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Fondé en 1964 par les guitaristes Wayne Kramer et Fred « Sonic » Smith, vite entourés d’un chanteur fan de free jazz au point de se rebaptiser Rob Tyner (pour McCoy Tyner) et d’une rythmique solide constituée du bassiste Michael Davis et du batteur Dennis Thompson, MC5 (pour « Motor City Five » - Motor City est le surnom de la ville de Detroit) commence par sortir un single auto-produit, une reprise de « I Can Only Give You Everything » des Them, assez remarqué au niveau local.
Très politisés, ces musiciens fans de blues, de rock n’roll et de jazz adoptent comme manager John Sinclair, le fondateur du White Panther Party, qui fait de leurs concerts de véritables meetings, identifiables par le volume élevé, leur attitude sauvage et les audaces guitaristiques de Kramer et de Smith. Leur réputation de bêtes de scène leur vaut d’être remarqués par Elektra, auprès de qui ils obtiennent un premier contrat – ils en profitent, dans la foulée, pour recommander un groupe originaire de leur région : les Stooges. Elektra les ayant lâchés après leur premier album (le fameux live Kick Out The Jams de 1969)*, Atlantic les récupère avec une avance de $50,000 pour leurs deux disques suivants, Back In The USA et High Time, qui, cette fois-ci, seront enregistrés en studio. Aucun ne connaîtra un succès commercial significatif. Entre temps, John Sinclair, cible de l’establishment, a été embastillé pour possession de marijuana et, privé de son influence, le groupe partira vite à la dérive.
En 1972, leur seul passage en France – qui inclura une étape au château d’Hérouville - sera immortalisé par des caméras de télévision pour l’émission Pop 2. C’est le moment qu’ils choisissent pour renvoyer Michael Davis, depuis longtemps accro à l’héroïne ; presque complètement lâché par son public, le groupe sans plus d'illusions ne tardera pas à se séparer.
Après une collaboration avec Johnny Thunders au sein de Gang War, Wayne Kramer écope d’une peine de prison pour trafic de drogue et, ironie du sort, retrouve Michael Davis derrière les barreaux. Dennis Thompson, lui, joue avec l’ex-Stooges Ron Asheton dans le projet New Race et Fred « Sonic » Smith fonde le Sonic’s Rendezvous Band, puis une famille avec la chanteuse Patti Smith. Devenu manager et producteur, Rob Tyner meurt dans un quasi-anonymat en 1991, Fred Smith le suivant trois ans plus tard.
Tout le monde croit que l’histoire du MC5 s’arrête là pour de bon, d’autant que, sitôt remis en liberté, Wayne Kramer a entamé une carrière solo et sorti toute une série d’albums. Pourtant, l’improbable se produit en 2003, lorsque les trois membres restants se réunissent pour tourner dans de petites salles aux Etats-Unis et en Europe, d’abord sous le nom de DKT/MC5 puis celui de DKT tout court (pour Davis, Kramer et Thompson), invitant divers chanteurs et guitaristes de leurs amis (Lisa Kekaula, Handsome Dick Manitoba, Evan Dando, Mark Arm, Gilby Clarke) à leur donner un coup de main. Mais même les fans hardcore auront du mal à reconnaître là leur groupe-culte. Difficile de savoir ce qu’il en adviendra une fois passé l’effet de curiosité.