Pierre de Brilhac
Premier président (d) Parlement de Bretagne | |
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- | |
René Lefebvre de La Faluère (d) |
Naissance | Paris |
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Décès |
(à 67 ans) Paris |
Activité |
Pierre de Brilhac, seigneur de Nouzières et vicomte de Gençay[1], est un magistrat français, né à Paris le [2], mort également à Paris le , premier président du Parlement de Bretagne du jusqu'à sa mort[3].
Famille
[modifier | modifier le code]La famille de Brilhac de Nouzières est une ancienne famille noble du Poitou[4]. Ses parents étaient Nicolas Chrétien de Brilhac de Nouzières, vicomte de Gençay (après héritage de son frère Pierre, et érection de cette baronnie en vicomté par lettres patentes en mai 1655), conseiller au Parlement de Paris († 1685), et dame Catherine Jeanne Auzanet (fille de Barthélemy Auzanet, célèbre avocat au Parlement de Paris). Ce Nicolas de Brilhac était un ami de Jean Racine, qui l'aurait consulté pour la rédaction de sa comédie des Plaideurs (1668)[5]. Le fils succéda à son père au Parlement de Paris en 1688. Le , il épousa Marie-Anne de Choüet de Genvreau (v. 1675- v. 1705), fille de Pierre Choüet, sieur de Genvreau, conseiller au Parlement de Bretagne. En 1703, il fut nommé premier président de ce Parlement en remplacement de René Lefebvre de La Faluère (1632-1708), qui vendit la charge 60 000 livres. En 1708, il épousa en secondes noces une Rennaise, fille d'un conseiller, Pélagie-Constance de Lys (1688- † ). De son premier mariage il avait eu une fille, Marie-Anne-Geneviève de Brilhac (1702- † )[6], qui épousa d'abord André-Joseph de Robien de Campson (1684- v. 1727), conseiller au Parlement de Bretagne, puis Jean-François Dinan de Coniac (1684-1739), exerçant la même fonction ; du second mariage il eut un fils qui fut aussi conseiller au Parlement de Bretagne[7].
Premier président du Parlement de Bretagne
[modifier | modifier le code]Pendant les trente ans qu'il fut premier président, il se montra un serviteur zélé du gouvernement, ce qui ne lui valut pas que des sympathies, ni au sein du Parlement, ni dans la province en général. Sous la Régence, il tomba en disgrâce, et il dut se retirer sur ses terres du Poitou pendant trois ans, de 1716 à 1719.
Pendant ses années d'exil, une révolte fut menée par les nobles à partir de , tant aux États qu'au Parlement de Bretagne, contre la fixation sans débat du « don gratuit », impôt dû par la province à la couronne. Le maréchal de Montesquiou, alors gouverneur de Bretagne, mena la crise sans nuance[8]. Ce dernier se plaint de l'absence de chef au Parlement. Devant la révolte grandissante de la noblesse en , Brilhac est finalement appelé à reprendre ses fonctions[9].
Lors du grand incendie de Rennes en 1720 qui détruisit près de 900 maisons, le Parlement de Bretagne[10] est épargné, grâce à l'initiative de Pierre de Brilhac, qui fit emplir d’eau les plombes entourant le bâtiment. La reconstruction de la ville commença trois ans plus tard, sous la direction de Jacques Gabriel, architecte du roi. Par un arrêt du , le Conseil municipal dénomma les nouvelles rues et places créées. C'est alors que la voie joignant la place du Parlement et la place Royale (place de la Mairie) reçut le nom de « rue de Brilhac », qu'elle porte toujours. Dans la toponymie rennaise, Pierre de Brilhac a aussi donné son nom à l'hôtel de Brilhac (13, rue des Dames), construit au XVIIe siècle pour la famille Champion de Cicé, loué en 1676 par le Conseil municipal pour loger le duc de Chaulnes, gouverneur de la province, et racheté par le premier président au moment de son installation à Rennes.
Hommage
[modifier | modifier le code]- Une rue du quartier Centre de Rennes porte son nom.
Sources
[modifier | modifier le code]- Théophraste Renaudot, Gazette de France, vol. 1, p. 256, éd. Impr. de la Gazette aux galeries du Louvre, 1766
- Jean Pinsson de La Martinière, Nicolas Besongne, Louis Trabouillet, L'État de la France: ou l'on voit tous les princes, ducs et pairs, marêchaux de France, et autres officiers de la couronne, vol. 4, p.351,éd. Compagnie des Libraires Associés, 1722
- Antoine René H. Thibaudeau, Abrégé de l'histoire du Poitou contenant tout ce qui s'est passé de remarquable dans cette province de remarquable dans cette province depuis le règne de Clovis jusqu'au commencement de ce siècle, p. 393, éd. Desmonville, 1788
- Notice rédigée par Joël David, chargé d'odonymie à la ville de Rennes.
- Frédéric Saulnier, Le Parlement de Bretagne, 1554-1790, vol.1, p. 173-175, éd. Imprimerie de la Manutention, 1991, (ISBN 2-85554-047-X)
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest et des musées de Poitiers, p. 144, Société des antiquaires de l'Ouest , 1841
- Baptisé le lendemain 27 janvier en l'église Saint-Gervais-Saint-Protais.
- Mémoires historiques, pour le siècle courant avec des réflexions et remarques politiques et critiques Mémoires historiques, pour le siècle courant avec des réflexions et remarques politiques et critiques, p. 196, éd. Chez Nicolas Potgieter, 1734
- Pierre de Brilhac, seigneur de Nouzières, maire de Poitiers en 1614-1615, était l'arrière-grand-père du premier président. Et ce Pierre de Brilhac était lui-même le petit-fils de Jean de Brilhac, seigneur de Nouzières et de La Riche, maire de Poitiers en 1536-1537.
- « Brossette, dans son commentaire de Boileau, dit que la comédie des Plaideurs fut faite en très peu de temps, dans le cabaret de la place du cimetière Saint-Jean(-en-Grève) (l'auberge du Mouton), d'où sortit aussi le Chapelain décoiffé, et où s'assemblaient habituellement les jeunes seigneurs les plus spirituels de la cour [...]. On veut donner à Racine bien des collaborateurs ; on lui en a cherché même au Palais, supposant qu'il avait absolument besoin, comme Petit Jean, qu'on lui soufflât les termes savants de la chicane. Ce fut, suivant Louis Racine, M. de Brilhac, conseiller au Parlement de Paris, qui les lui apprit ; quelques-uns ajoutent que M. de Lamoignon, alors conseiller au Parlement, put aussi lui venir en aide » (Paul Mesnard, Notice sur Les Plaideurs).
- Cette dame a laissé une correspondance avec sa fille, qui se trouve aux Archives d'Ille-et-Vilaine : voir Arthur Le Moy, « Les "Lettres à Rosette" », Annales de Bretagne, vol. 39, n° 1, 1930, p. 42-66.
- François de Brilhac, capitaine de grenadiers au régiment des gardes françaises, fait maréchal de camp le 1er février 1719, gouverneur de Thionville le 9 septembre 1724, mort dans cette charge le 14 septembre 1731, était le frère du premier président.
- Emmanuel du Rusquec, Le Parlement de Bretagne 1554 - 1994, , 249 p. (ISBN 2-7373-1636-7, BNF 35740718).
- Frédéric Saulnier, Le Parlement de Bretagne 1554-1790, (ISBN 2-85554-047-X, BNF 35500241).
- Le Parlement de Bretagne