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L’Orpheline de Ti-Carrec/09

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Tallandier (p. 108-122).

IX


Ce soir-là, quand Gwen fut étendue sur sa paillasse, elle ne put arriver à s’endormir. Elle pensait à sa découverte, dans la cachette de Ti-Carrec, et à la rencontre faite à la petite porte du parc. Quand elle essayait de fermer les yeux, elle voyait deux prunelles brillantes, d’un bleu dur, qui s’attachaient à elle obstinément. Elle frissonnait en pensant : « Quels méchants yeux a ce monsieur ! »

Un reflet de clair de lune pénétrait dans le réduit par une petite fenêtre haut placée. Gwen se disait qu’elle voudrait bien voir le vieux parc dans cette pâle lumière, qui devait lui donner une apparence fantastique. Et tout à coup, lasse de se tourner et de se retourner, elle glissa hors de son lit, remit sa robe et gagna la cuisine, voisine de sa chambre.

Une porte vitrée donnait sur la cour qui précédait le jardin. Gwen tourna doucement la clef, entrouvrit le battant et se glissa au dehors.

Il y avait de la lumière dans le salon de Mlle Herminie. Gwen, au passage, entrevit celle-ci, qui lisait, étendue dans un fauteuil, tandis qu’en face d’elle cousait sa femme de chambre.

La fillette, à pas légers, traversa la cour éclairée par la lune et se trouva dans le jardin. Celui-ci était formé de deux larges terrasses, dont la première réservée aux plates-bandes fleuries et aux arbres d’agrément. L’autre, à laquelle on accédait par une dizaine de marches en pierre verdie, était le potager et le verger. Tout au fond se trouvait un vieux petit chalet couvert de plantes grimpantes, où l’on enfermait les outils de jardinage.

Gwen se glissa entre les arbustes qui formaient la clôture du parc de Kermazenc. Les petites Dourzen, quand elles allaient dans celui-ci, avaient soin de se ménager un passage en brisant quelques branches. Gwen agissait maintenant ainsi pour son propre compte en se réjouissant que Rose et Laurette eussent porté leurs goûts ailleurs, car désormais elle était seule à jouir du vieux parc, tout au moins quand les châtelains ne se trouvaient pas à Kermazenc.

Il était si délicieux de s’égarer dans ces petites sentes à peine tracées entre les arbres centenaires, à travers les épais buissons qui s’élevaient à leur ombre ! Des ruisselets coulaient sur la mousse ou les cailloux blancs ; des fleurs, au printemps, couvraient le sol de cet humide et tiède sous-bois, fréquenté seulement par quelques cerfs et leur famille, qu’on ne chassait jamais.

Mais ces lieux déserts acquéraient un plus vif attrait de mystère, ce soir, surtout pour une imagination ardente comme celle de Gwennola. Entre l’épais couvert de feuillage filtraient quelques clartés de lune, qui se répandaient le long des grands troncs rigides, s’étendaient en longues traînées pâles sur le sol herbeux. Une fraîche odeur de terre, de sève sylvestre, se mêlait dans la douceur de l’airun parfum capiteux de fleurs exotiques, cachées dans l’épaisseur des taillis où Gwen n’avait jamais pénétré, car il aurait fallu s’y ouvrir un passage à coups de serpe. Mais, par contre, elle connaissait bien le magnifique buisson de rhododendrons qui se trouvait près de la source, la belle source abondante et claire dont l’eau se répandait par des canaux de granit dans tout le parc de Kermazenc.

Et ce fut là que l’enfant s’arrêta d’abord. L’eau vive luisait, s’argentait sous un rayon de lune. Elle sortait d’un petit bassin rocheux dont la mousse couvrait les bords. Les beaux rhododendrons rouges, énormes pour ce climat d’Europe, l’entouraient presque, dans l’ombre des vieux arbres auxquels s’enlaçaient des lianes, autrefois rapportées des lointaines contrées d’Amérique par les comtes de Penanscoët.

Gwen, quelle que fût sa prédilection pour ce lieu, ne s’y attarda pas, car elle avait résolu de voir le château et le parterre sous le clair de lune. À cette heure-ci, pensait-elle, il n’y avait pas de risque de rencontrer quelqu’un, non, pas même cet Yves Le Guen, le jardinier en chef, qui était, disait-on, une sorte de dogue et dont avaient si grand peur Rose et Laurette qu’elles ne se hasardaient pas hors de la zone sauvage du parc, où, par un accord tacite, depuis des siècles, les Penanscoët toléraient que pénétrassent leurs cousins Dourzen, de Coatbez.

Mais l’aventureuse Gwen, elle, était à deux reprises allée plus loin. Elle avait contemplé les parterres toujours admirablement fleuris, même en l’absence des maîtres, et le château silencieux, dont on apercevait les volets clos derrière les vitres des hautes fenêtres. Voilà ce qu’elle voulait revoir ce soir, au clair de lune.

Et elle franchit résolument la dalle de pierre effritée jetée sur un petit canal où glissait une eau claire et lente. Après cela commençait la partie du parc interdite à qui n’était pas de Kermazenc. Là, les jardiniers mettaient quelques bornes aux exubérances végétales. Mais il s’y trouvait néanmoins bien des coins sauvages, bien des retraites mystérieuses, dont Gwen avait entrevu quelques-unes, au passage, quand sa curiosité l’avait poussée jusqu’au château.

Elle allait un peu au hasard, dans l’ombre nocturne des hautes futaies qui laissaient passer, entre leurs frondaisons mêlées, quelques rayons seulement de la pâle lumière. À une croisée de sentiers, un dolmen rappelait que ce parc était ce qui restait d’une forêt sacrée, autrefois étendue sur une grande partie du pays, et où les druides célébraient le culte de leur dieu Teutatès, par des sacrifices humains. Plus loin, au-dessus d’une murmurante fontaine entourée de hauts bambous, une statue de pierre verdie se dressait, déesse obscure, sans nom, que peut-être avaient adorée les lointains ancêtres d’Ivor de Penanscoët. Ailleurs, un rideau mouvant de feuillage et de grandes fleurs pâles formait un fond à un petit oratoire primitif, fait de rude granit et abritant un saint taillé en plein chêne, un saint de la race des Penanscoët et des Dourzen, car il y avait eu chez eux quelques belles âmes, pures, héroïques, vouées à l’amour divin, il y avait eu des âmes repentantes qui avaient expié noblement leurs erreurs ou leurs crimes. Cependant, celles-là n’avaient pas laissé de souvenir dans le pays, alors qu’on parlait encore de certains Dourzen d’autrefois coureurs de lointaines aventures et revenus enrichis pour se livrer au plaisir et à l’orgie.

Gwen atteignit enfin le commencement des parterres. Un suave parfum de fleurs diverses vint à elle, porté par la brise tiède. Les jets d’eau, à cette heure, étaient arrêtés, et la lune pouvait se refléter à l’aise dans l’eau calme des bassins. Gwen avança, de cette allure légère qu’elle tenait de sa mère. Elle longea l’orangerie, sur laquelle s’attachaient d’admirables rosiers, puis s’arrêta pour contempler le château, dont la façade principale lui apparaissait ici, très distincte sous la lumière nocturne.

C’était là le bâtiment construit au cours du XVIIIe siècle. On l’avait relié par une galerie aux restes du château féodal. Une large terrasse de granit s’étendait devant les hautes portes vitrées du rez-de-chaussée. Plusieurs d’entre celles-ci étaient éclairées par une vive lumière venant de l’intérieur. Une ombre mince allait et venait sur la terrasse. Gwen pensa : « C’est peut-être le jeune vicomte de Penanscoët, celui dont le chien m’a mordue, autrefois. »

Elle ne l’avait plus revu. Depuis quatre ans, les Penanscoët n’avaient pas reparu à Kermazenc, et maintenant ils ne s’y trouvaient que depuis quelques jours.

« C’est sans doute le comte que j’ai rencontré ce matin, dans le sentier, pensa la fillette. Je n’aime pas du tout sa figure ! »

Elle avait entendu dire qu’ils étaient très, très riches, ces Penanscoët, et de très puissants personnages. On racontait aussi qu’ils avaient une existence mystérieuse, là-bas, dans la lointaine Asie. Ceci intéressait l’imaginative Gwen. Elle aurait voulu voir Mme de Penanscoët, la belle princesse hindoue qui paraissait peu dans le monde et restait confinée, comme les femmes de son pays, dans son appartement avec ses suivantes. Peut-être, en approchant un peu plus du château, pourrait-elle l’apercevoir. Mais elle n’osait pas. Et puis, le vicomte avait des chiens féroces, dont il se faisait toujours suivre, racontait Mme Dourzen. Il avait même un jeune tigre, qu’il laissait en liberté dans ses résidences d’Asie ; mais, en Europe, il le faisait mettre en cage.

Précisément, à cet instant, un rugissement se fit entendre. Le tigre devait être là, du côté des tours demi-ruinées dont la lune éclairait fantastiquement la sombre masse couverte de lierre. Un frisson courut le long du corps de Gwen. Mais, en même temps, l’aventureuse petite personne songeait : « Oh ! je voudrais bien le voir… Je n’en ai vu que sur une image, dans ce livre qu’à déchiré Laurette et où l’on racontait un voyage si intéressant ! »

Cependant, elle ne pouvait demeurer plus longtemps ici. En soupirant de regret, Gwen revint sur ses pas. Mais elle se trompa d’allée, comme elle s’en aperçut bientôt, quand elle se trouva dans un hémicycle entouré de grands vases de granit posés sur des piédestaux et des bancs de pierre qui les séparaient.

Elle n’était certainement point passée ici. Tandis qu’elle demeurait là, un peu perplexe, des sons doux et graves arrivèrent à son oreille. Qu’était-ce que cette musique si belle ? Avant d’avoir pu réfléchir, Gwen se dirigeait vers l’endroit d’où venait cette mélodie. Elle atteignit un bosquet de myrtes, écarta des branches et regarda…

Il y avait là, au bord d’un lac orné de nénuphars, une petite construction bâtie dans le style des temples hindous. Elle était ancienne, ayant été élevée par un Penanscoët du XVIe siècle qui avait assez longtemps séjourné dans le royaume de Kashmir. Ce soir, deux lampes d’or, pendues à la voûte par des chaînes légères, l’éclairaient d’une lueur rosée. Des tentures de soie jaune brochée d’argent couvraient les murs. Par la porte de bronze largement ouverte, Gwen voyait un divan couvert de somptueux coussins, sur lequel était à demi étendu un jeune homme aux cheveux fauves, au fin visage légèrement bronzé, qui tenait les paupières à demi closes, tandis qu’entre ses lèvres fumait une cigarette. À ses pieds était assise une jeune femme. Elle portait un corselet de velours pourpre, une jupe de gaze blanche lamée d’or ; de longs voiles blancs couvraient ses cheveux sombres, entouraient son charmant visage couleur de bronze clair. Elle tenait un instrument dont elle tirait les sons qui avaient attiré Gwen. Mais tandis qu’elle jouait, ses yeux ne quittaient pas le visage immobile du jeune homme. De beaux yeux noirs, tendres et brûlants, qui témoignaient d’une véritable adoration.

Gwen, bien qu’elle ne l’eût vu qu’une fois, quatre ans auparavant, reconnaissait le jeune vicomte de Penanscoët. Elle attachait des yeux émerveillés sur ce tableau imprévu, qui lui semblait un épisode des contes de fées chers à son imagination. Dans un cadre de richesse orientale, un Prince charmant, une belle princesse dont les bras, les chevilles, le cou, s’ornaient de cercles d’or et de gemmes éblouissantes… Puis cette douce, délicieuse musique…

Les paupières du jeune homme s’ouvrirent tout à coup. Gwen vit deux yeux foncés, dont elle se souvenait bien, car si jeune qu’elle fût naguère, elle avait été instinctivement saisie de leur beauté profonde, de la volonté hautaine que dégageait ce regard. Dougual de Penanscoët retira la cigarette de ses lèvres et prononça quelques mots, que Gwen n’entendit pas à la distance où elle se trouvait. Mais elle s’aperçut alors qu’il y avait un autre personnage dans le petit temple. Sur un tapis, à quelques pas du divan, était étendu un adolescent vêtu de toile blanche. Il avait des cheveux noirs coupés ras, des yeux clairs et durs brillant dans un maigre visage au teint brun pâle. D’un mouvement souple, presque félin, il s’approcha du divan, tandis que la musicienne cessait de promener ses doigts sur les cordes tendues de l’instrument.

L’adolescent prit la cigarette à demi consumée que lui tendait Dougual et alla vers une petite table. Il revint, portant sur un plateau une autre cigarette qu’il présenta au jeune vicomte. Puis il l’alluma, sans que Dougual modifiât un seul instant son attitude nonchalante.

« Est-ce qu’il est infirme ? On dirait qu’il ne peut pas bouger », pensa Gwen.

Mais, à cet instant, elle aperçut un chien qui, sans doute couché jusqu’alors plus loin, s’approchait de son maître. C’était un chien tout semblable à celui dont les crocs s’étaient autrefois introduits dans sa jambe, et peut-être le même. Gwen eut peur qu’il ne la flairât à cette distance. Elle recula précipitamment, non sans avoir eu le temps de voir la belle princesse appuyer ses lèvres sur la main fine que Dougual de Penanscoët venait de laisser retomber, après avoir mis la cigarette à sa bouche.

La fillette s’en alla au hasard, car elle était égarée. Mais elle ne s’en effrayait pas. La nuit était douce et claire. Elle finirait bien par trouver son chemin dans ce mystérieux parc de Kermazenc où l’on rencontrait des contes de fées vécus.

Son imagination s’exaltait ; son jeune cerveau édifiait une merveilleuse histoire, dont Dougual de Penanscoët et la belle jeune fille au voile blanc étaient les fabuleux héros. Elle marchait dans un rêve, dont elle tomba soudainement quand, arrivée à la source claire et paisible entre ses buissons de rhododendrons, elle se trouva en face d’une femme de haute taille, debout dans un pâle rayon de lune qui éclairait discrètement ses voiles noirs lamés d’argent, les perles de son collier, les cercles d’or et de rubis entourant ses bras et ses chevilles, l’étroit visage blanc dont les yeux sombres s’attachaient sur l’enfant, sans surprise apparente.

— Qui êtes-vous ? demanda une voix lente à l’accent étranger.

La petite fille, interdite, ne put que balbutier :

— Je… je vous demande pardon, madame… Je voulais voir le parc au clair de lune… et je me suis égarée…

Cette dame… oh ! certainement ce devait être Mme de Penanscoët, la princesse hindoue qu’elle souhaitait de connaître !

— Qui êtes-vous ? répéta le belle apparition.

— Je suis… j’habite à Coatbez.

— Chez M. Dourzen ?

— Oui, madame.

— On ne vous a pas défendu de venir dans ce parc ?

— Si… Je sais bien que ce n’est pas permis. Mais j’avais trop envie de le revoir, ce soir… J’ai eu tort, je le sais bien…

Elle regardait en face Mme de Penanscoët, avec une franchise mêlée de timidité. Le rayon de lune arrivait jusqu’à elle, éclairait sa mince petite figure frémissante, ses courts cheveux aux tons d’or roux, ses yeux si beaux, si admirablement expressifs.

— … Je vous prie de me pardonner, madame, et de ne pas dire à Mme Dourzen que vous m’avez rencontrée, car elle me punirait très fort.

Une sorte d’intérêt parut dans les prunelles sombres de la comtesse.

— Non, je ne dirai rien… À quel titre êtes-vous dans cette maison ? Comme parente ?

Gwen serra un peu les lèvres avant de répondre :

— Je suis probablement leur parente, puisque je porte le même nom… Mais ils ne me traitent pas comme cela.

— Vous êtes une Dourzen ?

— Oui, mon père s’appelait Armaël Dourzen. Mais Mme Dourzen veut qu’on m’appelle ici du nom de ma mère : Tepnine.

Mme de Penanscoët eut un tressaillement.

— Tepnine ?

Quelque chose altérait le calme de son accent.

— … Votre mère s’appelait Tepnine ?

— Oui, madame, Varvara Tepnine.

— Et elle était russe ?

— Oui… Oh ! madame, est-ce que vous l’avez connue ?

Mais la physionomie de la comtesse, un instant légèrement troublée, reprenait son impassibilité.

— Non. J’ai seulement, je crois, entendu un nom semblable… je ne sais où… Êtes-vous complètement orpheline ?

— Complètement, oui. Papa est mort le premier… et puis maman, qui était venue habiter ici avec moi, a été empoisonnée il y a quatre ans.

De nouveau, Mme de Penanscoët tressaillit :

— Empoisonnée ? Par qui ?

— On ne sait pas… Mais moi, je saurai ! Je saurai, quand je serai plus grande ! dit ardemment l’enfant.

Les yeux sombres de la comtesse eurent un éclair d’ironique pitié en s’attachant sur Gwen.

— Peut-être vaudra-t-il mieux n’en rien faire, pour votre repos et votre sécurité… Allons, retournez chez vous, enfant. Je ne dirai rien, pour cette fois… mais ne recommencez pas.

— Merci, madame.

Et après un petit salut, Gwen quitta la clairière de la source.

Mme de Penanscoët se tourna vers le buisson de rhododendrons et demanda :

— Tu as entendu, Sanda ?

Une femme vêtue de blanc parut. La lueur argentée de la lune enveloppa son mince visage bronzé, aux rides légères, qu’entouraient de longs voiles blancs.

— Oui, ma princesse.

— C’est la fille de cette femme… la demi-sœur de Willy. Elle a aussi été tuée, quand elle a essayé d’échapper à son misérable sort et de se refaire une existence honnête. Ah ! que de charbons ardents cet homme amasse sur sa tête !

Gwen, rentrée sans encombre à Coatbez, dormit peu le reste de la nuit. La simple promenade au clair de lune dans le parc de Kermazenc lui avait réservé des surprises et des émotions inattendues. Son vœu secret venait d’être exaucé : la belle princesse hindoue lui était apparue dans un rayon de lune. Et, en outre, elle avait vu le prince charmant, en un décor de conte oriental, avec une jolie princesse à ses pieds. Elle n’éprouvait donc aucun regret de son escapade nocturne, qui s’était bien terminée, grâce à l’indulgence de Mme de Penanscoët. Celle-ci, de prime abord, lui plaisait beaucoup mieux que son mari, si celui-ci était bien le personnage que Gwen avait vu sortir ce matin du parc. Et comme elle était belle !… D’une beauté un peu étrange, un peu sombre. Mais cela convenait tout à fait au cadre, le vieux parc mi-breton, mi-exotique, plus mystérieux que jamais dans cette nuit traversée des quelques reflets de blanche lumière qui pouvaient s’insinuer entre les frondaisons épaisses de ces arbres magnifiques, dont beau coup avaient plusieurs siècles.

« Oh ! non, non, je ne regrette rien ! » se répéta encore Gwen quand, s’éveillant au matin d’un court sommeil, elle sentit ses paupières lourdes, ses tempes un peu battantes.

Car pendant ses longues heures solitaires à la lingerie, elle allait, pendant bien des jours, s’enchanter au souvenir de ces féeriques visions nocturnes.