Ecoutez mon nouveau single "J’vais passer l’âge" !
C’est l’album d’une renaissance. Un album de chair et de sang, d’amour et de miel, où les textes narquois et légers se posent sur des nappes électro et des beats aussi essentiels que les battements du cœur, parfois discrètement chaloupés comme une bossa, d’autres fois carrément disco, toujours présents. Tout est fluide dans ce deuxième album pop qui marque un tournant radical dans la jeune carrière de Laurie Darmon, 28 ans, auteure-compositrice-interprète, et où tout coule naturellement comme un fleuve ininterrompu d’histoires, de personnages, de mots, de vie. Et qui magnifie en elle la « Femme Studio » (titre de l’album au sens pluriel), la musicienne aux multiples facettes qui a écrit, composé, arrangé et réalisé en partie son album chez elle, et pris en charge pratiquement en solo toute la production de l’opus en question (elle a créé son propre label, Lionne Records).
Pour comprendre comment elle en est arrivée là, à cette explosion déroutante de couleurs, de confessions et de sons, il faut revenir en arrière. Faire un arrêt sur images sur « Mai 2018 », le morceau parlé long de 7’26’’ où elle évoquait publiquement, et pour la première fois, l’anorexie mentale dont elle a souffert de dix-sept à vingt-sept ans. Retenir ce témoignage bouleversant. Et l’écouter ensuite dire sa guérison. Son besoin soudain d’être confrontée au risque et à l’urgence, comme si les digues d’un afflux de vie trop longtemps contenu s’étaient soudainement rompues. Sa rupture radicale avec son quotidien d’avant (changement d’équipe, changement de maison de disques, séparation dans sa vie privée). Son envie, inconsciente et irrépressible, de se confronter dans des chansons, écrites d’un trait, en à peine un mois et demi, à la nouvelle femme qu’elle est devenue, plus joueuse, plus sensuelle, plus désirante et plus impertinente aussi. Celle qui ose dire, les yeux dans les yeux, à un amant potentiel : « Bah ouais je t’aime / c’est pas une honte, putain de merde / Mais qu’est-ce qu’tu vas faire / Me balancer par terre ? », quitte à scandaliser le jeune mâle prompt à nier jusqu’à la mort, par pudeur ou par bravade, ses sentiments. « C’était très jouissif, très inattendu et très nouveau » dit-elle en parlant de ce jaillissement salvateur de création qu’elle a ensuite terminé en studio avec l’aide de Gaspard Murphy (Superbus) et Stan Neff (Polo & Pan).
Car c’est bien une libération qu’effleurent ces quinze titres, aussi variés que des tranches de vie, drôles comme un pied de nez, qu’on a parfois envie de chanter à tue-tête, tant leur énergie est contagieuse (« Extase », « Poète maudit »). Libération de la chrysalide devenue papillon. Libération de la parole et de l’esprit, qui s’aventure dans de nouvelles voies, prend des chemins de traverse, s’affranchit du regard de la société. « J’avais envie de suggérer des sexualités différentes avec « Stéphane et Stéphanie » ou « Que tu te déhanches devant moi », très simplement, sans volonté de choquer, explique-t-elle. Même si, au vu de certaines réactions, j’ai bien compris que ce qu’on acceptait de la part de rappeurs ne passait pas toujours dans la bouche d’une femme. » Libération enfin d’une écriture, qui se fait moins littéraire mais pas moins riche, plus taquine, plus spontanée aussi, s’inspirant aussi bien du flow propre au hip hop qu’à la chanson française. Libération spontanée, créatrice, heureuse. En s’affranchissant des codes, Laurie Darmon nous ravit, nous enflamme, nous attendrit, nous touche.