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Jean Cau

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Jean Cau
Biographie
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Décès
Sépulture
Nom de naissance
Jean Georges CauVoir et modifier les données sur Wikidata
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Œuvres principales
Tombe de Jean Cau au cimetière La Conte de Carcassonne (division 51).

Jean Cau, né le à Bram (Aude) et mort le à Paris 6e[1], est un écrivain, journaliste et polémiste français[2].

Secrétaire de Jean-Paul Sartre de 1946 à 1957, il écrit dans Les Temps modernes, puis est journaliste à L'Express, à France Observateur, au Figaro littéraire et à Paris Match. Il est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages, romans, essais, pamphlets et pièces de théâtre ainsi que de plusieurs scénarios de films.

Il reçoit, en 1961, le prix Goncourt pour son roman La Pitié de Dieu.

Biographie et parcours politique

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Né d'un père ouvrier agricole, employé d'épicerie puis homme à tout faire dans une banque de Carcassonne, et d'une mère femme de ménage, à Bram, Jean Cau est le neveu de Gilberte Roca[3].

Il fait d'abord ses études au lycée de Carcassonne : grâce à l'insistance auprès de ses parents de l'instituteur Monsieur Castel, il poursuit des études secondaires et obtient le baccalauréat. Sur les recommandations d'un professeur de lettres, qui lui permet d'obtenir une bourse, Étienne et Rose Cau acceptent de le laisser partir à Paris pour préparer l’École normale supérieure au lycée Louis-le-Grand, puis passer une licence de philosophie[4].

Grand admirateur de Jean-Paul Sartre, il l'aborde dans un café et lui propose ses services[5]. Khâgneux, « authentique prolétaire[6] », il plaît au philosophe qui l'embauche en . Jean Cau sera son secrétaire[7],[8] jusqu'en 1957[9]. Dans la pièce attenante au bureau de Sartre, rue Bonaparte, Cau répond au téléphone, fixe les rendez-vous, met à jour la correspondance et, en quelque sorte, gère les finances[10].

Il devient ensuite journaliste et grand reporter, d'abord à L'Express et au Nouvel Observateur, puis au Figaro et à Paris Match dont il invente la devise « le poids des mots, le choc des photos » en 1978[11]. Il s'éloignera des positions de Sartre, mais ne tiendra jamais de propos déplaisants sur sa personne[12],[13]. En 1985, Cau consacre une vingtaine de pages émues et affectueuses[5] à Sartre dans Croquis de mémoire et écrit « Je ne lui dois rien mais je lui dois tout » (éd. Julliard)[14].

Cau est également parolier, notamment pour Régine. Ami d'Alain Delon, il écrit ou co-écrit pour lui plusieurs scénarios de film ainsi qu'une pièce de théâtre, Les Yeux crevés. Delon signe la préface de son livre posthume, Le Candidat, dans lequel il décrit avec ironie sa vaine tentative pour se faire élire à l'Académie française en 1989.

Dans les années 1970, il se rapproche du Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne (GRECE), creuset de la « nouvelle droite », et écrit des textes polémiques fustigeant le gauchisme, la décadence de l'Europe, ou exaltant le combat et les traditions européennes. Il appartient dans le même temps au comité de patronage de Nouvelle École[15]. Ses romans, ainsi que plusieurs de ses essais et articles confiés à la revue Éléments, sont teintés d'un paganisme solaire, comme l'illustre ce « prière d'insérer » de l'auteur en couverture du roman Le Grand Soleil :

« J'ai voulu rêver, en somme, d'un village où reviendraient, par la grâce d'un enfant, les anciens dieux, décapités, mutilés, émasculés, mais toujours rayonnants et prêts à revivre, au soleil, et à régner innocemment... d'un village de marbre dont le dieu s'appelait Apollon et dont le prince revenu est un enfant. J'ai rêvé un conte païen se déroulant au soleil invaincu[16]. »

Jacques Marlaud a consacré tout un chapitre à Jean Cau dans son étude sur le paganisme littéraire et philosophique contemporain. Il écrit :

« Jean Cau païen, ayant fait voler en éclats les oripeaux de la pensée chrétienne, revient avidement aux sources de l'âme européenne : la forêt germanique du Nord, qui hanta l'imagination de Dürer et Wagner, tout comme les garrigues ensoleillées du Sud où ont fleuri naguère les temples de marbre blanc[17]. »

Dans la préface écrite par Jean Cau à l'étude de Jacques Marlaud, l'écrivain approuve vivement la démarche de ce dernier consistant à retracer un paganisme du style et de la pensée chez les auteurs contemporains :

« Aussi bien, lorsque Jacques Marlaud soupçonne justement de quelque aristocratique solitude et de paganisme littéraire des Paul Morand, Déon, Céline, Nimier, Marcel Aymé, Chardonne, etc. (et Giono, et Valéry...), ‘’rebelles du style’’, il met dans une juste cible. [...] Grâce à lui, je sais pourquoi nous sommes encore quelques-uns, en cette fin de siècle, à danser sans remords la pyrrhique[18]. »

Vie privée

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La maison natale de Jean Cau, située à Bram dans l'Aude.

Jean Cau avait une place régulière au restaurant Aristide du 121 rue de Rome, dans le 17e arrondissement de Paris, ce dont témoigne une plaque (actuellement restaurant Clou de Fourchette). Il y venait régulièrement boucler Paris-Match en compagnie de Roger Thérond et autres fidèles de la rédaction.

Il fut le compagnon de l'actrice Louisa Colpeyn, mère de Patrick Modiano. C'est d'ailleurs Jean Cau qui préfaça le premier roman de Modiano, Place de l'Étoile. Après le décès de Cau, cette préface fut retirée du livre.

Il repose au cimetière La Conte de Carcassonne (division 51)[19].

Pensée politique

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Jean Cau, intellectuel « réputé de gauche[14] », hante les caves de Saint-Germain-des-Prés en 1946 en compagnie de Raymond Queneau, d'abord au Caveau des Lorientais, puis au Tabou[20]. Les positions qu'il adopte à partir des années 1960 créent une vive déception chez les intellectuels de gauche qui le considéraient jusqu'alors comme un des leurs.

Dans L'Express, Angelo Rinaldi écrit de lui, en 1973, après la parution de son livre Les Écuries de l'Occident – Traité de morale (Éditions de la Table ronde) :

« Ce n'est pas la première fois, à gauche, que l'on perd en route un de ces brillants fils d'ouvriers que, par exception, la société a laissés s'approcher du banquet, et qui sortent de table en divaguant et en rotant d'aise[réf. souhaitée]. »

Dans la préface qu'il écrit pour Le Candidat, un récit posthume, Alain Delon, qui est son ami, décrit ainsi Jean Cau :

« […] toute sa vie, ce gaulliste fidèle a été un résistant. Résistance à la gauche sartrienne dont il provenait ! Résistant à la connerie des hommes qui l'étouffait ! Résistant à l'Argent roi qu'il vomissait ! Résistant à l'impérialisme américain qu'il fustigeait ! Résistant à la Mitterrandie qu'il exécrait ! Résistant à la droite gestionnaire qu'il abhorrait ! Résistant à la décadence que le monde moderne engendrait[21] ! »

Dans son Discours sur la décadence, Jean Cau prophétise le retour de la Russie sur la scène internationale.

Tauromachie

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Jean Cau était un passionné de tauromachie. Il consacra à cette forme de spectacle de nombreux livres et articles, dans lesquels il exprime son attachement envers un art qu'il estimait être l'héritage ancestral de rites et de jeux païens avec l'animal sauvage. Ses périples de férias espagnoles en férias françaises lui inspirèrent, notamment, Les Oreilles et la Queue, Sévillanes et La Folie corrida.

Condamnation pour propos discriminatoires sexistes

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En 1978, il publie dans Paris-Match un article de trois pages s'opposant à la féminisation entamée du métier d'avocat, « Le procès des avocates. Jean Cau l'instruit impartialement ». Il y suggère que les femmes sont incapables d'assurer la profession d'avocate, ne pouvant que tomber sous le charme des truands : « Les truands savent « manipuler, rouler et si possible séduire » les avocates. D’où ces avocates qui servent de boîtes aux lettres et de facteur à un truand emprisonné »[22]. 21 avocates l'attaquent pour « atteinte à l'honneur et à la considération de l'ensemble des femmes avocates et diffamation »[23]. Il est condamné à 1 franc de dommages et intérêts, non pour diffamation mais pour ses propos discriminatoires, assimilables à un appel au boycott[24].

Filmographie

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Scénariste

Prix et distinctions

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Culture populaire

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  • Jean Cau est cité dans la chanson Trois Matelots de Renaud, sortie dans l'album Mistral gagnant en 1985. Le chanteur écrit :

« Le deuxième de ces matelots
Était corse dans toute sa peau
L'était méchant comme la tourmente
Vicieux comme une déferlante
Comme un article de Jean Cau[26]. »

  • Fabrice Luchini a souvent rendu hommage au livre Croquis de Mémoire de Jean Cau en citant des extraits des portraits de l'écrivain dans son spectacle Conversation autour des portraits et des autoportraits[27],[28],[29].
  • Claude Lanzmann évoque les relations amicales qu'il entretint avec Jean Cau lors de son année de khâgne au lycée Louis-le-Grand (Claude Lanzmann, Le Lièvre de Patagonie, Gallimard, 2009, chapitre VII).

Postérité

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À Carcassonne, une salle de l'hôtel de ville et une esplanade située près du stade Albert Domec portent son nom[30] ainsi que dans la ville voisine de Trèbes à côté des arènes. La « Maison des associations » située dans sa ville natale, Bram, porte également le nom de « Espace Jean Cau » avec la bibliothèque municipale de Peyriac-de-Mer où il possédait une résidence secondaire[31],[32],[33],[34].

Bibliographie

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Liens externes

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Notes et références

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  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. Guillaume Narguet, « Jean Cau était un électron libre de droite avec un éthos de gauche », sur https://philitt.fr, (consulté le )
  3. https://www.lejdd.fr/culture/jean-cau-la-revanche-de-lhidalgo-143901.
  4. Alain de Benoist, « Jean Cau », Le Spectacle du monde, 2008.
  5. a et b Annie Cohen-Solal, Sartre, Paris, Gallimard, , 728 p. (ISBN 2-07-070527-7)
  6. « La mort de Jean Cau - Un cathare », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  7. Claude Lanzmann interviewé par François Busnel, Le Grand Entretien, France Inter, mardi 8 mars.
  8. Jean Cau secrétaire de Jean-Paul Sartre dans The Independant.
  9. Le Monde, 19 juin 1993.
  10. Simone de Beauvoir, La Force des choses, t. 1, Paris, Gallimard, , 378 p. (ISBN 978-2-07-036764-1).
  11. Alain Chenu, « Des sentiers de la gloire aux boulevards de la célébrité. Sociologie des couvertures de Paris Match, 1949-2005 », Revue française de sociologie, vol. 49, no 1,‎ , p. 15.
  12. Pascal Eysseric, « Hommage à Jean Cau, « le plus grand journaliste d’hier et d’aujourd’hui » », sur ojim.fr, (consulté le ).
  13. Olivier Todd, Un fils rebelle, Paris, Grasset, , 300 p. (ISBN 2-246-25429-9, lire en ligne).
  14. a et b Jean Cau, Croquis de mémoire, Paris, Julliard, , 221 p. (ISBN 978-2-266-01674-2).
  15. « Droit de réponse de M. Alain de Benoist, concernant Nouvelle École », Courrier hebdomadaire du CRISP, vol. 9, no 715,‎ , p. 1-44 (DOI 10.3917/cris.715.0001).
  16. Jacques Marlaud (préf. Jean Cau), Le Renouveau païen dans la pensée française, Le Labyrinthe, , 271 p. (lire en ligne), p. 176.
  17. Jacques Marlaud, op. cit.
  18. Jacques Marlaud, op. cit., p. 11.
  19. Jean-Pierre Blanchard, « Jean Cau, "le cathare" », no 6, Montségur, novembre 2001.
  20. Boggio, p. 111.
  21. Jean Cau, Le Candidat : récit, Sion (Suisse), Xénia, , 96 p. (ISBN 978-2-88892-049-6).
  22. « Compte-rendu de lecture : Martine Storti, « Je suis une femme, pourquoi pas vous ? » », sur francoisepicq.fr, 28 avril 2011..
  23. Josyane Savigneau, « Cherchez la femme, voyons ! », sur lemonde.fr, Le Monde, .
  24. Franck Serusclat, « Rapport fait au nom de la commission des Lois constitutionnelles, de Législation, du Suffrage universel, du Règlement et d'Administration générale ( 1 ) sur la proposition de loi de MM. Franck SERUSCLAT, Marcel CHAMPEIX, Louis PERREIN, Edgar TAILHADES, Robert SCHWINT, les membres du groupe socialiste et apparentés, tendant à lutter contre la discrimination sexiste. », sur senat.fr, , p. 22 et s..
  25. Posthume d'après la bibliographie du Candidat
  26. « Paroles Trois matelots », Chérie FM, .
  27. Laurence Le Saux, « Sur France Inter, les premières “Admirations littéraires” de Fabrice Luchini vont à Jean Cau », sur https://www.telerama.fr, (consulté le )
  28. [1], Émission Répliques d'Alain Finkielkraut du 25/01/2020
  29. Vincent Trémolet de Villers, « Molière, Rimbaud, Jean Cau... Fabrice Luchini se confie sur ses passions littéraires » Accès payant, sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  30. Martial Andrieu, « Jean Cau (1925-1993), le seul Audois à avoir eu le Prix Goncourt ! », sur Musique et Patrimoine de Carcassonne, (consulté le ).
  31. « Jean Cau: "En toutes lettres, de Bram à Paris" », Regards, le magazine municipal de la ville de Bram, no 55,‎ , p. 18 (lire en ligne)
  32. « Cela fait trente ans que Jean Cau est décédé, le 18 juin 1993 ! », sur bibliophileheurtebise.com, (consulté le ).
  33. « Bram. Inauguration d’un espace et hommage à Jean Cau demain », sur ladepeche.fr, (consulté le ).
  34. « Bram. "L’Espace Jean Cau" entièrement restauré a été inauguré », sur ladepeche.fr, (consulté le ).
  35. Par Saïd Mahrane, « Jean Cau, « l’indocile » enfin révélé » Accès payant, sur lepoint.fr, (consulté le ).
  36. Pascal Meynadier, « Jean Cau : la revanche de l'hidalgo » Accès payant, sur lejdd.fr, (consulté le ).
  37. Philippe Bilger, « Quel type, ce Jean Cau! », sur causeur.fr, (consulté le ).
  38. Benjamin Locoge, « Jean Cau, contre l’oubli » Accès payant, sur parismatch.com, (consulté le ).
  39. Matthieu Giroux, « Goncourt inclassable, trublion pro-corrida… Qui était Jean Cau ? », sur marianne.net, (consulté le ).