"Freedom" : l’hymne à la liberté de Soprano

Soprano, 2024. © Fifou

Hymne à la liberté et réquisitoire contre la haine. Avec Freedom, qu’il a pensé et enregistré à Abidjan et à Miraval dans les studios de Brad Pitt, l’affranchi Soprano signe un huitième album solo politique et humaniste.

« Le monde est devenu fou comme Kany West », chante le rappeur Soprano sur Freedom, qui ouvre son disque éponyme. Un manifeste contre la haine, dans laquelle sa voix porte très haut. Quelques envolées gospel, de la variété française et du pur rap sur le même morceau. Le Marseillais d’origine comorienne conjugue les styles en prouvant qu’il n’a rien perdu de sa verve et de son sens de la punchline. « Si le FN n’est pas raciste alors R. Kelly est féministe », y clame-t-il.

Mais attention, il ne cherche pas à diviser. Bien au contraire. « Libérons nos esprits et le reste suivra », rappe celui qui s’est affranchi des codes et des styles pour mieux les conjuguer. Qu’il célèbre l’Afrique sur l’enjouée Facile à danser, co-écrite avec Youssoupha (tout comme Freedom) dont le clip tourné en Côte d’Ivoire cumule déjà plus d’un million de vues, le footballeur Jude Belligham (Bellingham feat S. Pri Noir et Youssoupha) ou l’amitié dans des ambiances club (En équipe avec le mystérieux Vacra qui joue de l’androgynie de sa voix avec subtilité), Soprano affiche une liberté de ton vivifiante. Une force politique aussi. Il n’hésite pas à l’attraper par la tendresse, en révélant sa vulnérabilité dans Papa dis-moi, qu’il interprète avec sa fille Luna et où il énumère tous les pourquoi qui traversent son esprit d’enfant. « Papa dis-moi pourquoi l’argent, ça coûte plus cher qu’une vie ? » ou encore « Est-ce que je pourrais devenir président alors que je suis une fille ? ».

Il est aussi question de vulnérabilité sur le poignant Mes pensées où il évoque les affres de la solitude et le recours aux médicaments, lorsque le cerveau « brûle », la crainte qu’il ne « crame », et la nécessité de l’autre pour s’en sortir. Ensemble c’est mieux, notamment dans la révolte. Ainsi Échos s’écoute comme une invitation à se sentir important et soutenu dans la lutte. « Des gens comme toi ont changé le monde », dit-il dans ce morceau où il évoque ses héros : l’abbé Pierre, Coluche, Nelson Mandela, ou encore Malcolm X. Même si « impitoyable est le monde, Allez tous vous faireaimer », chante-t-il dans ce morceau.  Réquisitoire contre la guerre et ceux qui font des enfants des soldats, il y fustige également les idées identitaires, accompagné d’un cœur de femmes qui prône l’amour. 

D’amour, il en est également question dans Apprends-moi, qu’il interprète avec Nej’. Sa voix ondoyante, empreinte d’Orient et de r’n’b confère à cette chanson où il cite Céline Dion (« s’il suffisait d’aimer »), une dimension à la fois onirique et exaltante. « J’ai le cœur au même endroit » rappe Soprano dans C24. Un morceau où il rappelle ses origines dans les HLM de Marseille et son désir d’étaler ses valeurs plutôt que ses revenus. Plus de vingt ans après le premier Disque d’or avec les Psy4 de la Rime, Soprano affirme sur ce disque poignant son désir de liberté et de fraternité pour toutes et tous.

Soprano (Rec 118/Warner Music) 2024

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