Dominique Fernandez
Dominique Fernandez, né le 25 août 1929 à Neuilly-sur-Seine, est un écrivain, romancier, essayiste et grand voyageur français, membre de l’Académie française.
Porporino ou les Mystères de Naples, 1974
[modifier]- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie I « San Donato », Qui étais-je ?, p. 35
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie I « San Donato », Qui étais-je ?, p. 38
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie I « San Donato », Une rue est une rue, p. 52
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie I « San Donato », Une rue est une rue, p. 61
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie I « San Donato », Du sang sous la lune, p. 105
Elle m'expliqua alors le but de la société secrète.
— Sache que les grandes personnes s'efforcent de nous contraindre, selon que nous sommes filles ou garçons, à des tâches distinctes auxquelles elles décrètent que nous sommes obligatoirement affectés. Nous devons donc chercher à nous défendre. Grâce à la société secrète, nous leur ôtons comme par enchantement le pouvoir de nous soumettre à leur volonté injuste. Toi, le garçon, ta blessure, faite à cet endroit, t'associe à mon destin de fille et mêle comme dans un philtre magique une portion d'éléments féminins aux caractères de ton sexe. Tout est là… Mettre le plus possible de choses communes entre nous, pour empêcher les grandes personnes de nous séparer en deux camps.
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie I « San Donato », Du sang sous la lune, p. 111
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie I « San Donato », Du sang sous la lune, p. 112
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ », Une cour blanche, un palmier, p. 131
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ », Gourmandise, p. 165
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ », Gourmandise, p. 165
— Tu n'as pas peur, demandai-je niaisement à Feliciano, de prendre trop de plaisir à manger de ces friandises ?
— Je ne vois pas, mon cher, quels autres plaisirs il nous resterait. Tout par la bouche, rien que par la bouche.
Encore une preuve, cette réponse, de ce que j'appelle l'esprit castrat.
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ », Gourmandise, p. 167
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ », Gourmandise, p. 168
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ », Gourmandise, p. 170
[…] la voix du castrat, étant par la force des choses son unique organe d'émission, se trouve tout imprégnée de cette sève qui n'a pas d'autre issue dans son corps. Elle draine avec elle outre l'air des poumons la lourdeur de ses membres, l'odeur de sa peau, la fécondité méconnue enfouie dans ses parties mortes.
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ », Gourmandise, p. 170
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ », Gourmandise, p. 171
Vous connaissez l'anecdote du lazzarone ? Un pauvre homme, un gueux vit un jour un paysan entrer à Naples qui tirait deux vaches derrière lui. « Tu me les donnes, tes vaches ? » demanda-t-il. L'autre serra le licou dans son poing et s'éloigna en hâte. Un second lazzarone, ami du premier, dit alors : « Mais tu es fou ! Pourquoi voulais-tu qu'il te les donne ? » « On ne sait jamais », telle fut la réponse. Réponse sublime ! On ne sait jamais.
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ », Dévotion, dérision, p. 192
— La mort, le sentiment de la mort imprègne tout ici, même la vie économique !
— Elle favorise en tout cas de curieuses institutions, dit le duc de Serracapriola. Les nobles se font enterrer dans leurs chapelles, le peuple est jeté dans la fosse creusée sous la grande nef de l'église, mais les plus pauvres terminent leur carrière en dehors des murs, transportés par deux croque-morts dans une simple charette. C'est l'épreuve la plus cruelle, la punition la plus avilissante qu'on puisse infliger à ces malheureux, qui ont lutté toute leur vie contre la misère, et qui maintenant, tout de suite après leur mort, recommencent à être écrasés sous son poids. Pour échapper au terrain vague, aux croque-morts et à la charette, ils s'associent de leur vivant en confraternités. Vous trouverez ainsi dans la joyeuse ville de Naples une cinquantaine de clubs mortuaires, qui assurent à chacun de leurs affiliés, contre une petite obole versée mensuellement, l'assistance gratuite pour toutes les occasions indispensables et ruineuses, toutes les fêtes de la vie et de la mort : le mariage, le baptême et la communion des enfants, l'extrême onction, les funérailles. Surtout les funérailles.
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ », Dévotion, dérision, p. 203
« — Eh bien ! soyons plus précis. Ces yeux aux reflets verts, ces lèvres de corail, ces cheveux qui bouclent avec tant de grâce sans le secours des fers, votre teint, Feliciano, votre manière de marcher, de vous tenir, n'appartiennent pas, j'en mets ma main au feu, à une petite victime de la cruauté sacerdotale.
« A-t-il entendu dire, me demandai-je, que je passe pour être né de la fornication d'un prêtre ? J'allais éclater de rire à cause de la tournure fadement complimenteuse et bizarrement alambiquée de sa phrase, quand je m'avisai, par je ne sais quel frémissement qui parcourut ma personne, que peut-être le chevalier de Casanova ne songeait nullement à goûter avec moi les douceurs de la paternité.
« — Feliciano, reprit-il, je suis sûr que votre conformation diffère de la mienne.
« J'hésitais encore à comprendre.
« — Vous n'êtes qu'une beauté travestie.
« — Monsieur, répondis-je, je suis Feliciano Marchesi.
« — Ma chère, vous êtes une jolie femme déguisée. Si la longue contemplation que j'ai faite de vos charmes ne m'en avait donné l'assurance, je n'aurais jamais eu l'effronterie de vous attirer derrière ce rideau.
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ », Une méprise plutôt étrange, p. 233
L'église des Gerolomini possédait aussi son enclos planté d'arbres et de statues, mais celui-ci l'emportait sur tous les cloîtres napolitains par la variété des essences, la taille des eucalyptus, le fouillis des volubilis, la mélancolie des yeuses, un énorme jardin, oui, ombreux, secret, proliférant, exubérant, qui avait l'air abandonné, avec des statues mutilées enfouies sous les torsades du lierre, et des fontaines d'eaux mortes, à jamais silencieuses sous les lotus blancs.
Une décoration de majolique revêtait le petit mur de soutien des colonnes, ainsi que les quelques bancs disposés en quinconce sous le bois d'orangers.
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ », Le secret des perruques grises, p. 263
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ », Le secret des perruques grises, p. 264
Lorsque, vers la vasque d'une fontaine, il penchait son drôle de visage mou, ce ne pouvait être, assurément, dans le souci mesquin d'examiner sa figure, à la surface du bassin recouvert par les nénuphars. Il contemplait l'imperceptible balancement des feuilles pourrissantes, hypnotisé par cette frange de matière végétale en train de se défaire dans le bain aquatique.
Un tel lieu n'existe qu'à Naples, mais peut-on dire qu'il existe ? Naples, ville de pierres et de pavés, sans arbres et sans jardins publics, dédale de ruelles étouffantes, avec ces jardins immenses où personne ne va, ceinturés de murailles, clôturés, barricadés contre l'œil visiteur, surabondants de verdure inutile, Naples existe-t-elle, ou n'est-ce qu'une chimère née dans la tête d'un cinglé ?
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie II « Les pauvres de Jésus-Christ », Le secret des perruques grises, p. 265
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie III « Naples », Castrapolis, p. 308
J'adore ces palais napolitains, la façade qui s'effrite ou qui n'a jamais été finie, les balcons qui pendent dans le vide devant de fausses fenêtres, la cour aux pavés disjoints rongés par la mousse, les familles qui campent dans les caves et dans les entrepôts du rez-de-chaussée, les énormes lits aux boules de cuivre qu'on aperçoit par les soupiraux, le carrosse arrêté au milieu des détritus, l'escalier gigantesque qui mène à l'étage noble.
Quelle mélancolie dans cet immense édifice, la misère en bas, mais en haut, ce n'est pas gai plus souvent, cette suite de salons glacés, magnifiques, qu'on ouvre deux fois l'an, au bout desquels, dans une petite pièce où fonctionne l'unique poêle, se tient la famille du duc, du prince. Deux siècles d'oisiveté et de faste ont dilapidé leur fortune. Ce qui en reste passe à l'achat de porcelaines, au renouvellement des habits de Cour, à l'entretien du carrosse et au loyer de la loge San Carlo. Ils se contentent d'un seul repas quotidien.
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie III « Naples », Castrapolis, p. 308
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie III « Naples », Castrapolis, p. 333
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie III « Naples », Castrapolis, p. 333
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie III « Naples », Castrapolis, p. 348
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie III « Naples », Castrapolis, p. 353
- Porporino ou les Mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie III « Naples », Orphée, p. 426