Nicolas de Sion
évêque de Pinara |
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Nicolas de Sion ou Nicolas Sionite, né en Lycie et mort à Myre le , est un religieux chrétien, fondateur et archimandrite d'un monastère de la Sainte-Sion, aujourd'hui disparu, et évêque de Pinara.
Vénéré comme saint et sujet d'une Vita composée peu après sa mort, son hagiographie et les légendes développées à son sujet se sont progressivement confondues avec celles relatives à Nicolas de Myre pour forger la série de récits et de miracles traditionnellement attribués au personnage de Saint Nicolas.
Biographie
[modifier | modifier le code]Sources
[modifier | modifier le code]Les éléments biographiques concernant la vie de Nicolas de Sion sont connus par la Vita qui lui est consacrée — la Vita Nicolai Sionitae[1] —, une hagiographie composée en grec à la fin du VIe siècle ou au VIIe siècle par un membre de son entourage sur base d'archives conservées au monastère de la Sainte-Sion et de ses propres souvenirs[2]. Le récit coloré, rédigé dans une langue extrêmement populaire[3], influencé par le Nouveau Testament et les Psaumes, propose de nombreux détails de la vie quotidienne des villages de Lycie[2] et témoigne de la mentalité religieuse byzantine du VIe siècle[4].
Éléments biographiques
[modifier | modifier le code]Nicolas naît dans le village lycien de Pharroa[2]. Lorsqu'il atteint l'âge de 19 ans, un de ses oncles maternels[5], lui même prénommé Nicolas[6] et qui est évêque du siège métropolitain de Myre, lui confie un monastère en cours d'érection situé dans le village de Tragalassos, près de Karabel, dans les montagnes à proximité de Myre[7]. Il l'ordonne d’abord lecteur, puis, lorsque l’ensemble de l’établissement est construit, il l’ordonne prêtre et le nomme higoumène du lieu, faisant de son compagnon Attémas le deutérarios du monastère[7].
Certaines traditions font de Nicolas lui-même le fondateur de ce monastère de la Sainte-Sion (῾Αγία Σιών)[8] — dont, pour les historiens, la création est à situer entre 541 et 565[9] — où ses deux frères le rejoignent bientôt comme disciples[2]. Le nom du monastère est probablement influencé par les voyages qu'il effectue à deux reprises à Jérusalem, qui attestent par ailleurs des étroites connexions qui liaient alors la Lycie et la Palestine[8]. Le monastère de la Sainte-Sion, qui était toujours en activité à la fin du VIIIe siècle, reçoit des dons importants qui constituent un « trésor de Sion », composé notamment de somptueux meubles en argent, vraisemblablement emporté et enfoui près de Kumluca par des pillards arabes[8] avant qu'il soit exhumé lors de fouilles archéologiques en 1963[9].
À la fin de sa vie, Nicolas est ordonné évêque de la cité de Pinara, située à l'ouest de la Lycie, où Nicolas de Myre a vu le jour au IVe siècle[2]. Comme son devancier, Nicolas de Sion meurt à Myre le 10 décembre 564[2].
Saint Nicolas
[modifier | modifier le code]Sa Vita rapporte entre autres détails ses périlleux voyages en mer ainsi que la description de la « Peste de Justinien », une épidémie qui ravage l'Empire romain à partir des années 540[2], mais atteste également d'une visite que l'archimandrite de Sainte-Sion fait à Myre au tombeau de l'évêque Nicolas, mort en 345[10].
À partir du Xe siècle, les miracles qui étaient attribués à Nicolas de Sion — notamment l'épisode de l’abattage d'un arbre dédié à une idole[11] ou ceux relatifs à la protection de marins[12] — sont repris par les hagiographies dédiées à son homonyme[2] et le culte des deux saints se confond progressivement[13] pour forger la série de récits et de miracles attribués au personnage traditionnellement célébré lors de la fête de Saint Nicolas[14], dans lequel Nicolas de Sion s'estompe peu à peu, « englouti » par son illustre prédécesseur[12].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (de) Hartmut Blum, Die Vita Nicolai Sionitae : griechischer text, Bonn, Rudolf Habelt, (ISBN 978-3-7749-2732-2)
- (en) « Nicholas of Sion », dans Alexander P. Kazhdan (éd.), The Oxford Dictionary of Byzantium, vol. 2, Oxford University Press, (ISBN 9780195046526), p. 1471
- Michel Kaplan, Les hommes et la terre à Byzance du VIe au XIe siècle : Propriété et exploitation du sol, Paris, Publications de la Sorbonne, (ISBN 978-2-85944-170-8), p. 97
- (en) James M. George, « Book Reviews : The Life of Saint Nicholas of Sion (...) », Church History, vol. 55, no 3, , p. 361 (ISSN 1755-2613)
- Jan Bremmer, « The Importance of the Maternal Uncle and Grandfather in Archaic and Classical Greece and Early Byzantium », Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, vol. 50, , p. 182 (ISSN 0084-5388, lire en ligne, consulté le )
- Michel Kaplan, Les hommes et la terre à Byzance du VIe au XIe siècle : Propriété et exploitation du sol, Paris, Publications de la Sorbonne, (ISBN 978-2-85944-170-8), p. 188
- Michel Kaplan, Byzance, Picard, (ISBN 9782708407817), chap. 15 (« Les moines et le clergé séculier à Byzance (Ve – XIIe siècles) »), p. 296
- (en) Clive F. W. Foss, « Sion, Holy », dans Alexander P. Kazhdan, The Oxford Dictionary of Byzantium, vol. 3, Oxford University Press, (ISBN 9780195046526), p. 1905
- (en) Marlia M. Mango, « Sion Treasure », dans Alexander P. Kazhdan, The Oxford Dictionary of Byzantium, vol. 3, Oxford University Press, (ISBN 9780195046526), p. 1905-1906
- (en) Jeremy Seal, Nicholas : The Epic Journey from Saint to Santa Claus, Bloomsbury Publishing, (ISBN 978-1-58234-419-5), p. 15
- Selon sa Vita, Nicolas de Sion abat un cyprès sacré dans lequel vit une divinité païenne comme les traditions rapportent que Nicolas de Myre abat un arbre dédié à la déesse Artémis ; cf. Revue d'ethnographie et des traditions populaires, Société française d'ethnographie, (lire en ligne), p. 32
- (en) Sotiros Vlavianos, « Nicholas of Myra », dans George Thomas Kurian et James D. Smith III (éds.), The Encyclopedia of Christian Literature : Genres and Types/Biographies A-G, vol. I, Scarecrow Press, (ISBN 9780810869875), p. 492
- (en) « Nicholas, St », dans F. Cross et E. Livingstone (éds.), The Oxford Dictionary of the Christian Church, Oxford University Press, (ISBN 0-19211655-X), p. 1148
- Jean-François Mazet, Saint Nicolas, le boucher et les trois petits enfants : Biographie d'une légende, L'Harmattan, (ISBN 978-2-296-13319-8), p. 16
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (it) Vincenzo Ruggieri, « Vita Nicolai Sionitae : Tracce eucologiche e ambiguità teologiche », Byzantinische Zeitschrift, vol. 104, no 2, , p. 705-718 (ISSN 0007-7704).
- (it) Michele Bacci, San Nicola : Il grande taumaturgo, Rome-Bari, Laterza, coll. « Storia e Società », (ISBN 978-88-420-8831-8).
- (en) Vincenzo Ruggieri, « Nicholas of Sion and the Meeting of Cultures : The Literary Models », III. Likya Sempozyumu / The IIIrd Symposium on Lycia, Antalya, Suna & İnan Kıraç Research Institute on Mediterranean Civilizations, vol. II, , p. 657-664 (ISBN 975-9123-25-8, lire en ligne, consulté le ).
- (de) Hartmut Blum, Die Vita Nicolai Sionitae : griechischer text, Bonn, Rudolf Habelt, (ISBN 978-3-7749-2732-2).
- Gerardo CioffariI (trad. Roger Maubon et Paul Denis), Saint Nicolas : L'histoire et le culte, Bari, Centro studi Nicolaiani, .
- (en) The Life of Saint Nicholas of Sion (trad. Ihor Ševčenko et Nancy Patterson Ševčenko), Brookline, Hellenic College Press, coll. « Archbishop Iakovos Library of Ecclesiastical and Historical Sources » (no 10), , 157 p..
- (en) R.M. Harrison, « Churches and Chapels of Central Lycia », AnatSt, no 13, , p. 131–35, 150.