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Eric Clapton est né le 30 mars 1945 à Ripley (Surrey). Fils illégitime d'une mère de 16 ans et d'un officier canadien, il est élevé par ses grands-parents maternels, qui lui offrent une guitare Höfner pour ses 14 ans. Après l'écoute intensive de bluesmen (Big Bill Broonzy, Robert Johnson), il joue avec les Roosters en 1963, puis rejoint The Yardbirds, où il imprime sa marque : il est surnommé « Slowhand ». Les 7 et 8 décembre 1963 ont lieu ses premiers enregistrements avec Sonny Boy Williamson, avant le hit « For Your Love » et sa démission du groupe. Remplacé par Jeff Beck début 1965. celui qui est surnommé « God » est embauché dans les Bluesbreakers de John Mayall, mètre étalon du « British Blues Boom ». L'album Bluesbreakers with Eric Clapton a un retentissement inouï dès sa sortie en juillet 1966, et place le guitariste parmi les meilleurs instrumentistes de sa génération.
Le 11 juin, il fonde le « power trio » Cream avec Jack Bruce et Ginger Baker, super groupe de blues rock teinté de psychédélisme. Le groupe se sépare en novembre 1968, après les albums Fresh Cream, Disraeli Gears, Wheels of Fire et Goodbye. Entre temps, Eric Clapton participe aux enregistrements d'Aretha Franklin, George Harrison, Jackie Lomax et le solo de « While My Guitar Gently Weeps » des Beatles. En décembre 1968, il est du Rock and Roll Circus des Rolling Stones. Quelques jams sessions plus tard, le trio Blind Faith voit le jour, avec Steve Winwood et Ginger Baker, donnant lieu à l'album homonyme. Après un détour par le Plastic Ono Band de John Lennon (Live Peace in Toronto, 1969), et le duo Delaney & Bonnie (On Tour with Eric Clapton), le guitariste enregistre son premier album solo, homonyme (« After Midnight », « Let it Rain »).
Début 1970, il participe au All Things Must Pass de George Harrison, puis forme Derek and the Dominoes avec ses musiciens américains Carl Radle, Jim Gordon et Booby Whitlock. Avec l'apport du guitariste Duane Allman, la formation élabore la célèbre chanson « Layla » (point d'orgue de ses concerts) et le double album consécutif en juin 1971. Déprimé par l'échec commercial du disque, Clapton s'adonne à l'héroïne et vit en reclus, loin des studios. Il retrouve ses complices pour une réunion avortée, et participe au Concert for the Bangladesh de son ami Harrison au Madison Square Garden de New York. Son ami Pete Townshend l'extirpe de sa solitude et dépendance à la drogue par un concert au Rainbow Theatre de Londres le 13/1/1973.
En mars 1974, Clapton joue dans le film Tommy, version filmée du rock opéra des Who, puis enregistre l'album 461 Ocean Boulevard au printemps à Miami. L'album contient le premier hit reggae, le « I Shot the Sheriff » de Bob Marley.
Jusqu'en 1978, les albums solo se succèdent rapidement au rythme d'un par an, inégaux, aux textures cool et pop résolument destinés au marché américain. Les tournées incessantes aussi, documentées dans le coffret Crossroads 2. Une attention plus particulière est portée aux chansons de Slowhand enregistrées en mai 1977, qui devient la meilleure vente de sa carrière. Plus abouti que les précédents (No Reason to Cry, E.C. Was Here), il recèle « Wonderful Tonight », « Lay Down Sally » et « Cocaine ». Clapton devient plus confiant dans son écriture, en témoigne Backless enregistré en 1978, suivi par une tournée européenne. Les concerts du Budokan de Tokyo servent de matière à son plus bel album en public, Just One Night (1980). Il se marie à Pattie Boyd le 27/3/1979 à Tucson (Arizona).
Les années 1980 débutent avec une nouvelle valse de participations (John Martyn, Ringo Starr, Roger Waters et le premier album de Phil Collins qui va devenir son ami et producteur). En septembre 1981 a lieu le concert caritatif Secret Policeman's Other Ball avec Jeff Beck. Mais l'abus d'alcool détériore la santé de « Slowhand » : des ulcères et une pleurésie l'obligent à suivre une cure de désintoxication en 1982. Il revient en studio à l'automne 1982 enregistrer le bel album Money and Cigarettes. Début 84 il aborde la musique de film avec The Hit, et l'aide de Roger Waters. En mai 1988, il divorce de Pattie Boyd.
En dépit d'un manque de direction musicale flagrant, les années 1980 sont positives pour la rock star, et beaucoup plus lucratives qu'auparavant. Deux albums successifs embarrassants sont produits par Phil Collins, Behind the Sun, et en 1986, August. Lenny Waronker (directeur artistique chez Warner) demande même à son auteur de revoir la copie du premier. Le 13 juillet 1985 il joue à Philadelphie lors du Live Aid, en compagnie de Phil Collins, et le 21 décembre à un show TV de Carl Perkins. A l'été 1986, il se produit au festival de Montreux en compagnie d'Otis Rush et de Luther Allison, rejoints par Robert Cray lors du concert suivant. Entre deux duos avec Tina Turner (dont « Tearing Us Apart »), Clapton joue avec Chuck Berry (Hail! Hail! Rock'n'Roll) et George Harrison (Cloud Nine). Eric Clapton clôt la décennie avec l'excellent Journeyman.
Du 18 janvier au 10 février 1990, Eric Clapton établit un record en donnant dix huit concerts au Royal Albert Hall, en quatuor, avec un orchestre de treize musiciens ou le National Philarmonic Orchestra. Il réédite le concept en février/mars de l'année suivante, donnant matière au double album 24 Nights. Une tragédie le frappe le 20 mars lorsque son fils Conor meurt à quatre ans et demi, tombé par accident par la fenêtre du 53ème étage d'un immeuble à New York. Bouleversé, le père reste inactif jusqu'en septembre quand il enregistre la belle musique du film Rush et l'émouvante ballade pour son fils disparu, « Tears in Heaven » (son plus gros succès commercial depuis 1978).
Il enregistre le mois suivant six autres chansons sur son fils pour le projet avorté The Circus Has Left Town, dont deux verront le jour sur l'album Pilgrim en 1998 : « Circus » et « River of Tears ». Approché par la chaîne MTV pour la série Unplugged, l'album acoustique (dobro, douze cordes et Martin non électrifiée), il émeut critiques et public, et obtient six Grammy Awards pour l'album vendu à quinze millions de copies. Il se retrouve ensuite à la célébration des trente ans de carrière de Bob Dylan.
En septembre 1994, Eric Clapton réalise le disque que son public attendait : un album consacré à des standards du blues : From the Cradle est son deuxième n°1 consécutif et devient un disque de référence. Il est alors fait officier de l'Empire britannique. En 1996, sa brève liaison avec la chanteuse Sheryl Crow régale les magazines people. La même année son « Change the World » (du film Phenomenom) est un autre hit. En 1997 il se fourvoie dans le projet electro de son nouveau producteur Simon Climie, TDF. Ils co-produisent l'inégal Pilgrim l'année suivante.
Il inaugure en 1997 son centre de soins pour alcooliques, le Crossroads Centre à Antigua (Îles Caraïbes) avec le concert de charité E.C. & Friends In Concert à New York. Eric Clapton voit sa carrière récompensée par son introduction au Rock & Roll Hall Fame. En 2000, Riding with the King avec BB King est un enchantement. Toujours aussi boulimique, il tourne à nouveau pour assurer la promotion du décevant Reptile de 2001, qui donne en 2002 le tout aussi raté double album One More Car, One More Rider.
À la mémoire de son ami George Harrison disparu un an plus tôt, Eric Clapton organise un concert spécial au Royal Albert Hall le 29 novembre 2002, et il ne surprend personne lorsqu'en 2004 il décide de rendre hommage pour de bon à son maître du Delta blues, Robert Johnson, le musicien qui a déclenché sa passion pour le blues et la guitare. Par contre, le « disque compagnon » Sessions for Robert J neuf mois plus tard est une vraie réussite.
Après la reformation de Cream en mai 2005, l'album Back Home passe plutôt inaperçu. Fin 2006 il collabore avec J.J. Cale pour The Road to Escondido. Le 27 août 2003, le magazine Rolling Stone a classé Eric Clapton quatrième plus grand guitariste de tous les temps, entre B.B. King et Robert Johnson. Après une tournée européenne au printemps 2010, avec le concours de Stevie Winwood, Eric Clapton revient à l'automne avec Clapton. Pour cet album d'une remarquable sobriété, Eric Clapton varie entre blues langoureux et retour à un rock blues énergique. Invité de marque dudit Clapton, le trompettiste Wynton Marsalis rend la politesse en son Lincoln Jazz Center qui accueille le duo pour un concert mémorable. Sorti en septembre 2011, Play the Blues: Live from Jazz at Lincoln Center rend un vibrant hommage à leurs aînés.
Âgé de soixante-sept ans et dégagé depuis longtemps de toute contrainte commerciale, Eric Clapton sort sur son propre label Old Sock en mars 2013. Album ludique et sans prétention, Old Sock compte avec les présences de J.J. Cale, Steve Winwood, Paul McCartney ou Taj Mahal. La disparition de son ami et inspirateur J.J. Cale en juillet 2013 est une nouvelle épreuve pour Eric Clapton, qui réagit par un bel hommage avec l'album The Breeze: An Appreciation of JJ Cale, paru un an après et comptant les participations de Tom Petty, Mark Knopfler, Willie Nelson, John Mayer, Don White et Christine Lakeland. Les guitaristes David Lindley, Albert Lee, Reggie Young, Derek Trucks, Doyle Bramhall II et le batteur Jim Keltner sont également de la célébration.
Des compilations et enregistrements en public continuent d'alimenter sa discographie jusqu'à I Still Do, paru en 2016, qui prouve que son inspiration est toujours intacte, même s'il fait la part belle à des reprises d'artistes qui lui sont chers, un exercice qui alimente maintenant sa production depuis de nombreuses années. Bob Dylan, J.J. Cale, Skip James ou encore Robert Johnson sont ainsi évoqués. Près de quarante ans après leur collaboration sur Slowhand, Eric Clapton y retrouve le producteur Glyn Johns, accompagné par son fils Ethan, qui se charge des percussions. Paul Carrack fait aussi une apparition à l'orgue Hammond, mais c'est surtout une intrigante mention qui retient l'attention dans les crédits : un certain « Angelo Mysterioso », un pseudonyme utilisé par George Harrison, son grand ami et rival. Le management d'Eric Clapton a démenti l'utilisation de parties de guitare du regretté Beatle mais n'a pas souhaité lever le voile sur l'identité du fameux invité, n'infirmant pas non plus la rumeur qui mentionne son fils, Dhani Harrison.
Deux ans plus tard est présenté au Toronto International Film Festival le documentaire de Lili Fini Zanuck, Life in 12 Bars, qui retrace son parcours depuis l'enfance à partir d'images d'archives et d'entretiens. Le film qui sort en salles le 12 janvier 2018 est suivi d'une bande originale et d'un DVD en juin.