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Mysterious Object at Noon

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Mysterious Object at Noon

Titre original ดอกฟ้าในมือมาร
Dokfa nai meuman
Réalisation Apichatpong Weerasethakul
Acteurs principaux

Djuangjai Hirunsri
Kongkiat Khomsiri

Sociétés de production 9/6 Cinema Factory
Firecracker Film
Fuji Photo Film
Pays de production Drapeau de la Thaïlande Thaïlande
Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas
Genre Drame
Durée 83 minutes
Sortie 2000

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Mysterious Object at Noon (ดอกฟ้าในมือมาร, Dokfa nai meuman, littéralement Dokfa dans la main du diable) est un film thaïlandais réalisé par Apichatpong Weerasethakul, sorti en 2000.

Ce film, très singulier, a la particularité scénaristique de se présenter sous la forme d'un cadavre exquis, jeu collectif inventé par les surréalistes et qui consiste à élaborer un récit par plusieurs intervenants sans qu’aucun d’entre eux n’aient connaissance de ce qui a été dit ou écrit précédemment[1].

Le film est construit sur le principe du Cadavre exquis. L'équipe du film voyage en Thaïlande et demande aux personnes qu'elle rencontre de poursuivre une histoire.

Déambulant quelque peu au hasard des rencontres qu'ils peuvent effectuer dans les villes et la campagne thaïlandaise, l'équipe de tournage du film demande à diverses personnes rencontrées sur leur chemin de prendre la parole devant la caméra : fermière, écoliers, marchande de poissons, dresseur d'éléphant...

Le film commence par un long travelling à l'intérieur des rues d'une ville, puis la caméra s'attarde sur une pancarte ou s'affiche les mots « il était une fois », terme utilisé par les conteurs pour narrer une histoire[2].

S'appuyant dès lors sur le principe du cadavre exquis, chaque intervenant invente et brode successivement les péripéties d'un conte étrange. Le conte narre ainsi les aventures d'un garçon infirme qui découvre son institutrice évanouie et une mystérieuse boule posée sur un plancher, près d'elle. Puis, la boule se métamorphose et prend soudain les traits d'un petit garçon et ainsi de suite[3]... un passage est chanté et joué par des villageois, un autre est raconté en signes par une sourd-muette[4]...

Fiche technique

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Genèse et développement

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Mysterious Object at Noon est le premier long métrage réalisé par Apichatpong Weerasethakul[11].

À l'origine, il y a Mingmongkol Sonakul, une jeune productrice qui rêvait de grandes productions thaïes et qui se retrouve à faire des petits films. Elle cherche désespérément à produire un film et elle visionne cinq minutes d'un projet nommé "Mysterious object at noon", un documentaire réalisé par un jeune inconnu, Khun Apichapong. La voilà poussée à fabriquer un petit film sans moyen et c'est alors près de deux ans de galères à la recherche d'une équipe, de matériel de cinéma... et pendant six mois elle doit aussi gérer les états d'âmes d'Apichatpong Weerasethakul, qui passe d'un film de plus de trois heures à moins d'un quart d'heure... Le film "Mysterious object at noon" est finalement projeté après des rebondissements rocambolesques au festival du film de Rotterdam, remporte un prix au festival de Toronto et est vendu à la chaîne allemande WDR[12].

Distribution des rôles

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Accueil critique

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La nature expérimentale de ce film reste très en dehors des habitudes du cinéma thaïlandais et il reste donc très peu connu dans le pays natal du réalisateur. Cependant, à la suite des diverses projections effectuées lors de festivals de films à l'étranger, Mysterious Object at Noon a reçu des avis positifs de la part de quelques critiques de cinéma, le plus notable étant celui d'Elvis Mitchell, au New-York-Times qui déclare dans ce journal :

« Le film de M. Weerasethakul est comme un morceau de musique de chambre qui évolue lentement vers un mouvement symphonique complet, pour le regarder entrer dans un état de fugue qui a la musique et les rythmes d'une autre culture. À un moment donné, le médium est devenu un sujet parlant (Mr. Weerasethakul's film is like a piece of chamber music slowly, deftly expanding into a full symphonic movement; to watch it is to enter a fugue state that has the music and rhythms of another culture. It's really a movie that requires listening, reminding us that the medium did become talking pictures at one point)[13]. »

Aliosha Herrera[14], docteur en études cinématographiques et audiovisuelles, observe que Mysterious Object at Noon se base sur une solide connaissance du cinéma thaïlandais des années 1950 à 1980, âge d'or d'un cinéma oral :

" Apichatpong Weerasethakul, qui a écouté pendant son enfance le plus célèbre doubleur d'Isan, Somsak Songwonsuk (surnommé "Konchanat"), rend hommage à ce cinéma de fiction avec la communauté de conteurs réunie dans Mysterious Object at Noon (2001), et parodie tendrement ses excès mélodramatiques dans The Adventure of Iron Pussy (2003)[15]."

Notes et références

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  1. Site le blog dy cinema, page sur le film
  2. Site critikat, page sur le film
  3. Fiche allo ciné sur le film, synopsis et détails
  4. Antoine Grosjean, « Naissance d'un cinéaste indépendant », Gavroche Thaïlande, no 84,‎ , p. 46 (lire en ligne [PDF])
  5. Brice Arlet, « Pourquoi le cinéma thaï est bloqué », Gavroche Thaïlande, no 83,‎ , p. 50 (lire en ligne [PDF])
  6. Patrice Blouin, « Blissfully Yours et Mysterious Object at Noon », sur lesinrocks.com, (consulté le )
  7. Jacques Mandelbaum, « « Mysterious Object at Noon » : le patchwork poétique et précurseur d’Apichatpong Weerasethakul », sur lemonde.fr, Le Monde, 21 janvier 2016 (mis à jour le 26 janvier 2016) (consulté le )
  8. « Mysterious object at Noon », sur telerama.fr, Télérama
  9. « Un film poétique, d'animation ou un polar... La sélection cinéma du "Monde" », sur lemonde.fr, Le Monde,
  10. Martingaelm, « Mysterious Object at Noon », sur blogs.mediapart.fr,
  11. Clément Ghys, « Mysterious Object at Noon, virée surréaliste en Thaïlande », sur next.liberation.fr, Libération,
  12. Brice Arlet, « Pourquoi le cinéma thaï est bloqué », Gavroche Thaïlande, no 83,‎ , p. 50 (lire en ligne [PDF])
  13. Site en anglais :From Thailand, adventures in collective storytelling
  14. (en) « Art out of time : How a french cinephile became a thai cinema expert », sur khaosodenglish.com, Khaosod English,
  15. Aliosha Herrera, « Les voix de l'ancien cinéma thaïlandais », Les Cahiers du cinéma,‎ , p. 88

Liens externes

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