Coup Raman
Type |
Coup aux dames (d) |
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Le coup Raman est une combinaison du jeu de dames pouvant se présenter au huitième temps de la partie.
Il porte le nom du champion néerlandais Freek Raman[1] depuis son match contre des maîtres français en 1937.
Principe du coup Raman
modifierNotation | Signification |
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30-24 | Coup des Blancs |
(20x29) | Prise des Noirs |
! | Coup fort |
? | Coup faible |
Ce coup de dame célèbre est rendu possible par une faute adverse dans le développement de la grande diagonale[2]. C'est la sortie du pion noir 5 qui est sanctionnée et qui permet aux Blancs d'aller à dame.
Cette combinaison peut se produire à l'issue de deux débuts différents qui aboutissent à la même disposition des Noirs. Celle des Blancs présente soit une case ouverte à 42, soit à 44[3].
Début n°1 :
1. 33-28 (19-23)
2. 28x19 (14x23)
3. 39-33 (10-14)
4. 44-39 (14-19)
5. 33-28 (17-21)
6. 31-27 (21-26)
7. 34-30 (5-10?)
Début n°2 : Ce second début a été proposé par Marcel Bonnard en 1955[4].
1. 32-28 (19-23)
2. 28x19 (14x23)
3. 37-32 (10-14)
4. 33-28 (14-19)
5. 42-37 (17-21)
6. 31-27 (21-26)
7. 34-30 (5-10?)
Les deux débuts empêchent déjà la sortie (5-10?) aux cinquième et sixième temps, d'une part par le coup de mazette 6. 28-22 (18x27) 7. 31x22 8. 34-29 9. 32x5 et d'autre part par le coup du moulinet 7. 27-22 (18x27) 8. 38-33 (27x29) 9. 37-31 (23x32) 10. 34x5[5].
Le coup Raman consiste à jouer 30-24! après l'erreur (5-10?) commise au septième temps de la partie.
C'est une combinaison rendue difficile[6] par la présence de trois variantes qu'il convient de connaître[7]. Voir animation.
La meilleure défense des Noirs est 8. … (20x29A) 9. 27-22 (18x27) 10. 32x21 (23x32B) 11. 38x27 (26x17) 12. 27-22 (17x28) 13. 39-33 (ad lib) 14. 43x5 Les Noirs sont donc victimes d'un coup de l'aiguille puis d'un coup parallèle.
Si les Noirs optent pour B 10. … (26x17) ou (16x27) les Blancs profitent du « temps de repos » pour attaquer : 11. 39-34 (23x32) 12. 34x5
Enfin, si dès le départ les Noirs choisissent le coup du chapelet A 8. … (19x30) 9. 28x19 (13x24), les Blancs promenent le pion 26 et concluent par un coup droit 10. 37-31 (26x28) 11. 39-33 (28x39) 12. 43x5
Dans tous les cas les Blancs obtiennent une dame sans avoir pour cela concédé de matériel.
Ces trois variantes sont issues d'une étude d'un début de partie de Raman qu'a réalisée Paul Sonier avant 1945[8].
Cette combinaison a été publiée en 1953 sous le nom de Coup de dame genre Raman[9]. Elle a depuis été décrite sous le simple nom de coup Raman[10].
Partie historique
modifierAprès avoir été Champion des Pays-Bas en 1933, Freek Raman fut invité en 1937 à Paris pour jouer contre des maîtres français[11].
Son coup de dame victorieux contre Pierre Dionis, au treizième temps de la partie, marqua les esprits et la littérature damique française s'enrichit alors d'un « coup Raman »[12].
Cette combinaison n'est toutefois pas la même que celle décrite plus haut et qu'on nomme aujourd'hui coup Raman.
Dans la partie historique, Raman empêche la sortie du pion 5 du cinquième au dixième temps de la partie. Et quand Dionis peut enfin jouer 5-10 au onzième temps, il est face à trois menaces combinatoires et commet l'irréparable au douzième temps. Sur les onze mouvements qu'il pouvait jouer, un seul ne perdait pas.
Déroulement de la partie :
- Après le début 1. 32-28 (19-23) 2. 28x19 (14x23) 3. 37-32 (10-14) 4. 41-37 (14-19), Raman interdit systématiquement la sortie du pion 5. D'abord au cinquième temps avec 5. 33-28, qui menace du simple coup de mazette déjà vu précédemment.
- Puis au sixième temps, après 5. … (17-21) 6. 31-27, il empêche 6. … (5-10?) par la menace d'un coup du moulinet de même qu'au septième temps après 6. (21-26) 7. 38-33.
- Après 7. … (11-17) 8. 43-38, Raman menace toujours de damer au neuvième temps sur la réponse 8. … (5-10?). Dionis continue alors par 8. … (17-22) 9. 28x17 (12x21) mais, après 10. 33-28, le pion 5 ne peut toujours pas sortir sous peine d'un coup du moulinet.
- Dionis joue 10. … (7-12), Raman répond 11. 39-33 ce qui permet enfin au Français de jouer 11. … (5-10). Mais après 12. 33-29, dix des onze réponses des Noirs sont perdantes. Trois le sont par le coup du moulinet, à savoir les mouvements 12. … (20-24?), (20-25?) et (6-11?).
- Et sur 12. … (10-14?) il y a 13. 29-24 (19x39) 14. 28x10 qui gagne un pion.
- Dionis évite ces menaces mais ne voit pas qu'après 12. … (1-7?), comme aussi après (2-7?) et (12-17?), il y a le coup parallèle gagnant 13. 37-31! (26x37) 14. 32x41 (21x43) 15. 48x39 (23x32) 16. 29-24 (20x29) 17. 34x5 abandon des Noirs.
Bibliographie
modifier- Julien Lanfrey, Daniel Lanfrey, « Le coup Raman », sur www.jeudedames-rhonealpes.fr.
- Rodolphe Cantalupo, L'art de jouer aux dames : La conduite de la partie, Le Triboulet Monaco, , 361 p..
- Daniel Lanfrey, Gérard Rajaut, Tactique au jeu de Dames, t. 2, Lanfrey, , 48 p..
- (nl) Gerrit de Winkel, Dammen van A tot Z, Bennekom, , 116 p. (ISBN 90-9003888-4).
- (nl + fr) Arie van der Stoep, Alle typezetjes. Tous les coups pratiques, van der Stoep, , 2e éd. (1re éd. 2002), 232 p. (ISBN 9070871297).
- Marius Fabre et Pierre Lucot, Manuscrit du Maître International Marius Fabre, , 35 p. (lire en ligne).
Notes et références
modifier- Lanfrey. « Le coup Raman : Du nom du joueur hollandais Freek Raman champion des Pays-Bas en 1933 […]. »
- Cantalupo, p. 146. « Il est provoqué par un coup fautif dans le développement de la grande diagonale »
- Lanfrey. « Coup Raman », « Donc 2 marches possibles qui aboutissent à la même position des noirs. Pour les blancs le trou est à 42 ou à 44. »
- Cantalupo, p. 147. « Bonnard signale que la combinaison peut aussi être amenée dans l'ouverture 32-28 ce qui est probablement inédit. »
- Cantalupo, p. 147.
- Winkel, p. 75-76. « RAMAN, ZETJE VAN- », diagramme « 145. *** WD-0 »
- Cantalupo, p. 146-147. « […] mais la manœuvre est délicate et il faut en connaître les variantes pour la conduire à bonne fin. »
- Fabre 1945, p. 26. « D'après une étude de début de partie de RAMAN réussie par SONIER »
- Stoep, p. 157. « […] kopje “Coup de dame genre Raman” in “L'Effort” 28 [1/2-1953:16], waarin het dammetje van □690 een plaatsje kreeg. » N.D.L.R. Traduction : « […] intitulé « Coup de dame genre Raman » de « L'Effort » n°28, dans lequel le coup de dame du □690 avait sa place. »
- Cantalupo, p. 147. « Le « Coup Raman » est connu en France depuis 1937 (Revue Lecocq), Raman l'ayant alors exécuté à Paris. »
- Stoep, p. 156. « In juli 1937 nodigde de Franse dambond Freek Raman uit om aan te treden tegen de bloem der Parijse dammers. » N.D.L.R. Traduction : « En juillet 1937, l'association française de dames invite Freek Raman à affronter la fleur des dames parisiennes. »
- Stoep, p. 156. « Deze verrassende winst werd betreurd en bejubeld in “La revue française du jeu de dames’’, en sindsdien is de Franse literatuur een 'Coup Raman' rijker. » N.D.L.R. Traduction : « Ce gain surprenant a été déploré et applaudi dans La revue française du jeu de dames, et depuis, la littérature française s'est enrichie d'un « Coup Raman ». »