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Jean Bruhat

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Jean Bruhat
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Fonction
Président
Les Amies et Amis de la Commune de Paris 1871
-
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Jean Marie Martial BruhatVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Homme politique, historien du mouvement ouvrier, soviétologueVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Parti politique
Membre de
Distinction

Jean Bruhat, né le à Pont-Saint-Esprit dans le Gard, mort le à Paris, est un historien français, agrégé d'histoire, spécialiste du mouvement ouvrier.

Il est un membre actif du Parti communiste français, étant connu notamment pour ses aptitudes d'orateur.

Parcours professionnel

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Né de grands-parents ouvriers et d'un père postier, Jean Bruhat passe son enfance en Auvergne. Il vient à 14 ans à Saint-Étienne où il passe son baccalauréat à 17 ans, en 1922. Il est à Lyon à 18 ans, adhère au groupe lyonnais des Étudiants collectivistes et participe à la formation du groupe Clarté.

Il s'installe à Paris en octobre 1925 lors de son entrée à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm. Il adhère à la CGTU, puis au Parti communiste français. Il est reçu à l'agrégation d'histoire.

Parcours professoral

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Il est nommé en 1930 au lycée Georges-Clemenceau de Nantes. En , il obtient un poste au lycée Buffon, à Paris.

La direction du Musée de l'Histoire vivante de Montreuil lui est confiée en 1939. Après la Seconde Guerre mondiale, il est nommé conservateur du musée[1]. Il enseigne les questions soviétiques à l'Institut d'études politiques de Paris[2],[3].

Parcours politique

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Durant cette période, il milite activement : il dirige le journal L'Université syndicaliste et participe pour le PCF au bureau de la fédération départementale, dont « il est l'un de ses orateurs les plus brillants dans les années du Front populaire », selon Marc Piolot[4]. Il approuve les procès de Moscou et les condamnations qui en ont découlé, trouvant une justification par analogie avec Le Châtiment des espions et des traîtres sous la Révolution française[5]. Pendant les années 1937-1938, la commission des cadres du PCF demande aux militants ce qu'ils pensent du trotskisme et s'ils connaissent des trotskistes (dans les faits, tous les oppositionnels à la ligne politique de l'Internationale communiste) et il a été accusé d'avoir dénoncé son beau-frère.

Sa nomination à Paris, lui permet d'accepter la mission que le PCF lui confie : la direction du musée de l'Histoire vivante, qui ouvre ses portes le pour le 150e anniversaire de la Révolution française (dans l'après-guerre, Jean Bruhat officiera en tant que conservateur du musée)[6]. Il approuve le pacte germano-soviétique. Mobilisé en septembre 1939 lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il est très surveillé pour « propagandisme révolutionnaire » et fait prisonnier le . L’Académie française lui décerne le prix Général-Muteau en 1942[7]. Il parvient à être libéré en , grâce à de faux papiers lui reconnaissant la qualité d'infirmier. Il est alors contacté par le PCF pour un engagement permanent dans la Résistance, mais, en désaccord avec la direction du Parti sur certaines questions, il refuse la proposition[8]. Il reprend son poste au lycée et participe au Front national universitaire.

Il anime de 1945 à 1947 le travail d'éducation syndicale de la CGT (il sera plus tard membre du Conseil d'administration et d'orientation de l'Institut CGT d'histoire sociale). Il entre en au lycée Lakanal, où il enseigne en khâgne pendant huit ans. Dans son livre "Bardadrac" (Seuil), son ancien élève, le critique littéraire Gérard Genette rend hommage à son enseignement. Il souligne notamment avec humour sa capacité à bâtir un plan en trois parties "sur quelque sujet que ce fût". Plus sérieusement, il le décrit comme un professeur pour qui "rien ne devait passer au-dessus de la vocation intellectuelle et de l'exigence professionnelle".

À partir de 1954, Jean Bruhat enseigne à la Sorbonne. Il donne aussi des cours à l'Institut d'études politiques de Paris et à l'École supérieure de commerce. Il enseigne après 1968 dans le département d'histoire de la nouvelle université de Vincennes (nommée depuis l'Université Paris VIII). Il est le grand-père du romancier Fabrice Pliskin, journaliste culturel au Nouvel Observateur.

Du stalinisme à la contestation

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Bien qu'il ne parle pas le russe et ne soit jamais allé en Union soviétique, son Histoire de l'URSS, maintes fois rééditée, a longtemps fait figure de référence. C'est au titre d'« expert » qu'il a été appelé à la barre en 1949 au cours du procès de Victor Kravtchenko contre Les Lettres françaises. Jean Bruhat déclara qu’il y avait des « invraisemblances », « contradictions » et « contre-vérités » dans le livre de Kravtchenko J'ai choisi la liberté[9]. Il affirmait d'autre part « qu'en comptant les carreaux cassés on ne fait pas l'histoire d'une révolution »[10]. Il fut selon l'historien Philippe Robrieux « engagé à fond » dans le stalinisme[11].

Toutefois il évolue, comme beaucoup d'intellectuels communistes ou simplement de militants. Politiquement son regard et sa pratique acquièrent une certaine distance à l'égard de l'action du PCF. Il participe à la fin des années 1960, aux côtés notamment de Jean Dresch, Gilbert Badia, Madeleine Rebérioux, Robert Merle et Jean-Louis Bory, au comité de rédaction et au comité de soutien de la revue Politique Aujourd'hui[12]. Les militants du PCF sont sommés de s'en retirer sous peine d'exclusion. Jean Bruhat s'incline[13] tandis que d'autres choisissent la rupture[14].

Par ailleurs, il est signataire en mai 1968 du Manifeste des 36 adressé au comité central du PCF pour protester contre l'incompréhension du parti sur le sens et l'importance du mouvement étudiant : une délégation du comité central est contrainte de recevoir le 1er juin le groupe de contestataires auquel, bien que membre de cette délégation avec Guy Besse, Pierre Juquin et Roland Leroy, Roger Garaudy exprime son soutien[15]. En 1978 (à 73 ans), il est parmi les signataires d'une pétition, lancée par l'historien Michel Barak[16], par laquelle plus de 1200 militants communistes réclamaient débats, démocratie interne et ouverture vers les évolutions sociétales[17].

Historien à L'Humanité

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Pédagogue apprécié par certains de ses étudiants[18], il était également un bon vulgarisateur de l'histoire sociale, auprès d'auditoires ou de lecteurs peu habitués à ce volet de l'Histoire.

En de nombreuses occasions il a écrit des articles d'histoire pour le quotidien L'Humanité. Au temps du Front populaire[19], c'est tous les quinze jours qu'il y tenait une rubrique d'histoire. Ses articles furent d'abord illustrations strictes de la « vulgate » marxiste, comme il le reconnaît dans ses mémoires[20]. Il reprenait une collaboration régulière à ce journal à partir de 1971. Son marxisme, plus ou moins épuré de tout sectarisme, constitue alors une grille de lecture historienne de l'actualité politique et sociale. Une élection, une grève, les commémorations événementielles du mouvement ouvrier, telle la Commune de Paris[21] sont un territoire qu'il laboure pour le plus grand intérêt des lecteurs.

Publications

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  • Histoire de l'URSS, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1945, douzième édition 1980, 126 p.
  • Les Journées de , Paris, PUF, 1948.
  • L'Europe, la France et le mouvement ouvrier en 1848, Paris, Éditions sociales, 1948, brochure de 48 pages, publiée dans le cadre de la collection Les conférences de l'Université nouvelle, avec pour sous-titre : le Centenaire du Manifeste.
  • Destin de l'histoire, essai sur l'apport du marxisme aux études historiques, Paris, Éditions sociales, 1949, brochure de 62 pages, publiée dans le cadre de la collection Les grandes conférences de " La Pensée" .
  • Histoire du mouvement ouvrier français : des origines à la révolte des Canuts, Paris, Éditions sociales, 1952, 287 p.
  • Lénine, Paris, Club français du livre, 1960, réédité par le Livre club Diderot, Paris, 1976, 294 p.
  • La première Internationale et les syndicats, Paris, Centre confédéral d'Éducation ouvrière, Cgt, 1964. Brochure de 64 pages, préfacée par René Duhamel, membre du Bureau confédéral de la Cgt.
  • avec Marc Piolot, Esquisse d'une histoire de la CGT (1895-1965), Paris, Éditions du Centre confédéral d'éducation ouvrière de la CGT, 1967 (1re éd. : 1960), 383 p.
  • en collaboration avec Jean Dautry et Émile Tersen, La Commune de 1871, Paris, Éditions sociales, 1970 (1re éd. : 1960), 463 p.
  • Karl Marx - Friedrich Engels, essai biographique, Paris, Club français du livre, 1960, réédité par le Livre club Diderot, Paris, 1976, 380 p.
  • Napoléon : les mythes et la réalité, Cercle parisien de la Ligue française de l'enseignement, 1969, 34 p.
  • Eugène Varlin, militant ouvrier, révolutionnaire et communard, Paris, EFR et Club Diderot, 1975, 286 p.
  • Gracchus Babeuf et les Égaux ou « le premier parti communiste agissant », Librairie académique Perrin, 1978, 252 p.
  • (en collaboration), Histoire de la France contemporaine Paris, Éditions sociales, 1979, tome II et III.
  • Il n'est jamais trop tard (souvenirs), Paris, Albin Michel, 1983, 296 p. Autobiographie utilisée en "Source"

Notes et références

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  1. « Histoire du musée - Musée de l'Histoire Vivante », sur www.museehistoirevivante.fr (consulté le )
  2. Marie Scot, Sciences Po, le roman vrai, Sciences Po, les presses, (ISBN 978-2-7246-3915-5)
  3. Gérard Vincent et Anne-Marie Dethomas, Sciences po: Histoire d'une réussite, Plon (réédition numérique FeniXX), (ISBN 978-2-259-26077-0, lire en ligne)
  4. Marc Piolot, « Jean Bruhat », Cahiers de l'Institut CGT d'histoire sociale, n° 6, p. 58-60. Marc Piolot a été directeur du Centre confédéral d'archives de la CGT et secrétaire général de l'Institut CGT d'histoire sociale.
  5. Bureau d'éditions, Paris, 1937, 54 p
  6. L'histoire du musée de l'Histoire vivante.
  7. « Prix de l'Académie française », sur Archives de l'Académie française, prix décernés aux prisonniers de guerre (consulté le )
  8. Jean Maitron, « Jean Bruhat », Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français.
  9. Ce faisant, il exploite une faille du dossier de l'accusation ; comme le rappelle Irwin M. Wall : L'auteur de "J'ai choisi la liberté" était bien évidemment incapable de produire la version originale, en russe, de son livre. Et quand vers la fin du procès, il présenta ce qui était supposé être son manuscrit, les experts communistes n'eurent aucune peine à démontrer qu'il s'agissait là d'une retraduction de l'américain. Entre-temps un journal belge avait révélé le rôle joué par Eugene Lyons dans la rédaction du livre. (L'influence américaine sur la politique française 1945-1954, Balland, 1989, p. 222). L'historien précise également : Kravchenko n'agissait pas seul. Les plus hauts responsables du département d'État et de la CIA s'occupèrent du procès. (p. 220).
  10. Michel Winock, Le Siècle des intellectuels, Paris, Éditions du Seuil, coll. Points, 1999, p. 576.
  11. Philippe Robrieux, Histoire intérieure du Parti communiste, tome 4, Paris, Fayard, 1984, p. 115.
  12. Frédéric Charpier, Les R.G. et le Parti communiste, Plon, 2000, p. 282
  13. Il n'est jamais trop tard, page 230
  14. L'historienne Madeleine Rebérioux est de ceux-là. Cf Dictionnaire des intellectuels français, l'article « Politique aujourd'hui et Politique hebdo », page 899 (édition 1996)
  15. Roger Garaudy, Mon Tour de siècle en solitaire, Robert Laffont, 1989, p. 241
  16. Michel Barak, Fractures au PCF, Édisud-Karthala éditions, 1980.
  17. Cf Jean Bruhat, Il n'est jamais trop tard, page 249.
  18. Philippe Robrieux, Histoire intérieure du Parti communiste, tome 4, page 116 : « Conférencier brillant, excellent pédagogue, l'amphithéâtre où il enseignait était toujours bondé et lui-même était extrêmement populaire. D'autant qu'il était (...) simple, facile d'accès ».
  19. La consultation de l'Humanité sur le site Gallica de la BNF permet de constater la périodicité et le contenu de ces articles
  20. Jean Bruhat, Il n'est jamais trop tard, p. 156-160, voir bibliographie
  21. Il consacre à la Commune une série de six articles publiés su 30 mars au 7 avril 1971.

Article connexe

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Liens externes

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