En raison de la dense matière accumulée, il aurait presque pu succomber à la gourmandise du triple album. Finalement sur la ligne d’arrivée, Noé Preszow a conservé treize morceaux pour livrer son deuxième chapitre discographique. Qui impose un ton. Incisif et conscient. Désenchanté et lucide. Combatif et authentique. Indocile et profond. En ouverture, l’épique L’intime et le monde, en est le carbone. Au sein de ces deux mondes étroitement liés, les mots se culbutent en contraste et en opposition. Du souffle, du constat couperet, des allers-routes mouvants. Sentiments antagonistes qui disent tellement des obsessions de l’auteur-compositeur-interprète : son lien exacerbé à ce passé traversé trop vite et encore mal digéré, sa désolation du chaos intérieur géopolitique, l’exil, le devenir d’autrui. Chanson à la rythmique implacable dans la lignée d’A nous, hymne aussi insoumis que réconfortant, involontairement débarqué à l’entrée du confinement et première carte de visite marquante du Bruxellois il y a quatre ans. Gonflée par Que tout s’danse, autre single sacrément assuré, elle lui aura permis de franchir d’emblée de multiples portes. Celles des radios FM, des premières parties de Lavilliers et Souchon, de la Cigale, des Victoires la musique (nomination en catégorie révélation masculine), de la scène principale des Francofolies de La Rochelle. La scène bien sûr, aire de jeu révélatrice dans son cas d’une poigne et d’une vitalité exhibée, dégommant une nonchalance passive de façade. Saveurs rock au creux d’une chanson française précise et batailleuse, dont les effusions transpirent à pleine gomme sur ce second album.