depuis trois semaines, ne lui en offrait que trois cents. Doutlof termina l’affaire en quelques mots :
— Prends-tu trois cents et un quart ? dit-il en lui tendant la main, d’un air qui indiquait qu’il était tout disposé à donner davantage.
L’autre persistait à demander davantage.
— Tu ne veux prendre trois cents et un quart ? tu ne veux décidément pas ? Eh bien ! que le bon Dieu te bénisse ; prends trois cents et demi. Prépare-moi un reçu, amène le garçon. Tiens ; voici deux rouges d’avance.
L’autre avait l’air d’hésiter et ne prenait pas l’argent que Doutlof lui tendait.
— Nous sommes tous mortels, insistait-il en lui offrant l’argent. Cède donc ? Pense à mon pauvre garçon !
— Il n’y a rien à faire, répondit l’autre enfin, en faisant le signe de la croix. Que Dieu vous assiste !
On réveilla le remplaçant qui, ivre depuis la veille, dormait étendu par terre, on l’examina et on partit.
Chemin faisant, le remplaçant insistait pour qu’on lui offrît du rhum pour se rafraîchir ; Doutlof lui donna de l’argent pour s’en acheter.
Entrés dans la maison où se faisait le recrutement, ils restèrent longtemps dans l’antichambre sans savoir à qui s’adresser ni où aller. Le remplaçant commençait déjà à reprendre courage. Le vieux Doutlof se désolait, lorsqu’il aperçut Iégor Ivanovitch. Il le saisit par le pan de sa redingote et le supplia de lui venir en aide. Iégor Ivanovitch s’y prit si bien que, vers trois heures, tout fut terminé. Le remplaçant fut reconnu bon pour le service ; Cinq minutes plus tard, Doutlof compta la somme au marchand ; reçut la quittance et