Ancienne cité de Nessebar
Facteurs affectant le bien en 2019*
- Habitat
- Impacts des activités touristiques / de loisirs des visiteurs
- Infrastructures de transport maritime
- Système de gestion/plan de gestion
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
- Absence de plan de gestion
- Pression du développement urbain
- Absence de schéma directeur d’urbanisme et de schéma directeur de conservation des monuments et des sites archéologiques
- Constructions illégales
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2019
Montant total approuvé : 21 290 dollars E.U.
1995 | Establishment of an itinerant conservation laboratory ... (Approuvé) | 4 290 dollars E.U. |
1991 | Restoration of the frescoes of St-Stephen Church in ... (Approuvé) | 15 000 dollars E.U. |
1991 | Mission to identify works necessary for the restoration ... (Approuvé) | 2 000 dollars E.U. |
Missions sur le bien jusqu'en 2019**
Novembre 2010, Octobre 2018 : mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS ; Novembre 2012: mission de suivi réactif de l’ICOMOS ; Novembre 2017 : mission de conseil conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/Conseil consultatif scientifique et technique de l’UNESCO (STAB - Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique, 2001)Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2019
Le 30 novembre 2018, l’État partie a soumis un rapport sur l’état de conservation du bien avec des annexes, disponible à http://whc.unesco.org/fr/list/217/documents/, ainsi que des rapports sur la mise en œuvre de la décision 41 COM 7B.43 et d’autres activités durant la période février 2017–novembre 2018, comme suit :
- Une évaluation d’impact sur le patrimoine (EIP) a été menée pour le projet de réhabilitation du port de pêche de Severna–Buna ;
- Des amendements à la Loi sur le patrimoine culturel ont été approuvés pour financer les plans de gestion et de conservation, renforcer le rôle du Centre d’archéologie sous-marine et exiger des EIP pour les biens du patrimoine mondial ;
- Un fonds national pour la culture et un fonds municipal « Culture » de Nessebar ont été créés ;
- Des ordonnances ont été promulguées sur la protection des espaces urbains historiques de Nessebar et concernant les impôts locaux, en particulier une taxe touristique (sans toutefois en avoir précisé la date) ;
- Une ordonnance est passée pour réduire de 180 m à 160 m la taille des navires autorisés à accoster au terminal portuaire de Nessebar ;
- Des restrictions de circulation des véhicules motorisés à l’intérieur du bien durant l’été ont été adoptées ;
- Un suivi de l’état de conservation de divers monuments a été mis en place ;
- Le retrait des constructions illégales se poursuit ;
- Un modèle-concept d’enseignes/panneaux d’affichage publicitaire et d’information a été approuvé ;
- Des activités de promotion touristique ont été menées ou programmées, y compris des projets portant sur le patrimoine culturel ;
- La restauration de l’église Saint-Jean-Aliturgetos est achevée ;
- Les recherches archéologiques sous-marines et la documentation sur les « graffitis » médiévaux et postmédiévaux ont commencé.
Un certain nombre d’étapes clés demeurent en suspens, à savoir :
- La formation d’un groupe de travail interministériel chargé d’achever et d’approuver le plan de gestion et de conservation ;
- La révision du plan directeur de développement général au regard des critères de Natura 2000 ;
- L’élaboration du plan de développement détaillé basé sur les régimes de conservation adoptés pour l’Ancienne cité de Nessebar (2015) ;
- L’interdiction de construction ne s’appliquera que sur deux années consécutives plus un an supplémentaire en vertu des amendements de 2013 et 2014 à la Loi sur l’aménagement du territoire.
L’État partie n’envisage aucun transfert d’infrastructure du terminal portuaire de Nessebar au-delà de la péninsule loin de la zone de chalandise visuelle du bien. L’État partie a aussi informé de l’approbation d’un projet d’école et d’installations sportives, avec un parking souterrain à l’intérieur de la zone tampon, à l’endroit de la nécropole antique de Messambria.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2019
Il y a eu quelques avancées dans la mise en application des décisions du Comité, toutefois, des sujets importants n’ont pas encore été traités, notamment l’approbation du plan de gestion et de conservation actualisé, l’élaboration du plan de développement détaillé du bien et de sa zone tampon, la révision du plan directeur de développement général et la création d’un groupe de travail interministériel qui assure la gouvernance claire et la gestion du bien basée sur sa valeur universelle exceptionnelle (VUE).
La taille des bateaux autorisés à s’amarrer au terminal portuaire de Nessebar est actuellement de 160 m, ce qui continue d’exercer un impact négatif sur l’aspect visuel du bien et n’est pas compatible avec sa capacité de résistance aux pressions de plusieurs centaines de navires en même temps. Il est fort préoccupant que l’État partie ne reconnaisse pas la nécessité de déplacer ailleurs ces navires et les infrastructures attenantes, compte tenu des effets préjudiciables constatés de par la présence des paquebots de croisière qui occasionnent des dégradations sur des biens similaires. Le projet de réhabilitation du port de pêche de Nessebar–Buna ne décrit pas comme il convient les améliorations à apporter dans la zone cible. L’aménagement de l’école et des installations sportives approuvées, avec le parking souterrain, à l’endroit de la nécropole antique de Messambria, qui obligent à enlever tous les vestiges archéologiques jusqu’à la couche stérile, sont autant de signes révélateurs d’une approche de la gestion qui n’est pas axée sur le patrimoine culturel. Il n’y a aucune vision clairement partagée de l’avenir de Nessebar, centrée sur la préservation et la promotion de sa VUE. La participation et l’engagement aléatoires de toutes les parties prenantes et des administrations nationales et locales empêchent d’apporter une réponse intersectorielle, effective, cohérente aux facteurs négatifs qui affectent le bien.
La mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS d’octobre 2018 qui a fait suite aux précédentes missions, y compris la mission de conseil de l’ICOMOS de 2015 et la mission de conseil conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/Conseil consultatif scientifique et technique (CCST) de 2017 jusqu’à la Convention de 2001 sur la protection du patrimoine culturel sous-marin, ont constaté que l’état de conservation du bien était impacté par des facteurs négatifs représentant à la fois un péril potentiel et prouvé pour la VUE du bien. Les rapports de mission sont consultables à http://whc.unesco.org/fr/list/217/documents/. La mission de 2018 a constaté que les attributs de la VUE du bien étaient détériorés et, dans certains cas, irrémédiablement dégradés. Elle a notamment remarqué que les « traces tangibles » de « nombreuses civilisations » sont difficilement détectables dans le contexte d’un milieu urbain et d’un paysage côtier qui a connu de profonds bouleversements ; la plupart des maisons de ville typiques qui illustraient « les différents stades d’évolution des maisons en bois caractéristiques témoignant de la maîtrise suprême de l’architecture des Balkans comme de la région orientale de la Méditerranée » ont été altérées ou transformées de façon irrémédiable ; les « églises médiévales » qui constituent la partie la plus précieuse et palpable du patrimoine de Nessebar, bien qu’étant préservées et restaurées, ne dominent plus l’ensemble urbain ; la spiritualité de la ville qui était « un remarquable cœur spirituel de la culture chrétienne » a disparu ; le « tissu urbain de haute qualité » a perdu sa cohérence et son attrait historique en raison du grand nombre de légères modifications combinées avec l’importante transformation du littoral ; le « vibrant organisme urbain » a été transformé à des fins commerciales pour mieux desservir les stations balnéaires alentour : en été, il est asphyxié par le tourisme de masse intéressé par ses restaurants et ses commerces ; pendant le reste de l’année, il se retrouve presqu’à l’abandon.
Les recommandations de la mission de 2018 englobent celles des précédentes missions et comprennent des actions requises dans l’immédiat et à plus long terme. Un certain nombre de menaces ont été identifiées et signalées auparavant au Comité, ce qui a conduit à la décision 41 COM 7B.43 annonçant que le Comité allait examiner l’état de conservation du bien de manière à envisager, en l’absence de progrès substantiels, son éventuelle inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Les progrès accomplis par l’État partie sont reconnus mais ne suffisent pas à contrer les menaces qui pèsent sur l’intégrité, l’authenticité et la VUE du bien, comme le confirment les observations de la mission de 2018, c’est pourquoi, conformément au paragraphe 179 des Orientations, le bien mérite l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Résumé des interventions
Décisions adoptées par le Comité en 2019
43 COM 7B.81
Ancienne cité de Nessebar (Bulgarie) (C 217)
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/19/43.COM/7B,
- Rappelant la décision 41 COM 7B.43, adoptée à sa 41e session (Cracovie, 2017),
- Prend note des avancées de l’État partie dans la mise en œuvre des décisions antérieures du Comité et des recommandations de la mission, mais note avec inquiétude que les mesures prises sont insuffisantes et que certaines questions urgentes restent encore à traiter ;
- Note avec une vive inquiétude que la mission de suivi réactif de 2018 a constaté que les attributs de la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien étaient détériorés ;
- Note également avec une vive inquiétude que les mesures prises à ce jour ne suffisent pas à inverser la tendance négative actuelle ni à supprimer les menaces qui pèsent lourdement sur la VUE du bien ;
- Prie instamment l’État partie de concevoir une stratégie pour l’avenir de Nessebar, fondée sur un développement équitable, compatible et durable de la ville, centrée sur sa VUE ;
- Demande fermement à l’État partie de :
- Créer en toute priorité le comité interministériel de haut niveau proposé, soutenu par un groupe de travail et toutes les instances concernées, chargé de développer une vision partagée de Nessebar fondée sur la VUE du bien, qui oriente toutes les décisions actuelles et futures concernant l’amélioration et l’aménagement du bien, et définira tous les plans et projets en cours et à venir,
- Finaliser, adopter et mettre en œuvre le plan de gestion et de conservation qui prend en compte le plan de gestion du tourisme durable, le plan de développement détaillé et le plan directeur de développement général, y compris des directives de conception urbaine, fondés sur la VUE du bien, tout en continuant à appliquer les régimes de protection existants,
- Élaborer plus avant un programme global de mobilité durable pour assurer la circulation fluide des habitants, des visiteurs et des marchandises tant à l’intérieur du bien qu’entre le continent et le bien,
- Continuer à allouer les ressources financières et humaines nécessaires à la mise en œuvre efficace des versions actualisées du plan de gestion et de conservation et du plan directeur de développement général mis à jour,
- Poursuivre la mise en œuvre des recommandations de la mission de 2018, ainsi que toutes les précédentes recommandations de la mission qui restent encore à traiter ;
- Prie aussi instamment l'État partie de poursuivre les recherches en prévision d'une future demande de modification mineure des limites, conformément aux paragraphes 163 et 164 des Orientations, en vue d’inclure tous les vestiges archéologiques sous-marins de la ville ancienne ;
- Recommande vivement à l'État partie d'inviter une mission de conseil de l'ICOMOS à se rendre sur le territoire du bien pour dispenser des conseils quant à :
- la poursuite du développement du plan de tourisme durable pour le bien,
- la conservation du bien en tant que paysage urbain vivant ;
- Demande à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2021, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et de soumettre au Centre du patrimoine mondial, pour examen par les Organisations consultatives, le plan de gestion et de conservation, le plan détaillé de développement et le plan directeur de développement général, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 45e session en 2021, afin de considérer, en l'absence de progrès notable, l’inscription potentielle du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Projet de décision : 43 COM 7B.81
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/19/43.COM/7B,
- Rappelant la décision 41 COM 7B.43, adoptée à sa 41e session (Cracovie, 2017),
- Prend note de certaines avancées de l’État partie dans la mise en œuvre des décisions antérieures du Comité et des recommandations de la mission, mais observe avec inquiétude que les mesures prises sont insuffisantes et que certaines questions urgentes restent encore à traiter ;
- Note avec une vive inquiétude que la mission de suivi réactif de 2018 a constaté que les attributs de la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien étaient détériorés et, dans certains cas, irrémédiablement dégradés ;
- Note avec une vive inquiétude que les mesures prises à ce jour ne suffisent pas à inverser la tendance négative actuelle ni à supprimer les menaces qui pèsent lourdement sur la VUE du bien : la taille des navires autorisés à s’amarrer au terminal de Nessebar demeure excessive pour le bien et risque de causer de nouveaux impacts visuels négatifs et de sérieuses pressions, la VUE du bien reste marginale dans la gestion globale du bien ;
- Prie instamment l’État partie de concevoir une stratégie différente pour l’avenir de Nessebar, fondée sur un développement équitable, compatible et durable de la ville, centrée sur sa VUE, qui prévoit en même temps de déplacer tous les terminaux des bateaux de croisière touristique et les ports de commerce pour les cargos le long de la côte en dehors de la zone de chalandise visuelle du bien et, plus précisément, de réaménager la zone des terminaux à travers une légère intervention menée avec soin, compatible avec la VUE du bien, et de réduire de manière encore plus importante la taille des navires autorisés à s’amarrer au terminal portuaire de Nessebar ;
- Note avec regret que l’État partie n’a pas répondu à toutes les demandes exprimées par le Comité dans la décision 41 COM 7B.43, et considère que le bien est exposé à des menaces réelles et potentielles pour le bien, conformément au paragraphe 179 des Orientations et, par conséquent, décide d’inscrire l’Ancienne cité de Nessebar (Bulgarie) sur la Liste du patrimoine mondial en péril ;
- Réitère avec force sa demande à l’État partie de :
- Créer en toute priorité le comité interministériel de haut niveau proposé, soutenu par un groupe de travail et toutes les instances concernées, chargé de développer une vision partagée de Nessebar fondée sur la VUE du bien, qui oriente toutes les décisions actuelles et futures concernant l’amélioration et l’aménagement du bien, et définira tous les plans et projets en cours et à venir,
- Finaliser, adopter et mettre en œuvre le plan de gestion et de conservation, le plan de développement détaillé et le plan directeur de développement général, fondés sur la VUE du bien, tout en faisant appliquer les régimes de protection existants,
- Élaborer un plan global de mobilité durable pour assurer la circulation fluide des habitants, des visiteurs et des marchandises tant à l’intérieur du bien qu’entre le continent et le bien,
- Mettre en œuvre pleinement toutes les recommandations de la mission de 2018, ainsi que toutes les précédentes recommandations de la mission qui restent encore à traiter ;
- Demande également à l’État partie, en consultation avec le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives, de développer une proposition d’État de conservation souhaité en vue du retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril (DSOCR) et une série de mesures correctives avec leur délai d’application, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 44e session en 2020 ;
- Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1erfévrier 2020, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 44e session.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.