Ancienne cité maya et forêts tropicales protégées de Calakmul, Campeche

• Gouvernance (nécessité de renforcer le mécanisme de coordination)
• Cadre juridique (nécessité de garantir que la zone tampon soit établie d’une manière visant à protéger le bien)
• Systèmes de gestion/plan de gestion (absence d'un plan intégré de protection et de gestion)
• Système de suivi des valeurs culturelles et naturelles faible

Néant

Le 17 mars 2023, l’État partie a soumis un rapport sur l’état de conservation, qui est disponible à l’adresse suivante : https://whc.unesco.org/fr/list/1061/documents/. Les progrès réalisés dans le traitement d’un certain nombre de questions de conservation abordées par le Comité à ses précédentes sessions sont présentés comme suit dans ce rapport :

• L'Institut national d'anthropologie et d'histoire (Instituto Nacional de Antropología e Historia - INAH) a acquis des images LiDAR (Light Detection And Ranging – Détection et estimation de la distance par la lumière) couvrant une superficie de 95 km² dans la réserve de biosphère de Calakmul. Les résultats préliminaires montrent une expansion urbaine complexe et dense de l'une des plus grandes villes des Amériques vers 700 après J. C. En 2023, les recherches pourront être poursuivies pour couvrir l'intégralité du bien mixte. Cela permettra de prendre les mesures de protection nécessaires pour les ressources du patrimoine culturel et naturel ;
• Dans le cadre de l’extension des zones protégées, la Commission nationale des zones naturelles protégées (Comisión Nacional de Áreas Naturales Protegidas - CONANP) a entamé le processus de désignation de zones situées au nord-est, à l'ouest et au nord du bien et de la réserve de biosphère en tant que « zones naturelles protégées fédérales ». Cela permettra d'étendre la zone tampon et de protéger d'autres sites archéologiques situés dans ce périmètre ;
• L'INAH a signé un accord avec la Garde nationale, en coordination avec la CONANP, pour la surveillance afin d’empêcher les activités illégales, telles que le pillage de biens culturels et l'exploitation forestière illégale ;
• Le zonage du bien du patrimoine mondial est adéquat à des fins de suivi et de conservation ;
• Des études sur la capacité d'accueil sont en cours de préparation en réponse au possible impact du projet ferroviaire Tren Maya (Train maya) ;
• En 2022, un vaste programme de suivi et de documentation a été mené sur la frise et le tunnel de la sous-structure IIC. Les conditions ont été jugées stables ;
• Des fonds ont été mis à disposition pour un programme de recherche et de conservation, le développement des infrastructures, l'amélioration des installations du musée et le remplacement des panneaux d'interprétation sur le site en 2023 ;
• L'INAH met en œuvre un vaste programme de recherche et de documentation des ressources patrimoniales le long du tracé du Tren Maya. La section 7 du tracé ferroviaire, réalisée sous l'autorité du ministère de la Défense (Secretaría de la defensa nacional - SEDENA), passe au nord du bien et à travers une partie étroite de la réserve de biosphère de Calakmul adjacente. Les ressources archéologiques sont classées en quatre catégories, dont le niveau le plus élevé est celui des ressources nécessitant une conservation in situ qui impose une modification du tracé de la voie ferrée. Les résultats préliminaires de l'évaluation d'impact sur le patrimoine (EIP) des incidences potentielles du projet sur le bien montrent que le projet Tren Maya, dans sa phase de construction, ne causera pas de dommages directs à son intégrité. Les avantages du projet sont d'ordre économique et amélioreront la qualité de vie des communautés voisines. Le Centre du patrimoine mondial sera tenu informé des résultats définitifs de ces études.

En octobre 2021, l'État partie a soumis une EIP concernant l'impact potentiel du projet Tren Maya sur les biens culturels et mixtes du patrimoine mondial ainsi qu'un rapport de suivi sur le même sujet en mai 2022, tous deux préparés par l'INAH.

Le 17 août 2022, l'État partie a soumis un rapport sur le « Projet d'infrastructure Tren Maya et ses incidences sur les biens naturels et mixtes du patrimoine mondial dans la péninsule du Yucatan ». Le 30 novembre 2022, le Centre du patrimoine mondial a adressé à l'État partie un examen technique du rapport, entrepris par l'UICN, qui soulignait la nécessité de soumettre l’évaluation d'impact environnemental (EIE) pour le projet dès qu'elle sera disponible. À l'heure de la rédaction du présent rapport, l'EIE du projet Tren Maya n'a pas été soumise.

L'État partie devrait être félicité pour sa réponse substantielle et pour les actions qu'il a entreprises en ce qui concerne la gestion et la conservation du bien.

La possible extension des zones protégées au nord-est, à l'ouest et au nord du bien est notée. L'État partie devrait veiller à ce que toute extension des zones protégées à l'extérieur du bien soit mise en œuvre avec la participation effective, pleine et entière de toutes les parties prenantes et de tous les détenteurs de droits concernés et contribue à la protection de la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, y compris les ressources archéologiques situées à l'extérieur du bien mais qui lui sont intimement liées, ainsi qu'à l'amélioration de son intégrité écologique en tant que cœur de la connectivité de la Selva Maya. Il conviendrait de demander à l'État partie de tenir le Comité informé des nouvelles mesures prises à cet égard, en particulier de répondre aux précédentes demandes du Comité d'améliorer la configuration de la zone tampon et d'envisager l’inclusion de sites culturels supplémentaires et de grand intérêt, à l'issue d'un processus de consultation complet avec toutes les parties prenantes et tous les détenteurs de droits concernés.

L'État partie devrait être félicité pour les recherches et la documentation approfondies par imagerie LiDAR ainsi que pour le programme de suivi et de conservation des tunnels et de la frise de la sous-structure IIC.

Concernant le projet Tren Maya, les Organisations consultatives ont donné des conseils approfondis par le biais d'examens techniques en juillet 2020, décembre 2021 et juillet 2022, dans lesquels elles ont souligné la nécessité d'une action concertée de l'INAH et de la CONANP pour l'évaluation de l'impact potentiel du projet sur ce bien et d'autres biens du patrimoine mondial. Les EIP réalisées par l'INAH ainsi que les activités de recherche, de documentation et de conservation qu'il met en œuvre le long du tracé du Tren Maya sont notées. Toutefois, l'État partie doit encore soumettre une évaluation intégrée des impacts du projet sur la VUE de l'ensemble du bien. Il est donc recommandé que l'État partie réalise d'urgence une EIE comprenant une évaluation des impacts sur les valeurs naturelles et culturelles, et en particulier sur la VUE, et qu'il la soumette au Centre du patrimoine mondial, pour examen par les États parties, conformément à la décision du Comité (44 COM 7B.78).

Dans l'examen technique de juillet 2022, il a été noté avec une vive préoccupation que, jusqu'à présent, aucune proposition d'atténuation spécifique n'a été soumise pour certaines des menaces multidimensionnelles graves qui ont été identifiées, et que les modalités de mesure de leur impact probable manquent de clarté. Compte tenu de l'ampleur potentielle de l'impact du Tren Maya, y compris les impacts directs de la construction et de l'exploitation du train, mais également l'augmentation du nombre de visiteurs et le développement des infrastructures touristiques associées facilités par le projet, et sachant qu'un certain nombre de biens du patrimoine mondial sont situés le long du tracé, il est essentiel qu'une évaluation environnementale stratégique (EES) soit entreprise afin d'orienter le développement du projet en cohérence avec la conservation de la VUE des différents biens. L'évaluation devrait prendre en considération de manière spécifique les impacts potentiels du projet sur la VUE de tous les biens du patrimoine mondial situés le long du tracé proposé de la voie ferrée, conformément au nouveau Guide et boite à outils pour les évaluations d’impact dans un contexte de patrimoine mondial.

Le même examen a également souligné la nécessité de disposer de cartes de meilleure qualité et mieux intégrées sur l'emplacement du chemin de fer, des gares et de l'infrastructure correspondante, afin d'être en mesure d'apprécier la relation spatiale entre les constructions prévues, le bien et sa zone tampon. L'État partie devrait être instamment prié d'établir des mécanismes de coordination appropriés entre toutes les institutions impliquées dans le projet du Tren Maya, en particulier entre l'INAH et la CONANP en vue d'une approche intégrée de la protection des attributs culturels et naturels.