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Mano Solo

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Mano Solo
Mano Solo en concert au Grand Rex (Paris), le .
Biographie
Naissance
Décès
(à 46 ans)
Paris 18e (France)
Sépulture
Nom de naissance
Emmanuel Cabut
Pseudonyme
Mano SoloVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Période d'activité
Père
Autres informations
Membre de
Label
Wagram
Genre artistique
Site web
Distinction

Emmanuel Cabut, dit Mano Solo, est un chanteur, guitariste, dessinateur et peintre français, né le [1] à Châlons-sur-Marne et mort le à Paris[2] dans le 18e arrondissement[1].

Considéré comme un héritier de la chanson réaliste en y incluant à la fois de la poésie et un esprit punk-rock, il a à son tour inspiré et influencé la nouvelle scène française. Son univers d'écorché vif, très marqué à ses débuts, laisse la place au fil des albums à une forme de réconciliation avec l'existence.

Né le à Châlons-sur-Marne, Mano Solo est le fils du dessinateur Cabu (1938-2015) et d'Isabelle Monin (1937-2012), rédactrice en chef du journal écologiste La Gueule ouverte. Il grandit à Ozoir[3]. Ses deux parents gravitent dans l'univers de Hara Kiri Hebdo, devenu peu après Charlie Hebdo. En 1976, ses parents divorcent[4]. Mano Solo entretient une grande partie de sa vie des rapports conflictuels avec son père[5], et plutôt complices avec sa mère[4].

Il est rapidement attiré par le mouvement punk, le monde de la rue et tombe dans l'addiction à l'héroïne. Dès l'âge de 17 ans, Mano Solo joue dans un groupe punk, les Chihuahua, au sein duquel il est guitariste[5].

En 1986, il apprend sa séropositivité[6].

En parallèle de son activité musicale, il dessine et peint beaucoup, individuellement et au sein de collectifs[5]. Il peint sous le nom de Boredom, en hommage à une chanson des Buzzcocks[7]. Il réalise ainsi toutes les pochettes de ses albums. Quelques expositions modestes ont été consacrées à son travail graphique[8],[9].

Production littéraire et cinématographique

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Mano Solo écrit aussi et, avec l'argent gagné grâce à la musique, il monte sa propre maison d'édition littéraire, en collaboration avec Fatiha Bendahmane, dans le cadre de sa société La Marmaille Nue, et publie deux ouvrages : en 1995, un recueil de poèmes, Je suis là, et en 1996, un roman, Joseph sous la pluie. Ces deux ouvrages sont rassemblés dans un livre, Joseph sous la pluie, roman, poèmes et dessins, publié par les Éditions du Seuil en augmenté de textes et de dessins inédits. Enfin, il joue le rôle du roi dans Sodomites, un court métrage de Gaspar Noé, sorti en 1998.

Carrière musicale

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Caractéristiques de son univers musical

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Thématiques développées

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Dès son premier album, des thématiques reviendront très souvent dans la suite de sa discographie. Notamment le Paris populaire, sa vie nocturne et marginale[10]. Son univers d'écorché vif, angoissé et torturé[11], très marqué à ses débuts laisse la place au fil des albums à forme une réconciliation avec l'existence[11],[10],[12]. La tristesse supposée de l'univers de Mano Solo a toujours été contestée par lui[13]. Il désirait au contraire proposer une musique de combat[14] et de vitalité[13].

Ambiances musicales

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Sa voix est très reconnaissable, et marquée notamment par un vibrato important[15]. Les ambiances musicales évoluent au fil de ses albums : musette et chanson réaliste au départ, puis ensuite davantage ouvert au rock, aux musiques du monde[16], et notamment des musiques africaines[17].

Débuts et premier album La Marmaille nue

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C'est au début des années 1990[18], qu'il passe derrière le micro et interprète ses textes. Blaise Cendrars fait partie, entre autres, de ses inspirations littéraires[19]. Il chante fréquemment au théâtre du Tourtour avec Marousse et P'tit Louis. Son premier album, La Marmaille nue sort en 1993 et se vend à 100 000 exemplaires la première année. Musicalement, il est riche et parfois enjoué, et les textes sont crus mais lumineux [20].

En 1995, il crée son entreprise de spectacle La Marmaille Nue, avec sa manageuse et éditrice Fatiha Bendahmane[21],[22],[23]. Parallèlement, il publie son deuxième album, Les Années sombres, qui est, comme son titre l'indique, un album aux textes tourmentés et tragiques (disque d'or également dès les premiers mois). Discret sur sa vie privée, il annonce la même année lors d'un concert au Bataclan qu'il a contracté le sida[18],[24]. Il a également affirmé un an plus tôt que « se défoncer est une perte de temps »[25].

Il retrouve l'année suivante, en 1996, une partie des Chihuahuas pour l'album Frères Misère. Les rythmes sont parfois proches du punk et les textes abordent des thèmes plus engagés que pour les précédents albums solos. Peu diffusé, cet album ne rencontrera pas de succès immédiat.

Troisième album Je sais pas trop et albums live

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En 1997, sort un nouvel album solo : Je sais pas trop (disque d'or) enregistré en live, aux mélodies et aux sonorités, une nouvelle fois, originales.

Deux ans plus tard, Mano Solo enregistre le double album Internationale Shalala en live au Tourtour, un petit théâtre où il se produit régulièrement depuis ses débuts. Il joue seul à la guitare, accompagné (à la guitare également) par Jean-Louis Solans. Les morceaux sont extraits des précédents albums solos, à l'exception du Shalala, un hymne de « révolution intérieure » que l'artiste chante avec son public à la fin de chaque concert. Son message est positif et dynamique.

Son deuxième album live, intitulé La Marche, sort en 2002, il reprend en grande partie des morceaux de l'album Dehors, sorti entre-temps (en août 2000). Le concert est enregistré à la Coopérative de Mai à Clermont-Ferrand et à La Halle aux Grains à Toulouse. L'album est accompagné d'un DVD où l'artiste fait figurer, aux côtés de photos et d'extraits de concerts, des animations en images de synthèse sorties de sa propre imagination. Depuis 2001, Mano Solo s'intéresse de près à Internet, il crée et développe son propre site autour de ses centres d'intérêt politiques, sociaux et artistiques, encourageant ses visiteurs à être eux-mêmes créatifs. C'est dans cet esprit que Le Cyber Poulpe verra le jour en 2002 : initié par Fred Sauton et les éditions Baleine, ce roman racontant une histoire du célèbre Poulpe sera écrit pendant un an à la manière d'un cadavre exquis par les membres du forum de Mano Solo.

En 2004, sort Les Animals. Certains titres sont de nouveaux enregistrements d'anciennes chansons, alors que d'autres avaient été composées à la base pour Juliette Gréco, qui a finalement décidé de ne pas collaborer avec lui[26]. Y figure également le titre Botzaris, enregistré avec Les Têtes Raides.

En 2004, il fait également deux apparitions sur l'album Dans le caillou de Karpatt dans les chansons Jeux Olympiques et Léon.

Retour à l'autoproduction pour In the Garden

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En 2006, Mano Solo ne renouvelle pas son contrat avec Warner, sa maison de disques. Il s'autoproduit avec un nouvel album, In the Garden, sorti en . Il propose aux internautes de l'aider dans son autoproduction par une souscription destinée à payer les frais de promotion une fois l'album réalisé. Il a emprunté à sa banque, mettant sa maison en garantie, 130 000 euros avec lesquels il payera la production et la fabrication du disque. La souscription sera lancée le . Tous les mois, le souscripteur a accès à de nouveaux contenus (chansons ou films) et à la sortie, il reçoit l'album. L'argent récolté sera utilisé pour la promotion de l'album. Par cette démarche, l'artiste souhaite se démarquer de l'industrie classique tout en montrant que la production artistique a un coût[27].

Par cette expérience et le peu de souscripteurs Internet (2 800), Mano Solo essaye de démontrer que s'il peut s'autoproduire aujourd'hui c'est uniquement sur un nom et une carrière déjà établie. Ce n'est pas à un artiste débutant qu'une banque prêterait une somme pareille. Les 35 000 exemplaires de l'album In the Garden vendus dans les bacs rembourseront la banque, sans offrir à l'artiste le moyen de produire l'album suivant.

Dans une interview au quotidien belge Le Soir en , Mano Solo explique :

« L'autoproduction, ça ne peut pas marcher. J'en ai vendu 2 800 par souscription et le distributeur du CD n'a pas fait son boulot. Je suis la preuve vivante qu'on ne peut pas se passer des majors. J'en ai marre de ces médias qui n'arrêtent pas de cracher sur elles. Sans Warner, Mano Solo n'existerait pas. Ces firmes, ce ne sont pas des mécènes, elles sont là pour se faire du blé. C'est normal que ces gens te jettent si tu n'es plus compétent à leurs yeux. Pourquoi devraient-ils garder ceux qui ne vendent plus ? Ceux qui ne rencontrent pas leur public doivent dégager, c'est tout. Il y en a marre de ces considérations. La presse est complice de ça. Il faut arrêter de se leurrer : oui, le piratage nuit à la diversité et Myspace, c'est pathétique, ça fait peur, ce n'est pas là qu'on trouve l'avant-garde. Et personne en France n'a été révélé grâce à ça. Le MP3, ce n'est pas faire la révolution, c'est fabriquer des chômeurs.[28] »

Engagements et dernier album : Rentrer au port

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Mano Solo reste avant tout un artiste très engagé. En , il organise avec le « Collectif Je Suis Là » un concert au Bataclan dont les fonds ont été reversés à l'association Fazasoma qui vient en aide à la population malgache. Il anime également, à partir de , une émission de radio sur Aligre FM (93,1 MHz FM à Paris), Le Clou de la Soirée, tous les derniers samedis du mois, de minuit à pas d'heure, où il donne la parole à ceux qui ne l'ont pas. Sans parler de ses nombreuses apparitions dans des rassemblements visant à rétablir l'égalité.

À partir du , Mano Solo anime une autre émission radio, Smoke City, faisant suite au Clou de la Soirée, toujours sur Aligre FM, les lundis de 18 h 30 à 19 h 30. Il y accueille le monde associatif et militant, des lanceurs d'alerte, dans une émission partisane et débridée. Beaucoup d'artistes vinrent aussi jouer en direct. L'émission du a fait l'objet d'une captation vidéo dont les images constituent le documentaire De bâbord à tri[29]. Smoke City s'arrête en .

Son dernier album est sorti le , Rentrer au port, en licence chez Wagram.

Le , un auditeur de Là-bas si j'y suis signale que la chanson Du vent de l'album Les Animals, dans laquelle il faisait rimer « Travail Famille Sarkozy » (référence au slogan vichyste Travail, Famille, Patrie) avec « C'est la compassion pour les nantis », a été amputée de ses paroles lors d'une diffusion sur une radio du service public français[30]. Il apparaît par ailleurs que cette chanson est remplacée par une autre (Paris avance) sur les sites de musique en streaming en ligne (comme Deezer, Jiwa) ainsi que sur la boutique iTunes[31].

Après une petite campagne de publicité, le titre est réapparu en mars 2010 sur Deezer[réf. souhaitée].

Récompenses

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Il a remporté trois disques d'or.

Postérité

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Tombe de Mano Solo au cimetière du Père-Lachaise (division 10).

Il meurt le à l'âge de 46 ans, des suites d'une rupture d'anévrisme[32]. Il avait été hospitalisé après son dernier concert à Paris le , après plus de vingt ans de lutte contre le sida. Il est inhumé le au cimetière parisien du Père-Lachaise (10e division), entre les tombes de Claude Chabrol et Sophie de Condorcet non loin de Frédéric Chopin.

Mano Solo est mort sans descendance.

Le , sort l'enregistrement du dernier concert de Mano à l'Olympia qui eut lieu en . La publication de cet enregistrement a été demandée par les musiciens du chanteur et acceptée par la famille. Les bénéfices des ventes reviennent à l'association Fazasoma[réf. nécessaire].

Une collection de livrets de toutes les chansons de Mano Solo pour piano, chant et guitare est sortie en 2012 aux Éditions Sauvagette.

Le , à l'occasion du dixième anniversaire de la mort du chanteur, Novelab, La Vingt-Cinquième Heure et Mediapart publient Mano Solo: Vive la révolution !, une « bande défilée » rendant hommage à l'artiste en décrivant son univers, de son enfance jusqu'à sa mort[33]. Cette bande dessinée interactive inclut des extraits d'un texte autobiographique inédit intitulé Les Ailes aux talons, et une sélection d'archives de l'artiste (dessins, BD, peintures et photos, entre autres)[34].

Publication

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Discographie

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Albums studio

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Albums en public

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L’HISTOIRE DE MANO SOLO - ET VIVE LA RÉVOLUTION, Fabien Olicard, 2024[13],[35]

Notes et références

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  1. a et b Institut national de la statistique et des études économiques, « Fichier des décès - années 2010 à 2018 » [zip], sur insee.fr.
  2. « Le chanteur Mano Solo est mort », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. « L'émotion des proches de Mano Solo », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  4. a et b http://parolesdozoir.free.fr/IMG/pdf/Rico_49.pdf
  5. a b et c « Mano Solo (1963-2010), poète punk », sur France Culture, (consulté le ).
  6. « En 1997, Mano Solo témoigne sur son sida », sur L'Obs, (consulté le ).
  7. (en) « Mano Solo Biography, Songs, & Albums », sur AllMusic (consulté le ).
  8. Ouest-France, « Des dessins de Mano Solo à admirer à Errand », sur Ouest-france.fr, (consulté le ).
  9. « Saint-Malo-de-Guersac. « Non censurée », l'expo qui dévoile Mano Solo », sur saint-nazaire.maville.com (consulté le ).
  10. a et b « Mano Solo nous «laisse le pire» », sur Libération (consulté le ).
  11. a et b « Mano Solo, une vie d'artiste par-delà le sida », sur 20minutes.fr, (consulté le ).
  12. Vincent Monnet, « Chanson - Mano Solo - Le Temps », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  13. a b et c olicard fabien, « L'HISTOIRE DE MANO SOLO - ET VIVE LA RÉVOLUTION », (consulté le ).
  14. Alain Brunet, « Mano Solo : l'écorché vif », La Presse,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. « Mano Solo, chanteur », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. « Mano Solo. Un écorché de la chanson - L'Humanité », sur humanite.fr, (consulté le ).
  17. « Mort du chanteur Mano Solo - Le Temps », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  18. a et b Zineb Dryef, « Décédé dimanche, le chanteur Mano Solo « ne viendra plus » », sur Rue89, nouvelobs.com (consulté le ).
  19. « Mano Solo, rage tendre », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  20. Obtenir le lien et Facebook, « Mano Solo - La marmaille nue (1993) », (consulté le ).
  21. « Mano Solo & Fatiha Bendahmane, la rencontre. », sur sauvagette.com (consulté le ).
  22. « Fatiha Bendahmane », sur Discogs (consulté le ).
  23. « La beauté brute de l'oeuvre de Mano Solo revit grâce aux Hurlements d'Léo », sur Culturebox (consulté le ).
  24. « Cover », dans « C’est comme s’il y avait plusieurs personnes en moi ! », Peter Lang (lire en ligne)
  25. (en) « Mano Solo est mort - Archive INA » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  26. INA, « Qui était Mano Solo ? | INA Arditube », sur youtube.com, (consulté le ).
  27. Loin de l'industrie du disque, Mano Solo tente un pari sur internet ; AFP ; 11 octobre 2006 ([PDF] article en ligne)
  28. T'es pas tout seul, Mano Solo, Le Soir, 15 avril 2008  ; AFP ; 29 avril 2009 (www.lesoir.be, consulté le 15/04/2009)
  29. Site de diffusion du documentaire De bâbord à tri sur l'émission Smoke City du 7 juin 2008
  30. « Là-bas si j’y suis - Inde, la dernière guerilla ».
  31. « source rue89 ».
  32. Le chanteur français Mano Solo est mort dimanche à 46 ans, AFP, 10 janvier 2010
  33. « Une BD interactive en hommage à Mano Solo », sur France Inter, (consulté le ).
  34. « Mano Solo, Vive la révolution | La Vingt-Cinquième Heure », sur La 25ème Heure (consulté le ).
  35. « L'HISTOIRE DE MANO SOLO - ET VIVE LA RÉVOLUTION » (consulté le ).

Liens externes

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