Procédé Fresson
Procédé Fresson | |
Michel et Jean-François Fresson en 1989, dans leur atelier de Savigny-sur-Orge[1]. | |
Découverte / Invention | |
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Découvert par | Pierre Fresson et Michel Fresson |
Date | 1952 |
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Le procédé Fresson est un procédé de tirage photographique en quadrichromie au charbon direct, mis au point en 1952 par Pierre Fresson et son fils Michel Fresson, pour la réalisation de tirages photographiques en couleur.
Il se base sur le procédé « charbon-satin » monochrome inventé en 1899 par leur aïeul Théodore-Henri Fresson.
Histoire
[modifier | modifier le code]C’est en 1899 que Théodore-Henri Fresson (1865-1951), ingénieur agronome de formation et passionné de photographie, présente devant le bureau de la Société française de photographie « des épreuves photographiques tirées sur un papier au charbon qui peut se développer sans transfert[2]. » Il obtient ce résultat en « préparant son papier au moyen de plusieurs couches de sensibilité différente et de telle façon que l’insolubilisation se fasse plus rapidement dans les portions qui avoisinent le papier. » Il produit alors un papier monochrome appelé « charbon-satin » en feuilles prêtes à l’emploi qu’il fabrique et commercialise dans son atelier de Dreux avec l’aide de sa femme Maria et ses fils Pierre (1904-1983) et Edmond (1898-1964)[3].
Parmi les photographes pictorialistes qui utilisent cette invention figurent José Ortiz Echagüe, Léonard Misonne, Robert Demachy[4] et Constant Puyo.
À partir de 1947, Pierre et Edmond Fresson, aidés par leurs enfants, sont amenés à faire les tirages eux-mêmes, Edmond fait les tirages par contact et Pierre les agrandissements. Ils cessent petit à petit la vente du papier au charbon. Ils travaillaient alors pour des studios photographiques dans toute la France et pour quelques artistes dont les plus connus sont Laure Albin Guillot, Lucien Lorelle et Pierre Jahan.
En 1950, Pierre Fresson cherche à adapter le procédé à la couleur et s’installe dans un atelier à Savigny-sur-Orge, plus petit mais plus proche de la clientèle parisienne et étrangère. Son fils Michel, né en 1936, commence à travailler avec lui, et ensemble ils mettent au point, après deux années de recherches et d’essais les premiers tirages au charbon en couleur connu sous le nom de « procédé Fresson ».
Michel Fresson devient un grand maître du tirage photographique[5], unanimement reconnu et respecté par la profession[6]. Apprécié pour « la texture et le rendu très particuliers de ce procédé pigmentaire »[7], et sa bonne conservation dans le temps, de nombreux artistes ont recours au « procédé Fresson » pour la réalisation de leurs tirages d’exposition et de collection, parmi lesquels Bernard Plossu[8],[9], Bernard Faucon[8], Frank Horvat[10], Georges Tourdjman[10], Michel Séméniako[6], John Batho[6], Lucien Clergue[4], Didier Ben Loulou[11], Cy Twombly, Dolorès Marat[12], John Stewart, Sheila Metzner, Paolo Roversi, Deborah Turbeville, Sarah Moon[13], Dominique Issermann, Martine Franck, Karl Lagerfeld[14], Jacques Pugin.
Jean-François Fresson rejoint son père en 1978[15]. Il est le dernier dépositaire de ce « savoir faire unique au monde » dans l’atelier familial à Savigny-sur-Orge[14], après la mort de Michel Fresson en [16],[17].
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Vision Fresson …
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… de Didier Ben Loulou.
« … J’ai immédiatement le coup de foudre, je ne m’attendais pas à ce qu’un tirage restitue aussi fidèlement les couleurs et l’ambiance du moment. […] On effleure les saisons, les arbres vibrent, le vent murmure… En un mot, Michel Fresson est mon traducteur. »
— Entretien de Bernard Plossu avec Brigitte Ollier, à propos des tirages Fresson.
Description
[modifier | modifier le code]Le procédé couleurs commence par une décomposition des couleurs de l'image par tirage contact sur plan film monochrome, avec un filtrage rouge-vert-bleu qui permet la sélection successive de chacune des trois couleurs complémentaires, et accessoirement des noirs.
Chaque plan film est ensuite tiré par agrandissement sur un papier cartoline préalablement émulsionné avec une couche de gélatine pigments sensibilisés, dans l’ordre suivant :
- pigments cyan pour le plan film sélectionné sous filtre rouge
- pigments jaune pour le plan film sélectionné sous filtre bleu
- pigments magenta pour le plan film sélectionné sous filtre vert
- pigments noir de carbone pour le plan film sélectionné sous filtre dense jaune-vert
Entre chaque tirage, le papier est dépouillé puis séché, puis les pigments de la couleur suivante sont couchés et émulsionnés.
À la fin de cette série de quatre tirages, on obtient une épreuve couleur en quadrichromie, les couleurs étant obtenues par synthèse soustractive des couleurs. Ce procédé est proche dans son approche des méthodes d'impression quadrichromes du monde de l'édition, ou de l'impression couleur en photographie numérique. La différence essentielle est qu'il ne nécessite pas de trame, et qu'une succession de tirages photographiques remplace l'encrage.
Publications
[modifier | modifier le code]Liste non exhaustive de livres de photographes utilisant le procédé Fresson
- Dolorès Marat, New-York USA, Paris, éd. Marval, 2002
- Pascal Delcey, Le Vaisseau Garnier, Marseille, Éditions Parenthèses, 2005[18]
- Didier Ben Loulou, Sanguinaires, Paris, Éditions de la Table ronde, 2020[19]
- Bernard Plossu, Tirages Fresson, Paris, Éditions Textuel, 2020[20]
Expositions
[modifier | modifier le code]- « Vision Fresson », Bernard Plossu et Didier Ben Loulou, centre culturel Romain-Gary, Jérusalem, Israël, 2015[21]
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Photo : Didier Ben Loulou.
- David Lefevre, « Tirage Fresson : le secret d’une famille de maîtres tireurs », Les numériques, 10 mars 2017.
- Pierre Gaudy, « Théodore-Henri Fresson », Geneanet, consulté le 28 août 2020.
- Lucien Clergue, « Procédés alternatifs », consulté le 28 août 2020.
- « Hommage à Michel Fresson, par Denis Carel », sur Vaugirard Photo 64 (consulté le ).
- Dominique Gaessler, « Michel Fresson. Photographies de Michel Séméniako, John Batho » dans : Les Grands maitres du tirage, Contrejour, 1987, p. 77/86. Tirage couleurs au charbon.
- Bernard Plossu, dans Tirages Fresson, Paris, Éditions Textuel, 2020.
- « Bernard Plossu : couleur Fresson », Artazart, 24 novembre 2015.
- David Lefevre, « Rencontre avec Bernard Plossu et son western coloré », Les Numériques, 15 juillet 2016.
- « Le procédé Fresson », Le Film documentaire, consulté le 28 août 2020.
- Myriam Boutoulle, « La géographie privée de Didier Ben Loulou », Connaissance des arts, 7 février 2014.
- Dominique Poiret, « Dolorès Marat, le trouble au plus près », Libération, 11 juillet 2014.
- Bernard Plossu, dans « Western Colors », Éditions Textuel, 2016.
- Carine Dolek, « Décès de Michel Fresson, maître tireur », Réponses Photo, .
- Laurent Degradi, « Savigny-sur-Orge : l’atelier Fresson perpétue un savoir-faire centenaire », Le Parisien, 15 juillet 2017.
- Jean-François Fresson, « Annonce du décès de Michel Fresson », Compte Instagram de l’Atelier Fresson, 24 août 2020.
- Bernard Plossu, « Mort de Michel Fresson », L’Œil de la Photographie, .
- « Pascal Delcey - Tirages Fresson », sur Vaugirard Photo 64 (consulté le ).
- « Didier Ben Loulou –Tirages Fresson », sur Vaugirard Photo 64 (consulté le ).
- « Bernard Plossu – Tirages Fresson », sur Vaugirard Photo 64 (consulté le ).
- « Jérusalem : Procédé Fresson, de Bernard Plossu et Didier Ben Loulou », L’Œil de la photographie, consulté le 28 août 2020.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- D.V. Monckhoven, G. A. Liébert, R. Colson, L. Tranchant, H. Schneeberger, « Les procédés au charbon », éditions Jean Michel Place, 1986.
- Dominique Gaessler, « Michel Fresson », in Les Grands Maîtres du tirage, éd. Contrejour, 1987, p. 76-86.
- Louise Merzeau, « Papiers sensibles », Les Cahiers de médiologie, vol. 4, no 2, , p. 257-267 (lire en ligne).
- Brigitte Ollier, « Plossu, couleur Fresson », Théâtre de la photographie et de l’image/ Nice musées, 2007 (ISBN 978-2-913548-95-4)
- Jean-Yvon Guilloux, « Le procédé au charbon », Galerie-photo, (lire en ligne).
- Philippe Berger, « Le charbon direct », Galerie-photo, (lire en ligne).
- [PDF] Chloé Lucas et Elsa Thyss, « Caractérisation des constituants d’un tirage Fresson quadrichrome », Support/Tracé, Association pour la recherche scientifique sur les arts graphiques, no 16, (lire en ligne).
Portfolio
[modifier | modifier le code]Filmographie
[modifier | modifier le code]- Le Procédé Fresson, documentaire de Jean Réal, Rencontres de la photographie d'Arles, ministère de la Culture, CNRS, 30 min, 1986 ; cf. Le Film documentaire, consulté le 28 août 2020.
- Le Tirage Fresson, documentaire de Thomas Goupille, coll. « Les maîtres du tirage », Cinq26, 50 min, 2013.
- [vidéo] Le Mystère Fresson, Ina, 2014.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Alphonse Poitevin, photographe et inventeur en 1855 du tirage au charbon monochrome
- Tireur (photographie)
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Site officiel de l’Atelier Fresson.
- « L’Atelier Fresson », une interview de Jean-François Fresson, Galerie-photo, 2020.
- « Hommage à Michel Fresson » sur le site des anciens élèves de l'école de Vaugirard, promotion 1964.