sont clercs ou laïques, puis de les grouper suivant le genre d’ouvrages qu’ils ont adopté et enfin d’apprécier les plus caractéristiques de ces ouvrages. Commençons par la milice sacrée ; les écrivains profanes auront leur tour au chapitre suivant.
Avant même d’avoir à juger de leurs coups, nous pouvons prédire que les écrivains ecclésiastiques seront, sur bien des points, inférieurs à leurs adversaires : tout d’abord, les philosophes, étant les assaillants, possèdent déjà les avantages qu’ont toujours ceux qui attaquent sur ceux qui se défendent ; et ces avantages sont d’autant plus marqués ici que les premiers vont faire usage contre les seconds de l’arme la plus redoutable qui soit au monde : le ridicule ; car il est bien plus difficile de répliquer victorieusement à une plaisanterie, bonne ou mauvaise, que de lancer celle-ci et de la faire applaudir, surtout par des lecteurs français.
Ajoutez que les quolibets sur la religion et ses ministres, bien accueillis à toutes les époques chez un peuple qui, même aux siècles de foi, fut toujours plus orthodoxe que religieux, trouvaient alors, et plus que jamais, des oreilles pour les recueillir et des bouches pour les propager ; car il était bien loin le temps où le peuple saint en foule inondait les portiques des églises. Sans compter ceux, de jour en jour plus nombreux, qui s’empressaient aux autels de Baal, combien alors montraient pour leur Dieu le plus profond oubli et auraient rougi de le confesser publiquement ! Si, au dix-septième siècle, on avait été dévot sous un roi dévot, on devenait presque fatalement incrédule dans un pays et un temps où la mode était à l’irréligion. Bien plus, et par suite de cette tendance irrésistible de notre faible nature à agir et même à penser comme agissent et pensent ceux qui nous entourent, les prêtres eux-mêmes, et, surtout à Paris, les plus hauts dignitaires de l’Église, sentaient fléchir en eux cette foi intransigeante dont ils auraient eu besoin pour tonner, du haut de leur chaire, comme avaient fait jadis les Bourdaloue et les Bossuet, contre les insolences de la libre-pen-