Vin biologique
Un vin biologique, parfois appelé vin bio dans le langage populaire, est un vin produit suivant les principes de l'agriculture biologique, tant à la vigne (viticulture) qu'en cave (vinification). La dénomination de « vin biologique » est réglementée depuis 2012 par un cahier des charges européen. Celui-ci succède au cahier des charges européen de 1991 réglementant le « vin issu de la viticulture biologique », qui devait respecter les principes de l'agriculture biologique uniquement à la vigne et pas obligatoirement en cave.
Historique
[modifier | modifier le code]Bien que le vin biologique ait pu être produit depuis toujours suivant des règles officieuses, il est depuis réglementé.
Réglementation
[modifier | modifier le code]Le vin biologique peut suivre différentes réglementations, selon le pays du monde viticole où il est produit.
Union Européenne
[modifier | modifier le code]Le terme « vin biologique » décrit un vin qui répond au cahier des charges européen de 2012, publié par le règlement CE 203/2012[1]. Cette dénomination est réglementée. Le cahier des charges impose que le vin soit issu d'un processus de production qui réponde aux principes de l'agriculture biologique, à la fois dans les vignes (viticulture) et dans les chais (vinification).
Avec cette réglementation de 2012, la vigne doit être conduite en viticulture biologique afin de produire des raisins certifiés biologiques, et la vinification doit elle aussi être conduite avec des produits issus de l'agriculture biologique certifiée uniquement.
Avant 2012, il existait la dénomination de vin issu de la viticulture biologique, instituée par le règlement européen CE 2092/911 de 1991[2], pour garantir l'origine des raisins, sans toutefois pouvoir certifier la vinification et le vin.
Pratiques certifiées
[modifier | modifier le code]Viticulture biologique
[modifier | modifier le code]Le produit agricole, le raisin, doit être certifié biologique.
Vinification biologique
[modifier | modifier le code]Pratiques autorisées
[modifier | modifier le code]Les intrants tels que le sucre et le moût concentré rectifié pour la chaptalisation, ainsi que l'alcool pour le mutage doivent être certifiés biologiques.
Type de traitement[Note 1] | Nom des produits | Conditions et restrictions spécifiques[Note 2] | |
---|---|---|---|
Point 1 | Aération ou oxygénation | Air | |
Oxygène gazeux | |||
Point 3 | Centrifugation et filtration | Perlite | Uniquement comme adjuvant de filtration inerte. |
Centrifugation et filtration | Cellulose | ||
Centrifugation et filtration | Terre à diatomées | ||
Point 4 | Utilisation afin de créer une atmosphère inerte et de manipuler le produit à l’abri de l’air | Azote | |
Anhydride carbonique | |||
Argon | |||
Points 5, 15 et 21 | Utilisation | Levures | Pour chacune des différentes souches de levures : provenant de matières premières biologiques, si elles sont disponibles. |
Point 6 | Utilisation | Phosphate diammonique | |
Chlorhydrate de thiamine | |||
Point 7 | Utilisation | Anhydride sulfureux | a) La teneur maximale en anhydride sulfureux n’excède pas 100 milligrammes par litre pour les vins rouges visés à l’annexe I B, point A 1 a), du règlement (CE) no 606/2009 avec une teneur en sucre résiduel inférieure à 2 grammes par litre.
b) La teneur maximale en anhydride sulfureux n’excède pas 150 milligrammes par litre pour les vins blancs et rosés visés à l’annexe I B, point A 1 b), du règlement (CE) no 606/2009 avec une teneur en sucre résiduel inférieure à 2 grammes par litre. c) Pour tous les autres vins, la teneur maximale en anhydride sulfureux appliquée conformément à l’annexe I B du règlement (CE) no 606/2009 le est diminuée de 30 milligrammes par litre. |
Bisulfite de potassium ou métabisulfite de potassium | |||
Point 9 | Utilisation | Charbons à usage œnologique | |
Point 10 | Clarification | Gélatine alimentaire [Note 3] | |
Matières protéiques d’origine végétale issues de blé ou de pois [Note 3] | |||
Colle de poisson [Note 3] | |||
Ovalbumine [Note 3] | |||
Tanins [Note 3] | |||
Caséines | |||
Caséinates de potassium | |||
Dioxyde de silicium | |||
Bentonite | |||
Enzymes pectolytiques | |||
Point 12 | Acidification | Acide lactique | |
Acide L(+) tartrique | |||
Point 13 | Désacidification | Acide L(+) tartrique | |
Carbonate de calcium | |||
Tartrate neutre de potassium | |||
Bicarbonate de potassium | |||
Point 14 | Addition | Résine de pin d’Alep | |
Point 17 | Utilisation | Bactéries lactiques | |
Point 19 | Addition | Acide L-ascorbique | |
Point 22 | Barbotage | Azote | |
Point 23 | Addition | Anhydride carbonique | |
Point 24 | Stabilisation du vin | Acide citrique | |
Point 25 | Addition | Tanins [Note 3] | |
Point 27 | Addition | Acide métatartrique | |
Point 28 | Utilisation | Gomme d’acacia (gomme arabique) [Note 3] | |
Point 30 | Utilisation | Bitartrate de potassium | |
Point 31 | Utilisation | Citrate de cuivre | |
Point 31 | Utilisation | Sulfate de cuivre | Jusqu’au uniquement. |
Point 38 | Utilisation | Morceaux de bois de chêne | |
Point 39 | Utilisation | Alginate de potassium | |
Type de traitement visé à l’annexe III, point A2 b), du règlement (CE) no 606/2009 | Sulfate de calcium | Pour les vins «vino generoso» ou «vino generoso de licor» uniquement. |
Pratiques non autorisées
[modifier | modifier le code]Certaines pratiques de vinification font l'objet d'interdiction telles que :
- la désalcoolisation,
- l’électrodialyse,
- les traitements des moûts à une température supérieure à 70 °C, ce qui exclut notamment la flash détente et la thermovinification.
- la filtration des vins inférieure à 0,2 µm.
Sulfitage
[modifier | modifier le code]Dans l'Union Européenne, le taux de sulfites accepté dans les vins biologiques est plus faible que le taux dans les vins en conventionnel (réglementation générale issue du Règlement Européen 606/2009).
Cette teneur est inférieure de 50 mg/L pour les vins secs (moins de 2 g/L de sucres résiduels), soit un maximum de :
- 100 mg/L pour les vins rouges secs,
- 150 mg/L pour les vins blancs et rosés secs.
Elle est inférieure de 30 mg/L pour tous les autres types vins.
Certification
[modifier | modifier le code]En France, les activités de contrôle et de certification sont déléguées à des organismes certificateurs indépendants et agréés par l’INAO [Note 4] :
- Agrocert
- Bureau Veritas Certification France
- Certipaq bio
- Certis
- Certisud
- Ecocert
- Qualisud
- Bureau Alpes Contrôles
Le contrôle est annuel et obligatoire, il comprend une analyse de risques. Depuis le , les organismes de contrôle ont un seul catalogue des mesures à appliquer en cas d’irrégularité, validé par l’INAO.
En 2018, un projet de label pour la période de conversion est envisagé, un logo CAB « Conversion en Agriculture Biologique » pourra être présent pour les vins d'Occitanie[3].
Production
[modifier | modifier le code]En France, les surfaces en bio et en conversion représentent 70 740 hectares en 2016, soit 9 % du vignoble français[4]. D'après l'atlas des pesticides publié en 2023, si la France reste un des 3 pays européens qui autorisent le plus de pesticides, et peine à réduire son utilisation, elle est également première à l’échelle mondiale sur les surfaces de vignes cultivées en bio avec 20 % du vignoble total en 2021[5].
Au niveau mondial, la part du vin biologique dans la production totale est estimée par l'Organisation internationale de la vigne et du vin entre 8 % et 12 % en 2016[4].
En 2017, une exploitation viticole bio crée 50 % d’emplois en plus qu’une exploitation viticole non bio. Autre constat, les emplois dans cette filière sont plus stables : 34,6 % des exploitations bio emploient un ou plusieurs salariés permanents contre 21,6 % dans le cas des exploitations non certifiées. De même, 71,49 % des employés sont à temps plein, contre 66,83 % dans les exploitations non bio[6],[7].
Commercialisation
[modifier | modifier le code]En valeur, les ventes de vins bios pour les particuliers se font à 41 % via la vente directe (8,5 €/col), 23 % en magasins spécialisés bio (7,4 €/col), 19 % en cavistes (9,9 €/col), et 17% en grande et moyennes surfaces (4,0 €/col)[8].
Consommation
[modifier | modifier le code]En 2016, les ménages français ont acheté 792 millions d’euros de vins biologiques, soit une progression de 18,2 % par rapport à 2015[9].
En 2017 la croissance est de 15 % pour atteindre 3,85 % des parts de marché[10].
Annexes
[modifier | modifier le code]Références
[modifier | modifier le code]- « Règlement d’exécution (UE) n° 203/2012 de la Commission du 8 mars 2012, en ce qui concerne les vins biologiques. », sur eur-lex.europa.eu (consulté le )
- « Production biologique des produits agricoles et des denrées alimentaires », sur eur-lex.europa.eu (consulté le )
- « En Occitanie, un nouveau logo pour les viticulteurs «en conversion» vers le bio », FIGARO, (lire en ligne, consulté le )
- « WOW! Le vin bio a la cote et de plus en plus de goût », La Revue du vin de France, (lire en ligne, consulté le )
- Heinrich-Böll-Stiftung, « Atlas des pesticides », sur fr.boell.org, (consulté le ).
- "Le bio, c'est bon pour l'emploi", enquête réalisée par l'UMR Moisa (Supagro Montpellier/Inra)
- « Le vin bio est bon pour l'emploi, selon une étude présentée au salon du bio à Marseille », Le Figaro - Le Figaro Vin, (lire en ligne, consulté le )
- Observatoire national de l'agriculture biologique, "Le marché alimentaire bio en 2017" Lire en ligne (pdf)
- « Viticulture / oenologie : 9 % des surfaces de vignes sont conduites en bio », Vitisphere.com, (lire en ligne, consulté le )
- « Le vin biologique, étoile montante de la viticulture », sur www.20minutes.fr (consulté le )
Notes
[modifier | modifier le code]- Selon le traitement visé à l’annexe IA du règlement (CE) n°606/2009
- Dans le cadre des limites et conditions fixées au règlement (CE) no 1234/2007 et au règlement (CE) no 606/2009
- Provenant de matières premières biologiques si elles sont disponibles.
- Liste au 19/12/14
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Annabelle Georgen, À Rome, boire du vin bio avec les anarchistes, Slate, , [lire en ligne].