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Réduction phénoménologique

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La « réduction phénoménologique » ou Épochè (en grec ἐποχή/ epokhế) consiste pour Edmund Husserl, à suspendre radicalement l'« approche naturelle » du monde, et à mener une lutte sans concession contre toutes les abstractions que la perception naturelle de l'objet présuppose ; cette suspension devant permettre l'accès aux « choses mêmes »[1]. Le concept de réduction apparaît explicitement dans l'œuvre de Husserl autour des années 1907 dans une publication intitulée L'idée de la phénoménologie. Dans cette œuvre, Husserl parle d'une réduction gnoséologique[2]. La première réduction phénoménologique cherche un fondement indubitable pour la connaissance et pour ce faire, le monde naturel du sens commun est simplement « mis entre parenthèses », cette opération n'est donc pas un déni du monde ni la mise en doute de son existence[N 1].

L'ambition phénoménologique

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Problématique

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Héritière de Kant, la phénoménologie, dont le principal représentant est Edmund Husserl, constitue un courant philosophique qui, en conformité avec l'esprit scientifique de l'époque, se concentre sur l'étude des phénomènes, de l’expérience vécue et des contenus de conscience. Husserl décrit la tâche de la phénoménologie comme celle qui consiste à transformer l'évidence universelle de l'être du monde (la plus grande de toutes les énigmes) en quelque chose d'intelligible, et sa méthode pour rendre cette tâche possible est la « réduction transcendantale »[3],[N 2].

Husserl héritier de Kant ?

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Pour Husserl et pour Kant, l'idée d'objectivité se ramène à l'ensemble de ses conditions a priori si bien que le grand problème de la phénoménologie pourrait être celui-là même de la Critique de la raison pure. Mais s'interroge Husserl, comment un « donné » est-il possible ? Eugen Fink, élève de Husserl note, « la phénoménologie ne se pose pas le problème criticiste à proprement parler, elle pose le problème de l'origine du monde »[4]. Pour les néokantiens le problème de la connaissance est référé aux objets, la réduction chez Husserl,« a pour but et pour essence de faire apparaître l’élément premier de notre rapport aux choses et qui est le monde [...] le travail phénoménologique montre comment se constitue la permanence du monde pour nous et analyse la constitution des thèses dans lesquelles le monde nous est donné »[5]. Ce qui prévaut en phénoménologie, c'est « la conscience universelle permanente du monde, se modifiant elle-même, dont les contenus sont en flux constant : la constante aperception du monde »[6].

La question de l'apparence

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Husserl présente comme un a priori universel, la loi de « corrélation » qui exprime que toute chose apparaît, à notre regard, comme entremêlée de données subjectives et que ces données ne sont pas seulement un fait, mais correspondent à des « nécessités d'essence ». « La corrélation de l'étant avec la subjectivité, loin de couvrir un rapport contingent, possède une validité a priori, correspondant à l'essence de l'étant et par conséquent à la subjectivité », écrit Renaud Barbaras[7]. L'étant ne pouvant être autrement que selon le mode sous lequel il se donne à la conscience, le même commentateur[7] note : « la scission classique de l'être et de l'apparence disparaît comme problème ». Mais encore et surtout, « la position d'un en-soi, étranger à la subjectivité d'une réalité absolue, qui était celle de la métaphysique classique, est récusée[...] Corrélativement une telle conception met en jeu le sens d'être de cet étant particulier qu'est la conscience, [...] qui ne détermine plus ce qu'est l'objectivité au sein de phénomènes distincts de l'en-soi. Elle est l'origine du monde, selon la formule de Eugen Fink, c'est-à-dire qu'elle est l'absolu », écrit Renaud Barbaras[8].

Recherche d'un fondement indubitable

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Husserl reprend l'espérance cartésienne d'une philosophie comme « science universelle, possédant des fondements absolument certains », pouvant servir de d'appui aux autres sciences[9],[N 3]. Pour ce faire, la méthode consiste à ramener la connaissance à « des intuitions absolues au-delà desquelles on ne peut remonter »[10]. Rudolf Bernet[11] définit ainsi l'enjeu de la réduction phénoménologique :

« Les questions fondamentales telles que « l'apparaître » du monde et comment le sujet s'y trouve mêlé ont trop souvent été oblitérées par le projet d'une description exhaustive du « monde de la vie ». L'effort d'adapter la pensée philosophique aux moindres détails qui font l'ordinaire de notre vie quotidienne dans le monde a conduit à une phénoménologie qui dit tout du monde et qui tait l'essentiel. L'essentiel est de savoir d'où, de quel point de vue, le sujet assiste à la révélation du monde. C'est cette question précisément, qui constitue l'enjeu de la « réduction phénoménologique » »

Les sciences modernes n'auraient pas la capacité d'interroger par elles-mêmes, leur propre fondement, l'ambition de la phénoménologie va être de procurer à leurs formations théorétiques, sens et validité en mettant à jour leur fondement ultime[12],[N 4]. Il s'agit de mettre à l'épreuve les présuppositions majeures, épistémologiques et ontologiques, des sciences mondaines, tâche que Husserl nomme époché ou « réduction transcendantale »[N 5]. Cela passe d'abord par la suspension de notre croyance naïve et dogmatique en l'existence ou la nature ontologique du monde (attitude naturelle), et ce afin d'atteindre son mode de donation (Wie ihrer Gegebenheitsweis)[N 6]. Ensuite, le premier principe à observer : « ne jamais admettre comme valable aucun jugement, si je ne l'ai puisé dans l'évidence, c'est-à-dire dans des expériences où les choses et faits en question me sont présents « eux-mêmes » »[9].

Montrer, se montrer

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Si dans la tradition métaphysique, il s'agit de démontrer le phénomène son origine ou ses causes, « en phénoménologie il s'agit de laisser l'apparition se montrer dans son apparence selon son apparaître »[13]. Maurice Merleau-Ponty[14] résume ainsi le phénomène du voir : « voir c'est entrer dans un univers d'êtres qui se montrent, et ils ne se montreraient pas s'ils ne pouvaient être cachés les uns derrière les autres ou derrière moi. En d'autres termes : regarder un objet, c'est venir l'habiter et de là saisir toutes choses selon la face qu'elles tournent vers lui ». Cependant comme le remarque Jean-Luc Marion parce que la connaissance vient toujours de moi, la manifestation du phénomène selon son apparaître, à partir de lui-même, ne va pas de soi[15].

Selon Emmanuel Levinas[16], « l'attitude naturelle est caractérisée, beaucoup moins par le réalisme, que par la naïveté de ce réalisme, par le fait que l'esprit se trouve toujours déjà devant un objet sans s'interroger sur le sens de son objectivité, c'est-à-dire sans la saisir dans l'évidence où elle se constitue ». La pensée de l'être humain, n'est plus le pur acte de donner un sens mais une simple opération technique sur le monde à partir du monde. Nous énonçons des propositions sans nous soucier du sens de leur objectivité, toujours naïvement admise. C'est ce dogmatisme inné que la réduction phénoménologique doit renverser[17].

Parce que l'homme se pense comme un être au milieu d'autres êtres, la simple réflexion ne suffit pas à rompre ce lien. Pour transformer la pensée technique en activité spirituelle il faut arrêter de supposer le monde comme condition de l'esprit. Ce que l'homme découvre alors c'est soi-même comme philosophe, sa conscience comme conscience qui prête sens aux choses, il se découvre comme « conscience transcendantale ». La réduction est donc une opération par laquelle l'esprit suspend la validité de la thèse naturelle de l'existence pour en étudier le sens[16].

Une réduction, c'est-à-dire une suspension du monde qui met à jour sa constitution.

Réduction et doute cartésien

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Dans la formulation du cogito le monde est nié comme douteux par Descartes, simplement « suspendu » ou « neutralisé » chez Husserl[18].

« Husserl reprend la formulation cartésienne du cogito, même s'il se refuse à réifier la pensée, à en faire une chose coupée de l'objet à connaître »[19]. En régime de réduction, le cogitatum n’est pas, comme chez Descartes, une image du monde, mais le monde lui-même souligne Pascal Dupond[18].

Le « doute cartésien » qui suit une démarche apparentée à la phénoménologie, pèche par contre par son manque de radicalité. En effet, comme le remarque Renaud Barbaras[20], s'interroger sur l'existence du monde en le mettant en doute, ce n'est pas s'interroger sur ce que signifie « exister », ou ce que recouvre le terme de « réalité ». Descartes doute que l'image qu'il se fait du monde corresponde à la réalité, mais ne doute pas de l'existence de cette réalité elle-même. Pascal Dupond[18] écrit aussi : « La négation du monde, telle que Descartes la comprend, supprime le monde mais non pas la représentation du monde ; à travers le doute méthodique, la cogitatio se découvre comme représentation de choses transcendantes auxquelles, avant le doute méthodique, elle croyait naïvement ; par le doute la chose perd la transcendance qui lui était naïvement attribuée et devient pour l’ego cogitans une image ». « Le doute cartésien portant sur la chose naturelle demeure par lui-même une attitude mondaine, il n'est qu'une modification de cette attitude, il ne répond donc pas à l'exigence profonde de radicalité »[21]. Par contre selon Renaud Barbaras« en neutralisant la thèse du monde, l'« époché » permet d'interroger le sens d'être du monde qui nous est donné [...] de saisir ce que signifie exister pour ce monde, dont on ne peut justement pas douter »[20].

Principe de la réduction

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La « réduction phénoménologique » ou Épochè en grec (ἐποχή / epokhế) consiste à suspendre radicalement l'« approche naturelle » du monde, et à mener une lutte sans concession contre toutes les abstractions que la perception naturelle de l'objet présuppose. Pour Eugen Fink, la réduction phénoménologique est « l'acte philosophique fondamental au sens ou tout accomplissement de l'acte concret de philosopher n'est qu'un développement de la réduction elle-même »[22].

La pratique conséquente de la réduction phénoménologique exige la mise entre parenthèses non seulement de l'existence du monde, mais aussi du moi psycho-physique, que Husserl appelle également le « moi empirique »[23],[N 7]. Comme le souligne Eugen Fink[24], il ne s'agit pas de mettre en doute son être mais de voir « qu'en tant que moi réfléchissant phénoménologiquement je ne fais simplement aucun usage de la validité d'être que me suggère l'expérience directe ».

Par « attitude naturelle » il faut comprendre la vie empirique sous ses multiples formes (comme s'apercevoir de, agir, théoriser, désirer, aimer) pour laquelle le monde est toujours pré-donné, présupposé, et qui implique des cultures, des modes de vie, des croyances. Dans la réduction phénoménologique il ne s'agit pas simplement de suspendre la perception naïve du monde mais de relever (au sens d'annuler et de remplacer), cette présupposition continue et latente[25]. Plus précisément comme l'écrit Dan Zahavi[26], avec la Réduction, « nous ne nous intéressons au monde que dans la mesure où il est vécu, perçu, imaginé, jugé etc., c'est-à-dire dans la mesure où il est le corrélat d'une expérience, d'une perception, d'une imagination ». Grâce à cette suspension le phénoménologue pense pouvoir accéder aux « choses mêmes »[1]. Appliquée à l'objet, la réduction phénoménologique devient discipline qui levant la naïveté de l'attitude naturelle, décompose l'opacité de l'objet pour rechercher les actes qui l'ont composé dans un processus de synthèse[27],[N 8]. En résumé, note Mario Charland[28], on peut considérer l'épochè comme une suspension du jugement « ontique » naïf et la réduction comme le changement d'attitude qui thématise la corrélation entre le monde et la conscience, découvrant ultimement le fondement transcendantal.

Eugen Fink[29] dit de la réduction « qu'elle tire son nom de la ta tâche essentielle de reconduire à une subjectivité jusqu'ici cachée, et cachée pour des raisons nécessaires ». La « réduction » n’est cependant pas un simple retour au « sujet transcendantal », mais constitue, aussi, « l’authentique découverte de la croyance au monde, la découverte du monde comme dogme transcendantal »[30]. Fink parle de la difficulté devant toute entreprise d'exposition de la doctrine de la « réduction phénoménologique » qui ne peut que se présupposer elle-même. Le problème philosophique de la phénoménologie ne peut être exposé dans l'orbe de l'attitude naturelle, attitude qui est précisément relevée par l'accomplissement de la réduction. Faisant référence aux Ideen et de leur présentation de la réduction Fink parle dans son De la phénoménologie d'un engagement et d'un empêtrement dans l'« attitude naturelle » dont Husserl n'arrive pas à se défaire. En fait toutes les attitudes de l'homme demeurent fondamentalement à l'intérieur de l'attitude naturelle[31]. Fink parle d'un « monde universel spatio-temporel déjà présupposé comme quelque chose qui est constamment et par avance là pour moi »[32],[N 9]. La « réduction » est justement le seul moyen de rupture. « Le concept d'attitude naturelle n'est pas un concept mondain pré-donné mais un concept « transcendantal » »[32].

Après réduction, « au lieu d'exister simplement [...] ce monde n'est pour nous qu'un simple phénomène élevant une prétention d'existence [...] Avec les autres « moi », disparaissent naturellement toutes les formes sociales et culturelles. Bref, non seulement la nature corporelle, mais l'ensemble du monde concret qui m'environne n'est plus pour moi, désormais, un monde existant, mais seulement « phénomène d'existence » »[33]. Renaud Barbaras[34] pense voir dans cette démarche comme un retour aux Grecs « elle peut précisément être caractérisée comme ce qui aux yeux des Grecs, était l'acte de naissance même de la philosophie, à savoir comme étonnement [...] Par l'étonnement, l'évident devient incompréhensible, l'ordinaire extraordinaire [...] le familier non familier ».

Comme le précise Jean-Luc Marion[35] « la réduction suspend les théories absurdes, les fausses réalités de l'attitude naturelle, le monde objectif, etc., pour laisser les vécus faire apparaître autant que possible ce qui se manifeste comme et par eux ; sa fonction culmine dans un dégagement des obstacles à la manifestation ». Cette suspension est plus précisément à comprendre, dans un esprit très éloigné du doute cartésien, comme une entreprise de dégagement des obstacles à la manifestation de la pureté du phénomène, elle ne provoque pas par elle-même l'apparition de ce qui se manifeste. Le monde perçu dans cette vie réflexive est toujours là, il continue à apparaître comme il apparaissait jusque-là mais dans l'attitude réflexive je n'effectue plus l'acte de croyance existentielle de l'expérience naturelle[36]. Loin d'être « un instrument provisoire qui devrait être abandonné une fois la certitude retrouvée ; elle est une disposition d’esprit permanente d’interrogation et de remise en cause des préjugés » écrit Pascal Dupond[37].

L'universelle « mise hors valeur » de toutes les attitudes que nous pouvions prendre vis-à-vis du monde objectif (jugement, intuition, existences réelles, possibles ou hypothétiques, apparence) ne nous placent pas devant un pur néant. Ce qui me reste en tant que sujet méditant c'est ma « vie pure » et ce qui devient à cette occasion « mien » c'est l'universalité des phénomènes à travers laquelle le monde objectif tout entier existe pour moi, c'est-à-dire, vaut[N 10]. « Je ne puis vivre, expérimenter, penser ; je ne puis agir et porter de jugements de valeur dans un monde autre que celui qui trouve en moi et tire de moi-même son sens et sa validité »[38]. Comme l'écrit Bruce Bégout[39] « ce qui se dévoile (avec la réduction), c'est la vie du sujet elle-même, avec ses intentions, ses implications, ses opérations temporelles [...] La réduction ne conserve pas seulement le monde comme phénomène, elle ouvre un nouveau monde : le monde de la vie subjective, de la vie intentionnelle ». La vie dont parle Husserl « c'est la vie originelle, fluente et dynamique [...] toujours présente à elle-même, [...] c'est dans et par cette vie que se constitue le monde comme phénomène et comme sens »[40].

« L'«attitude transcendantale » est un événement du monde appartenant à la vie psychique réelle de l'homme qui philosophe dans le monde. En d'autres termes la réduction phénoménologique elle-même, reçoit le sens existential d'un effort extrême de l'homme, la signifiance vivante de l'ultime aventure de la connaissance » écrit Eugen Fink[41].

Le chemin de la réduction

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En tant qu'acte phénoménologique inaugural, rien ne peut, selon Renaud Barbaras[42], « précéder la « réduction », ce qui signifie qu'elle est fondamentalement immotivée ». Sa nécessité ne se révèle qu'après coup, « ce qui veut dire qu'elle se présuppose toujours elle-même », et lui confère selon Renaud Barbaras[43] le caractère d'une inévitable circularité[N 11].

Principe de la constitution

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La phénoménologie met en évidence le rôle central de l' « intentionnalité » dans la perception. Nous ne percevons à proprement parler que des aspects des choses, ce que Husserl appelle des « esquisses », ces dernières se succédant à l'infini et requérant une loi pour les unifier. L'intentionnalité permet cela, car elle est aussi un opérateur d'anticipations qui permet à l'esprit de combler les « blancs » ou « vides » de la perception pour constituer un objet intégral pour la conscience. Par exemple, nous ne nous contentons pas d'appréhender un dos ou un profil lorsque nous observons une personne, mais nous nous attendons à ce que les caractéristiques qui sont masquées pour la perception puissent être données, et l'intentionnalité fournit à la fois une loi qui unifie les esquisses données et celles auxquelles nous nous attendons naturellement. « Ainsi, l'intentionnalité implique, dans sa prestation objectivante et identifiante, une construction de l'identité objective »[44]

La phénoménologie est aussi une méthode visant à préserver l'« originarité » des phénomènes, c'est-à-dire à dévoiler une genèse.« Au contraire de la méthode cartésienne ou kantienne, la méthode phénoménologique, même lorsqu'elle constitue les phénomènes, se borne à les laisser se manifester ; constituer n'équivaut pas à construire, ni à synthétiser, mais à donner un sens ou plus exactement à reconnaître le sens que le phénomène se donne lui-même et à lui-même » écrit Jean-Luc Marion[35]. Mais de plus, comme le souligne Renaud Barbaras « si l'on veut déterminer la spécificité de la phénoménologie il convient de dépasser l'être donné du sens et interroger l'origine même du sens »[45]. En effet si l'on se contentait de remonter de l'étant mondain aux formes a priori comme Kant le faisait alors, « une telle constitution ne pourrait recouvrir l'affirmation d'une conscience absolue recelant en elle toutes les transcendances »[45].

Renaud Barbaras décrit ainsi la relation de constitution : « Elle n'est pas réceptive puisque rien n'est extérieur à la conscience transcendantale; elle ne peut rien recevoir. Elle n'est pas non plus productive parce qu'elle est une conscience. Il n'y a de production proprement dite que pour les êtres mondains. La conscience demeure un faire paraître, un faire voir. C'est donc l'unité d'une intuition et d'une création, c'est-à-dire un faire paraître qui est un faire voir, un voir tel que le vu tire son être de ce voir lui même »[46].

Eugen Fink[47] remarque que « l'attitude naturelle en tant qu'être de l'homme dans le monde selon tous ses modes est un résultat constitutif et, comme tel, un moment intégral de la vie transcendantale elle-même ».

Qu'est ce qui est à réduire ?

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Ainsi posée la question revient à se demander : qu'est-ce qui a été constitué ? la réduction pouvant être présentée comme la contrepartie négative de la constitution.

Le monde et notre environnement

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Ce à quoi la réduction phénoménologique s'attaque, c'est au monde, que Husserl nomme le monde de l'attitude naturelle : plus précisément, elle s’attaque à la thèse « naturelle » sur le monde qui n'a rien à voir avec le monde du quotidien. Ce monde ignoré est pourtant toujours pré-donné pour ceux qui en font l'expérience, qu'ils y travaillent ou s'adonnent à toutes sortes d'occupations[25]. Il s'agit pour chacun d'entre nous d'un seul et même monde au contenu variable illimité dans le temps et dans l'espace. Ce monde, dans lequel je suis moi-même incorporé, n'est pas un simple monde des choses mais il est tout à la fois, en arrière-plan, un monde de valeurs, de biens et un monde pratique. On le perçoit à travers le caractère immédiat de nos intuitions quand nous découvrons devant nous les choses immédiatement pourvues de propriétés matérielles, de qualité et de valeurs; des choses plaisantes ou déplaisantes agréables ou non ; les choses directement usuelles sans réflexion, la table, le livre, etc[48]. Paul Ricœur[49] note que ce monde, plus vaste que le psychologisme et le naturalisme peuvent le décrire, est toujours là comme corrélat de la conscience attentive ou inattentive, perceptive ou pensante théorique, affective, pensante ou pratique. Eugen Fink[25] parle d'une « présupposition latente et continue de l'être du monde » que la réduction phénoménologique aura à charge de relever. « Le sens radical de l'attitude naturelle ne saurait apparaître en dehors de la réduction qui le révèle au moment où elle le suspend »[50].

Le cogito et les environnements idéaux

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Les valeurs et les qualités pratiques qui m'apparaissent en même temps que les choses appartiennent aussi à titre constitutifs aux objets présents en tant que tels que je m'occupe ou non d'eux. Ce qui est vrai des choses l'est aussi d'autrui, ce sont mes amis ou mes ennemis, mes subordonnés ou mes supérieurs[51]. La validité de l’expérience d’autrui doit être suspendue dans la mesure où elle repose sur une expérience sensible où le corps physique d’autrui est perçu. La réduction phénoménologie vise également le « moi » empirique (l’âme ou la psyché), dont le rejet hors de la sphère transcendantale est motivé en vertu de sa dimension «corporelle» que lui accorde Descartes. Ainsi le Cogito qu'il soit conscient ou inconscient appartient aussi à l'« attitude naturelle », alors même qu'il est sur la voie de son dépassement. La « réflexion » qui n'est pas encore la « réduction » sépare néanmoins la région conscience[52].

On notera que pour Eugen Fink[53] « la réflexion réductive sur soi-même n'est pas une radicalité accessible à l'homme, elle ne réside donc pas du tout dans l'horizon des possibilités humaines [...] ce n'est pas l'homme qui fait réflexion sur soi, mais c'est la subjectivité transcendantale, voilée dans l'auto-objectivation sous la forme de l'homme, qui fait réflexion sur elle-même en prenant son départ apparemment comme homme, en se dépassant et se ruinant comme homme, à savoir en s'orientant vers le fond vital , le Lebensgrund propre, en dernière instance le plus intime »

Husserl élargit au maximum la notion de monde naturel au point d'y inclure « tout ce qui est là pour moi et qui par sa présence intuitive me cache ma subjectivité transcendantale et constituante qui pourtant s'exerce dans cette présence même ». Je suis, par exemple, pris par l'arithmétique tandis que le monde des choses, qui est permanent, sert de toile de fond à l'attitude arithmétique qui n'est qu'intermittente[52].

Les autres et l'inter-subjectivité

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Nous avons une compréhension naturelle de nos semblables. Nous concevons de vivre dans un seul et même monde auquel nous accédons chacun dans la diversité de nos consciences en fonction desquelles, sous des modes d'appréhension particuliers les choses peuvent se montrer sous des apparences différentes. En dépit de tout nous arrivons à nous comprendre et posons une réalité objective commune d'ordre spatio-temporel[54]. Les thèmes de l'intersubjectivité et de l'objectivité du monde sont abordés chez Husserl dans le cadre de la Méditation cinquième[55].

Natalie Depraz[56], écrit : « l'intersubjectivité ne saurait se résoudre à la question de mon expérience personnelle et empirique d'autrui (comment je le rencontre, comment je puis le connaître, etc..) Ces questions relèvent d'une psychologie introspective. Le problème de Husserl est autre : il s'agit de comprendre comment l'autre est « constitué » en moi, c'est-à-dire comment mon attitude phénoménologique à son égard fait de lui non un objet, mais un sujet, donateur de sens, comme je le suis moi-même ».

Les voies d'accès et les formes de réduction

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S'agissant des formes, Mario Charland[57], distingue dans son mémoire universitaire trois grands types de réduction : phénoménologique (ou gnoséologique), éidétique et transcendantale ou (phénoménologie-transcendantale) dans l'évolution de pensée de Husserl. S'agissant des voies, les auteurs en distinguent deux, la voie cartésienne et la voie psychologique.

Par « réduction eidétique », il faut entendre cette forme de réduction qui, mettant hors jeu le jugement de réalité que l'on porte sur la chose, savoir son existence, permet d'en faire varier imaginativement les traits et de découvrir ainsi les invariants qui vont constituer l'« essence »de la chose ou « eidos »[58],[N 12].

Par « réduction transcendantale » fréquemment appelée du terme grec époché, il faut entendre l'étape la plus radicale, celle qui suspend tout jugement d'existence et vise à mettre hors jeu le monde lui-même. Ce qui est mis hors jeu c'est la thèse générale qui tient à l'essence de l'« attitude naturelle ». Si je mets « entre parenthèses » absolument tout ce qu'elle embrasse dans l'ordre ontique, je ne mets cependant pas son existence en doute[59]. Dans la Krisis, Husserl tente de faire du « monde de la vie » « un objet de science au même titre que tout objet de science (qu'elle soit naturelle, humaine ou historique). Toutefois, il faut garder à l'esprit que cet objet est un « a priori universel de corrélation », au sens où il ne possède pas les mêmes caractères « empiriques » que l'objet étudié par les autres sciences » écrit Mario Charland[60]. La « réduction transcendantale », est l'acte par lequel le sujet méditant se saisit, par la simple « mise entre parenthèses » du monde objectif comme « moi pur » ou « Moi transcendantal ».

La voie cartésienne

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Apparue dans l'Idée de la phénoménologie de 1907, la voie d'inspiration cartésienne est empruntée par les Ideen I et à un moindre degré par les Méditations cartésiennes[61]. La réduction phénoménologique va chercher un fondement indubitable pour la « connaissance ». Le monde naturel, celui de l'« attitude naturelle » est simplement « mis entre parenthèses ». « La suspension de la croyance au monde permet d’apercevoir un domaine antérieur à sa donation, et que sa présence nous cache, à savoir le domaine de la vie réflexive par laquelle le monde nous est rendu présent »[62] Au niveau des « Ideen I », la réduction a une double signification : d'une part négative en ce qu'elle isole la conscience comme résidu phénoménologique, d'autre part, positive parce qu'elle fait émerger la conscience comme radicalité absolue, commente Jean-François Lyotard[63].

La voie psychologique

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La voie cartésienne présente le danger d'aboutir à un ego dépourvu de monde, vers lequel il est difficile de revenir. Le recours à la voie psychologique, c'est-à-dire l'approfondissement du sujet « permet de comprendre l’ego transcendantal autrement que comme une extrémité psychique du monde et autrement que comme un pôle vide ou comme une sphère dépourvue de contenu »[64]. C'est dans Krisis que Husserl se détache de la voie cartésienne. Natalie Depraz[65]. montre comment la voie de la psychologie suivie par Husserl soumet l'instance opérant la réduction à savoir le sujet transcendantal à une radicalisation plus radicale que celle de la voie cartésienne.

L'aboutissement de la réduction

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« La réduction phénoménologique consiste à suspendre la validité de la thèse naturelle de l'existence pour en étudier le sens dans la pensée qui l'a constitué, pensée qui n'est plus dans le monde mais avant le monde » selon la définition qu'en donne Emmanuel Levinas[66]. L'attitude transcendantale effectue une « mise entre parenthèses » radicale de la thèse générale du monde, jusqu'ici présumé comme existant. Ce qui est mis hors jeu, sans toutefois nier son existence, c'est la thèse générale du monde sans en exempter les jugements scientifiques[67]. « Toutes les théories aussi bonnes soient-elles et fondées à la façon positiviste et toutes les sciences qui se rapportent à ce monde doivent subir le même sort »[68]. Le monde naïf de l'expérience quotidienne simplement posé et disponible se transforme en « phénomène du monde »[25]. À travers la reconnaissance de cette présupposition du monde, on peut caractériser la réduction « comme un mouvement de reconduction à son « origine » dans la vie donatrice de sens de la « subjectivité transcendantale » »[25]

L'arrière-plan du monde

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Chacun d'entre nous, vivons dans un seul et même monde, au contenu variable, illimité dans le temps et dans l'espace. Ce monde, dans lequel nous sommes incorporés, par notre esprit et notre corps n'est pas un simple monde des choses, mais il est tout à la fois, en arrière-plan, un monde de valeurs, de biens et un monde pratique[N 13]. Il contient aussi des environnements idéaux, corrélats des actes de connaissance comme les nombres qui se rencontrent dans les actes de numération. Tout cela nous est « donné », silencieusement avec la même « immédiateté ». Le monde de l'« attitude naturelle » définie dans les Ideen[69] n'a rien à voir avec une « vision du monde », ni avec le monde de la quotidienneté..

Ce qui est visé par la pensée phénoménologique c'est ce qui commande toutes les possibilités, toutes les attitudes et tous les préjugés, « l'antéprédicatif est reconnu, par la phénoménologie, comme étant ce lieu de constitution a priori précédant tout jugement logique », écrit Mario Charland[70]. Aussi pour Paul Ricœur[71], l'illusion la plus tenace de la « thèse du monde » dans l'« attitude naturelle », est la croyance naïve à l'existence « en soi » de ce monde, détaché de notre conscience, de l'indubitabilité de sa signification, qui s'accompagne de l'illusion que la perception empirique directe serait a priori plus certaine que la réflexion. Pour Eugen Fink[72] « l'attitude naturelle est l'attitude essentielle, appartenant à la nature de l'homme, l'attitude constitutive de l'être-homme même, de l'être-homme orienté dans le tout du monde [...] ».

La reconquête du sens du monde n'est jamais achevée. Emmanuel Levinas[66] écrit: « Il y a toujours de l'anticipé, un horizon infini d'anticipé dans la perception, et, par conséquent, le monde existe de telle façon qu'il n'est jamais garant de sa propre existence »[N 14]. L'idéal de certitude, Descartes pensait l'avoir obtenu en faisant retour à l'origine, avec le cogito[33]. Ce que poursuit l'analyse phénoménologique, c'est moins la certitude à la manière cartésienne, que le chemin de l'évidence où l'objet se montre de soi-même, comme jaillissant de la conscience, parce que compris par elle[73],[N 15].

Emmanuel Levinas[73] constate que la suspension du monde n'est pas une procédure provisoire mais qu'elle se voudrait définitive car elle représenterait pour l'esprit une manière d'être libre par rapport au monde[N 16]., Avec la « réduction », l'existence de l'homme, pourvue d'une conscience absolue (relative à rien), ne consiste plus à s'engager dans un monde préalablement constitué, mais à prendre conscience de sa position dans la mise à jour de toutes les évidences, c'est-à-dire dans la liberté[73].

Le Moi transcendantal

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Dans l'esprit de la phénoménologie, le « moi psychologique » n'est qu'une étape sur le chemin qui conduit au « moi transcendantal ». Le « moi psychologique », entrelacé avec le monde naturel, doit être, lui-même réduit, ce qui veut dire qu'il y a lieu de s'abstenir de toute thèse relative au moi existant. Il y a néanmoins un Je, celui qui justement s'abstient et qui est qualifié de moi pur. Si la chose perçue ne nous est donné qu'à travers toute une série d'esquisses, le moi pur ou vécu égologique est d'une évidence apodictique. Le moi pur n'est pas une chose puisqu'il ne se donne pas comme une chose est donnée. Quand bien même le monde serait anéanti, le moi ne serait pas atteint dans sa propre existence[74]. En un sens, par le décalage qu'il implique, Paul Ricœur[75], note : « comprendre véritablement la « thèse du monde » c'est déjà me réaliser comme sujet non plus psychologique mais transcendantal ».

La réduction fait apparaître le « moi transcendantal » ou phénoménologique, qui, à l'inverse du moi « empirique », va se positionner, selon l'expression de Jean-François Lyotard tel un « spectateur désintéressé »[76]. L'accès à ce « moi transcendantal », souligne Paul Ricœur[71] emprunte dans les Ideen « une méthode tout à fait cartésienne faisant penser que la réduction consiste à soustraire quelque chose qui serait la nature douteuse et à retenir par soustraction : la conscience indubitable ». De fait se limiter à une telle méthode ne ferait apparaître qu'une distinction entre la conscience et la réalité. L'ambition de Husserl est tout autre, il s'agit de montrer que le « moi transcendantal » se distingue du moi psychologique en ce que la réduction enveloppe le monde dans sa totalité, « moi psychologique » inclus. « Non seulement la conscience est autre que la réalité, mais la réalité est relative à la conscience en ce sens qu'elle s'y annonce comme une unité de sens ». Dans l'esprit de Husserl écrit Denis Courville[77] « l’expérience du monde ne peut se faire que par des constitutions synthétiques opérées par l’ego transcendantal ».

Au stade transcendantal une question demeure « l’ego est méthodiquement purifié de tous rapports mondains et corporels dans la quête pour la fondation d’une science véritablement absolue [...] mais tout sens se constitue dans et à partir de mon ego, comment puis-je faire l’expérience d’un autre ego? Comment puis-je également affirmer l’existence d’un monde objectif, c’est-à-dire un monde qui transcende l’activité constitutive de ma conscience pure ? » s'interroge Husserl selon Denis Courville[78]. C'est à ces difficultés que Husserl tentera de répondre dans sa Méditations cinquième[55].

« Si la thèse du monde est une thèse contingente, la thèse de mon « moi pur » et de mon vécu personnel est absolument indubitable. Si toute chose donnée corporellement peut également ne pas être, nul vécu donné corporellement par contre n'a la possibilité de ne pas être »[79].

Renaud Barbaras[80] considère que « la caractérisation husserlienne de l’attitude naturelle comme neutralisation de la thèse d’existence du monde est insuffisante et manifeste encore une forme de naïveté pour autant qu’elle renvoie à une démarche plus profonde et plus générale : celle consistant à rendre compte de l’apparaître à partir d’un apparaissant qui en est pourtant tributaire ».

Références

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  4. Jean-François Lyotard 2011, p. 33
  5. David Chaberty 2011, p. 240-241 lire en ligne
  6. Eugen Fink 1974, p. 134
  7. a et b Renaud Barbaras 2008, p. 11
  8. Renaud Barbaras 2008, p. 12
  9. a et b Méditations cartésiennes, p. 11
  10. La réduction phénoménologique, p. 13 lire en ligne
  11. Rudolf Bernet 1989, p. 57
  12. Dan Zahavi 1993, p. 364-365 lire en ligne|
  13. Jean-Luc Marion 1998, p. 14
  14. Maurice Merleau-Ponty 2005, p. 96
  15. Jean-Luc Marion 1998, p. 15
  16. a et b Emmanuel Levinas 1988, p. 36
  17. Emmanuel Levinas 1988, p. 35
  18. a b et c Pascal Dupond 2017, p. 2 lire en ligne
  19. article Le cogito chez Kant et Husserl Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 119
  20. a et b Renaud Barbaras 2008, p. 82
  21. Jean-François Lyotard 2011, p. 25
  22. Eugen Fink 1994, p. 82
  23. La réduction phénoménologique 2008, p. 36
  24. Eugen Fink 1998, p. 155
  25. a b c d et e Eugen Fink 1974, p. 26
  26. Dan Zahavi 1993, p. 366 lire en ligne|
  27. Emmanuel Levinas 1988, p. 39
  28. Mario Charland 1999, p. 115 lire en ligne
  29. Eugen Fink 1998, p. 153
  30. David Chaberty 2011, p. 241 lire en ligne
  31. Eugen Fink 1974, p. 132
  32. a et b Eugen Fink 1974, p. 136
  33. a et b Méditations cartésiennes, p. 16
  34. Renaud Barbaras 2008, p. 83
  35. a et b Jean-Luc Marion 1998, p. 16
  36. Méditations cartésiennes, p. 17
  37. Pascal Dupond 2017, p. 4 lire en ligne
  38. Méditations cartésiennes, p. 18
  39. Bruce Bégout 2016, p. 44
  40. Bruce Bégout 2016, p. 45
  41. Eugen Fink 1974, p. 29
  42. Renaud Barbaras 2008, p. 74
  43. Renaud Barbaras 2008, p. 75
  44. Dan Zahavi 1993, p. 369 lire en ligne|
  45. a et b Renaud Barbaras 2008, p. 106
  46. Renaud Barbaras 2008, p. 104
  47. Eugen Fink 1974, p. 28
  48. Husserl 1985, p. 89-90
  49. Paul Ricœur, p. 88n
  50. Paul Ricœur, p. 87n3,1
  51. Husserl 1985, p. 90
  52. a et b Paul Ricœur 1985, p. 91 (note 3)
  53. Eugen Fink 1994, p. 86
  54. Husserl 1985, p. 93-94
  55. a et b Edmund Husserl 1986, p. 74
  56. Natalie Depraz 2016, p. 175
  57. Mario Charland 1999, p. 38 lire en ligne
  58. article Phénoménologie Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 615
  59. Edmund Husserl, p. 102
  60. Mario Charland 1999, p. 160 lire en ligne
  61. Jean-François Lyotard 2011, p. 23
  62. La réduction phénoménologique, p. 15 lire en ligne
  63. Jean-François Lyotard 2011, p. 30
  64. La réduction phénoménologique, p. 36 lire en ligne
  65. Natalie Depraz 1994, p. 37
  66. a et b Emmanuel Levinas 1988, p. 37
  67. Idées directrices 1985, p. 102
  68. Idées directrices 1985, p. 104
  69. Idées directrices
  70. Mario Charland 1999, p. 163 lire en ligne
  71. a et b Paul Ricœur, p. XVI
  72. Eugen Fink 1974, p. 25
  73. a b et c Emmanuel Levinas 1988, p. 38
  74. Jean-François Lyotard 2011, p. 26-31
  75. Paul Ricœur, p. XIX
  76. Jean-François Lyotard 2011, p. 31
  77. Denis Courville 2013, p. 65
  78. Denis Courville 2013, p. 66-67
  79. Husserl 1985, p. 151
  80. Renaud Barbaras 2012, p. 51 lire en ligne
  1. On notera, que pour Heidegger, le « Monde » n'ayant, par construction, aucun caractère objectif, ce type de réduction, s'avère inutile-Alexander Schnell 2005, p. 19
  2. Eugen Fink, élève et collaborateur d'Husserl, parle à propos de l'acte de la réduction « d'un moment structurel, de la réduction phénoménologique elle-même qui reçoit le sens existential d'un effort extrême de l'homme, la signifiance vivante de l'ultime aventure de la connaissance »-Eugen Fink 1974, p. 29
  3. « Il semblait naturel à Descartes que la science universelle dût avoir la forme d'un système déductif, système dont tout l'édifice reposerait ordine geometrico sur un fondement axiomatique servant de base absolue à la déduction »-Méditations cartésiennes, p. 6
  4. La science veut des vérités valables une fois pour toutes et pour tous. « Même si les sciences ont pris conscience qu'elles n'arriveront jamais à édifier un système de vérités absolues et qu'elles doivent sans cesse modifier les vérités acquises, elle obéissent cependant à l'idée de vérité absolue [...] et elles tendent par là vers un horizon infini d'approximations qui convergent toutes vers cette idée »-Méditations cartésiennes, p. 10
  5. « Cette épochè vise à s'affranchir de l'attitude naturelle en tant qu'elle constitue le terrain incritiqué des sciences disponibles : celles-ci se développent sur le sol du monde existant qu'elles posent comme allant de soi »-Renaud Barbaras 2008, p. 115
  6. « L'époché vise avec une rigueur totale la croyance au monde qui vaut d'habitude comme quelque chose qui va de soi, croyance dans laquelle le monde, dans toutes ses dimensions d'être, sur la base de ma propre expérience et de l'expérience transmise, vaut et avait l'habitude de valoir pour moi »Eugen Fink 1998, p. 154
  7. « La cogitatio objet de l'enquête phénoménologique n'est pas ma cogitatio elle n'est pas le vécu de conscience d'un moi empirique déterminé soumis au temps empirique »Emmanuel Chaput 2013, p. 4 lire enligne
  8. « Cette notion de réduction est secrètement herméneutique en ce qu'elle rappelle que l'accès aux choses essentielles procède toujours d'une reconduction du regard. L'intelligence herméneutique doit partir des signes qui sont donnés, mais elle doit aussi savoir s'en arracher afin de se rediriger vers l'intention qui anime ce qui a été dit [...] Il y a toujours un décalage entre la chose vue ou visée et le langage qui l'exprime[...] Comprendre c'est effectuer une réduction du regard, savoir prendre une distance envers ce qui se dit afin de percer vers le sens, vers le vouloir dire qui veut être entendu »-Jean Grondin 2015 lire en ligne
  9. « Le monde universel spatio-temporel est déjà présupposé comme quelque chose qui est constamment et par avance là pour moi, le sujet de l'acte: en tant qu'horizon spatio-temporel du monde, co-présent à ma conscience dans sa valeur d'existence, et d'où tout objet singulier est, de par la nature de la conscience, issu, validé dans son être, thématisé par une activité théorétique ou autre »-Eugen Fink 1974, p. 136-137
  10. Les choses devant moi sont pourvues de propriétés matérielles mais aussi de caractères de valeur : elles sont belles ou laides, plaisantes ou déplaisantes, agréables ou désagréables pour moi, soit tout ce dont je fais l'expérience à travers mon cogito-Husserl 1985, p. 90
  11. « Il y a donc une inévitable imperfection de l'exposé de la réduction. En effet celle-ci ne peut s'exposer d'abord que dans les concepts de l'attitude naturelle, qu'elle vise précisément à dépasser. La thématiser rigoureusement serait recourir à des concepts qui ne seront possédés qu'au terme de celle-ci »-Renaud Barbaras 2008, p. 75
  12. « L'essence n'est pas obtenue par induction à partir des caractères communs aux objets : il se pourrait que tel caractère commun soit présent et non essentiel [...] L'essence exprime une nécessité. Ce sont des prédicats que l'objet doit posséder pour posséder d'autres prédicats : c'est donc ce qui ne varie pas dans la variation [...] L'essence apparaît donc comme une structure a priori sans laquelle l'objet ne pourrait pas être ce qu'il est : elle est la condition de possibilité de l'existence de l'objet »-Renaud Barbaras 2008, p. 43
  13. « Les choses corporelles sont simplement là pour moi avec une distribution spatiale quelconque ; elles sont présentes au sens littéral ou figuré, que je leur accorde ou non une attention particulière [...] les êtres animés également, tels les hommes, sont là pour moi de façon immédiate [...] Pour moi les objets réels sont là, porteurs de détermination, plus ou moins connus, faisant corps avec les objets perçus effectivement [...] Mais l'ensemble de ces objets co-présents à l'intuition de façon claire ou obscure, distincte ou confuse, et couvrant constamment le champ actuel de la perception, n'épuise même pas le monde qui pour moi est là de façon consciente à chaque instant où je suis vigilant. Au contraire, il s'étend sans limite, selon un ordre fixe d'êtres, il est pour une part traversé, pour une part environné par un horizon obscurément conscient de réalité indéterminée.. Cet horizon brumeux incapable à jamais d'une totale détermination est nécessairement là (Ideen 48-50) »-Jean-François Lyotard 2011, p. 24-25
  14. Toute perception de chose, le crayon au milieu de livres possède une aire d'intuitions formant arrière-plan, qui est aussi « un vécu de conscience » autrement dit une conscience de tout ce qui réside dans l'arrière-plan. Ce qui est perçu « est pour une part traversé, pour une part environné par un horizon obscurément conscient de réalité indéterminée »-Renaud Barbaras 2008, p. 77
  15. Husserl ne cherche pas, comme Descartes, la certitude du monde objectif mais l'évidence de son sens, qu'il poursuit au risque d'une régression à l'infini-Emmanuel Levinas 1988, p. 38
  16. « La conscience de tout, voilà ce qui reste après l'exclusion de tout »-Emmanuel Levinas 1988, p. 38

Liens externes

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Bibliographie

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Articles connexes

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