Indiciaire
Un indiciaire est un chroniqueur au service de la cour de Bourgogne à la fin du XVe et au début du XVIe.
Histoire
[modifier | modifier le code]Création de la charge
[modifier | modifier le code]Au XVe siècle, les ducs de Bourgogne sont en désaccord avec les rois de France. Pour concurrencer ces derniers, Philippe le Bon décide de valoriser la fonction de chroniqueur de la cour en la parant du titre d'indiciaire et en dotant cette charge d'une forte rémunération[1]. La cour de Bourgogne à cette époque rivalisait largement avec la cour du roi de France tant par sa puissance que sa richesse. Le duc nomme comme premier indiciaire à sa cour Georges Chastelain en 1455. Au départ le titre d'indiciaire n'est utilisé que dans les milieux de cour, il ne se propagera plus largement qu'en 1507 lors de la nomination de Jean Lemaire de Belges.
Le rôle d'indiciaire
[modifier | modifier le code]Comme les chroniqueurs de la cour de France, l'indiciaire rédige l'histoire et les hauts-faits du duc auquel il est attaché. Cette relation induit souvent une absence d’objectivité de la part de l'indiciaire à l'égard de son maitre.
Indiciaires notables
[modifier | modifier le code]Les trois premiers indiciaires nommés par les ducs de Bourgogne sont les plus renommés.
Georges Chastelain
[modifier | modifier le code]Georges Chastelain (1405-1475), indiciaire à la cour de Bourgogne, est nommé en 1455 par le duc Philippe le Bon. Auparavant, il sert dans l'armée du duc de Bourgogne jusqu'à la signature du traité d'Arras en 1435. Il se met alors au service du roi de France Charles VII pour le compte duquel il voyagera beaucoup. En 1446, il revient au service du duc de Bourgogne et effectue plusieurs missions diplomatiques pour celui-ci. À la mort de ce dernier en 1467, son fils Charles le Téméraire le confirme dans ses fonctions.
Jean Molinet
[modifier | modifier le code]Jean Molinet (1435-1507), indiciaire en 1475 nommé par Charles le Téméraire. Il entre à la cour de Bourgogne en 1463 en tant que secrétaire de Georges Chastelain. Il reste indiciaire sous les règnes de Marie et de Philippe Ier de Castille, dit le Beau. Il est considéré comme le maitre de l'école bourguignonne de poésie.
Jean Lemaire de Belges
[modifier | modifier le code]Jean Lemaire de Belges (1473-1524), indiciaire à la cour de Bourgogne en 1507 jusqu'à sa révocation par Marguerite d'Autriche en 1512. À la suite de quoi il se met au service du roi de France Louis XII pour lequel il effectue plusieurs missions diplomatiques. Il est formé par son oncle, Jean Molinet[2].
Successeurs
[modifier | modifier le code]En 1512, deux indiciaires de moindre renom lui ont succédé : Remy du Puys et Julien Fossetier indiciaire de Charles d'Autriche. De 1530 à 1532, Heinrich Cornelius Agrippa de Nettesheim sera brièvement indiciaire.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- L'indiciaire bénéficie de plus de prestige ainsi que d'un salaire de 657 livres tournois comparé aux 200 livres tournois qui constituaient la rente annuelle des chroniqueurs du roi de France à l'époque. (DEVAUX Jean, Jean Molinet, indiciaire bourguignon, Paris, Champion, 1996, pp. 32-33)
- Ce lien de parenté est mis en doute par Jean Devaux. (DEVAUX Jean, Jean Molinet, indiciaire bourguignon, Paris, Champion, 1996, p. 116-117.)
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jean Devaux, Jean Molinet, indiciaire bourguignon, Paris, Champion, 1996.
- Noël Dupire, Jean Molinet : la vie, les œuvres, Paris, E. Droz, 1932.
- Edmond Huguet, Dictionnaire de la langue française du seizième siècle, t.4, Paris, Didier, 1950, p. 607.
- Pierre Jodogne, Jean Lemaire de Belges : écrivain franco-bourguignon, Bruxelles, Académie Royale de Belgique, 1972.
- Kenneth Urwin, Georges Chastelain : la vie, les œuvres, Paris, Impr. Pierre André 1937.