Aller au contenu

Jean-Christophe Averty

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Jean-Christophe Averty
Jean-Christophe Averty interviewé par Noël Herpe,
fin mars 2015.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Jean Christophe Charles AvertyVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité
Conjoint
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Distinctions
Vue de la sépulture.

Jean-Christophe Averty, né le à Paris et mort le à Beaumont-sur-Oise, est un animateur et réalisateur de radio et de télévision français.

Dès les années 1960, il révolutionne le petit écran français en mettant en image les plus grands chanteurs de variétés, des plus anciens aux jeunes vedettes de la génération yéyé, comme Claude François, Johnny Hallyday, Françoise Hardy, Eddy Mitchell, Gilbert Bécaud, Sylvie Vartan, Serge Gainsbourg, Dalida ou Yves Montand.

Nombre de ses productions pour la télévision en font un précurseur de l'art vidéo en France. De telles recherches seront reprises, dans les décennies suivantes, par les groupes de recherche de l'Institut national de l'audiovisuel (INA). Il fut l'un des derniers réalisateurs salariés de la Société française de production (SFP) et, pendant longtemps, le seul réalisateur de l'ORTF à voir ses émissions vendues à l'étranger.

Grand connaisseur de jazz, Averty a filmé pendant des années le festival Jazz à Juan où sont passés tous les plus grands musiciens du genre.

Il fut également l'une des voix de France Inter et France Culture, notamment avec l'émission radiophonique Les Cinglés du music-hall.

Jean-Christophe Averty naît à Paris dans le 5e arrondissement, boulevard Saint-Marcel. Il est le fils de Charles Averty, quincaillier, et de Rosalie Douillard, institutrice[1].

Formation et débuts

[modifier | modifier le code]

Après des études à l'École alsacienne, au lycée Montaigne et au lycée Louis-le-Grand, Jean-Christophe Averty est reçu à l'École nationale de la France d'outre-mer mais il y renonce pour faire des études de droit, de lettres, d'anglais, de philologie[1]. Il intègre l'Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC, de la promotion 1948-1950) dont il ressort diplômé. Il travaille comme banc-titreur aux studios Walt Disney à Burbank dans les années 1950[2] avant de débuter à la télévision française (alors la Radiodiffusion télévision française, la RTF) où il entre le 16 novembre 1952 comme assistant de René Lucot[1].

Jean-Christophe Averty devient réalisateur en 1956 ; il produira près d'un millier d'émissions pour la télévision et près du double pour la radio, sur le jazz, le sport, le cirque, la mode, les variétés et surtout sur le théâtre — les dramatiques —, la littérature, émissions qu'il adaptera et mettra en page lui-même, avec l'aide de son équipe[3].

Il fonde sa réputation sur son caractère trempé, son goût de la provocation et son sens de l'innovation télévisuelle. Sa série Les Raisins verts (1963) fait grand scandale, notamment en raison de la séquence récurrente dans laquelle un bébé de celluloïd est passé au hachoir à viande[4]. Récompensé aux États-Unis par un Emmy Award pour cette émission, il n'aura de cesse de tenter de révolutionner le PAF, y compris par ses légendaires « coups de gueule »[5].

Toujours au bon moment au bon endroit, il fréquente le milieu existentialiste du quartier Saint-Germain-des-Prés[6] et travaille dans des productions (théâtrales) impliquant Cocteau ou Picasso[7].

En 1963, il crée l’émission de variétés Les Raisins verts, qui marque les années 1960 et remporte, en 1964, le titre de meilleure émission de variétés élue par la presse, la Rose d'Or.

En 1965, c'est Ubu roi, adaptation télévisée intégrale de la pièce d'Alfred Jarry bourrée d'effets spéciaux électroniques, avec Jean Bouise (Père Ubu), Rosy Varte (Mère Ubu), Hubert Deschamps et Henri Virlogeux, téléfilm d'1 h 37 min diffusé sur la Première chaîne de l'ORTF le 21 septembre 1965.

Son complice et ami pour un grand nombre d'innovations vidéo reste l'ingénieur Max Derenne (1930-2006).

En 1971, il réalise le mega-clip illustrant l'intégralité du concept-album Melody Nelson avec Serge Gainsbourg et Jane Birkin[8].

Ses créations télévisées font date dans l'utilisation de la vidéo et de l'utilisation des possibilités techniques, comme mode d'expression à part entière. Averty a beaucoup utilisé l'incrustation de personnages filmés sur fond bleu avec un décor dessiné. Ses techniques d'incrustation vidéo[9] lui permirent également de réaliser un Sapeur Camember d'après l'œuvre de Georges Colomb, dit « Christophe », ainsi qu'une version de Chantecler, pièce d'Edmond Rostand[8].

En 1969, il réalise le grand téléfilm Le Songe d'une nuit d'été, premier film complet en incrustation où les acteurs (Claude Jade, Christine Delaroche, Jean-Claude Drouot…) jouaient sur un plateau nu[10],[11].

Il a été l'un des derniers réalisateurs salariés de la Société française de production et, pendant longtemps, le seul réalisateur de l'ORTF dont les émissions étaient vendues à l'étranger[12]. En 1976, il demande rendez-vous au chef de l’État Valery Giscard d'Estaing et obtient les premières mesures de protection de la création française à la télévision[réf. souhaitée].

Passionné par Alfred Jarry et la 'Pataphysique, il devient satrape du Collège en 1990.

Sur France Culture, il participe pendant plusieurs années à l'émission Des Papous dans la tête[13].

Dernières années

[modifier | modifier le code]

En 2012, Jean-Christophe Averty confie la gestion, la conservation et la sauvegarde des droits de l’ensemble de ses œuvres télévisuelles et radiophoniques à l'Institut national de l'audiovisuel (INA) — près d’un millier d’émissions télévisées sur le jazz, le sport, le cirque, la mode, les variétés ou encore le théâtre[14].

Publications sur l'homme et son œuvre

[modifier | modifier le code]

Plusieurs ouvrages sont consacrés à son parcours et à son œuvre : un livre interview écrit par un des critiques de télévision[15], et l’étude d'Anne-Marie Duguet, sociologue spécialiste de l'art[16], qui notait déjà que « l’œuvre » de Jean-Christophe Averty était « sans équivalent dans le contexte télévisuel ».

De 2012 à 2015, il confie ses souvenirs à Sylvie Pierre, maître de conférences en sciences de l'information et de la communication à l'université de Lorraine, ce qui donne lieu à un ouvrage[17] et plusieurs articles dans The Conversation[18].

En mars 2015, il accorde à Noël Herpe une série d'entretiens diffusés la même année sur France Culture, dans le cadre de l'émission À voix nue[19]. Ces entretiens sont repris dans un livre[20].

Vie personnelle

[modifier | modifier le code]

Jean-Christophe Averty était marié à Marie-Blanche Vergne, actrice morte prématurément d'un cancer en 1989, avec qui il a eu trois enfants[21]. Leur fille, Karine Averty, a été première danseuse du ballet de l’Opéra national de Paris[22]. Il vivait à Suresnes (Hauts-de-Seine), où il conservait des milliers de disques et de coupures de presse[23]. Il meurt le [24] à Beaumont-sur-Oise[25] et est inhumé au cimetière de Bagneux (division 84)[26].

Un réalisateur fana de musique

[modifier | modifier le code]

Jean-Christophe Averty réalise des spectacles pour la télévision mettant en images, avec son style singulier, les plus grands chanteurs francophones, comme Claude François, Gilbert Bécaud, Georges Brassens, Julien Clerc, Dalida, Léo Ferré, Serge Gainsbourg, France Gall, Juliette Gréco, Johnny Hallyday, Gérard Manset, Guy Marchand, Yves Montand, Tino Rossi, Jean Sablon, Sylvie Vartan, etc.[27],[28] et la chanteuse italienne Patty Pravo[29]. Maurice Chevalier loue sa précision, comparable à celle d'Ernst Lubitsch.

Grand connaisseur de jazz, Averty filme pendant plusieurs années les festivals d'Antibes et Juan-les-Pins où se sont produits tous les plus grands artistes du genre. Ces réalisations (plus académiques que ses productions personnelles) reçoivent une renommée internationale. À ce propos, le pianiste Martial Solal lui a rendu un hommage dans une de ses compositions, Averty, c'est moi[30].

Les Cinglés du music-hall

[modifier | modifier le code]
Disque 78 tours de la collection de Jean-Christophe Averty.

Collectionneur de disques 78 tours (ses « vieilles galettes ») de jazz et de variétés, achetés sur les marchés aux puces à travers le monde, Jean-Christophe Averty a animé pendant vingt-huit ans, jusqu'à son ultime éviction en 2006 (sous la présidence de Radio France par Jean-Paul Cluzel), son émission de radio Les Cinglés du music-hall[31] (1 805 épisodes). Pour la partie française de cette émission, il bénéficie des « carnets » d'André Cauzard, confiés par ce dernier qui avait l'habitude de noter au quotidien tous les événements de jazz d'avant-guerre[réf. souhaitée]. Il décline cette émission pour TF1 avec Les Cinglés du music-hall télévisés, trois programmes diffusés respectivement les 22 octobre et 17 décembre 1982 et le 3 août 1984[32].

Au fil des années, cette émission permet d'établir une banque de données entre fans, préfigurant le P2P, en étant interactive avec les auditeurs et collectionneurs : il donne systématiquement à l'antenne le titre, l'interprète, l'éditeur et le numéro de sortie de chaque morceau qu'il annonce de son fameux « à vos cassettes ! »[33].

Cet homme de télévision, dont le zézaiement et le débit de parole agacent beaucoup d'auditeurs, connaît un grand succès avec cette émission qui présente de nombreux 78 tours de la fin des années 1920 jusqu'au début des années 1940. Il fit découvrir ou redécouvrir de nombreux artistes de cette époque comme Yvette Guilbert, Fréhel, Georgius, Joséphine Baker ou Ray Ventura[34].

Courts métrages

[modifier | modifier le code]
  • 1952 : Vacances à la mer
  • 1962 : Ce soir spectacle
  • 1963 : Encore dimanche
  • 1964 : La Cage aux oiseaux
  • 1967 : Autoportrait mou de Salvador Dali[35]

Télévision

[modifier | modifier le code]
  • 1991 : Renault 91 : le rayon X - 2 versions : 45 s et 30 s
  • 1978-2006 : Les Cinglés du music-hall, France Inter puis France Culture
  • mai 1989 : Le Roi Bombance, France Culture (feuilleton en 5 épisodes)
  • Jazz pour les Happy Few, France Culture
  • participation à Des Papous dans la tête, France Culture

Jean-Christophe Averty crée un espace théâtral spécifique au petit écran. Rompant avec le théâtre filmé, il construit la mise en scène par la technique du kinescope utilisée de 1954 au milieu des années 1960. Le statut de l'espace théâtral et celui des acteurs s'en trouvent transformés avec les moyens techniques de la vidéo (Alfred Jarry lui-même avait ouvert la voie à cette conception).

Distinctions

[modifier | modifier le code]

Récompenses

[modifier | modifier le code]
  • 1963 : Prix Bête et Méchant d’Hara-Kiri
  • 1964 : Emmy Awards : Prix de la meilleure émission étrangère décerné par l’Academy of Television Arts and Sciences des États-Unis pour Les Raisins verts (1963-64)
  • 1964 : Prix de la critique de cinéma et de télévision
  • 1964 : Prix de la presse au festival de la Rose d’or de Montreux et mention spéciale pour une contribution à la révolution du langage télévisuel (1964)
  • 1965 : Pharaon d’or pour la meilleure émission de variétés au festival d’Alexandrie pour Bonsoir mes souvenirs-Show Line Renaud (1963)
  • 1965 : Rose de bronze au festival de la Rose d’or de Montreux pour Happy New Yves-Show Yves Montand (1964)
  • 1966 : mention spéciale pour la couleur au festival de télévision de Monte-Carlo pour Ann (1965)
  • 1969 : Grand Prix des graphistes pour l'ensemble de son œuvre attribué aux Rencontres internationales de Lure
  • FIPA d'or au Festival international des programmes audiovisuels de Biarritz
  • 1979 : Prix de la meilleure émission de l’année 1979 de l’Association française des critiques et informateurs de radio et télévision pour Les Cinglés du music-hall 
  • 1979 : Prix du premier festival audiovisuel de Royan pour Les Cinglés du music-hall 
  • 1990 : 7 d'or d'honneur

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a b et c Anne-Marie Duguet, Jean-Christophe Averty, Dis voir, , p. 133.
  2. « Entretien avec Jean-Christophe Averty », Télévision, no 2, janvier 2011.
  3. Jean-Christophe Averty sur universalis.fr
  4. Et non à la moulinette comme souvent dit ; voir sur lexpress.fr.
  5. Voir sur gqmagazine.fr.
  6. Voir sur franceculture.fr.
  7. Voir sur cocteau.biu-montpellier.fr.
  8. a et b Voir biographie dans La Dépêche.
  9. Voir sur newmedia-art.org.
  10. Voir sur senscritique.com.
  11. Article de Jean-Christophe Averty et de son film Le Songe d'une nuit d'été sur claudejade.com.
  12. Voir sur newmedia-art.org.
  13. Annick Peigne-Giuly, « Les Papous font la tête », Libération, (consulté le )
  14. Voir sur ina.fr.
  15. Jacques Siclier, Un homme Averty, Paris, J.-C. Simoën, , 204 p..
  16. Anne-Marie Duguet, Jean-Christophe Averty, Paris, Dis voir, , 172 p. (ISBN 978-2-906571-19-8)/
  17. Sylvie Pierre, Jean-Christophe Averty, une biographie, Paris, INA, .
  18. Sylvie Pierre, « Les « Vacances à la mer » dans l’œil de Jean‑Christophe Averty », (consulté le ).
  19. « Jean-Christophe Averty, l'électron libre des médias », À voie nue, cinq émissions du 23 au 27 novembre 2015.
  20. Jean-Christophe Averty et Noël Herpe, La réalité me casse les pieds : entretiens avec Noël Herpe, Paris/92-Nanterre, Plein Jour, , 112 p. (ISBN 978-2370670304).
  21. « Décès de Jean-Christophe Averty, audacieux pionnier d'une télévision créative », sur ladepeche.fr, .
  22. Voir sur vsd.fr.
  23. Claire Moulène, « Averty, clip de fin », liberation.fr, 5 mars 2017.
  24. « Jean-Christophe Averty est décédé », www.republicain-lorrain.fr,
  25. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  26. Bertrand Beyern, « 50 célébrités du cimetière parisien de Bagneux ».
  27. Voir sur la-croix.com.
  28. « Jean-Christophe Averty est mort », Pierre Dezeraud, Ozap.com, 4 mars 2017.
  29. (it) « C'est Patty Averty », Télé Poche, www.pattypravoweb.com, 23 dicember 1970 (consulté le )
  30. Martial Solal, Averty c'est moi (1962), dans le double CD Martial Solal - The Quintessence, Paris 1956-1962
  31. Site de l'émission Les Cinglés du music-hall sur France Culture.
  32. Anne-Marie Duguet, Jean-Christophe Averty, Dis voir, , p. 152.
  33. Voir sur fremeaux.com.
  34. Voir sur 100ansderadio.free.fr.
  35. Ce documentaire de 75 min, écrit et réalisé par Jean-Christophe Averty, est sorti en VHS chez Polygram Vidéo. Les commentaires sont d'Orson Welles et dits par Jean Topart.
  36. « Alice au pays des merveilles et la réforme de l'ORTF » [vidéo], sur Ina.fr (consulté le ).
  37. « " Un beau ténébreux " », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  38. « Un beau ténébreux », sur le site de l'INA
  39. Ubu enchaîné sur le site de l'INA
  40. Musidora sur le site de l'INA
  41. https://www.imdb.com/title/tt0383700/fullcredits?ref_=tt_ov_st_sm / consulté le 9 janvier 2024.
  42. Anne-Marie Duguet, Jean-Christophe Averty, Paris, Dis voir, , 159 p. (ISBN 2906571199), p. 134

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Propos de Jean-Christophe Averty recueillis par Anonyme, « J.-Ch. Averty. Les Variétés », Téléciné no 121-122 spécial Télévision et Cinéma, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), Paris, 1965, (ISSN 0049-3287).
  • Anne-Marie Duguet, Jean-Christophe Averty, Paris, Dis voir, 1991, 159 p. (ISBN 2-906571-19-9).
  • André Gaudreault et Viva Paci (dir.), « La télévision… selon Jean-Christophe Averty », Cinémas : Revue d'études cinématographiques / Journal of Film Studies, vol. 26, nos 2-3,‎ , p. 7-197 (lire en ligne).
  • Initiales no 06 – Initiales J.C.A., Lyon, Initiales, 2015, 128 p. (ISBN 978-2-915213-25-6).
  • Noël Herpe (entretien avec), La réalité me casse les pieds, Paris, Plein Jour, 2017.
  • Sylvie Pierre, Jean-Christophe Averty : une biographie, Paris, Institut national de l'audiovisuel, 2017 (lire en ligne).
  • Sylvie Pierre, « Les « Vacances à la mer » dans l’œil de Jean‑Christophe Averty », dans The Conversation (lire en ligne).
  • Sylvie Pierre, « Jean-Christophe Averty, "Méliès du petit écran" », dans The Conversation (lire en ligne).
  • Propos recueillis par Gilbert Salachas, « Jean-Christophe Averty : Je suis pour une mise en scène qui se voit », dans The Conversation, p. 33-45.
  • Jacques Siclier, « Enfin Averty vint... », Téléciné no 158, Paris, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), , p. 32, (ISSN 0049-3287).
  • Jacques Siclier (entretien avec), Un homme Averty, Paris, Jean-Claude Simoën, coll. « Collection José Artur », 1976, 204 p.

Vidéographie

[modifier | modifier le code]
  • Mireille Dumas et Philippe Rouget, Les Trésors cachés des variétés - Jean-Christophe Averty, 2017.

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :