Gims fait bouger les foules aux Etats-Unis

Gims, lors de son concert à New-York, le 4 novembre 2023 © Michaël Oliveira Da Costa / RFI

En tournée aux États-Unis depuis quelques jours, Gims étend encore un peu plus sa zone d’influence internationale, en se faisant un nom dans le marché musical le plus compétitif du monde. De passage à New York pour un concert au Palladium, l’artiste congolais a une nouvelle fois fait danser les foules et séduit de nouveaux fans qui vibrent sur ses sons influencés par l’Afrique, mais aussi par ses collaborations avec des artistes américains, qui lui permettent de repousser les frontières de sa reconnaissance mondiale. Reportage.

Times Square est bondée en ce soir d’automne, malgré un vent frais qui en dissuaderait plus d’un de mettre le nez dehors. Au milieu des milliers de spots lumineux et de panneaux publicitaires gigantesques de l’endroit le plus touristique de la Grosse Pomme, une affiche digitale tape dans l’œil : lunettes sur le nez, regard baissé, lettres écrites en doré : GIMS.

En concert ce 8 novembre au Palladium, l’une des salles les plus grandes de la ville (1900 places), l’artiste congolais – qui vit en France depuis son enfance – marque sa présence dans LA ville musicale par excellence, et vient se produire devant ses fans américains. La file est longue au croisement de Broadway Avenue et de la 44ᵉ rue, mais les fans ont le sourire et sont enthousiastes à l’idée de voir l’un des artistes africains les plus importants de la dernière décennie.  

"Ce n’est pas tous les jours que l’on peut voir Gims, et dès que la date des concerts américains a été annoncée, je me suis empressée de prendre des tickets pour les concerts à Washington, mais aussi à New York !", s’exclame Cynthia, née à Kinshasa et installée aux États-Unis depuis 2012, "avoir l’un des artistes africains les plus talentueux de sa génération venir ici, c’est important pour la diaspora, pour les milliers d’Africains qui vivent aux États-Unis. C’est l’une de nos fiertés, et on n’a pas tous la chance de le voir en Europe ou en Afrique car nos vies sont trop intenses ici. Donc on va profiter à fond !" sourit-elle avant de se mettre à chanter Sapés comme jamais avec une amie qui l’accompagne ce soir, repris par une partie de la foule qui attend d’entrer dans la salle de spectacle.

Le français est parlé par une partie des fans présents, mais plusieurs anglophones sont aussi venus voir l’artiste aux multiples disques de platine. C’est le cas d’Anthony et de Matthew, natifs de New York et qui suivent l’artiste depuis plusieurs années, séduits par les collaborations de Gims avec des grandes figures mondiales de la musique. "J’ai commencé à l’écouter en 2019, après la sortie du son Corazon avec Lil’ Wayne et French Montana, et Hola Senorita, avec Maluma, et je n’ai pas arrêté de le suivre depuis ce temps-là", souligne Anthony, "j’ai amené des amis d’origine colombienne avec nous ce soir, qui ont découvert Gims il y a peu de temps et qui aiment ses sons à influences africaines et latinos", rajoute Matthew.

Un pari réussi outre-Atlantique

La soirée démarre avec plusieurs artistes en première partie, dont Indigo, une artiste ivoirienne basée dans l’Arizona, et la température monte rapidement avec les sons de Millie Bass, une DJ qui met le feu dans une salle comble. Peu avant 20h30, le Palladium est chauffé à point, et les quelque 1900 personnes venues pour l’artiste congolais sont prêtes pour le show principal.

Gims monte sur scène, et les fans présents sont aux anges, chantant à tue-tête toutes les chansons, pour un spectacle qui durera un peu plus d’une heure. Certains drapeaux congolais sont visibles, et les sourires sont nombreux dans la foule, qui passe un excellent moment. L’ancien membre de la Sexion d’Assaut joue avec son public, le fait chanter, et celui-ci ne se fait pas attendre pour se faire entendre et reprendre les paroles. De Après vous madame à Bella, en passant par le classique Sapés comme jamais, Gims régale son public, conquis. Une fois de plus, l’auteur-compositeur-interprète de 37 ans a réussi un énième pari : faire remuer les foules dans l’une des villes phares de la scène musicale mondiale.

À la sortie, les fans ont le sourire, et l’ambiance est encore très festive. Les 1900 personnes venues pour cette date new-yorkaise sont contentes, se dispersent mais continuent de chanter dans les rues bondées de Times Square, entre les touristes qui prennent des selfies ou qui se posent pour admirer l’extravagante luminosité de l’endroit. "Je suis venu sur le conseil d’un ami, car je ne connaissais pas Gims il y a encore quelques semaines" sourit Yadira, aspirante chanteuse native du Bronx, "je suis fan de sons africains, latinos et j’ai vraiment aimé en écoutant quelques-uns de ses sons. Je voulais voir ce qu’il donnait sur scène, et il m’a vraiment séduite ! Il y a beaucoup d’artistes qui ne sont pas bons sur scène, mais lui, il a tout donné, on voit qu’il est né pour la scène, conclut-elle.

Langage universel

Même son de cloche pour cet autre fan américain, qui apprécie aussi qu’un artiste comme Gims ait l’opportunité de jouer dans une salle aussi mythique que le Palladium, où des grands noms tels que Ice-T, Run DMC ou Nelly ont pu faire leurs classes. "Même si certains fans américains ou internationaux ne comprennent pas les paroles, ils accrochent sur les sons, sur le rythme, et je pense que c’est l’une des raisons pour laquelle ce genre de concert est une réussite", analyse Juan, natif du New Jersey et qui n’a pas voulu manquer cette soirée, "aux États-Unis, il y a des artistes internationaux qui marchent bien, et qui ont une belle fanbase car leurs chansons, leurs sons font danser, et cela va au-delà de la langue. Moi, j’aime beaucoup Gims, et je ne parle quasiment pas français !" rigole-t-il.

Pour Brandon Schwarz, consultant en tendances musicales pour Spotify USA, le fait que l’artiste fasse salle comble durant sa tournée américaine n’a rien d’étonnant, et explique ce succès par plusieurs raisons. "La première raison, c’est tout d’abord, bien sûr, que Gims a beaucoup de talent et que son style musical à la croisée de la pop, du rap, avec la présence d’une touche africaine et latina dans certains de ses sons l'aide à avoir une résonance internationale. Il n’a pas réalisé des collaborations avec Maluma, Sia, Lil’ Wayne, French Montana par hasard ! On parle d’artistes mondialement connus, qui ont vendu des dizaines de millions d’albums et qui aident aussi à donner une plus grande visibilité internationale à des artistes comme Gims", précise-t-il, avant d’ajouter "il réalise une carrière énorme, car il arrive à réunir dans sa fanbase des gens qui viennent d’Europe, d’Afrique, mais aussi des États-Unis et d’Amérique Latine, ce qui est extrêmement difficile à faire. Son profil est assez unique en son genre, et je pense qu’il a encore une belle marge pour continuer à monter en puissance et avoir une image internationale encore plus forte, surtout dans un pays comme les États-Unis", affirme le spécialiste.

Il est quasiment 23h30, les touristes sont toujours présents aux quatre coins de Times Square et une bonne centaine de fans attendent de voir si l’artiste quitte les lieux afin de récupérer un autographe ou de réaliser un selfie pour clôturer la soirée de la meilleure des manières. "J’ai réussi à prendre une photo avec lui un peu plus tôt dans la journée, et je vais retenter le coup avec des amis, on est venu de Louisiane pour le voir, car notre professeur de français nous fait écouter ses sons pour progresser !" sourit Brendan, étudiant à l’université de Louisiana State. La tournée américaine de Gims, qui se terminera le 13 novembre prochain à Las Vegas après un passage par Los Angeles, est donc une opération séduction qui marche pleinement.

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