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Hyperinflation au Venezuela

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Hyperinflation au Venezuela
Des migrants vénézuéliens à Bogotá vendant des confections faites de billets vénézuéliens en novembre 2019
Des migrants vénézuéliens à Bogotá vendant des confections faites de billets vénézuéliens en

Pays Venezuela
Cause Politiques économiques de Nicolás Maduro
Contrôle des prix
Corruption (en)
Dévaluation
Création monétaire massive
Déficit public
Date au début
Résultat Déclin des salaires réels[1]
Chômage
Hausse des prix
Renomination du bolivar fort en bolivar souverain puis enfin en bolivar numérique
Dollarisation[2]
Baisse des impôts sur le revenu
Pénuries dans les réserves de change pour les monnaies étrangères
Pénuries de biens

L'hyperinflation au Venezuela caractérise l'instabilité monétaire au Venezuela qui s'est produite de 2016 jusqu'en 2022 avec la crise socio-économique et politique du pays[3].

Le Venezuela commence à connaître une inflation continue et ininterrompue en 1983 à partir du Viernes Negro (en), avec des taux d'inflation annuels à deux chiffres. Les taux d'inflation deviennent les plus élevés au monde en 2014 sous le président Nicolás Maduro et ont continué d'augmenter les années suivantes, l'inflation dépassant 1 000 000 % en 2018. En comparaison avec les épisodes d’hyperinflation précédents, la crise d’hyperinflation est plus grave que celles de l'Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Nicaragua et du Pérou dans les années 1980 et 1990, et que celle du Zimbabwe à la fin des années 2000.

En 2014, le taux d’inflation annuel atteint 69 %[4], le plus élevé au monde[5],[6]. En 2015, le taux d'inflation est de 181 %, encore une fois le plus élevé au monde et le plus élevé de l'histoire du pays à l'époque[7],[8]. Le taux atteint 800 % en 2016[9], plus de 4 000 % en 2017[10],[11],[12],[13], environ 1 700 000 % en 2018[14] et plafonne à 2 000 000 %, le Venezuela s’enfonçant ainsi dans l’hyperinflation[15].

Alors que le gouvernement vénézuélien « avait pratiquement cessé » de produire des estimations officielles de l’inflation début 2018, l’économiste spécialiste de l’inflation Steve Hanke estime que le taux est alors de 5 220 %[16]. En , le Fonds monétaire international estime que l’inflation atteindrait 10 000 000 % d’ici la fin de l'année 2019[17]. Plusieurs contrôles économiques ont été levés par le gouvernement de Maduro en 2019, ce qui a permis de maîtriser partiellement l’inflation jusqu’en [18].

En , des économistes et la Banque centrale du Venezuela annoncent qu'au premier trimestre 2022, le Venezuela permettra plus de 12 mois d'inflation mensuelle inférieure à 50 %, après plus de quatre ans d'un cycle hyperinflationniste. Cela indiquerait techniquement sa sortie de l’hyperinflation, mais les conséquences demeureraient.

Mandats de Pérez et de Caldera

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Lors du contre-choc pétrolier des années 1980, l'économie s'est contractée et les niveaux d'inflation ont augmenté, se maintenant entre 6 et 12 % de 1982 à 1986[19],[20]. En 1989, le taux d'inflation culmine à 84 %[20].

La même année, à la suite d'une réduction des dépenses publiques et de l'ouverture des marchés par le président Carlos Andrés Pérez, la capitale Caracas est victime de pillages et d'émeutes[21]. Après que Pérez ait lancé des politiques économiques libérales et dérégulé les marchés vénézuéliens, le produit intérieur brut (PIB) du Venezuela est passé d'une baisse de -8,3 % en 1989 à 4,4 % en 1990 et 9,2 % en 1991, même si les salaires sont restés bas et le chômage resté élevé[21].

Certains[Qui ?] prétendent que la libéralisation est à l'origine des difficultés économiques du Venezuela, tandis que d'autres identifient la dépendance excessive à l'égard des prix du pétrole et un système politique fracturé comme étant à l'origine de nombreux problèmes[22]. Au milieu des années 1990, sous le président Rafael Caldera, le Venezuela a connu des taux d'inflation annuels de 50 à 60 % entre 1993 et 1997, avec un pic exceptionnel de 100 % en 1996. Le pourcentage de personnes vivant en situation de pauvreté est passé de 36 % en 1984 à 66 % en 1995[23], le pays subissant la crise bancaire de 1994. En 1998, la crise économique s'aggrave, avec un PIB réel par habitant au même niveau que celui de 1963, en baisse d'un tiers par rapport à son sommet de 1978 ; le pouvoir d'achat du salaire moyen représente un tiers de son niveau de 1978[24].

Mandats de Chávez et de Maduro

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Après l'élection présidentielle vénézuélienne de 1998, le taux d'inflation, mesuré par l'indice des prix à la consommation (IPC), est de 35,8 % en 1998, tombant à un minimum de 12,5 % en 2001, mais remontant à 31,1 % en 2003. Dans le but de soutenir leur monnaie, de remplir les réserves de change de monnaies étrangères du gouvernement et d'atténuer l'impact sur l'économie de l'arrêt de travail dans l'industrie pétrolière, le ministère des Finances et la Banque centrale du Venezuela suspendent les opérations de change sur le Forex le . Le , le gouvernement crée le Cadivi (en), un organisme de contrôle des devises chargé de gérer les procédures de change. Le conseil d'administration fixe alors le taux de change du dollar américain à 1 596 bolivares pour un dollar pour les achats et à 1 600 bolivares pour un dollar pour les ventes.

L'hyperinflation au Venezuela représentée par le temps qu'il faudrait pour que l'argent perde 90 % de sa valeur (moyenne mobile sur 301 jours, échelle logarithmique inversée).

Le PIB vénézuélien décline de 5,8 % au cours des trois premiers mois de 2010 par rapport à la même période de 2009 et enregistre le taux d'inflation le plus élevé d'Amérique latine, à 30,5 %. Le président Hugo Chávez a exprimé son optimisme quant à la sortie du Venezuela de la récession malgré les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) selon lesquelles le Venezuela serait le seul pays de la région à rester en récession cette année-là.[réf. nécessaire] Le FMI qualifie la reprise économique du Venezuela de « en retard et fragile » par rapport aux autres pays de la région. Après la mort de Hugo Chávez début 2013, l'économie du pays continue de sombrer dans une récession encore plus grave.

Le taux d’inflation annuel des prix à la consommation augmente de plusieurs centaines voire milliers de pourcents pendant la crise[25]. Les taux d'inflation restent élevés pendant la présidence de Chávez. En 2010, l’inflation empêche toute[précision nécessaire] progression des augmentations de salaires[26]. En 2014, le taux d'inflation est le plus élevé au monde, soit 69 %[4],[5],[6]. En 2016, les médias rapportent que le Venezuela souffrait d’un effondrement économique (« collapsing economy »)[27],[28]. Le FMI estime un taux d'inflation de 500 % et une contraction du PIB de 10 %[29].

Mandat de Maduro

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Estimations de l'inflation

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En 2018, le Fonds monétaire international estime que le taux d'inflation au Venezuela atteindrait 1 000 000 % d'ici la fin de l'année[30]. Cette prévision est remise en cause par l'économiste Steve Hanke, qui explique que le FMI a publié une « prévision bidon » car « personne n'a jamais été capable de prévoir avec précision le cours ou la durée d'un épisode d'hyperinflation. Mais ça n'a pas empêché le FMI d'offrir des prévisions d'inflation pour le Venezuela qui se sont révélées largement inexactes ». Selon Hanke, le taux d'inflation du Venezuela au est de 33 151 %, ce qui suggère que « le Venezuela connaît actuellement le 23e épisode d'hyperinflation le plus grave de l'histoire »[31]. Le FMI rapporte finalement en que le taux d'inflation pour 2018 atteint 929 790 %, en dessous de l'estimation initiale de 1 000 000 %[32].

En , le FMI estime que le taux d’inflation atteindrait 10 000 000 % d’ici fin 2019, ce que l'institut reconfirme en [33],[17].

En , des économistes et la Banque centrale du Venezuela annoncent qu'au premier trimestre 2022, le Venezuela permettra plus de 12 mois d'inflation mensuelle inférieure à 50 %, après plus de quatre ans d'un cycle hyperinflationniste. Cela indiquerait techniquement sa sortie de l’hyperinflation, mais les conséquences demeureraient[34],[35].

Dévaluation de la monnaie

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Salaire minimum

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Taux d'inflation

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Historique des taux de change

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Conséquences

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Résolutions

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Notes et références

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Références

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  1. « The reality of wages in Venezuela »,
  2. « How Venezuela Became One Big Casino », sur The Atlantic,
  3. (en) Steve Hanke, « Venezuela's Great Bolivar Scam, Nothing but a Face Lift », Forbes,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  4. a et b (en) « Venezuela 2014 inflation hits 68.5 pct -central bank » Accès libre, sur Reuters,
  5. a et b « Venezuela annual inflation 180 percent », Reuters,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  6. a et b (en) Mike Patton, « The Three Countries With The Highest Inflation » Accès libre, sur Forbes,
  7. Juan Cristóbal Nagel, « Looking into the Black Box of Venezuela's Economy », Foreign Policy,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  8. (en) Mike Patton, « The Three Countries With The Highest Inflation » Accès libre, sur Reuters,
  9. (en) « Venezuela country profile (Economy tab) » [archive du ]
  10. Vivian Sequera, « Venezuelans report big weight losses in 2017 as hunger hits », Reuters,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  11. Pons Corina, « Venezuela 2016 inflation hits 800 percent, GDP shrinks 19 percent: document », Reuters,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  12. « AssetMacro. » [archive du ] (consulté le )
  13. Wyre Davies, « Venezuela's decline fuelled by plunging oil prices », BBC News, Latin America,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  14. (es) « Inflación de 2018 cerró en 1.698.488%, según la Asamblea Nacional », Efecto Cocuyo,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  15. Ana Vanessa Herrero, Elisabeth, « Venezuela Issues New Bank Notes Because of Hyperinflation », The New York Times,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  16. Krauze, « Hell of a Fiesta », New York Review of Books,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  17. a et b « International Monetary Fund » [archive du ] (consulté le )
  18. « Venezuela's timid gains in taming inflation fade as food prices soar », Reuters,‎ (lire en ligne)
  19. (en) Andrew Heritage, Financial Times World Desk Reference, Dorling Kindersley, (ISBN 9780789488053), p. 618-622
  20. a et b (en) « Venezuela Inflation rate (consumer prices) - Economy », sur www.indexmundi.com (consulté le )
  21. a et b Sue Branford, « Hugo Chavez fails to overthrow Venezuela's government », The Guardian,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  22. Javier Corrales et Michael Penfold, Dragon in the Tropics: The Legacy of Hugo Chávez, Brookings Institution Press, (ISBN 978-0815725930), p. 5
  23. McCaughan 2004, p. 32.
  24. Kelly, Janet, and Palma, Pedro (2006), "The Syndrome of Economic Decline and the Quest for Change", in McCoy, Jennifer and Myers, David (eds, 2006), The Unraveling of Representative Democracy in Venezuela, Johns Hopkins University Press.
  25. Larmer, Brook, New York Times, « What 52,000 Percent Inflation Can Do to a Country », The New York Times,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  26. Margarita López Maya, El ocaso del chavismo: Venezuela 2005–2015, ????, , 354–355 p. (ISBN 9788417014254)
  27. « Hungry Venezuelans Flee in Boats to Escape Economic Collapse » [archive du ], The New York Times, (consulté le )
  28. « Venezuelans face collapsing economy, starvation and crime » [archive du ], PBS, (consulté le )
  29. (en) « Why you need sackfuls of banknotes to shop in Venezuela », BBC News,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  30. Silvia Amaro, « Venezuelan inflation predicted to hit 1 million percent this year », CNBC,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  31. Hanke, « IMF Produces Another Bogus Venezuela Inflation Forecast » [archive du ], Forbes, (consulté le )
  32. Ryan Dube, « Venezuela's Central Bank Releases Data on Dire Economy », The Wall Street Journal,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  33. « IMF sees Venezuela inflation at 10 million percent in 2019 », Reuters,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  34. (es) Singer, « Venezuela está cerca de dejar atrás la hiperinflación, pero no sus secuelas », El País, (consulté le )
  35. « Venezuela creeps out of hyperinflation, but no one feels it », France24, (consulté le )