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John William « Paul » Weller est né le 25 mai 1958 à Woking, dans le Sussex (Angleterre).
En 1975, il forme The Jam, qui puise ses racines dans la culture mod des sixties, fortement influencé par The Small Faces et The Who, mais qui se retrouve associé au mouvement punk, dont il devient rapidement le groupe le plus populaire en Angleterre.
Après six albums et un immense succès dans les charts, The Jam se sépare en 1983. Paul Weller fonde immédiatement The Style Council avec le pianiste Mick Talbot. Ce nouveau groupe joue une musique nettement plus soul (veine déjà explorée sur The Gift, le dernier album de The Jam) qui va progressivement se teinter d'acid-jazz. Au début, le succès est au rendez-vous, mais il diminue graduellement au fur et à mesure que les albums deviennent de moins en moins inspirés, jusqu'à ce qu'en 1989 Polydor refuse de sortir le cinquième album du Style Council, Modernism: A New Decade, qui s'inspire de la house de Chicago. Le groupe implose dans la foulée, après son chant du cygne, un concert d'adieu au Royal Albert Hall accueilli par un véritable chahut...
Paul Weller, absolument pas découragé, réapparaît l'année suivante, revigoré, avec le Paul Weller Movement, donnant des concerts exaltants dans des clubs. Bientôt, il enregistre de nouveaux titres avec un groupe comprenant le bassiste Marco Nelson (présent sur le dernier album de Style Council et membre de The Young Disciples), le batteur Steve White (qui avait lui commencé à jouer avec Paul dans The Style Council en mai 1983 ) et le producteur Brendan Lynch.
Son premier album solo sans titre de 1992 puise dans ses racines mod et soul, offrant un mélange irréprochable d'acid jazz et de funk lysergique. Il annonce son retour dans les charts et lui offre son premier single classé dans le Top 20 depuis cinq ans, l'excellent « Uh Huh Oh Yeh! ».
En 1993, il publie Wild Wood, son deuxième album solo, qui sera celui du grand retour. Le son est cette fois-ci très inspiré du rock-blues anglais de la fin des sixties, comme le souligne Marco Nelson : « Le choix des disques qu'on passait était très éclectique. Il y avait beaucoup de Traffic, de Neil Young, de Tim Hardin. On étendait nos influences - de Astral Weeks de Van Morrison et des productions de Lee Perry pour les Wailers jusqu'au « 40,000 Headmen » de Traffic, en passant par Billy Cobham. C'était très ouvert. » Ce que confirme Weller : « J'écoutais beaucoup plus de styles de musiques différents, je devenais plus ouvert d'esprit et j'élargissais mes horizons, avec Traffic, Crosby, Stills and Nash et tout le truc folk acoustique. »
Pour l'enregistrement, Paul Weller s'adjoint les services d'un nouveau comparse, le guitariste de Ocean Colour Scene, Steve Cradock, qui va devenir un des membres clés de son groupe : « J'ai rencontré Steve Cradock pour la première fois quand il avait 16 ans, se souvient Paul, c'était un fan dingue de Jam et il avait l'habitude de venir nous harceler en studio, en essayant de nous faire écouter ses démos. »
Sont également présents deux ex-membres du Style Council, DC Lee, la femme de Weller, aux choeurs, et son ancien complice Mick Talbot. « Sunflower » et « Wild Wood » sortent en single respectivement en juillet et septembre 1993 et lui offrent deux hits classés dans le Top 20. « Sunflower » est toujours aujourd'hui l'un des sommets de ses concerts et « Wild Wood » a été classé à la 70ème place du Top 100 des « Meilleurs singles de tous les temps » par les lecteurs de Q en 1999... Ayant également engendré un troisième single, le EP The Weaver, sorti en octobre, l'album atteint la seconde place des charts. Son influence sera immense.
Soudain, des groupes comprennent qu'il est possible de se tourner vers le passé du rock pour y trouver l'inspiration. Johnny Marr l'adore, tout comme les Stone Roses, Verve et Oasis. Même les vieux fans de Jam, qui avaient abandonné Paul dans les derniers temps du Style Council, dressent l'oreille et apprécient, tandis qu'une nouvelle génération de fans plus jeunes est conquise.
Un formidable concert à Glastonbury en 1994 réhabilite Paul en tant que musicien de scène novateur et puissant. Un album live sera tiré de la tournée de cette année-là, l'excellent Live Wood.
En 1995 paraît l'album Stanley Road, qui se classe en tête des charts. C'est le plus grand succès de Paul Weller en solo, qui lui permet de retrouver la popularité qui était la sienne à l'époque de The Jam. Weller se trouve d'ailleurs de nouveau confronté au même problème qu'avec son premier groupe : il est énorme en Angleterre, mais n'arrive pas à exploser sur le marché américain. Sa musique est probablement trop typiquement anglaise, comme l'était celle de The Kinks et autres The Small Faces... Il décide donc d'annuler une tournée aux Etats-Unis et se contente de son statut de demi-dieu dans son pays.
Il devient également une sorte de parrain de la britpop qui règne alors sur l'Angleterre, acclamé par des artistes comme Noel Gallagher d'Oasis et de nombreux groupes comme Cast ou Kula Shaker (sans oublier Ocean Colour Scene, bien évidemment), qui puisent eux-aussi allègrement leurs influences dans les sixties anglaises.Après un album dans la même veine, Heavy Soul en 1997, Weller marque une pause avec la sortie, l'année suivante, d'une première compilation, Modern Classics - The Greatest Hits.
Il revient en 2000 avec Heliocentric, un album plus subtil, censé à l'époque être son dernier disque studio... Mais il change simplement de maison de disque, quittant Island pour Independiente et, après un agréable disque live enregistré au cours d'une tournée acoustique en solo, Days of Speed (2001), publie le très réussi Illumination en 2002.
En 2004 sort Studio 150, son premier album entièrement constitué de reprises. Il y reprend des chansons d'artistes qu'il a toujours aimés, d'inspiration folk comme Tim Hardin (découvert grâce aux Small Faces !), Neil Young, Bob Dylan et Gordon Lightfoot, ou soul (Allen Toussaint, Chic, Gil Scott-Heron).
En 2005, toujours avec la même équipe mais sur un nouveau label, Yep Roc, Weller publie As Is Now, dans la veine seventies de Heavy Soul, suivi comme son ombre par un nouveau live, Catch-Flame !
En 2008, l'année de ses cinquante ans, Paul sort son neuvième disque solo, l'excellent 22 Dreams, un double album luxuriant, riche et varié. Mais ce n'est pas fini... Pour Noël, les fans voient arriver un somptueux cadeau, un coffret 4 CD, Weller at the BBC, reprenant tous les enregistrements de leur héros pour la radio anglaise entre 1990 et 2008, soit 74 titres.
Au printemps 2010, Paul Weller prouve qu'il n'a rien perdu de sa prestance ni de son inspiration avec Wake Up the Nation, véritable melting-pot de ses influences soul façon Motown, jazz uptempo, mod ou noisy pop avec la participation de Kevin Shields (My Bloody Valentine). L'album entre à la première place des charts britanniques.
L'album suivant, Sonik Kicks, en fait de même en mars 2012, soutenu par le simple « The Dangerous Age ». Outre les influences habituelles, le jeune marié (de sa choriste Hannah Andrews) s'aventure sur le terrain electro, psychédélique, reggae dub ou pop de chambre avec le soutien de cordes. En bon « modfather », il convie ses enfants Leah et Mac sur un titre dédié à son père et manager disparu en 2009 (« Be Happy Children »). En 2015, pour son album suivant Saturns Pattern, précédé de l'extrait « White Sky », le parrain de la scène rock anglaise s'aventure sur les terres du garage rock et du psychédélisme.
Toujours avide de nouvelles expériences, il ouvre son champ musical au funk, au jazz, au rock et à la soul à l'occasion de l'album A Kind Revolution, son vingt-cinquième. Il marque les quarante ans du début de sa carrière et de son premier disque avec The Jam. Un an après paraît True Meanings (2018), album acoustique et orchestral comptant les participations de Noel Gallagher, Robert Wyatt, Lucy Rose, Martin Carthy, Danny Thompson, l'ensemble à cordes The Wired Strings et The Stuart Kennedy Orchestra.