L'après-Taxi Girl fut dur à gérer pour Daniel Darc. Produit par Jacno, il entame une carrière solo à la fin des années 1980 avec des 45-tours qui font tous des flops et un album introspectif et confidentiel : Sous Influence Divine (1987). L'année suivante est marquée par une collaboration discrète avec son colocataire Bill Pritchard, Parce Que (tiré à trois mille exemplaires numérotés) et l'EP « La Ville » produit par Etienne Daho. Puis un long silence jusqu'en 1994 où il offre un bel album, Nijinsky - qui sera lui aussi ignoré - avant de se retrouver sans contrat discographique.
Comme ses thèmes le laissaient présager, le chanteur se convertit au protestantisme et s'essaie brièvement à la critique rock, publie des nouvelles (une demi-douzaine dont Ombremort), mais, comme beaucoup de chanteurs-vedettes des années 1980, il n'échappe pas à la traversée du désert, qui passe pour lui par les cases « hôpital » et « prison » (il survivra à plusieurs overdoses).
Précédé par une rétrospective (Le Meilleur de Daniel Darc), le come-back inespéré survient début 2004 avec le magnifique Crève-Coeur, qui lui attire les louanges de la presse et d'un public enthousiaste, séduit par sa personnalité d'écorché vif et son attitude toujours provocante et rebelle. À nouveau d'aplomb, il part en tournée et multiplie les collaborations de Cali à Tchéky Karyo et d'Elisa Tovati à Buzy pour Comme des Papillons... jusqu'à Patrick Eudeline (« Comme disait l'ami Johnny Rotten ») et Thierry Amiel (« Sacré coeur »). Il reçoit une Victoire de la Musique en tant que « Révélation de l'année »... à 46 ans : plutôt que le garçon, cherchez l'erreur...
En 2007, Daniel Darc prend part à la tournée des « Aventuriers d'un autre monde » et termine le roman Punk prose OD. Dans la foulée, il enregistre un nouvel album, Amours Suprêmes, dont le titre fait référence au fameux chef d'oeuvre de John Coltrane. Ce programme paru au tout début de l'année 2008 s'accompagne de prestations à la hauteur du personnage. C'est encore seul qu'il peaufine l'album suivant La Taille de Mon Âme, orchestré par Laurent Marimbert et paru au mois de novembre 2011. La renaissance du chanteur aura été de courte durée. Le 28 février 2013, le chanteur est retrouvé sans vie à son domicile parisien du 3 rue Charles Delescluse, victime d'une surdose d'alcool et de médicaments. Personnalité intense et complexe, Daniel Darc était l'un des derniers tenants d'un rock français digne et assumé. En guise de testament, le chanteur laisse l'album Chapelle Sixteen dont il avait terminé les parties vocales. Son guitariste et arrangeur Laurent Marimbert achève le travail pour la parution du projet le 30 septembre. L'album posthume, double, comprend un disque de maquettes laissées en l'état.