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Nèpe

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Nepa cinerea

Nepa cinerea (la nèpe ou nèpe cendrée), est une espèce d'insectes hétéroptères, une grande punaise aquatique de la famille des Nepidae, de la sous-famille des Nepinae et du genre Nepa.

Description

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A. Tête 1. œil, 2. rostre. B. Thorax. 3. patte antérieure 4. pronotum, 5. scutellum, 6. patte médiane, 7. patte postérieure. C. Abdomen, 8. aile antérieure, 9. siphon respiratoire

Le corps est aplati, ovale allongé, de couleur brune, avec le dos de l'abdomen pouvant être rouge. Les antennes courtes sont abritées dans des fossettes entre la tête et le thorax, et le rostre, segmenté, est court. Les pattes antérieures sont ravisseuses, avec le tibia qui se replie sur le fémur, alors que les deux autres paires ne présentent pas d'adaptation particulière à la nage. Les antennes ne sont pas visibles, et le rostre est assez court, segmenté. La tête, petite et fortement enclavée dans le bord antérieur du pronotum, ne comporte pas d'ocelles. Les yeux sont petits mais proéminents. L'espèce est très variable. Sa taille atteint 22,5 mm sans les appendices (pattes, antennes et siphon)[1]. La distinction avec les autres espèces de Nepa se base principalement sur l'analyse des organes génitaux des mâles[2]. Une variabilité morphologique a été constatée, avec des tarses postérieurs plus longs et un corps plus grand lorsque les plantes aquatiques sont moins abondantes dans le milieu[3].

Répartition et habitat

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On rencontre cette espèce dans toute l'Europe, en Afrique du Nord à l'ouest jusqu'à l'est de la Chine et la région de l'Amour en Sibérie[4].

On la rencontre dans les étangs et étendues d'eau peu profondes (mais elle peut également se retrouver accidentellement dans des piscines). On la rencontre également dans des cours d'eau calmes et des canaux. Elle préfère les milieux ombragés, avec une végétation modérément dense et des branches submergées[5].

Nepa cinerea a également été retrouvée dans trois grottes à eau sulfureuse du Latium en Italie[6]. Tous les stades de juvéniles et des adultes, ainsi que des accouplements, ont été observés, à tous les mois de l'année, ce qui témoigne d'une présence non accidentelle. Elles s'y nourrissent d'Asellidae (crustacés Isopodes, c'est-à-dire cloportes). De ce fait, elle rejoint l'espèce voisine Nepa anophthalma, découverte dans l'une grotte de Movile en Roumanie[7],[8] comme espèce stygobionte.

Cette punaise est prédatrice de vers aquatiques, d'insectes aquatiques (larves ou adultes), de petits crustacés, et peut même se saisir d'alevins. Sa capacité à manger des larves de moustiques fait d'elle un potentiel moyen de lutte biologique contre ceux-ci[9]. Elle chasse à l'affût, immobile, en attendant que les proies passent à sa portée, qu'elle attrape avec ses pattes antérieures, et qu'elle pique avec son rostre, lui injectant une salive toxique et digestive, qui lui permet ensuite d'aspirer les sucs digérés. Ses déplacements sont lents et sa couleur lui permet de passer inaperçue dans les zones vaseuses encombrées de débris végétaux qu'elle affectionne.

S'il est saisi, l'animal peut piquer et générer une douleur similaire à celle d'une piqûre de guêpe, mais qui durera moins longtemps[10].

Système respiratoire

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La nèpe a une respiration trachéenne. Elle respire par l'intermédiaire d'un siphon caudal qui conduit l'air directement aux trachées, en remontant périodiquement à la surface. L'air est stocké entre les ailes et l'abdomen par des poils hydrofuges. Elle peut ainsi respirer y compris sous la glace, en hiver, en cherchant les bulles d'air, voire hiverner, en ralentissent son métabolisme[11].

Mode de déplacement

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Si la nèpe est le plus souvent dans l'eau, près de la surface et des rives ou de débris flottants (dû à son besoin de revenir chercher de l'air), l'animal sait aussi très bien marcher sur la terre ferme, ce qu'elle fait fréquemment au printemps pour la saison des amours.

Bien qu'elle passe l'essentiel de son temps dans l'eau, l'absence de pattes natatoires est une limite à son bon déplacement, c'est dans cette idée qu'elle effectue plutôt des mouvements dits « pédibus ».

Vidéo des préparatifs d'envol d'une Nèpe cendrée
Gravure de E. Donovan, entre 1792 et 1813

Enfin, la nèpe sait aussi voler, contrairement à ce que l'on pourrait en attendre, mais ce vol est rarement observé[12]. En effet, l'animal utilise cette capacité pour passer d'étangs à étangs. Avant de s'envoler, après être sortie de l'eau, elle enlève l'eau de son corps avec ses pattes arrière, elle cherche un endroit ensoleillé, elle se laisse sécher et réchauffer, elle replie ses pattes avant le long de son pronotum, elle plie celui-ci en avant, laissant apparaître une zone noire entre celui-ci et le scutellum, et elle procède à un mouvement de pompe avec l'abdomen pour chauffer son corps, puis elle ouvre ses ailes et s'envole. L'envol peut se faire soit plus ou moins horizontalement, soit plus verticalement[12].

Cycle de développement

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La reproduction a lieu au printemps[11]. Le mâle se met à côté de la femelle, qu'il accroche avec son tibia antérieur sur l'arrière du pronotum, avec sa patte médiane à la partie postérieure de l'abdomen. Il tord son abdomen de manière à placer la face dorsale du dernier segment abdominal, avec les organes reproducteurs, sous celui de la femelle[13]. Lors de la ponte, celle-ci accroche ses œufs à des plantes aquatiques près de la surface. Ils respirent grâce à des processus respiratoires en forme de filaments[1]. Les juvéniles ressemblent aux adultes, mais n'ont pas d'ailes ni de siphon respiratoire, qui apparaissent à la dernière mue, au stade adulte[11].

Génétique

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Nepa cinerea présente 33/36 chromosomes, soit 14 paires d'autosomes (chromosomes non sexuels) et un système de chromosomes sexuels multiples, X1X2X3X4Y chez le mâle, et X1X1X2X2X3X3X4X4 chez la femelle. Certains chromosomes présentent des télomères en séquence répétée TTAGG[14].

Une variabilité génétique importante a été rencontrée entre les différentes espèces du genre, ainsi qu'entre des individus de l'ouest de la Méditerranée associés à N. cinerea et à N. sardiniensis[15].

Une Nèpe cendrée parasitée par de nombreux acariens (Hydrachnida)

Plusieurs parasites ont été retrouvés chez cette espèce. Raymond Poisson[1] et J. J. Lipa[16] mentionnent

Systématique

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L'espèce a été décrite par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1758[17], et constitue l'espèce type du genre Nepa. La confusion a longtemps régné avec N. rubra, avant que cette dernière ne soit définitivement synonymisée à la suite d'une recherche et de la demande de I. M. Kerzhner[18].

Cette espèce appartient à un complexe d'espèces qui comprend également N. anophthalma et N. sardiniensis[19].

Plusieurs taxons et formes ont été décrits au fil du temps, et aujourd'hui considérés comme des synonymes[19],[20] :

  • Nepa cinerea var. major Bergevin, 1926
  • Nepa cinerea var. minor Puton, 1886
  • Nepa cinerea var. orientalis Esaki, 1928
  • Nepa cinerea poissoni Tamanini, 1973
  • Nepa dollfusi Esaki, 1928
  • Nepa remyi Poisson, 1961
  • Nepa rubra Linné, 1758[21]
  • Nepa seurati Bergevin, 1926

Articles connexes

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Liens externes

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Notes et références

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  1. a b et c Raymond Poisson, Hétéroptères aquatiques, Paris, Paul Lechevalier, coll. « Faune de France » (no 61), , 264 p. (lire en ligne [PDF]), p. 1-18, 158-162
  2. (en) S L Keffer, J. T. Polhemus et J. E. Mcpherson, « What Is Nepa hoffmanni (Heteroptera: Nepidae)? Male Genitalia Hold the Answer, and Delimit Species Groups », Journal of the New York Entomological Society, vol. 98,‎ , p. 154–162 (ISSN 0028-7199, lire en ligne [PDF], consulté le )
  3. Gábor Bakonyi, Eszter Peták, Tibor Erős et Péter Sály, « Some morphological characteristics of the water scorpion Nepa cinerea (Heteroptera: Nepomorpha) are associated with habitat type », Acta Zoologica Academiae Scientiarum Hungaricae, vol. 62, no 4,‎ , p. 369–385 (DOI 10.17109/AZH.62.4.369.2016, lire en ligne, consulté le )
  4. « Catalogue of Palaearctic Heteroptera: Nepa cinerea Linnaeus, 1758 - Distribution », sur catpalhet.linnaeus.naturalis.nl (consulté le )
  5. (en) Eszter Peták, Tibor Erős et Gábor Bakonyi, « Habitat use and movement activity of two common predatory water bug species, Nepa cinerea L., 1758 and Ilyocoris cimicoides (L., 1758) (Hemiptera: Nepomorpha): field and laboratory observations », Aquatic Insects, vol. 36, nos 3-4,‎ , p. 231–243 (ISSN 0165-0424 et 1744-4152, DOI 10.1080/01650424.2015.1079638, lire en ligne [PDF], consulté le )
  6. (en) G. Nardi, C. Russo et L. Latella, « Populations Of Nepa Cinerea (Heteroptera : Nepidae) From Hypogean Sulfurous Water In The Lepini Mountains (Latium, Central Italy) », Entomological News,‎ , p. 125-130 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  7. (en) Vasile Decu, Magdalena Gruia, S. L. Keffer et Serban Mircea Sarbu, « Stygobiotic Waterscorpion, Nepa anophthalma, n. sp. (Heteroptera: Nepidae), from a Sulfurous Cave in Romania », Annals of the Entomological Society of America, vol. 87, no 6,‎ , p. 755–761 (ISSN 1938-2901 et 0013-8746, DOI 10.1093/aesa/87.6.755, lire en ligne, consulté le )
  8. Blog Leader, « An unique ecosystem », sur An unique ecosystem | True Romania (consulté le )
  9. R. K. Singh et S. P. Singh, « Predatory potential of Nepa cinerea against mosquito larvae in laboratory conditions », The Journal of Communicable Diseases, vol. 36, no 2,‎ , p. 105–110 (ISSN 0019-5138, PMID 16295671, lire en ligne, consulté le )
  10. OPIE, « Quels sont les insectes susceptibles de piquer ou de mordre l'homme ? ( OPIE ) », sur www.insectes.org (consulté le )
  11. a b et c « The Water scorpion - Nepa cinerea (microcosmos.nl) », sur www.microcosmos.nl (consulté le )
  12. a et b (de) Jochen Lempert, « Zur Emigration des Wasserskorpions Nepa cinerea L. », Drosera, vol. 97, no 1,‎ , p. 41-44 (lire en ligne [PDF])
  13. (en) Keffer, S. L. et Mcpherson, J. E., « Curictan copulation and waterscorpion higher classification (Heteroptera: Nepidae) », Proceedings of the Entomological Society of Washington, vol. 95, no 1,‎ , p. 74-78 (lire en ligne [PDF])
  14. Robert B. Angus, Constance Jeangirard, Denislava Stoianova et Snejana Grozeva, « A chromosomal analysis of Nepa cinerea Linnaeus, 1758 and Ranatra linearis (Linnaeus, 1758) (Heteroptera, Nepidae) », Comparative Cytogenetics, vol. 11, no 4,‎ , p. 641–657 (ISSN 1993-078X et 1993-0771, PMID 29114353, PMCID PMC5672273, DOI 10.3897/CompCytogen.v11i4.14928, lire en ligne [PDF], consulté le )
  15. Andrei Ștefan, Jean-François Flot, Elena Iorgu et Luis Popa, « Phylogenetic diversity of water scorpions (Nepa spp., Insecta, Hemiptera) », ARPHA Conference Abstracts, vol. 5,‎ , e89707 (ISSN 2603-3925, DOI 10.3897/aca.5.e89707, lire en ligne, consulté le )
  16. (en) Jerzy J. Lipa, « Miscellaneous observations on protozoan infections of Nepa cinerea Linnaeus including descriptions of two previously unknown species of Microsporidia, Nosema bialoviesianae sp. n. and Thelohania nepae sp.n », Journal of Invertebrate Pathology, vol. 8, no 2,‎ , p. 158–166 (DOI 10.1016/0022-2011(66)90124-8, lire en ligne, consulté le )
  17. (la) Linnaeus, C., 1758: Systema naturae per regna tria naturae, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Editio Decima, Reformata. Tomus I. Laurentii Salvii, Stockholm. 824 pp. doi: 10.5962/bhl.title.542 [first availability: page 440
  18. (en) Kerzhner, Izyaslav M., « Nepa cinerea Linnaeus, 1758 (Insecta, Heteroptera, Nepidae): proposed conservation under the plenary powers. Z.N.(S.) 2144 », Bulletin of zoological Nomenclature, vol. 38,‎ , pp. 138-141 (lire en ligne [PDF])
  19. a et b (en) Polhemus J. T., Nieser N. et Keffer S. L., « Synonymical notes on the Nepa cinerea complex (Nepidae: Heteroptera) », Tijdschrift voor Entomologie, vol. 137,‎ , p. 331-336 (lire en ligne [PDF])
  20. « Catalogue of Palaearctic Heteroptera: Nepa cinerea Linnaeus, 1758 - Taxonomy and Synonyms », sur catpalhet.linnaeus.naturalis.nl (consulté le )
  21. ICZN 1985: OPINION 1335. Nepa cinerea Linnaeus, 1758 (Insecta, Heteroptera): conserved. Bulletin of Zoological Nomenclature, 42: 209-236