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Yakov Alksnis

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Yakov Alksnis
Яков Иванович Алкснис
Yakov Alksnis
Le komandarm de 2e rang Yakov Alksnis dans les années 1930.

Nom de naissance Jēkabs Alksnis
Naissance
Ferme Pakuli, Naukšēni (novads), gouvernement de Livonie, Empire russe
Décès (à 41 ans)
Kommounarka, Oblast de Moscou, URSS
Origine Russe, puis soviétique
Allégeance Empire russe (1917)
RSFS de Russie (1919)
URSS (1922)
Arme infanterie
aviation
Grade Praporshchik (ru)
komandarm de 2e rang (en)
commandant de l'Armée de l'air rouge
Années de service 1917
1919 – 1937
Commandement Armée rouge
Conflits Première Guerre mondiale
guerre civile russe
Distinctions Ordre de Lénine

Ordre du Drapeau rouge

Ordre de l'Étoile rouge

Ordre du Drapeau rouge (Mongolie) (ru)
Autres fonctions POSDR (Bolcheviks) (19161918)
Parti communiste russe (19181937)
Famille Christina Mednis (épouse)
Imamts Alksnis (fils)
Viktor Alksnis (en) (petit-fils)

Yakov Ivanovitch Alksnis (russe : Яков Иванович Алкснис, letton : Jēkabs Alksnis), né le ( dans le calendrier grégorien) à Naukšēni (novads), mort exécuté le à Kommounarka, est un officier soviétique, komandarm de 2e rang[1] et le commandant de l'Armée de l'air rouge de 1931 à 1937.

Jēkabs Alksnis naît dans une famille de métayers de la ferme Pakuli, dans le volost de Naukšēni, dans le district de Valmiera, dans le gouvernement de Livonie, dans l'Empire russe (actuellement en Lettonie). À partir de l'âge de 7 ans, il travaille comme berger[2]. Il étudie à l'école paroissiale de Rāmnieki (19071913) puis au séminaire d'enseignants (lycée) de Valmiera (19131917). En 1916, il adhère au PSDTL, organisation territoriale lettonne du POSDR alors illégal[3].

En , après la révolution de Février, Alksnis est enrôlé dans l'armée russe dans le cadre de son service militaire et envoyé à l'école d'infanterie militaire d'Odessa, avec un programme d'études de quatre mois. Après avoir obtenu son diplôme universitaire, l'enseigne Yakov Alksnis est affecté au 15e régiment sibérien, plus tard le 11e régiment sibérien, mais, se montrant peu fiable, il est dirigé vers le front occidental, à la 7e division du Turkestan, où il arrive peu avant la révolution d'Octobre[4].

Au début de 1918, à la suite du traité de Brest-Litovsk, il quitte l'armée russe et retourne à Valmiera en tant qu'ouvrier soviétique. Mais, en raison de l'occupation allemande, il doit partir pour Briansk, où il est nommé, à l'été 1918, président de la section locale du Soviet des prisonniers et des réfugiés et élu membre du comité de district du parti bolchevik[5].

Le , il est de nouveau enrôlé, cette fois dans l'Armée rouge : il est nommé commissaire militaire du quartier général du district militaire d'Orel puis, un mois plus tard, commissaire militaire de la province d'Orel. En , il devient commissaire militaire de la 55e division d'infanterie, qu'il contribue directement à former. Il participe à la victoire de l'Armée rouge contre la garde blanche et les détachements adverses dans la province d'Orel et contre des détachements cosaques sur le Don. Peu après, il est nommé au poste de commissaire militaire de la région du Don puis, en 1920, commandant adjoint du district militaire d'Orel pour la partie opérationnelle[6].

Diplômé de l'Académie militaire de l'Armée rouge (19211924), Alksnis est nommé successivement aux postes de chef adjoint du département d'organisation et de mobilisation du quartier général de l'Armée rouge, chef et commissaire du département de l'organisation des troupes, chef de la structure et du service des troupes[7]. Il est l'un des premiers commandants de l'Armée rouge formés dans les établissements d'enseignement militaire de la Reichswehr, en Allemagne à la fin des années 1920[8].

De à , en parallèle à ses fonctions dans l'armée, Alksnis occupe les fonctions de président du comité de rédaction du journal Vestnik vozdushnogo flota (Bulletin de la flotte aérienne), rédigeant à plusieurs reprises des articles sur la tactique en matière d'aviation, son utilisation militaire, l'entraînement et la discipline de vol. En 1931, il fait paraître un livre, Krepite shefstvo nad vozdushnym flotom[9].

Le , il est nommé chef adjoint de la direction de l'Armée de l'air rouge[10]. Dans ces nouvelles fonctions, il poursuit la coopération avec la Reichswehr entamée sous son prédécesseur, Piotr Baranov (ru), en particulier le fonctionnement de l'École de pilotage de Lipetsk[11]. Le , avec le pilote Viktor Ossipovitch Pissarenko (ru), il effectue, à bord d'un avion Polikarpov R-5, un vol sans escale de Moscou à Sébastopol, couvrant 1 300 kilomètres avec une vitesse moyenne de 233 km/h[12]. Le lendemain, 22 juillet, les deux hommes reprennent le même itinéraire, toujours sans escale.

La même année, Alksnis suit une formation pratique à l'école de pilotage militaire de Katcha, en Crimée ; il obtient, en novembre, son brevet de « pilote militaire »[13]. Il sera renommé plus tard pour ses vols quotidiens[14],[15]. Le transfuge Alexandre Barmine (en) le décrit comme « un adepte strict de la discipline avec de hauts niveaux d'efficacité. Il inspectait lui-même les pilotes officiers […], non qu'il fût pointilleux ou qu'il s'intéressât le moins du monde à l'adresse pour elle-même, mais, comme il me l'a lui-même expliqué, voler requiert une attention constante aux détails […]. Il était peut-être entêté, mais c'était un homme de méthode qui a apporté un esprit nouveau dans l'aviation soviétique. C'est principalement grâce à lui que l'armée de l'air doit d'être l'arme puissante qu'elle est aujourd'hui »[16].

Yakov Alksnis à la 7e conférence de l'Union des jeunesses léninistes communistes (Komsomol) en 1932.

Toujours en 1929 il participe à la création de l'une des premières charachkas – un bureau de conception d'avions composé de détenus de la prison de Boutyrka, dont Nikolaï Polikarpov et Dmitri Pavlovitch Grigorovitch (en). En 19301931, la charachka, maintenant situé sur l'aérodrome Khodynka, produit le prototype Polikarpov I-5, qui aura un grand succès.

Le , Alksnis est promu commandant en chef de l'Armée de l'air rouge, devenant membre du Conseil militaire révolutionnaire de l'URSS puis du Conseil militaire du Commissariat du peuple à la défense[12], tandis que Polikarpov et plusieurs de ses collaborateurs sont amnistiés sous conditions. En 1935, l'aviation soviétique d'Alksnis possède la plus grande force de bombardiers au monde ; la production d'avions atteint 8 000 unités en 1936[17].

En , il propose de créer une Journée de l'aviation « dans le but de populariser l'aviation civile et militaire parmi les masses ». Selon Barmine, cette proposition a contribué à faire du parachutisme un sport de masse. Il a été influencé par l'un de ses subordonnés qui avait assisté à des sauts de parachutistes destinés à divertir le public aux États-Unis, à une époque où les pilotes soviétiques considéraient les parachutes « presque comme un instrument clinique »[18]. Le Conseil des commissaires du peuple de l'URSS décide de célébrer chaque année la Journée de l'aviation le 18 août. Cette date coïncide alors avec la fin de la période d'entraînement d'été dans l'armée de l'air. Les premières vacances d'aviation ont lieu le à Touchino, près de Moscou. Le même jour, Alksnis est décoré de l'Ordre de Lénine[19].

Yakov Alksnis aux Pays-Bas en 1934.

En , Alksnis est nommé commissaire adjoint du peuple à la défense de l'aviation[20].

Alksnis participe aux grandes purges au sein de l'Armée rouge. En , il siège au tribunal de la parodie de procès dans l'« affaire de l'Organisation militaire trotskyste antisoviétique ». Il s'y montre l'un des membres les plus actifs, incriminant les accusés de toutes les manières possibles et insistant pour que la peine de mort leur soit appliquée[21].

Le , il est arrêté par le NKVD , dans le cadre de l'« opération lettonne (en) », et expulsé du parti communiste[22]. Torturé lors de son interrogatoire, il finit par signer, le 25 novembre une déclaration suivant laquelle il est un espion au service de la Lettonie depuis 1935, avant de se « souvenir » qu'il espionnait depuis 1922 et qu'il appartenait à une « organisation nationaliste lettonne dans l'Armée rouge » depuis 1936[23].

Accusé de participation à un complot militaire, il plaide coupable lors de son procès. Le , le collège militaire de la Cour suprême de l'URSS le reconnaît coupable, en vertu de l'article 58-1 « b », paragraphes 8 et 11 du code pénal de la RSFSR, et le condamne à mort. Il est fusillé le sur le champ de tir de Kommounarka[24].

Le , en pleine déstalinisation, Alksnis est réhabilité à titre posthume par décision du Collège militaire de la Cour suprême de l'URSS[24]. L'école des forces aériennes de Riga a été baptisé en son honneur. Viktor Alksnis (en), petit-fils de Yakov Aksnis né en 1950, est un ancien officier de l'armée de l'air soviétique et un homme politique russe partisan de l'union de la Lettonie à l'URSS à la fin des années 1980 et au début des années 1990.

Yakov Alksnis et Christina Mednis en 1922.

En 1922, Alksnis se marie avec la chercheuse Christina Karlovna Mednis[25]. Après l'arrestation de son mari, son épouse est condamnée à 8 ans de travaux forcés dans un camp, peine qu'elle effectue à Temlag. Après sa libération, elle vit à Riga de 1946 à 1949, avant d'être à nouveau arrêtée et condamnée à l'exil dans la région de Kemerovo jusqu'en 1954.

Âgé de 10 ans lors de l'arrestation de ses parents, son fils, Imamts est envoyé dans un orphelinat. Diplômé de l'université, il devient ingénieur civil et travaille dans l'industrie[23].

  • Enseigne - 1917
  • Commandant de 2e rang - [26]

Récompenses

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En 1967, est paru un recueil de mémoires consacré à Yakov Alksnis. Y ont contribué notamment : le maréchal de l'air en chef Konstantin Verchinine (ru), le maréchal de l'air Stepan Krasovski (ru), le colonel-général de l'air Mikhail Gromov, Nikolaï Kamanine, Nikolaï Chimanov (ru), Fédor Chinkarenko (ru), les lieutenants-généraux Alexandre Beliakov (ru), Boris Sterligov (ru), Vladimir Pichnov (ru), Georgui Gvozdkov (ru) et Konstantin Ivachtchenko, les généraux de division Piotr Stefanovski (ru), Andreï Youmachev (ru), Gavriil Prokofiev (ru) Zinovi Pomerantsev (ru), Joseph Smaga (ru), Alexandre Tourjanski (ru), Tigran Melkoumian (ru) et Pavel Kvade (ru).

En 1967, un buste en l'honneur du commandant de l'Armée de l'air rouge et membre du Conseil militaire révolutionnaire de l'URSS a été érigé dans le village de Monino, dans l'oblast de Moscou, par décision du chef de la garnison de Monino, le maréchal de l'air Stepan Krasovski (ru).

En 1967, à Riga, la rue Rundena a été rebaptisée rue Yakov Alksnis par décision du Conseil des ministres de la République socialiste soviétique de Lettonie. En 1990, la rue retrouve son nom historique : Ebreju iela (« rue juive », car elle menait au cimetière juif, au XIXe siècle).

De 1968 à 1993, le nom de Yakov Ivanovitch Alksnis a été donné à l'École supérieure d'ingénierie de l'aviation militaire de Riga (ru), située à Riga, aux bords du lac Ķīšezers, sur la base d'un ancien aérodrome. L'école a été dissoute à l'automne 1993 dans le cadre du retrait de l'armée soviétique du territoire de la Lettonie.

En 1977, un panneau commémoratif a été dévoilé dans la patrie de Yakov Ivanovitch Alksnis. Le sort de ce panneau est actuellement inconnu.

Le nom « Yakov Alksnis » a été donné à un navire frigorifique de la Compagnie maritime lettone (ru).

Notes et références

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  1. Voir l'article « Alksnis Yakov Ivanovitch » in Aleksandr Iefimov, Aviatsionnaya entsiklopediya v litsakh, Moscou, Bars, , 712 p. (ISBN 978-5-85914-075-6).
  2. K. K. Mednis et G.A. Chechelnitsky (1967), p. 9-10.
  3. K. K. Mednis et G.A. Chechelnitsky (1967), p. 12-13
  4. K. K. Mednis et G.A. Chechelnitsky (1967), p. 13-14.
  5. K. K. Mednis et G.A. Chechelnitsky (1967), p. 15-16.
  6. K. K. Mednis et G.A. Chechelnitsky (1967), p. 16-18.
  7. K. K. Mednis et G.A. Chechelnitsky (1967), p. 18-19
  8. N. Ye. Yeliseyeva, « « Nemtsy veli i budut vesti dvoynuyu politiku ». Reykhsver glazami komandirov Krasnoy Armii. », Voyenno-istoricheskiy zhurnal, no 2,‎ , p. 30-38.
  9. K. K. Mednis et G.A. Chechelnitsky (1967), p. 129 et 135.
  10. K. K. Mednis et G.A. Chechelnitsky (1967), p. 20 et 243
  11. Horst Möller (éd.) et Aleksandr Cubar'jan (éd.), Mitteilungen der Gemeinsamen Kommission für die Erforschung der jüngeren Geschichte der deutsch-russischen Beziehungen, vol. 4, Munich, Oldenbourg Wissenschaftsverlag, , 512 p. (ISBN 978-3-486-59080-7), p. 235.
  12. a b c d et e K. K. Mednis et G.A. Chechelnitsky, Komandarm krylatykh. Zhizn' YA. I. Alksnisa. Sbornik vospominaniy, Riga, Liyesma, , p. 243.
  13. K. K. Mednis et G.A. Chechelnitsky (1967), p. 68-69.
  14. Nikolaï Kamanine, Letchiki i kosmonavty (Лётчики и космонавты), Moscow: Politizdat,‎ , 78 p. (lire en ligne).
  15. Selon Murphy, Alksnis était influencé, en fait, par Ernst Shacht (en), officier soviétique né en Suisse. Shacht est arrivé en URSS en 1922, où il a atteint le grade de général, avant d'être exécuté en 1941. Voir David E. Murphy, What Stalin knew?, Yale University Press, (ISBN 030011981X), p. 199.
  16. Alexander Gregory Barmine, One Who Survived, Read Books, (ISBN 978-1406742077), p. 220.
  17. Robin D. S. Higham et Frederick W. Kagan, The military history of the Soviet Union, Palgrave Macmillan, , 157 p. (ISBN 0312293984, lire en ligne)
  18. Alexander Gregory Barmine, One Who Survived, Read Books, (ISBN 978-1406742077), p. 234-235.
  19. K. K. Mednis et G.A. Chechelnitsky (1967), p. 28-29 et 243.
  20. G. P. Skorikov, « Komandarm 2 ranga YA. I. Alksnis (K 90-letiyu so dnya rozhdeniya) », Voyenno-istoricheskiy zhurnal, no 1,‎ , p. 87-89.
  21. B. A. Viktorov, « I postavil svoyu podpis'… », Voyenno-istoricheskiy zhurnal, no 4,‎ , p. 31-45.
  22. « Алкснис Яков Иванович », sur Hrono.ru,‎ .
  23. a et b N. S. Cherushev, 1937 god: elita Krasnoy Armii na Golgofe, Veche, , 560 p. (ISBN 5-94538-305-8)
  24. a et b P. P. Yeran (éd.), Riga : Entsiklopediya = Enciklopēdija Rīga, Riga, Glavnaya redaktsiya entsiklopediy, (ISBN 5-89960-002-0), p. 161-162.
  25. K. K. Mednis et G.A. Chechelnitsky (1967), p. 9 et 19.
  26. Résolution du Conseil des commissaires du peuple de l'URSS n° 24/2521 du .
  27. Ordre du Conseil militaire révolutionnaire de l'Union des républiques socialistes soviétiques sur le personnel de l'armée, n° 101, 23 février 1928, Moscou, Imprimerie centrale de la NKVM, , 36 p., p. 2.
  28. « Résolution du Comité exécutif central de l'URSS », Izvestia, no 112,‎ , p. 2.

Bibliographie

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  • N. S. Cherushev, 1937 god: elita Krasnoy Armii na Golgofe (1937 : L'élite de l'Armée rouge au Calvaire), Moscou, Veche, , 560 p. (ISBN 5-94538-305-8)
  • N. S. Cherushev et Yu. N. Cherushev, Rasstrelyannaya elita RKKA (komandarmy 1-go i 2-go rangov, komkory, komdivy i im ravnyye): 1937—1941. Biograficheskiy slovar (L'élite exécutée de l'Armée rouge (commandants des 1er et 2e rangs, corps de corps, commandants de division et leurs pairs) : 1937-1941. Dictionnaire biographique), Moscou, Kuchkovo pole, (ISBN 978-5-9950-0217-8), p. 22-23
  • Nikolaï P. Kamanine, Lotchiki i kosmonavty (Pilotes et cosmonautes), Moscou, Politizdat,
  • K. K. Mednis et G. A. Chechelnitsky, Komandarm krylatykh. Zhizn' YA. I. Alksnisa. Sbornik vospominaniy (Komandarm de l'Air Yakov Ivanovitch Alksnis. Recueil de mémoires), Riga, Liesma, , 248 p.
  • Igor Ivanovitch Shelest, Lechu za mechtoy (Je vole pour un rêve), Moscou, Molodaya gvardiya, (lire en ligne)
  • D. Yu. Soloviev, Vysshiy komandnyy sostav RKKA 1935—1940. Marshaly Sovetskogo Soyuza i Komandarmy 1-go i 2-go rangov (Le plus haut commandement de l'Armée rouge 1935-1940. Maréchaux de l'Union soviétique et commandants des 1er et 2e rangs, Moscou, Litres, , 97 p. (ISBN 978-5-532-11314-5)
  • Oleg Souverinov (ru), Tragediya RKKA 1937—1938 (La Tragédie de l'Armée rouge 1937-1938), Moscou, TERRA,‎ , 528 p. (ISBN 5-300-02220-9)

Liens externes

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