Né en 1974, Matthew Ward grandit à Ventura County, en Californie. Bercé par la musique classique, le country et le gospel écoutés par ses parents, marqué par le personnage légendaire de Johnny Cash, Matt Ward apprend à jouer de la guitare à quinze ans. Il appréhende alors la musique de façon plus personnelle en composant ses propres chansons. RodriguezDe 1992 à 2000, il joue au sein du groupe Rodriguez, qu'il a fondé aux côtés de Kyle Field, dit Fieldmouse. Tous deux ont la même conception de la musique, basée sur un retour aux sources du rock, et recrutent successivement plusieurs batteurs pour compléter la formation. L'expérience est positive, et Rodriguez enregistre l'album Swing Like a Metronome en 1999 (Devil In The Woods). Produit par Jason Lytle (du groupe californien Grandaddy) et Adam Selzer (du groupe de folk Norfolk & Western basé à Portland), le disque reçoit un bon accueil critique - quoique très discret.
Field et Ward mettent néanmoins un terme à leur collaboration dont ils gardent chacun un excellent souvenir. Field se consacre ensuite à son projet Little Wings, tandis que Ward débute une carrière en solo sous le nom de M. Ward, et part tenter sa chance du côté de Portland, dans l'Oregon. Les débuts en solitaireLa scène folk de Portland accueille chaleureusement ce jeune homme timide, mais qui prend vite tout son aplomb dès lors qu'il joue de sa guitare. Depuis quelques années, M. Ward avait écrit de nombreuses chansons de son côté. Il se décide alors à les enregistrer. Le résultat est l'album Duet For Guitars #2, publié par Co-Dependent en 2000.
Fortement influencé par ses références musicales (Bob Dylan, mais aussi Neil Young et The Velvet Underground), Duet For Guitars #2 n'échappe pas aux maladresses de jeunesse. Mais il donne déjà à écouter les qualités vocales de M. Ward, dont le chant rauque oscille en permanence entre mélancolie et légèreté, et ses talents indéniables de musicien, jonglant entre les percussions, l'harmonica et les cordes.
Publié en 2001 sur le label Future Farmer, End of Amnesia renoue d'avantage encore avec le grand enjeu du folk : les traditions ancestrales. Sa présence sur scène est toujours autant appréciée par un public grandissant. M. Ward en profite pour auto produire, toujours en 2001, un Live Music & The Voice of Strangers distribué lors de ses concerts. Toujours dans une dynamique scénique, il exécute une tournée américaine aux côtés de Conor Oberst, alias Bright Eyes, en 2002. Celle-ci le révèle à un autre public, plus jeune et plutôt tourné vers le rock, et confirme que M. Ward a gardé de son expérience au sein de Rodriguez un goût certain pour les collaborations.De Transfiguration of Vincent au TransistorEn deux années, M. Ward se taille une place de plus en plus importante au sein de la scène folk américaine. Il signe chez le label indépendant américain Merge Records pour son troisième album, Transfiguration of Vincent (Merge Records, 2003). Le disque fait parler de lui et M. Ward commence à sortir de l'ombre. Dans une certaine mesure cependant, car il affectionne toujours participer à d'autres projets musicaux dont ceux de Bright Eyes, avec qui il participe à la célèbre tournée Vote for Change en soutien au candidat John Kerry (face à George W. Bush), avec R.E.M. et Bruce Springteen comme têtes d'affiches.
Les ventes de Transistor Radio (2005), album inspiré des années passées de la gloire radiophonique, bénéficient de l'impact de ses concerts. D'ailleurs, M. Ward ne semble ne jamais se lasser de la scène, qu'il partage cette année-là avec ses propres musiciens ou des groupes comme les White Stripes. La discrète consécration de Post WarIntitulé Post War en référence à la musique américaine d'après la Seconde Guerre Mondiale, le cinquième album de M. Ward le révèle enfin à un public moins confidentiel. Porté par le tube « Chinese Translation », il reçoit des critiques dithyrambiques grâce à l'originalité de ses chansons, n'obéissant pas toutes à la même structure formelle, et très abouties du point de vue mélodique. Parallèlement, il continue ses duos et autres collaborations : avec son idole John Fahey (I Am the Resurrection, 2006), Norah Jones (Not Too Late, 2007)...
Il participe également à plusieurs compilations, et sa reprise du légendaire « Let's Dance » de David Bowie, figurant notamment sur la bande originale du film Eagle Vs Shark (Taika Waititi, 2007), le confirme comme un personnage imprévisible. M. Ward fonde aussi le duo She & Him, qu'il partage avec l'actrice américaine Zooey Deschanel. Leur Volume One est publié en 2008 et connaît une belle réussite, tant pour le chant suave de Deschasnel que pour sa réinterprétation de la pop sucrée des années soixante.Hold TimeLe sixième album de M. Ward, Hold Time (2009), est représentatif de la personnalité de M. Ward. Si celui-ci livre toujours une musique intimiste, il ne manque pas d'inviter dans son univers ses amis et collaborateurs préférés comme Jason Lytle, Adam Selzer, Tom Hagerman ou Zooey Deschanel. Hold Time ne permet plus aucun doute sur l'inspiration prolifique de son auteur et sur la longévité de sa carrière.
Dans la foulée, le songwriter américain vanté par ses pairs collabore au supergroupe Monsters of Folk de son camarade Conor Oberst (Bright Eyes). L'album qui en découle à l'automne 2009 est acclamé par la critique. Après une nouvelle escapade avec Zooey Deschanel (She & Him sort un Volume Two en 2010 et un album de Noël en 2011), M. Ward revient en solo pour le réussi A Wasteland Companion livré en avril 2012.