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Mariama Bâ

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Mariama Bâ
Fonction
Professeure
Biographie
Naissance
Décès
(à 52 ans)
Dakar, Sénégal
Nationalité
Formation
Activité
Père
Conjoint
Autres informations
Distinctions
Œuvres principales

Mariama Bâ, née le à Dakar, Sénégal et morte dans la même ville le , est une femme de lettres sénégalaise. Elle est issue d'une famille musulmane de l'ethnie Lébous. Dans son œuvre, elle critique les inégalités entre hommes et femmes dues à la tradition africaine. Féministe, elle milite pour une meilleure prise en compte des questions féminines. Elle est notamment fondatrice et présidente du Cercle Fémina. Elle est membre de la Fédération des associations féminines du Sénégal (FAFS). Mais aussi de l’Amicale Germaine Legoff, regroupant toutes les anciennes normaliennes.

Mariama Bâ naît à Dakar au Sénégal en 1929, sous domination française, dans une famille fortunée. Son père était fonctionnaire de l'État puis ministre de la Santé dans un Sénégal devenu indépendant[1].

Après la mort prématurée de sa mère, elle est élevée par ses grands-parents dans un milieu musulman traditionnel[2]. Son père, Amadou Bâ, est devenu ministre de la Santé du premier gouvernement sénégalais en 1957[3].

Elle intègre une école française où elle se fait remarquer par ses excellents résultats. Après son certificat d'études primaires obtenu à 14 ans, elle est reçue première[4], en 1943, au concours d'entrée à l’École normale de Rufisque, qu’elle quitte munie d’un diplôme d’enseignement en 1947[5]. Cette année-là, une de ses compositions, citée par Maurice Genevoix et Jacques Richard-Molard dans l'un de leurs ouvrages[6],[7], paraît dans la revue Esprit[8]. Elle enseigne pendant douze ans dans l’école Faidherbe située dans le quartier de la Médina à Dakar[9] puis demande sa mutation au sein de l’Inspection régionale de l’enseignement pour raison de santé[2].

De son premier mariage, avec Bassirou Ndiaye, elle a trois filles, et du second mariage avec Ablaye Ndiaye une fille Seynabou M.Ndiaye ; elle obtient le divorce de son troisième mari, le député et ministre Obèye Diop, avec qui elle a cinq enfants.

À la suite de son expérience du mariage, Mariama Bâ s’engage pour nombre d’associations féminines en prônant l’éducation et les droits des femmes, particulièrement des femmes mariées[2]. Elle prononce des discours et elle écrit des articles sur la vie des femmes, notamment sur celles dont la vie est défavorisée[8].

Photo noir et blanc d'une femme noire prononçant un discours
Mariama Bâ à l'École normale de Rufisque

Une si longue lettre

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En 1979, elle publie aux Nouvelles éditions africaines son premier roman, Une si longue lettre, dans lequel, la narratrice, Ramatoulaye, utilise le style épistolaire pour faire le point sur sa vie passée après la mort de son mari[10]. Ce livre manifeste l'ambition féministe africaine naissante face aux traditions sociales et religieuses. Dès sa sortie, le roman connaît un grand succès critique et public[11] ; elle obtient le prix Noma de publication en Afrique à la Foire du livre de Francfort en 1980[2].

Un chant écarlate

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Elle meurt peu après d’un cancer[12], avant la parution, en 1982, de son deuxième roman, Un chant écarlate[13], qui raconte l'échec d'un mariage mixte entre un Sénégalais et une Française, du fait de l'égoïsme de l'époux et des différences culturelles[2],[14],[15]. Jeanne-Sarah de Larquier, dans The French Review en 2004, indique dans l'introduction de son analyse du roman que « [...] le conflit entre Mireille et Ousmane est plus complexe qu'il ne paraît et qu'il provient de deux idéologies mutuellement exclusives : une négritude radicalisée pour Ousmane et un égalitarisme oublieux des différences culturelles pour Mireille. »[14].

Portrait dessiné noir et blanc d'une femme noire coiffée d'un turban noué à plusieurs tours
Portrait dessiné de Mariama Bâ

Ses œuvres reflètent principalement les conditions sociales de son entourage immédiat et de l’Afrique en général, ainsi que les problèmes qui en résultent : polygamie, castes, exploitation des femmes pour le premier roman[16] ; opposition de la famille, manque de capacité de s’adapter au nouveau milieu culturel face à des mariages interraciaux pour le deuxième.

Affiliations

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Mariama Bâ milite à partir de la fin des années 1960 dans des associations de femmes. Elle est membre de la Fédération des associations féminines du Sénégal (FAFS)[17], fondatrice et présidente du Cercle Fémina, Secrétaire générale du Club soroptimiste de Dakar)[6]. Elle est aussi membre de l’amicale des Legoffiennes, nom inspiré de Germaine Legoff, première directrice de l’École normale de Rufisque[9], première École normale d’institutrices africaines de l’Afrique Occidentale Française fondée en 1938[4].

Notoriété

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Photo noir et blanc d'une assemblée de femmes noires en grande tenue
Amicale des Legoffiènnes (Mariama Bâ à gauche) dans les années 1970.
Photo couleur de la grille d'entrée d'un établissement scolaires
Maison d'éducation Mariama Bâ à Gorée

L'écrivaine Mariama Bâ fait partie des pionnières de la littérature sénégalaise[5]. Elle est rendue célèbre grâce à son œuvre Une si longue lettre qui est son premier roman publié en 1979. Dans son roman elle décrit les inégalités entre hommes et femmes, les problèmes de castes, l'injustice à l'égard des femmes, les croyances religieuses, les coutumes et les rites notamment pour un enterrement. Elle décrit également le problème de la polygamie qui gangrène la société où pour la plupart du temps les femmes sont meurtries, angoissées lorsqu'elles ont des coépouses qui ont parfois l'âge de leurs enfants[8]. Son œuvre Une si longue lettre a eu tellement de succès que l’État du Sénégal a décidé de le mettre dans les œuvres au programme pour l'enseignement secondaire[18]. Elle a fait de son œuvre, un roman engagé au nom du principe de responsabilité et du devoir de solidarité ce qui lui a valu aujourd'hui de compter parmi les plus célèbres écrivains du Sénégal.

L’école des jeunes filles de l'Île de Gorée porte son nom pour lui rendre hommage et un lycée de Gorée nomme la Maison d’éducation Mariama Bâ en son honneur.

L'artiste sud-africaine Lerato Shadi mentionne Mariama Bâ dans son œuvre-performance Seriti Se [en tswana, dignité, aura, ombre], 2015-2021, présentée lors de l'exposition Ce qui s'oublie et ce qui reste à Paris, au musée de l'histoire de l'immigration. Cette œuvre questionne l'effacement historique de ces femmes dont les noms peints en rouge ou noir sur le mur sont amenés à être progressivement effacés par les spectateurs, à qui l'artiste laisse la responsabilité de s'informer sur leur identité et leur parcours.

Publications

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Notes et références

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  1. (en) « Mariama Ba | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com (consulté le )
  2. a b c d et e Beverley Ormerod et Jean-Marie Volet, Romancières africaines d'expression française : le sud du Sahara, Paris, L'Harmattan, (ISBN 9782738422057)
  3. Birago Diop, Sénégal du temps de -- : Mémoires africaines, Paris, L'Harmattan, coll. « Mémoires africaines » (no 4), , 220 p. (ISBN 978-2-85802-757-6, lire en ligne), p. 37.
  4. a et b Pascale Barthélémy, « La formation des institutrices africaines en A.O.F. : pour une lecture historique du roman de Mariama Bâ, Une si longue lettre », Clio. Femmes, Genre, Histoire, no 6,‎ (ISSN 1252-7017, DOI 10.4000/clio.381, lire en ligne, consulté le )
  5. a et b « Mariama Bâ biography | Femmes », sur fr.unesco.org (consulté le )
  6. a et b Alioune Touré Dia, « Interview de Mariama Bâ », sur aflit.arts.uwa.edu.au, (consulté le )
  7. (en) Mariama et Tobias Warner, « Festac . . . Memories of Lagos », PMLA, vol. 138, no 5,‎ , p. 1172–1176 (ISSN 0030-8129 et 1938-1530, DOI 10.1632/S0030812923001098, lire en ligne, consulté le )
  8. a b et c Kidi Bebey, « « Une si longue lettre », un récit-manifeste sur la condition féminine au Sénégal », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. a et b « Mariama Bâ (1929-1981) », sur Les hussards noirs des savoirs (consulté le )
  10. Éditions Larousse, « Mariama Ba (extrait) », sur www.larousse.fr (consulté le )
  11. (en) « Senegal - Music, Dance, Art | Britannica », sur www.britannica.com (consulté le )
  12. « Mariama Bâ, écrivaine engagée », sur L'Histoire par les femmes, (consulté le )
  13. Julie GONNET, « « Un chant écarlate » : le dernier roman de Mariama Bâ, plus actuel que jamais », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  14. a et b Jeanne-Sarah de Larquier, « Pour un humanisme du compromis dans "Un Chant écarlate" de Mariama Bâ », The French Review, vol. 77, no 6,‎ , p. 1092–1102 (ISSN 0016-111X, lire en ligne, consulté le )
  15. « Mariama Bâ, une romancière engagée et talentueuse », sur lepetitjournal.com (consulté le )
  16. (en-US) Melissa Turner, « Mariama Bâ (1929-1981) • », sur Black Past, (consulté le )
  17. « FAFS - Fédération des Associations de Femmes Sénégalaises », sur courantsdefemmes.free.fr (consulté le ).
  18. « rokhaya diallo », sur le gramme, (consulté le ) : « as-tu un auteur favori à ce propos? il y a deux auteurs sénégalais que j'adore, Mariama Bâ et Ousmane Sembene. ce sont deux auteurs qui sont au programme scolaire sénégalais et que j'aime beaucoup relire. »
  19. « Parution | Carnets de littératures africaines », (consulté le )

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Bibliographie

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  • Mame Coumba Ndiaye, Mariama Bâ, ou Les allées d'un destin : essai, Dakar, Nouvelles Éditions africaines du Sénégal, coll. « Essais, monde d'hier, monde de demain », , 256 p. (ISBN 9782723616461, lire en ligne)
  • (en) Ada Uzoamaka Azodo, Emerging perspectives on Mariama Bâ : postcolonialism, feminism, and postmodernism, Trenton, NJ, Africa World Press, , 483 p. (ISBN 9781592210282, lire en ligne)
  • (en) Faustine Ama Boateng, At the crossroads : adolescence in the novels of Mariama Bâ, Aminata Sow Fall, Ken Bugul and Khadi Fall (thèse), Howard University, , 302 p. (OCLC 34283875, lire en ligne)
  • (en) Deborah G. Plant, « Mythic Dimensions in the Novels of Mariama Bâ », Research in African Literatures, vol. 27, no 2,‎ , p. 102-111 (lire en ligne Inscription nécessaire)
  • (en) Wanjiku Mukabi Kabira, A letter to Mariama Bâ, Nairobi, University of Nairobi Press, , 34 p. (ISBN 9789966846785, lire en ligne)
  • Lilyan Kesteloot, Mariama Bâ dans Anthologie négro-africaine : panorama critique des prosateurs, poètes et dramaturges noirs du XXe siècle, Vanves, Edicef, (ISBN 9782850697609, lire en ligne), p. 468-469
  • (en) Susan Stringer, « Cultural Conflict in the Novels of Two African Writers, Mariama Bâ and Aminata Sow Fall. », A Scholarly Journal on Black Women,‎ , p. 36-41 (lire en ligne)
  • (en) Dorothy D.Wills, « Economic Violence in Postcolonial Senegal ; Noisy Silence in Novels by Mariama Bâ and Aminata Sow Fall », Violence, Silence, and Anger : Women's Writing as Transgression,‎ , p. 158-171 (lire en ligne)
  • Médoune Guèye, « La Question du féminisme chez Mariama Bâ et Aminata Sow Fall », The French Review, vol. 72, no 2,‎ , p. 308–319 (ISSN 0016-111X, lire en ligne, consulté le )
  • Chandra Feupeussi, La question de l'épanouissement de la femme dans "une si longue lettre", Grin Verlag, (ISBN 3-346-17475-1 et 978-3-346-17475-8, OCLC 1157974184, présentation en ligne)
  • Arnaud Perret et University of North Texas, Mariama Bâ : Un féminisme né à l'intersection de deux cultures., vol. 45-01 (thèse), , 95 p. (ISBN 978-0-542-78332-6 et 0-542-78332-0, OCLC 1053050719, présentation en ligne, lire en ligne)
  • (en) Pascale Abadie, Therese Migraine-George et University of Cincinnati. Romance Languages & Literatures, Vers de nouveaux horizons dans la litterature feminine d'Afrique subsaharienne: de Mariama Ba à nos jours, vol. 76-01A (thèse), (ISBN 978-1-303-93578-7 et 1-303-93578-3, OCLC 1257960309, présentation en ligne)
  • (en) Margaret Busby (extraits de So long a letter), Mariama Ba dans Daughters of Africa : an international anthology of words and writings by women of African descent from the ancient Egyptian to the present, New York, Ballantine Books, , 1093 p. (ISBN 9780345382689, lire en ligne), p. 340-345

Articles connexes

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Liens externes

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