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Lorsqu'elle arrive à Memphis à l'âge de treize ans, Lizzie Douglas est déjà une musicienne aguerrie. En quelques années, elle s'impose dans le quartier de Beale Street sous le nom de Memphis Minnie. Sa voix traînante, ses compositions aux métaphores sexuelles osées, son physique avantageux et son jeu de guitare, swinguant et précis, très en avance sur son temps, en font la « reine » incontestée du Memphis blues des années de dépression. Elle enregistre abondamment avec son mari Joe McCoy – qui deviendra aussi un bluesman influent – et avec le Memphis Jug Band, l'orchestre le plus populaire de la ville.
Dans les années 30, Minnie s'installe à Chicago. Là aussi, elle bouscule quelque peu le style jazzy et sophistiqué alors en vigueur en favorisant une musique plus brute, pleine de rythme et d'audace.
Une pionnière. Ce style, qui modernise en fait le blues rural, préfigure le futur Chicago blues électrique de Muddy Waters ou Howlin' Wolf et fait de Minnie une des blueswomen les plus populaires des quartiers noirs.
Durant les années 30 et 40, Minnie enregistre sans cesse, surtout pour Columbia, et accumule les succès («Bumble Bee Me », « My Chauffeur », « Hoodoo Lady »). Elle est une des premières à utiliser la guitare électrique et est accompagnée par certains des meilleurs musiciens de Chicago, dont son deuxième mari, Ernest Lawlars.
Après la guerre, elle connaît un certain déclin malgré quelques beaux disques pour JOB, Regal et Chess (avec Little Walter). Malade, elle se retire à Memphis en 1959, laissant une œuvre exemplaire.
La pionnière s'éteint à l'âge de 76 ans le 6 août 1973 dans la bonne ville qui lui a donné son nom d'artiste.