de nourrir aux dépens de l’Église, comme du revenu propre de leur époux. C’est pourquoi le Seigneur confia le soin de sa mère à un apôtre plutôt qu’à son mari ; et les Apôtres eux-mêmes ont institué sept diacres, c’est-à-dire sept ministres de l’Église, pour veiller aux besoins des femmes vouées à Dieu.
Nous savons, sans doute, que l’Apôtre écrivant aux habitants de Thessalonique, condamne ceux qui mènent une vie d’oisiveté et de méditation, à ce point qu’il veut que quiconque refuse de travailler ne mange pas. Nous savons aussi que saint Benoît a par-dessus tout prescrit le travail des mains comme remède à l’oisiveté. Mais quoi ? Marie n’était-elle pas oisive, lorsqu’elle était assise aux pieds du Christ écoutant ses paroles, tandis que Marthe, qui travaillait pour elle en même temps que pour le Seigneur, murmurait avec jalousie contre la paresse de sa sœur, et se plaignait de porter seule le poids du jour et de la chaleur ?
De même, aujourd’hui, nous voyons fréquemment murmurer ceux qui s’occupent des soins extérieurs, lorsqu’ils fournissent à ceux qui sont occupés du service de Dieu les biens de la terre. Et souvent ils se plaignent moins des rapines d’un tyran que des dîmes qu’ils sont obligés de payer à ces fainéants, comme ils disent, à ces oisifs dont le repos n’est bon à rien. Cependant, ils voient ces fainéants incessamment occupés non-seulement à écouter les paroles du Christ, mais à les lire et à les répandre. Ils ne prennent pas garde que c’est peu de chose, comme dit l’Apôtre, de donner les biens du corps à ceux dont on attend les biens de l’âme, et qu’il n’est point contraire à l’ordre que ceux qui se livrent aux soins de la terre servent ceux qui sont occupés des soins du ciel. Aussi la loi elle-même a-t-elle assuré aux ministres de l’Église ce salutaire loisir. La tribu de Lévi ne possédait aucun héritage temporel : afin de pouvoir plus librement se consacrer au service du Seigneur, elle avait le droit de prélever sur le travail des autres enfants d’Israël des dîmes et des oblations.
Quant aux jeûnes, que les chrétiens observent en les considérant plutôt comme une abstinence de vices que comme une abstinence d’aliments, il y aura lieu de voir s’il convient d’ajouter quelque chose aux canons de l’Église, et de nous donner sur ce point un règlement approprié.
Mais c’est particulièrement les offices de l’Église et la distribution des psaumes qu’il sera utile de régler. En cela, du moins, de grâce, soulagez notre faiblesse d’un trop lourd fardeau. Que la semaine nous soit donnée pour réciter le Psautier, de façon que nous n’ayons pas à répéter les mêmes psaumes. Saint Benoît, après avoir distribué la semaine selon ses vues, laissa ses successeurs libres d’agir suivant leur convenance. « Si quelqu’un trouve mieux à faire, il fera, dit-il, un autre règlement. » Il prévoyait qu’avec la succession des temps, la beauté de l’Église s’accroîtrait ; il songeait au magnifique édifice qui s’est depuis élevé sur ses grossiers fondements.
Mais il est un point sur lequel nous-désirons par-dessus tout être fixées.