Victoire Tinayre
Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance |
Marguerite Victoire Guerrier |
Pseudonymes |
Jean Guêtré, Jules Paty |
Nationalité | |
Activités | |
Enfants |
Julien Tinayre Louis Tinayre André Tinayre (d) |
Archives conservées par |
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Victoire Tinayre, née Marguerite Victoire Guerrier le à Issoire et morte le à Galluis[2], est une institutrice, militante de l’Internationale, communarde et autrice.
Passionnée d'enseignement et de pédagogie elle y consacre une grande partie de sa vie, d'abord en tant que directrice de plusieurs établissements, puis en tant qu'inspectrice des écoles de filles du 12e arrondissement sous la Commune, et enfin en tant qu'autrice de biographies destinées aux enfants. Ses écrits sont publiés à son nom mais aussi sous les pseudonymes de Jean Guêtré et de Jules Paty.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse
[modifier | modifier le code]Marguerite Victoire Guerrier naît le à Issoire dans le Puy-de-Dôme[3]. Issue d'une famille aisée de petits artisans, elle grandit dans un milieu bourgeois et républicain. À la suite de son obtention du brevet élémentaire, elle commence à enseigner à Issoire dans un local que lui prête son père. Cependant, à la suite du coup d'État de Napoléon III en 1851, sa famille tombe en disgrâce, son frère aîné se trouve déporté, et elle est interdite d'exercice[4].
Elle prépare seule le brevet de capacité, qui lui permettra plus tard de diriger des pensions, et l'obtient le . A la suite de cela, elle ouvre à Issoire une école libre de jeunes filles[5]. C'est là le début de son engagement, qui va perdurer tout au long de sa vie, pour l'éducation des jeunes filles.
En 1858, elle épouse un clerc de notaire, Jules Tinayre, avec qui elle aura six enfants, dont notamment Louis Tinayre, peintre et illustrateur qui réalisera la couverture de certains de ses écrits, et Julien Tinayre, graveur et époux de la romancière Marcelle Tinayre[6].
Elle écrit en 1864 ses deux premiers romans, Un rêve de femme et La Marguerite, sous le pseudonyme de Jules Paty[3],[6], dans lesquels ses idées sociales commencent à être visibles.
Paris et la Commune
[modifier | modifier le code]En 1866 le couple Tinayre, et leurs enfants, s'installent à Paris, 13 rue de Gentilly dans le 13ème arrondissement, un quartier pauvre, dans lequel elle fonde une école professionnelle de jeunes filles. Elle va par la suite diriger, où codiriger, plusieurs pensionnats à Bondy, Noisy-le-Sec ou encore Gentilly[7].
En 1867, poussée par ses idées socialistes, elle fonde avec son frère, son beau-frère ainsi que des amis, la Société des Équitables de Paris, une coopérative de consommation à l'usage des plus démunis[6]. Elle fait adhérer cette coopérative à L’Internationale ainsi qu'à la Chambre fédérale des Sociétés ouvrières[7].
Pendant la Commune, elle se voit attribuer le l'inspection générale des livres pour les écoles de jeunes filles[4],[8], puis est nommée inspectrice des écoles de filles du 12ème arrondissement[5]. En tant qu'inspectrice des écoles, elle s'attache particulièrement à la laïcisation de celles-ci et participe à l'expulsion des religieuses des établissements scolaires[4].
Pendant la semaine sanglante elle s'occupe, avec l'aide de son mari, des blessés, allant de barricade en barricade. Elle est cependant arrêtée, en rentrant à son domicile, le sur dénonciation du concierge[6]. Son mari, bien que non partisan de la commune, sera fusillé à sa place en allant prendre de ses nouvelles[5]. Relâchée le lendemain de l’exécution de son mari, elle part pour Genève, accompagnée de ses enfants et de sa sœur Anna[4],[7].
Exil
[modifier | modifier le code]De Genève, elle part ensuite pour la Hongrie, toujours en compagnie de ses enfants et de sa sœur, en 1873 à Kassa (Košice)[7]. En 1874, elle est condamnée par contumace à la déportation dans une enceinte fortifiée pour son rôle d'inspectrice des écoles au sein de la Commune de Paris[5]. Elle et sa famille partent ensuite à Budapest en 1877. Durant son exil, elle exerce en tant que gouvernante, puis préceptrice, auprès d'une famille noble en Hongrie. Elle place aussi ses enfants dans des familles aisées, afin qu'ils puissent avoir une éducation[4].
Le , le Comité central socialiste de secours aux Amnistiés et aux non amnistiés est créé pour promouvoir une amnistie totale et une collecte des fonds pour aider les communards déportés ou interdits de séjour en France[9]. De façon surprenante à l'époque, l’exécutif du comité est ouvert aux femmes et compte Victoire Tinayre ainsi qu'Hubertine Auclert et Marie Manière[10].
Le elle bénéficie d'une remise de peine définitive, puis graciée en , elle et sa famille reviennent à Paris[7].
Retour à Paris
[modifier | modifier le code]Rapidement après son retour en France, elle se rapproche des positivistes par l'intermédiaire de Henry Edger, son voisin[7]. Elle coécrit, avec Louise Michel et sous le pseudonyme de Jean Guêtré, le roman La Misère, qui est publié en 1882 et Les Méprisés publié la même année[3]. Cependant leurs divergences d'opinions rendent leur relation conflictuelle et leur collaboration s'arrête à ces deux ouvrages[5]. Devenue positiviste, elle occupe de 1883 à 1885 la direction des écoles enfantines du familistère de Guise[4]. En 1886, avec l'appui du docteur Robinet, lui aussi positiviste, elle devient surveillante générale des écoles de l'assistance publique, et elle entreprend de les laïciser[4].
Elle tombe malade au début des années 1890[7] et décède en [11].
Œuvres
[modifier | modifier le code]- Un rêve de femme, sous le pseudonyme de Jules Paty, impr. de Worms, 1865 (Consultable dans GALLICA : tome 1 & tome 2)
- Alphonse de Lamartine enfant, édition Kéva, 1880
- Les Méprisées, grand roman de mœurs parisiennes, coécrit avec Louise Michel et sous le pseudonyme de Jean Guêtré, édition A. Fayard, 1880 (visible dans Gallica)
- La Misère, coécrit avec Louise Michel et sous le pseudonyme de Jean Guêtré, édition A. Fayard, 1881 (visible dans Gallica)
- Alfred de Musset enfant, édition Ract et Falquet, 1882
- Victor Hugo enfant, édition Kéva, 1882 (visible dans Gallica)
- Manuel de calcul, à l'usage des mères et des maîtresses d'école maternelle, édition P. Guérin, 1884
Hommage et postérité
[modifier | modifier le code]En 2013, la ville d'Issoire a nommé « rue Victoire-Tinayre » une rue desservant de nouveaux lotissements[12].
En 2019, à Genève, dans le cadre du projet 100Elles*, l'association l'Escouade renomme temporairement une rue à son nom[13],[14],[15],[16]
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « https://ccfr.bnf.fr/portailccfr/ark:/16871/004b1465761 »
- Son acte de décès (n° 12) dans le registre de l'état civil de Galluis pour l'année 1895.
- « Victoire Tinayre (1831-1895) - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr (consulté le )
- Caroline Constant, « Victoire Tinayre (1831-1895) L’enseignement comme arme révolutionnaire », L'Humanité, (lire en ligne)
- « Marguerite Tinayre (1831-1895) - Association Autogestion », Association Autogestion, (lire en ligne, consulté le )
- Les Amies et Amis de la Commune de Paris 1871, « Marguerite Tinayre et l'éducation - Association des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871 », sur www.commune1871.org (consulté le )
- Olivier Drut, « CTHS - TINAYRE née GUERRIER Marguerite dit Victoire », sur cths.fr (consulté le )
- Eugene W. Schulkind, « Le rôle des femmes dans la Commune de 1871 », Revue d'Histoire du XIXe siècle - 1848, vol. 42, no 185, , p. 24 (DOI 10.3406/r1848.1950.1467, lire en ligne, consulté le )
- « UN COMITÉ SOCIALISTE POUR L’AMNISTIE EN 1879 », sur www.commune1871.org (consulté le )
- Comité central socialiste de secours aux Amnistiés et aux non amnistiés... Appel aux Sociétés ouvrières et groupes constitués de France . (Signé : Léonie Manière.), (lire en ligne)
- Acte de décès no 12 du , Galluis, Achives des Yvelines
- Centre France, « Quatre rues de la ville ont été dénommées », sur www.lamontagne.fr, (consulté le )
- www 20minutes ch, 20 Minutes, 20 Min www.20min.ch, « Genève rebaptise 100 rues en l’honneur des femmes », sur 20 Minutes (consulté le )
- Sylvia Revello, « Les rues genevoises en voie de féminisation », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
- « Le collectif féministe “l'Escouade” rebaptise les artères de Genève », sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes (consulté le )
- « Victoire TINAYRE », sur 100 Elles* (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Claude Schkolnyk, Victoire Tinayre, 1831-1895. Du socialisme utopique au positivisme prolétaire, éditions l’Harmattan, 1997.
- "Les 72 Immortelles" de Jean A. Chérasse, son arrière petit-neveu, aux éditions du Croquant. cf également le numéro spécial des "Cahiers d'histoire", consacré au 150e anniversaire de la Commune de Paris.
Liens externes
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