Prenez vos désirs pour des réalités
Prenez vos désirs pour la réalité[1] ou Prenez vos désirs pour des réalités[2],[3] ou Je prends mes désirs pour la réalité car je crois en la réalité de mes désirs[4],[5] ou Désirer la réalité, c’est bien ! Réaliser ses désirs, c’est mieux ![6] Ceux qui prennent leurs désirs pour des réalités sont ceux qui croient à la réalité de leurs désirs[7],[8],[9],[10] sont des slogans de Mai 68 pour certains et pour d'autres parfois présenté abusivement comme des slogans de Mai 68.
Origines
[modifier | modifier le code]Les Enragés est un petit groupe d'agitateurs, créé en février 1968. Il participe à la contestation révolutionnaire à la faculté de Nanterre (voir Mouvement du 22 Mars) puis à Paris au cours de Mai 68.
Avant de quitter Nanterre pour participer à une contestation plus globale, ils laissèrent quelques graffitis devenus, par la suite, célèbres : « Professeurs, vous êtes vieux... votre culture aussi », « Les syndicats sont des bordels. L'UNEF est une putain », « Ne travaillez jamais », « Prenez vos désirs pour la réalité », « L'ennui est contre-révolutionnaire », « Le savoir n'est pas un bouillon de culture ».
Commentaires
[modifier | modifier le code]- Le sociologue Claude Fischler rappelle que « L’un des slogans bien connus de mai 68, phénomène dont la dimension utopique a été souvent relevée était précisément « Prenez vos désirs pour des réalités ». »[11]
- Selon la sociologue Juliette Minces en 1970 : « La phrase-clef des étudiants n'a-t-elle pas été « Prenez vos désirs pour des réalités » ? Peut-être est-ce là une des explications du peu de soins apporté par les groupuscules eux-mêmes à analyser la France de 1968, ses structures, son prolétariat. »[12]
- Pour l'ingénieur polytechnicien Thierry Gaudin en 2010 : « La génération aujourd’hui au pouvoir, qui a grandi après la Seconde guerre mondiale, a entendu dire, dans son adolescence : « Prenez vos désirs pour des réalités ». Sans doute, les désirs sont des réalités ; mais ce ne sont pas les seules... »[13]
Bibliographie et sources
[modifier | modifier le code]- BnF, Esprit(s) de Mai 68 - Prenez vos désirs pour des réalités, exposition, 2008, voir en ligne.
- Laurent Gervereau, Les affiches de "mai 68", in Mai-68 : Les mouvements étudiants en France et dans le monde, Matériaux pour l'histoire de notre temps, vol. 11 n° 1, 1988, pp. 160-171.
- Françoise Perriot, Les années 1970 : « Prenez vos désirs pour des réalités ! », in De la ville à la campagne, La Martinière, 2013, lire en ligne.
- Kétévan Djachy, L'argot dans le roman de Robert Merle : « Derrière la vitre », in Argot(s ) et variations, Peter Lang Edition, 2014, (ISBN 978-3-631-62565-1), page 10.
- Jean-Pierre Goretta, Alain Tanner, « Mai 68 à Paris », sur Radio télévision suisse, .
- David Cordina, Quelques slogans soixante-huitards in Dossier - Aperçu historique, Université du Littoral Côte d'Opale, Université Lille I, 2008, lire en ligne.
- Maurice Meuleau, L'histoire de France en 100 mots célèbres, Armand Colin, 2010, page 201.
- Michel Onfray, Contre-histoire de la philosophie, conférence n°213, Université populaire de Caen Basse-Normandie, 2012-2013, page 5.
- (en) Victoria Holly Francis Scott, La beauté est dans la rue : art & visual culture in Paris, 1968, University of British Columbia, 2000, page 96.
- Jean-Marc Salmon, Le désir du 22 mars, L'Homme et la société, n°29-30, 1973, Analyse institutionnelle et socianalyse, pp. 3-20, DOI 10.3406/homso.1973.1830, [lire en ligne].
Iconographie
[modifier | modifier le code]- Claude Dityvon, Prenez vos désirs pour des réalités, Sorbonne, , Paris, France, voir en ligne.
- BnF, Esprit(s) de Mai 68 - Prenez vos désirs pour des réalités, exposition, 2008, voir en ligne.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Daniel Dzierzgowski, « Slogans et graffiti - Mai 68 », .
- Lukas Stella, « Graffiti, slogans, détournements de pub pendant les événements de mai 1968 », sur Inventin, .
- Bureau of public secrets, « Graffiti de Mai 1968 », sur bopsecrets.org, .
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Anu Allas, Spiel der Unsicherheit / Unsicherheit des Spiels : Experimentelle Praktiken in der estnischen Kunst und im estnischen Theater der 1960er Jahre, 2015, Transcript Verlag, page 22.
- Paul Chamberland, Le surréalisme, œuvre vive, Études françaises, vol. 5, n°1, 1969, page 81.
- « Les murs parlent », Le Monde, (ISSN 1950-6244, lire en ligne).
- Voir en ligne.
- Ouvrage collectif, Mélanges de littérature du Moyen Age au XXe siècle, l'École normale supérieure de jeunes filles, 1978, page 817.
- Jean-Philippe Legois, Les Slogans de 68, EDI8, 2010, page 122.
- (de) Fritz Paepcke (éd.), Im Übersetzen leben. Übersetzen und Textvergleich, Tübingen, Gunter Narr, 1986, page 353.
- Benjamin Lambert, Petit livre noir (et rouge) de mai 1968 : essai rétrospectif avant l'effacement des mémoires, Ed. Librécrit, 2007, lire en ligne.
- Maxime Alexandre, Journal (1951-1975), Librairie Jose Corti, 1976, lire en ligne.
- Matthieu Grimpret, Chantal Delsol, Liquider Mai 68 ?, Presses de la Renaissance, 2008, lire en ligne.
- Claude Fischler, Pensée magique et utopie dans la science. De l'incorporation à la "diète méditerranéenne". Cahiers de l'Ocha, 1996, page 5.
- Juliette Minces, Réflexions autour du « journal de la Commune étudiante », in Sociologie et contestation, L'Homme et la société, vol. 16, n°1, 1970, pp. 149-159, lire en ligne.
- Thierry Gaudin, Crises et métrologie – À quoi sert la prospective ?, Annales des Mines - Réalités industrielles, 2/2010, mai 2010, pp. 74-83, lire en ligne, pdf.