Aller au contenu

Montagnieu (AOC)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Montagnieu
Désignation(s) Montagnieu
Appellation(s) principale(s) bugey et
roussette du Bugey[N 1]
Type d'appellation(s) AOC-AOP
Reconnue depuis 2009
Pays Drapeau de la France France
Région parente vignoble du Bugey
Localisation Ain
Climat tempéré océanique dégradé par des influences continentale et montagnarde
Ensoleillement
(moyenne annuelle)
1 787 heures par an[1]
Superficie plantée 31,85 hectares[2]
Cépages dominants mondeuse N, altesse B et chardonnay B[N 2]
Vins produits mousseux ou pétillants, rouges et blancs
Production 1 950 hectolitres[2]
Pieds à l'hectare minimum 5 000 pieds par hectare[3]
Rendement moyen à l'hectare maximum 71 à 78 hectolitres par hectare en mousseux, 53 à 61 hectolitres par hectare en rouge et 53 à 58 hectolitres par hectare en blanc[3]

Le montagnieu[N 1] est un vin français produit dans le nord du vignoble du Bugey, sur les communes de Montagnieu, de Seillonnaz et de Briord, dans le département de l'Ain.

Il s'agit d'une des dénominations géographiques au sein des appellations bugey et roussette du Bugey, dont le nom peut compléter celle des appellations sous les formes « bugey Montagnieu » et « roussette du Bugey Montagnieu ».

Les vins du Bugey sont reconnus par l'INAO comme vins de qualité supérieure (VDQS) par l'arrêté du , puis comme appellation d'origine contrôlée (AOC) par le décret du [4].

Étymologie

[modifier | modifier le code]

La dénomination porte le nom de la principale commune de l'aire de dénomination : Montagnieu.

Situation géographique

[modifier | modifier le code]

Les vignes produisant le montagnieu se trouvent en France, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, plus précisément dans le département de l'Ain, à 30 kilomètres au sud-est d'Ambérieu-en-Bugey, sur la rive droite du Rhône.

Géologie et orographie

[modifier | modifier le code]

Le montagnieu est produit sur des terrains argilo-calcaires lourds présentant beaucoup de cailloux. Dans certaines situations, la roche-mère affleure en surface, un calcaire blanc chargé d'ammonites et d'autres mollusques fossiles[5],[6].

Climatologie

[modifier | modifier le code]

Le Haut-Bugey est constitué de plusieurs petites montagnes. Cette région, dont les précipitations moyennes sont de 1 000 mm/an, possède un climat aux influences océaniques mais les amplitudes de température élevées sont influencées par le voisinage de climats continentaux[N 3]. Les hivers sont marqués par l'influence montagnarde, un peu adoucis par les dernières influences océaniques venant buter sur les montagnes, apportant des précipitations importantes au pied des reliefs.

La station météo d'Ambérieu-en-Bugey (à 250 mètres d'altitude) se trouve à la limite occidentale de l'aire de production. Ses valeurs climatiques de 1961 à 1990 sont :

Relevés à Ambérieu 1961-1990
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) −1,7 −0,3 1,4 4,2 8,3 11,2 13,4 12,9 10,5 7,1 2,3 −0,8 5,7
Température moyenne (°C) 1,8 3,7 6,4 9,6 13,8 17,1 19,8 19,1 16,3 11,8 6,1 2,5 10,7
Température maximale moyenne (°C) 5,3 7,8 11,4 15,1 19,3 23,1 26,2 25,3 22 16,4 9,9 5,7 15,6
Ensoleillement (h) 53,4 81 130,5 167,2 199,6 230,9 273,9 236,2 183,2 119,9 65,1 46,3 1 787,2
Précipitations (mm) 93,8 86,9 100,8 93,9 111,5 98,2 66,5 91,6 98,1 102,7 107 102,1 1 153
Source : www.infoclimat.fr : Ambérieu (1961-1990)[1].


Présentation

[modifier | modifier le code]

Pour avoir la dénomination géographique montagnieu, la récolte des raisins, la vinification, l'élaboration, l'élevage et le conditionnement des vins mousseux et pétillants doivent être assurés sur le territoire des communes de Briord, Montagnieu et Seillonnaz, dans le département de l'Ain.

Le coteau sur lequel est planté la vigne forme un versant exposé d'abord au sud-ouest, puis plein sud, essentiellement à la limite entre le village de Montagnieu et le hameau de Vérizieu (sur la commune de Briord). 1,75 hectare est planté pour faire du vin rouge, 8 hectares pour du vin blanc, 22,1 hectares le sont pour faire du mousseux ou du pétillant[2].

Encépagement

[modifier | modifier le code]

Pour le bugey Montagnieu rouge, le seul cépage est la mondeuse noire N.

Pour le bugey Montagnieu mousseux ou pétillants, les cépages principaux sont l'altesse B, le chardonnay B et la mondeuse N (les trois doivent former ensemble ou séparément 70 % de l'encépagement), complétés accessoirement par un peu de gamay N, de jacquère B, de molette B, et de pinot noir N[3].

Pour la roussette du Bugey Montagnieu, le cépage est l'altesse B.

Le rendement en rouge est fixé à 53 hectolitres par hectare, avec un rendement butoir à 61 hectolitres par hectare. Les rendements en blanc sont de 53 et de 58 hectolitres par hectare, tandis que pour les mousseux et les pétillants les rendements sont bien supérieurs, respectivement 71 et 78 hectolitres par hectare[3].

La production moyenne est de 105 hectolitres de vin rouge, appelé « mondeuse de Montagnieu », de 1 530 hectolitres de vin mousseux ou pétillant[2], appelé « montagnieu méthode traditionnelle » et de 315 hectolitres de vin blanc, appelé « altesse de Montagnieu » ou « roussette du Bugey Montagnieu ».

Vinification en rouge

[modifier | modifier le code]

Le raisin est mis entier dans la cuve où le jus va prendre la couleur de la peau du raisin, à une température de 15 °C : après trois jours, la couleur est rosée, après quinze jours elle est rouge. Durant cette période a lieu la première fermentation alcoolique, les levures transformant le sucre du jus en alcool. Tout de suite après le soutirage, une deuxième fermentation s’enclenche, les bactéries malolactiques transforment l’acide malique en acide lactique. Ceci se fait sur une durée d'un à deux mois. L’embouteillage a lieu en mai.

Vinification en mousseux

[modifier | modifier le code]

Le raisin est pressé le jour même de la vendange et le jus est mis en cuve pour la première fermentation (fermentation alcoolique) pendant quinze jours. Puis jusqu'en avril, le vin peut être soutiré pour le séparer de ses lies. En mai, le vin est embouteillé avec un ajout de levure et de sucre, ce qui permet une seconde fermentation en bouteille similaire à celle en cuve, dégageant du gaz carbonique (créant la mousse caractéristique). Les bouteilles sont alors remuées le col en bas, pour amasser le dépôt des levures mortes au bord du goulot. Après un élevage minimum de douze mois[3], a lieu le dégorgement, qui consiste à décapsuler la bouteille pour éjecter le dépôt, les pertes en liquide étant complété par une dose de sucre, selon le type de mousseux qu'on souhaite obtenir (brut, demi-sec, etc.). La bouteille est alors refermée avec un bouchon maintenu par un muselet.

Vinification en blanc

[modifier | modifier le code]

Comme pour le mousseux, le raisin est pressé le jour même de la vendange et le jus est mis en cuve pour la première fermentation (fermentation alcoolique) pendant quinze jours. Puis jusqu'en avril, le vin peut être soutiré pour le séparer de ses lies. En mai, le vin est embouteillé mais sans levure ni sucre.

Titres alcoométriques

[modifier | modifier le code]

Les titres alcoométriques volumiques naturels minimum sont respectivement de 9,5 % vol. pour les rouges et de 9 % vol. pour les mousseux ou les pétillants.

Les titres alcoométriques volumiques totaux sont de 12,5 % vol. pour les rouges et de 12 % vol. pour les mousseux ou les pétillants.

Terroir et vins

[modifier | modifier le code]

Le montagnieu rouge est tannique, il a besoin de quelques années de garde avant de s'adoucir.

Le montagnieu mousseux a des goût variant selon l'encépagement ; en général le goût d'amande et de fruits blancs du chardonnay domine.

La roussette de Montagnieu est plutôt sur les agrumes (pamplemousse), s'adoucissant en vieillissant (miel).

Gastronomie

[modifier | modifier le code]

Le rouge ira avec du gibiers, des civets, des viandes en sauce ou des fromages forts ; le mousseux conviendra à l'apéritif (on le retrouve parfois dans les bouchons lyonnais[7]) ; tandis que le blanc accompagnera les poissons et les fromages pas trop forts.

Commercialisation

[modifier | modifier le code]

Après les années 1950, des foires et des concours ayant montré qu'il y avait quelques bons cépages et vins dans le vignoble bugiste, quelques personnalités essayèrent de les mettre en valeur. Face au développement de la vente directe et du tourisme dans le département, les premiers caveaux de dégustation s'ouvrirent dès le début des années 1960. Afin de faire connaître les vins, le syndicat des vins du Bugey se déplaça également sur divers salons et manifestations de la région et ses alentours. Ainsi certains vins du Bugey sont présents chaque année au Concours de la volaille de Bresse, au Concours des vins de France à Mâcon et au Concours général agricole de Paris. Il reste que les vins du Bugey sont presque uniquement connu localement, avec une vente en grande surface limitée au Lyonnais, au Genevois et à la Savoie.

En 2009, 95 % des vins sont commercialisés en vente directe essentiellement dans des exploitations familiales. Il subsiste deux maisons achetant des moûts à la propriété destinés pour l'essentiel à l'élaboration des vins mousseux et pétillants et représentant entre 7 et 8 % de la production. Trois entreprises s'occupent du négoce : Boisset (négociant bourguignon)[8], Guigard (négociant bugiste)[9] et Viallet (négociant savoyard)[10]. En outre, une dizaine d'exploitations viticoles disposent d'une licence de négociant parallèlement à leur statut de vigneron (Le caveau bugiste, le caveau des Demoiselles, la maison Duport, etc.)[3],[11].

Structure des exploitations

[modifier | modifier le code]

Le vignoble étant réduit et les produits peu connus, les exploitations sont toutes de petites tailles (en général moins de 5 hectares).

Liste de producteurs

[modifier | modifier le code]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a et b Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine.
  2. Le code international d'écriture des cépages mentionne de signaler la couleur du raisin : B = blanc, N = noir, Rs = rose, G = gris.
  3. Selon le WWF et la National Geographic, le climat semi-continental (appelé aussi climat océanique dégradé) correspond à l'écorégion terrestre Western European broadleaf forests (forêt de feuillus de l'Europe occidentale). Source : « WWF Wildfinder », sur gis.wwfus.org.

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a et b « Archives climatologiques mensuelles d'Ambérieu de 1961 à 1990 », sur infoclimat.fr.
  2. a b c et d « Présentation des crus bugistes », sur vinsdubugey.net.
  3. a b c d e et f [PDF] Direction générale des politiques agricole, agroalimentaire et des territoires, « Cahier des charges de l'appellation », sur agriculture.gouv.fr, homologué par le « décret no 2011-1097 du 9 septembre 2011 relatif à l'appellation d'origine contrôlée « Bugey » », JORF, no 0211,‎ , p. 15317.
  4. Secrétariat général du gouvernement français, « Décret no 2009-1275 du 20 octobre 2009 relatif aux appellations d'origine contrôlées « Saint-Pourçain », « Bugey », « Roussette du Bugey », « Morey-Saint-Denis », « Tavel » et « Châteauneuf-du-Pape » », sur legifrance.gouv.fr.
  5. [PDF] « Notice de la carte BRGM no 700 (Belley) », sur infoterre.brgm.fr.
  6. « Carte géologique centrée sur Montagnieu » sur Géoportail..
  7. « Article sur le montagnieu pétillant », sur rhonealpes-tourisme.fr.
  8. « Site de la maison Boisset », sur boisset.fr.
  9. a et b « Site de la maison Pierre Guigard », sur maison-guigard.fr.
  10. « Site de la maison Viallet », sur viallet-vins.com.
  11. [PDF] « Dossier sur la filière viticole dans l'Ain », sur rhone-alpes.synagri.com.
  12. « Site du domaine Yves Duport », sur yvesduport.fr.
  13. « Site du caveau d'Oncin », sur caveau-oncin.com.
  14. « Site du domaine de Villeneuve », sur vin-perdrixphilippe.com.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Savoie et Jura : Chignin, Seyssel, Bugey, Arbois, Château-Châlon, l'Étoile, Paris, La revue du vin de France et Le Figaro magazine, , 96 p. (ISBN 978-2-8105-0072-7).
  • Benoît Populorum, Les vins du Bugey, Châtillon-sur-Chalaronne, éditions la Taillanderie, , 47 p. (ISBN 2-87629-097-9).
  • Jean-Pierre de Monza, Le Jura, la Savoie et le Bugey, Paris, éditions J.-P. de Monza, coll. « L'atlas des vins de France », , 16 p. (ISBN 2-908071-52-5).

Articles connexes

[modifier | modifier le code]