Questions naturelles (trad. Baillard)/Livre 7
LIVRE VII.
I. Il n’est mortel si apathique, si obtus, si courbé vers la terre, qui ne se redresse et ne tende de toutes les forces de sa pensée vers les choses divines, quand surtout quelque nouveau phénomène apparaît dans les cieux. Tant que là-haut tout suit son cours journalier, l’habitude du spectacle en dérobe la grandeur. Car l’homme est ainsi fait. Si admirable que soit ce qu’il voit tous les jours, il passe indifférent, tandis que les choses les moins importantes, dès qu’elles sortent de l’ordre accoutumé, le captivent et l’intéressent. Tout le chœur des constellations, sur cette immense voûte dont elles diversifient la beauté, n’attire pas l’attention des peuples ; mais qu’il s’y produise quelque chose d’extraordinaire, tous les visages sont tournés vers le ciel. Le soleil n’a de spectateur que lorsqu’il s’éclipse1. On n’observe la lune que quand elle subit pareille crise. Alors les cités poussent un cri d’alarme, alors chacun tremble pour soi d’une superstitieuse panique. Combien n’est-il pas plus merveilleux de voir le soleil parcourir, à peu de chose près, autant de degrés qu’il fait naître de jours, ce soleil qui, dans sa révolution, clôt l’année ; qui, après le solstice, fait décroître les jours en rétrogradant, et dans sa marche toujours plus oblique laisse aux nuits plus d’espace ; qui efface la clarté des astres ; qui, tant de fois plus grand que la terre, ne la consume point, mais la réchauffe par sa chaleur qu’il dispense tour à tour plus intense et plus faible ; qui n’illumine ou n’éclipse jamais tout le disque de la lune, que lorsqu’elle lui fait face. Tous ces faits, on n’y prend pas garde, tant que l’harmonie ne s’interrompt point. Survient-il quelque trouble, quelque apparition inaccoutumée, on regarde, on interroge, on provoque l’attention des autres. Tant il est dans notre nature d’admirer le nouveau plutôt que le grand ! Même chose a lieu pour les comètes. S’il apparaît de ces corps de flamme d’une forme rare et insolite, chacun veut savoir ce que c’est ; on oublie tout le reste pour s’enquérir du nouveau venu ; on ne sait s’il faut admirer ou trembler : car on ne manque pas de gens qui sèment la peur, qui tirent de là de graves pronostics. Aussi les questions se pressent, on brûle de savoir si c’est un prodige, ou un astre. Non certes, il n’est point de recherche plus noble, d’enseignement plus utile que celui qui porte sur la nature des étoiles et des corps célestes : y a-t-il là une flamme concentrée, comme l’affirment notre vue et la lumière même qu’ils nous versent[1] et la chaleur qui descend d’eux à nous ; ou bien, au lieu de globes enflammés, sont-ce des corps solides et terreux qui, glissant dans les plages ignées, en reçoivent, pour briller ainsi, une couleur d’emprunt, une clarté qui n’est pas en eux ? Cette opinion fut celle de grands esprits : ils regardaient les astres comme des substances dures et compactes qui s’alimentent de feux étrangers. La flamme toute seule, disent-ils, se dissiperait, si elle n’était retenue par un corps qu’elle retient à son tour ; un globe de lumière qui n’adhérerait pas à un corps stable par lui-même serait certes bientôt dispersé par le rapide mouvement des cieux.
II. Pour faciliter nos recherches, il sera bon d’examiner si les comètes sont de même nature que les corps placés plus haut qu’elles. Elles ont avec eux des points de ressemblance, l’ascension, la déclinaison, et aussi la forme extérieure, sauf la diffusion et le prolongement lumineux ; du reste, même feu, même éclat. Si donc tous les astres sont des corps terreux, elles le seront pareillement. S’ils ne sont qu’une flamme pure, qui subsiste six mois durant et résiste à la révolution du monde si impétueuse, les comètes peuvent être aussi formées d’une substance déliée, que la rotation perpétuelle des cieux ne saurait dissoudre. Il ne sera pas hors de propos non plus de rechercher si le monde tourne autour de la terre immobile, ou si c’est le monde qui est fixe et la terre qui tourne. Des philosophes ont dit, en effet, que c’est nous que la nature emporte à notre insu ; que ce n’est pas le ciel, mais bien notre globe qui se lève et qui se couche. Question digne de toute notre attention, que celle de savoir quelle situation est la nôtre : si notre demeure est stationnaire ou douée du plus rapide mouvement ; si Dieu fait rouler l’univers autour de nous, ou nous autour de l’univers. Il faudrait aussi avoir le tableau de toutes les comètes qui apparurent avant nous : car leur rareté jusqu’ici empêche de saisir la loi de leur course et de s’assurer si leur marche est périodique, si un ordre constant les ramène au jour marqué. Or, l’observation de ces corps célestes est de date récente et ne s’est introduite que depuis peu dans la Grèce.
{{rom-maj|III}. Démocrite, le plus sagace des anciens observateurs, soupçonne qu'il y a plus d’étoiles errantes qu’on ne croit : mais il n’en fixe pas le nombre et ne les nomme point ; le cours des cinq planètes n’était pas même alors déterminé. Eudoxe, le premier, transporta d’Égypte dans la Grèce la connaissance de leurs mouvements. Toutefois il ne dit rien des comètes ; d’où il résulte que les Égyptiens même, le peuple le plus curieux d’astronomie, avaient peu approfondi cette partie de la science. Plus tard Conon, observateur aussi des plus exacts, dressa le catalogue des éclipses de soleil qu’avaient notées les Égyptiens, mais ne fit aucune mention des comètes, qu’il n’eût point omises s’il eût trouvé chez eux quelques faits constatés sur ce point. Seulement, deux savants qui disent avoir étudié chez les Chaldéens, Épigène et Apollonius de Myndes, ce dernier si habile astrologue, diffèrent entre eux sur ce même sujet. Selon Apollonius, les comètes sont mises par les Chaldéens au nombre des étoiles errantes, et ils connaissent leur cours ; Épigène, au contraire, dit qu’ils n’ont rien de positif sur les comètes, mais qu’ils les prennent pour des corps qu’enflamme un tourbillon d’air violemment roulé sur lui-même.
IV. Commençons, si tu le veux bien, par exposer le système d’Épigène et par le réfuter. Saturne est, selon lui, la planète qui influe le plus sur tous les mouvements des corps célestes. « Lorsqu’il pèse sur les signes voisins de Mars, ou qu’il entre dans le voisinage de la lune, ou en conjonction avec le soleil, sa nature froide et orageuse condense l’air et le roule en globe sur plusieurs points ; s’il absorbe ensuite les rayons solaires, le tonnerre gronde et l’éclair luit. Si Mars concourt à son action, la foudre éclate. Outre cela, dit-il, les éléments de la foudre ne sont pas les mêmes que ceux des éclairs : l’évaporation des eaux et de tous les corps humides ne produit dans le ciel que ces lueurs qui menacent sans frapper ; mais plus chaudes et plus sèches, les exhalaisons de la terre font jaillir la foudre. Les poutres, les torches, qui ne diffèrent entre elles que par le volume, ne se forment pas autrement. Lorsqu’un de ces globes d’air que nous appelons trombes s’est chargé de particules humides et terreuses, quelque part qu’il se porte, il offre l’aspect d’un feu dilaté, et dure autant que subsiste cette masse d’air saturée d’éléments humides et terreux. »
V. Réfutons d’abord la dernière de ces erreurs : il est faux que les poutres et les torches soient produites par des trombes. La trombe ne se forme et ne court que dans le voisinage de la terre : aussi la voit-on déraciner les arbustes et mettre à nu le sol partout où elle se jette, emportant quelquefois forêts et maisons ; presque toujours plus bas que les nuages, jamais du moins elle ne s’élève au-dessus. C’est dans une partie plus élevée du ciel que paraissent les poutres, et jamais on ne les voit entre la terre et les nuages. De plus, la trombe est toujours plus rapide que les nuages, et elle est lancée circulairement ; enfin, elle cesse brusquement et crève par sa violence même. Les poutres ne traversent pas le ciel d’un horizon à l'autre comme les torches ; elles stationnent et brillent toujours sur le même point. Charimandre, dans son Traité des comètes, dit qu’Anaxagore vit dans le ciel une lumière considérable et extraordinaire, de la dimension d’une grosse poutre, et qui dura plusieurs jours. Une flamme allongée, d’un aspect semblable, au rapport de Callisthène, précéda la submersion d’Hélice et de Buris. Aristote prétend que ce n’était pas une poutre, mais une comète, qu’au reste son grand éclat empêchait de voir sa diffusion ; mais que plus tard, quand il se fut affaibli, la comète parut ce qu’elle était. Cette apparition, remarquable sous plus d’un rapport, l’est surtout en ceci, qu’aussitôt après, la mer couvrit ces deux villes. Aristote regardait-il cette poutre, ainsi que toutes les autres, comme des comètes ? Mais il y a cette différence que la flamme des poutres est continue, et celle des comètes éparpillée. Les poutres brillent d’une flamme égale, sans solution de continuité, sans affaiblissement, seulement plus concentrée vers les extrémités. Telle était, d’après Callisthène, celle dont je viens de parler.
VI. « Il y a, dit Épigène, deux espèces de comètes. Les unes projettent en tous sens une flamme vive, et ne changent point de place ; les autres jettent d’un seul côté une flamme éparse comme une chevelure, et passent plus bas que les étoiles ; de cette espèce furent les deux comètes que notre siècle a vues. Les premières sont hérissées dans leur contour d’une sorte de crinière ; immobiles, presque toujours peu élevées, elles sont produites par les mêmes causes que les poutres et les torches, par une surabondance d’air épais où tourbillonnent force émanations humides et sèches de notre globe. Ainsi le vent, comprimé dans des lieux étroits, peut enflammer l’air supérieur, si cet air est riche d’éléments inflammables ; il peut ensuite écarter de ce centre lumineux l’air voisin, qui rendrait fluide et alanguirait le globe de feu ; enfin, le lendemain et les jours suivants, il peut s’élever encore aux mêmes points pour y rallumer l’incendie. Nous voyons, en effet, les vents plusieurs jours de suite renaître aux mêmes heures. Les pluies aussi et les autres météores orageux ont leurs retours périodiques. » Enfin, pour résumer la théorie d’Épigène, il croit ces comètes formées d’une manière analogue à l’explosion de feux qu’amène un tourbillon, La seule différence est que les trombes fondent des régions supérieures sur le globe, au lieu que les comètes s’élèvent du globe vers ces mêmes régions.
VII. On fait contre ce système plusieurs objections. D’abord, si le vent était ici cause agissante, il venterait toujours à l’apparition des comètes ; or, elles se montrent par le temps le plus calme. Ensuite, si le vent leur donnait naissance, elles disparaîtraient à la chute du vent ; si elles commençaient avec lui, elles grandiraient de même ; elles auraient d’autant plus d’ éclat qu’il aurait plus de violence. À quoi j’ajoute encore que le vent agit, sur plusieurs points de l’atmosphère, et que les comètes ne se montrent qu’en une seule région ; à une certaine élévation le vent n’arrive plus, et l’on voit des comètes bien plus haut que les vents ne peuvent monter. Épigène passe ensuite à l’espèce de comètes qui, dit-il, ressemblent plus spécialement aux étoiles, qui ont un mouvement et dépassent la ligne des constellations. Il leur attribue la même origine qu’à ses comètes inférieures, à cela près que la masse d’exhalaisons terrestres qu’elles portent en elles, et qui sont sèches, tend à s’élever vers les régions supérieures du ciel où l’aquilon les pousse. Mais si l’aquilon les poussait, elles iraient toujours vers le midi, qui est la direction de ce vent. Or, leurs tendances sont diverses, à l’orient pour les unes, au couchant pour les autres ; toutes suivent une courbe que le vent ne leur imprimerait pas. Enfin, si c’était l’aquilon qui les fît monter de la terre dans les cieux, les comètes ne se lèveraient jamais par d’autres vents ; ce qui pourtant a lieu.
VIII. Réfutons maintenant la seconde raison dont Épigène s’appuie : car il en donne deux. « Tout ce que la terre exhale de sec et d’humide doit, une fois réuni, par l’incompatibilité même des principes, rouler l’air en tourbillon. Ce vent fougueux, mû circulairement, enflamme tout ce qu’il ramasse dans sa course et le porte au plus haut des airs. L’éclat du feu qu’il fait jaillir dure autant que ce feu peut s’alimenter, et tombe dès qu’il ne le peut plus. » Raisonner ainsi, ce n’est pas voir combien la marche des tourbillons diffère de celle des comètes. Les tourbillons, dans leur rapide violence, sont plus impétueux que les vents mêmes ; les comètes se meuvent tranquillement, et ce qu’elles traversent d’espace en un jour et une nuit n’est point appréciable. D’ailleurs, la marche du tourbillon est vagabonde, pleine d’écarts ; selon le mot de Salluste, c’est comme un tournant d’eau ; la comète va régulièrement et suit une route déterminée. Qui pourrait croire que la lune, que les cinq planètes soient entraînées par le vent, ou roulées par un tourbillon ? Personne, je pense. Pourquoi ? parce qu’elles ne sont pas désordonnées, emportées dans leur cours. Disons la même chose des comètes. Rien de confus ni de tumultueux dans leur allure, rien qui fasse augurer qu’elles obéissent à des éléments de trouble et à des mobiles inconstants. Et puis, quand ces tourbillons seraient assez forts pour s’emparer des émanations humides et terrestres et les lancer de si bas à de telles hauteurs, ils ne les élèveraient pas au-dessus de la lune ; toute leur action s’arrête aux nuages. Or, nous voyons les comètes rouler au plus haut des cieux parmi les étoiles. Il n’est donc pas vraisemblable qu’un tourbillon se soutienne en un si long parcours ; car, plus il est fort, plus tôt il tend à s’affaisser.
IX. Ainsi, qu’Épigène choisisse : avec une force médiocre, le tourbillon ne pourra s’élever si haut ; violent et impétueux, il sera plus prompt à se briser. Que dit-il encore ? Que si les comètes inférieures ne montent pas davantage, c’est parce qu’elles ont plus de parties terrestres. C’est leur pesanteur qui les retient près de terre. Cependant, il faut bien que les autres comètes, plus durables et plus élevées, soient plus riches de matière ; elles ne luiraient pas si longtemps si elles ne trouvaient plus d’aliments. Je disais tout à l’heure qu’un tourbillon ne peut subsister longtemps ni monter au-dessus de la lune et au niveau des étoiles. C’est qu’un tourbillon n’est formé que par la lutte de plusieurs vents, lutte qui ne peut être longue. Quand des courants d’air, incertains et sans direction fixe, ont tourné en cercle quelques instants, l’un d’eux finit par prédominer. Jamais les grandes tempêtes ne durent ; plus l’orage est fort, plus il passe vite. C’est quand les vents sont à leur plus haut point d’intensité qu’ils perdent toute leur violence, et par cette impétuosité même ils tendent forcément à mourir. Aussi jamais n’a-t-on vu de tourbillons durer tout un jour, ni même toute une heure. Leur rapidité étonne ; leur courte durée n’étonne pas moins. Ajoute que leur véhémence et leur célérité sont plus sensibles sur la terre et dans son voisinage ; en s’élevant ils s’étendent, se relâchent et par là se dissipent. Enfin, quand ils atteindraient même la région des astres, le mouvement qui emporte tous ces grands corps les décomposerait. Quoi de plus rapide, en effet, que cette révolution du ciel ? Elle dissiperait l’effort de tous les vents coalisés, et la solide et massive charpente de ce globe ; que ferait-elle donc de quelques molécules d’air roulées sur elles-mêmes ?
X. Au reste, ces feux, portés si haut par un tourbillon, n’y subsisteraient qu’avec le tourbillon même. Or, quoi de moins admissible que la longue durée de ce phénomène ? Un mouvement est détruit par un mouvement contraire, et là-haut tout est soumis à cette puissance de rotation qui emporte le ciel,
Qui lance et fait tourner les astres dans l’espace[2].
XI. Laissons Épigène, et poursuivons l’examen des autres opinions. Mais, avant de les exposer, rappelons-nous que les comètes ne se montrent pas dans une seule région du ciel, ni dans le cercle du zodiaque exclusivement : elles paraissent au levant tout comme au couchant, mais le plus souvent vers le nord. Leurs formes diffèrent ; car, quoique les Grecs en aient fait trois catégories : l’une, dont la flamme pend comme une barbe ; l’autre, qui s’entoure d’une sorte de chevelure éparse ; la troisième, qui projette devant elle un cône de lumière ; toutes cependant sont de la même famille et portent à bon droit le nom de comètes. Mais, comme elles n’apparaissent qu’à de longs intervalles, il est difficile de les comparer entre elles. Durant même leur apparition, les spectateurs ne sont point d’accord sur leur état réel : mais, selon qu’on a la vue plus perçante ou plus faible, on les dit plus brillantes ou plus rouges, on juge leur chevelure plus ramassée sur le corps de l’astre, ou plus saillante sur les côtés. Au reste, qu’il y ait entre elles quelques différences ou qu’il n’y en ait aucune, nécessairement toutes les comètes sont produites par les mêmes causes. Le seul fait bien constant, c’est que l’apparition des comètes est insolite, leur forme étrange, et qu’elles traînent autour d’elles une flamme échevelée. Quelques anciens ont goûté cette explication-ci : Quand deux étoiles errantes se rencontrent, leurs lumières, confondues en une seule, offrent l'aspect d’un astre allongé ; ce phénomène doit se produire non-seulement par le contact, mais par l’approche même des deux corps. Car alors l'intervalle qui les sépare, illuminé et enflammé par toutes deux, doit figurer une longue traînée de feu.
XII. À cela nous répondons que le nombre de ces étoiles mobiles est déterminé, et que toutes paraissent alors même que la comète se montre : il est donc manifeste que ce n’est pas leur jonction qui produit cet astre, lequel a son existence propre et indépendante. Souvent même une planète passe sous l’orbite d’une autre plus élevée, par exemple, Jupiter sous Saturne, Vénus ou Mercure sous Mars, qui est alors perpendiculairement au-dessus, sans que de ces rapprochements résulte la formation d’une comète, ce qui, sans cela, aurait lieu chaque année ; car tous les ans il se rencontre quelques planètes dans le même signe du zodiaque. S’il suffisait, pour produire une comète, qu’une étoile passât sur une autre étoile, la comète ne durerait qu’un instant, le passage des planètes étant des plus rapides. C’est pourquoi toute éclipse est si courte ; la même célérité qui a rapproché les deux astres les sépare. Nous voyons le soleil et la lune se dégager en peu d’instants des ténèbres qui les obscurcissent : combien les étoiles, si petites comparativement, doivent-elles se séparer plus vite ! Cependant des comètes durent jusqu’à six mois ; ce qui n’arriverait pas si elles étaient produites par la jonction de deux planètes, puisque celles-ci ne peuvent rester longtemps unies, et que la loi de vitesse qui les régit doit les pousser toujours en avant. Ces planètes d’ailleurs, qui nous semblent voisines entre elles, d’immenses intervalles les tiennent éloignées. Comment les feux d’une de ces étoiles pourraient-ils se porter jusqu’à l’autre, de manière à les faire paraître réunies à de si énormes distances ? « La lumière de deux étoiles, poursuit-on, se confond sous l’apparence d’une seule, comme les nuages rougissent quand le soleil les frappe, comme le crépuscule et l’aurore prennent une teinte dorée, comme l’iris, ou un second soleil nous apparaissent[3]. » Mais, d’abord, tous ces effets sont dus à une cause très-active ; c’est le soleil qui produit ces teintes enflammées. Les planètes n’ont pas la même puissance ; d’ailleurs, tous ces phénomènes n’arrivent que dans le voisinage de la terre, au-dessous de la lune. La région supérieure est pure, sans mélange qui l’altère, et a toujours sa couleur propre. Et si pareil phénomène s’y manifestait, il n’aurait pas de durée, il disparaîtrait bien vite, comme ces couronnes qui se forment autour du soleil et de la lune, et qui presque aussitôt s’effacent. L’arc-en-ciel même ne dure guère. Si la lumière de deux planètes pouvait remplir l’espace intermédiaire entre elles, elle ne serait pas moins prompte à se dissiper, ou du moins ne subsisterait pas aussi longtemps que les comètes. Les planètes roulent dans les limites du zodiaque, c’est leur cercle d’évolutions ; or, on voit des comètes sur tous les points, elles ne sont pas plus circonscrites dans l’espace que l’époque de leur apparition n’est fixe.
XIII. Artémidore répond « que nos cinq planètes sont les seules observées, mais non pas les seules existantes ; qu’il nous en échappe une foule innombrable, soit que l’obscurité de leur lumière nous les rende invisibles, soit que la position de leur orbite ne nous permette de les voir que quand elles en touchent le point extrême. Il intervient donc, selon lui, des étoiles nouvelles pour nous qui confondent leur lumière avec celle des étoiles fixes, et projettent une flamme plus grande que celle des planètes ordinaires. » De tous les mensonges d’Artémidore, celui-ci est le plus léger ; car sa théorie du monde n’est, d’un bout à l’autre, qu’une fable impudente. À l’en croire, « la région supérieure du ciel est solide : sorte de plafond résistant, voûte profonde et épaisse, composée d’un amas d’atomes condensés ; la couche suivante est de feu, tellement compacte qu’elle ne saurait se dissiper ni s’altérer. Il y a pourtant des soupiraux et comme des fenêtres par lesquelles pénètrent les feux de la partie extérieure du monde, non pas en si grande quantité qu’ils en puissent troubler l’intérieur, d’où ils remontent au dehors. Ceux qui paraissent contre l’ordre accoutumé découlent de ce foyer extérieur. » Réfuter de telles choses serait donner des coups en l’air et s’escrimer contre les vents.
XIV. Je voudrais pourtant que ce philosophe, qui a fait au ciel un plancher si ferme, m’expliquât pourquoi nous devons croire à l’épaisseur dont il nous parle. Quelle puissance a porté si haut ces masses si compactes et les y retient ? Des éléments si massifs sont nécessairement d’un grand poids. Comment des corps pesants restent-ils au plus haut des cieux ? Comment cette masse ne descend-elle pas, ne se brise-t-elle pas par son poids ? Car il ne peut se faire que cette voûte énorme, ces hauts lambris d’Artémidore, pendent ainsi et n’aient qu’un fluide léger pour appui. On ne dira même pas que certains liens les retiennent extérieurement et empêchent leur chute, ni qu’entre eux et nous il y ait des supports sur lesquels ils pèsent et s’étayent. On n’osera pas dire non plus que le monde est emporté dans l’immensité, et qu’il tombe éternellement sans qu’il y paraisse, grâce à la continuité même de sa chute, qui n’a pas de terme où aboutir. C’est ce qu’on a dit de la terre, faute de pouvoir expliquer comment cette masse demeurerait. fixe au milieu des airs. Elle tombe éternellement, dit-on ; mais on ne s’aperçoit pas de sa chute, parce qu’elle s’opère dans l’infini. Qui vous autorise ensuite à conclure que le nombre des planètes n’est pas borné à cinq, qu’il y en a une foule d’autres, et sur une foule de points ? Si vous n’avez pour cela aucun argument plausible, pourquoi ne vous répondrait-on pas que toutes les étoiles sont errantes ou qu’aucune ne l’est ? Enfin, toute cette multitude d’astres vagabonds vous est d’une faible ressource ; car, plus il y en aura, plus leurs rencontres seront fréquentes ; or, les comètes sont rares, et c’est pour cela qu’elles étonnent toujours. D’ailleurs, le témoignage de tous les siècles s’élève contre vous ; car tous ont observé l’apparition de ces astres et en ont instruit la postérité.
XV. Après la mort de Démétrius, roi de Syrie, père de Démétrius et d’Antiochus, peu avant la guerre d’Achaïe, brilla une comète aussi grande que le soleil. C’était d’abord un disque d’un rouge enflammé, une lumière assez éclatante pour triompher de la nuit. Insensiblement elle diminua de grandeur, son éclat s’affaiblit ; enfin, elle disparut totalement, Combien faut-il donc d’étoiles réunies pour former un si grand corps ? De mille étoiles n’en faites qu’une, elles n’égaleront pas la grosseur du soleil. Sous le règne d’Attale on vit une comète, petite d’abord, qui ensuite s’éleva, s’étendit, s’avança jusqu’à l’équateur, et grossit au point d’égaler, par son immense diffusion, cette plage céleste qu’on nomme Voie lactée. Combien encore n’a-t-il pas fallu d’étoiles errantes pour remplir d’un feu continu un si grand espace du ciel ?
XVI. Maintenant que j’ai réfuté les raisonnements, combattons les témoins. Je n’aurai pas grand’peine à dépouiller Euphorus de son autorité ; c’est un historien. Or, il en est qui vont relatant des choses incroyables pour se faire valoir, et comme le lecteur, s’ils le traînaient sur des événements trop communs, s’endormirait, ils le réveillent par des prodiges. D’autres sont crédules, d’autres négligents. Quelques-uns se laissent prendre au mensonge, quelques autres y ont goût ; ceux-ci ne savent pas l’éviter, ceux-là courent après. C’est le défaut commun à toute la race : on n’accueillera pas leur œuvre, elle ne sera point populaire, pensent-ils, s’ils ne l’ont saupoudrée de mensonge. Éphorus, l’un des moins consciencieux, est souvent trompé, souvent trompeur. Cette comète, par exemple, si anxieusement observée par tout ce qu’il y avait d’yeux au monde, à cause de la grande catastrophe quelle amena dès qu’elle parut, la submersion d’Hélice et de Buris, il prétend qu’elle se sépara en deux étoiles, et il est le seul qui l’ait dit. En effet, qui pouvait saisir l’instant de la dissolution, du fractionnement de la comète en deux parties ? Et comment, si quelqu’un la vit se dédoubler, nul ne l’a-t-il vue se former de deux étoiles ? Pourquoi Éphorus n’a-t-il pas ajouté les noms de ces deux étoiles ? L’une au moins devait faire partie des cinq planètes ?
XVII. Apollonius de Myndes est d’une autre opinion. Selon lui, la comète n’est pas un assemblage de planètes ; mais une foule de comètes sont des planètes réelles. « Ce ne sont point, dit-il, des images trompeuses, des feux qui grossissent par le rapprochement de deux astres ; ce sont des astres particuliers, tel qu’est le soleil ou la lune. Leur forme n’est point précisément ronde, mais élancée, étendue en longueur. Du reste, leur orbite n’est pas visible ; ils traversent les plus hautes régions du ciel et ne deviennent apparents qu’au plus bas de leur cours. Ne croyons pas que la comète qu’on vit sous Claude soit la même que celle qui parut sous Auguste, ni que celle qui s’est montrée sous Néron, et qui a réhabilité les comètes, ait ressemblé à celle qui, après le meurtre de Jules César, durant les jeux de Vénus Génitrix, s’éleva sur l’horizon vers la onzième heure du jour. Les comètes sont en grand nombre et de plus d’une sorte ; leurs dimensions sont inégales, leur couleur diffère ; les unes sont rouges, sans éclat ; les autres blanches et brillantes de la plus pure lumière ; d’autres présentent une flamme mélangée d’éléments peu subtils et se chargent, s’enveloppent de vapeurs fumeuses. Quelques-unes sont d’un rouge de sang, sinistre présage de celui qui sera bientôt répandu. Leur lumière augmente et décroît comme celle des autres astres qui jettent plus d’éclat, qui paraissent plus grands à mesure qu’ils descendent et s’approchent de nous, plus petits et moins lumineux parce qu’ils rétrogradent et s’éloignent. »
XVIII. On répond facilement à cela, qu’il n’en est pas des comètes comme des autres astres. Du premier jour où elles paraissent, elles ont toute leur grosseur. Or, elles devraient s’accroître en s’approchant de nous ; et cependant leur premier aspect ne change pas, jusqu’à ce qu’elles commencent à s’éteindre. D’ailleurs on peut dire contre Apollonius ce qu’on dit contre les auteurs précités : si les comètes étaient des astres, et des astres errants, elles ne rouleraient pas en dehors du zodiaque, dans lequel toute planète fait sa révolution. Jamais étoile ne paraît au travers d’une autre. La vue de l’homme ne peut percer le centre d’un astre, pour voir au delà quelque astre plus élevé. Or, on découvre à travers les comètes comme à travers un nuage, les objets ultérieurs : la comète n’est donc point un astre, mais un feu léger et irrégulier.
XIX. Zénon, notre maître, estime que ce sont des étoiles dont les rayons convergent et s’entremêlent, et que de cette réunion de lumières résulte un semblant d’étoile allongée. De là, quelques philosophes jugent que les comètes n’existent pas ; que ce sont des apparences produites par la réflexion des astres voisins, ou par leur rencontre, et quand la cohésion s’est faite. D’autres admettent leur réalité, mais pensent qu’elles ont leur cours particulier, et qu’après certaines périodes elles reparaissent aux yeux des hommes. D’autres enfin croient qu’elles existent, mais leur refusent le nom d’astres, vu qu’elles s’en vont pièce à pièce, qu’elles ne durent guère, et en peu de temps s’évaporent.
XX. Presque tous ceux de notre école sont de cette opinion, qui leur semble ne pas répugner à la vérité. Et, en effet, nous voyons au plus haut des airs s’allumer des feux de toute espèce, tantôt le ciel s’embraser, tantôt
Fuir en longs traits d’argent des flammes blanchissantes[4],
tantôt courir des torches avec de larges sillons de feu. La foudre même, malgré sa prodigieuse rapidité, qui nous fait passer en un clin d’œil de l’éblouissement aux ténèbres, est un feu dû à l’air froissé, un feu qui jaillit d’une forte collision atmosphérique. Aussi n’est-ce qu’une flamme sans durée, qui fait explosion et qui passe et à l’instant s’évanouit. Les autres feux subsistent plus longtemps, et ne se dissipent point que l’aliment qui les nourrissait ne soit entièrement consumé. À cette classe appartiennent les prodiges décrits par Posidonius, colonnes, boucliers ardents, et autres flammes remarquables par leur étrangeté, auxquelles on ne prendrait pas garde si leur cours suivait l'ordre habituel. Chacun s’étonne à ces apparitions d’un feu subit au haut des airs, soit qu’il ne fasse que briller et disparaître, soit que l’air comprimé au point de prendre feu lui donne cette consistance dont on s’émerveille. Et enfin, n’est-il pas vrai que parfois l’éther se déchire et laisse apparaître, en se refoulant sur lui-même, une vaste cavité lumineuse ? On pourrait s’écrier : Qu’est cela ?
…Je vois les cieux tout à coup s’entr’ouvrir,
Leurs étoiles errer dans l’espace[5]…
Et souvent ces phénomènes, sans attendre la nuit, éclatèrent en plein jour. Mais c’est par une autre raison que brillent à un moment si peu fait pour eux ces astres dont l’existence est constante, alors même qu’on ne les voit point. Beaucoup de comètes sont invisibles, parce que les rayons du soleil les effacent. Posidonius rapporte que dans une éclipse de cet astre on a vu paraître une comète qu’il cachait par son voisinage. Souvent, après le coucher du soleil, on voit près de son disque des feux épars : c’est que le corps de la comète, noyé dans la lumière du soleil, ne peut se distinguer ; mais sa chevelure est en dehors des rayons.
XXI. Ainsi nos stoïciens pensent que les comètes, comme les torches, les trompettes, les poutres et les autres météores, proviennent d’un air condensé. C’est pourquoi les comètes apparaissent plus fréquemment au nord, parce que l’air stagnant y abonde. Mais pourquoi la comète marche-t-elle, au lieu de rester immobile ? Le voici. Elle est comme le feu, qui suit toujours ce qui l’alimente ; et bien qu’elle tende aux régions supérieures, le défaut de matière inflammable la fait rétrograder et descendre. Dans l’air même elle n’incline point à droite ou à gauche, car elle n’a point de route réglée, elle se porte lentement où l’attire la veine de l’élément qui la nourrit : ce n’est pas une étoile qui marche, c’est un feu qui s’alimente. Pourquoi donc ses apparitions sont-elles longues ; pourquoi ne s’évapore-t-elle pas plus tôt ? En effet, six mois durant s’est montrée celle que nous avons vue sous l’heureux principat de Néron, et qui suivait sa courbe en sens inverse de celle qui parut sous Claude. Car, partie du septentrion et s’élevant vers le midi, elle gagna l’orient en s’obscurcissant toujours davantage ; l’autre, venue du même point, avec tendance vers l'occident, tourna au midi où elle disparut. C’est que la première, nourrie d’éléments plus humides et plus propres à la combustion, les suivit toujours ; la seconde eut pour elle une région plus féconde et plus substantielle. Les comètes se dirigent donc où les attire leur aliment, et non dans une voie prescrite. Les circonstances furent différentes pour les deux que nous avons observées, puisque l’une se portait à droite, l’autre à gauche. Or le mouvement de toutes les planètes a lieu du même côté, c’est-à-dire en un sens contraire au mouvement des cieux. Les cieux roulent de l’est à l’ouest ; les planètes vont de l’ouest à l’est. Aussi ont-elles deux mouvements, celui qui leur est propre, et celui qui les emporte avec tout le ciel.
XXII. Je ne pense pas comme nos stoïciens. Selon moi, la comète n’est pas un feu qui s’allume subitement ; c’est une des créations éternelles de la nature. D’abord tout météore, comme fils de l’air, dure peu ; car il naît dans un élément fugace et prompt à changer. Quel météore subsisterait longtemps sans se modifier, dans l’air qui ne demeure jamais le même, qui, toujours fluide, n’est que passagèrement calme ? En moins de rien il passe d’un état à un autre, ou pluvieux, ou serein, ou dans un milieu variable. Les nuages dans lesquels il se condense si habituellement pour se dissoudre ensuite, tantôt s’agglomèrent, tantôt se disséminent, jamais ne restent sans mouvement. Il est impossible qu’un feu permanent siège en un corps si mobile, et y adhère avec la ténacité de ceux que la nature a faits inaltérables, en les plaçant à poste fixe. D’ailleurs, si la comète était inséparable de son aliment, elle descendrait toujours. Car l’air est d’autant plus épais qu’il est plus voisin de la terre : or, jamais les comètes ne descendent si bas et n’approchent de notre sol. Enfin, le feu va où sa nature le mène, c’est-à-dire en haut ; ou bien il se porte où l’attire la matière à laquelle il s’attache et dont il se nourrit.
XXIII. Les feux célestes ordinaires n’ont point une route tortueuse ; il n’appartient qu’aux astres de décrire des courbes. D’anciennes comètes en ont-elles décrit ? Je l’ignore ; mais de notre temps deux l’ont fait. Ensuite tout feu qu’une cause temporaire allume s’éteint promptement. Ainsi les torches ne luisent qu’en passant ; ainsi la foudre n’a de force que pour un seul coup ; ainsi les étoiles filantes ou tombantes ne font que traverser l’air qu’elles sillonnent. Jamais feu n’a de durée, si son foyer n’est en lui-même ; je parle de ces feux divins, de ces éternels flambeaux du monde, qui sont ses membres, ses ministres[6]. Mais ceux-ci accomplissent une tâche, fournissent une carrière, gardent un ordre constant, sont toujours égaux à eux-mêmes. D’un jour à l’autre on les verrait croître ou décroître, si leur flamme était d’emprunt et leur cause instantanée. Cette flamme serait moindre ou plus grande, selon le plus ou le moins d’aliments qu’elle aurait. Je viens de dire qu’une flamme produite par l’altération de l’air n’a point de longue durée ; j’ajouterai même qu’elle ne peut durer et se maintenir en nulle façon. Car les torches, la foudre, les étoiles filantes, tous les feux que l’air exprime de son sein, ne peuvent que fuir dans l’espace, et on ne les voit que tomber. La comète a sa région propre ; aussi n’en est-elle pas expulsée si vite ; elle achève son cours ; elle ne s’éteint pas, elle s’éloigne de la portée de nos yeux. Si c’était une planète, dira-t-on, elle roulerait dans le zodiaque. — Mais qui peut assigner aux astres une limite exclusive, confiner et tenir à l’étroit ces êtres divins ? Ces planètes mêmes, qui seules te semblent se mouvoir, parcourent des orbites différentes les unes des autres. Pourquoi n’y aurait-il pas des astres qui suivraient des routes particulières et fort éloignées de celles des planètes ? Pourquoi quelque région du ciel serait-elle inaccessible ? Que si l’on veut absolument que toute planète touche le zodiaque, la comète peut avoir un cercle assez large pour y coïncider en quelque partie, ce qui est non pas nécessaire, mais possible.
XXIV. Vois s’il n’est pas plus digne de la grandeur du monde céleste de le diviser en des milliers de routes diverses, que d’y vouloir un seul sentier battu et de faire du reste un morne désert. Croiras-tu que dans cette immense et magnifique architecture, parmi ces astres innombrables qui décorent et diversifient le tableau des nuits, qui ne laissent jamais l’atmosphère vide et sans action, cinq étoiles seules aient leur mouvement libre, tandis que les autres restent là, peuple immobile et stationnaire ? Si maintenant l’on me demande d’où vient qu’on n’a pas observé le cours des comètes, comme celui des cinq étoiles errantes, je répondrai qu’il est mille choses dont nous admettons l’existence, tout en ignorant leur nature. Que nous ayons une âme dont la voix souveraine tantôt nous excite, tantôt nous rappelle, tout le monde l’avoue ; mais cette âme quelle est-elle ? Quel est ce chef, ce régulateur de nous-mêmes ? Nul ne te l’expliquera, pas plus qu’il ne t’indiquera où il siège. L’un dit : « C’est un souffle ; » l’autre répond : « C’est une harmonie ; » celui-ci le nomme une force divine, une parcelle de la divinité ; celui-là l’appelle un air éminemment subtil ; cet autre, une puissance immatérielle. Il s’en trouve qui la placent dans le sang, dans la chaleur vitale. Comment verrait-elle clair dans tout le reste, cette âme qui en est encore à se chercher elle-même2 ?
XXV. Pourquoi donc s’étonner que les comètes, dont le monde a si rarement le spectacle, ne soient point encore pour nous astreintes à des lois fixes, et que l’on ne connaisse ni d’où viennent ni où s’arrêtent ces corps dont les retours n’ont lieu qu’à d’immenses intervalles ? Il ne s’est pas écoulé quinze siècles depuis que
Aujourd’hui encore, que de peuples ne connaissent du ciel que son aspect, et ne savent pas pourquoi la lune s’éclipse et se couvre d’ombre ! Nous-mêmes, sur ce point, ne sommes arrivés que depuis peu à une certitude raisonnée. Un âge viendra où ce qui est mystère pour nous sera mis au jour par le temps et les études accumulées des siècles. Pour de si grandes recherches, la vie d’un homme ne suffit pas, fût-elle toute consacrée à l’inspection du ciel. Que sera-ce, quand de ce peu d’années nous faisons deux parts si inégales entre l’étude et de vils plaisirs ? Ce n’est donc que successivement et à la longue que ces phénomènes seront dévoilés. Le temps viendra où nos descendants s’étonneront que nous ayons ignoré des choses si simples. Ces cinq planètes qui assiègent nos yeux, qui se présentent sur tant de points et forcent notre curiosité, nous ne connaissons que d’hier leur lever du matin et du soir, leurs stations, le moment où elles s’avancent en ligne directe, la cause qui les fait revenir sur leurs pas. Les émersions de Jupiter, son coucher, sa marche rétrograde, ainsi a-t-on appelé son mouvement de retraite, ne nous sont familiers que depuis peu d’années. Il s’est trouvé des sages pour nous dire ; « C’est une erreur de croire qu’il y ait des étoiles qui suspendent ou détournent leur cours. Les corps célestes ne peuvent ni s’arrêter, ni dévier : tous vont en avant, tous obéissent à une direction primitive. Leur course cessera le jour où ils cesseront d’être. L’éternelle création est douée de mouvements irrévocables ; si jamais ils font halte, c’est qu’il surviendra des obstacles que la marche égale et régulière du monde rend jusqu’ici impuissants. »
XXVI. Pourquoi donc certains astres semblent-ils rebrousser chemin ? C’est la rencontre du soleil qui leur donne une apparence de lenteur ; c’est la nature de leurs orbites et des cercles disposés de telle sorte qu’à certains moments il y a illusion d’optique. Ainsi les vaisseaux, lors même qu’ils vont à pleines voiles, semblent immobiles. Il naîtra quelque jour un homme qui démontrera dans quelle partie du ciel errent les comètes ; pourquoi elles marchent si fort à l’écart des autres planètes ; quelle est leur grandeur, leur nature. Contentons-nous de ce qui a été trouvé jusqu’ici ; que nos neveux aient aussi leur part de vérité à découvrir. Les étoiles, dit-on, ne sont pas transparentes, et la vue perce à travers les comètes. Si cela est, ce n’est point à travers le corps de la comète, dont la flamme est dense et substantielle ; c’est à travers la traînée de lumière rare et éparse en forme de chevelure, c’est dans les intervalles du feu, non à travers le feu même, que vous voyez. « Toute étoile est ronde, dit-on encore, les comètes sont allongées ; évidemment ce ne sont pas des étoiles. » Mais qui vous accordera que les comètes ont la forme allongée ? Elles ont naturellement, comme les autres astres, la forme sphérique, mais avec une plus grande extension de lumière. De même que le soleil darde ses rayons au loin et au large, et cependant présente une forme autre que celle de ses flots lumineux ; ainsi le noyau des comètes est rond, mais leur lumière nous apparaît plus longue que celle des autres étoiles.
XXVII. « Pourquoi cela ? » dis-tu. Dis-moi d’abord toi-même pourquoi la lune reçoit une lumière si différente de celle du soleil quand c’est du soleil qu’elle la reçoit ? Pourquoi est-elle tantôt rouge, tantôt pâle ? Pourquoi devient-elle livide et sombre, quand l’aspect du soleil lui est dérobé ? Dis-moi pourquoi les étoiles ont toutes entre elles quelque différence de forme, mais surtout diffèrent avec le soleil. Comme rien n’empêche que tous ces corps soient des astres, bien que dissemblables, qui empêcherait que les comètes fussent éternelles et de même nature qu’eux, malgré la différence de leur aspect ? Car enfin, le ciel même, à le bien considérer, ne se compose-t-il pas de parties diverses ? D’où vient que le soleil est toujours ardent dans le signe du Lion, d’où il dessèche et brûle la terre ; tandis que dans le Verseau il rend l’hiver plus intense et enchaîne les fleuves d’une barrière de glace ? Les deux signes pourtant sont de même espèce, quoique leurs effets et leur nature soient fort opposés. Le Bélier se lève en fort peu de temps ; la Balance est des plus tardives ; et ces deux signes n’en sont pas moins de même nature, malgré la vélocité de l’un et la lenteur de l’autre. Ne vois-tu pas combien les éléments sont opposés entre eux ? Ils sont pesants ou légers, froids ou chauds, humides ou secs. Toute l’harmonie de l’univers résulte de discordances. Tu nies que la comète soit un astre, parce que sa forme ne répond pas au type que tu t’es fait et n’est pas celle des autres. Mais considère combien l’astre qui n’achève sa révolution qu’en trente ans ressemble peu à celui qui en un an a fini la sienne. La nature ne tire pas tous ses ouvrages d’un moule uniforme ; elle est fière de sa variété même. Elle a fait tel astre plus grand, tel autre plus rapide ; celui-ci a plus de puissance ; l’action de celui-là est plus modérée ; quelques-uns, mis par elle hors de ligne, marchent isolés et avec plus d’éclat ; les autres sont relégués dans la foule. On méconnaît les ressources de la nature, si l’on croit qu’elle ne peut jamais que ce qu’elle fait habituellement. Elle ne montre pas souvent des comètes ; elle leur a assigné un lieu à part, des périodes différentes, des mouvements tout autres que ceux des planètes. Elle a voulu rehausser la grandeur de son œuvre par ces apparitions, trop belles pour qu’on les croie fortuites, soit qu’on ait égard à leur dimension, soit qu’on s’arrête à leur éclat plus ardent et plus vif que celui des autres étoiles. Leur aspect a ceci de remarquable et d’exceptionnel, qu’au lieu d’être enfermée et condensée dans un disque étroit, la comète se déploie librement et embrasse la région d’un grand nombre d’étoiles.
XXVIII. Aristote dit que les comètes présagent des tempêtes, des vents violents, de grandes pluies. Pourquoi, en effet, ne pas croire qu’un astre puisse être un pronostic ? Ce n’est pas sans doute un signe de tempête, comme il y a signe de pluie lorsqu’une lampe
Se couvre en pétillant de noirs flocons de mousse[8] ;
Quand la foulque sautille et joue au bord des flots ; Ou lorsque le héron, les ailes étendues, De ses marais s’élance et se perd dans les nues[9].
C’est un pronostic général, comme l’est celui de l’équinoxe, qui vient changer la température en chaud ou en froid ; comme ce que les Chaldéens prédisent de la bonne ou mauvaise étoile sous laquelle on naît. Cela est si vrai, que ce n’est pas pour le moment même qu’une comète annonce les vents et la pluie, comme l’ajoute Aristote ; c’est l’année entière qu’elle rend suspecte. Évidemment donc, les pronostics de la comète ne lui viennent pas d’éléments voisins d’elle et pour un temps immédiat ; elle les tire de plus loin ; ils tiennent aux lois mystérieuses du ciel. Celle qui apparut sous le consulat de Paterculus et de Vopiscus réalisa ce qu’en avaient prédit Aristote et Théophraste : partout régnèrent de violentes et continuelles tempêtes ; et, en Achaïe comme en Macédoine, des villes furent renversées par des tremblements de terre. La lenteur des comètes, au dire d’Aristote, prouve leur pesanteur et décèle en elles beaucoup de parties terrestres ; leur marche aussi le prouve ; car elles sont poussées presque toujours vers les pôles.
XXIX. Ces deux arguments sont faux. Réfutons d’abord le premier. La lenteur de la marche serait une preuve de pesanteur ! Et pourquoi ? Saturne, celle de toutes les planètes qui achève le plus lentement sa carrière, est donc la plus pesante. Or, ce qui prouve sa légèreté, c’est qu’elle est plus élevée que toutes les autres. Mais, diras-tu, elle décrit un plus grand cercle ; sa vitesse n’est pas moindre, mais sa course est plus longue. Songe que j’en puis dire autant des comètes, quand même leur marche serait plus lente, ce qui est contraire à la vérité. La dernière comète a parcouru en six mois la moitié du ciel ; la précédente, en moins de temps, avait disparu. « Mais elles sont pesantes, puisqu’elles descendent. » D’abord, ce n’est point descendre que se mouvoir circulairement ; ensuite la dernière comète, partie du nord, s’est avancée par l’occident vers le midi, et c’est à force de s’élever qu’elle s’est dérobée à nos yeux. L’autre, la Claudienne, d’abord vue au septentrion, ne cessa de monter toujours plus perpendiculaire, tant qu’on ne la vit plus. Voilà, sur les comètes, tout ce que je sache d’intéressant pour moi ou pour les autres. Suis-je dans le vrai ? Les dieux le savent[10], eux qui connaissent la vérité. Pour nous, nous ne pouvons rien que chercher à tâtons, que cheminer dans l’ombre et par conjecture, sans être sûrs de trouver juste, comme sans désespérer.
XXX. Aristote dit excellemment : « Ne soyons jamais plus circonspects que lorsque nous parlons des dieux. » Si nous entrons dans les temples avec recueillement, si nous n’approchons d’un sacrifice que les yeux baissés, la toge ramenée sur la poitrine, avec tous les signes d’une réserve qui fait de nous comme d’autres hommes ; combien plus de retenue ne doit-on pas s’imposer quand on discute sur les astres, les planètes, la nature des dieux, pour n’avancer rien de téméraire ou d’irrévérencieux, ne pas affirmer ce qu’on ne sait point, ni mentir à ce que l’on sait ! Faut-il s’étonner qu’on découvre si lentement ce qui est si profondément caché ! Panætius et ceux qui veulent faire croire que les comètes ne sont pas des astres ordinaires, qu’elles n’en ont que la fausse apparence, ont soigneusement examiné si toutes les saisons sont également propices à ces apparitions ; si toute région du ciel est apte à les créer ; si elles peuvent se former partout où elles peuvent se porter, et autres questions qui s’évanouissent toutes, quand je prouve que les comètes ne sont pas des embrasements fortuits, mais entrent dans la constitution même du ciel, qui les montre rarement et nous cache leurs évolutions. Combien d’autres corps roulent en secret dans l’espace, et ne se lèvent jamais pour les yeux de l’homme ! Dieu, en effet, n’a pas fait toute chose pour nous. Quelle faible portion de ce vaste ensemble est accordée à nos regards ! L’arbitre, le créateur, le fondateur de ce grand tout dont il s’est fait le centre ; ce Dieu, la plus haute et la meilleure partie de son ouvrage, se dérobe lui-même à nos yeux ; il n’est visible qu’à la pensée4.
XXXI. Bien d’autres puissances, voisines de l’être suprême par leur nature et leur pouvoir, nous sont inconnues, ou peut-être, merveille plus grande, échappent à nos yeux à force de les éblouir, soit que des substances si ténues deviennent imperceptibles à la vue de l’homme, soit que leur majestueuse sainteté se cache dans une retraite profonde pour gouverner leur empire c’est-à-dire elles-mêmes, et ne laisser d’accès qu’à l’âme.
Quel est cet être sans lequel rien n’existe5 ? Nous ne pouvons le savoir ; et nous serions surpris de ne connaître qu’imparfaitement quelques points lumineux, quand la plus importante partie de l’univers, quand Dieu nous échappe ! Que d’animaux furent pour la première fois découverts dans ce siècle ! Que d’autres, ignorés de nous, seront connus des âges suivants ! Que de conquêtes pour les temps à venir, quand notre mémoire même ne sera plus ! Que ce monde serait peu, s’il n’enfermait des choses que le monde entier doit chercher ! Il est des mystères religieux qui ne se dévoilent pas en un jour. Éleusis garde des révélations pour ceux qui la viennent revoir. La nature ne livre pas à la fois tous ses secrets. Nous nous croyons initiés, nous, encore arrêtés sur le seuil. De telles merveilles ne se découvrent pas indistinctement et à tout mortel ; elles sont reculées, elles sont closes au plus profond du sanctuaire. Ce siècle en verra quelques-unes ; d’autres attendent ceux qui vont nous remplacer. Quand donc ces connaissances arriveront-elles à l’homme ? Les grandes découvertes sont lentes, surtout quand les efforts languissent. Il n’est qu’une chose où nous tendions de toute notre âme, sans y atteindre encore : la plus grande corruption possible. Nos vices sont encore en progrès. Le luxe trouve à se passionner pour de nouvelles folies ; la débauche invente contre elle-même de nouveaux outrages ; la vie de délices qui dissout et consume trouve à enchérir sur ses raffinements, sur ses énervements homicides. Nous n’avons pas assez fait abdication de force. Ce qui nous reste d’extérieur mâle, nous l’effaçons sous le luisant de nos corps épilés. Nous avons vaincu les femmes en toilette ; les couleurs que portent les courtisanes, que les dames romaines ont dû s’interdire, nous, Romains, nous les avons prises. On va d’une molle et languissante allure, d’un pas indécis : ce n’est plus en homme que l’on marche, c’est en femmelette. Des bagues ornent nos doigts ; chaque phalange a sa pierre précieuse. Tous les jours nous imaginons de nouveaux moyens de dégrader notre sexe ou de le travestir, ne pouvant le dépouiller : l’un livre au fer ce qui le fait homme ; la plus vile bande du cirque devient le refuge de cet autre, loué pour mourir, armé pour l’infamie. Même ruiné, il pourra fournir à sa frénésie : il a bien choisi[11].
XXXII. Tu es surpris que la science n’ait as jusqu’ici complété son œuvre ! l’immoralité n’a pas encore donné toute sa mesure. Elle ne fait que de naître, et tous nous lui vouons nos soins ; nos yeux, nos mains se font ses esclaves. Mais la science, quels visiteurs a-t-elle ? qui la croit digne de mieux que d’un coup d’œil en passant ? Et la philosophie, et toute autre étude libérale, qui s’en occupe, à moins qu’il n’y ai relâche aux théâtres, ou qu’il ne survienne un jour de pluie, de ces jours qu’on peut perdre6 ? Aussi les branches de la grande famille philosophique s’éteignent-elles sans rejetons. Les deux Académies, l’ancienne et la moderne, n’ont plus de pontife qui les continue. Chez qui puiser la tradition et la doctrine pyrrhonienne ? L’illustre mais impopulaire école de Pythagore n’a point trouvé de représentant7. Celle des Sextius, qui la renouvelait avec une vigueur toute romaine8, au milieu même de ses débuts, après un grand et premier essor, la voilà morte. Mais que de soins et d’efforts pour que le nom du moindre pantomime ne puisse périr ! Elle revit dans leurs successeurs la noble race de Pylade et de Bathylle ; pour de tels arts il y a force disciples, force maîtres. Toute maison est, dans Rome, un bruyant théâtre de danses où les deux sexes vont se trémoussant. Maris et femmes se disputent l’honneur de figurer aux côtés de ces histrions9. Puis, le front usé par le masque mimique, on passe au casque du gladiateur[12]. La philosophie ! nul n’en a souci. Aussi, bien loin que l’on découvre ce qui a pu échapper aux investigations de nos pères, combien de leurs découvertes tombent dans l’oubli ! Et pourtant, ô dieux ! quand nous y vouerions toutes nos facultés ; quand notre jeunesse, tempérante, en ferait son unique étude ; les pères, le texte de leurs leçons ; les fils, l’objet de leurs travaux, à peine arriverions-nous au fond de cet abîme où dort la vérité, qu’aujourd’hui notre indolente main cherche à la surface du sol.
1. Voir Liv. VI, iii, et Cicéron ad Herenn., III, xxii ; de Nat. Deor., III, XXXVIII
2. Voir De la Clémence, I, iii. « La façon dont l’âme est unie au corps est tout à fait merveilleuse et incompréhensible à l’homme, et cette union c’est l’homme même. » (Saint August. , De civit. Dei, XXI, X.) Et Pascal, Pensées, Faiblesse de l’homme. Pope, Essai sur l’homme, III.
3. Qui numerat multitudinem stellarum, et omnibus eis nomina vocat. (Psalm. cxlvi.)
4.
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C’est dans l’entendement que vous me verrez luire ; |
(Lamartine, Entret. sur Job.)
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5. Sine ipso factum est nihil quod factum est. (Saint Jean, i, 3.)
6. D’Aguesseau semble avoir eu sous les yeux ce passage, dans son IIe Disc. sur la décadence du barreau.
7. Imité par Pétrone, ch. lxxxviii.
8. Il s’agit des deux Sextius, père et fils. Voir l'éloge du père, Lettres lix et lxviii. Sénèque parle du fils, Lettre cviii. Leur secte était un mélange de stoïcisme et de pythagorisme.
9. « Tibère fit un règlement qui défendait aux sénateurs d’entrer dans les maisons des pantomimes, aux chevaliers de leur faire cortège en public. » (Tacite, Ann., I, lxxvii.) Règlement qui, s’il fui suivi, tomba en désuétude.
- ↑ Au texte : ipsum ab aliis fluens lumen. Je crois qu’il faut lire : ab illis ou ab astris.
- ↑ Ovide, Métam., II, 71,
- ↑ Passage tourmenté. Un Mss. porte : arcus alterne sol visitur. Je propose : …alterve sol visitur. Lemaire : alterne nec nisi sole pingitur.
- ↑ Virgile, Georg., I, 367.
- ↑ Énéide, IX, 20.
- ↑ Au texte : partes ejus sunt et opera. Je lirais volontiers : aperæ. Selon les stoïciens, un dieu était attaché à chaque astre et dirigeait ses mouvements.
- ↑ Virgile, Géorg., I, 137.
- ↑ Géorg., I, 392. Delille.
- ↑ Géorg., I, 363. Trad. de Delille modifiée.
- ↑ (a) Je lis avec deux Mss. : di sciunt. Lemaire : discutiant.
- ↑ Voir Lettre LXXXVII.
- ↑ Je lis transitur ad galeam. « L’an de Rome 817, plusieurs nobles dames et sénateurs s’avilirent jusqu’à descendre dans l’arène. » (Tacite, Ann., XV, 32.) « Quem præstare potest mulier galeata pudorem. » (Juvén., VI, 252.) Trois manusc. donnent ad galeam. Lemaire : ad ganeam (on passe à l'orgie), finale bien faible : l'orgie était l’accompagnement tout ordinaire de ces sortes de danses.