnage lgendaire de Charlie Chaplin.
REMARQUE Le mot est tellement usuel chez les Une srie de films dont le premier en date est Les
jeunes qu'il a mme l'honneur du verlan : Chariots font l'Espagne (1972) a largement
tassp ( T'as vu la tassp ? ). diffus le terme. On a dit une bande de chariots.
ORIGINE 1896 - dsignant une vieille prostitue un paum Un pauvre garon (ou une pauvre fille
au fminin) sans ides, sans vigueur et sans
malpropre. Probablement de pter, greff sur initiative, qui trane misrablement une vie
putasse. Cf. A. Bruant : A s'est fait gerber d'ennui : un trane-savate et souvent un drogu.
vingt ans / Pour avoir saign une ptasse. Si tu continues comme a, tu finiras
comme un paum !
LES BONS A RIEN
Sert d'insulte entre automobilistes :
un branleur Un touche--tout, un vellitaire, ou Va donc, eh paum ! - Paum toi-mme !
mme un fainant notoire sur lequel on ne
peut pas compter. Trs usuel, mais viter ORIGINE Vers 1960. Substantivation de l'argot
soigneusement pour un locuteur tranger. paumer, perdre (1835, G. Esnault). L'ide est
Mathias c'est un vrai branleur, il se lve tre perdu, la drive .
jamais avant 14 heures, et avec
beaucoup d'effort! LES PAYSANS MAL DEGROSSIS
S'emploie aussi au fminin dans le mme sens un pquenot Un lourdaud, pas mchant mais
-rarement : trs ignorant des usages :
Rosy, c'est pas la peine d'y compter,
c'est branleuse de premire...
354 MINABLES MINABLES 355
REMARQUE Le fminin existe, pquenote, mais ORIGINE Dbut 19e sicle au sens de peureux,
semble peu usit ; seulement au sens de foireux . 20e sicle comme euphmisme de
paysanne . merdeux (sale).
La pauvre pquenote transportait des bidons
de lait. une lopette Un individu absolument lche
physiquement . S'applique un homme pour la
ORIGINE 1905. Diffus surtout pendant la simple raison que le fminin est cens l'humilier.
guerre de 14-18. partir de paican, paysan , Tous ces gars-l c'est des lopettes, ils veulent
selon G. Esnault. pas se battre, laisse tomber...
un plouc Un lourdaud, un gars de la campagne ORIGINE Fin 19e sicle au sens d' homosexuel.
(au sens ancien de mal dgrossi , ce qui n'est
plus le cas des jeunes agriculteurs modernes, une lavette Sans nergie ni fiert ni honneur, au
souvent fort instruits). Trs usuel. sens mle de ces mots :
T'es qu'un gros plouc, va te faire foutre ! T'es qu'une lavette, j'te dis ! Si je te fous mon
poing dans la gueule tu dis merci !
ORIGINE 1880 en Bretagne selon G. Esnault,
pour qui le mot s'explique ainsi : Apocope ORIGINE 1921, G. Esnault. Par image de la
des noms de dix-sept communes bretonnes chiffe molle ou torchon vaisselle.
commenant par Plouc. Le mot s'est ___________
rpandu en 14-18.
En complment Chez les jeunes, le mot btard est
un petzouille Un grossier personnage, un devenu depuis peu de temps extrmement usuel ;
goujat: probablement sous l'influence de l'anglais
Ton frangin c'est rien qu'un petzouille, il bastard pour dsigner un "minable . Il s'agit l
aurait pu m'inviter sa fte, non ? d'une vritable rsurrection de cette vieille insulte
mdivale qui tait sortie de l'usage depuis une
O RIGINE Fin 19 e sicle; pedzouille, 1886 centaine d'annes.
chez G. Esnault. Une forme pezouille,
paysan , 1800, dans le rcit des chauffeurs
d'Orgres , n'a pas persist - probablement
sur l'influence de pet, minable .
356 MOINEAU - MONTRE SE MOQUER 357
crever Mourir. Mot familier courant, mais rest Quand j'ai vu que la petite mme allait
dur; il rfre plutt une mort venir. canner j'ai cras une larme.
Je veux pas crever sans avoir vu
Monaco ! ORIGINE Dbut 19e sicle dans l'argot.
Le salopard, il finira bien par crever! tymologie obscure.
Se dit au sens propre pour les animaux :
Nous avons trouv un chien crev sur la
dvisser son billard Mourir. L'expression est
route.
toujours comprise mais elle est de moins en
moins employe, semble-t-il.
ORIGINE 13e sicle, en parlant d'un animal,
L'ancien patron du Lux Bar , vous vous
d'une plante. En parlant d'une personne,
souvenez du temps de Mme Ppte ? a fait
familier jusqu'au 18e sicle, trs familier de longtemps qu'il a dviss son billard.
nos jours (Robert).
ORIGINE Milieu 19e sicle. Allusion la queue de
claquer Mourir : billard (proprement : billard) que le joueur, ayant
Je crois que le vieux Cyprien ne va pas fini sa partie, dvissait pour la ranger.
tarder claquer. Il est au bout du
rouleau... En complment Calancber, claboter, passer l'arme
gauche, crounir, sont des termes qui sont encore
S'emploie davantage par hyperbole, comme compris, mais que l'on trouvera traits avec profit
crev pour recru de fatigue : dans un dictionnaire d'argot.
En rentrant de la piscine j'tais claqu.
te maire du village portait d'normes les biscoteaux Terme amusant pour les muscles
bacantes qui faisaient grsiller le micro volumineux, particulirement ceux des bras:
quand il parlait ! Antoine il a des biscoteaux, faut voir a ! Il
soulve la table d'une seule main.
ORIGINE A dsign au 19e sicle les favoris. Le
fait que le mot se justifie par le verbe ORIGINE Vers 1920 dans le milieu ouvrier parisien,
baquer ( tremper ) dans le Sud (les grandes o les gros bras taient particulirement
moustaches trempent, elles baquent dans la valoriss. Resuffixation de biceps, peut-tre cre
soupe et dans le verre !), n'est sans doute qu'une dans le milieu des amateurs de boxe.
concidence.
______________
myope
En complment Les charmeuses a dsign la
moustache effile la mode des lgants des annes
1920. Bien que dsuet, le mot s'entend encore de miraud (ou miro) Myope, courte vue en gnral.
temps en temps. Trs usuel.
Il est miraud, ce mec ! Regarde, il a failli me
rentrer dedans !
muscles
la tablette de chocolat Se dit pour des muscles Au sens de myope :
abdominaux (masculins) particulirement bien Ben oui, je suis trs miraud, t'as vu l'paisseur
dessins et apparents. Trs usuel chez les jeunes de mes lunettes.
pour dsigner un jeune homme en splendide
condition physique : Au fminin :
'Tain, il a drlement la tablette de chocolat, le Nathalie, elle est miraude... Quand elle enlve
mec! ses lunettes elle te reconnat pas trois mtres.
Dis donc, il a de ces tablettes ton copain ! Au sens figur, pour inattentif, peu
perspicace :
ORIGINE Vers 1975. Probablement d'aprs une T'es compltement miraud ou quoi ! Tu vois
publicit pour une marque de chocolat faisant pas que ce mec est en train de t'entuber ?
talage de la musculature idale des culturistes.
ORIGINE Vers 1930. Ne s'est diffus dans le
public qu'aprs 1950. De mirer, ou de
l'espagnol mirar, regarder .
n
ngligeable
nez
nom
nourriture
nu
366 NGLIGEABLE NGLIGEABLE 367
ORIGINE 17e sicle pour ce qui est de l'origine D RIV ne pas pouvoir blairer Dtester.
en franais. Trs usuel (toujours en tournure ngative).
Je peux pas blairer les carottes rpes.
Elle peut pas blairer sa sur.
ORIGINE Fin 19e sicle; tymologie controverse. ORIGINE Mot dialectal, de bouffer, faire
Jacques Cellard y voit - de manire assez gonfler les joues . Attest en 1823 (cf. Le
convaincante, me semble-t-il - une assimilation de Figaro littraire du 19 juin 1997). Le mot a
blaze, nez en argot, par l'intermdiaire de chemin dans l'oral pour prendre une
faux blaze, faux nez qui aurait donn faux expansion grandissante aprs 1920, puis en une
blase, faux nom . G. Esnault y voyait une sorte d'explosion aprs 1968.
abrviation de blason au sens de nom .
la boustifaille Le mot, lgrement pjoratif,
qui dsigne des aliments plantureux, est en
nette rgression, absorb par la frquence de
bouffe.
Ils sont alls pique-niquer avec deux
paniers de Boustifaille.
372 NU NU 373
Les jeunes se baignent souvent poil dans la
ORIGINE Dbut 19e sicle dans l'argot. De rivire.
bouffer. On relve aussi les formes dialectales
boufaille et bouffetifaille.
DRIV se dpoiler Se dshabiller, en principe enti-
la bouftance Mot peu prs clips par bouffe; rement ; se mettre poil :
il fut pourtant le plus usuel jusqu'aux annes
1960.
Il ne reste plus rien. Il faudrait acheter un L'autre, il commenait se dpoiler devant
peu de bouftance. les invits, tranquille, pour aller se coucher...
ORIGINE Vers 1930. Driv de bouffe (par REMARQUE Chez les jeunes, la forme en verlan oilp
croisement avec bectance). est galement trs employe, ce qui renouvelle la
__________ vieille construction argotique en largonji loilp
En complment La bectance (fin 19e s.) est tombe en dsutude.
pratiquement hors de l'usage courant. La jaffe (14-
18), assez rare, a une coloration argotique plutt ORIGINE Vers 1880. L'expression se mettre poil est
que familire. bien tablie en 1900 dans l'usage familier restreint
(chez les locuteurs les plus dlurs, peintres, artistes,
etc.). Il s'agit d'une assimilation par jeu de mots
avec cru, directement sur la peau. Pour monter
nu un cheval cru, sans selle ni couverture, on disait
poil (ou poils) ; la locution s'est tendue
poil Entirement nu de tout le corps. On ne dit l'homme - et la femme. Cette nouvelle acception
pas un bras poil ou une jambe poil ; de poil a fait disparatre le sens plus ancien et bien
cependant, on pourra considrer, dans une tabli de brave, courageux , qui avait donn
maison, qu'un homme en slip est poil (mais pas l'adjectif poilu, intrpide ds les annes 1890.
sur la plage, o poil signifie sans rien du tout
). En revanche, une femme poil est
entirement nue. La locution familire est
probablement d'une frquence d'emploi plus
grande que le mot nu.
Moi, je dors tout le temps poil, je prends
jamais de pyjama.
O
objet
odieux
oreilles
orgueil
376 OBJETS OBJETS 377
S'emploie pour des bagages multiples et ORIGINE Vers 1910 dans ce sens d'engins
encombrants. encombrants. Le mot lui-mme est le titre d'un
air de contredanse en vogue en 1794. Jusqu' la
ORIGINE 1863 pour le fourniment port dos par guerre de 14-18, c'est le sens de bal de barrire
les soldats franais en Afrique. De barda'a, bt qui a prvalu pour bastringue.
d'ne (G. Esnault).
tout le bordel Trs usuel comme forme vulgaire de
tout le fourbi, etc. Cette tournure est
tout le fourbi Toutes les affaires, tout assurment la forme mre de toutes les autres
l'attirail compliqu :
Louis Meunier se trimballe partout avec ses
locutions ci-devant. Pour abrger une
diffrents appareils, ses objectifs, ses numration :
rflecteurs et tout son fourbi de On les a foutus la porte : le pre, la mre, la
photographe. tante, les trois filles, et tout le bordel !
Au sens largi, l'ensemble des affaires qui ORIGINE Mot trs ancien. En mtaphore sans
occupent et proccupent : doute au 17e sicle, mais srement au 18e sicle.
Ah quel fourbi !
(comme tout a est compliqu !) tout le bataclan Mme chose que tout le fourbi et
tout le bastringue, avec une nuance pjorative
Il faut que je pense payer le terme, supplmentaire : un tas d'objets htroclites
rgler la facture du tlphone, et tout le dont on se passerait volontiers.
fourbi !
Qu'est-ce que tu veux faire de tout ce
ORIGINE Mot trs ancien qui apparat une bataclan? Moi je foutrais tout a en l'air et je
premire fois comme nom de jeu chez Rabelais ; ne garderais que la cuisinire et trois
il rapparat en 1835 au sens de jeu . Le sens casseroles.
vague et gnral de choses indtermines
s'tablit aux alentours de 1900.
378 OBJETS OBJETS 379
ORIGINE Bien tabli dans le sens tout ce qui Au contraire, pour un match gagn :
s'ensuit vers 1900. Cf. Un mois, deux mois de Brive s'est dfonc. Cette fois, mon vieux, ils
prison l'amende, le casier judiciaire - et tout le ont mis le pacson !
bataclan comme disait je ne sais quel magistrat
folichon (Sverine, in H. France). Notons que DRIV pacsif Trs usuel dans les annes 1950.
sous l'Ancien Rgime les prostitues de Paris J'ai plus de cigarettes, tu m'achtes un pacsif?
taient conduites de la prison de Saint-Martin
celle du Chtelet, tous les derniers vendredis
ORIGINE 1899 pour paquet de tabac , mais le
du mois, dans une charrette ouverte o on les
entassait, qui s'appelait le char de Bataclin - le mot tait une variante de paquecin ou paccin
bruit, les invectives changes avec les (1821-1836) dans l'argot des voleurs.
attroupements de badauds le long du trajet
faisaient de ce transport un vnement mensuel OBJETS INDTERMINS
dans Paris. Il est possible que le char de
Bataclin ait laiss des traces sur la forme Note prliminaire Le Franais connat une trange
bataclan ; ce qui en ferait un synonyme de tout amnsie face certains objets dont le nom ne lui
le bordel - mais les attestations manquent. revient pas immdiatement, ou dont il ignore
un pacson Un paquet quelconque. comment ils s'appellent. Il a alors recours des mots
de substitution qui ne veulent rien dire en eux-
Par exemple un paquet de cigarettes : mmes, mais qui servent provisoirement
Avant d'arrter de fumer il me fallait mes dsigner les choses - avant que le mot propre ne
trois pacsons par jour ! vienne l'esprit. Certaines personnes
particulirement imprcises abusent de ces mots
Un colis : passe-partout.
Une fois bien ficel on peut envoyer le
pacson par la poste. un truc Quelque chose, et n'importe quoi. Trs
usuel.
Toutes les semaines il rapporte son pacson
de linge laver la maison. J'vais te dire un truc : t'as pas intrt revenir
ici, parce que... je te casse la gueule ! !
Y mettre le pacson, agir de toutes ses forces,
obtenir un rsultat maximum, bon ou mauvais : Qu'est-ce que c'est que ce truc ? - Quel truc ?
-a... - Une seringue hypodermique.
Ah la vache, l, on peut dire qu'il y a mis le
pacson ! Ouille, ouille, ouille !... T'es fort en gographie toi ? -Oh! y a
(il a commis une bourde monumentale, il a beaucoup de trucs que je sais pas.
provoqu un accident mortel, etc.)
DRIV un trucmuche Un objet compliqu dont
on ne sait pas quoi il sert :
380 OBJETS ODIEUX 381
Qu'est-ce que c'est que ce trucmuche ? - Un Qu'est-ce que c'est que ce bidule ? Comment a
bouchon. -Ah bon ?... Bizarre. marche ? T'as pas vu la notice, Myriam ?
ORIGINE Fin 19e sicle, mais le mot n'est devenu Oh l l ! C'est un drle de bidule que tu m'as
courant dans cet usage qu'aprs 1910. offert l... Il marche quand il veut...
un machin Mme usage qu'un truc, mais ORIGINE Vers 1930; tymologie incertaine.
s'emploie en plus dans les cas o l'on ne veut
pas dire le nom de la chose :
Passe-moi ce machin-l, au bout du banc. -
a ? - Oui.
odieux
dgueulasse Mot familier passe-partout qui
Tu ferais bien de laisser tomber ce machin, revient des milliers de fois dans l'expression
a t'arrange pas la sant.
orale contemporaine avec un sens trs lastique,
On l'associe trs frquemment truc pour allant d' ennuyeux catastrophique ou
dsigner une abondance d'engins de toutes odieux. Pour dsigner le manque de propret,
sortes : ce mot est d'une banalit extrme (voir SALE) :
Dans cette boutique, y a des tas de trucs et
de machins, mais y a jamais ce que je La table est dgueulasse, passes-y un coup de
cherche. chiffon.
REMARQUE Aujourd'hui, machin s'emploie aussi Pour les situations morales, il est le plus
comme une vraie proposition dans la phrase souvent employ de manire hyperbolique :
pour abrger une numration ou une suite
d'actions : C'est dgueulasse il m'a pas rendu ma gomme.
Il a pris sa bagnole, il a tout vrifi, machin, (il exagre !)
les freins... Il fait 3 kilomtres et il se Fais pas le dgueulasse, donne-moi une clope.
plante! (Sois gentil, donne-moi une cigarette)
C'est l un lment de syntaxe trs employ. Mais il intervient aussi dans un contexte rpugnant :
Une mission de tlvision : Les Guignols de Cette histoire de viol d'enfants est absolument
l'info , amplifie son usage chez les jeunes.
dgueulasse ! On se demande o on va...
ORIGINE Vers 1910. Machin tait employ pour
une personne la fin du 19e sicle ; pour un Ce qui est dgueulasse c'est que le type n'a mme
objet, son emploi s'est diffus plus tard, mais pas t inquit !
tait usuel ds 1920.
gerber Odieux, objet d'une salet rpugnante. les portugaises Seulement dans l'expression
courante avoir les portugaises ensables, tre
Au sens concret : sourd ou faire la sourde oreille (faire
La salle de bains tait gerber ! semblant de ne pas entendre).
(elle soulevait le cur)
Ho!... Qu'est-ce que je viens de dire ? Vous
Au sens mtaphorique : avez les portugaises ensables, ou quoi !
Il est gerber ce mec. Tu te rends compte il
est all nous dnoncer au proviseur... ORIGINE Milieu 20e sicle, plaisanterie sur l'image
Beurrk !... de l'hutre portugaise ou hutre sableuse ,
dont la coquille fait penser une oreille.
Les infos en ce moment c'est gerber, avec
tout ce qui se passe dans le monde. les feuilles (de chou) Presque toujours dans
l'expression tre dur de la feuille, tre un peu
ORIGINE Vers 1975. Reprend, en calque sourd , et mme, par litote, tre sourd comme
aggravant, l'image de dgueulasse, un pot :
dgueuler. Tu sais, papi, maintenant, pour le violon, il est
un peu dur de la feuille !
oreilles
orgueil
les esgourdes Les oreilles. Peu frquent, mais
encore en usage avec une coloration demeure
argotique. ne plus se sentir pisser prouver une fiert
Lui, avec ses grandes esgourdes dcolles ! soudaine aprs un vnement, une action, une
rcompense particulirement flatteurs ou
valorisants :
384 ORGUEIL ORGUEIL 385
Nnesse, depuis que le prof lui a mis 20 sur 20 des coups de pied dans les chevilles, se faire des
en maths, il se sent plus pisser le mec ! compliments soi-mme, se fliciter de
Le directeur du Centre, avec tous les manire outrancire, parler constamment de soi,
journalistes qui l'assaillent, il se sent plus etc., qui tait usuelle depuis 1920 environ, et
pisser. dont l'origine n'est pas claire (peut-tre une mise
en garde : Attention ne pas te donner des
ORIGINE Vers 1920, mais probablement bien avant. coups de pied dans les chevilles et te faire
L'image existe dans les dialectes o elle se motive tomber ! ) Toujours est-il que si l'on se donne
par pisser de joie, ce qui est le cas trs rel et trop de coups de pied dans les chevilles, celles-ci
concret d'un chien qui prouve une joie intense ; il finissent par enfler , d'o la locution actuelle.
bondit et danse en retrouvant son matre par On dit aussi, transitivement, sur un ton ironique
exemple, et ce faisant pissote sur le sol petites quelqu'un qui se flicite d'un succs : T'as pas
gicles sans s'en apercevoir : on dit qu' il ne se sent mal aux chevilles, non ?
pas pisser. La formulation se croise avec il ne se _____________
sent plus de joie.
En complment Les jeunes emploient usuellement la
avoir la grosse tte Se prendre au srieux, se sentir formule se la pter : Oh lui, il se la pte ! , il
suprieur aprs une srie de succs, la suite crne, il est fier. Il est possible que ce soit la cheville
d'une promotion importante. Trs usuel. qui enfle au point de craquer, ou la tte qui est trop
grosse !...
Serge, depuis qu'il est pass chef du
personnel, il a la grosse tte, il faut lui
tlphoner pour demander un rendez-
vous !
pain
panique
panne pomme de terre
papier porte
parapluie postrieur pou
pareil prfrence
paresse presse
parler prt
partir prtentieux
patron prison
pauvre privation
pauvret profit
payer promptement
pnible protester
perdre prudence
peu puer
peur
pied
plaire
plaisir
pleurer
plus
police
388 PAIN PANIQUE 389
pain panique
Note prliminaire Le pain fut par le pass la base paniquer Ce verbe entre dans le champ du
de l'alimentation des Franais, et particulirement franais familier dans la mesure o il s'emploie
des classes pauvres. Il donna lieu, en consquence, tout bout de champ pour exprimer toutes les
des appellations argotiques et familires nuances de la peur, depuis un simple trouble
courantes qui sont quasiment tombes en jusqu' la terreur bleue !
dsutude dans le monde contemporain o le pain Quand j'ai vu arriver le prof j'ai paniqu, j'te
tient une place de plus en plus rduite - hors jure !
l'utilisation en sandwich - dans les rgimes (en ralit : je me suis trouble et j'ai rougi)
alimentaires.
Jojo, il a pas paniqu, il a referm la porte et
le bricheton Terme trs en usage pour le il est parti se coucher.
pain jusqu'aux annes 1940, encore (il ne s'est pas fait de souci)
compris des Franais, mais fort peu utilis.
Tiens, je te donne 20 balles pour acheter le ORIGINE Vers 1980 dans cet emploi
bricheton. hyperbolique, probablement sous l'influence de
l'anglais to panic des sries amricaines et des
ORIGINE Milieu 19e sicle. Diminutif de dessins anims.
brichet, mot dialectal pour dsigner un
quignon de pain. perdre les pdales S'affoler, perdre le contrle de
ses gestes, de ses penses, sous l'effet d'une
le brignolet Le pain. Mot qui fut la peur soudaine, d'un choc :
mode en milieu ouvrier dans les annes 1930,
encore compris, mais peu utilis, et toujours avec Quand l'inspectrice lui a demand de tourner
une connotation plaisantine. Au dner, table : gauche, Colette a perdu les pdales, elle a
Tu me passes un bout de brignolet, tout bloqu et elle a t incapable de repartir.
Janine? Elle calait tous les coups !
tomber en rideau Tomber en panne avec une les faffes Les papiers d'identit en argot. Surtout
voiture. L'expression est plutt argotique et peu usuel dans les romans policiers, car les nouveaux
employe. agents de la police urbaine, qui ont le bac plus
Ils sont tombs en rideau en rase campagne, quelque chose, rclament : Vos pices d'identit,
des kilomtres de toute habitation. s'il vous plat.
ORIGINE Annes 1920. C'est l'ide du rideau au Le commissaire Pierrault lui dclara d'une
thtre qui exprime la fin de la pice ; voix morne en crachant sur le plancher qui
probablement une rfection de tomber en rade, sentait l'eau de Javel : Je voudrais voir tes
mais le rideau d'arbres , tant redout des faffes, beau jeune homme !
premiers aviateurs, a pu galement fournir une
source la mtaphore. REMARQUE Le mot souche fafiots ne s'utilise plus
que pour dsigner des billets de banque :
ORIGINE 1829 dans les Mmoires d'un forban : Ah merde ! j'ai laiss mon pbroque dans le
brser des faffes, faire de faux passeports . taxi !
le P.Q. (prononc pcu ) Trs usuel pour le REMARQUE Ces partages entre mots
papier hyginique : homme/femme indiquent seulement une
tendance gnrale du parler usuel; un homme
Y a plus de P.Q. dans les toilettes ! pourra dire ppin et une femme pbroque.
Jojo se balade toujours avec un rouleau de ORIGINE 1862. Lordan Larchey prcise que ce
P.Q. dans son sac. nom vient d'un des complices de Fieschi,
nomm Ppin, que l'on voyait toujours muni
REMARQUE Ce vocable, aussi crit pcu, sert d'un parapluie. Pbroque, 1907, provient d'une
dsigner par drision chez les tudiants toutes resuffixation argotique de ppin.
sortes de notes, de documents, d'exposs...
La semaine dernire, Valentin nous a un riflard Ce mot voque un grand parapluie,
pondu un pcu absolument nul. mais il est presque sorti de l'usage, chass par
(Valentin a fait un expos sans intrt) les deux prcdents.
C'tait un type tout petit qui portait un
ORIGINE Vers 1950, avec la gnralisation des riflard presque aussi grand que lui.
commodits modernes , par abrviation de ORIGINE Fin 19e sicle dans ce sens (1828 au
l'appellation grossire habituelle du papier sens de bourgeois ). Le sens de parapluie
servant un usage intime : le papier-cul. vient d'un vaudeville de Picard, La Petite Ville,
o un personnage nomm Riflard portait un
grand parapluie.
parapluie
Je m'avanai d'un air gaillard
un ppin Un parapluie. Usuel en relation avec la Disant : Acceptez ma poulette
pluie qui tombe ou qui menace, surtout dans Une place sous mon riflard.
le langage fminin : (E. Hros Heraval)
Ah zut ! j'ai oubli mon ppin chez le
dentiste !
pareil
DRIV un pbroque Mme chose, mais
plutt dans un langage d'homme (la kif-kif La mme chose. Usuel dans un registre
consonance argotique broque fait plus viril) :
argotisant.
Une mobylette, une mob ou une chiotte,
c'est kif-kif.
394 PARESSE PARESSE 395
Que tu ailles par le bus ou par le mtro, de boulot, il donne des coups de main aux
c'est kif-kif. copains, au noir.
(cela revient au mme)
DRIV du kif Pareil : Oui ben, si tu dois glander toute la semaine,
c'est pas la peine que tu te mettes en cong
La mer ou la montagne c'est du kif. pour m'aider!
L'essentiel est de se la couler douce.
ORIGINE Milieu 19e sicle. De l'arabe kif, DRIV un glandeur Un paresseux, un bon rien :
comme , adopt en redoublement par les Cet instituteur est un glandeur, il les fait pas
troupes franaises en Afrique. L'emploi tait travailler, les mmes.
bien tabli, et mme la mode ds 1880. Cf.
Sverine : Avoir le cou tranch ou crever les S'emploie au fminin :
boyaux vides, c'est kif-kif ! Nathalie c'est une glandeuse dans l'me, elle
fera jamais rien pour s'en sortir.
la mme affaire Usuel familier au Qubec ORIGINE G. Esnault donne 1941 comme terme
pour pareil, la mme chose : d'instituteur (sic !) mais le verbe existait bien
L'un ou l'autre, c'est la mme affaire. avant, et en tout cas depuis les annes 1920.
Mon pre disait couramment glander pour
attendre, hsiter : Qu'est-ce que tu glandes,
paresse vas-y ! - cela avant 1930. Il me semble que
l'origine consiste dans le geste oisif de se
Note prliminaire Les termes et les expressions toucher le gland (le pnis) au lieu d'agir .
exprimant la paresse ( mre de tous les vices ,
comme on le sait) ont t nombreux et varis :
avoir la cosse, la flemme, etc., sont toujours en coincer la bulle Ne rien faire du tout, et
usage... Nous ne donnons ici que les familiarits mme ne pas bouger, lzarder dans un repos
du jour : les plus usuelles en ce moment. complet :
Aujourd'hui on tait pas apprivisionn, on a
coinc la bulle toute la journe !
glander Ne rien faire du tout ou presque rien, En exclamation, pour indiquer on a fini,
des bricoles sans importance :
reposons-nous :
Qu'est-ce qu'il fait ton frre ? - II glande. Et maintenant, la bulle!...
Il a pas
DRIVS :
buller S'emploie occasionnellement pour
ne rien faire, se dtendre (usuel depuis 1950)
:
La prof tait absente, on a bulle.
396 PARESSE RLER 397
PA
la coincer Mme chose allusivement.
J'ai pass mes vacances la coincer
srieusement. parler
REMARQUE Cette expression en forme
d'antiphrase pour une absence d'activit parat
incomprhensible et mystrieuse tout comme la Note prliminaire La parole est naturellement
vieille locution peu prs sortie de l'usage source de descriptions images d'elle-mme.
peigner la girafe, dont on n'a jamais su de Outre causer et bavarder, qui sont du registre
faon certaine de quel animal prcis il s'agissait. conventionnel, baratiner, qui a le sens d' enjler
, et des expressions gentilles qui tendent
ORIGINE 1939. Terme d'artilleurs, la bulle est malheureusement sortir de l'usage
celle du niveau eau permettant de caler un contemporain, telles que tailler une bavette ou
obusier. La bulle une fois en place, les manettes discuter le bout de gras, nous comptons encore,
serres, il n'y a plus rien faire. L'expression familirement parlant :
s'est effectivement diffuse parmi les soldats,
voire les officiers, avant de passer dans le
langage courant durant les annes 1950. jacasser Bavarder sur des sujets futiles de manire
continue et agaante. Le mot est peu prs
conventionnel.
ne pas en foutre une rame Ne rien faire du tout,
se montrer d'une indolence incorrigible. L'ex-
pression n'est jamais utilise en bonne part. Cessez de jacasser vous deux, ou je
vous mets deux heures de colle.
Depuis qu'il est revenu de vacances il en
fout pas une rame, ce salaud!
ORIGINE 1806 (Robert); tymologie incertaine,
ORIGINE 1892 (Esnault). On trouve galement peut-tre du radical de jaqueter (ou jaquetter),
en 1892 : J'veux pas en fout' une rame ; jaser, bavarder, crier .
ce mot rame semble tre le terme d'origine.
tymologie mal tablie - il est probable qu'il
s'agit d'une francisation de l'occitan n'en fot jacter Parler abondamment. Le mot garde une
pas una ramada, qui s'emploie dans le mme coloration nettement familire.
sens, o ramada dsigne une range de rames Ce prof, il arrte pas de jacter, tu peux
(par exemple de petits pois). pas savoir ! C'est intressant d'ailleurs,
mais alors il la ferme jamais.
jaspiner Parler, caqueter. Le mot voque une voix ORIGINE Milieu 20e sicle. Terme de mtier
nerveuse et aigu. Il n'est plus d'un usage venu des chanteurs; cf. Savonner, abuser
frquent. des ports de voix (H. France, 1907) - il
s'agit en effet de glissades du son entre
Les deux frangines sont restes dans le deux notes loignes. Le savon est glissant.
salon tout l'aprs-midi, elles n'ont pas
arrt de jaspiner.
ORIGINE Mot jadis de bonne compagnie : il tait jaser Bavarder, converser, parler familirement
utilis la cour de Louis XIV. Croisement pour le plaisir de parler. Familier usuel au
probable de jaser et de japper que connaissent Qubec.
les dialectes, agrment d'un diminutif Viens me voir, on jasera.
gracieux.
DRIVS :
jasant Qui aime bavarder, converser :
tchatcher Parler beaucoup, sans arrt, avec Elle n'est pas jasante aujourd'hui.
volubilit, la manire des Mditerranens.
Trs usuel. avoir la jasette Aimer parler, ne pas
tre timide.
Elle est sympa, ta cousine, mais alors
qu'est-ce qu'elle tchatche ! Je commence
en avoir ras le bol de ses histoires... placoter Bavarder, parler de faon assez
DRIV la tchatche La faconde, le baratin. superficielle, propos de rien. Usuel au
(En ralit c'est le verbe qui est driv, Qubec.
aprs 1980, de la tchatche, substantif.) Ces deux-l placotent toute la
Nestor, pour la tchatche, il est pas en journe.
retard!
T'en fais pas, Rachid il a la tchatche, il va ____________
pas se laisser impressionner.
En complment Les vieux verbes jaboter, baver,
ORIGINE Vers 1985 pour le verbe et la bavasser ne sont plus dans l'usage courant.
gnralisation des deux mots. La tchatche,
terme d'Afrique du Nord, a t rpandu en
France par les pieds-noirs rapatries vers 1965.
savonner Escamoter une syllabe, dformer involon- partir
tairement un son, lors d'un enregistrement ou
au thtre, de sorte que le mot est difficilement Note prliminaire Je ne sais si cela a un
comprhensible. Usuel dans le langage du cinma rapport avec l'adage Partir c'est mourir un peu ,
et de la radio : mais les verbes qui expriment l'action de s'en
aller, de partir, de quitter des
Tu as savonn sur escamoter, j'ai entendu
escamater . On reprend...
400 PARTI R PARTIR 401
Si je peux filer avant jeudi : je me trotte J'ai jet un coup d'il dehors, ils se sont
bicyclette dans la direction Marseille, barrs , assure l'homme en se frottant les
n'emportant que trois chemises. mains.
(Jehan Rictus, Lettres Annie, 1911) (P. Merle, Le Dchiros, 1991)
Ils nous ont pas attendus, tu sais, ils se Cassez-vous, les mecs, voil les poulets !
sont taills en douce. (allez-vous-en, messieurs, voici la police)
ORIGINE Vers 1920 pour la forme ORIGINE Vers 1910 dans l'argot. Il est
pronominale, mais on rencontre ds 1898- remarquer que se casser n'est pas encore entr
1910 dans un registre badin non argotique : dans le langage familier cette date, mais
Tailler le collge, l'atelier, s'absenter du seulement aprs la guerre de 14-18. Altration de
collge ou de l'atelier ; faire l'cole l'argot ancien (1835) se la casser, s'enfuir .
buissonnire (H. France). Il est assez
probable qu'il s'agit l d'une variation chez dgager S'ter de quelque part (de dgager le
les collgiens, et peut-tre les ouvrires, de la terrain) et donc partir :
formule couper (quelque chose), viter Quand ils ont vu arriver les CRS, ils ont
une chose ennuyeuse (couper la corve), dgag vite fait.
courante l'poque. Une volution S'emploie surtout l'impratif :
parallle se casser et se barrer aura
donn se tailler, vraisemblablement durant la Allez, je t'ai assez vu, dgage !
guerre de 14-18.
ORIGINE Vers 1930, probablement par
foutre le camp S'en aller, se sauver. Familier et imitation de l'ordre que donne
trs usuel, mais dans un registre de rudesse. traditionnellement la police pour disperser les
Par exemple des enfants trs turbulents : badauds : Dgagez ! Dgagez !
Maintenant j'en ai assez, foutez le camp !
dcaniller Quitter un lieu quelconque :
En chappant quelque dplaisir : Quand les soires chez les amis se
Je m'ennuie, j'ai envie de foutre le prolongent on n'arrive plus dcaniller.
camp !
(on a du mal s'en aller)
Dans un sens gnral, partir, dcamper : Parfois, c'est se sauver discrtement :
On ne voit plus Christian, il a d foutre le Oh l l ! Dj 5 heures ? // est temps de
camp. dcaniller.
On dit aussi se calter par attraction des autres la fille de l'air S'esquiver sans se faire
verbes rflexifs : remarquer, disparatre :
Quand j'ai vu que a tournait mal, je me suis O est ta copine ? - Elle a jou la fille de
calt! l'air!
(c'est--dire : je n'ai aucune ide de l'endroit
ORIGINE Dbut 19e sicle dans l'argot. Parfois o elle se trouve)
crit caleter.
ORIGINE Milieu 19e sicle. Allusion un vaudeville
se dbiner S'en aller, se retirer en douce, sans tre de 1836 intitul Les Filles de l'air. La rfrence
vu : au titre tait encore consciente en 1907 pour
Chaque fois que je peux, je me dbine avant Hector France.
l'heure de la sortie.
se trotter S'en aller avec quelque hte ou
Mtaphoriquement, ne pas tenir parole, se empressement. Trs usuel dans les annes
dfiler, renoncer un engagement : 1920, mais aujourd'hui un peu dsuet.
Franois avait promis de nous aider
Si je peux filer avant jeudi : je me trotte
dmnager, et voil qu'il se dbine !
bicyclette dans la direction Marseille,
ORIGINE Fin 19e sicle; volution obscure. Vers n'emportant que trois chemises.
1900, se dbiner des fumerons est synonyme de (Jehan Rictus, Lettres Annie, 1911)
se tirer des pieds. H. France donne aussi se faire
la dbinette. ORIGINE Fin 19e sicle. Par image parlante :
aller au trot.
se faire la malle Partir dfinitivement, abandonner
les lieux plus ou moins sans avertir. S'ENFUIR
S'emploie transitivement : se fuiter S'enfuir, se sauver, prendre la fuite :
On tlphone chez lui, a rpond jamais. Je Ton copain, il avait peur, il s'est fuite.
crois qu'il a fait la malle.
Mais aussi trs banalement partir sans tarder
Ou la forme rflexive :
Je crois qu'il s'est fait la malle. : Bon, les gars, je me fuite, je suis la
bourre.
S'emploie particulirement dans le cas des
sparations conjugales :
Depuis que Jean-Louis s'est fait la ORIGINE Vers 1900, mais peu en usage
malle, sa passe son temps au tlphone. jusqu'aux annes 1920.
Colo, je le connaissais puisque j'tais venue aller jouer dans le trafic Dguerpir. Usuel
Toulon pour l'aider se carapater.
(in H. France, 1907)
familier au Qubec.
Va jouer dans le trafic, tu nous dranges!
Excuse-moi, j'tais la runion, j'ai pas
russi me carapater. Se dit particulirement aux enfants, dans
le sens de dguerpis ! va jouer ailleurs !
ORIGINE 1867 pour carapater. Fin 19e sicle __________
pour la forme pronominale.
En complment On dit aussi, de manire plus
s'esbigner S'esquiver, s'enfuir, disparatre. Frquent ou moins familire, dbarrasser le plancher,
autrefois, le mot est peu employ aujourd'hui, lever l'ancre, mettre les bouts (ou mettre les
et sans doute il l'est de faon badine et bouts de bois) et prendre la tangente,
littraire : s'esquiver discrtement sous l'effet d'une
En voyant le massacre, les malheureux menace. Hector France a relev une
tmoins jugrent prfrable de s'esbigner. poustouflante liste de locutions qui
apparaissent dans la pice mentionne Les
ORIGINE Fin 18e sicle. D'un franais dialectal Filles de l'air (1836), parmi lesquelles : faire la
venu de l'italien sbignare. paire, faire gilles, jouer la fille de l'air, se
dguiser en cerf, s'vanouir, se cramper, tirer
se faire la paire Se sauver en courant. Frquente sa crampe, se lcher du ballon, se donner de
autrefois, l'expression est comprise mais peu l'air, se pousser du zeph, se la trotter, se la
employe. courir, se faire la dbinette, jouer des
Si a continue comme a, on va pas tarder
fourchettes, se la donner, se la briser, ramasser
un bidon, se la casser, se la tirer, valser, se
se faire la paire, c'est moi qui te le dis !
tirer les pincettes, se tirer des pieds, se tirer les
pattes ou les fltes, jouer des guibes ou des
ORIGINE Milieu 19e sicle. L'image porte
quilles, se carapater, se barrer, se cavaler,
vraisemblablement sur la paire de jambes .
faire une cavale, jouer des paturons,
Elle apparat en 1836 dans le mme acte de La
dcaniller, dcarer, dmurger, se dfiler, filer son
Fille de l'air que la locution jouer les filles de
cble par le bout, jouer des gambettes,
l'air. Vers 1900, on disait dner la paire pour
s'esbigner, foutre le camp, chier du poivre, se
se sauver sans payer aprs le repas (H.
dbiner, caleter, dcamper..
France).
.
* sacrer son champ (ou le champ) Filer patron
dguerpir, ficher le camp. Usuel au Qubec, trs
fami-lier, tendance vulgaire. le singe Vieille appellation du patron dans le
Sacre ton champ ! monde ouvrier, ou de l'employeur par les
employs :
408 PAUVRE PAUVRE 409
Le renforcement habituel fauch comme les tre cass comme un clou tre dmuni
bls est trs courant : financirement, sans le sou. Familier usuel au
Qubec. Forme abrge : tre cass.
Je peux pas te payer un verre, je suis fauche
comme les bls ! Je ne sortirai pas samedi, je suis cass !
410 PAUVRET PAUVRET 411
ORIGINE Dbut 20e sicle. Le mot est ressenti Le pauvre Georges, il se retrouve S.D.F.!
par tous comme une abrviation familire de
clochard, mais, selon Jacques Cellard, qui ORIGINE Le sigle est ancien. Il dsignait
compare avec la date d'apparition de autrefois (dans les annes 1930-50) la situation
clodoche, la drivation est impossible - et des gitans en caravane dont les vhicules
l'tymologie incertaine. portaient la mention sans domicile fixe ou S.D.F.
Bon, on ne va pas mgoter, nous irons en des btes de trait - cheval ou buf - qui bavent
avion a gagnera du temps. abondamment sous un effort intense et soutenu.
Littralement, l'animal en bave, et l'image est
ORIGINE Dbut 20e sicle. De mgot, le bout des aisment passe l'homme. L'expression
cigarettes fumes. Les fumeurs des classes constitue cependant un euphmisme de en chier.
populaires conservaient leurs mgots pour les
dfaire ensuite et rouler de nouvelles cigarettes en chier Malgr la grossiret du terme, la
avec ces restes de tabac. locution est d'un usage familier absolument
courant et mme banal de nos jours. Mme chose
pnible que en baver; dans les exemples ci-dessus ( Sa
mre... et L'opration... ), on peut remplacer
en baver Supporter des douleurs, de mauvais avantageusement en baver par en chier - les
phrases paratront mme aujourd'hui plus
traitements, ou fournir des efforts puisants.
spontanes et naturelles (en baver fonctionne
Trs usuel.
Sa mre en a bav toute sa vie pour lever ses
presque comme un euphmisme).
huit enfants.
Tu avances dans ton bouquin ? - Ne m'en
Le directeur lui en a fait baver : avec ses parle pas: j'en chie comme c'est pas possible !
ordres et ses contrordres il ne savait plus o
donner de la tte. ORIGINE Probablement milieu 19e sicle. L'aspect
longtemps ordurier de la locution ne lui a pas
L'opration elle-mme n'est pas douloureuse, permis de laisser beaucoup de traces crites ; H.
mais c'est aprs que tu vas en baver : la France connat laconiquement : Chier dur,
rducation est vraiment pnible. travailler ferme. Si l'on se reporte au cas de
l'animal, un cheval attel soumis un coup de
DRIV En baver des ronds de chapeau est une collier trs intense est amen dfquer dans
for-mule aggravante mal explique : sauf si elle l'effort - et encore mieux un buf. Il est certain
s'applique l'origine en chier des ronds de qu'une large bouse frache voque assez bien un
chapeau (ci-dessous). rond de chapeau . Mais les attestations
manquent.
Avec les lessives, les corves de bois, de
patates, la patronne lui en faisait baver des
ronds de chapeau, la Mlanie. perdre
ORIGINE L'usage s'est dvelopp au cours de la
guerre de 14-18. Cependant, l'ide de base
semble tre
418 PERDRE PEU 419
Ils ont voulu aller Metz mais ils n'avaient ORIGINE 1905, sous la forme lerche; il s'agit du
pas de carte. Ils se sont paums en route. largonji de cher qui donne ler-ch, simplifi en
lerche.
tre paum Lointain, cart, perdu :
Ils habitent un bled paum dans les UN PEU
Cvennes.
choua Une toute petite quantit. Le mot a une
gar mentalement, psychiquement dfait - trs coloration pied-noir qui en a renforc la
usuel depuis une trentaine d'annes : vogue.
Ces types-l c'est des paums, on pourra
rien en tirer.
Un pastis, Fernand ? - Juste un choua !
ORIGINE 1835 perdre au jeu , 1895 s'garer
. Une paume, une fille dsempare , dj en Y a un petit choua de vent mais c'est bien le
1899 chez Noguier, malfaiteur lyonnais (G. peu !
Esnault).
420 PEU PEU 421
ORIGINE Vers 1880. De l'arabe import par les Cellard (DFNC) donne cette locution une
armes franaises en Afrique. Le mot a connu origine rotique incongrue qui repose
un rebondissement vers 1961 avec l'arrive des uniquement sur une rencontre de hasard.
pieds-noirs en mtropole. L'image de rfrence est ici prcisment la
notion d'extrmit matrielle - une gravure qui
une larmichette Une toute petite quantit de s'est salie, tache, ou dtriore sur les bords
liquide, une larme. S'emploie en particulier (par exemple un timbre de collection, en parfait
pour les petites doses d'alcool. tat, sera un peu abm sur les bords , ce qui
Je te sers une petite eau-de-vie de prune, lui te de la valeur). L'ide de marge, de limite
Nathalie ? - Oh mais alors une larmichette (cf. la limite), de frange, se trouve la pointe
hein! Jus pour goter. des proccupations du monde actuel dans
presque tous les domaines.
ORIGINE Vers 1930. Par double diminutif de
larme, petite quantit (fin 19e s.). Larmiche, un poil Un tout petit peu, un soupon, trs
petite larme , semble avoir prcd, mais la lgrement :
documentation incomplte ne permet pas de Attends, mets le tableau un poil plus haut...
l'affirmer. -Comme a ? - Non, un poil plus bas...
sur les bords Un tout petit peu. L'expression est Ah vous arrivez un poil trop tt :je n'ai pas
devenue un tic de langage familier duqu. fini de ranger !
Renforce la construction un peu.
Tu serais pas un peu maniaque sur les Mets-y un poil de trbenthine dans ta
bords? peinture, a va l'claircir.
(c'est--dire : tu frises la maniaquerie) (c'est--dire une goutte )
S'emploie en quivalent de lgrement Ngativement, s'il n'y a pas un poil ou plus un
souvent par ironie : poil de quelque chose, c'est qu'il n'y a plus rien
Franois tait un peu mch sur les bords. - du tout :
Ah oui ? Sur les bords seulement ? Qu'est-ce qu'il fait chaud aujourd'hui, y a
pas un poil d'air !
On dit frquemment de quelqu'un que l'on
n'estime pas : Mince ! J'ai plus un poil de monnaie.
Il est un peu con sur les bords.
Dommage, y a plus un poil de caf dans la
ORIGINE Vers 1950-55 pour l'tablissement de la bote !
mtaphore, d'abord en formule de prudence
dans les discussions intellectuelles : terme DRIV un quart de poil est un superlatif usuel
d'cole. Jacques de un poil.
Un quart de poil plus droite s'il te plat!
une faible quantit. G. Esnault relve en 1910 ORIGINE Fin 19e sicle. D'abord sous la forme
chez un chef de chantier : Encore un poil ! et n'avoir pas la trouille, bien tablie ds 1900 dans un
chez des pilotes : Un poil moins vite , ce qui langage trs populaire inaccessible aux salons ; cf.
montre que le mot tait dj solidement tabli. cette remarque de Frdric Loli en 1900 :
Mme au fort d'une conversation tant soit peu
peur lche entre gens de bonne compagnie, on
trouverait d'un got douteux au moins d'arti-.
culer haute voix cette opinion qu'un tel, muni de
Note prliminaire L'expression de la peur - maladie trop d'aplomb (un aplomb buf !), n'a pas la
courante des communauts fragiles et durement trouille ou qu'il ne manque pas de culot
menaces - a toujours t richement reprsente (Parisianismes).
dans le langage argotique et familier. Les plus
anciennes mtaphores ont trait la colique
physique que donne une peur intense, mais la avoir la ptoche Avoir peur, n'tre pas rassur :
notion de drangement intestinal est occulte et Le cri de la chouette, la nuit, a me fout la
oublie des locuteurs. De plus, avoir les flubs, les ptoche.
colombins ou la foire ont totalement disparu de
l'usage. Dis donc, y avait un type qui me suivait sur le
boulevard, j'avais une de ces ptoches ! Je te
trouille Avoir la trouille, c'est avoir peur , dis pas !
expression banale peine familire. Le mot
recouvre des degrs de frayeur trs variables : REMARQUE Vers 1975 environ, les coliers mirent
Quand le type a braqu sa carabine j'ai eu ce mot au pluriel, disant les ptoches, sous
une de ces trouilles ! l'influence de les chocottes et probablement de la
formulation courante une de ces ptoches. Cette
Cette nuit j'ai eu la trouille, y avait des pas forme semble la plus courante aujourd'hui dans
dans l'escalier. les jeunes gnrations.
Quand le prof a rendu les rdacs j'avais les
T'as pas la trouille, toi, d'aller toute seule en ptoches!
ban-lieue !
DRIV ptochard Peureux. Usuel sous forme
DRIVS trouillard, trouillarde d'invective (le mot est plus nergique que
trouillard).
II est trouillard, le Pierrot, il ferait pas trois Ptochard!... Ptochard !... T'es qu'un dgon-
pas dans la rue tout seul !
fl!...
avoir les chocottes Avoir peur - une apprhen- J'suis d'accord, elle est gentille et tout cette
sion quelconque. La locution semble moins nana... Mais moi, elle me fait flipper, j'y peux
usuelle aujourd'hui que les prcdentes, surtout rien.
depuis que le pluriel l'emporte dans les (je suis gn par sa prsence)
ptoches.
Oh l l!... Un compteur lectrique qui fait Avec un renforcement : flipper mort.
un bruit pareil a me fout les chocottes, moi. Ah j'ai flipp mort, la sirne hurlait, et
C'est pas normal. quand j'ai ouvert la porte Nestor tait plein de
sang !
ORIGINE Vers 1920. partir du sens de
chocottes, les dents (et aussi, bizarrement, Titou, quand on rend les copies, il flippe
os moelle dans H. France). Il s'agit d'une mort !
allusion au claquement de dents, rel ou
symbolique, par raccourci d'avoir les chocottes
qui s'entrechoquent ? Non attest. DRIV flippant
Raoul, tu diras ce que tu voudras, il est
avoir les foies Avoir peur, se montrer lche. flippant ce garon !
Expression classique des milieux argotiques (Raoul me met mal l'aise)
parisiens d'avant guerre, bien relays par la
littrature de polar. Fort peu en usage Le soir avec les lumires du parking, la pluie,
actuellement. je te jure c'est flippant !
Les flics s'avanaient pas trop... Je pense
qu'ils avaient les foies, et y avait de quoi ! ORIGINE Vers 1970, avec le dveloppement
dans nos socits avances de cette crainte
ORIGINE 1872. Par abrviation de foie blanc, diffuse, et d'une qualit nouvelle, que l'on appelle
poltron , et avoir les foies blancs. angoisse . Par le truchement de il est flipp,
propos d'un individu secou , paum , mal
flipper Anglicisme d'un usage actuel trop dans sa peau, sous l'effet de la drogue ou de
permanent pour tre vit. Tout le monde flippe l'aprs-drogue.
pour les raisons les plus varies, mais
principalement le verbe signifie prouver une
forte angoisse : pied
Ma mre elle flippe toute la journe parce que un panard Terme familier le plus usuel pour
j'ai pas de boulot, pas de bl, rien. dsigner le pied :
On va se tremper les panards dans la rivire.
Ouais le bac la fin de l'anne a me fait pas Aprs cette marche j'ai les panards en
trop flipper, mais quand mme j'ai un peu les compote.
ptoches quoi...
426 PIED PLAIRE 427
les pinceaux Les pieds. Le terme est rest plus REMARQUE On dit aussi avoir le ticket.
argotique que familier, et de ce fait son emploi se
fait rare. ORIGINE L'usage courant s'est rpandu partir
On va se dgourdir les pinceaux. des annes 1970, mais l'expression date des
(on va se promener) annes 1940. Selon certains, elle pourrait tre
REMARQUE Un pinglot, aussi argotique, a une allusion au ticket d'un candidat lors des
reprsent une variante de pinceaux. lections d'un prsident des tats-Unis ; plus
Maintenant hors usage. simplement, il pourrait s'agir des tickets des
cartes d'alimentation en usage sous l'occupation
ORIGINE obscure. allemande.
les ripatons Plutt dsuet, ne s'emploie gure taper dans l'il Plaire, sduire au premier
que dans la locution jouer des ripatons, trotter, se abord, aussi bien pour une personne que pour
dpcher en marchant . un objet convoit :
Cette maison m'avait tap dans l'il, mais elle
les arpions Peu frquent, semble dsigner plutt tait trop chre pour moi.
les orteils que les pieds eux-mmes, mais la
distinction est assez floue. ORIGINE 19e sicle. Par mtaphore d'un objet
On va se faire marcher sur les arpions. qui frappe le regard.
familier de bon ton ; elle est encore utilise sous En exclamation : C'est le pied ! Quel pied !
forme de plaisanterie : a t'a plu le spectacle du cirque Plume ? - Ah !
On va en vacances Miami?... Moi a me C'tait le pied !... Le super pied !...
botte! (c'tait patant, j'ai ador)
ORIGINE 1856 dans Flaubert (Correspondance). La forme ngative, en revanche, sert de litote
Venu sans doute - suppose Hector France - de une situation ennuyeuse, rbarbative :
trouver chaussure son pied . L'mission de Tartempion, hier soir, c'tait pas le
pied ! Je suis all me coucher.
pogner Avoir du succs, tre populaire, tre
attirant. Usuel au Qubec, trs familier. ORIGINE Vers 1930 au sens d'un vif plaisir
Ce gars-l, il pogne ! esthtique - dans Voyage au bout de la nuit
(il plat aux filles) (1932) propos d'un film. Sens venu par
Cette musique pogne auprs des jeunes. extension de celui d'un plaisir sexuel, lui-mme
issu de en avoir son pied, en avoir assez en
argot faubourien (H. France, 1907), o pied
plaisir reprsentait la part dans une affaire. L'ex-
pression est demeure longtemps en veilleuse,
prendre son pied Avoir du plaisir, ou connue seulement d'un petit groupe d'argotiers
simplement du contentement, tant la locution et de faubouriens, avant d'exploser littralement
s'est use depuis vingt ans force d'tre aprs mai 68, au point de devenir une scie. Ce
rabche, de servir tout - et quelquefois rien. fut le mot symbole des grands bonheurs qui,
Dimanche j'ai pris mon pied. On est all dans l'esprit de certains, attendaient notre
faire une balade en fort, c'tait super socit libre de toutes les contraintes aux
sympa. approches de l'anne 2000 : la richesse, la tlvi-
sion pour tous, l'amour la chane, et les loisirs
Le petit Louis, quand il mange des fraises au perptuit : le grand pied !
sirop, tu le vois : il prend son pied !
s'clater Terme hyperbolique pour dire s'amuser,
(il se rgale)
vivre intensment, bien rigoler . Trs usuel chez
Si tu veux prendre ton pied, va voir Les les jeunes gnrations pour des joies de plus en
Virtuoses, c'est un film gnial. Vraiment!... plus minimes :
T'as vu le coucher de soleil ? - Ouais, je
m'clate...
(a me plat bien)
S'clater comme des btes constitue un viendrait du mot dialectal chiouler. Puis se
renforcement apprci : lamenter avec des pleurs, fin 19e sicle :
Le concert de Renaud a eu lieu mardi. On Oh ! Oh ! qu'il chialait, faut
qu'j'emporte Un bout d'souvenir pour
s'est clats comme des btes. l'adorer (Richepin)
(il a soulev l'enthousiasme des spectateurs)
Par extension, se dit pour des dures ou des REMARQUE La forme rcente en verlan keuf (venue
distances : en usage dans les prisons au cours des annes
Il doit bien y avoir trois heures qu'on 1960) est aujourd'hui trs usite dans tous les
attend ? ,, Oh, bon poids ! emplois de flic, surtout par les jeunes et ceux qui
veulent paratre jeunes.
ORIGINE 17e sicle ou avant. Au sens propre, la
Chez les flics dsigne, dans le langage courant, le
locution indique que la balance est en hausse, et
commissariat, un poste de police ou la
que l'on pourrait ajouter quelques poids ou gendarmerie :
quelques crans de plus sans crer un Il n'a pas retrouv sa bagnole, il est all
dsquilibre. chez les flics.
(c'est--dire : il est all se renseigner ou
dclarer le vol)
police DRIVS :
la flicaille Terme gnrique usuel, mais
nettement pjoratif, pour dsigner la police . Un
manifestant dira :
Note prliminaire Les termes dsignant la police sont Pendant la manif il y avait de la flicaille
nombreux, plus ou moins insultants, mais toujours partout.
hostiles. Leur diffusion par le roman policier et le
film de gangsters en fait un vocabulaire survalu tre fliqu tre surveill discrtement par la
et un peu imaginaire qui fausse la perspective relle. police ; et, par extension, par quiconque exerce
Dans la vie courante, leur frquence est moindre ; une surveillance plus ou moins cache :
l'homme de la rue dit beaucoup les gendarmes, la Dans l'usine on est fliqus en permanence.
police , et pas uniquement les flics, le terme (on est soumis une surveillance)
gnrique familier par excellence !
Ma femme me flique.
un flic Un policier, quelle que soit sa catgorie, en (elle surveille discrtement tous mes faits et
uniforme ou en civil. Le mot d'usage banal est gestes)
employ par les policiers eux-mmes et n'a plus
gure d'aspect marginal . On dira : ORIGINE Dbut 20e sicle dans l'usage actuel. De
flique dard (1836), c'est--dire mouche
Paris, un ministre a jour et nuit un flic dard , cause de l'pe dont les sergents de ville
devant la porte de son domicile. venaient d'tre quips. Fligue ou flique est la
traduction en yiddish de mouche, appellation du
Aussi bien que : policier depuis le 16e sicle. Parfois crit flick la
Fais gaffe, voil les flics ! fin 19e sicle, puis flic. Cf. coute Brascourt tu
m'as abandonn aux flics et je n'ai pas parl (H.
France, 1907).
434 POLICE POMME DE TERRE 435
un poulet Dsigne aujourd'hui un policier en craignent les coups, cogne s'est peu peu effac
gnral - avec une prfrence pour un policier de l'usage... Je le conserve ici pour mmoire ,
en civil - et dans un registre tendance plus souvenir du temps o j'tais un petit garon, un
argotique que flic. peu dans la situation o l'emploie Gavroche dans
T'as vu la bagnole blanche avec les trois Les Misrables : Mme ! on ne dit pas les
dedans ? C'est des poulets, j'te jure ! sergents de ville, on dit les cognes.
Les cognes, c'est vieux comme mot. C'taient
Le singulier ne semble pas d'un usage courant, ceux qui avaient des chevaux, ou bien des
mais le pluriel gnrique les poulets fournit une vlos...
alternance badine les flics :
Marcel tait tellement bourr que le matin, il
ORIGINE 1800 chez les chauffeurs d'Orgres .
sait pas comment, il s'est retrouv chez les
poulets!
Le mot tait courant dans le langage populaire
de Paris ds les annes 1920 ; tmoin cette
ORIGINE Dbut 20e sicle pour un inspecteur en civil. chanson :
Pour nous piger c'est en vain que les
Le terme est mal expliqu - le fait que ce cognes Briquet en main ont fait les
personnage picore des renseignements ne parat rodomonts. (. Debraux, Les
pas dterminant. Porcherons, 1829)
ORIGINE 17e sicle. De fait, il s'agit du terme De l'image de ces grosses portes du 16e sicle qui,
propre ancien, datant de l'acclimatation de la effectivement, pesaient une tonne !
pomme de terre en France et sa consommation
par le peuple dans le Nord et l'Est du pays (cf.
l'anglais potatoe, l'espagnol patata, etc.). Pour postrieur
faciliter la diffusion du lgume la cour de Louis
XVI et dans les hautes classes, Parmentier Note prliminaire Les mots dsignant le postrieur
employa une appellation plus flatteuse, l'alle- humain (vulgairement le cul) sont nombreux, le
mande : la pomme de terre ; le terme patate fut plus souvent agressifs ; leur recension ne s'impose
alors confin aux classes populaires et devint pas dans le cadre de cet ouvrage auquel ils
familier. confreraient un caractre scatologique et obscne
indsirable. Seuls sont pris en compte les termes
familiers et amusants.
porte
trou de balle L'anus. Euphmisme de bonne
la lourde La porte. Le mot a conserv une compagnie que l'on emploie en particulier
consonance argotique, et s'il est toujours l'gard des enfants :
compris, il n'est plus trs employ, du moins Un suppositoire est un mdicament que l'on
spontanment, sans un effet d'insistance s'enfonce dans le trou de balle.
volontaire.
Fermez la lourde, bon sang! Vous voyez bien ORIGINE 19e sicle. En 1900, on disait galement
qu'on gle ! trou d'Aix, trou du souffleur, trou de bise (H.
France).
DRIV lourder Mettre la lourde et se faire
mettre la lourde taient des expressions la le troufgnon Le postrieur ; plutt anus que
mode dans le langage ouvrier des annes 1920-30, fessier :
pour congdier et se faire congdier . Mais Tu vois, la facture, je me la mets dans le troufi-
c'tait un temps o la mise la porte tait gnon.
instantane, sans pravis ni indemnits. Elles ne
sont employes aujourd'hui qu'avec une
volont d'archasme - le verbe est plus usuel. On dit aussi troufignard, en terme plus pjoratif.
Dis donc Roger, t'as vu?- Quoi ?-ll s'est fait
ORIGINE Fin 18e sicle, mais dj au 17e sicle trou
lourder de son boulot.
fignon pour trou du cul (G. Esnault) ; de
fignon, lgant, pimpant .
ORIGINE Apparat dj dans L'Argot rform en
1628.
438 POSTRIEUR POU 439
Nos cousins sont retourns dans les Alpes en ORIGINE Assurment trs ancienne - peut-tre
juillet, ils sont trs montagne. l'expression date-t-elle des ces temps heureux o
(ils aiment beaucoup le grand air de la des farces fort gotes allumaient le feu au
montagne) derrire des acteurs pour les faire courir se
plonger dans un baquet !
Pour ne pas aimer, prouver une rpugnance,
s'emploie au ngatif, surtout en litote :
Mon mari n'est pas trs chocolat, il prfre
les ptisseries la crme. prt
Vous verrez, ma sur n'est pas trs tre partant tre volontaire pour accomplir
cassoulet: elle est vgtarienne ! quelque chose, pour se joindre une action :
ORIGINE Vers 1985 dans cet emploi gnralis. S'il faut rassembler du fric pour construire une
Il s'agit d'une contraction elliptique de tre maison familiale, je suis partant.
trs porte sur. Quelques formules ngatives (je suis trs favorable cette ide et je veux bien
employes comme euphmismes - je suis pas participer l'organisation de la collecte)
trs toilette (je ne me lave pas beaucoup) -
appartenant un registre trs populaire furent
lances par des sketchs vedettes (Coluche, Guy
Bedos). Il n'est pas trs bisous se dit d'un petit
442 PRTENTIEUX - PRISON PRISON 443
ORIGINE Annes 1920. Par allusion aux courses Fernand tait en taule au moment o sa fille est
de chevaux o il y a les inscrits et les ne.
partants ceux qui participent vraiment la Il a appris lire en taule !
course.
Faire de la taule, subir une peine
prtentieux d'emprisonnement :
Son frre a fait de la taule.
un merdeux Le plus souvent un petit merdeux, (il a t condamn la prison)
un prtentieux, un arrogant, qui ne se prend
pas pour une merde , c'est--dire qui a une DRIV un taulard Un homme en prison. Les
haute ide de sa personne : taulards dsigne de manire gnrique la population
des prisons :
Ce petit merdeux, t'as vu a ? Il voulait me
Le philosophe parisien Michel Foucault s'est
vendre une assurance-vie, pour qui il se beaucoup intress aux taulards.
prend ?
REMARQUE Ne pas confondre avec le taulier qui
Quel merdeux celui-l ! Il vient me narguer dsigne le patron d'un htel, d'un bar, etc., en
avec sa voiture neuve. Minable !... langage trs familier, et qui a la mme
tymologie.
ORIGINE Vers 1910. partir de l'expression
usuelle la fin du 19e sicle : faire sa merde, O RIGINE Vers 1870 au sens de chez-soi ,
faire l'important, le fier (H. France). de chambre , mais l'aspect carcral tait dj
dans tollard, toile, qui dsignaient le bourreau
en 1725 dans l'argot de Cartouche.
prison
en cabane En prison. Terme moins usuel que
la taule Terme alternatif pour la prison dans un taule, et un peu plus marqu par l'argot, mais
aspect uniquement pnitentiaire (on ne dira pas assez courant.
on construit une nouvelle taule , mais une La bande Mistoufle... tu sais pas ? Ils sont
nouvelle prison ) . tre en taule, c'est tre tous en cabane !
incarcr:
ORIGINE Aprs la guerre de 14-18, durant laquelle
les cabanes en planche servaient tout.
O RIGINE Milieu 19e sicle. D'un vieil instrument En complment Bien d'autres termes argotiques sont
torture en bois. employs ; citons placard, trou, gnouf pour dsigner la
prison . Popol ? Cherche pas, il est au gnouf .
au ballon En prison, mais en principe la mme chose
que le bloc dont il est une version
humoristique . privation
Le pauvre Antoine, il a pass sa nuit au
ballon. se mettre la ceinture tre priv de quelque
S'emploie aussi pour l'incarcration proprement chose. Trs connu mais peu employ.
dite ; Si tu perds tes droits au chmage tu vas devoir
te mettre la ceinture ! Et serre encore !
Jean-Louis est au ballon pour six mois.
En abrgement exclamatif : Ceinture !
ORIGINE Fin 19e sicle. Peut-tre d'emballonner, Vous avez eu une augmentation ce mois-ci?
emballer . -Non, ceinture !
Si j'avais pas perdu mon carnet de chques,
tre l'ombre Euphmisme courant pour tre en ce soir on serait alls au restaurant, mais l...
prison : ceinture!
Les pauvres gosses sont livrs eux-mmes,
leur pre est l'ombre. ORIGINE Dbut 20e sicle. En rfection de se serrer
la ceinture, mme sens et mtaphore vidente :
ORIGINE Dbut 20e sicle. Parce que le prisonnier quand on ne mange pas, on est oblig de serrer
est ple comme une personne qui ne voit pas le sa ceinture d'un ou plusieurs crans.
soleil ; l'image tait beaucoup plus vidente
une poque o la plus grande partie de la faire tintin tre priv de quelque chose de prcis
population travaillait au grand air et avait le que l'on dsirait :
visage hl (l'obscurit des cellules renforce Mon vieux, t'as que des mauvaises notes
l'ide mme d' ombre ). partout, pour le vlo tu feras tintin. C'est bien
fait pour ta gueule !
en dedans En prison. Usuel familier au Qubec. (tu n'auras pas ton vlo comme promis,
Il est en dedans depuis 6 mois. mauvais garnement)
faire du temps Faire de la prison. Usuel familier ORIGINE Vers 1920 (ou peut-tre 14-18).
au Qubec. tymologie
Quand j'aurai fait mon temps...
446 PRIVATION PROFIT 447
Ben mon cochon, ils vont palper ! Je l'ai appel au tlphone, il est arriv
en moins de deux.
ORIGINE 19e sicle. De palper de l'argent, le (presque tout de suite, sans tarder)
toucher. Il semble que le mot rfre plus
prcisment aux billets de banque que l'on Vite fait :
compte en liasses - mais les changes Ils ont vid la bouteille en moins de deux !
aujourd'hui se font en chques, lesquels se
palpent aussi, s'ils sont nombreux. ORIGINE Dbut 20e sicle - guerre de 14-18. Mal
lucide
Note prliminaire Les locutions suivantes sont
courantes et aimablement familires ; elles rendent en quatrime vitesse Trs vite, avec une certaine
l'ide exprime par tout de suite , ainsi que l'ide prcipitation. L'expression est assez neutre,
de vite fait . moins marque par exemple que toute pompe.
J'ai boucl ma valise en quatrime vitesse et
aussi sec Immdiatement, sur-le-champ, avec une je suis parti.
rfrence implicite une autre action pralable :
O RIGINE Annes 1920. C'est une allusion la qua-
Je lui ai envoy un questionnaire, il m'a
rpondu aussi sec. trime vitesse des automobiles, celle dont l'allure
impressionnait les badauds.
Nina est alle voir le patron, il l'a
embauche aussi sec.
(c'est--dire sance tenante. L'exemple est
protester
optimiste : le patron aurait pu la
congdier ou la renvoyer aussi sec ) rler Grogner, faire des remarques de
mcontentement au sujet de quelque chose,
manifester de la mauvaise humeur :
ORIGINE Dbut 20e sicle. Allusion la
Qu'est-ce que t'as rler ? T'es pas content ?
scheresse , c'est--dire la soudainet de
Moi j'aime pas les gens qui rlent sans
l'action - frapper un coup sec , etc. raison!
en moins de deux Trs vite. On suppose moins de Rler, c'est en quelque sorte gueuler voix
deux minutes , par hyperbole. basse :
450 PROTESTER PROTESTER 451
Quand je vais rentrer la maison, mon pre rousptance Protestation. Mot que l'on accole
va encore rler!... Il rle toujours alors ! traditionnellement au langage des agents de
ville et des gendarmes l'ancienne :
DRIV un rleur Quelqu'un qui rle tout le Allez, pas de rousptance, suivez-nous !
temps qui ne cesse de protester, qui n'est (mais le mot signifiait l'origine
jamais content de son sort : rsistance)
Antoine c'est un rleur perptuel, jamais
rien ne lui va !
ORIGINE 1878 (G. Esnault) au sens de protester
. Rsister, gronder, grogner, se plaindre ; argot
populaire , indique H. France.
Se met au fminin :
Qu'est-ce qu'elle est rleuse ta frangine ! la ramener Protester avec une certaine verdeur, ne
pas se soumettre un ordre, une dcision :
ORIGINE Vers 192O. Paradoxalement, ce verbe Au conseil de gestion ils ont dcid
trs usuel en milieu ouvrier Paris dans les d'augmenter les charges. Eh bien moi, la
annes 1920 semble driver du substantif prochaine fois, je vais la ramener, parce que
rleur, qui parat lui-mme descendre d'un c'est inadmissible !
autre verbe rler signifiant mendier (1781
chez Mercier). D'o il s'ensuit qu'un rleur Qu'est-ce que tu viens la ramener, toi? T'tais
est, la fin du 19e sicle, un qumandeur et un pourtant d'accord!
grippe-sou : Individu qui marchande et discute
pendant une heure pour gagner un sou ou ne rien DRIV un ramenard Un type qui veut toujours
acheter. La rleuse est la mme chose en se montrer et parler de ses affaires lui.
femme - plus une marchande du Temple qui
raccroche les passants pour leur vendre des ORIGINE 1908 pour la ramener dans ce sens ;
nippes (H. France, 1907). l'ellipse porte sur sa gueule, sa fraise , etc.
Mais, bizarrement, l'image se croisait au dpart
rouspter Protester, gronder entre ses dents ou avec un autre ramener : Rassembler les cheveux
clamer son dsaccord, rclamer. Usuel. des cts de la tte pour dissimuler la calvitie (H.
Regarde a ! Il nous a sucr nos heures France). Le rameneur tait alors ce chauve
sup! On va aller rouspter ! - Ah oui alors prtentieux se livrant ce genre de coquetterie, le
!
mot ramenard semble avoir conserv de cet
anctre parallle son aspect outrecuidant.
Ce type est incroyable, il arrte pas de
rouspter, et quand on lui propose autre
chose, il n'en veut pas!
DRIVS :
un rouspteur Un habitu des
rcriminations:
Ton copain Alphonse c'est un rouspteur,
non ?
452 PRUDENCE PUER 453
_____________
taper quelqu'un Lui emprunter de l'argent, de taxer quelque chose Emprunter sans
petites sommes qui ne seront jamais rendues intention de rendre, la limite voler. Trs usuel
la plupart du temps : chez les jeunes.
la fin du mois Grard vient toujours me
taper 100 balles. Qu'il me rend, d'ailleurs, Les salopards, ils lui ont tax son blouson
presque toujours ! Antoine !
(ils l'ont oblig leur donner son blouson, en
le menaant)
ORIGINE Milieu 19e sicle dans ce sens ;
tymologie obscure. G. Esnault cite le voyage ORIGINE Annes 1980. Parodie des taxes
de Dassoucy (1650) avec le sens de gruger : multiples qui frappent les consommateurs
Dans chaque Hostellerie je fus tapp, vol, (exemple : la TVA).
gripp, mis en chemise.
engueuler quelqu'un L'invectiver, lui faire de
faire la manche Faire la qute ou mendier. violents reproches, le plus souvent avec de
Trs usuel. grands clats de voix. Ce terme familier est
Maintenant y a toujours des types qui font devenu si naturel qu'il a supplant, dans le
la manche dans le mtro. langage oral du moins, tous les autres verbes
exprimant une rprimande ; gronder, fcher sont
ORIGINE 19e sicle. G. Esnault cite des prsent des euphmismes ou des mots pour
saltimbanques en 1790 : Tu auras un sixime jeunes enfants, tant engueuler et s'engueuler ont
de la manche , c'est--dire de la qute. Le mot pris de place dans le langage courant.
viendrait apparemment de l'italien mancia, On va se faire engueuler par la prof. Ils se
offrande . L'expression, compltement
inusite dans la premire partie de ce sicle, a sont engueuls toute la soire.
ressurgi au cours des annes 1960 Paris; elle DRIV une engueulade Voir RPRIMANDES.
s'est diffuse dans le grand public par la
pratique des acteurs du caf-thtre qui Il nous a pass une belle engueulade !
faisaient la manche , passant un chapeau
parmi les spectateurs la fin du spectacle. ORIGINE Pour engueuler, milieu 18e sicle. De
gueuler, crier , ds le 17e sicle.
458 QUERELLE QUITTER 459
chercher des crosses Chercher querelle. Le mot, plaquer Quitter quelqu'un, le planter l, sans son
plus argotique que familier, demeure d'un accord et brusquement :
usage assez large. Robert m'a dit qu'il ne voulait pas venir,
Il arrtait pas de me chercher des crosses alors je l'ai plaqu l devant son demi, et
pour un oui pour un non, alors je l'ai j'ai pris l'autobus.
envoy balader! (il s'agit d'un demi de bire dans un bar)
ORIGINE Fin 19e sicle. De l'argot crosser, Se dit habituellement pour un couple qui se
s'opposer, provoquer . spare lorsque l'un laisse tomber l'autre, au
grand dam de l'abandonn :
faire de la provoc Attaquer, provoquer une per- Sa femme l'a plaqu. Alors il boit. - Oui
sonne et le plus souvent un groupe, en mais elle l'a plaqu justement parce qu'il
exprimant des opinions diamtralement buvait!
opposes l'opinion admise : Abandonner sur un coup de tte, par
Dis donc, tu fais de la provoc l ! exaspration :
Oh coute, j'ai plaqu le bureau ! J'en
avais pardessus la tte.
Au lieu de propos, ce peut tre une action ORIGINE Milieu 19e sicle, mais bien avant
provocante : rgionale-ment ; Provence et Suisse pour G.
Les intgristes catholiques sont alls faire Esnault : Calvin crit plaquer l l'vangile.
de la provoc devant l'hpital pour faire Le mot tait en usage courant Paris la fin du
cesser les avortements. 19e sicle : Plaquer le boulot, abandonner le
travail ; quitter l'atelier (H. France, 1907).
ORIGINE Vers 1970. Par apocope de utilise aussi le verbe larguer (1899 dans
provocation, sans doute sous l'influence des l'argot) : Sa copine l'a largu, il dprime
provos hollandais qui lancrent la mode des dur , ainsi que laisser en plan ou en carafe.
protestations publiques chez les jeunes par des
violences de rue dans les annes 1960.
______________ ______________
En complment On parle usuellement d'une prise de En complment On utilise aussi le verbe larguer
bec pour une querelle en paroles : Ce matin j'ai eu (1999 dans largot) : Sa copine la largu, il dprime
une prise de bec avec mon chef. Je me suis pas laiss dur , ainsi que laisser en plan ou en carafe.
faire .
r
rflchir
regarder
rendez-vous
renvoyer
repas
repousser
rprimandes
restauration
retard rien
russir rire
riche rougir
462 RFLCHIR REGARDER 463
rflchir regarder
gamberger Rflchir; envisager dans sa tte des reluquer Regarder, examiner avec attention,
organisations futures, tablir des projets. fixement, avec l'expression d'un vif intrt pour
Usuel. la chose ou la personne :
Qu'est-ce que tu reluques dans la vitrine ? Tu
Bon je vais gamberger l-dessus, je te veux m'offrir un bracelet ?
tlphone demain.
(je vais rflchir, retourner ta proposition Pierrot, il est toujours reluquer les filles qui
dans ma tte pour valuer les possibilits)
passent, aux terrasses des cafs...
J'ai un peu gamberge notre sortie de
dimanche prochain : il faudrait partir 6 DRIV un reluqueur Terme un peu surann
heures du matin... mais non sorti de l'usage ; son sens n'a pas
(j'ai tabli un programme) vari : Oisif qui passe son temps larguer,
reluquer les femmes (H. France, 1907).
Au sens de rvasser , de se faire des
illusions un peu vagues : ORIGINE 1750. Du picard relouquer, mme
Ah oui Loulou, pour gamberger, a il sens (J. Cellard). Mot d'origine flamande, de
gamberge ! Mais a va pas plus loin ! la famille de to look.
DRIV la gamberge La pense un peu mater peu prs le mme sens et le mme usage que
imprcise, les chteaux en Espagne, etc. Le reluquer, mais plus frquent aujourd'hui, et
terme est pjoratif. mme un peu plus la mode.
Pour la gamberge il est bon, mais part a,
je le connais, il veut rien foutre ! Qu'est-ce que tu mates dans la vitrine ? Ah
c'est l'auto-radio... Il a l'air bien.
ORIGINE Vers 1920. Le mot est devenu la
mode dans un milieu argotier ouvrier au sens
Le voisin, il mate par la fentre de sa cuisine,
de combiner , de rflchir un
agencement pratique de pices , de trouver il pie tout ce que nous faisons.
une combine . tymologie complexe d'aprs
comberger, compter, calculer au dbut du T'as pas honte de mater les gonzesses comme
19e sicle. La gamberge est un mot des annes a ? - Elles sont l pour a, non ? Je fais mon
1940. boulot !
464 RENDEZ-VOUS RENVOYER 465
DRIV rencarder Une ambigut intervient ici: ORIGINE 1913 dans Robert. tymologie
rencarder quelqu'un au sens de lui donner incertaine, peut-tre de virer de bord,
rendez-vous est sorti de l'usage, cause de expression maritime.
la banalisation d'un autre verbe rencarder qui
signifie renseigner (avec se rencarder, se sacquer Congdier quelqu'un de son emploi,
renseigner ) devenu trs usuel. exclure, etc. Le mot n'est plus courant en ce
sens.
Je me suis rencard sur les horaires du Antonine ne travaille plus chez Leclerc : elle
TGV... a t sacque.
Le type, il tait bien rencard pour savoir Par contre, le verbe est trs usuel au sens de
que nous aurions nos valoches avec nous. traiter durement, avec une svrit immrite ,
surtout dans le milieu scolaire :
Ce sens drive d'un autre rencard, Le prof d'anglais nous a sacqus : y avait pas
renseignement confidentiel , 1899 (G. une note au-dessus de 8 !
Esnault).
Au sens de sanctionner :
ORIGINE 1898 pour rencard, rendez-vous Guillaume s'est fait sacquer par la chef du
confidentiel . personnel cause de son retard. Elle lui a
fait sauter sa prime.
466 REPAS REPOUSSER 467
ORIGINE Fin 19e sicle. tymologie mal tablie, suffit. Le casse-crote comprend quelquefois
peut-tre de donner son sac , congdier. une soupe ( la campagne) ou une omelette, et le
plus souvent du jambon, du saucisson, du pt,
du fromage, une viande froide, etc., le tout
accompagn de pain, nagure lment principal
repas du casse-crote , d'o le nom. Dans les pays
de viticoles, il est arros d'un ou deux verres de
une bouffe Un repas. Le mot familier de loin le vin.
plus frquent aujourd'hui pour un repas en
commun est la bouffe (voir NOURRITURE). Chez nous, on dbraye 8 heures et demie
pour le casse-crote.
un gueuleton Un festin, un banquet ou
simplement un bon repas copieux. Le mot, Un casse-crote est une petite collation
aujourd'hui largement concurrenc par une que l'on prend un autre moment de la journe.
grande bouffe, demeure d'usage courant : Certains restaurants populaires situs le long des
routes affichent :
On a fait un de ces gueuletons pour fter les
noces d'or d'Henri et de Marie-Louise ! Casse-crote toute heure.
ORIGINE Driv de gueule ds le 18e sicle. Enfin, l'habitude s'est prise d'appeler casse-crote,
par extension, un sandwich.
le casse-crote Ainsi dfini, le casse-crote est
le repas que l'on prend le matin vers 8 ou 9 ORIGINE Dbut 20e sicle. De casser la crote.
heures, partout en France, dans les milieux
ouvrier et paysan ; autrement dit, c'est le petit
djeuner dans le monde du travail manuel (o
le terme petit djeuner ne s'emploie pas). Le
repousser
casse-crote est mme l'lment sociologique le
plus sr qui spare aujourd'hui les travailleurs rembarrer Repousser une avance, une offre, sans
manuels, sur les chantiers ou aux champs, des mnagement, de manire catgorique et brutale :
employs et des autres professionnels qui ne Nous, on s'est proposs pour l'aider ranger
mangent gnralement pas le matin - une la boutique : il nous a salement rembarrs ! Il
tartine beurre a dit : Foutez le camp, je vous ai assez
vus !...
Ton pre t'attend pour te passer un savon. ORIGINE Milieu 20e sicle. Resuffixation
consonance argotique de cantine.
ORIGINE Milieu 18e sicle. Mtaphore partir un boui-boui Le mot, assez mal dfini, a
de la tte que l'on savonne , que l'on frotte. dsign un tripot, un caf-concert de bas tage
et une maison de tolrance. Il s'emploie encore,
restauration mais assez rarement, pour un petit restaurant
minable et sale :
restau (ou resto) Familirement, le restaurant. Le On a mang dans un boui-boui infect.
mot est d'une grande frquence dans tous les
milieux sociaux - particulirement pour les ORIGINE Dbut 20e sicle dans ce sens avec
catgories qui vont souvent au restaurant : l'orthographe bouibouis. volution mal tablie
au 19e sicle.
Dimanche dernier nous avons mang au
resto. un self Un restaurant self-service, o l'on compose
(par opposition manger chez soi ) soi-mme son menu sur un plateau, en
choisissant des plats le long d'un prsentoir
Je connais un petit resto sur la place du glissire :
march qui n'est pas dgueulasse. Pas la peine de s'embter, on peut aller au
(il y a un restaurant modeste place du self.
march qui sert une nourriture dlicieuse
dans une ambiance sympathique)
ORIGINE Abrviation familire du mot anglais
self-service (en usage depuis les annes 1950).
DRIV le restau U Abrviation courante
La forme raccourcie self est entre dans l'usage
chez les tudiants de restaurant universitaire : courant vers 1965, avec l'expansion considrable
En semaine je bouffe au restau U. de ce type de restauration dans les grandes
villes.
ORIGINE Dbut 20e sicle. Abrviation de
restaurant.
retard
la cantoche Appellation familire de la cantine.
En usage constant pour les cantines scolaires. la bourre En retard. Trs usuel, peine familier.
Je m'arrte pas, je suis dj la bourre !
midi je reste pas la cantoche.
(je vais manger la maison) Ils sont la bourre, tes copains, il est 10
heures.
472 RUSSIR RICHE 473
monnaie.
476 RIRE RIRE 477
Le pauvre homme, il est compltement sonn, termes sont employs mtaphoriquement pour
il n'a plus un poil de bon sens. dire bien s'amuser, faire les fous , bien
entendu en riant... Il est remarquable d'ailleurs
ORIGINE Vers 1920. G. Esnault note au 19e qu'ils ne servent pas prciser la nature ou la
sicle dans le Berry : Pas le poil! pas du tout , qualit du rire lui-mme; on continue devoir
mais la locution ne semblait pas encore tre prciser cela par des expressions
passe dans l'usage en 1910. conventionnelles : rire gorge dploye c'est
faire un long rire sonore, rire aux clats c'est rire
des clopinettes Presque rien, et le plus souvent rien par saccades fortes et rptes, avoir le fou rire
du tout : dsigne ce rire fusant, incontrlable mais touff
Combien t'as touch pour ton dmnagement? des occasions solennelles ou sinistres, etc. L o la
-Oh ! des clopinettes ! Elle m'a fil 100 balles. langue anglaise possde des verbes d'usage
commun pour dcrire le rire en tant que
ORIGINE 1925. tymologie obscure phnomne - to laugb et to guffaw, grand rire
clatant, to giggle, petit rire aigu de jeunes filles,
En complment Les mots signifiant rien taient souvent rprim en fou rire - le franais voque
nombreux dans la langue populaire - la plupart sont plutt par ses verbes familiers les circonstances
sortis de l'usage. Des clous ! des nfles ! de la roupie du rire et le climat sociologique de l'hilarit ; il
de sansonnet et mme l'espagnol nada ! survivent en distingue son niveau d'urbanit.
sporadiquement. Quant aux argotismes classiques
peau de balle et son frre peau de zbi ( a m'a rigoler Ce verbe extrmement usuel dans tous
cot peau de balle ; tu auras peau de zbi ) ils sont les milieux appartient au franais gnral mais
en voie d'extinction. Il faudrait qu'un personnage trs il a conserv - du fait de la nature de ce qu'il
mdiatique les relevt, leur redonnt vie pour un autre indique : le rire, le non-srieux - une coloration
sicle ! familire, ou qui sera juge telle dans une
rdaction d'lve, par exemple; il sera biff par
rire un professeur de franais.
La semaine prochaine c'est le mariage de Fernand, c'tait un grand rigolard qui aimait
Marie. Aime... Je sens qu'on va bien rigoler. bien la bouteille.
Georges a rellement un don comique, il fait ORIGINE Vers 1900 ? La locution n'ayant pas
marrer tout le monde. t enregistre par H. France elle ne devait pas
tre courante en 1907. La bouche (gueule) se
DRIV marrant Amusant. Cependant, le fend dans un large sourire.
sens de bizarre, trange tend dominer
dans le langage courant. se fendre la pche Mme sens que se fendre la
C'est marrant qu'il n'y ait aucune trace gueule, mais avec valeur d'euphmisme. Souvent
d'effraction sur la porte, pourtant elle a t prfr par les femmes :
force! J'ai racont toute l'histoire Barbara, elle se
(c'est trs bizarre) fendait la pche!
Je ne retrouve pas mes cls, et pourtant je les Oh tu sais, en Normandie, on s'est pas fait de
souci, on s'est bien fendu la pche '....
ai laisses sur l'tagre... C'est marrant.
(c'est tout fait trange, je ne comprends pas)
ORIGINE Vers 1950, en concurrence avec se
Le spectacle tait trs marrant. fendre la poire qui avait prcd, mais qui est
(trs drle, trs amusant) l'heure actuelle moins usit. Pche et poire
taient tous deux usuels pour tte et visage
ORIGINE 1883 pour rire. Cependant, un sens en 1900. Le modle tait toutefois se fendre la
oppos (se marrer, s'ennuyer ) tait encore pipe (vers 1940) qui est aujourd'hui peu prs
seul prsent chez H. France en 1907. Le rire a inusit.
bizarrement pris le dessus sur l'ennui durant la
guerre de 14-18. Aprs 1930 pour s'amuser se bidonner Rire franchement. Familier de bon
(G. Esnault). Marrant est relev en 1901 au sens Qu'est-ce qu'on a pu se bidonner au cirque
de rigolo et dans les annes 1930 pour Plume ! Il y a longtemps que je n'avais pas
amusant au sens large. La valeur trange autant ri.
s'est dveloppe dans les annes 1940. tymologie Je leur ai rpondu une lettre qui a d les faire
obscure et controverse. se bidonner.
(Jehan Rictus, Lettres Annie, 1911)
se fendre la gueule La locution assume toutes
les valeurs de rigoler avec une certaine
DRIV bidonnant Drle, se tordre de rire :
vulgarit en plus pour les groupes d'ge lev ;
Quand le petit Henri a commenc marcher,
elle marque une simple vivacit chez les jeunes. il se pavanait, il tait bidonnant.
Trs usuel.
Ouah l'autre ! Je lui dis un truc, il se fend la ORIGINE Robert donne 1888. Cependant, le
gueule!... mot est inconnu d'Hector France, qui a
(il rit) seulement le sens de boire . Par contre,
Quand on est entre potes, on boit une l'exemple de Jehan Rictus
mousse, on se fend la gueule.
(on s'amuse)
482 RIRE ROUGIR 483
ORIGINE 1881 dans Robert. Le mot tait la On dit aussi piquer son fard :
e
mode la fin du 19 sicle, avec une En la voyant, il a piqu son fard.
construction transitive. Cf. Alphonse Allais :
Votre histoire d'omnibus, surtout, nous a REMARQUE D'aucuns disent piquer un soleil,
beaucoup gondoles, car nous les connaissons, les mtaphore qui parle d'elle-mme.
omnibus. C'est l'ide de se tordre . ORIGINE 1867 chez Delvau.
se poiler Rire. Le mot est usuel, quoique en
faloter Rougir jusqu'aux cheveux, devenir cramoisi :
dclin.
Les films de Chariot nous faisaient poiler ! Les filles ne falotent plus comme autrefois,
mme
ORIGINE Dbut 20e sicle. Par fausse coupe de les plus timides font bonne contenance.
s'poiler qui tait le mot au 19e sicle. Il est
relativement sorti de l'usage au cours des annes ORIGINE Probablement vers 1930. Le mot tait
1960, au profit de se marrer. en usage dans les annes 1950. Du falot rouge
__________ qui signalait la nuit l'arrire d'un vhicule,
carriole, train, etc.
En complment Le verbe se boyauter, autrefois usuel
dans le milieu populaire parisien, semble inconnu
aujourd'hui.
S
salaud
sale
sans issue
secret
sduire
seins
sensationnel
svre
sexe enfantin
sur
solide supplment
soucis supprimer
souffrir surprise
sourd
486 SALAUD SALAUD 487
Bande d'enculs, vous avez dchir ma Pour un homme, salope dsigne, en fait, un
page ! salopard dangereux, et surtout un
dnonciateur sans scrupules :
ORIGINE dsastreuse. Tu sais ce qu'il a fait Lafeuille ? Il a fait
virer cinq de ses collgues la mme semaine.
un enfoir Un lche, un triste individu sur lequel C'est une salope finie ce mec.
on ne peut pas compter :
ORIGINE 18e sicle au sens de prostitue .
Il m'a chourav 100 balles, cet enfoir ! Puis femme dbauche . Puis garce en
gnral.
REMARQUE Le fantaisiste Coluche avait choisi de
saluer son auditoire d'un Salut les enfoirs , un salopard Dans la famille des salauds, le
ce qui a donn au mot une frquence salopard oscille entre un vrai salaud (ce qui
inhabituelle et l'a considrablement us. est son sens d'origine) et un petit plaisantin sans
envergure. On l'applique un enfant
ORIGINE Dbut 20e sicle. Le mot ne s'est banalis dsobissant.
que vers les annes 1960. La foire dsigne la Et alors, petit salopard, je t'avais bien dit de
colique ne pas touchera la machine laver!... Hein !
Ils sont partis en douce pendant la rception. Georges ne pense qu' la drague, il finit par
(ils se sont clipss sans qu'on les voie) tre fatigant.
un dragueur Celui qui a l'habitude de
En dbut de phrase, en douce est un quivalent draguer, qui est port sur les femmes :
familier de cependant, en attendant, il Il est gentil, mais un peu dragueur.
n'empche que :
En douce, je vais beaucoup mieux. ORIGINE Vers 1950 (Robert).
(en attendant, le remde agit)
faire du plat quelqu'un Tcher de sduire
REMARQUE Un driv par le procd argotique quelqu'un en particulier par de belles paroles,
du louchbem avait donn en louced qui fut en des compliments et des flatteries :
grande vogue vers 1920-30. J'ai fait du plat Suzanne pendant huit
Ils sont arrivs en louced la turne. jours, a n'a rien donn.
(ils sont arrivs clandestinement leur
logement) Elle fait du plat sa patronne pour avoir de
l'augmentation.
ORIGINE Vers 1880, mais de grande diffusion
aprs 1910. Du reste, en louced apparat en ORIGINE Fin 19e sicle. Probablement
1914 (G. Esnault). Apocope de en douceur. l'aboutissement de la vieille expression donner
du plat de la langue, peut-tre sous l'influence
sduire de en faire tout un plat, donner beaucoup
d'importance
draguer Mot le plus usuel et le plus gnral
pour tre la recherche d'une compagnie faire du gringue Se livrer une tentative amou-
amoureuse, de rencontres intressantes, ou faire reuse par des assauts de belles paroles :
des efforts pour sduire quelqu'un en particulier: Il faisait du gringue la serveuse.
Il drague beaucoup dans les bals.
ORIGINE obscure. S'emploie depuis le dbut
Il est en train de draguer sa voisine de palier. du 20e sicle.
Elle s'est fait draguer dans la rue.
faire du rentre-dedans insister vivement, et parfois
DRIVS : lourdement, dans une drague directe et sans
la drague Les dploiements de sduction nuance - la manire qu'on disait autrefois la
des fins amoureuses : hussarde :
494 SEINS SEINS 495
La premire fois qu'il l'a vue il lui a fait du les doudounes Les seins. Terme enfantin pass
rentre-dedans. dans le langage des adultes par affectation de
mignardise.
ORIGINE Vers 192.0. Mtaphore d'origine Oh elle a des jolies doudounes la
militaire voquant probablement les assauts des
tranches de la guerre de 14-18. demoiselle!
Une femme dira d'elle-mme:
emballer Sduire et attirer prs de soi un homme, ou Tu veux voir mes doudounes ?
une femme, pour arriver ses fins amoureuses
avec lui, ou avec elle : ORIGINE Vers 1930. Par redoublement
enfantin de doux.
Jojo a emball la serveuse ds le second
jour. les nichons Les seins, considrs sous un angle ro-
tique :
ORIGINE Mtaphore d'un paquet qu'on Odile, elle a des petits nichons bien
enveloppe pour le transporter. sympathiques, tu ne trouves pas ?
hanter la pomme Conter fleurette, faire la cour. DRIV les nibards Mme sens, mais la
Usuel familier au Qubec. resuffixation en -ard donne une connotation
plus argotique et machiste :
Hier, je me suis fait chanter la pomme par La Suzanne, elle a des gros nibards bouts
mon voisin ! roses.
Ouah la meuf! Mate les nibards !...
(ah dis donc, la fille, regarde les seins qu'elle
seins a !)
ORIGINE Fin 19e sicle pour nichons. Appels
Note prliminaire Les dnominatifs familiers des
seins sont par la force des choses utiliss par des ainsi de la double niche qu'ils remplissent dans
hommes, avec une connotation rotique, forcment le corset , estimait Hector France en 1907.
teinte de machisme. Les exemples ci-dessous
refltent la ralit des emplois - ce ne sont pas les nns Terme gentiment dsuet pour les
seins , plutt faon nourrice :
ncessairement des exemples suivre ! Pour s'assurer sans doute que les nns de
la particulire taient bien leur place il
risqua de ce ct une reconnaissance.
(H. France, 1907)
sur solide
une frangine Une sur, au sens de lien familial. mastoc Solide, pais et lourd. Se dit d'un objet,
Trs usuel, surtout chez les jeunes. d'un outil...
Ma frangine passe le bac cette anne. La grille du portail est tellement mastoc
qu'elle arrache les gonds.
S'emploie aussi, mais un peu par drision, pour
une religieuse (sur de charit) : Ce tournevis est beaucoup trop mastoc. T'en
as pas un plus fin ?
II y avait une frangine qui faisait la qute ORIGINE Fin 19e sicle au sens d' homme
pour les enfants malades. lourd, pais .
S'emploie pour les femmes en gnral, plutt au bton Solide, inattaquable, dans les tournures
pluriel dans un contexte familier et c'est bton ou c'est du bton :
humoristique :
Salut les frangines ! Passez un bon week- L'avocat de la dfense avait prpar une
end! argumentation bton, absolument sans faille.
ORIGINE Dbut 19e sicle. Par simple fminisation
Tu peux y aller, l'organisation que nous
de frangin, frre , dont l'tymologie est assez
incertaine. Une forme fraline, courante au 19e avons mis sur pied pour la traverse du
sicle, fut en usage jusqu'en 1914. dsert, c'est du bton !
______________
ORIGINE Vers 1970. Il s'agit de l'volution
En complment Le verlan de sur, reus, semble d'une image du sport, le football en
trs employ par les jeunes. particulier, o lors d'un coup franc la dfense
s'tablit selon la technique du mur. Au cours des
annes 1960, ce mur fut dit en bton
lorsque les joueurs le rendaient infranchissable
pour le ballon, d'o aussi le verbe btonner :
La dfense a btonn. C'est bton est donc un
second degr de la mtaphore.
502 SOUCIS SOUFFRIR 503
vedette dans la littrature spcialise voyou), est ORIGINE 1926 chez G. Esnault. Resuffixation
d'un registre plutt argotique : ironique du parler populaire du type
Quand Mesrine a essay de saisir son arme, crade/cradingue, etc.
il a morfl.
(il a t mitraill et tu sur le coup - Mesrine
tait un clbre hors-la-loi des annes 1970) supplment
Par extension, tre condamn une lourde le rabiot Dsigne un supplment ajout une
peine , dans le contexte d'un tribunal : quantit fixe de nourriture ou de temps qui est
S'il passe en cour d'assises il va mortier. attribue quelqu'un :
La bouffe est rationne, mais de temps en
Par image, souffrir intensment : temps on nous donne du rabiot de viande, ou
lie a t opr d'un cancer l'estomac. Il a de chocolat.
rudement morfl !
Le problme doit tre fait en deux heures,
ORIGINE Vers 1920. volution mal dtermine, mais souvent on a droit un rabiot de dix
partir de morfiler, manger . minutes.
_________
Le mot, toujours usuel, voque une complicit
En complment On emploie aussi dans ce sens en rjouie, comme son abrg rab.
baver, en chier (voir PNIBLE).
DRIVS :
rab Mme sens, mais avec une frquence
sourd d'emploi beaucoup plus grande chez les jeunes
o il est oubli qu'il s'agit d'une forme
sourdingue Sourd, dans un contexte suprieurement familire de rabiot, qu'ils
d'agacement ou de moquerie. Assez usuel. n'utilisent presque pas.
T'es sourdingue ou quoi ? Je te dis de te Si y a du rab de crme, j'en veux !
pousser, tu vois bien que je suis charg !
Je devais partir le 8 septembre mais j'ai fait
Le pauvre vieux, il est compltement du rab :je suis reste jusqu'au 20.
sourdingue, tu peux toujours gueuler.
rabioter (sur quelque chose) Diminuer
lg rement la ration normale :
Ils rabiotent sur le sucre, le lait, tout !
(les quantits servies sont de plus en plus
rduites)
ORIGINE Le mot s'est diffus au 19e sicle dans listes. Appartient un registre familier de bon
les casernes pour la distribution de nourriture - ton celui de la mnagre !
peut-tre partir d'un mot dialectal rabiot qui Dans tout a mon augmentation a pass au
aurait t en usage au 18e sicle dans les bleu (ou est passe ).
communauts religieuses.
Je suis ravi, je n'ai pas pay ma contredanse,
elle a pass au bleu !
supprimer
ORIGINE Milieu 19e sicle. Il est probable qu'il
faire sauter Supprimer. Le verbe suppose la dcision s'agit d'une allusion la lessive, selon la
d'une autorit caractre administratif. technique qui consiste passer le linge au bleu
Il fait sauter toutes les contraventions parce de cobalt pour finir de le blanchir, pour faire
que son frre travaille l'Htel de Police. disparatre les dernires taches. La locution
couvrait un usage plus tendu l'origine. Cf.
Si tu continues tre la bourre, ils vont te Se dit d'une chose perdue, vendue, supprime.
faire sauter la prime. - O est ta montre ? - Passe en bleu (H.
France, 1907). Il semble que ce soit l une
ORIGINE Fin 19e sicle. Probablement d'aprs variante de laver au sens de vendre au 19e
l'ide de sauter, manquer (sauter des pages, sicle.
sauter un nom dans la liste). Une permission qui
saute est une permission supprime. passer l'as tre supprim. Mme chose que
passer au bleu mais dans un registre plus
sucrer Supprimer quelque avantage ou commodit argotique.
de manire autoritaire, souvent par sanction : Et voil ! mon jour de cong est pass l'as.
Les vaches, ils ont sucr sa prime ! (il ne comptera pas, il sera supprim, il va
sauter )
On s'est fait sucrer nos indemnits de
logement. ORIGINE Dbut 20e sicle ; obscure, la nature de
ORIGINE Vers 1930. Par volution d'un sens de l'as n'tant pas tablie.
sucrer, punir .
Quand j'ai vu arriver Sylvie en marie, tout ronds comme deux sous (10 centimes), soit
en blanc, couverte de fleurs, j'en suis rest une part de flan - ptisserie molle et
baba. tremblotante - ce prix-l. Mais la
Au cirque Plume les enfants taient tous motivation reste mystrieuse.
baba.
avoir son voyage tre surpris, bahi, tonn.
ORIGINE Vers 1850 sous la forme actuelle. Ils Usuel familier au Qubec.
[les dputs] s'occuperaient srieusement du Il a gagn la loterie ? J'ai mon voyage !
pauvre monde et nous en resterions tous baba
(Franois Coppe). D'aprs comme baba
(1790, G. Esnault). L'lphant Baba fit courir
tout Paris en 1807, et sa clbrit phmre
explique srement le comme Baba la bronche
ouverte relev par G. Esnault cette date
prcisment. Mais le pachyderme devait
probablement son nom son air tonn et
n'explique pas le comme baba
rvolutionnaire.
se taire
taxi
tlphone
tlvisio
n
tte
tirer sur
toilettes
tomber tromperie
travail trouver
travailler tuer
triste
512 SE TAIRE SE TAIRE 513
ORIGINE Dbut 19e sicle. Par image parlante. crase, Lon ! C'est pas la peine que tu
discutes, tu ne fais que l'nerver... Laisse
la boucler Autre faon un peu plus rude et tomber.
sans rplique de dire la fermer : (n'insiste pas, tais-toi)
Vous allez la boucler oui ou merde ? On ORIGINE Vers 1930. G. Esnault ne relve le
s'entend plus ici ! mot qu'en 1956 mais il s'employait dj avant la
guerre de 39-45.
Mon vieux, les dirigeants n'arrtaient pas de _______________
nous bassiner les oreilles avec leur
restructuration, on la leur a fait boucler. En complment Des expressions plus vertes sont
encore dans l'usage discourtois : mets-la en
veilleuse!, ferme ton claque-merde !
514 TAXI TLPHONE 515
grelot Uniquement dans la formule un coup de Avoir une sale tronche dsigne soit la mauvaise
grelot, un coup de tlphone : mine...
Je te passe un coup de grelot demain matin. Le pauvre Edouard est bien fatigu, il a une
sale tronche.
ORIGINE Vers 1930, un temps o les sonneries de
tlphone taient constitues par un timbre
grelottant , extrieur l'appareil lui-mme.
518 TTE TIRER SUR 519
... soit un air mchant, vicieux : En complment Plusieurs autres vocables de faible
frquence aujourd'hui ont dsign la tte : le cigare,
Il a une sale tronche, ton type, je lui fais pas
peu prs le mme usage que ciboulot, en plus
confiance. sarcastique. Le citron, peu prs le mme usage
que les prcdents : J'ai beau me creuser le citron,
ORIGINE Fin 16e sicle dans l'argot. Le mot je ne trouve pas la solution ce problme. Le
appartient au lexique de Cartouche en 1725. cassis, variante du citron, peut-tre un peu plus
Altration de tronc dsignant un billot . dsinvolte. La tirelire, image de la bouche qui sert de
fente ; terme plutt dsuet.
la caboche La tte dure d'une personne
entte ou stupide :
Il n'arrive pas se mettre a dans la tirer sur
caboche.
(il ne parvient pas comprendre la chose) canarder Tirer des coups de feu sur quelqu'un, en
particulier depuis un abri :
DRIV un cabochard Un obstin, qui refuse
de changer d'avis. C'est trs imprudent de se promener dans
le bois le jour de l'ouverture de la chasse,
ORIGINE 15e sicle. tymologie obscure. on peut se faire canarder tous les
carrefours.
le ciboulot Surtout en rapport avec les facults
intellectuelles : Les flics attendaient Mesrine la porte de
Il a rien dans le ciboulot, ce type ! Clignancourt. Lorsque sa bagnole est
(il est stupide) arrive, ils l'ont canard.
Toi, tu dois pas te fatiguer le ciboulot ! ORIGINE 16e sicle. Cf. d'Aubign : Il Passe la
Creusez-vous un peu le ciboulot! rivire malgr ces arquebusiers qui le
(rflchissez) canardaient dans l'eau. Vieille image de la
chasse aux canards. Malgr cette antiquit, le
ORIGINE Fin 19e sicle. Image de l'oignon, ciboule verbe a gard un parfum de langue verte : un
en occitan. professeur exigerait des guillemets dans une
rdaction d'lve.
la cafetire Surtout pour l'aspect rsistant de la
tte :
Jojo a reu un coup sur la cafetire : une
planche lui est tombe dessus.
ORIGINE Vers 192O. On disait au 19e sicle et figure , etc. Au sens concret de chute, on dit
dans les annes 1900 faire le petit pour uriner aussi se casser la binette.
(et faire le gros pour le reste). Cependant,
l'ide est ici celle d'un petit coin discret. ORIGINE Fin 18e sicle. Par vulgarisme de la
srie se rompre le cou, se casser le cou, etc.
les bcosses Toilettes, latrines, au Qubec. se rtamer (la gueule) Tomber avec une
S'utilise de moins en moins. Familier vulgaire. cer taine violence, avec le sous-entendu que la
Il est aux bcosses. chute cre des dgts :
Y avait longtemps que Victor n'avait pas fait
ORIGINE De l'anglais back-house. de ski, il a voulu faire une descente et
naturellement il s'est rtam.
rait qu'elle veuille prendre un jour de cong ORIGINE 1918 chez les soldats (G. Esnault).
pour aller Lourdes ! Du sens de se planquer, se cacher .
ORIGINE Avant 1900. Probablement de bosser Travailler, ou travailler dur. Trs usuel,
boulotter, la fois travailler et manger , hlas !
et un sens gnral de ne pas s'en faire : Vivre Salut, je vais bosser.
l'aise sans trop se faire de bile, aller (je vais au travail)
doucement, raliser de petits bnfices (H. Qu'est-ce qu'on a boss hier toute la journe!
France). (la journe d'hier a t charge)
le turbin Le travail, plutt avec l'ide d'un DRIV bosseur Quelqu'un qui aime
travail pnible. Ne se dit jamais pour un travailler et qui est efficace. Adjectif ou
emploi . Le mot, la mode au 19e sicle, et nom, masculin ou fminin (bosseuse).
encore trs usuel jusqu'aux annes 1930, est Quel bosseur, ton frangin ! Il veut faire
aujourd'hui en rgression. fortune ou quoi ?
La neige c'est bien joli pour des vacances et
tout a, mais quand il faut aller au turbin
c'est autre chose. ORIGINE 1878 chez les maons, puis dans tous
les corps de mtier en 1900 (G. Esnault). Il est
Je m'en fous, j'en ai marre de ton sale remarquable en effet qu'Hector France ne
turbin, je me casse, voil ! connaisse du verbe bosser que rire, s'amuser
, qui est un autre verbe {se payer des bosses,
DRIV turbiner Travailler dur. Apparat en c'est--dire du bon temps), cela dans le petit
1800 dans l'argot des chauffeurs d'Orgres monde chic de la fin du 19e sicle Paris. Ici il
. Sans rapport avec la turbine dont s'agit de bosser du dos, s'chiner .
l'invention date de 1824. Le verbe est toujours
usuel. trimer Travailler dur, longtemps, dans des
conditions pnibles et ingrates :
Dans les botes d'lectronique actuellement,
a turbine ! Y a pas un moment perdre Les gens autrefois, avant les allocations
face la concurrence. familiales, ils devaient trimer pour lever
leurs enfants.
une planque Un emploi tranquille, pas fatigant
et relativement bien pay. Familier usuel.
Dominique s'est trouv une petite planque
aux Tlcom... Personne l'embte. Il ne
souhaite qu'une chose, c'est que a dure !
528 TRAVAILLER TRISTE - TROMPERIE 529
J'ai pas envie de trimer toute ma vie pour des aller au chagrin Aller au travail, avec la nuance
clopinettes ! vidente d'un travail qui n'est pas trs drle :
Bon, les gars, c'est pas tout a, faut que je
ORIGINE 1754. La racine est la trime, la navette retourne au chagrin.
du tisserand qui va et vient sans cesse.
ORIGINE Vers 1930 chez les ouvriers. Il est
marner Mme chose que trimer, mais pendant un
possible qu'il y ait eu un croisement entre
temps plus court :
La semaine prochaine on va marner : il charbon et chagrin.
arrive douze camions de pices dtaches !
Fais gaffe ne pas te faire truander ta une entourloupe Mot usuel pour
montre ! entourloupette, avec le sens aggrav
d'escroquerie ou de mauvais tour :
ORIGINE Vers 1950. Usuel chez les lycens de Y a eu une entourloupe et le logement
cette dcennie. L'tymologie jouer au truand promis a t attribu une autre famille.
a pu tre influence par les films de
truands , mais il est remarquable que ORIGINE Vers 1945, dans un milieu d'abord
truander, ne pas venir au cours , se argotique, en abrviation d'entourloupette jug
rencontre en anglais : to play truand, faire trop plaisantin cause de sa terminaison.
l'cole buissonnire . Par la forme, entourloupe est une
substantivation plus normale d'en-
une entourloupette Une fourberie, un tour tourlouper, ce qui a probablement assur son
malhonnte, une petite illgalit. Mot peine succs.
familier.
La Mairie lui a attribu une allocation de maquiller (une chose) La transformer de telle
logement grce une petite entourloupette. sorte qu'on ne la reconnaisse pas. S'emploie
(il n'avait pas rellement droit cette particulirement pour les voitures voles :
allocation, mais la Mairie s'est dbrouille Ils ont maquill la Mercedes avec une
pour lui faire un passe-droit) peinture bleue, et ils ont chang les plaques.
Surtout dans l'expression faire une ORIGINE Vers 1920 dans ce sens. Par
entourloupette: transposition de maquiller les cartes, tricher
Jacqueline m'a fait une entourloupette : (1847), et sous l'influence du maquillage d'un
elle a fait semblant d'tre malade pour ne acteur, par exemple.
pas venir, et elle est alle voir Gertrude.
T'as pas t foutue de te dgoter un mec avec Mesrine s'est fait buter par les flics la porte
tout le monde qu'il y avait la fte ?... Tu de Clignancourt, dans sa voiture.
m'tonnes.
ORIGINE Dbut 19e sicle. De tre but,
ORIGINE Vers 1880 dans ce sens. Cf. Le Pre guillotin , cause de la butte qu'voquait
Peinard: [Les policiers] n'ont pu rien dgoter l'chafaud o tait installe la guillotine.
qui donne un semblant de raison leurs
menteries. Prcdemment, le verbe dgoter zigouiller Le mot, peine familier, est demeur usuel
signifiait (et encore vers 1910) surpasser - ce - il donne un ton humoristique (par sa forme en
sens tait usuel dans le langage populaire des zig) pour dire assassiner :
annes 1820 Paris, cf. le refrain d'Emile Debraux Le type qu'on juge aujourd'hui a zigouill
: Y a pas d'princesse qui la dgotte/La Javote trois vieilles dames.
du Cadran bleu ! (1830). Le passage de sur-
passer dcouvrir n'est pas expliqu.
Il signifie aussi tuer la guerre, ou par
dnicher Terme badin de bon ton pour trouver accident :
aprs de patientes recherches, une enqute Si on reste sur la route on risque de se faire
minutieuse , etc. Le mot est usuel et appartient zigouiller.
au registre du franais distingu.
O as-tu dnich ce parapluie, Gaston ? Il est ORIGINE Fin 19e sicle dans l'argot. Le mot se
superbe ! dmocratise rapidement et marque
Nous avons russi dnicher l'adresse du l'encanaillement bourgeois (J. Cellard).
restaurant dont Pierre-Laurent nous a parl.
faire la peau Tuer crapuleusement ou par vengeance.
e
ORIGINE Vieille mtaphore classique (17 s.) du Les variantes avoir la peau, parvenir tuer ,
chercheur de nids. crever la peau (au couteau ou par balle), trouer la
.. peau (par balle) sont galement trs courantes.
tuer S'il touche ma femme, je lui fais la peau !
buter Mot d'argot, demeur tel, pour tuer Mon oncle s'est fait trouer la peau dans la
intentionnellement, assassiner avec violence Rsistance.
(on ne dira pas buter pour empoisonner ) :
ORIGINE Ces expressions apparaissent au 19e
sicle sur l'image de la peau d'un animal ,
symbole de sa mort aprs la chasse.
536 tuer
En complment D'autres mots dsignent usuellement
l'action fatale : descendre ( Il s'est fait descendre par
les flics en attaquant un magasin d'armes ).
Estourbir et refroidir sont des verbes familiers aux
auteurs de romans policiers mais ils s'emploient
v
assez peu dans la vie courante.
ventre
vtements
viande
vigueur
village
vin
violence
physique voiture
visage voler
vitesse vomir
538 VENTRE VTEMENTS 539
les nippes Ce vieux mot, qui a beaucoup servi, la bidoche Terme gnral et usuel pour dsigner la
n'est plus employ depuis que les fringues ont viande, crue ou cuite, dans un registre
pris sa place sur le march du vtement familier :
moderne, color et industriel. Mon boucher a de la trs bonne bidoche,
J'ai trouv de vieilles nippes dans une malle mais il vend cher.
au grenier!
Je me taperais bien un bon morceau de
D RIV se nipper S'habiller de neuf, acheter bidoche !
de beaux habits. Encore en usage sur un ton
factieux : [...] on ne pense presque plus gure qu' a et
Alors on se nippe ! Mais tu es beau comme chaque jour on consacre ses facults
un camion!... interroger le cours des ufs, de la bidoche ou
des lgumes.
ORIGINE 19e sicle. Aphrse de guenippe. (Jehan Rictus, Lettres Annie, 1921)
la barbaque Terme pjoratif un peu vulgaire Ces jours-ci je sens que j'ai la pche, les
pour la viande , le plus souvent de mdiocre vacances m'ont fait du bien.
qualit :
J'en veux pas de ta barbaque pourrie ! Tu sais que pour se coltiner Guillaume
quand il a bu, il faut avoir la pche.
Par exemple, de la viande en ragot :
Je vais reprendre un morceau de barbaque
s'il en reste.
avoir la frite Mme sens et mmes emplois Franois, maintenant, il habite un bled pas
qu'avoir la pche, avec une nuance un peu plus possible au fond des Cvennes.
psychique :
C'tait pas la frite l'autre jour! Je voulais REMARQUE Le bled, absolument, dsigne un
faire un circuit vlo, je me suis dgonfl endroit dsert et dpeupl :
au bout de 5 kilomtres. L o je suis, tu sais, tu vas pas te marrer,
c'est le bled : y a rien !
Le pauvre Sbastien, il a pas la frite, sa
nana l'a laiss tomber. ORIGINE Vers 1920, aprs diffusion pendant la
guerre de 14-18 par les bataillons d'Afrique. De
ORIGINE Vers 1960. Par substitution de la pche. l'arabe bled, pays .
L'assimilation des termes a probablement t
motive par le jeu (d'adolescents) consistant un patelin Un endroit quelconque, ville ou
se donner des coups de doigts secs et vigoureux
sur les parties charnues, ce qui tait douloureux village :
pour la victime et s'appelait faire des frites. Il Qu'est-ce que c'est que ce putain de patelin ?
m'a donn une frite , un coup sur les fesses Je le trouve pas sur la carte...
(annes 1950).
Le mot n'est pas forcment pjoratif :
avoir la patate Mme chose que les
prcdents.
D'avoir reu 10 briques de subvention, a
lui a fil la patate.
(a lui a donn de l'allant et de l'nergie)
Ils habitent dans un joli petit patelin tout rose ORIGINE Dbut 20e sicle. Par jeu sur l'acide
au sud de Brive. picrique, ou picrate, pour voquer l'acidit. En
fait, un jeu de mots sur piquette.
ORIGINE 1889 (G. Esnault). Dformation de
le jaja Mot trs populaire pour dsigner le vin
paque-lin (1628). Le mot tait usuel dans la rouge ordinaire , mais il tend se rpandre,
langue populaire des annes 1890. Cf. Le Pre par une sorte de mimtisme populiste, dans la
Peinard : Tous les dimanches ils s'en vont en bonne socit , un peu par provocation :
balade dans les environs choisissant les Moi, il me faut toujours mon verre de jaja
patelins o il y a une fte. table !
un canon Il s'agit d'un verre de vin rouge, ticulirement avec la police, o les coups de
normalement pris au bistrot (chez soi galement matraque, les jets de pierres, etc., sont utiliss :
en Auvergne), en compagnie, dans un milieu La manif a dgnr. Y a eu pas mal de
populaire exclusivement : commander un castagne.
canon dans une brasserie chic d'un centre-ville
serait dplac. Un ouvrier dira son copain : ORIGINE C'est la francisation , dans le Sud de
Tiens, je te paye un canon !
la France (rgion du rugby), du mot occitan
ORIGINE Fin 19e sicle. Vient d'un mot dialectal castanha, chtaigne (voir COUPS). Ce
du Centre de la France, canne, mesure de vin . nouveau terme s'est rpandu Paris dans les
La rencontre avec le canon d'artillerie parait annes 1930.
fortuite.
la chicore La bagarre. Terme peu frquent,
ressenti comme argotique.
violence physique Les petits loubards l, ils sont heureux quand
il y a de la chicore.
Note prliminaire Sous cette entre sont
regroupes les notions de bagarre , de frapper , ORIGINE obscure. Parat dans le langage ouvrier
de correction corporelle . Les COUPS, les GIFLES et parisien vers 1940 par abrviation de chicore
l'action de TUER qui s'y rattachent sont rangs selon dont l'volution est mal connue.
l'ordre alphabtique.
la baston Appellation rcente (courante dans les
annes 1980) de la castagne par les bandes
LA BAGARRE agressives des banlieues parisiennes. Le mot a t
largement diffus par une chanson de Renaud
la castagne La bagarre collective, ou du moins celle qui porte ce titre : Baston. On dit plutt la que
qui inclut plusieurs pugilistes. Le mot demeure le baston.
attach au monde du rugby o il semble s'tre Le samedi soir, t'as des mecs qui tranent et
cr, et aux coups de poing qui sont sa base : qui cherchent la baston.
Demain dans le match Brive-Agen, y aura de
la castagne, c'est sr. ORIGINE Annes 1970 dans l'argot des
(a va cogner dur !) banlieues. Abrviation humoristique du vieux
mot (incongru dans ce contexte) bastonnade.
Le terme s'est tendu tout affrontement Esnault relve un bas-ton, une gifle chez les
violent, par- voyous de Lyon en 1926, puis du baston chez
les voyous parisiens en 1950, au sens de
mle, bagarre , ce qui est l'origine directe du
vocable actuel.
550 VIOLENCE PHYSIQUE VIOLENCE PHYSIQUE 551
ORIGINE obscure. Probablement une variante une branle Une correction svre administre aussi
de rectifier, tuer, dmolir , lui-mme jeu de bien un adulte qu' un enfant :
mots sur
552 VIOLENCE PHYSIQUE VIOLENCE PHYSIQUE
une rouste Une vole de coups :
Quand il est rentr la maison son pre
lui a foutu une branle. Son pre lui a pass une rouste.
(il l'a corrig vertement)
ORIGINE Mot trs usuel dans le Sud de la France
Ils se sont accrochs la sortie du bal, o il est la francisation de l'occitan rosta. Il est
Georges leur a fil une branle tous les pass dans la langue familire du Nord dans les
deux.
annes 1930, probablement la faveur des
changes sportifs.
Dans le domaine sportif, craser un
adversaire au cours d'un match : une avoine Ce peut tre une simple violence
Ils se sont fait passer une branle par verbale...
l'quipe de Toulouse. Le prof nous a pass une de ces avoines !
REMARQUE Le mot est d'un usage courant, ... mais aussi une vole de coups.
voire le plus usuel, dans la partie sud de la
France. Il reprsente la francisation de una ORIGINE Avoine, en 1866, encore parfois usit
branlade, de mme sens, dans le domaine dans le mme sens. De l'argot des cochers
occitan. de fiacre. Par drision "coup de fouet" qui
stimule le cheval et le fait avancer comme le
ORIGINE Jacques Cellard ne voit apparatre une ferait la promesse d'une ration d'avoine ,
branle dans sa documentation que vers 1960, explique trs urbainement J. Cellard (DFNC).
alors que le terme, en franais, tait usuel ds
les annes 1940 dans le Sud - et bien avant en une dgele Une grle de coups, un chtiment
traduction de l'occitan. Le mot occitan dont svre :
il est le calque, branlade, n'a aucune
Tu vas prendre une dgele !
connotation sexuelle mais rfre au vieil
emploi de branler, bouger, secouer . Il est
ORIGINE 19e sicle. Peut-tre par allusion la
probable que l'expression foutre une branle a
vive douleur que procure le dgel des doigts
t propage tardivement Paris par le
aprs l'ongle, ou des pieds.
langage des sports - le rugby en particulier.
une tanne Une rosse :
trempe Peut se dire d'un coup, d'une gifle...
Il a pris une de ces tannes ! Il s'en
Tu vas recevoir une trempe tout
rappellera !
l'heure !
... mais aussi d'une racle ordinaire : ORIGINE Fin 19e sicle. Par rduction de tanner
le cuir, le battre pour l'assouplir.
Mon pre m'a fil une de ces trempes !
une bille Un visage. Terme autrefois courant, tout berzingue Trs vite. D'usage courant.
peu prs sorti de l'usage prsent; une bonne Elle roulait sur les petites routes de
bille est remplac par une bonne bouille ; le mot campagne tout berzingue.
ne demeure usuel que dans l'expression une
bille de clown, un visage tout rond et ORIGINE Vers 1940 ; obscure. Peut-tre la
panoui : rencontre avec le zinc, l'avion , rput pour sa
Regarde ce gosse, la petite bille de clown vitesse, a-t-elle fix le sens.
qu'il a !
fond toute allure. Par abrgement
ORIGINE 1835. Image probable de la bille de familier de fond de train, locution du
bois (tronc lagu) dont l'extrmit reprsente franais commun.
un cercle. La bagnole roulait fond, elle n'a pas pu
s'arrter.
fond la caisse toute allure, avec une rapidos (prononcer -os') Resuffixation familire
connotation presque argotique que l'usage de rapidement :
frquent a police : Allez ! Faut partir rapidos si on veut pas rater le
Ils sont passs fond la caisse devant la bou- train.
tique !
ORIGINE Vers 1950.
ORIGINE Vers 1920. Sur l'image de caisse,
voiture . bille en tte Directement, sans dtour. Indique
la fois la rapidit et la dtermination, voire
toute biture Trs vite. D'usage assez l'audace, dans l'image ajoute de la tte en
courant, avec une rsonance un peu avant de celui qui fonce brutalement.
humoristique (peut-tre cause de biture,
ivresse ). Ds qu'ils les ont vus, ils ont fonc sur eux bille
Quand il a appris qu'elle tait l, tu l'aurais en tte, sans discuter.
vu se radiner toute biture !
ORIGINE Vers 1950 dans le langage du sport. En
ORIGINE Vers 1920. Origine probablement
nautique : la vitesse du cble qui est fix ralit, la mtaphore est prise au jeu de billard o
l'ancre d'un bateau. l'on joue bille en tte, au sens propre, lorsqu'on
vise la boule en plein milieu, sans effet, pour lui
toute vibure Mme sens, avec un accent donner de la puissance.
humoristique.
Le taxi nous a conduits la gare toute voiture
vibure et nous avons eu le train pile-poil!
(nous avons eu le train juste la une bagnole Terme alternatif aussi usuel que la
seconde prs) voiture elle-mme, quels que soient son aspect
ou ses qualits :
ORIGINE Vers 1930 chez les coliers, selon J. Avec toutes ces bagnoles on a du mal
traverser la rue.
Cellard. Sans doute une formation fantaisiste
par croisement de vitesse et biture, et en Paul aime bien les grosses bagnoles, genre
euphmisme de ce dernier. Mercedes. En ce moment il a une bagnole
neuve.
toute blinde Trs vite. D'usage plus
restreint, consonance un peu argotique.
Ils se sont farci l'escalier toute blinde.
(ils ont grimp l'escalier toute allure)
Vous partez en vacances en bagnole ou par une tire Terme familier argotique pour une
le train ? voiture :
J'ai pris ma tire et j'ai foutu le camp.
a c'est de la bagnole !
(exclamation admirative, parfois prcde Elle est bien ta tire ?
d'un sifflement pour dire : Voil une
magnifique automobile, qui marche ORIGINE 1935-40 en argot (taxis et voyous). Le
superbement bien, moteur trs nerveux, mot s'est gnralis vers 1960 (avec l'accs de la
vitesse de pointe, etc.)
jeunesse la voiture personnelle). Etymologie
ORIGINE Le mot s'est popularis en mme incertaine. Le mot est ressenti par les locuteurs
temps que l'automobile. Attest en 1906 dans comme signifiant le vhicule avec lequel on se
le jargon des chauffeurs (G. Esnault), il se tire (on s'enfuit).
diffuse aprs 1920 et acquiert un usage
gnralis aprs 1950. Il signifiait une chiotte Une voiture, gnralement peu
prcdemment petite chambre malpropre reluisante, vieille et un peu disloque :
mais aussi voiture cheval ou bras Oh moi je monte pas dans sa chiotte ! T'as vu
(ds 1840 pour diligence ). le tas de boue que c'est ? On va rester en rade
tous les coups !
une caisse Terme beaucoup plus familier pour
dsigner une bagnole quelconque. Trs usuel REMARQUE Le mot prte confusion, car pour
parmi les jeunes. toute la jeunesse une chiotte est une mobylette,
Fais-nous voir ta caisse... C'est a ? voire une moto, et pas une voiture. ( cause
Waouh !... de la position assise, genoux relevs, que
Faut que je fasse rparer ma caisse, elle prennent les trs jeunes sur ces engins.)
veut plus dmarrer.
ORIGINE Vers 1950 pour l'usage gnral. Gaston
DRIV fond la caisse Trs vite, toute Esnault relve le mot dans la section sanitaire
allure : 85 en 1918, mais le terme est rest d'un emploi
Ils ont dmarr fond la caisse. trs marginal et rare, ou mme a pu tre
rinvent plus tard par une comparaison
ORIGINE Vers 1960. Par mtonymie. En spontane avec des cabinets.
termes de garagiste, la caisse est la
carrosserie de la voiture. Exemple pour une une chignole Ce terme connotation plus
voiture d'occasion : Le moteur est foutu, populaire que bagnole indique une voiture un
mais la caisse est en trs bon tat (cela ds peu minable, en mauvais tat :
1930). On a dit, ds les annes 1940, une
caisse savon pour dsigner une trs petite
voiture l'habitacle exigu, du genre 4
chevaux (Renault).
562 VOLER VOLER 563
Tu crois pas que tu vas arriver jusqu'en Deux filles l'ont attaque dans le mtro pour
Turquie avec cette chignole ? Tu rigoles. lui faucher sa montre.
ORIGINE Employ ds l'apparition des premires DRIV la fauche dsigne une entit assez
automobiles, le mot dsignait dj une voiture nouvelle dans nos socits, du moins
bras en 1898, et antrieurement une renouvele depuis le 19e sicle : les vols
machine qui tourne chez les ouvriers amateurs sans culpabilit ni remords.
mtallurgistes en 1870 (Esnault). Dans les librairies, la fauche est devenue
considrable, aussi les boutiques sont-elles
un char Une automobile, au Qubec. Usuel quipes de systmes antivol lectroniques.
familier.
Il a chang de char cette anne. Car la fauche sous-entend un chapardage qui
Embarque dans le char! n'est pas destin la revente, mais l'usage
particulier du voleur :
C'est fou la fauche qui existe dans les
En complment Aucun de ces termes ne s'applique
magasins de sous-vtements !
aux diffrentes espces de camions, qui possdent
leurs appellations propres (voir CAMION).
ORIGINE 1835 dans le lexique de Raspail.
D'aprs l'ide de couper les bourses (les
voler faucher) dj en 1713 (G. Esnault).
Note prliminaire Le vol est naturellement, comme barboter Drober, subtiliser, faire main basse
toute action dlictueuse, le paradis de l'argot depuis sur... Le terme est doux et lgrement
ses origines connues au 15e sicle. Le langage humoristique ; il s'emploie en famille.
familier a couru sur les traces des truands et rutilise C'est toi, Emilie, qui m'as barbot mon
un assez grand nombre de vocables issus du monde foulard?
de la pgre.
piquer Voler, prendre. Mme emploi que cravater Voler, confisquer, subtiliser en douce (il y a
faucher: dans cravater l'ide de rafle ) :
Tiens, il me manque un bouquin, je me J'avais trois bouteilles la cave, elles n'y sont
demande qui a pu me le piquer ? plus: je me les suis fait cravater !
Merde ! Je me suis fait piquer ma bagnole ! ORIGINE Vers 1940 dans ce sens. Du sens d'
arrter, faire prisonnier (1926-40).
ORIGINE Vers 1830. Du sens d' attraper au vol, par
hasard . chiper Drober, piquer. Le mot est trs faible ; il
tait nagure employ par les petites filles (qui
tirer Voler, avec une connotation plus lourde que disent maintenant choucraver comme tout le
les termes prcdents : monde) ; aujourd'hui il s'emploie par ironie, ou
Alphonse s'est fait tirer tout son pognon lors bien dans les circonstances dlicates :
d'un voyage en Asie. Il n'avait plus rien Le coquin, il lui a chip sa femme !
pour rentrer.
ORIGINE Milieu 18e sicle. Driv de chipe,
Ah les salauds ! Ils m'ont tir mon sac ! lambeau (G. Esnault)
__________
ORIGINE 1821 au bagne : extraire subtilement
d'une poche (G. Esnault). Mais dj au 16e sicle on En complment Chauffer s'emploie parfois
trouve tirer le torchon, voler les mouchoirs (1566, galement : Je me suis fait chauffer mon stylo !
Rasse des Neuds).
la nuit. Le mot est du registre tout fait Le chien est malade, il a mis du dgueulis partout
conventionnel et il n'est pas obsolte ; un enfant dira sur le tapis !
encore : J'ai envie de rendre. Il se trouve
seulement que depuis vingt vingt-cinq ans les ORIGINE 1680 dans Robert. Sur le modle de
mdecins soucieux d'employer un langage savant dgobiller, antrieur : sortir de la gueule . Le
devant leur clientle ont commenc dire dans les mot dgueulis date de la Rvolution : 1790 dans
familles : Est-ce qu'il a vomi ? , ce qui a fait G. Esnault.
passer ce verbe dans l'usage oral commun, au
dtriment de rendre, qui a fortement rgress. dgobiller Vomir. Le mot est ressenti
traditionnellement comme un euphmisme de
dgueuler Mot alternatif familier pour dgueuler, il sera volontiers employ par une
vomir . Son usage, nagure grossier, tend se femme qui ne veut pas employer le mot cru :
normaliser et beaucoup s'user. La pauvre Annie, depuis qu'elle est enceinte elle
Il y avait un ivrogne hier soir qui dgueulait a toujours envie de dgobiller!
sur le trottoir.
yeux
les mirettes Appellation plaisante pour les
yeux ; d'un emploi limit.
Il en a pris plein les mirettes.
(il a t merveill par le spectacle)
index
ORIGINE 19e sicle. De mirer, vieux mot
franais, ou peut-tre une francisation de
l'espagnol mirar, regarder .
________
a
s'appuyer, 228
accrocher : ardoise :
se l'accrocher, 446 une ardoise, 153
pouvoir se l'accrocher, 446 avoir une ardoise, 153
affaire : la mme affaire*, 394 effacer une ardoise, 153
aglagla !, 255 laisser une ardoise, 153
aile : en avoir un coup dans arme : passer l'arme gauche,
l'aile, 301 361
air : une armoire glace, 246
foutre en l'air, 307 l'arnaque, 531
se foutre en l'air, 307 arnaquer, 531
jouer la fille de l'air, 405 un arnaqueur, 531
Aix : le trou d'Aix, 437 les arpions, 426
un alcoolo, 302 arquer, 341
aligner : arriv : croire que c'est arriv,
aligner (quelqu'un), 550 280
se faire aligner, 145 as :
aller : tre plein aux as, 474
aller pattes, 306 passer l'as, 182, 507
aller au burlingue, 105 attiger, 209
aller au chagrin, 529 attraper la crve, 330
aller au charbon, 528 aussi sec, 448
aller au pucier, 322 une avoine, 553
aller jouer dans le trafic*, 407 avoir :
allumer : avoir dans le blair, 173
allumer (quelqu'un), 550 avoir de la classe, 87
se faire allumer, 125 avoir de la pogne, 329
alpaguer, 74 avoir du bol, 117
amocher, 316 avoir du culot, 195
an ; s'en foutre comme de l'an avoir du fun*, 59
quarante, 287 avoir du pif, 369
ancre ; lever l'ancre, 407 avoir du pot, 117
574 INDEX INDEX 575
avoir du vent dans les voiles, avoir un ticket, 427 baiser : basta, 78
302 avoir une ardoise, 153 baiser (quelqu'un), 529 baston :
avoir du zinc, 81 avoir une culotte, 302 baiser la gueule, 530 la baston, 549
avoir la cosse, 394 un balai, 64 du baston, 549 bastringue : tout le
avoir une de ces ptoches, 423
avoir la crve, 330 balaise (ou balse), 245 bastringue,
avoir une sale tronche, 517
avoir la dalle, 225 balancer : 377
en avoir gros sur la patate,
avoir la dalle en pente, 225 balancer, 308 bataclan : tout le bataclan, 377
529 batailler, 177
avoir la dent, 225 balancer quelqu'un, 308
en avoir gros sur le cur, 529 btard, 355
avoir la flemme, 394 s'en balancer, 289
en avoir plein le casque* (ou bath, 87
avoir la frite, 544 balcon : du monde au balcon,
son casque), 214 bton :
avoir la gerbe, 568 496
avoir la grosse tte, 384 en avoir plein le dos, 213 un bton, 71
en avoir plein les pattes, 306 balse (ou balaise), 245
avoir la jasette*, 399 balle : c'est de la couille en bton,
avoir la patate, 544 en avoir plein les pognes, 329 18
en avoir ras le bol, 213 balle, 70
avoir la peau, 535 peau de balle, 476 0 battre :
avoir la pche, 543 en avoir sa claque, 232 n'en avoir rien battre, 292
en avoir un coup dans l'aile, le trou de balle, 437
avoir la ptoche, 423 ballon : s'en battre l'il, 290
voir le feu au cul, 441 301 bavasser, 399
en avoir un coup dans les car- au ballon, 444
avoir le fou rire, 477 tre rond comme un ballon, 299 baver :
avoir les boules, 132 reaux, 302 baver, 399
n'avoir pas la trouille, 423 un ballot, 283
avoir les chevilles qui enflent, baluche, 283 en baver, 416
384 bandant, 295 en baver des ronds de chapeau,
avoir les chocottes, 423 b bande : 416
avoir les chocottes, 424 par la bande, 293 bavette ; tailler une bavette, 397
avoir les crocs, 225 baba : tre {ou rester) baba, 507 une bande de chariots, 353 le bazar, 169
avoir les foies, 424 une babillarde, 319 banquer, 414 bazarder, 160
avoir les glandes, 133 baraque : casser la baraque, 472 beau :
avoir les ptoches, 423 bacantes (ou bacchantes) : baraqu : tre baraqu, 246 du beau linge, 285,474
avoir les portugaises ensables, les bacantes, 361 baratiner, 397 du beau monde, 285
383 une paire de bacantes, 361 barbant, 205 un beauf, 229,282
avoir l'estomac dans les baffe : la barbaque, 542 bec:
talons, 225 une baffe, 259 se barber, 204 tomber sur un bec, 181
avoir quelqu'un dans le nez, une grande baffe dans la barboter, 563 une prise de bec, 458
173 gueule, 259 barca! (et barca!, et puis une bcane, 93
avoir quelqu'un dans le pif, une bafouille, 319 barca!), 78 les bcosses*, 522
173 une bagnole, 559 le barda, 376 la bectance, 372
avoir son voyage*, 509 bahut : barjo, 248 becter, 337
avoir un coup dans le pif, 369 le bahut, 326 du barouf, 104 bedaine :
avoir un coup de barre, 231 un bahut, 113, 514 barre: avoir un coup de barre, la bedaine*, 539
baigner : 231 en bedaine*, 539
avoir un coup de pompe, 232
a baigne (o tout baigne), 223 se barrer, 401 faire de la bedaine*, 539
avoir un creux, 225
a baigne dans l'huile, 223 baskets : le bedon, 539
avoir un creux l'estomac, 225
bail : tre bien dans ses baskets, 249 bgonias : faut pas pousser
avoir un fun noir (ou vert, ou
a fait un bail, 325 lche-moi les baskets, 318 mme dans les bgonias, 209
bleu)*, 59
la baille, 188 bassinet : cracher au bassinet, une beigne, 260
avoir un polichinelle dans le
tiroir, 197 415 une belle-doche, 230
576 INDEX INDEX 577
une berge, 63 bire : tre de la petite bire*, blase : bonbons : casser les bonbons,
berzingue : tout berzingue, 557 368 un blase, 370 211
besoins : faire ses besoins, 216 une biffe, 130 un faux blase, 370 bonne :
bte ; bifteck : gagner son bifteck, 258 bl: une bonne bille, 556
c'est une bte, 294 bifton : le bl, 67 une bonne bouille, 556
s'clater comme des btes, 430 un bifton, 95 tre fauch comme les bls, bordel :
bton : les gros biftons, 95 408 le bordel, 168
bton, 501 la bignole, 142 bled ; tout le bordel, 377
c'est bton (ou c'est du le bigo, 515 un bled, 545 bordlique, 168
bton), 501 un bigophone, 515 un bled perdu, 545 bords : sur les bords, 420
btonner, 501 bigophoner, 515 un putain de bled, 545 une borne, 311
beuglante : pousser une beuglante bleu : passer au bleu, 183, 506 le boss, 408
bille : se faire de la bille, 502
(ou une gueulante), 137 blinde : toute blinde, 558 bosser, 527
billard :
beurre : faire son beurre, 447 se blinder, 299 bosseur, 527
c'est du billard, 224
beurr : au bloc, 443 bosseuse, 527
dvisser son billard, 361
tre beurr, 300 bobards : raconter des bobards, botter : a me botte!, 427
passer sur le billard, 346
tre beurr comme un petit bottes ; lcher les bottes, 139
bille : 348
Lu, 300 la boucler, 512
une bille, 556 bobchon : se monter le bob-
bzef : pas bzef, 419 un boudin, 241
une bonne bille, 556 chon, 280
un biberon, 100 bouffe :
une bille de clown, 556 bobette :
biberonner, 100 la bouffe, 371
bille en tte, 559 une bobette*, 112
un bibi, 118 une bouffe, 466
toucher sa bille, 266 une paire de bobettes*, 112
bibine : bouffer :
bin's, 170 la bobine, 556
la bibine, 547 bouffer, 336
binette : bobonne, 243
de la bibine, 547 bouffer des briques, 336
la binette, 556 buf :
une bibine, 94, 547 bouffer des kilomtres, 227
se casser la binette, 523, 556 c'est buf!, 497
bide : la bouftance, 372
une drle de binette, 556 c'est un buf, 295 bouger :
le bide, 190, 538 un binoclard, 570 faire son buf, 259 se bouger le cul, 269
faire un bide, 538 les binocles, 570 gagner son buf, 258 se bouger les fesses, 269
prendre un bide, 538 les biscoteaux, 363 un effet buf, 497
un boui-boui, 471
la bidoche, 541 bise ; le trou de bise, 437 bote :
bouille :
bidon : bistrot : fermer sa bote, 513
la bouille, 555
bidon, 235 un bistrot, 96 ferme ta bote camembert !, 513
une bonne bouille, 556
c'est bidon, 235 chez le bistrot, 96 la bote, 106
boule :
c'est du bidon, 235 biter, 140 mettre en bote, 357 perdre la boule, 389
le bidon, 482, 538 un bitos, 119 bol:
un coup de boule, 148
bidonnant, 481 biture ; le bol, 117 avoir les boules, 132
bidonner : une biture, 297 avoir du bol, 117
foutre les boules, 133
bidonner, 235 prendre une biture, 298 le manque de bol, 332 boulonner, 526
se bidonner, 481 toute biture, 558 bombe : faire la bombe, 243 boulot :
bidouiller, 235 se biturer, 297 bomber, 268 le boulot, 525
un bidule, 380 blair : bon : tre boulot-boulot, 525
bien : le blair, 369 bon poids, 431 boulotter, 340, 526
bien roule, 241 avoir dans le blair, 173 tre de bon poil, 278 un bouquin, 322
bien tass, 431 blairer : ne pas pouvoir blairer, 369 pas de bon poil, 278 bouquiner, 323
578 INDEX INDEX 579
bourre : brler le dur, 251 un calbute, 111 le casse-crote, 466
la bourre, 471 tre brl*, 234 un calcif, 111 un casse-crote, 61
un bourre, 435 bu : tre bu, 302 cale : savoir fond de cale, 294 un casse-dalle, 62, 339
bourrer : le buffet, 207 cal, 294 un casse-graine, 62
bourrer, 472 bulle : coincer la bulle, 395 un calendos, 60 casse-gueule, 158
tre bourr, 299 buller, 395 un calibre, 72 casse-pieds, 144
se bourrer, 298 burlingue : les clins, 115 casser :
se bourrer la gueule, 298 le burlingue, 105 les calots, 570 casser la baraque, 472
se bourrer le pif, 298 aller au burlingue, 105 une calotte, 260 se casser la binette, 523, 556
bourrichon : se monter le bour- burnes : casser les burnes, 211 calter : casser la crote, 338
richon, 280 buter, 534 calter, 403 casser la dalle, 339
un bourrin, 126 se calter, 404 se casser la figure, 522
bousiller, 56 C calvaire : tre en calvaire*, 137 casser la graine, 338
la boustifaille, 371 en cabane, 443 la cambrousse, 114 se casser la gueule, 158, 522, 555
bout : un cabochard, 518 la cambuse, 117 se casser la tte, 502
discuter le bout de gras, 397 la caboche, 518 camembert : ferme ta bote se casser le cou, 523
mettre les bouts (ou les bouts un cabot, 128 camembert!, 513 se casser le cul, 194
de bois), 407 camp ; foutre le camp, 402 casser les bonbons, 211
caca : faire caca, 217
une boutanche, 102 un canard, 309 casser les burnes, 211
un cadavre, 103
le boxon, 169 canarder, 519 casser les couilles, 210
cadeau :
se boyauter, 482 canasson : casser les noix, 211
c'est pas un cadeau, 144
boyaux : dgobiller tripes et un canasson, 126 tre cass comme un clou*, 409
boyaux, 567 ne pas faire de cadeau, 498
un cador, 129 un vieux canasson, 126 il nous les casse, 210
branle : canner, 360 se casser, 402
une branle, 551 cafarder, 166
la cafetire, 518 les cannes, 306 un casseur, 112
foutre une branle, 552 un canon, 548 le cassis, 519
branler : un cafouillage, 335
la cantoche, 470 la castagne, 548
s'en branler, 288 cafouiller :
un caoua, 110 cavaler, 150, 268
j'en ai rien branler, 291 cafouiller, 335
carafe ; laisser en carafe, 459 ceinture :
un branleur, 352 a cafouille, 335
se carapater, 405 ceinture!, 445
branque, 251 un cafouilleur, 335
la carne, 543 se mettre la ceinture, 445
un cafouillis, 335
brave : carreau : se serrer la ceinture, 445
cafter, 166
un brave mec, 271 se tenir carreau, 452 la cerise, 77, 333
un cafteur, 166
un brave type, 270 les carreaux, 570 un ch'peu, 148
cailler :
le bricheton, 388 en avoir un coup dans les car- chagrin : aller au chagrin, 529
cailler, 253
briffer, 339 reaux, 302 le chambard, 105
se cailler, 253
le brignolet, 388 la carre, 117 chambarder, 102
se cailler le sang, 254
bringue : faire la bringue, cartes : brouiller les cartes, 176 chambouler, 101
caisse :
244 casque : en avoir plein le casque* chambrer, 358
une caisse, 559
brique : (ou son casque), 214 champ : sacrer son champ* (ou
une caisse savon, 560
une brique, 71 casquer, 414 le champ), 406
fond la caisse, 558, 560
bouffer des briques, 336 calancher, 361 un cassage de gueule, 57 chanter la pomme*, 494
briser : il nous les brise, 210 un calbar, 111 un casse, 112 chapeau :
se brosser, 446 casse-couilles, 144, en baver des ronds de chapeau,
brouiller les cartes, 176 416
brler :
580 INDEX INDEX 581
en chier des ronds de en chier des ronds de colle : chier dans la colle, 192
une claque, 259
chapeau, 416 chapeau, 416 coller : colle-toi a dans le
un char*, 562 en avoir sa claque, 232 coco!, 207
faire chier, 211
charbon : aller au charbon, 528 se faire chier, 204 claqu : tre claqu, 231 se coltiner, 228
charlot : chierie : claque-merde : ferme ton combine : trouver une combine,
un charlot, 353 la chierie, 138 claque-merde!, 513 162
une bande de charlots, 353 claquer, 360 comme c'est pas possible, 90
une chierie, 179
les charmeuses, 362 class ; c'est class, 78 con :
une chignole, 561
charrier, 207, 357 classe : un con, 281
chiotte :
les chsses, 570 avoir de la classe, 87 un grand con, 282
une chiotte, 561
chat : c'est du pipi de chat, 216 c'est classe !, 79 un petit con, 281
les chiottes, 520
une chtaigne, 149 un clbard, 128 un sale con, 282
c'est la chiotte,143
chauffer, 565 un clebs, 128 un cond, 435
chiper, 565
chaussette : jus de chaussette, cloche : une cloche, 283 la confiote, 61
chique: jus de chique,110
111 se taper la cloche, 227, 337 connard :
chaussure : trouver chaussure chochotte : faire sa chochotte, un dodo, 412
340 connard, 282
son pied, 428 une clope, 129 gros connard, 282
chercher des crosses, 458 chocolat : la tablette de chocolat, 362 des clopinettes, 476
chocottes : avoir les chocottes, connasse, 282
chrot, 123 en cloque, 197 une connerie, 282
cheveux : se faire des cheveux, 423, 424 clou : une contredanse, 145
503 choper : des clous!, 476 contrefoutre : je m'en contre-
chevilles : choper, 80 tre cass comme un clou*, 409 fous, 287
avoir les chevilles qui enflent, se faire choper par les flics, 80 clown : une bille de clown, 556 un copain, 62
384 Chose, 274 coco ; une copine, 62
se donner des coups de pied chou : le coco, 207 un coquart, 149
dans les chevilles, 384 rentrer dans le chou, 554 colle-toi a dans le coco!, 207 coquillard : s'en tamponner le
chez : une feuille de chou, 310 rien dans le coco, 207 coquillard, 290
chez le bistrot, 96 choucraver, 564 un coco, 61 un corniaud, 283
chez les flics, 433 chouette : cocotte, 61 corriger, 551
chiader, 528 chouette, 58, 85 cocotter, 453 cosse ; avoir la cosse, 394
chialer, 430 faire la chouette, 58 cur ; en avoir gros sur le cur, costard :
chiant : un choua, 419 529 un costard, 146
chiant, 143, 204 chouraver, 564 coffrer : tailler un costard, 165
chiant comme la pluie, 204 chum*, 63 coffrer, 196 le style costard-cravate, 146
un chiard, 202 le ciboulot, 518 se faire coffrer, 74 costaud, 245
la chiasse, 137 le cigare, 519 cogner, 454 ct : marcher ct de ses
chiatique, 143 cingl, 248 les cognes, 434 pompes, 121, 249
un chic type, 270 cinoche : coin : le petit coin, 521 coton :
la chicore, 549 le cinoche, 131 coincer : coton, 180
des chicots, 167 se faire du cinoche, 131 coincer la bulle, 395 c'est coton, 180
chie : cirer : j'en ai rien cirer, 292 la coincer, 396 cou :
une chie, 90 le citron, 519 coing ; tre bourr comme un se casser le cou, 523
des chies, 90 claboter, 361 coing, 299 se rompre le cou, 523
chier : clamser, 360 colback : un coucou, 81
chier dans la colle, 192 claper, 340 le colback, 147 couic : que couic, 475
en chier, 417 claque : prendre au colback, 147 couille :
582 INDEX INDEX 583
une couille, 179 a craint, 158 un cuistot, 156 dbouler, 77
il y a une couille, 179 cramer, 105 une cuistote, 156 dc: sans dc, 250
c'est de la couille en bton, craques : raconter des craques, cuite : dcaniller, 403
180 347 une cuite, 297 dche :
casser les couilles, 210, 212 craspec, 490 prendre une cuite (une bonne la dche, 410
gonfler les couilles, 212 crasse : faire une crasse, 345 cuite, une sacre cuite), 298 c'est la dche !,410 une
se geler les couilles, 254 cravate : s'en jeter un derrire la se cuiter, 297 dconnante, 250
casse-couilles, 144, 211 cravate, 100 cul: dconner:
un couillon, 282 cravater, 565 avoir le feu au cul, 441 dconner, 250, 334
une couillonnade, 282 une crche, 116 se bouger le cul, 269 a dconne, 334
couillonner, 530 crcher, 116 se casser le cul, 194 sans dconner, 250
coup : crme : tarte la crme, 317 coter la peau du cul, 124 dedans :
le coup de fusil, 125 creux ; un gros-cul, 113 en dedans*, 444
un coup de boule, 148 avoir un creux, 225 un lche-cul, 139 rentrer dedans, 554
un coup de grelot, 516 avoir un creux l'estomac, 225 un peigne-cul, 350 se dfoncer, 193
avoir un coup dans le pif, 369 crve : culot : avoir du culot, 195 dgager, 403
en avoir un coup dans l'aile, la crve, 330 culotte : avoir une culotte, 302 une dgele, 553
301 attraper la crve, 330 culott, 195 dgobiller :
en avoir un coup dans les car- avoir la crve, 330 dgobiller, 567
reaux, 302 crever : dgobiller tripes et boyaux,
d
avoir un coup de barre, 231 crever, 331, 360 567
avoir un coup de pompe, 232 crever la peau, 535 dache ; un dgonfl, 195, 314
pousser un coup de gueule, tre crev, 230 dache, 323 se dgonfler, 314
137 crisse : tre en crisse*, 137 envoyer dache, 324 dgoter (ou dgotter), 533
se donner des coups de pied dans cristallin : s'en fustiger le cristallin, dalle : dgueu, 489
les chevilles, 384 290 que dalle, 475 dgueulasse, 381, 489, 566
couper : crocs : avoir les crocs, 225 avoir la dalle, 225 dgueulbif, 566
couper (quelque chose), 402 croire que c'est arriv, 280 avoir la dalle en pente, 225 dgueuler, 566
se faire couper les douilles, 127 des croquenots, 122 casser la dalle, 339 dgueulis, 566
la courante, 138 crosses : chercher des crosses, 458 un casse-dalle, 62, 339 dgueulpif, 566
courir : croum, 153 danser : faire danser quelqu'un, dguster, 503
courir..., 212 crounir, 361 un dmerdard, 161
551
courir sur le haricot, 212 crote : la dmerde, 162
de la daube, 368
coter : le casse-crote, 466 se dmerder, 161
se dballonner, 315 dnicher, 534
coter la peau des fesses, 124 un casse-crote, 61 dbander : sans dbander, 142
coter la peau du cul, 124 dent ; avoir la dent, 225
casser la crote, 338 dbarrasser le plancher, 407 se dpoiler, 373
coter les yeux de la tte, 124 gagner sa crote, 258 dbecter : drouiller (quelqu'un), 551
une couvrante, 151 croter, 339 dbecter, 175 descendre, 536
cracher : cucu (ou cucul) : a me dbecte, 175 deux ufs sur le plat, 496
cracher au bassinet, 415 le cucu, 438, 499 dbinage, 345 dvisser son billard, 361
ne pas cracher dessus, 261 panpan cucul!, 438 dbiner : dingot, 248
cracra, 490 cuillre : dbiner, 165 dingue, 247
crade, 490 la cuillre, 330 dbiner quelqu'un, 345 dire : je te dis pas !, 91
cradingue, 490 tre ramasser la petite se dbiner, 404 se diriger au pif, 369
crado (ou cradot), 490 cuillre, 234 discuter le bout de gras, 397
craignos, 158 serrer la cuillre, 330
584 INDEX INDEX 585
les doigts dans le nez, 224 une embrouille, 181 tre ct de ses pompes, 249
envoyer des vannes, 358
donner : un sac d'embrouilles, 181 tre l'ombre, 444
envoyer patre, 468
donner rencard, 464 embrouiller : ni vu ni connu tre ramasser la petite
se donner des coups de pied envoyer sur les roses, 468
j't'embrouille!, 181 cuillre, 234
dans les chevilles, 384 s'esbigner, 406
emmerdant, 204 tre baba (ou rester baba), 507
c'est pas donn, 124 emmerder : emmerder, 210 les esgourdes, 382
tre baraqu, 246
dos : en avoir plein le dos, 213 s'emmerder, 203 c'est ; tre beurr, 300
douce : s'emmerder cent sous de c'est au poil, 86 tre beurr comme un petit
en douce, 491 l'heure, 203 c'est bton, 501 Lu, 300
se tirer la douce, 401 s'emmerder comme un rat c'est bidon, 235 tre bien dans ses baskets, 249
les doudounes, 495 mort, 204 c'est buf!,497 tre bien dans ses pompes,
douiller : emmerdeur, 210 c'est class, 79 249
douiller, 125 emmerdeuse, 210 c'est classe!, 86 tre boulot-boulot, 525
a douille, 125 emplafonner, 57 c'est coton, 180 tre bourr, 299
douilles : un en-cas, 62 c'est de la couille en bton, 180 tre bourr comme un coing,
les douilles, 127 encadrer : ne pas pouvoir encadrer, c'est de la tarte, 182, 223 299
se faire couper les douilles, 174 c'est du bton, 501 tre brl*, 234
127 encaisser : ne pas pouvoir c'est du bidon, 235 tre bu, 302
la douloureuse, 415 encaisser, 174 c'est du billard, 224 tre cass comme un clou*,
la drague, 492 enculage : de l'enculage de mou c'est du gteau, 223 409
draguer, 492 ches, 295 c'est du pipi de chat, 216 tre claqu, 231
un dragueur, 493 un encul, 486 c'est fou, 91 tre crev, 230
une drle de binette, 556 enfler : avoir les chevilles qui c'est foutu, 189 tre dans la mlasse, 181
droper, 151 enflent, 384 c'est galre, 176 tre dans la merde, 169,178,
dur : tre dur de la feuille, 383 un en foir, 486 c'est la chiotte, 143 411
duraille, 180 s'engraisser, 447 c'est la dche!, 410 tre dans une merde noire,
une engueulade, 221,457,469 c'est la fin des haricots, 491 178
e engueuler : c'est la galre, 176
c'est le pied!, 429
tre de bon poil, 278
clater : engueuler, 220 tre de la petite bire*, 368
engueuler comme du poisson c'est pas de la tarte, 182, 223 tre de mauvais poil, 278
s'clater, 244, 429
pourri, 220 c'est pas donn, 124 tre dur de la feuille, 383
s'clater comme des btes, 430
engueuler quelqu'un, 457 c'est pas un cadeau, 144 tre en calvaire*, 137
clats : rire aux clats, 477
engueuler quelqu'un comme c'est rp, 190 tre en crisse*, 137
cluser, 100
un pied, 220 c'est rasoir, 205 tre en fusil*, 137
curant*, 193 c'est sensas !, 497
craser : s'engueuler, 220 tre en hrode*, 137
entortiller par de belles paroles, c'est un buf, 295 tre en hostie*, 137
en craser, 185 c'est une bte, 294
s'craser, 513 532 tre en maudit*, 137
une entourloupe, 533 c'est une tte, 294 tre en mautadimme*, 137
effacer une ardoise, 153 un estomac :
entourlouper, 532 tre en ptard, 136
effet buf, 497 avoir un creux l'estomac, 225
entourloupette : tre en rade, 390
emballer, 494 avoir l'estomac dans les
une entourloupette, 532 tre en sacrament*, 137
embarquer, 74 faire une entourloupette, 532 talons, 225
embringuer, 203 tre en tabarnac*, 137
entraver, 141 estourbir, 536 tre en tabarouette*, 137
embrouille : entuber, 531 tincelles : faire des tincelles, tre en torrieu*, 137
envoyer dache, 324 473 tre fart, 302
tre :
tre fauch, 408
586 INDEX INDEX 587
faire le pet, 423 faut :
tre fauch comme les bls, 408 les fafiots, 391 faut pas pousser, 209
tre fliqu, 433 faire : faire le petit, 522
faire le pied de grue, 80 faut pas pousser mm dans les
tre friqu, 473 se faire aligner, 145 bgonias (ou les orties), 209
tre furax, 136 se faire allumer, 125 faire le poireau, 79
se faire mettre la lourde, 436 un faux blase, 370
tre gonfl, 194 faire caca, 217 fayot :
tre gonfl bloc, 195 faire chier, 211 se faire pcho, 80
se faire pincer, 74 un fayot, 139
tre gris, 302 se faire chier, 204 les fayots, 61
tre hachesse, 233 se faire choper par les flics, 80 faire pipi, 216
fayoter, 139
tre le fun*, 59 se faire coffrer, 74 se faire pogner*, 81
fendre :
tre mr, 302 se faire couper les douilles, 127 se faire porter ple, 331
se fendre la gueule, 480, 555
tre nase, 232 faire danser quelqu'un, 551 se faire ramasser, 196
se fendre la pche, 481
tre nasebroque, 233 ne pas faire de cadeau, 498 faire sa chochotte, 340
se fendre la pipe, 481
tre noir, 302 faire de la bedaine*, 539 faire sa fte, 136
se fendre la poire, 481
tre paf, 300 se faire de la bile, 502 faire sauter, 506
fermer : la fermer, 512
tre partant, 441 faire de la lche, 138 faire ses besoins, 216
la ferme !, 512
tre paum, 418 faire de la perruque, 252 faire son beurre, 447
fermer sa bote, 513
tre planqu, 108 faire de la provoc, 458 faire son buf, 259 ferme ta bote camembert !,
tre plein, 302 faire de la taule, 443 faire suer, 212
513
tre plein aux as, 474 se faire des cheveux, 503 faire tintin, 445
ferme ton claque-merde !,513
tre plein comme un tonneau, faire des tincelles, 473 en faire tout un plat, 493
ferraille : de la ferraille, 70
302 faire des frites, 544 faire un bide, 538 fesse :
tre pomp, 232 en faire des kilos, 208 faire un four, 538 de la fesse, 243
tre pompette, 301 en faire des tonnes, 208 en faire un fromage, 208 il y a de la fesse, 243
tre raide, 409 se faire du cinoche, 131 en faire un plat, 208 coter la peau des fesses, 124
tre raide comme un passe-lacet, faire du fric, 65 faire un tabac, 472 se bouger les fesses, 269
409 faire du gringue, 493 faire une crasse, 345 fte : faire sa fte, 136
tre rtam, 301 se faire du mouron, 502 faire une entourloupette, 523 feu:
tre rond, 299 faire du ptard, 103 faire vinaigre, 268 un feu, 72
tre rond comme un ballon, 299 faire du plat quelqu'un, 493 fait : avoir le feu au cul, 441
tre rond comme une queue de faire du rentre-dedans, 493 a fait un bail, 325 feuille ;
pelle, 299 faire du temps*, 444 a fait une paye, 325 tre dur de la feuille, 383
tre sans un, 409 faire fissa, 268 a fait une trotte, 327 une feuille de chou, 310
tre schlass, 300 tre fait, 302 les feuilles (de chou), 383
faire gaffe, 205,452
tre sur la touche, 215 faloter, 483 se fianc :
se faire gauler, 145
tre trs... quelque chose, 440 farcir, 227 fianc, 342
faire la bombe, 243
tre vqure, 231 fard : mon fianc, 343
faire la bringue, 244
tre vid, 232 piquer son fard, 483 figure : se casser la figure, 522
faire la chouette, 86
piquer un fard, 483 filer :
faire la gueule, 134, 555
fastoche, 222 filer, 183
F se faire la malle, 404
la fauche, 563 filer une racle, 183
faire la manche, 413, 456 fauch : fille : jouer la fille de l'air, 405
fcher, 457 se faire la paire, 406 tre fauch, 408 fin : c'est la fin des haricots, 491
faire la peau, 535 tre fauch comme les bls, 408
les faffes, 391 la fiole, 555
faire la tambouille, 154 un fauch, 409
faire la tte, 135 faucher, 562
faire le gros, 522
INDEX INDEX 589
fissa : faire fissa, 268 foutre, 190, 226 fun (ou fonne) : une gang*, 84
flan : rester comme deux ronds s'en foutre, 286 fun*, 59 gteau : c'est du gteau, 223
de flan, 508 je m'en fous, 286 avoir un fun noir (ou vert, ou gauche : passer l'arme gauche,
flemme : avoir la flemme, 394 je n'en ai rien foutre, 291 bleu)*, 59 361
une fleur, 237 s'en foutre comme de l'an avoir du fun*, 59 gauler : se faire gauler, 145
flic : quarante, 287 tre le fun*, 59 un gazier, 273
un flic, 432 foutre en l'air, 307 furax : tre furax, 136 geler :
chez les flics, 433 se foutre en l'air, 307 fusil : se geler les couilles, 254
se faire choper par les flics, 80 foutre le camp, 402 le coup de fusil, 125 se les geler, 254
la flicaille, 433 foutre les boules, 133 tre en fusil*, 137 gerbe :
un flingot, 73 foutre une branle, 552 la gerbe, 568
un flingue, 73 ne pas en foutre une rame, g avoir la gerbe, 568
flinguer : 396 gadin ; a me fout la gerbe, 175
flinguer, 73 foutu ; c'est foutu, 189 prendre un gadin, 524 gerber:
se flinguer, 73 fraise : ramener sa fraise, 77 ramasser un gadin, 524 gerber, 567
flippant, 425 un frangin, 253 la gadoue, 101 gerber, 175,382
flipper : une frangine, 500 gaffe : girafe : peigner la girafe, 396
flipper, 424 fret (ou frette)*, 255 une gaffe, 205 glaglater, 255
flipper mort, 425 fric : faire gaffe, 205,452 un gland, 284
fliqu : tre fligu, 433 le fric, 65, 155 gaffer, 205 glander, 394
un flo*, 202 faire du fric, 65
un gaffeur, 205 glandes : avoir les glandes,
la flotte, 188 gagner du fric, 65
gagner : 133
flotter, 188 le frichti, 155
gagner du fric, 65 un glandeur, 395
le flous (ou flouze), 68 le fricot, 154
gagner sa crote, 258 glauque, 98
fltes : se tirer des fltes, 401 des frimants, 237
foies : avoir les foies, 424 gagner son bifteck, 258 un glaviot, 152
frime :
foirer, 191 la frime, 236 gagner son buf, 258 glavioter, 152
foireux, 192 pour la frime, 236 gagner son pain, 258 un gniard (ou gnard), 202
folingue, 251 frimer, 236 un gail, 127 de la gnognotte, 366
fond: un frimeur, 236 galre : un gnon, 149
fond, 557 une frimeuse, 236 la galre, 176 le gnouf, 445
fond de train, 557 se fringuer, 540 les galres, 176 une godasse, 120
fond la caisse, 558, 560 les fringues, 539 c'est galre, 176 les godillots, 121
savoir fond de cale, 294 friqu : c'est la galre, 176 les goguenots, 520
fonne*. 59 friqu, 66 galrer, 177 les gogues, 520
fortiche, 247 tre friqu, 473 la galette, 69 se gondoler, 482
fou : frite : un galure, 118 gonflant, 134,212
c'est fou, 91 avoir la frite, 544 un galurin, 118 gonfl :
avoir le fou rire, 477 faire des frites, 544 la gamberge, 462 tre gonfl, 194
lcher son fou*, 244 rester comme deux ronds de gamberger, 462 tre gonfl bloc, 195
fouetter, 454 frite, 508 gambiller, 159 gonfler :
four : faire un four, 538 fromage : en faire un fromage, gamelle : ramasser une gamelle, gonfler, 134, 211
fourbi : tout le fourbi, 376 208 524 gonfler les couilles, 212
fourguer, 160 le frometon, 60 un gamin (une gamine), 198 les gonfler, 212
le foutoir, 168 les frusques, 540 gonfler quelqu'un, 195
foutre : se fuiter, 405 un gonze (ou gonse), 239,271
gonzesse :
590 INDEX INDEX 591
gonzesse, 271 gruger, 252 i jus :
une gonzesse, 238, 274 gueulante : pousser une gueulante il y a : un jus, 110
gorge : rire gorge dploye, (ou beuglante), 137 il y a de la fesse, 243 du jus de chaussette, 111
477 gueule : il y a un os, 178 du jus de chique, 111
gosse : la gueule, 554 il y a une couille, 179 jeter du jus, 193
un gosse, 198 vos gueules !,512 imbitable, 140 un tire-jus, 359
une gosse, 198 casse-gueule, 158 incendier, 222 au jus l-dedans !,110
un gougnafier, 351 un cassage de gueule, 57 les infos, 568
goulot : trouilloter du goulot, une grande baffe dans la
454 gueule, 259
goupiller, 229 baiser la gueule, 530 k
une gourance, 206 faire la gueule, 134, 555 keuf, 433
se gourer, 206 pousser un coup de gueule, du kif, 394
grailler, 340 137 J kif-kif, 393
graine : se casser la gueule, 158, 522, jaboter, 399 kiki :
casser la graine, 338 555 jacasser, 397 le kiki, 147
un casse-graine, 62 se fendre la gueule, 480, 555 la jactance, 397 serrer le kiki, 147
un grand con, 282 se pter la gueule, 298 jacter, 397 kilomtres :
une grande baffe dans la se bourrer la gueule, 298 la jaffe, 372 bouffer des kilomtres, 227
gueule, 259 se rtamer la gueule, 523 le jaja, 547 se taper des kilomtres, 227
gras : discuter le bout de gras, se rtamer la gueule par terre, jambe : tenir la jambe quelqu'un, kilos ; en faire des kilos, 208
397 523 318 kroum, 263
une gratte, 263 tirer la gueule, 135 jasant*, 399
gratteux*, 350 un gueuleton, 466 jaser*, 399
un greffier, 119 un gugusse, 272 jasette : avoir la jasette*, 399 l
grelot : les guibolles, 306 jaspiner, 398
grelot, 516 la guigne, 333 un je-m'en-foutiste, 287 lcher :
un coup de grelot, 516 un guinche, 159 lche-moi les baskets, 318
jeter :
une greluche, 242 guincher, 159 lcher son fou*, 244
jeter du jus, 193
greluchon, 242 un gus, 272 laisser :
en jeter, 193
gringue : faire du gringue, 493 laisser en carafe, 459
s'en jeter un (derrire la cra-
gris : tre gris, 302 laisser en plan, 459
vate), 100
les grolles, 121 laisser une ardoise, 153
un jeton, 150
gronder, 457 lambda, 277
jobard,248 un lardon, 202
gros : h un joint, 186
gros connard, 282 hachesse : tre hachesse, 233 le largonji, 98
jouasse, 310 larguer, 459
les gros biftons, 95 haricot :
jouer: une larmichette, 420
un gros-cul, 113 courir sur le haricot, 212
jouer des ripatons, 426 une lavette, 355
en avoir gros sur la patate, c'est la fin des haricots, 491
jouer la fille de l'air, 405 lche : faire de la lche, 138
529 l'herbe, 185
jouer un mauvais tour, 192 un lche-cul, 139
en avoir gros sur le cur, 529 hrode ; tre en hrode*. 137
aller jouer dans le trafic*, 407 lcher :
faire le gros, hostie : tre en hostie*, 137
huile : jules : lcher les bottes, 139
522
une huile, 284 jules, 342 lcher les pieds, 139
grosse :
a baigne dans l'huile, 223 mon jules, 343
une grosse lgume, 284
avoir la grosse tte, 384 la hussarde, 493
se grouiller, 266
grue : faire le pied de grue, 80
592 INDEX INDEX 593
lgume : une grosse lgume, 284 se magner, 267 mm : faut pas pousser moche, 315
pas lerche, 419 un malabar, 246 mm dans les bgonias (ou une mochet, 316
leur, 80 malle ; se faire la malle, 404 les orties), 209 en moins de deux, 448
faire la manche, 413,456 la mme affaire*, 394 moisir, 79
lever l'ancre, 407
une mandate, 150 menu : il nous les brise menu, un mollard, 152
licher, 101
lichtronner, 101 manque : 210 mollarder, 152
une limace, 123 le manque de bol, 332 merde : un mme, 199
du beau linge, 285,474 manque de pot, 117 de la merde, 366 un mmignard, 200
une liquette, 122 le manque de pot, 332 de merde, 367 monde :
un litron, 103 maous, 262 tre dans la merde, 169,178, du beau monde, 285
maquiller (une chose), 533 411 du monde au balcon, 496
loilp, 373 tre dans une merde noire,
une lopette, 355 marcher ct de ses pompes, Monsieur Toulemonde
178 (ou Tout-le-Monde), 276
un loquedu, 412 121, 249 oui ou merde?, 163
en louced, 492 marner, 528 monter :
merder, 192, 335 se monter le bobchon, 280
louche : marrant, 480 merdeux :
louche, 98 se marrer, 479 se monter le bourrichon, 280
merdeux, 367 un morbac, 439
la louche, 330 un marron, 149 un merdeux, 442
serrer la louche, 330 marteau, 251 morfler, 503
un petit merdeux, 442 une mornifle, 260
louf, 98 masse : le merdier, 169
loufoque, 97 des masses, 89 un morpion (une morpionne),
merdique, 169 200, 201
une loufoquerie, 98 pas des masses, 89 merdoyer (ou merdouiller), 192,
louftingue, 251 en masse*, 92 mort : flipper mort, 425
336 moucharder, 166
lougib, 98 mastoc, 501
mtro, boulot, dodo, 525 mouches : de l'enculage de
louper, 191 du mat', 343
mater, 463 mettre : mouches, 295
un loupiot, 201
un maton, 464 mets-la en veilleuse !, 513 un mouflet (une mouflette), 200 la
une loupiote, 201, 318
mettre la lourde, 436 mouise, 410
lourde : maudit : tre en maudit*, 137
se faire mettre la lourde, 436 mouron : se faire du mouron,
la lourde, 436 mautadimme : tre en mauta-
se mettre poil, 373 502
mettre la lourde, 436 dimme*, 137
se mettre au plume, 321 la mouscaille, 410 une
se faire mettre la lourde, 436 mauvais :
se mettre dans les toiles, 321 mousse, 94
lourder, 436 tre de mauvais poil, 278
mettre en bote, 357 un moutard, 201
Lu : tre beurr comme un petit Lu, jouer un mauvais tour, 192
se mettre en ptard, 136 muffle :
300 mec :
se mettre la ceinture, 445 une muffle (ou muffe), 297
mec, 342
mettre la viande dans le tor- prendre une muffle, 298
un mec, 271
chon, 321 mr: tre mr, 302
mon mec, 342
m y mettre le pacson, 378
un brave mec, 271
mettre les bouts (ou les bouts
un sale mec, 271
maboul, 249 de bois), 407
un macab, 109
un macchabe, 109
le mgotage, 349
mgoter : mgoter, 349, 415
se le mettre o le pense, 438 n
un minet, 240 nada !, 476
ne pas mgoter, 415
machin : miraud (ou miro), 363 un nain, 203
un mgoteur, 349
Machin, 275 les mirettes, 570 une nana, 239
mlasse :
un machin, 380 la mlasse, 181 la mistoufle, 411 nase : tre nase, 232
Machinchouette, 275 tre dans la mlasse, 181 le mitard, 75
maganer*, 57 mochard, 316
594 INDEX NDEX 595
nasebroque : tre nasebroque, peigner la girafe, 396
233 P passer :
peinard, 163
passer l'as, 182, 507
des nfles !, 476 le P.Q., 392 passer tabac, 550 peinture : ne pas pouvoir voir en
les nns, 495 pacsif, 379 passer au bleu, 183, 506 peinture, 174
une nnette, 239 pacson : passer l'arme gauche, 361 un pkin, 273
nez : un pacson, 378 passer sur le billard, 346 peler, 254
avoir quelqu'un dans le nez, 173 y mettre le pacson, 378 passer un savon, 469 un plerin, 273
les doigts dans le nez, 224 le paddock, 321 pelle :
patate :
paf : tre paf, 300 tre rond comme une queue de
les nibards, 495 une patate, 71,435
un page, 322 avoir la patate, 544 pelle, 299
les nichons, 495
un pageot, 322 en avoir gros sur la patate, 529 ramasser une pelle, 523
nickel, 87
une paille, 92 prendre des pelles, 524
se nipper, 540 un patelin, 545
pain : peloter, 115
les nippes, 540 pattes :
gagner son pain, 258 penser :
niquer, 530 les pattes, 306
un pain (ou paing), 148 o je pense, 438
nuds : un sac de nuds, 179 aller pattes, 306
paire : en avoir plein les pattes, 306 se le mettre o je pense, 438
noir : tre noir, 302 se faire la paire, 406 pente : avoir la dalle en pente,
se tirer des pattes, 306, 401
noix : casser les noix, 211 une paire de bacantes, 361 225
paum : une ppe, 241
les nougats, 426 une paire de bobettes*, 112
un paum, 353 ppre, 164
patre : envoyer patre, 468 tre paum, 418
o palper, 447 paumer :
des pptes, 70
un ppin, 180, 392
il : le palpitant, 132 paumer, 418
paluche : se taper une paluche, 329 un pquenot, 353
l'il, 263 se paumer, 418 une pquenote, 354
taper dans l'il, 427 la paluche, 328 paye ; a fait une paye, 325
se palucher, 329 perdre :
s'en battre l'il, 290 se payer une toile, 131 perdre la boule, 389
la panade, 411 peau :
ufs : deux ufs sur le plat, 496 perdre les pdales, 389
un panard, 425 peau de balle, 476
un oignon, 357 perpte, 324, 325
paniquer, 389 peau de zbi, 476
oilp, 373 perruque : faire de la perruque,
panpan cucul !, 438 une peau de vache, 488
ombre : tre l'ombre, 444 252
un papelard, 391 avoir la peau, 535
orties : faut pas pousser mm pet : faire le pet, 423
le papier-cul, 392 crever la peau, 535
dans les orties, 209 Ptaouchnok, 323
un paquet d'oseille, 69 faire la peau, 535 ptard :
os : par la bande, 293 trouer la peau, 535 le ptard, 103
de l'os, 72 parole : entortiller par de belles coter la peau des fesses, 124 un ptard,72,186
il y a un os, 178 paroles, 532 coter la peau du cul, 124 tre en ptard, 136
tomber sur un os, 178 partant : tre partant, 441 un pbroque, 392 faire du ptard, 103
oseille : pas: pche : se mettre en ptard, 136
l' oseille, 69 pas bzef, 419 une pche, 148 une ptasse, 242, 351
un paquet d'oseille, 69 pas lerche, 419 avoir la pche, 543 pter ;
pas un poil,421,475 se fendre la pche, 481 pter, 56
o je pense, 438
un Pascal, 95 pcho : se faire pcho, 80 se pter la gueule, 298
oui ou merde ?, 163
passe-lacet : tre raide comme un le pcu, 392 se la pter, 385
passe-lacet, 409 pdales: perdre les pdales, 389 un pteux, 355
pdibus, 341 petit ; le petit coin, 521
un peigne-cul, 350
une peigne, 554
596 INDEX INDEX 597
un petit con, 281 piffer : ne pas pouvoir piffer, 173 placoter*, 399 le pognon, 66
un petit merdeux, 442 pifomtre : une plainte contre X, 277 poids : bon poids, 431
un petit sal, 202 pifomtre, 369 plan : laisser en plan, 459 poil :
faire le petit, 522 au pifomtre, 369 plancher : dbarrasser le plan- poil, 372
petite : une pige, 64 cher, 407 au poil, 86
tre de la petite bire*, 368 piger, 140 une planque, 109, 526 un poil, 421
tre ramasser la petite un pignouf, 351 planquer : un quart de poil, 421
cuillre, 234 le pinaillage, 171 planquer, 108 pas un poil, 421,475
ptochard, 423 pinailler, 171 se planquer, 108 plus un poil, 421
ptoche : un pinailleur, 171 tre planqu, 108 c'est au poil, 86
avoir la ptoche, 423 le pinard, 546 les planqus, 108 tre de bon poil, 278
avoir les ptoches, 423 pince : se planter, 206 tre de mauvais poil, 278
avoir une de ces ptoches, 423 la pince, 328 plaquer, 459 pas de bon poil, 278
un petzouille, 354 serrer la pince quelqu'un, plat : se mettre poil, 373
le pze, 68 328 en faire un plat, 208 tomber sur le poil, 554
des peztes, 68 les pinceaux, 341,426 en faire tout un plat, 493 se poiler, 482
un piaf, 356 pincer : se faire pincer, 74 deux ufs sur le plat, 496 se pointer, 75
une piaule, 116 pinces, 341 faire du plat quelqu'un, 493 poire :
des picaillons, 69 un pinglot, 426 plein ; la poire, 11, 555
picoler, 99 pinter : tre plein, 302 en pleine poire, 555
le picrate, 546 pinter, 101 tre plein aux as, 474 se fendre la poire, 481
pied : se pinter, 299 tre plein comme un tonneau, poireau : faire le poireau, 79
c'est le pied!, 429 pioncer, 184 302 poireauter, 79
quel pied!, 429 pipe ; en avoir plein le casque* (ou son la poisse, 331
engueuler quelqu'un comme un une pipe, 131 casque), 214 poisson : engueuler comme du
pied, 220 en avoir plein le dos, 213 poisson pourri, 220
se fendre la pipe, 481
faire le pied de grue, 80 en avoir plein les pattes, 306 un poivre, 303
pipelette :
lcher les pieds, 139 en avoir plein les pognes, 329 se poivrer, 299
une pipelette, 85
prendre son pied, 426,428 en pleine poire, 555 un poivrot, 303
la pipelette, 141
trouver chaussure son pied, 428 une plombe, 269 polichinelle : avoir un polichinelle
pipi:
se donner des coups de pied dans plonger, 75 dans le tiroir, 197
c'est du pipi de chat, 216
les chevilles, 384-385 un plouc, 354 pomme : chanter la pomme*,
faire pipi, 216
se tirer des pieds, 401 pluie ; chiant comme la pluie, 204 494
piqu, 251
pieu : le plumard, 320 pompe :
piquer :
un pieu, 184 plum : se mettre au plume, 321 une pompe, 121
piquer, 564
le pieu, 320 un pochard, 303 les pompes, 121
piquer son fard, 483 tre ct de ses pompes, 249
se pieuter, 320 piquer un fard, 483 un pochtron, 303
pif: pogne ; tre bien dans ses pompes, 249
piquer un soleil, 483 marcher ct de ses pompes,
le pif, 369 se piquer la ruche, 298 la pogne, 81, 329
avoir du pif, 369 avoir de la pogne, 329 121,249
une piquette, 547 toute pompe, 557
avoir quelqu'un dans le pif, 173 serrer la pogne, 329
pisser : avoir un coup de pompe, 232
avoir un coup dans le pif, 369 pogner:
pisser dans un violon, 296 pomp : tre pomp, 232
se bourrer le pif, 298 pogner* (ou poigner), 81,428
ne plus se sentir pisser, 383 pompette : tre pompette, 301
se diriger au pif, 369 se faire pogner*, 81
les pissoirs, 521 popotin :
pognes : en avoir plein les
les pissotires, 520 le popotin, 438
pognes, 329
le placard, 445
598 INDEX raconter : INDEX 599
remuer le popotin, 438 une prise de bec, 458 raconter des bobards, 348 rat ; s'emmerder comme un rat
tortiller le popotin, 438 promettre : ne pas en raconter des craques, 347 mort, 204
porter : se faire porter ple, 331 promettre, 262 raconter des salades, 347 le rata, 155
portugaises : provoc : faire de la provoc, 458 rade : les ratiches, 167
les portugaises, 383 une prune, 144 en rade, 390 ratoureux*, 266
avoir les portugaises ensa- pucier : aller au pucier, 322 tre en rade, 390 ravag, 251
bles, 383 pure : rester en rade, 390 rebelote!, 215
pot : la pure, 410 tomber en rade, 390 rectifier, 550
le pot, 117 la pure de nous autres!, 411 un radin, 348 refiler, 184
avoir du pot, 117 une purge, 554 se radiner, 76 refroidir, 536
manque de pot, 117 putain : la radinerie, 348 rglo, 145
le manque de pot, 332 putain ! ,214 radis : reluquer, 463
pote : un putain de bled, 545 un radis, 69 un reluqueur, 463
un pote, 62 putasser, 139 plus un radis, 69 rembarrer, 467
une pote, 63 raide ; remuer le popotin, 438
un poteau, 63 tre raide, 409 rencard :
une pouffiasse, 241
une poule, 240
q tre raide comme un passe- un rencard, 464
lacet, 409 donner rencard, 464
poulet : quarante : s'en foutre comme rler, 449 rencarder, 464
un poulet, 434 de l'an quarante, 287 un rleur, 450 rentre-dedans : faire du rentre-
les poulets, 434 un quart de poil, 421 ramasser : dedans, 493
une poupe, 241 en quatrime vitesse, 449 ramasser un gadin, 524 rentrer :
pousser : que : ramasser une gamelle, 524 rentrer dans le chou, 554
pousser un coup de gueule, que couic, 475 ramasser une pelle, 523 rentrer dedans, 554
137 que dalle, 475 tre ramasser la petite repousser, 454
pousser une gueulante (ou quelque : tre trs... quelque cuillre, 234 resquiller, 251
une beuglante), 137 chose, 440 se faire ramasser, 196 un resquilleur, 251
faut pas pousser, 209 les quenottes, 167 du ramdam, 104 restau (ou resto) ;
faut pas pousser mm dans les une ququette, 499 rame : ne pas en foutre une le restau, 470
bgonias (ou les orties), 209 queue : tre rond comme une rame, 396 le restau U, 470
pouvoir : queue de pelle, 299 ramenard, 451 rester :
pouvoir se l'accrocher, 446 les quilles, 307 ramener: rester baba, 507
ne pas pouvoir voir en peinture, une quiquette (ou ququette), 499 ramener sa fraise, 77 rester comme deux ronds de
174 la ramener, 451 flan, 508
prendre : un rameneur, 451 rester comme deux ronds de
prendre au colback, 147 r rp : c'est rp, 190
rapidos, 559
frite, 508
prendre des pelles, 524 rester en rade, 390
prendre la tangente, 407 rab, 505 rappliquer, 76 rtam : tre rtam, 301
prendre son pied, 426,428 le rabiot, 505 raquer, 414 rtamer :
prendre un bide, 538 rabioter (sur quelque chose), 505 ras-le-bol : se rtamer (la gueule), 523
prendre un gadin, 524 racle : le ras-le-bol, 213 se rtamer la gueule par terre,
prendre une biture, 298 une racle, 554 en avoir ras le bol, 213 523
prendre une cuite (une bonne filer une racle, 183 se raser, 205 une retourne, 260
cuite, une sacre cuite), 298 rasoir : c'est rasoir, 205 une reus, 500
prendre une muffle, 298 rideau : tomber en rideau, 390
rien :
600 INDEX INDEX 601
j'en ai rien branler, 291 un rupin, 474 sauce : souffleur : le trou du souffleur,
j'en ai rien cirer, 292 sauce, 60 437
rupiner, 473
je n'en ai rien foutre, 291 la sauce, 189 le souk, 170
j'en ai rien secouer, 292 saucer, 189 sourdingue, 504
un riflard, 393 s le sauciflard, 60 une souris, 240
la rigolade, 479 sac : sauter : sous :
un rigolard, 478 sac, 70 la sauter, 225 les sous, 72
rigoler, 477 un sac d'embrouilles, 181 faire sauter, 506 s'emmerder cent sous de
rigolo : un sac de nuds, 179 savoir fond de cale, 294 l'heure, 203
rigolo, 478 sacquer : savon : speeder, 269
un rigolo, 478 sacquer, 465 une caisse savon, 560 le style costard-cravate, 146
un ringard, 351 ne pas pouvoir sacquer, 172 passer un savon, 469 sucrer :
ripatons : sacrament : tre en sacrament*, savonner, 398 sucrer, 506
les ripatons, 426 137 schlass : se sucrer, 447
jouer des ripatons, 426 sacrer son champ* (ou le un schlass, 73 suer : faire suer, 212
rire : champ), 406 tre schlass, 300 super, 59
rire gorge dploye, 477 salade : schlinguer, 453 un surin, 73
rire aux clats, 477 une salade, 176 un schmitt, 434 suriner, 73
les roberts, 496 raconter des salades, 347 la scoumoune, 333 systme :
le robinet, 499 vendre sa salade, 348 un S.D.F., 413 le systme D, 162
se rompre le cou, 523 sale ; sec : aussi sec, 448 taper sur le systme, 212
rond ; un sale con, 282 une sche, 130
des ronds, 67 un sale mec, 271 secouer : j'en ai rien secouer,
tre rond, 299 un sale type, 270 292 t
tre rond comme un ballon, 299 avoir une sale tronche, 517 un self, 471 tabac ;
tre rond comme une queue de sal : un petit sal, 202 une semie, 114 faire un tabac, 472
pelle, 299 un saligaud, 488 sensas : c'est sensas !, 491 passer tabac, 550
en baver des ronds de chapeau, salingue, 490 sentir : tabarnac : tre en tabarnac*,
416 un salopard, 487 ne pas pouvoir sentir, 172 137
en chier des ronds de salope : ne plus se sentir pisser, 383 tabarouette : tre en taba-
chapeau, 416 une salope, 487 serrer ; rouette*, 137
rester comme deux ronds de flan, toutes des salopes !, 487 serrer la cuillre, 330 tabasser, 550
508 une saloperie, 344 serrer la louche, 330 la tablette de chocolat, 362
rester comme deux ronds de sang : se cailler le sang, 254 serrer la pince quelqu'un, 328 un tac, 514
frite, 508 sans : serrer la pogne, 329 tacos', 514
ronfler comme une toupie, 185 sans dbander, 142 serrer le kiki, 147 un tacot, 514
roses : envoyer sur les roses, 468 sans dc, 250 se serrer la ceinture, 445 une taffe, 130
de la roupie de sansonnet, 476 sans dconner, 250 siffler (quelque chose), 99 tailler :
roupiller, 184 tre sans un, 409 le singe, 407 tailler un costard, 165
un roupillon, 184 sansonnet : de la roupie de san- sinoque, 251 tailler une bavette, 397
rousptance, 451 sonnet, 476 siphonn, 248 se tailler, 401
rouspter, 450 la sape, 541 smala : un talbin, 95
un rouspteur, 450 se saper, 541 la smala, 84 talons : avoir l'estomac dans les
un sapin, 515 toute la smala, 84 talons, 225
une rouste, 553
ruche : se piquer la ruche, 298 soleil : piquer un soleil, 483
602 INDEX INDEX 603
tambouille : tchatcher, 398 tomber sur un bec, 181 la tronche, 517
la tambouille, 154 la tl, 517 tomber sur un os, 178 avoir une sale tronche, 517
faire la tambouille, 154 la tloche, 517 tonneau : tre plein comme un tirer la tronche, 135 un
tamponner : temps : faire du temps*, 444 tonneau, 302 troquet, 97
s'en tamponner, 290 tenir ; tonnes ; en faire des tonnes, 208 trotte : a fait une trotte, 324
s'en tamponner le coquillard, tenir la jambe quelqu'un, une toquante, 356 se trotter, 405
290 318 s'en torcher, 291 trou :
tangente : prendre la tangente, se tenir carreau, 452 torchon : mettre la viande dans le trou, 445
407 tte ; le torchon, 321 le trou d'Aix, 437
une tanne, 553 avoir la grosse tte, 384 une torgnole, 260 le trou de balle, 437
tanner, 293 bille en tte, 559 torrieu : tre en torrieu*, 137 le trou de bise, 437
taper : c'est une tte, 294 tortiller le popotin, 438 le trou du souffleur, 437
taper, 454 coter les yeux de la tte, 124 la tortore, 155 trouer la peau, 535
taper dans l'il, 427 faire la tte, 135 un toto, 439 le troufignard, 437
taper quelqu'un, 456 se casser la tte, 502 le toubib, 346 le troufignon, 437
taper sur le systme, 212 la thune, 67 touche : tre sur la touche, 215 trouillard, 422
s'en taper, 289 toucher sa bille, 266 trouillarde, 422
ticket : avoir un ticket, 427
se taper, 227 Toulemonde : Monsieur Toule- trouille :
les tifs, 127
se taper (quelque chose), 337 monde, 276 la trouille, 422
une tige, 130
se taper des kilomtres, 227 toupie : ronfler comme une toupie, n'avoir pas la trouille, 423
tintin : faire tintin, 445
se taper la cloche, 227, 337 185 trouilloter du goulot, 454
une tire, 561
se taper une paluche, 329 tour : jouer un mauvais tour, 192 trouver :
un tire-jus, 359
le tarbouif, 370 tout : trouver chaussure son pied,
la tirelire, 519
le tarin, 370 tout baigne (ou a baigne), 223 428
tirer :
tarte ; tout le bastringue, 377 trouver une combine, 162
tirer, 564
tarte, 317 tout le bataclan, 377 truander, 531
tirer la gueule, 135 truc ;
tarte la crme, 317 tout le bordel, 377
tirer la tronche, 135 un truc, 379
une tarte, 260 tout le fourbi, 376
se tirer, 400
Monsieur Tout-le-Monde (ou Truc, 275
c'est de la tarte, 182, 223 se tirera la douce, 401
Toulemonde), 276 un trucmuche, 379
c'est pas de la tarte, 182, 223 se tirer des fltes, 401
toutes des salopes !, 487 la tune (ou thune), 67
Tartempion, 276 se tirer des pattes, 306,401
un toutou, 128 le turbin, 526
tartignole, 317 se tirer des pieds, 401
trafic : aller jouer dans le trafic*, turbiner, 526
des tas, 89 tiroir : avoir un polichinelle dans
407 type :
la tasse, 191 le tiroir, 197
train : fond de train, 557 un type, 270
tass : bien tass, 431 toc:
tranquillos, 164 un brave type, 270
les tatanes, 121 du toc, 237 un chic type, 270
une tatouiIle, 554 en toc, 237 trapu, 294
une trempe, 552 un sale type, 270
une tatouille, 554 tocard, 368 une typesse, 274
un taulard, 443 toile : trimer, 527
tripes ; dgobiller tripes et
taule ;
la taule, 442
se payer une toile, 131
se mettre dans les toiles, 321
boyaux, 567 u
un troc, 97
en taule, 442 tomber :
un trocson, 97
faire de la taule, 443 tomber, 75 un de ces..., 91
la trombine, 556
le taulier, 443 tomber en rade, 390 Untel, 276
tronche :
taxer quelque chose, 457 tomber en rideau, 390
la tchatche, 398 tomber sur le poil, 554
604 INDEX
une vole, 554
v voyage : avoir son voyage*,
509
vache : une peau de vache, 488
vu ; ni vu ni connu j't'em-
vachement, 88
brouille!, 181
une vacherie, 344
vanner, 358
vannes : envoyer des vannes,
x
358
X:
vapeur : toute vapeur, 557
X ou Y, 277
veilleuse : mets-la en veilleuse!,
une plainte contre X, 277
513
un vlo, 93
vendre sa salade, 348
vent : avoir du vent dans les
y
yeux : coter les yeux de la tte,
voiles, 302 124
vqure : tre vqure, 231
viande : mettre la viande dans
le torchon, 321
vibure : toute vibure, 558 z
vid : tre vid, 232 zbi : peau de zbi, 476
vinaigre : faire vinaigre, une zzette, 499
268 zigouiller, 535
violon : pisser dans un violon, zinc :
296 un zinc, 81
virer, 308,465 avoir du zinc, 81
vitesse : en quatrime vitesse, le zizi, 498
449 un zonard, 412
voiles : avoir du vent dans les
voiles, 302
voir ; ne pas pouvoir voir en
peinture, 174
RALISATION : P.A.O.
DITIONS DU SEUIL
IMPRESSION : NORMANDIE
ROTO S.A. LONRAI DPT
LGAL : AVRIL 1998. N
31486-1 (98 O989)