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Plein de sagesse

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Plein de sagesse
Artiste
Date
Dimensions (H × L)
40 × 58 cmVoir et modifier les données sur Wikidata
Localisation

Plein de sagesse (en russe : Исполнялся премудрости) est un tableau du peintre russe Vassili Polenov (1844-1927), qui date de la période de maturité de l'œuvre de l'artiste de 1896 à 1909[1].

Histoire de la création du tableau

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Vassili Polenov. Plein de sagesse, 1890-1900. Galerie Tretiakov

La création du cycle de tableaux sur le Messie était considérée par Polenov comme « le travail principal de sa vie ». La série a été publiée sous forme de reproductions noir et blanc dans une édition de l'album De la vie du Christ, publiée par Polenov lui-même, qui est devenu un ouvrage d'une rareté immédiate dès sa publication. Trois ans plus tard, un album avec des reproductions en couleur a été publié à Prague. La série comprenait, en 1909, suivant certaines sources, 65 œuvres et selon d'autres 72. Mais les musées russes et les collections privées ne conservaient qu'un petit nombre de tableaux. Pendant longtemps, l'opinion répandue était que la plupart des œuvres avaient été vendues à l'époque soviétique aux États-Unis et que leur emplacement actuel était inconnu[2],[3].

Le tableau Plein de sagesse fait partie de ce cycle. Il a été créé entre 1896 et 1909 sur toile comme peinture à l'huile. Ses dimensions sont de 40 × 58 cm. Il est conservé au Musée des Beaux-Arts de l'État à Nijni Novgorod (inventaire no Ж-647)[4].

Ce tableau est parfois perçu comme une étude de la version finale de la toile. Selon certains historiens d'art, V. Vorobiov a transmis ce tableau ensemble avec 22 tableaux de peintres russes au Musée Roumiantsev en 1918[5].

Une autre version de la peinture, avec de petites différences, se trouve dans les collections de la Galerie Tretiakov. Ce tableau est entré au musée comme don de N. N. Arjankovoï en 1984 (Inventaire no Ж-1005). Cette variante est une répétition du tableau du même nom. Il est daté des années 1890-1900. La technique est à l'huile sur toile et carton et les dimensions sont de 25,5 × 31 cm. En bas à droite il est signé : ВПолѣновъ (V. Polenov) (les lettres В et П sont entremêlées). Au verso est inscrit le monogramme ВП, les initiales V P en cyrillique de Polenov. Les propriétaires du tableau ont été : N. S. Arjanikov et I. I. Arjanikova[6]. Cette variante a été exposée à la Galerie Tretiakov à l'exposition du jubilé en 1994[3].

Sujet du tableau

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On considère généralement que Polenov illustre les paroles de l'Évangile selon Luc : « Le petit enfant grandissait et se développait. Il était plein de sagesse, et la grâce de Dieu reposait sur lui. »[7] Pour créer sa toile, Polenov utilise ses connaissances de la vie quotidienne des habitants de son époque en Palestine, qu'il visite au Moyen-Orient. Le peintre décrit lui-même la scène dans ses commentaires : « La cour intérieure se trouve à Nazareth ; à droite à l'entrée de la cour est assis le vieux maître, devant Jésus, sur un grand tapis. L'enfant Jésus tient un livre entre les mains ». L'historien français du christianisme Ernest Renan écrit dans son ouvrage Vie de Jésus que Jésus « a appris à lire et écrire, sans doute suivant la méthode orientale, qui consiste à donner un livre à l'enfant que celui-ci répète en cadence avec ses camarades et l'apprend par cœur. Le maître d'école des petites villes juives état le hazzan ou le lecteur de la synagogue»[1],[8].

Polenov veut publier un livre, qui devrait être un commentaire philosophique des peintures de la série, Jésus de Galilée. Il prévoit de faire imprimer deux éditions : l'une bon marché, sans illustrations, l'autre illustrée. Polenov voulait aussi éditer des œuvres musicales composées par lui-même sur les mêmes sujets évangéliques que ceux des tableaux[9] :

« Mon testament artistique serait incomplet si je n'y avais pas mentionné mes esquisses musicales. En travaillant sur les évangiles par l'image et la parole, j'ai essayé de transmettre mes humeurs et mes sons. À côté de cela, j'ai créé plusieurs œuvres que je voulais réaliser pour le patrimoine que je laisse en héritage... »

Le manuscrit de Jésus de Galilée n'a pas été publié, et il est actuellement conservé dans les collections du musée de Polenovo consacré à l'œuvre de Polenov, mais les croquis et les brouillons se trouvent au département des manuscrits de la Galerie Tretiakov[1].

Particularités du tableau

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La citation de l'Évangile « Plein de sagesse », qui est devenue le titre du tableau, est interprétée comme une fable mais d'un point de vue extérieur. Jésus est assis devant un vieux maître suivant la tradition en Palestine (selon Polenov)[10].

L'élève est assis à bonne distance de l'enseignant, qui se trouve plus haut sur une plate-forme aménagée dans un mur de pierre. Le mur lui permet de se protéger de la lumière du soleil, et l'élévation sur laquelle il est assis souligne l'autorité dont il dispose aux yeux de l'enfant. Polenov réussit à créer une atmosphère de sérénité et de concentration du garçon[1].

A. V. Remezov, maître de conférences de la chaire d'histoire de l'Académie théologique de Moscou, considérait que le peintre avait partagé les vues du positivisme et du rationalisme dans son regard sur la vie du Christ :

« …une hypothèse négative vient troubler l'impression générale du tableau Plein de sagesse. Le cadre habituel de l'enseignement en Orient se présente avec le rabbin à une certaine distance du Christ assis sur un tapis. Mais l'expression de l'Évangile donnée par l'artiste (Luc 2, 40) peut être comparée à celle évoquée lorsque le peuple exprime sa surprise devant les connaissances du Christ suivant les Saintes écritures (Luc 2, v 47) : « Tous ceux qui l’entendaient s’émerveillaient de son intelligence et de ses réponses. » Autrement dit : « Comment connaît-il les Écritures sans les avoir étudiées ? ». Il résulte de cette dernière question que le Christ ne serait pas passé par l'école et que le tableau Plein de sagesse ne correspond pas à l'enseignement reçu par Jésus… Que le lecteur désigne maintenant lui-même ce que le tableau illustre : l'Évangile où les allégations d'Ernest Renan ? »[11],[12]

Les critiques d'art remarquent que les peintures de la série évangélique de Polenov n'ont pas un caractère de peinture de genre. Polenov dépeint l'image d'une nature paisible et très belle, où le soleil brille toujours et le ciel est toujours bleu, sur base de ses impressions de voyageur en Orient. La palette du peintre est dominée par le bleu turquoise, le rose lilas, le blanc doré, le vert émeraude[13].

Article connexe

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  • Parmi les docteurs est un autre tableau du peintre Polenov consacré à la vie du Christ en 1896.

Notes et références

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  1. a b c et d Stepanova (Степанова) 2013.
  2. (ru) V Polenov (В. Д. Поленов), « Sur la vie de Jésus («Из жизни Христа».) dessin (Графика) », Малоярославецкий музейно-выставочный центр им. И. А. Солдатенкова (consulté le )
  3. a et b Paston (Пастон) 2011.
  4. (ru) E. Paston (Пастон Е. В.), Polenov (Поленов), Saint-Pétersbourg, Художник РСФСР,‎ , 192 p. (ISBN 5-7370-0227-6), p. 187
  5. (ru) « étude pour le tableau « Le Christ adolescent chez les docteurs » » (consulté le )
  6. (ru) « V. Polenov; Accomplissement de la sagesse (Поленов Василий Дмитриевич. Исполнялся премудрости) », Христианство в искусстве (consulté le )
  7. Bible Segond 1910/Évangile selon Luc chap. 2 verset 40[url=https://www.gospelmag.fr/bible/luc+2#42]
  8. Renan.
  9. Stapanova (Степанова) 2013.
  10. (ru) Xenia Vorotyntseva (Ксения Воротынцева), « L'évangile de Polenov (Евангелие от Поленова) », 4,‎ (lire en ligne)
  11. (ru) A Remezov (Ремезов А. В.), Vie du Christ dans son traitement par les peintres modernes (Жизнь Христа в трактации современного русского художника (К выставке картин академика В. Д. Поленова «Из жизни Христа»)), Сергиев Посад,‎ , 31 p. (lire en ligne)
  12. Ernest Renan (La Vie de Jésus), Chapitre III. [url=https://fr.wikisource.org/wiki/Vie_de_J%C3%A9sus_1867] :«  Cette nature à la fois riante et grandiose fut toute l’éducation de Jésus. Il apprit à lire et à écrire[1] sans doute selon la méthode de l’Orient, consistant à mettre entre les mains de l’enfant un livre qu’il répète en cadence avec ses petits camarades, jusqu’à ce qu’il le sache par cœur[2]. Il est douteux pourtant qu’il comprît bien les écrits hébreux dans leur langue originale. Les biographes les lui font citer d’après des traductions en langue araméenne[3] ; ses principes d’exégèse, autant que nous pouvons nous les figurer par ses disciples, ressemblaient beaucoup à ceux qui avaient cours alors et qui font l’esprit des Targummim et des Midraschim[4]. Le maître d’école dans les petites villes juives était le hazzan ou lecteur des synagogues[5]. Jésus fréquenta peu les écoles plus relevées des scribes ou soferim (Nazareth n’en avait peut-être pas), et il n’eut aucun de ces titres qui donnent aux yeux du vulgaire les droits du savoir[6]. Ce serait une grande erreur cependant de s’imaginer que Jésus fut ce que nous appelons un ignorant. »
  13. (ru) T/ Iourova (Юрова Т. В.), Василий Дмитриевич Поленов, Moscou, Искусство,‎ , 167 p., p. 122, 125

Bibliographie

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  • (ru) Eleonora Paston (Пастон, Элеонора), « Vassili Polenov : « J'aime vraiment les récits évangéliques (Я несказанно люблю евангельское повествование...)» », 33,‎ , p. 57-69 (lire en ligne)
  • (ru) Svetlana Stepanova (Степанова, Светлана), « Plein de sagesse. Sources évangéliques chez Polenov (Истоки евангельской этики в трактовке Василия Поленова) », 1,‎ , p. 29-35 (lire en ligne)