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Lagarosiphon major

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Lagarosiphon élevé

Lagarosiphon major (autrefois aussi nommé Elodea crispa et dont le nom commun est Lagarosiphon élevé) est une espèce de plante à fleurs de la famille des Hydrocharitaceae. C'est une plante aquatique ayant pour noms communs anglais sont African elodea, curly waterweed, oxygen weed et South African oxygen weed.

Origine biogéographique

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Cette espèce est native du sud de l'Afrique (Zimbabwe, Botswana, Lesotho, Afrique du Sud).

Cette espèce est strictement aquatique et ne supporte pas l'exondation. Elle se montre donc sensible aux fluctuations du niveau de l'eau (phénomène étudié sur le lac Rotoma en Nouvelle-Zélande de 1973 à 1980[1].

Invasivité

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Des fleurs de Lagarosiphon major visibles à la surface du lac du Salagou.

En Europe, L. major est inscrite depuis 2016 dans la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union européenne[2]. Cela signifie qu'elle ne peut pas être importée, cultivée, commercialisée, plantée, ou libérée intentionnellement dans la nature, et ce nulle part dans l’Union européenne[3].

En France, cette espèce est légalement inscrite sur la liste annexée à l'Arrêté du relatif aux espèces végétales exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain[4].

En Suisse, le grand lagarosiphon est inscrit dans la liste "1. Espèces dont il est prouvé qu’elles causent des dommages à l’environnement"[5].

Comme beaucoup d'autres espèces de cette famille, certaines espèces de ce genre (ex : Lagarosiphon major) se montrent localement invasives dans une partie des endroits où elles ont été introduites hors de leur milieu naturel[6]. Ainsi L. major après avoir été trouvé une première fois sur le lac Taupo (Nouvelle-Zélande) en 1966 occupait en 1979 « la plupart si ce n'est tous les sites potentiellement colonisables du lac ».

C'est au sein de son genre, l'espèce qui est depuis quelques décennies en plein développement dans le monde et se montre localement invasive, notamment en Nouvelle-Zélande[7] et aux États-Unis[8].

Selon Tela botanica, L. Major est aussi déjà trouvé dans plus d'une dizaine de départements français, du Sud-Ouest[9] et des Pyrénées [10] au département de la Somme en passant par le bassin de la Loire[11] (mais est protégé en Nouvelle-Calédonie). Elle était déjà trouvée en Belgique dans les années 1990 (dans la Meuse à Lives-sur-Meuse)[12]. Elle est aussi retrouvée en Irlande[13].

Dans un même habitat, plusieurs espèces appartenant à ce genre peuvent parfois entrer en compétition avec d'autres espèces proches de même famille (Hydrocharitaceae), qui se montrent également souvent invasives[14].

Divers moyens de lutte, y compris par des désherbants chimiques[15] ont été tentés, mais souvent vainement ou avec des succès partiels, et avec des effets collatéraux indésirables.

Utilisations

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Cette espèce est utilisée comme plante d'aquarium.

Comme d'autres espèces et genres de la même famille, ces plantes se montrent capables de pomper certains ions métalliques toxiques de l'eau, et peuvent donc être utilisées pour le biomonitoring de ces métaux (ou métalloïdes, dont arsenic[16]) dans l'environnement aquatique[17].

Risques de confusions

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L'espèce peut être confondue avec des espèces proches du même genre : ce genre regroupe :

  1. Lagarosiphon cordofanus (Hochst.) Casp. - Cameroun + Éthiopie à Namibie + Mpumalanga
  2. Lagarosiphon hydrilloides Rendle - Ghana, Kenya, Ouganda
  3. Lagarosiphon ilicifolius Oberm. - Ouganda à Namibie
  4. Lagarosiphon madagascariensis Casp. - Madagascar
  5. Lagarosiphon muscoides Harv. - Mali au Soudan et jusqu'au KwaZulu-Natal
  6. Lagarosiphon rubellus Ridl. - Angola
  7. Lagarosiphon steudneri Casp. - Éthiopie
  8. Lagarosiphon verticillifolius Oberm. - Mozambique, Zimbabwe, KwaZulu-Natal, Swaziland, Mpumalanga, Limpopo

ou avec quelques espèces de genres appartenant à la même famille :

Notes et références

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  1. Claytont JS (1982). Effects of fluctuations in water level and growth of Lagarosiphon major on the aquatic vascular plants in Lake Rotoma, 1973–80. New Zealand journal of marine and freshwater research, 16(1), 89-94.
  2. « List of Invasive Alien Species of Union concern - Environment - European Commission », sur ec.europa.eu (consulté le )
  3. « RÈGLEMENT (UE) No 1143/2014 du parlement européen et du conseil du 22 octobre 2014 relatif à la prévention et à la gestion de l'introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes »
  4. F. Mitteault, C. Geslain-Lanéelle et P. Dehaumont, « Arrêté du 14 février 2018 relatif à la prévention de l'introduction et de la propagation des espèces végétales exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain », JORF, vol. texte n° 11, no 0044,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. (de + fr + it + en) Lea Amacher, Espèces exotiques en Suisse : Aperçu des espèces exotiques et de leurs conséquences. État 2022, Berne, Office fédéral de l’environnement OFEV, , 63 p. (www.bafu.admin.ch/uw-2220-f), p. 58
  6. HOWARD-WILLIAMS C & DAVIES J (1988) The invasion of Lake Taupo by the submerged water weed Lagarosiphon major and its impact on the native flora. New Zealand journal of ecology, 13-19 (résumé).
  7. Global Invasive Species Database - Lagarosiphon major entry
  8. (en) « USDA Plants Database », sur plants.usda.gov (consulté le ).
  9. Dutartre, A., Leveau, D., & Moreau, A. (1997). Suivi du développement des plantes aquatiques exotiques. Propositions d'interventions. Lacs de Cazaux-Sanguinet et de Parentis-Biscarosse. Campagne 1997 (résumé et notice Inist-CNRS).
  10. Vivant, J. (1978). Nouvelles phanérogames adventices se naturalisant principalement dans le Sud-Ouest et les Pyrénées. Bulletin de la Société Botanique de France, 125(9), 521-526 (résumé
  11. Vermeil M (2004) Élaboration et mise en place d'un outil d'évaluation de l'impact des végétaux exotiques envahissants sur la végétation autochtone de la Loire et de ses principaux affluents. Université d'Angers, Agence de l'Eau Loire-Bretagne, INH, Angers, 50.
  12. Bouxin, G., & Lambinon, J. (1996). Deux xénophytes aquatiques nouveaux pour la Belgique, Myriophyllum heterophyllum et Lagarosiphon major, dans la Meuse à Lives-sur-Meuse (province de Namur). Natura Mosana, 49(3), 94-97
  13. Pybus, C. and O'Halloran, P. 2009. Distribution of some submerged aquatic macrophytes in the Eglinton Canal. Ir Nat. J. 30: 51-53.
  14. James C.S, Eaton J.W & Hardwick K (1999) Competition between three submerged macrophytes, Elodea canadensis Michx, Elodea nuttallii (Planch.) St John and Lagarosiphon major (Ridl.) moss. In Biology, Ecology and Management of Aquatic Plants (p. 35-40). Springer Netherlands. (résumé)
  15. De Carvalho, R. F., Bromilow, R. H., & Greenwood, R. (2007). Uptake of pesticides from water by curly waterweed Lagarosiphon major and lesser duckweed Lemna minor. Pest management science, 63(8), 789-797.(résumé)
  16. Reay P.F (1972) The accumulation of arsenic from arsenic-rich natural waters by aquatic plants. Journal of applied ecology, 557-565 (résumé).
  17. Lavilla, I., Perez-Cid, B., & Bendicho, C. (1998). Leaching of heavy metals from an aquatic plant (Lagarosiphon major) used as environmental biomonitor by ultrasonic extraction. International journal of environmental analytical chemistry, 72(1), 47-57.

Articles connexes

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Liens externes

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Bibliographie

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  • Caffrey, J., Millane, M., Evers, S., & Moran, H. (2011, December). Management of Lagarosiphon major (Ridley) moss in Lough Corrib—A review. In Biology and Environment: Proceedings of the Royal Irish Academy (p. 205-212). Royal Irish Academy (résumé).